« L’histoire est le lieu de l’inattendu »
Michel Geoffroy répond aux questions du magazine serbe « Geopolitika » sur la situation dans laquelle se trouve l’Union européenne, sur le rôle dominant de l’oligarchie, sur la post-démocratie, sur les mécanismes du Système médiatique occidental, sur l’ampleur prise par les droits des minorités, sur l’entrée de la Serbie dans l’Union européenne et plus globalement sur les relations internationales entre l’U.E. et les deux grands pouvoirs, USA et Russie, avec leurs incidences sur les grandes questions telles que celles de la Syrie et du Proche-Orient.
Cet entretien a été publié dans la livraison de septembre 2013 de « Geopolitika », en langue serbe. Nos lecteurs serbophones le retrouveront en cliquant ICI. Nos lecteurs habituels en prendront connaissance ci-après.
Polémia
1 Geopolitika - Monsieur Geoffroy, vos analyses des processus et de la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Europe moderne brillent d’une perspicacité, d’une approche analytique inhabituelle et d’un cynisme intellectuel. Mais, pour nos lecteurs en Serbie et dans les Balkans, pourriez-vous, pour commencer, nous donner une appréciation de la situation dans laquelle se trouve l’Union européenne ? D’autres pays, d’autres peuples passent par des crises différentes, mais les crises de l’Europe, de l’Occident, ont quelque chose de spécial, parce que jusqu’au début du XXe siècle l’Europe a été le chef de file de la civilisation, et l’Amérique, ou on peut dire aussi l’Occident, a triomphalement accueilli la fin du XXe siècle. Qu’est-ce qui s’est passé en si peu de temps, qu’est-ce qui a provoqué la crise ? S’agit-il uniquement d’une crise économique, d’une crise de modèle, d’esprit, de l’Homme ?…
Michel Geoffroy- L’Europe occidentale traverse une crise systémique et globale, comme cela s’est déjà produit plusieurs fois dans son histoire, notamment après la Guerre de 1914/1918.
Cette crise résulte de la convergence de plusieurs facteurs de longue durée, qui viennent à maturité au début du XXIe siècle, même s’ils ont pris racine avant. Pour ma part je vois la conjonction de trois phénomènes majeurs :
- d’abord, le vieillissement de la population européenne, inscrit dans sa démographie et son « grand remplacement » par des populations immigrées beaucoup plus prolifiques. Ce remplacement, sans précédent dans l’histoire moderne, constitue un défi majeur à relever. Malheureusement l’oligarchie occidentale n’a pas du tout l’intention de le relever et, au contraire, elle encourage l’immigration de peuplement, car celle-ci répond aux intérêts des grandes entreprises multinationales. Cela provoque un désarroi croissant des Européens autochtones qui ont le sentiment d’être abandonnés par leurs élites ;
- ensuite, l’Europe occidentale a perdu le monopole de la puissance, de la science et de la croissance, au profit du reste du monde et notamment des pays émergents. C’est le vrai sens du mot « mondialisation ». Les Européens n’en ont pas encore tout à fait conscience car on leur cache la réalité. Mais l’Europe occidentale ne parvient plus à s’imposer dans un monde de plus en plus concurrentiel, car elle s’est ralliée à l’idéologie libre-échangiste. Pour la première fois depuis bien longtemps les Occidentaux en viennent à douter de leur avenir ;
- enfin, le système politique occidental est devenu post-démocratique : aujourd’hui ce ne sont plus les citoyens qui sont souverains, mais les oligarchies financières et économiques transnationales. Ces oligarchies voient les peuples non comme la fin suprême de la politique, mais comme des obstacles qu’il faut éradiquer. L’Europe occidentale n’est plus une démocratie au sens où l’entendaient nos ancêtres, mais un espace économique ouvert : c’est-à-dire un vide existentiel béant. Les Européens n’arrêtent pas de parler de leurs « valeurs » en faisant la morale aux autres, mais en réalité c’est pour cacher leur triste condition servile. D’autant que ces « valeurs » se retournent aujourd’hui contre eux comme dans le cas des droits de l’homme.
