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géopolitique - Page 784

  • Les patchs et tatouages “Croisés mangeurs de porc” et “Infidèles” font fureur auprès des troupes américaines au Moyen-Orient

    WASHINGTON (NOVOPress) - Chez les militaires américains, la rébellion gagne aussi du terrain avec une forme de résistance et de “désobéissance” originale au sein des unités en “opex” (opération extérieure).

    De nombreux militaires portent sur leurs uniformes ces “Morale Patchs” lors des missions dans les pays islamiques, car ils ne se font aucune illusion sur les ennemis et leurs “alliés” musulmans. Cette sous-culture des “croisés” ne se limite plus maintenant à des forums et blogs sur Internet mais est aussi présente “IRL” – in real life (dans la vraie vie) – très en vogue dans les différentes armées.

    Le succès est tel que de nombreuses boutiques en ligne proposent ces produits et qu’il existe même une ligne “infidel” chez Sears, un important distributeur grand public américain.
    http://fr.novopress.info/146044/les-patchs-et-tatouages-croises-mangeurs-de-porc-et-infideles-font-fureur-aupres-des-troupes-americaines-au-moyen-orient/#more-146044

  • Poutine cartonne : après l’Arménie, l’Ukraine

    Début septembre, à la surprise générale, l’Arménie, qui venait d’achever ses négociations avec l’UE sur un pacte d’association politique et de libre-échange, décidait de rejoindre l’Union douanière eurasienne pilotée par la Russie.

    Le pacte entre l’Arménie et l’UE devait entrer en vigueur lors du sommet de Vilnius, les 28 et 29 novembre prochain.

    Hier, l’Ukraine, qui devait signer un accord similaire au même sommet de Vilnius, a décidé également, in extremis, de se tourner vers la Russie.

    Au motif que l’UE serait loin de compenser les pertes que subirait l’Ukraine en se coupant de la Russie…

    Et au motif aussi que le président ukrainien Ianoukovitch, comme son Parlement, refuse obstinément la libération de Ioulia Timochenko, condition sine qua non posée par l’UE. « Libérer Timochenko signifie pour Viktor Ianoukovitch en faire le (futur) président et aller lui-même alors en prison », a commenté l'expert ukrainien Rostislav Ichtchenko cité par l'agence Ria Novosti…

    Quoi qu’il en soit, c’est une double claque retentissante pour l’UE et son soi-disant pouvoir d’attraction…

    http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2013/11/22/poutine-cartonne-apres-l-armenie-l-ukraine-5227933.html

  • Netanyahou cherche à torpiller les accords avec l'Iran

    Lors de sa visite à Moscou, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a cherché à convaincre le président Poutine que la Russie ne devait pas accepter d'assouplir les sanctions contre l'Iran, écrit jeudi 21 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
    Mais les deux dirigeants n'ont pas réussi à s'entendre à ce sujet. Quant à la Syrie, Moscou considère que les frappes israéliennes contre les sites de Damas profitent aux forces radicales qui représentent une menace pour l'Etat juif.
    Il s'agit du cinquième voyage de Netanyahou en Russie depuis qu'il dirige le gouvernement de l’Etat hébreu. Les deux dirigeants ont des relations de confiance qui leur permettent de soulever ouvertement les sujets les plus sensibles de la politique mondiale et des relations bilatérales.
    Cette fois la visite de Netanyahou a coïncidé avec la reprise des discussions entre les six médiateurs internationaux et l'Iran au sujet de son programme nucléaire. Selon le Jerusalem Post, Netanyahou avait décidé d'évoquer ce thème en particulier avec le président russe.
    "La Russie est un acteur majeur car c'est elle qui entretient les relations les plus proches avec l'Iran parmi les six négociateurs internationaux", a déclaré Tzachi Hanegbi, membre du parti Likoud à l’assemblée israélienne et proche du premier ministre. "La Russie a construit un réacteur à Bouchehr et fournit des armes à l'Iran. Les Russes ont beaucoup d'influence. Et même si le dialogue avec les Russes n'avait aucun effet sur les négociations à Genève, nous considérons cette rencontre comme cruciale." Pour illustrer l'efficacité du dialogue russo-israélien, Hanegbi a rappelé que la Russie n'avait pas fourni à la Syrie de systèmes de défense antiaérienne S-300.
    Pendant toute sa visite en Russie le premier ministre sera accompagné par le vice-ministre des Affaires étrangères Zeev Elkin, qui parle russe couramment.
    Tel-Aviv craint que l'entente supposée entre les négociateurs gèle le programme iranien mais ne conduise pas à son démantèlement ou sa réduction significative. Par ailleurs, l'assouplissement des sanctions économiques internationales réduirait considérablement la pression sur Téhéran. Le ministre israélien du Renseignement Yuval Steinitz a déclaré qu'en acceptant un tel accord le monde montrerait qu'il "souhaite se faire duper".
    Moscou n'est pas de cet avis. La Russie estime que seules les concessions mutuelles et le compromis permettront de régler ce conflit qui empoisonne l'atmosphère internationale depuis des décennies. On pouvait difficilement s'attendre à une entente entre les deux dirigeants sur la question iranienne.
    Cependant ces différends n'empêchent pas le développement actif des relations russo-israéliennes et le dialogue politique, notamment concernant le Moyen-Orient.
    Les départements militaires et les conseils de sécurité des deux pays sont en contact.
    Le sous-secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie Evgueni Loukianov a rencontré à Moscou en octobre le vice-président du Conseil de sécurité nationale d'Israël Yaakov Nagel. On envisage même la visite de Yossi Cohen, nouveau président du Conseil national de sécurité, qui occupait jusque là le poste de directeur adjoint du Mossad.
    En ce qui concerne le Moyen-Orient, Moscou indique que le renversement des régimes politiques par une intervention extérieure ne permettra pas à lui seul d'éradiquer la violence et le chaos, citant en exemple la Libye, le Yémen, l’Egypte et la Syrie.
    Israël est indirectement impliqué dans le conflit syrien et bombarde parfois les sites militaires de Damas. La Russie estime qu'en affaiblissant le gouvernement syrien Tel-Aviv contribue au renforcement des groupuscules radicaux en liaison avec Al-Qaïda, ce qui ne fait qu'accroître la menace pour l'Etat juif lui-même.
    Ria Novosti http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFlVpkAVAlduYtADMa.shtml

  • Guerres et Paix au Levant : alliance létale Tel-Aviv-Riyad-Paris !