Bref la crise européenne est globale : mais elle est d’abord culturelle et morale avant d’être économique.
2 Geopolitika - Il est intéressant que, malgré une multitude de différents auteurs et théories selon lesquels une élite pensante globale contrôle tout, vous pensez autrement : « L’oligarchie pense qu’elle gouverne le monde ». Vous dites que l’oligarchie mondiale « ne gouverne aucun pouvoir qu’elle a imprudemment libéré. Ces pouvoirs gouvernent maintenant l’oligarchie, nous tirant tous vers un abîme ». Pourriez-vous nous donner des arguments plus détaillés concernant votre théorie ?
M.G.- L’oligarchie s’imagine qu’elle peut gouverner le monde contre la volonté des peuples. Elle croit que l’économie constitue l’horizon indépassable de l’humanité et que la post-démocratie représente le meilleur régime politique possible. Elle croit incarner la fin de l’histoire.
Mais tout cela n’est qu’illusion. Le petit club des privilégiés qui composent l’oligarchie prend ses désirs pour des réalités : des désirs qui reposent au surplus sur un présupposé à caractère raciste, celui qui pose que le modèle anglo-saxon serait le seul et le meilleur possible.
Il ne faut pas surestimer le pouvoir de l’oligarchie dans la mesure où les faits ne cessent de la démentir.
Les identités et les cultures résistent à l’impérialisme des marchés. Les crises financières à répétition montrent que l’oligarchie ne maîtrise plus l’économie. La puissance américaine est ébranlée même si elle reste encore redoutable, car les pays émergents rendent le monde toujours plus multipolaire. Et en Europe même l’oligarchie se trouve de plus en plus contestée, au fur et à mesure que la crise se développe.
Le Système oligarchique ne tient que parce qu’il ne fait pas encore l’objet d’une contestation globale et parce qu’aucun concurrent crédible ne se dresse devant lui, si l’on excepte le cas de l’Islam radical, mais qui ne peut concerner les Européens.
Mais on sent que les temps d’une nouvelle alternative politique au Système oligarchique occidental approchent.
3 Geopolitika – Nous attirons l’attention aussi sur votre analyse de l’interprétation médiatique du meurtre à Rennes, où un garçon français âgé de 13 ans avait été étranglé par un jeune immigré âgé de 16 ans, originaire de Tchétchénie, et dont les médias avaient remplacé le prénom, Souleymane, par Vladimir. Quel est le contexte de cette décision de cacher la vérité quand il s’agit de ce meurtre ou d’autres affaires basées sur des questions raciales ou ethniques, de quoi ont-ils peur ceux qui sont au pouvoir ainsi que les médias contrôlés ? Ont-ils peur de voir le rêve sur la vie multiculturelle en Europe se désintégrer ou d’autre chose ?
M.G.- Le Système médiatique occidental est asservi aux puissances économiques et financières, qui militent toutes pour un développement de l’immigration de peuplement. Car l’immigration a été le moyen pour le patronat de se débarrasser des salariés autochtones et des lois sociales.
Les médias s’efforcent en permanence de nous présenter l’immigration, notamment musulmane, sous des traits toujours positifs, comme « une chance pour la France ». Les médias ont donc pris l’habitude de minimiser les réalités de la délinquance quant elle provient de l’immigration, par exemple. En clair : de travestir la réalité, comme l’a maintes fois démontré la fondation Polémia.
Pourquoi font-ils ainsi ? Parce que montrer que l’immigration n’est pas une « chance » mais au contraire une catastrophe conduirait inévitablement à désigner les responsables de cette situation : l’oligarchie occidentale. Le Système médiatique préfère donc masquer les faits, comme changer l’identité des protagonistes par exemple.
Mais de plus en plus d’Européens, confrontés aux dures réalités quotidiennes de l’immigration, savent « lire entre les lignes » désormais et traquer les « bobards ».