    Le revirement américain sur le dossier syrien n'est pas un changement de cap improvisé. Il ne se comprend qu'au regard des préconisations du Rapport Baker-Hamilton de décembre 2006. Face à l'échec patent d'une politique fondée sur le recours à la force, Washington applique désormais son plan "B" au grand dam d'Israël, de l'Arabie séoudite et de la France, incarnée par la coterie de M. Fabius. Cependant il faudra compter avec ces trois Pieds nickelés mauvais perdants : Tel-Aviv bombarde à nouveau la Syrie et Gaza et s'est substituée au Qatar pour la fournitures d'armes et d'équipements aux Frères musulmans et aux mercenaires salafistes qui combattent en territoire syrien. À Riyad le roi Abdallah serait à l'agonie alors que le Prince Bandar, maître des Services de renseignement, rassemble ses partisans et qu'à Paris l'on attend les fonds souverains des deux monarchies wahhabites pour éteindre l'incendie breton avant qu'il ne gagne tout l'Hexagone.
    Le pessimiste est un optimiste repenti. Ou que la vie a guéri d'un vice intellectuel toujours coûteux. À ceux qui chantent que les néocons de Washington ont définitivement enterré la hache de guerre, nous répondrons qu'outre-Atlantique une vaste coalition aussi hétéroclite que motivée, veut la peau d'Obama. Ce n'est pas l'Amérique impériale qui a chuté le 31 août avec le renoncement à des frappes sur Damas, mais, au sein des deux camps Démocrate et Républicain, les promoteurs d'un certain mondialisme centralisé et institutionnalisé, celui par exemple, que représentent l'ancien Directeur du FMI, le priapique Strauss-Kahn, ou plus modestement en France, un certain M. Mélenchon... Car cette faction internationaliste se trouve en guerre ouverte contre l'autre mondialisme, décentralisé, diffus, oligopolistique. L'opposition en quelque sorte entre le Lénine de la NEP [Nouvelle politique économique] après 1921 et Trotski, le tenant de la Révolution universelle. La guerre entre le « capitalisme monopoliste d’État » et le collectivisme antibureaucratique, celui qui triomphe aujourd'hui dans la « démocratie participative » et la fumisterie de la cogestion entrepreneuriale.
    La distinction droite/gauche est suivant cette grille de lecture, devenue depuis longtemps totalement ringarde. Elle n'est plus qu'un instrument de propagande parmi beaucoup d'autres. Un outil qui fait appel à une mémoire collective populaire plus ou moins transmutée en mythologie héroïque sur fond de la grande peur d'un ordre social et moral contraignant. Reste que le politiquement correct, la dictature hygiéniste, l'amour obligatoire de toutes les tares et déviances, ne constituent-ils pas de leur côté un super ordre moral ? Et passablement coercitif dans les faits ? Une certaine "gauche" n'est-elle pas aujourd'hui l'expression de l'aspiration au retour à cet ordre totalitaire que constitue la promiscuité primitive, dans l'indifférenciation de tous, en un mot dans sa volonté d'absolu nivellement égalitariste ?
    Faut-il encore le répéter, les Démocrates américains ne sont pas des gens de gauche, pas plus que les Républicains ne sont automatiquement d'infâmes réactionnaires. Non, l'Amérique est le théâtre d'un affrontement entre deux forces concurrentes qui transcendent les Partis et s'actualisent l'une et l'autre à travers deux modèles de puissance bien distincts (1). Les buts sont les mêmes et ne divergent que sur les voies et moyens, le partage des tâches et la distribution des rôles, soit à l'arrivée la configuration ou la forme que doivent prendre l’État universel et les pouvoirs appelés à en exercer les directives, pouvoirs centralisés ou non, concentrés ou diffus, visibles ou invisibles. À la marge, mais de manière rédhibitoire exclus du jeu, les nationaux, les communistes idéalistes, les tenants d'une harmonie sociétale équilibrant justice et liberté sous le signe la responsabilité individuelle.
    Israël relance la guerre
    Selon les chaînes américaine CNN et séoudienne Al-Arabiya émettant depuis Dubaï, Tsahal [Armée de défense d'Israël] aurait effectué le 31 octobre une frappe aérienne contre une base du nord-ouest de la Syrie (2). Motif invoqué : détruire un lot de missiles antiaériens de fabrication russe SA-8 de courte portée, apparemment destiné au mouvement chiite libanais du Hezbollah. Un responsable - resté anonyme - de l'Administration américaine précise que l'attaque aurait été conduite par des chasseurs-bombardiers israéliens [AFP, 1er novembre 2013], un acte de guerre qui en soi ne serait pas une nouveauté puisque autour du 19 mai dernier, Israël revendiquait en Syrie deux frappes aériennes en trois jours déjà au motif de contrer les approvisionnements du Hezbollah et le 5 juillet le Pentagone annonçait le bombardement d'un dépôt de missiles anti-surfaciers Yakhont [].
    Comment faut-il lire ce type d'interventions et leur renouvellement alors même que les "Grands" - Russie, États-Unis, l'Iran et... l'Arabie séoudite ? - préparent courant novembre des pourparlers de paix dits Genève II ? Au moment où une issue semble se dessiner pour la Syrie, Israël prend de manière intempestive des initiatives bellicistes. Des faits qui manifestent un troublant et presque inédit "découplage" entre Washington et Tel-Aviv. Les Israéliens agissent-ils ainsi parce qu'ils veulent engranger quelques avantages stratégiques avant les prochaines négociations ? Ou parce que résolument hostiles à la politique de détente poursuivie maintenant par l'Administration Obama, ils ont commencé à prendre le relais du Qatar désormais hors jeu, c'est-à-dire à s'engager dans la voie hasardeuse de la guerre ouverte ? Les pessimistes, que nous évoquions plus haut, opteront en faveur de la seconde éventualité. Car Israël et l'Arabie sont les deux grands perdants du revirement américain et, toujours assurés de l'appui des néocons de Washington qui n'ont pas eux non plus désarmé, ils ont décidé, ne pouvant plus faire endosser la guerre par les Anglo-Américains, de poursuivre le conflit pour leur propre compte. Accessoirement avec le soutien diplomatique de Paris (3) et les armes produites par nos transnationales Thales, EADS, Dassault aviation, DCNS, MBDA, et caetera.
    Le 25 juin 2013, l'émir du Qatar, Kalifa al-Thani, abdique en faveur de son fils cheikh Tamim. Le Département d'État américain est passé par là pour neutraliser la politique excessivement agressive de Doha qui approvisionnait les Frères musulmans combattant sur le sol syrien. Aussitôt, dès le 15 juillet, Israël prend la suite de l'émirat dans la livraison d'armes aux rebelles [haaretz.com15juil13]. Ce qui va se traduire par l'ouverture sur la frontière du Golan - occupée de part et d'autre par la communauté druze W et théâtre d'incidents récurrents - d'un nouveau boulevard de transit d'armes et d'équipements au profit des divers fronts de guerre du Levant, syrien mais aussi libanais et accessoirement irakien.
    Sous couvert d'un « silence radio » quasi intégral, le Premier ministre Netanyahu, inquiet des conséquences d'une possible victoire de Damas soutenu par le Hezbollah libanais et l'Iran, a très clairement voulu - en autorisant la livraison d'armes, par Israël, aux "rebelles" - se substituer au Qatar... Pour mémoire Doha, dans le cadre d'une juste répartition des tâches, approvisionnait, de concert avec Ankara, les Frères musulmans et les islamistes de l'ASL [Armée syrienne libre], alors que Riyad assurait la logistique des katibas salafo-wahhabites. Depuis mars 2013, très officiellement, les États-Unis quant à eux supervisaient via la CIA des livraisons d'armes aux insurgés syriens dans la zone des trois frontières entre la Jordanie, la Syrie et l'Irak. Les armes fournies par la France (5) ou la Grande-Bretagne, étant financées par l'Arabie et achetées sur le marché noir ukrainien ou bulgare [].
    Effectivité de l’axe Tel-Aviv/Riyad
    Le 26 octobre, Le Quotidien d'Oran publiait un intéressant point de vue suivant lequel « c'est en toute conscience que les monarchies arabes se sont attaquées à la Syrie » pour avoir passé, de facto, « une alliance stratégique avec Israël ». Alliance qu'a par ailleurs confirmée Tsipi Livni, ex-ministre israélienne des Affaires étrangères et actuel ministre de la Justice de Benyamin Netanyahu, lequel se serait lui-même vanté d'entretenir depuis 1991 des relations secrètes avec Riyad et Doha []. À entendre Mme Livni, Israël et les monarchies arabes œuvrent ensemble pour faire obstacle à l'influence régionale de l'Iran et de ses alliés, en tête desquels le régime de Damas. Pacte informel peut-être, mais alliance objective sûrement.
    Or Bandar Ben Sultan, chef des Services de renseignement seoudiens - et peu ou prou de l'armée via son demi-frère, le vice-ministre de la Défense Salman ben Sultan [] - est a priori l'actuel homme fort de l'Arabie. Il est également l'architecte de cette convergence d'intérêts stratégiques israélo-arabes, à l'unisson avec les pétromonarchies du Golfe, qui commencent à considérer le « parapluie nucléaire israélien comme un substitut » à la protection américaine devenue imprévisible. Protection qui semble se dissoudre depuis que le Président Obama en est arrivé à appliquer les conclusions du rapport (6) Brzezinski-Gates du Council on Foreign Relation... daté de juillet 2004 ! Dans un tel contexte, l'axe israélo-saoudien prend effectivement tout son sens, il n'est plus une simple vue de l'esprit mais s'inscrit dans une nouvelle dimension diplomatique dont les conséquences ne vont certainement pas tarder à s'étendre sur toute la région.
    Washington a tiré toutes les conséquences du chaos Irakien
    Arrêtons-nous un instant sur ce qui est apparu comme un revirement imprévisible de la part de la nouvelle Administration Obama alors que le déclenchement de frappes massives sur la Syrie était de toute évidence devenu inéluctable. Nous ne reviendrons pas sur le faisceau de circonstances qui a annulé, à la dernière minute, le samedi 31 août, l'entrée en guerre de la maigre coalition franco-américaine, notamment le vote négatif du Parlement britannique, deux jours auparavant, le 29. Comprenons que le changement de cap n'a pas du tout été improvisé mais qu'il a correspondu à un changement de rapports de forces - un basculement - au sein de l'élite judéo-protestante : en un mot ce fut l'échec des Likoudniki néocons chauds partisans du recours à la force face aux tenants des conclusions du Rapport Brzezinski-Gates « Iran : a time for a new approach » publié en juillet 2004. Un quelconque triomphe de la démocratie et des sentiments pacifistes n'ayant évidemment rien à voir dans cette affaire.
    Ledit rapport recommande l'adoption par les États-Unis d'une politique « d'engagement limité et sélectif avec l'actuel gouvernement iranien » et à ce titre se trouve en rupture avec la voie qui aura été suivie ostensiblement jusqu'à ces derniers mois. Rappelons que Zbigniew Brzezinski avait été en 1976 le Conseiller à la Sécurité nationale du président Carter et que, dans cette fonction - la Révolution islamique étant intervenue en Iran -, il supervisa l'Opération « Eagle claw » [Serres d'aigle] lancée le 24 avril 1980. Raid qui était censé libérer les 53 otages capturés dans l'assaut de l'Ambassade américaine un an auparavant, le 7 novembre 1979. Opération qui se transforma en un sinistre fiasco. Plus tard Brzezinski, professeur à Harvard, deviendra le mentor du jeune Obama dont aujourd'hui il est encore le conseiller officieux.
    Or la synthèse du binôme Brzezinski-Gates va rapidement avoir une postérité - laquelle se révèle aujourd'hui historiquement déterminante - dans les conclusions rendues publiques le 6 décembre 2006 - l'exact lendemain de la nomination de Robert Gates par GW Bush au poste de Secrétaire à la Défense - de la Commission Baker-Hamilton, [alias Iraq Study Group]. Groupe d'étude auquel participa Robert Gates, lequel s'était préoccupé des voies et moyens utiles à mettre un terme au chaos irakien et dont les recommandations ne pouvaient pas ne pas tenir compte de l'environnement régional, en premier heu, de l'axe Téhéran/Damas.
    « Stabilité d’abord
    Le Rapport Baker-Hamilton posait en préambule que : « Les politiques et les actes des pays voisins de l'Irak affectent grandement sa stabilité et sa prospérité [...] quelques-uns agissent même dans le sens de sa déstabilisation. Les États-Unis devraient [en conséquence] lancer immédiatement une nouvelle offensive diplomatique visant à construire un consensus international pour la stabilité de l'Irak et de la région. » En clair le Rapport Baker proposait tout bonnement d'associer les États réputés perturbateurs, l'Iran et la Syrie, dans le processus de construction de l'État irakien afin de faire cesser la guerre civile de basse intensité qui continue aujourd'hui encore à y sévir depuis le tournant de 2004 avec, en cette fin 2013, un petit millier de morts chaque mois (7).
    C'est cette option, baptisée la « Stabilité d'abord » qui l'a emporté in extremis, le 31 août alors que les aéronefs français avaient déjà reçu leurs ordres de mission et leurs objectifs désignés []. James Baker aurait d'autre part livré le fond de sa pensée, celle qui aujourd'hui oriente la toute nouvelle diplomatie américaine au Levant, en disant : « Je crois personnellement qu'il faut parler à ses ennemis. Ni les Syriens ni les Iraniens ne veulent le chaos en Irak » parce qu'au bout du compte « il serait déraisonnable de vouloir stabiliser l'Irak et en même temps vouloir déstabiliser l'Iran et la Syrie. »
    Un plan qui refonde ou remanie de fond en comble la géopolitique américaine et comporte néanmoins un but plus lointain : extraire le régime iranien de l'orbite russe. Une Russie qu'il convient d'isoler, endiguer ou contenir selon la terminologie choisie. Le Rapport Baker-Hamilton constitue de cette façon un authentique plan "B" devenu urgemment nécessaire dès lors que la guerre de Syrie commençait à se jouer à front renversé. Ce pourquoi il est opportun de ne pas se féliciter trop hâtivement d'une défaite américaine alors que nous assistons in vivo à une formidable partie d'échecs dont l'issue n'est pas encore définitivement claire.
    Les boutefeux n’ont pas désarmé
    Israël bombarde en Syrie et à Gaza, sans que nul ne s'en émeuve [], et se moque ouvertement de la Communauté internationale en ouvrant toujours davantage de chantiers afin d'établir de nouvelles colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 70 % de plus, au cours du premier semestre 2013 qu'en 2012 pour la même période ! À Riyad le roi Abdallah serait à l'agonie. L'une des raisons non ébruitées du séjour en Arabie depuis le 3 octobre du Secrétaire d'État John Kerry. Reste que si le prince Bandar accédait au trône - quoiqu'il ne soit pas l'héritier désigné -, la rupture avec Washington risquerait d'être consommée. Ce serait la fin du Pacte du Quincy conclu le 14 février 1945 sur le Canal de Suez entre Ibn Séoud et Roosevelt, que l'on peut résumer ainsi : « Pétrole contre protection ». Plus précisément étaient garantis la sécurité du Royaume et son leadership sur la Péninsule arabique en contrepartie de l'assurance d'un approvisionnement en hydrocarbures des États-Unis sans solution de continuité. Les opérateurs étrangers n'étant que concessionnaires des zones d'exploitation, Washington garantissait in fine une complète non-ingérence dans les Affaires intérieures séoudiennes.
    Bandar ben Sultan, né du défunt prince héritier Sultan et protégé de l'ancien roi Fahd, a été ambassadeur à Washington durant vingt-deux années. Il est considéré comme un "dur" très hostile à l'Iran chiite et tout à fait décidé à régler son compte à Bachar el-Assad. Ce pourquoi il n'est pas surprenant qu'il ait déclaré devant des diplomates européens que « l'Arabie voulant rompre avec son actuel état de dépendance [vis-à-vis de Washington], a l'intention de prendre ses distances avec les États-Unis eu égard à leur passivité en Syrie, en raison de la politique de détente engagée avec l'Iran et parce qu'ils n'ont pas épaulé Doha à l'occasion du soulèvement de la majorité chiite à Bahreïn » [Reuters22oct13]. Une menace qui n'est pas vraiment à prendre à la légère : parce que, qu'ils le veuillent ou non, les États-Unis restent pour l'heure dépendants des fournitures de brut séoudien - une complète autonomie grâce au gaz de schiste n'étant vraisemblablement pas pour demain - et le royaume est en matière d'achat d'armements, un client de choix qu'il conviendrait de ne pas perdre. Sans évoquer en outre les 690 milliards de dollars d'actifs étrangers, en grande partie sous forme de bons du Trésor américain, que détient sa Banque centrale. Une conjoncture dangereuse qui pourrait se solder par une nouvelle et grande « défaite géopolitique de la Maison-Blanche » - après celle liée à la chute du gouvernement égyptien des Frères musulmans - ainsi que l'écrit l'influent quotidien russe Kommersant en date du 24 octobre.