4 Geopolitika – Nous voudrions partager avec nos lecteurs votre analyse brillante sur l’abus politique de la démocratie, où sont relativisées la gouvernance du peuple et la souveraineté en tant qu’éléments essentiels de la démocratie elle-même. La voix du peuple, la voix de la majorité est limitée par les droits des minorités, des immigrés, des minorités religieuses et sexuelles… Que s’est-il passé ? En quoi la démocratie a-t-elle été transformée dans les sociétés occidentales ? Est-ce qu’il existe toujours le danger des formes modifiées de totalitarisme et de communisme ?
M.G.- Je ne crois pas au retour du communisme en Europe occidentale, car cette doctrine ne fait plus rêver et parce que « la classe ouvrière » a profondément changé au cours du XXe siècle.
Le péril qui nous menace est autre : celui d’un totalitarisme de marché à visage humain. C’est ce que l’on appelle la post-démocratie.
La post-démocratie découle en effet du retour en force de l’idéologie libérale, après la chute de l’URSS. Elle accompagne la montée en puissance des grandes entreprises et des institutions financières comme seul pouvoir souverain, au-dessus des Etats et des frontières, au nom des bienfaits supposés de la libération des échanges et du commerce.
L’idéologie libérale réduit la démocratie à la défense procédurale des droits individuels : elle ne repose plus sur la participation active des citoyens à la vie de la cité. Elle s’attaque aux Etats afin que les oligarchies règnent sans contrôle populaire.
A l’âge post-démocratique les citoyens ne contrôlent donc plus leur destin : ils deviennent une simple « ressource humaine » au service des marchés. L’émancipation du pouvoir économique de toute régulation provoque en outre une augmentation des inégalités sociales, phénomène perceptible partout en Occident.
En réduisant la démocratie à l’idéologie des droits de l’homme et au principe de « non-discrimination », la post-démocratie conduit, au surplus, à l’implosion sociale et à la guerre de tous contre tous, c’est-à-dire à la violence.
Ainsi, par exemple, selon les juges européens qu’inspire cette idéologie, les étrangers qui entrent irrégulièrement sur le territoire ont les mêmes droits, voire des droits supérieurs à ceux des citoyens qui respectent les lois. Cette idéologie détruit donc le lien social et l’ordre politique. Elle rend la société de plus en plus conflictuelle. C’est pourquoi en post-démocratie il y a plus de policiers que de soldats et le contrôle de la population – qu’il soit policier ou médiatique – devient une préoccupation majeure.
5 Geopolitika – Il existait dans l’armée française des officiers qui se souvenaient de l’amitié qui existait entre la France et la Serbie. Que pensez-vous de cette amitié passée entre nos deux peuples, qui s’était forgée dans les tranchées du Front de Salonique, même si cette question peut paraître anachronique pour ceux qui voient le monde avec les yeux des grands médias ?
M.G.- Je ne crois pas que l’on doive fonder la politique internationale sur des sentiments ni sur la réminiscence perpétuelle du passé, fût-il glorieux. La politique internationale doit, au contraire, se fonder sur les rapports de force existant ou futurs, ainsi que sur l’intérêt des Etats et des nations et cet intérêt est par nature changeant dans l’espace et dans le temps, même si la géopolitique a ses lois.
Je crois que si les opérations de l’OTAN contre la Serbie ont provoqué un malaise chez certains militaires français, cela tenait au fait qu’ils comprenaient, malgré les bobards médiatiques auxquels on nous soumettait, que ce n’était pas l’intérêt de l’Europe ni celui de la France qu’ils défendaient en bombardant la Serbie. Ils découvraient aussi que le général De Gaulle avait raison quand il affirmait que l’OTAN ferait courir le risque d’entraîner la France dans des guerres qui ne seraient pas les siennes. La suite des événements leur a malheureusement donné raison, me semble-t-il.
6 Geopolitika – L’élite politique de Belgrade voudrait faire entrer la Serbie dans l’Union européenne, apparemment même au prix de donner le Kosovo aux Albanais. Quel est votre message pour les Serbes ? Devraient-ils accéder à l’Union européenne ?
M.G.- C’est d’abord aux Serbes eux-mêmes de répondre à cette question !
Mais il faut qu’ils sachent que l’Union européenne telle qu’elle existe aujourd’hui ne protège pas l’identité ni la survie des peuples européens. Chaque jour elle devient un peu plus la « prison des peuples », comme autrefois l’Autriche-Hongrie. L’Union européenne n’est pas une zone de prospérité, de paix et de liberté comme elle le prétend, mais un espace de contrainte et l’instrument de la destruction de la souveraineté des Européens. Il faut donc soit l’ignorer soit tenter de la refonder, mais non s’y soumettre.
7 Geopolitika – Pourriez-vous qualifier la situation actuelle des relations internationales entre les deux grands pouvoirs, les Etats-Unis et la Russie, l’Union européenne, la Chine, ainsi que sur la guerre en Syrie et la crise au Proche-Orient, qui se complique de plus en plus ?
M.G.-Les Etats-Unis aspirent à conserver le rôle de superpuissance mondiale qu’ils ont acquis après la disparition de l’URSS et du Bloc soviétique, alors que le monde devient chaque jour plus multipolaire. Cette contradiction engendre et engendrera des conflits croissants, car il n’y a que les Européens à se soumettre encore au leadership américain.
Les Etats-Unis ont aussi mené une politique d’encerclement stratégique de la Russie. Ils redoutent plus que tout cette Europe « de l’Atlantique à l’Oural » qu’appelait De Gaulle de ses vœux. On assiste aussi à une compétition mondiale pour la maîtrise des ressources naturelles. Sans parler du réveil de l’Islam comme universalisme concurrent.
Tout cela démontre que, contrairement à ce que prétendaient certains libéraux, la fin de l’histoire n’arrivera pas au XXIe siècle. Au contraire, de nouveaux acteurs et de nouveaux enjeux ne cessent d’apparaître.
Mais dans ce contexte conflictuel l’Union européenne, qui revendique le rôle de « soft power », est de moins en moins capable de proumouvoir ses intérêts malheureusement.
8 Geopolitika – Vous êtes l’un des rares penseurs qui, non seulement analyse, mais aussi appelle à la résistance. Vous avez défini l’Europe, vous faites appel à la verticale épique européenne, les 300 Spartiates, les marins de Lépante… Vous mentionnez le pessimisme en tant qu’une force politique montante en Europe, qui peut se transformer en action. En effet, comment lutter dans l’époque du conformisme et du découragement, comment faire revenir l’éclat de la nation chrétienne européenne et des identités irremplaçables ?
M.G.- Si l’on s’en tient au monde factice que nous présentent les médias, il y a tout lieu de se montrer pessimiste en effet sur l’avenir de l’Europe. Mais si l’on examine plus précisément la réalité, on perçoit les germes du renouveau européen : en particulier dans la population active et dans la jeunesse.
Car la situation de l’Europe occidentale ressemble beaucoup à celle de l’URSS sur sa fin : une nomenklatura coupée du peuple et qui cumule tous les pouvoirs, des intellectuels entrant en dissidence contre l’idéologie du Système, une propagande officielle déconsidérée, une perte de compétitivité croissante, des Etats réduits à leur rôle répressif.
Le Système occidental apparaît puissant vu de l’extérieur, mais il est vermoulu à l’intérieur. Le mur médiatique se fissure déjà. D’autres murs tomberont. L’oligarchie ne cesse de nous répéter qu’il faudrait s’adapter – donc se résigner – à ce monde. De plus en plus d’Européens pensent au contraire qu’il est encore temps de le changer.
Et comme aimait à l’écrire le grand historien disparu Dominique Venner, « l’histoire est le lieu de l’inattendu ».