    Succession à Riyad, qui l’emportera ?
    Joignant le geste à la parole, Riyad, après avoir été élue pour la première fois le 17 octobre membre non permanent du Conseil de sécurité, a, dès le lendemain, refusé ce siège en signe de protestation contre l'incapacité du Conseil à résoudre les conflits syrien et israélo-palestinien ! Ce dernier conflit auquel Riyad s'est bien gardé de se mêler - hormis l’Arab Peace Initiative, autrement nommée « Plan Abdallah », présenté en mars 2002 au sommet de Beyrouth - alors qu'elle intervient directement depuis 2011 - c'est-à-dire depuis le début - dans le premier [] !
    L'Arabie n'a en effet pas supporté qu'à trois reprises des Résolutions ouvrant la porte à l'intervention armée en Syrie aient été retombées par la Russie et la Chine. Au demeurant, l'Arabie n'est pas seule puisque sans tarder la France quelques heures après l'annonce séoudienne de refuser son siège, devait proclamer « partager la frustration des Séoudiens » quant à la gestion du dossier syrien ! Bandar devait préciser à ce propos : « Ce signal ne s'adresse pas à l'ONU mais aux Américains. Un tournant décisif nous attend : les Saoudiens ne veulent plus être dépendants des États-Unis ». Et « toute cette pitrerie sur le contrôle international de l'arsenal chimique d'Assad n'aurait été qu'un épisode ridicule si elle n'avait pas été aussi une flagrante trahison » surenchérissait le prince Turki al-Fayçal, Directeur général, jusqu'en janvier dernier, des Services spéciaux séoudiens [Al Mukhabarat Al A'amah]. De là un redéploiement à marche forcée de la politique extérieure du royaume en direction de ses alliés régionaux et singulièrement vers la France qui a adopté une « position plus ferme sur la question syrienne ».
    À la mi-juin, il devenait officiel que le prince Bandar fournissait aux insurgés syriens « des armes antichars et antiaériennes, en particulier des missiles portatifs sol-air, provenant pour l'essentiel de fournisseurs français et belges, les frais de port étant pris en charge par la France » [Reuters17juin13]. Ce qui expliquerait que Paris, au-delà de la défense désintéressée des droits de l'homme, ait tout intérêt à une prolongation voire à une extension d'un conflit qui offre de juteux débouchés à son industrie d'armement. D'où également le lien fort qui unit à cette heure les deux capitales partisanes de la guerre à outrance, Riyad et Paris, celle-ci devenue une plaque tournante pour les ministres wahhabites qui s'y succèdent à un rythme soutenu afin de plaider auprès des Européens l'instauration d'une zone d'interdiction aérienne, le renforcement et l'accélération des fournitures d'armes aux rebelles (9).
    On sait que Riyad s'est finalement montrée très généreuse avec François Hollande par le biais d'un premier contrat d'armement d'un milliard d'euros finalisé à l'occasion d'un voyage présidentiel en novembre 2012. Puis d'un second accord encore négocié d'un montant de 2,5 milliards d'euros, sans compter les perspectives de marchés ouvertes avec Doha, émirat wahhabite rival de Riyad, lesquels tournent, dit-on, autour des 20 milliards d'euros []. De quoi affoler plus d'un chef d'État confronté aux effets d'une crise rampante mais dont les effets se combinent à ceux d'une idéologie éminemment perverse quant à ses conséquences sociétales. Hélas les succès que François Hollande remporte dans le Golfe avec des ventes d'armes destinées à alimenter les guerres en cours ne sont pas de ceux dont le chef du Parti socialiste peut vraiment se prévaloir auprès d'une opinion à l'épiderme sensible au point de pouvoir éventuellement s'en montrer offusquée. Car les lois de la communication politique sont infiniment cruelles.
    Léon Camus Rivarol du 7 novembre 2013
    1 - À ce propos on lira avec profit « Le temps des catastrophes » in Europe chronique d'une mort annoncé, Jean-Michel Vernochet, Éditions de l'Infini 2009.
    2 - « Israël behind the attack on Russian SA-8 surface-to-air missiles near Latakia, according to various US. sources » Haaretz, 1er novembre 2013.
    3 - Paris qui aura besoin des fonds souverains séoudiens pour empêcher la Bretagne de se laisser tenter par la sédition au risque d'y entraîner le reste du pays.
    4 - Rappelons que les Druzes israéliens sont les seuls non juifs à effectuer leur service militaire, ce qui leur ouvre les portes des universités autrement fermées aux Israéliens palestiniens, chrétiens ou musulmans.
    5 - Le 18 mars 2013 s'ouvrait aux Nations Unies la Conférence de négociation finale pour le traité sur le commerce des armes. Le 12 mars, le ministre français des Affaires étrangères, M. Fabius, témoignait de la « volonté de la France d'obtenir un traité robuste, juridiquement contraignant et associant les principaux acteurs du commerce de l'armement... [compte tenu] des droits de l'Homme et du droit international humanitaire dans le traité ». Quelques heures plus tard, le même demandait avec son homologue anglais, la levée de l'embargo de l'Union européenne sur les armes à destination de la Syrie. Il précisait même qu'à défaut de l'unanimité requise à l'Union européenne pour lever cette mesure, et en dépit de l'existence d'une « position commune de l'Union européenne sur les transferts d'armes », laquelle prohibe a priori de telles livraisons, Paris et Londres prendraient en tant que « nations souveraines », à titre bilatéral, la décision de livrer des armes aux rebelles ! Quant à Léon Panetta, le Secrétaire à la Défense des États-Unis, celui-ci avait fin 2012 autorisé l'envoi d'éléments des forces spéciales dépendantes de l’US Specials Opérations Command en Jordanie sous couvert de contrôle des frontières. Il s'agissait en réalité d'encadrer les groupes rebelles susceptibles d'utiliser des armes chimiques fournies putative-ment par Riyad. Pour ce faire des combattants syriens de l'Armée syrienne libre ont été entraînés par l'USSOCOM à Tampa, en Floride, d'autres, entre les mains de la CIA, au King Adbullah II Spécial Opérations Training Center [KASOTC] créé en 2009 à Yajooz [].
    6. On peut télécharger le rapport rapport Brzezinski-Gates « Iran: Time for a New Approach » 2004 copyright by Council on Foreign Relation, sur .
7 - 500 000 morts entre le soupir d'autosatisfaction du président Bush junior, « Mission accomplished » en 2003 et 2011 []. Pour Iraq Body Count [IBG] ce serait un total dérisoire dé 174 000 victimes civiles et militaires. En 2006, la revue médicale The Lancet avait chiffré le nombre de décès depuis l'invasion du pays à 655 000. En janvier 2008, l'institut britannique de sondage Opinion Research Business estimait quant à lui le nombre de civils irakiens tués à 1 million. Pour le site JustForeignPolicy.org ce sont 1 455 590 civils irakiens qui ont été tués depuis 2003.
8 - « Plusieurs princes saoudiens effectuent des navettes d'une capitale à l'autre. La plaque tournante de cette diplomatie est Paris, où s'est rendu en mai le ministre de l'Intérieur saoudien, le prince Mohamed ben Nayef. Ce mois-ci, ce fut le tour du chef des services de renseignement saoudiens, le prince Bandar ben Sultan, et celui du ministre des Affaires étrangères, le prince Séoud al Faiçal. Le prince Miteb ben Abdallah, ministre saoudien de la Garde nationale, est attendu à Paris cette semaine, après avoir vu le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara. Quant au prince Salman, il a rencontré le ministre britannique de la Défense, Phillip Hammond, début juin à Djeddah » [].