Geopolitika– Merci beaucoup pour votre temps précieux.
M.G.- Merci de vos questions pertinentes.
Geopolitika et Michel Geoffroy, Paris – Juillet 2013
géopolitique - Page 784
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Situation de l’Union européenne, vue par Michel Geoffroy/ Entretien avec le magazine serbe « Geopolitika »
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Kenya. Les non dits d’une attaque qui n’a surpris personne
Il est encore tôt pour tirer les leçons, de l'attaque du supermarché à Nairobi, mais nous pouvons nous poser certaines questions sans pour autant être des complotistes : Pourquoi maintenant ? Pourquoi depuis que le Kenya a mis le cap vers l'Est, vers Pekin et Moscou, tout lui arrive ?
Désormais les échanges entre le Kenya et un certain nombre de pays se feront en Yuan chinois et non plus en dollars américains. Le Kenya vient de découvrir sous son sol, l'un des plus grands gisements au monde d'eau douce. Cette eau tant convoitée par l'Europe. Au même moment, Dakar complète sa première semaine sans eau potable. On nous dit que l'usine de potabilisation située à 280 km construite en 2004 par une entreprise française avec une garantie de 30 ans a des problèmes de tuyau. A la place, on propose à ce pays traversé par 3 fleuves (Sénégal, Niger, Casamance) de s'endetter pour 50 milliards de Francs CFA pour désaliniser l'eau de l’Océan Atlantique. Si le Sénégal refuse, sommes-nous certains que leur ami d'aujourd'hui Macky Sall ne sera pas bientôt traduit au TPI pour des choses odieuses qu'il aurait commise lorsqu'il était encore dans le ventre de sa maman ?
Revenons au Kenya. On a d'abord eu l'incendie à l'aéroport, au moment où ce pays fait le virage pour profiter des investissements chinois pour passer du tourisme qui a apporté dans le pays tous les pédophiles et prédateurs sexuels d'occident, vers l'industrie, nous reporte 40 ans en arrière, au scénario des Brigades Rouges italiens, manipulés par une frange des services secrets italiens pour séquestrer et tuer le Premier Ministre Aldo Moro qui avait eu la mauvaise idée de vouloir faire un gouvernement d'Union Nationale avec les communistes tant décriés à Washington.
Il faudra attendre les années 90 avec l'effacement du parti dit de la Démocratie Chrétienne à cause de la corruption, pour que les langues se délient enfin et que des enquêtes parlementaires permettent de découvrir de la bouche du Président de la République Cossiga, à l'époque des faits, Ministre de l'Intérieur qu'avec les américains, ils avaient crée une brigade secrète dénommée GLADIO pour commettre l'impensable dans leur propre pays. Il fallait tout faire pour empêcher le rapprochement avec Moscou.
Aujourd'hui, à Moscou s'est ajouté Pekin. Ceux qui tentent en Afrique ont un instrument toujours prêt. Au Kenya, on a d'abord essayé le TPI et comme ça n'a pas marché, on est certainement passé au plan B.
La manipulation a continué avec des fausses informations publiée sur les journaux français comme LIBERATION du 24/09/2013 sur Israël qui aurait diriger les opérations à Nairobi pour libérer les otages tenus au supermarché. Ce qui est faux bien entendu. Comment le Kenya qui combat avec succès les Shebas en Somalie depuis 10 ans pouvait-il passer la prise d'Otage à Israël qui n'est pas présent avec eux en Somalie ? Mystère. Je vous conseille de retrouver le discours du président Kenyan surtout sur les remerciements. Vous allez tout comprendre.
Lorsqu'on voit des déclarations sur les télévisions française comme "C'est dans l'Air" sur France 5 de lundi 23/9/2013 où un pseudo expert de l'Afrique affirme que tous les chefs d'Etat africains sont gardés par Israël, et plus précisément le président camerounais Biya, on comprend vite le pourquoi de tout ce mensonge : La France et son prétendu exploit au Mali. On a critiqué à l'UA le fait que le président de la CEDEAO, Ouattara a préféré programmer une intervention africaine 1 an après afin de faire venir la France au Mali plutôt que les Ethiopiens et les Kenyans qui avaient 10 ans d'expérience avec les islamistes en Somalie.
Avec l'attaque de Nairobi, il fallait faire passer l'image de l'incapacité des africains à se prendre en charge afin de valider l'insistance du président français d'organiser une conférence à Paris sur la sécurité en Afrique.
Problème : tous ceux qui sont derrières ces manigances oublient que eux mêmes sont manipulés par une mafia au dessus d'eux, c'est la finance internationale qui n'a pas de visage. Hollande avait juré en campagne électorale de les combattre avant d'aller à Londres dire qu'il blaguait pour amadouer son peuple pour se faire élire et les rassurer que la France restera leur terre de conquête.
Dernier mensonge en date : L'intervention du Kenya et de l'Ethiopie pour rétablir un Etat de droit en Somalie serait financée par l'Europe et les USA. faux. Le contentieux entre les Occidentaux et les Africains sur ce dossier s'est très mal terminé, parce que les Africains ne veulent plus qu'une mission en Afrique soient commandée par les non-africains. Les Africains voulaient bien l'aide même militaire des européens en Somalie à une seule condition : qu'elle soit sous commandement africain. Les Européens et les américains ont refusé et depuis lors, les Africains affrontent seuls ce problème et avec beaucoup de succès.
Cette fable de l'aide occidentale pour la Somalie ressemble à celle racontée sur la pseudo aide américaine à l'armée égyptienne. Comment une armée peut acheter ses équipements dans un pays avec un plan de remboursement et on vient le faire passer chaque fois comme de l'aide ?
A quoi cela sert-il de clamer qu'on est "pays riche", "pays développé", si au final c'est une poignée d'hommes dans une banque qui place ses pions à tous les niveaux de la finance du pays. La médiocrité des politiciens issus du piège du suffrage universel a permis la création des Nations faibles à la merci des financiers. Demandez-vous comment un pays comme la France en seulement 5 ans de Sarkozy a connu 700 milliards d'Euros de dettes c'est à dire, une fois et demi les dettes cumulées de tous les 54 pays africains.
C'est parce que la tant vantée "démocratie" n'est qu'un système bien ordonné où on peut truander le peuple qu'on réduit à l'esclavage et ce dernier est même content, puisqu'on lui brandit tous les jours des images de répertoire des enfants dénutris de la guerre du Biafra qu'on fait passer pour l'Afrique aujourd'hui.
Avec cela, Obama était sur le point de suivre Hollande pour aller financer une guerre en Syrie, pour alimenter les Shebas et djihadiste syriens à aller mettre demain des bombes dans un centre commercial de Paris ou de New-York, alors que le 17/10, il doit réussir à convaincre le Congrès pour élever encore le plafond de la dette. L'ancien plafond voté l'année dernière ne suffit plus. Les USA continuent d'emprunter tous les jours de la Chine pour payer les gardes du corps de Obama, pour payer le repas qu'on lui sert tous les jours sur la table.
Regardez ce documentaire qui est passé hier soir sur Arte (voir le lien plus bas) et vous allez comprendre comment tout l'Occident de la démocratie avancée est tenue de main de maître par la mafia. Et si on insiste à mettre la démocratie en Chine, ce n'est certainement pas pour rendre ce pays plus puissant qu'il ne l'est aujourd'hui, mais juste pour que la même mafia puisse mettre la main aussi sur les richesses de ce pays.
L'Afrique doit trouver sa propre voie, afin d'éviter que les experts en démocratie nous installent durablement leur mafia financière.
S'ils y parviennent, nous en aurons encore pour des générations et générations de soumission et esclavage, exactement comme on le voit aujourd'hui en Grèce, en Italie ou en Espagne.