  • Permanences géostratégiques

    L’un des auteurs classiques de la géopolitique, Halford J. Mackinder (1861-1947), un amiral britannique qui professa la géographie à Oxford, défendait  comme thèse centrale que les grandes dynamiques géopolitiques de la planète s’articulaient autour d’un cœur du monde (Heartland), l’Eurasie. Pivot  de  la  politique mondiale que la puissance maritime ne parvenait pas à atteindre,  l’Eurasie avait pour cœur intime la Russie, un Empire qui « occupait dans  l’ensemble du monde la  position stratégique centrale qu’occupe l’Allemagne  en Europe. »

    Mackinder2.jpgLa théorie de Halford J. Mackinder

    Autour de cet épicentre des secousses géopolitiques mondiales, protégé par une ceinture faite d’obstacles naturels (vide sibérien, Himalaya, désert de  Gobi, Tibet) que Mackinder appelle le croissant intérieur, s’étendent les  rivages  du  continent  eurasiatique : Europe de l’Ouest, Moyen-Orient, Asie du Sud et de  l’Est.

    Au-delà de ces rivages, par-delà les obstacles marins, deux systèmes insulaires viennent compléter l’encadrement du heartland : la Grande-Bretagne et le Japon, têtes de pont d’un croissant plus éloigné auquel les Etats-Unis appartiennent. Selon cette vision du monde, les puissances maritimes mondiales, les thalassocraties que défend Mackinder, doivent empêcher l’unité continentale eurasiatique. Elles doivent donc maintenir les divisions  Est/Ouest entre les principales puissances continentales capables de nouer des alliances (France / Allemagne, Allemagne / Russie, Russie / Chine) mais aussi contrôler les rivages du continent eurasiatique. Cette matrice anglo-saxonne, que l’on peut appliquer au cas de l’Empire britannique au XIXe  siècle, comme à celui de la thalassocratie américaine au XXe siècle, reste un outil pertinent pour comprendre la géopolitique d’aujourd’hui. La  théorie de Mackinder nous rappelle deux choses que les thalassocraties anglo-saxonnes  n’ont jamais oubliées : il n’y a pas de projet européen de puissance (d’Europe puissance) sans une Allemagne forte et indépendante (or l’Allemagne reste largement sous l’emprise américaine depuis 1945) ; il n’y a pas d’équilibre mondial face au mondialisme américain sans une Russie forte.

    Il n’y a pas d’équilibre mondial face au mondialisme américain sans une Russie forte

    L’Amérique veut l’Amérique-monde ; le but de sa politique étrangère, bien au-delà de la seule optimisation de ses intérêts stratégiques et économiques du pays, c’est la transformation du  monde à l’image de la société américaine. L’Amérique est messianique et là est le moteur intime de sa projection de puissance. En 1941, en signant la charte de l’Atlantique, Roosevelt et Churchill donnaient une feuille de route au rêve du gouvernement mondial visant à organiser une  mondialisation  libérale  et  démocratique. Jusqu’en 1947, l’Amérique aspira à la convergence avec l’URSS dans l’idée de former avec celle-ci un gouvernement mondial et ce malgré l’irréductibilité évidente des deux  mondialismes américain et soviétique. Deux ans après l’effondrement  européen de 1945, les Américains comprirent qu’ils ne parviendraient pas à entraîner les Soviétiques dans leur mondialisme libéral et ils se résignèrent à rétrécir géographiquement leur projet : l’atlantisme remplaça provisoirement le mondialisme. Puis, en 1989, lorsque l’URSS vacilla, le rêve mondialiste  redressa la tête et poussa l’Amérique à accélérer son déploiement mondial. Un nouvel ennemi global, sur le cadavre du communisme, fournissait un nouveau prétexte à la projection globale : le terrorisme islamiste. Durant la guerre froide, les Américains avaient fait croître cet ennemi, pour qu’il barre la route à des révolutions socialistes qui se seraient tournées vers la Russie soviétique. L’islamisme sunnite avait été l’allié des Américains contre la Russie soviétique en Afghanistan. Ce fut le premier creuset de formation de combattants islamistes sunnites, la matrice d’Al-Qaida comme celle des islamistes algériens… Puis il y eut la révolution fondamentaliste chiite et l’abandon  par  les Américains du shah d’Iran en 1979. Le calcul de Washington fut que l’Iran fondamentaliste chiite ne s’allierait pas à l’URSS, contrairement à une révolution marxiste, et qu’il offrirait un contrepoids aux fondamentalistes sunnites. Dans le monde arabe, ce furent les Frères musulmans qui, d’Egypte à la Syrie, furent encouragés. Washington poussa l’Irak contre l’Iran, et inversement, suivant le principe du « let them kill themselves » (« laissez-les s’entretuer ») déjà appliqué aux peuples russe et allemand, afin de détruire un nationalisme arabe en contradiction avec les intérêts d’Israël. L’alliance perdura après la chute de l’URSS. Elle fut à l’œuvre dans la démolition de l’édifice yougoslave et la création de deux Etats musulmans en Europe, la Bosnie-Herzégovine puis le Kosovo.

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  • Libye : explication et conséquences d’un massacre

    Vendredi 15 novembre, à Tripoli, les miliciens originaires de la ville de Misrata ont ouvert le feu sur une foule réclamant leur départ, faisant plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés. A la suite de ce massacre, les tireurs furent encerclés par les milices rivales qui s’emparèrent de leur quartier général.

    Samedi 16 novembre, ayant reçu des renforts ils tentaient de maintenir leurs positions.

    Ces sanglants événements traduisent la lutte pour le pouvoir qui se déroule en Libye depuis le renversement du colonel Kadhafi. Comme les Berbères (berbérophones ou arabophones) disposent d’une milice solide, si les miliciens de Misrata étaient chassés de Tripoli, ils constitueraient alors la principale force de la capitale. Clés d’explication d’une redistribution des cartes en cours :

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    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Libye-explication-et-consequences

  • Des officiers français effectivement arrêtés en Syrie

    IRIB-La nouvelle de l’arrestation d’un nombre des agents français en Syrie se confirme.