C'est l'économie qui commande la politique et non l'inverse et ne pas le comprendre, c'est continuer de vivre dans l'illusion d'une politique puissante, qui au fond n'est qu'un château de papier tant qu'il n'y a pas suffisamment de création de richesses. Sans richesses, tout pouvoir est voué à devenir subalterne à la"mafia démocratique" des puissances de l'argent en Occident. Le cas du Mali nous le prouve valablement.
A la conclusion de ce texte, nous n'avons toujours pas répondu à la question :
Pourquoi le Kenya ?
Le Kenya était le symbole de cette Afrique des animaux, sans les africains qu'une certaine littérature coloniale raciste du 19ème avait tant décrit. Regardez une télévision comme BBC, le Kenya n'existe que par rapport aux parcs animaliers et ses nombreux safaris. Le Kenya est là où on va chercher la vie sauvage, où on va chercher le sauvage. Pourquoi la Chine et la Russie ? Parce que ce sont les seuls à avoir le pactole en ce moment, lorsque les autres souffrent du surendettement.
Les dirigeants Kenyans se sont servis tout simplement des autres pays avant eux : la Thaïlande. Si la Thaïlande cesse d'être le bordel des occidentaux, c'est grâce aux capitaux surtout russes, mais aussi chinois dans le secteur de l'immobilier notamment. Aujourd'hui, on a 30.000 russes qui se sont installés en Thaïlande, c'est à dire la population aisée qui a délaissé la Cote d'Azur. La Thaïlande qui avait commencé avec la guerre de Corée et celle du Vietnam où les Marines américains avaient besoin de trouver un coin avec des filles faciles pour se défouler.
C'est comme cela qu'est né la destination touristique sexuelle de la Thaïlande qui avec l'arrivée du nouveau G2, ne veut plus de ces touristes dépravés qui créent plus de problèmes. Les bordels ferment les uns après les autres à Pataya remplacés par villas de rêves pour ces riches. Même un ministère spécial a été crée pour aller flatter ces nouveaux riches russes et chinois qui veulent amener leur familles en vacances, dans les hôtels ou dans leurs nombreuses résidences secondaires et ça marche. par exemple, nombreuses sont les usines chinoises qui offrent comme primes de productivité des voyages en Thailande.
Le Kenya est tout simplement en train de copier la Thaïlande, pour lancer son développement et ça ne plait pas à quelqu'un apparemment.
Mais pourquoi ?
Que vont perdre toutes les grandes chaînes occidentales d'hôtellerie qui s'y sucraient ? -
Septembre 2013 La Syrie, premier échec du mondialisme
A la mi-septembre 2013, alors qu’une fois de plus, les Etats-Unis et leurs alliés de l’axe américano-sioniste s’apprêtaient à agresser la Syrie, Barack Obama acceptait la proposition russe de contrôle de l’armement chimique de la Syrie suivi de sa destruction, prenant d’ailleurs à contrepied un François Hollande qui, incapable de redresser une France toujours plus déclinante, veut jouer les redresseurs de torts dans un Etat souverain au nom d’un prétendu droit d’ingérence décrété au nom de la loi du plus fort.
L’événement est d’importance : depuis la disparition de l’URSS en 1991, – et même depuis les années 1920 si l’on considère la longue durée – les Etats-Unis d’Amérique, bras armé du projet politique mondialiste, n’ont cessé d’étendre leur influence et leur pouvoir dans le monde, éliminant au mépris de la légalité internationale dont ils se prétendent les champions tout ce qu’ils perçoivent comme un danger pour leurs intérêts : Slobodan Milosevic, Saddam Hussein, Kadhafi, peut-être même Hugo Chavez et d’autres encore en ont fait les frais. Certes, ils ont déjà connu des échecs, notamment en Biélorussie et en Ukraine, voire en Géorgie où les «révolutions de couleur » ont fait long feu : mais ils agissaient à la marge de leur zone d’influence.