    Cette information a été abondamment citée et commentée dans la presse internationale, sauf en France. Cependant, l’ancien colonel français Alain Corvez a brisé le silence formel français en affirmant que cette information qui circule depuis quelques jours s’avère quasi officielle.Dans une lettre électronique envoyée à certains de ses amis dont Alintiqad a reçu une copie, M. Corvez confirme que la nouvelle qui circule dans la presse depuis huit jours évoquant l’arrestation des officiers français en Syrie avec une différence sur leur nombre est devenue quasi officielle.« Que feront-ils dans cette impasse ?

    Nos soldats sont davantage envoyés dans des pays pour défendre des intérêts qui ne sont pas les nôtres, mais ceux des Etats-Unis », a écrit l’expert stratégique dans sa lettre.« En participant aux ingérences américano-qataries dans les affaires d’autres pays, notre diplomatie est devenue dépendante et destructive pour notre réputation internationale », a-t-il déploré.Et M. Corvez d’ajouter : « Bachar n’est pas prêt pour être renversé et ses partisans augmentent en Syrie et dans le monde arabe dont les peuples ne sont pas favorables seulement aux idées des Saoudiens et des Qataris alliés des Etats Unis, ce que la France cherche malheureusement à promouvoir ».« En tout cas, cette situation pourrait exploser à la face des candidats à la présidentielle française et changerait les données, même si certains candidats ont observé un silence à l’égard de ce sujet », a-t-il conclu.M. Corvez avait dénoncé un complot tramé contre la Syrie vise son rôle clé dans la région, accusant l’entité sioniste de jouer un rôle dans les événements en Syrie dans le cadre d’un agenda étranger bien défini.Dans une interview accordée à la télévision syrienne, il s’est interrogé sur les vrais motifs de Sarkozy à changer ses positions vis-à-vis de la Syrie. Il a appelé les autorités françaises à considérer que ce qui se déroule en Syrie n’est pas une révolution démocratique mais une tentative violente de certaines forces extrémistes à imposer un nouveau régime à la Syrie qui convient à leur taille.Samedi dernier, la télévision publique syrienne a confirmé des informations publiées deux semaines plus tôt par le Réseau Voltaire : l’Armée nationale syrienne a fait prisonniers 18 agents français à Homs et un 19e à Azouz.De son côté, la presse turque a confirmé l’arrestation du 19e agent français en expliquant que 4 agents turcs avaient été arrêtés avec lui.Source : Alintiqad Par : Nidal Hamadé – Paris

    http://www.french.moqawama.org/essaydetails.php ?eid=5170&cid=287

    Source: http://french.irib.ir/info/moyen-orient/item/284553-des-officiers-fran%C3%A7ais-effectivement-arr%C3%AAt%C3%A9s-en-syrie

  • Proche-Orient : La réputation entachée des États-Unis

    Les « relations particulières » entre les États-Unis et Israël s’effondrent. Les médias américains sonnent l’alarme : l’attelage Washington – Tel Aviv ne parvient à faire l’unanimité ni sur la situation en Syrie, ni sur le programme nucléaire de l’Iran. En outre, des observateurs notent que les divergences se sont accentuées au sein des Juifs américains divisés en partisans et adversaires des relations avec le gouvernement israélien de centre-droit. Il semblerait que les États-Unis ont perdu leur position de garant de stabilité au Proche-Orient.

    Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis de protéger le monde contre un « mauvais accord » avec l’Iran. C’est ainsi que Tel Aviv qualifie les propositions iraniennes sur le programme nucléaire discutées à Genève à la fin de la semaine dernière. Au fond, Netanyahu a tenu sa promesse : une nouvelle fois le groupe des 5+1 ne s’est pas entendu avec l’Iran. Ceci bien que les États-Unis aient dépêché à Genève John Kerry et que l’entourage du secrétaire d’État se soit déclaré convaincu que cette fois tout réussira.

    Depuis le début du conflit syrien, Tel Aviv ne faisait presque pas de déclarations retentissantes, se contentant d’effectuer des raids épisodiques contre des bases militaires syriennes. Les États-Unis, qui avaient menacé Al-Assad de bombardements, se sont eux ravisés et ont accepté la proposition raisonnable de Moscou de placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international. Israël s’attendait peut-être à un tel tournant, mais ne s’est pas privé d’exprimer sa déception.

    Bref, l’unanimité d’antan entre Washington et Tel Aviv sur le Proche-Orient s’est évanouie. Aux États-Unis on écrit même que « les repères stratégiques, culturels et démographiques qui renforçaient pendant plus d’un demi-siècle les relations entre les États-Unis et Israël s’effondrent sous nos yeux ». Pourtant en Israël beaucoup estiment que les journalistes dramatisent la situation. Alex Kogan, rédacteur en chef adjoint du site IzRus, en est convaincu :

    Il s’agit plutôt d’un refroidissement entre l’administration américaine et Israël. Quant aux relations entre l’État hébreu et le peuple américain, elles se renforcent d’année en année. La population considère Israël comme l’unique allié au Proche-Orient, comme l’État dont les actes sont conformes à la morale des États-Unis. En Israël les analystes disent en plaisantant que l’attitude des Américains envers Barack Obama est pire qu’envers Benjamin Netanyahu et que ce dernier devrait présenter sa candidature au poste de président des États-Unis.”

    Cependant le problème n’est pas seulement Obama. Depuis plus d’un demi-siècle la politique américaine au Proche-Orient se réduisait au principe consistant à « ménager la chèvre et le chou », en d’autres termes à celui de ne pas détériorer les relations avec l’allié principal israélien tout en conservant à la fois une influence sur les pays arabes (au moins, sur une partie d’entre eux). Résultat, les points de tension dans la région se sont multipliés.

    Le politologue Oleg Matveïtchev, estime qu’à l’heure actuelle nous constatons un processus logique : le prestige des Etats-Unis au Proche-Orient tend vers zéro.

    ” Les contradictions se sont sérieusement accentuées, il devient de plus en plus difficile de garder l’équilibre entre les Arabes et les Juifs. Il est impossible d’être assis entre deux chaises sans provoquer le mécontentement des deux parties. Pour les Etats-Unis le problème n’est pas seulement dans la dégradation des rapports avec Israël : leurs rapports se sont également détériorés avec l’Arabie saoudite. Ainsi eu égard au Proche-Orient, Washington est en passe de perdre sa réputation de « garant de la stabilité » pour ne pas dire davantage.”

    Les alliés américains au Proche-Orient sont de moins en moins nombreux. L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar sont offensés par toutes les promesses non tenues concernant la Syrie. Il est peu probable que la Syrie et le Liban voisin aient des sentiments chaleureux pour le « rempart de la démocratie » américain. L’Egypte tente de se rétablir d’une série de coups d’Etat : le Caire en aurait assez des expériences américaines et ses regards se sont de nouveau tournés vers la Russie. Ainsi, les préoccupations des États-Unis à propos des relations avec Israël sont prématurées : il est nécessaire pour Washington de ne pas se quereller avec Tel Aviv.

    La Voix de la Russie

     

  • Cent mille chrétiens sont éliminés chaque année à travers le monde

     

    Cent mille chrétiens sont éliminés chaque année à travers le monde
    Le Professeur Todd Johnson est le successeur de son collègue David Barrett (1927-2011), "Monsieur Statistiques" pour les chercheurs de sciences religieuses à travers le monde entier, à la tête du Center for the Study of Global Christianity de South Hamilton (Massachusetts), un centre qui est à l'origine des statistiques sur le nombre des fidèles des diverses religions utilisés par un grand nombre d'universités - et aussi d'Eglises et de communautés religieuses - à l'échelle internationale. Johnson sera en Italie en décembre pour un certain nombre d'engagements, et débutera un séminaire par un rapport sur la méthodologie de la statistique religieuse organisé par l'Université Roma Tre, en collaboration avec le CESNUR et avec l'Académie des Sciences humaines et sociales, le 16 Décembre.
    Barrett et Johnson sont également à l'origine de ce qu'ils appellent la «martyrologie» , c'est-à-dire la compilation de statistiques sur le nombre de chrétiens tués « dans des situations de témoignage» ce qui signifie tués parce que chrétiens. Ces chrétiens qui ont été tués, selon Barrett et Johnson, sont au nombre de soixante-dix millions de la mort de Jésus-Christ à l'an 2000, dont 45.000.000 se concentrent durant le XXe siècle. Dans la première décennie du XXIe, de 2000 à 2010, selon Barrett il y en a encore eu un million, soit 100.000 par an. Cette estimation d'une moyenne calculée sur dix ans était de 105.000 en 2011 - l'année où, en commentant ces chiffres lors d'une réunion de l'Union européenne, il la traduisait dans la formule, arithmétiquement logique par rapport au chiffre de 105.000, "d'un chrétien tué toutes les cinq minutes" - alors que l'estimation de Johnson pour 2013, publié dans le numéro 37/1 de sa publication "Bulletin international de recherche missionnaire" était de 100.000.
    Périodiquement, ces chiffres sont attaqués; et récemment une information parue sur le site de la BBC donnait l'impression que Johnson lui-même les avait en quelque sorte redimensionnés ou retirés. Afin de clarifier la façon dont les choses se présentent, j'ai interviewé le professeur Johnson lui-même.

    Professeur, est-il vrai que vous avez démenti la fameuse statistique des 100.000 chrétiens tués chaque année ?
    Mais pas du tout. Il se peut que le journaliste de la BBC ne m'ait pas bien compris, mais j'ai simplement expliqué que la statistique se réfère à une moyenne des dix dernières années, non à une année donnée. Par conséquent, la statistique que nous avons publiée en 2013 correspond à la somme des morts des années 2003 à 2012 divisée par dix. Et la somme divisée par dix donne précisément 100.000. Si nous nous livrons au même exercice l'an prochain, nous ferons le total des morts de 2004 à 2013 et nous le diviserons par dix. Ce chiffre est significatif d'une tendance bien plus que s'il se concentrait sur une seule année où les données peuvent être modifiées par des variables éphémères, et où l'on risque d'annoncer des retournements décisifs causés par des événements positifs ou négatifs qui ne se répéteront pas les années suivantes.

    La BBC objecte que 90% des morts au cours des dernières années ont été tués dans la République démocratique du Congo, où il y a une guerre civile en cours. Quelle est votre réponse?
    Pour certaines des dix années prises en compte par l'évaluation sur dix ans, il est vrai que les données du Congo pèsent jusqu'à 70% - 90% est exagéré, mais nous avons toujours dit que le Congo pesait beaucoup - ce n'est pas une découverte de la BBC - tandis que sur l'échelle de la décennie, si l'on regarde les autres années, nous prenons en considération une donnée non moins importante, celle du Sud-Soudan, où les choses se sont améliorées ensuite. Beaucoup de mes dernières interventions lors de conférences internationales examinent la situation au Congo, et l'affaire est intéressante pour expliquer notre méthode. Il y a certainement des cas où il est difficile de déterminer si des personnes sont tuées en raison du fait qu'elles sont chrétiennes ou pour des raisons ethniques ou politiques. Dans ce cas, nous évaluons le poids du facteur religieux et sur la base de ce facteur nous attribuons un pourcentage du total des personnes tuées à des raisons religieuses. Pour le Congo, nous avons estimé - de façon très prudente et à titre de précaution - que le facteur religieux intervient pour vingt pour cent dans les raisons qui provoquent les assassinats. Je dis prudente et à titre de précaution parce que nous avons recueilli sur le terrain, des centaines de témoignages qui parlent de personnes tuées dans les églises et tuées parce que, pour des raisons religieuses, elles refusent de se battre dans les milices ou a fortiori de s'impliquer dans des guerres qu'ils estiment injustes. Par conséquent, pour chaque année, nous ne comptabilisons pas cent pour cent de chrétiens assassinés au Congo dans nos statistiques, mais seulement vingt pour cent. Nous adoptons des critères similaires pour les autres pays. Les critères, on peut toujours les discuter, mais je dois avouer que je ne comprends pas bien les objections qui vous invitent à soustraire les chrétiens tués au Congo, comme s'ils étaient des victimes de seconde zone par rapport à ceux d'autres pays.

    Mais la BBC affirme que ce ne sont pas des «martyrs». Est-ce vrai?
    La notion de «martyr» n'est pas univoque. Par exemple, la tradition juive - qui considère «martyrs» les victimes de l'Holocauste - ou celle de l'islam qui ont un concept plus extensif du "martyre" que celui du christianisme. Je suis protestant, mais je sais que l'Église catholique a en revanche un concept plus restrictif: seul est "martyr" celui qui offre volontairement sa vie pour sa foi. Si quelqu'un est victime d'une bombe qui fait exploser une église ou un local fréquenté par les chrétiens, pour l'Église catholique, il n'est pas nécessairement un «martyr», alors que pour de nombreux protestants il l'est. Nous sommes conscients de ces différences de terminologie, et c'est pourquoi aujourd'hui nous avons tendance à moins parler de «martyrs» mais plutôt de «personnes tuées dans des situations de témoignage».

    Si la situation au Congo devait s'améliorer, votre moyenne calculée sur la dernière décennie va baisser?
    Il y a des chances, et nous espérons qu'il en sera ainsi. Mais je voudrais ajouter un mot d'avertissement. Lorsque la situation s'est améliorée au Sud-Soudan, nous avons pensé que nous pourrions arriver à des estimations beaucoup plus faibles, et c'est alors qu'a explosé la situation dramatique au Congo. L'histoire du christianisme dans les deux derniers siècles ne conduit pas à l'optimisme: quand la violence s'atténue dans un pays particulier, elle explose souvent ailleurs. Le fait que les chrétiens soient victimes de campagnes de haine, soient discriminés, soient tués en nombre encore élevé dans de nombreuses régions du monde fait craindre que de nouvelles flambées de violence se produisent dans d'autres zones géographiques.
  • Pourquoi Israël a assassiné Arafat

    Il semble qu’il y ait encore beaucoup de parties qui préféreraient que la mort d’Arafat continue à être traitée comme un mystère plutôt que comme un assassinat. Il est difficile, cependant, d’éviter de tirer la conclusion logique de la découverte la semaine dernière par des scientifiques suisses que le corps du leader palestinien contenait des niveaux élevés d’un isotope radioactif, le polonium – 210. Une étude concluante et beaucoup plus limitée par une équipe russe publiée immédiatement après l’annonce suisse suggère également qu’Arafat est mort d’un empoisonnement.

    Il est temps d’énoncer une évidence : Arafat a été tué. Et les soupçons tombent carrément sur Israël. Seul Israël avait les moyens, les antécédents, l’intention déclarée et le motif. Sans les empreintes digitales d’Israël sur l’arme du crime, ce sera insuffisant pour obtenir une condamnation devant une cour de justice, mais ce devrait être une preuve suffisante pour condamner Israël devant la cour de l’opinion mondiale. Israël avait accès au polonium de son réacteur nucléaire de Dimona, et il a une longue expérience dans la réalisation d’assassinats politiques, certains ostentatoires et d’autres secrets, souvent à l’aide d’agents chimiques difficiles à tracer. Plus notoirement, Israël a essayé de tuer tranquillement un autre leader palestinien, Khaled Mechaal du Hamas en Jordanie en 1997, en injectant un poison dans l’oreille. Mechaal n’a été sauvé que parce que les assassins ont été arrêtés et Israël a été forcé de fournir un antidote.

    Les dirigeants israéliens se sont succédé pour nier qu’il y ait jamais eu la moindre intention maligne du côté d’Israël envers Arafat. Silvan Shalom, le ministre de l’énergie, a affirmé la semaine dernière : « Nous n’avons jamais pris la décision de lui nuire physiquement ». Shalom doit souffrir d’un trou de mémoire. Il y a plusieurs preuves qu’Israël voulait, dans l’euphémisme de cette époque, ‘’retirer’’ Arafat. En Janvier 2002, Shaul Mofaz, chef d’état-major de l’armée israélienne, a été surpris au micro chuchotant au Premier ministre israélien, Ariel Sharon, parlant d’Arafat : « Nous devons nous débarrasser de lui ». Avec le dirigeant palestinien enfermé pendant plus de deux ans dans son enceinte dévastée à Ramallah, entouré de tanks israéliens, le débat au sein du gouvernement israélien était centré sur le fait de savoir s’il devait être exilé ou tué. En Septembre 2003, alors que Shalom était ministre des Affaires étrangères, le cabinet a même émis un avertissement qu’Israël  » supprimerait cet obstacle d’une manière ou d’une autre et au moment de son choix « . Le vice-Premier ministre d’alors, Ehud Olmert, a précisé que tuer Arafat était  » une des options « . Ce qui retenait la main d’Israël, et alimentait son ton équivoque, était la vive opposition de Washington. Dans le sillage de ces menaces, Colin Powell, le secrétaire d’Etat américain, a averti qu’un mouvement contre Arafat déclencherait  » la rage partout dans le monde arabe, le monde musulman et dans de nombreuses autres parties du monde « . En Avril 2004, cependant, Sharon a déclaré qu’il n’était plus tenu par son engagement antérieur avec le président George Bush de ne pas « nuire physiquement à Arafat « . « Je suis libéré de cet engagement « , avait-t-il observé. La Maison Blanche a aussi montré un fléchissement de sa position : un porte-parole anonyme a timidement répondu que les Etats-Unis  » sont opposés à toute action de cette nature« . L’inconnu est de savoir si Israël était en mesure de mener à bien l’assassinat seul, ou s’il a eu besoin de recruter un ou plusieurs membres de l’entourage d’Arafat, qui étaient avec lui dans son QG de Ramallah, en tant que complices pour livrer le poison radioactif.

    Alors qu’en est-il du mobile? Que gagne Israël à  » retirer  » Arafat ? Pour comprendre la pensée d’Israël, il faut revenir à un autre débat qui fait rage en ce moment, parmi les Palestiniens. La direction palestinienne a été scindée en deux camps, centrés sur Arafat et Mahmoud Abbas, l’héritier apparent d’Arafat. Le couple avait des stratégies nettement divergentes pour faire face à Israël. De l’avis de M. Arafat, Israël avait renié les engagements qu’il avait pris dans les accords d’Oslo. Il était donc réticent à investir de manière exclusive dans le processus de paix. Il voulait une double stratégie : maintenir les canaux ouverts pour des entretiens tout en conservant l’option de la résistance armée pour faire pression sur Israël. Pour cette raison, il a gardé une emprise personnelle serrée sur les forces de sécurité palestiniennes. Abbas, en revanche, estimait que la résistance armée était un cadeau à Israël, et délégitimait la lutte palestinienne. Il voulait se concentrer exclusivement sur ​​les négociations et le renforcement de l’État, dans l’espoir d’exercer une pression indirecte sur Israël en prouvant à la communauté internationale que les Palestiniens pouvaient inspirer la confiance avec un Etat. Sa priorité était de coopérer étroitement avec les Etats-Unis et Israël en matière de sécurité. Israël et les Etats-Unis préféraient nettement l’approche d’Abbas, forçant même Arafat pendant un certain temps à réduire son influence en nommant Abbas au poste nouvellement créé de Premier ministre.

    La principale préoccupation d’Israël était que, bien qu’Arafat soit leur prisonnier, il reste une figure unificatrice pour les Palestiniens. En refusant de renoncer à la lutte armée, Arafat a réussi à contenir, un tant soit peu – les tensions croissantes entre son propre mouvement, le Fatah, et ​​son principal rival, le Hamas. Avec Arafat disparu, et le conciliant Abbas installé à sa place, ces tensions ont violemment éclaté dans la foulée, comme Israël avait certainement prévu qu’il se passerait. Qui a abouti à une scission qui a déchiré le mouvement national palestinien et a conduit à un schisme territorial entre la Cisjordanie contrôlée par le Fatah et Gaza sous la domination du Hamas. Dans la terminologie souvent utilisée par Israël, Arafat était à la tête de l ‘«infrastructure de la terreur». Mais la préférence d’Israël pour Abbas ne provient pas du respect qu’il aurait pour lui ou d’une croyance qu’il pourrait réussir à convaincre les Palestiniens d’accepter un accord de paix. Sharon a eu cette déclaration célèbre que Abbas n’était pas plus impressionnant qu’un  » poulet plumé « .

    Les intérêts d’Israël en tuant Arafat sont évidents quand on considère ce qui s’est passé après sa mort. Non seulement le mouvement national palestinien s’est effondré, mais la direction palestinienne a de nouveau été ramenée dans une série de pourparlers de paix futiles, laissant à Israël le champ libre pour se concentrer sur l’accaparement des terres et la construction de colonies. Revenant sur  la question de savoir si Israël a bénéficié de la perte d’Arafat, l’analyste palestinien Mouin Rabbani observe :  » l’engagement exemplaire d’Abu Mazen [ Abbas ] vis-à-vis des accords d’Oslo au fil des années , et le maintien de la coopération sécuritaire avec Israël  contre vents et marées, n’ont-ils pas déjà répondu à cette question?  »

    La stratégie d’Abbas peut être confrontée à son test ultime maintenant, alors que l’équipe de négociation palestinienne essaie une fois de plus de cajoler Israël pour la concession du strict minimum pour un Etat, au risque d’être accusée d’être responsable de l’inévitable échec des négociations. L’effort semble déjà profondément mal orienté. Alors que les négociations n’ont accordé aux palestiniens qu’une poignée de vieux prisonniers politiques, Israël a déjà annoncé, en retour, une expansion massive des colonies et la menace d’expulsion de quelque 15000 Palestiniens de leurs maisons à Jérusalem-Est. C’est indubitablement un compromis qu’Arafat aurait amèrement regretté.

    Jonathan COOK

    Traduction Avic

    http://www.counterpunch.org/2013/11/13/why-israel-murdered-arafat/

    Source  http://reseauinternational.net/2013/11/15/pourquoi-israel-a-assassine-arafat/