Avec la Syrie, au moyen d’une rébellion téléguidée et soutenue par l’Otan et les pétro-monarchies du Proche-orient, il s’agit de détruire un régime qui, depuis les années 1970 s’oppose à l’emprise américano-sioniste et rejette la mouvance islamiste et qui, contre toute attente, parce qu’il reste soutenu par la majorité de la population syrienne, résiste à cette subversion sanglante. Or pour la première fois plus de vingt ans, les États-Unis suspendent leur politique belliciste. Tout était prêt pourtant: selon un scénario bien rôdé, le régime de Bachar Al Assad avait été diabolisé, présenté comme un « mal absolu », dans la lignée de ces épouvantails fuligineux dont le parangon est le IIIe Reich. Comme d’habitude, il s’est agi de provoquer ou susciter un événement leur permettant d’accuser celui qu’ils veulent abattre de l’avoir commis et de l’attaquer au nom de la légitime défense, sanctifiée la main sur le cœur par la défense proclamée de la démocratie et de la liberté : en1898 l’explosion du cuirassé Maine justifie l’attaque de l’Espagne ; le torpillage du Lusitania, faux navire de commerce provoque l’attaque de l’Allemagne wilhelmienne … en 1999 de prétendus massacres au Kosovo justifient l’agression de la Serbie ; le mensonge des couveuses de Koweit City en 1992 puis celui des armes de destruction massive en 2003 justifient l’agression contre l’Irak de Saddam Hussein ; les attentats du 11 septembre 2001 justifient l’invasion de l’Afghanistan, sans oublier la crapuleuse attaque de la la Libye soldée par l’ignominieux assassinat de Kadhafi.
En Syrie, un casus belli avait été trouvé dans l’accusation de dépassement d’une « ligne rouge » préalablement fixée arbitrairement par Obama, à savoir l’usage de gaz chimiques sur la population civile. Et pourtant rien ne s’est produit. Quelles raisons ont pu motiver un tel recul ? Contrairement à leurs prédécesseurs menant le combat contre le projet mondialiste à dominante anglo-saxonne, tant Bachar el Assad que Vladimir Poutine, son principal soutien, n’ont pas commis l’erreur de tomber dans le piège de la réponse guerrière mais ont choisi la voie diplomatique, déstabilisant ainsi leur adversaire mondialiste. Ensuite, après des années de guerres loin de ses bases, l’Oncle Sam n’a plus les moyens de soutenir un effort de guerre au même rythme, d’autant plus que le « moteur » interne des États-Unis – comme celui des états de l’U.E. – se grippe : crise financière, désindustrialisation, affaiblissement sérieux de la prédominance du peuplement blanc, créateur de ce vaste pays. Conjointement, d’autres états se relèvent, comme la Russie, ou émergent, forts de leur puissance industrielle croissante et de leur poids démographique, comme la Chine et son en mesure de s’opposer à l’impérialisme mondialiste aux couleurs états-uniennes.
Sans préjuger de l’avenir – car, n’en doutons pas, les Occidentaux rechercheront une autre occasion de parvenir à leur fin, à savoir la mise sous tutelle américano-sioniste du Proche-Orient – l’accord américano-russe sur la Syrie permet à Obama de sauver la face dans une affaire qui est mal engagée : « punir » la Syrie en la bombardant aurait pour conséquence inévitable une intervention au sol plus hasardeuse que celles d’Irak et d’ Afghanistan, alors que les opinions publiques, échaudées par les mensonges d’État ayant justifié l’intervention en Irak, rejettent tout aventurisme guerrier et que les état-majors sont plus que réservés à ce sujet. En outre, agir une nouvelle fois illégalement, dans le mépris du droit international en vigueur ferait plus que jamais apparaître les Etats-Unis comme l’Etat-voyou qu’ils sont en fait.
De toute évidence, il semble que nous soyons à un tournant historique. Il se pourrait que la présente affaire syrienne soit d’une nature comparable à l’échec de la conquête de la Germanie sous Auguste, en l’an 9 : le désastre de Varus apparaît rétrospectivement comme la fin de l’expansionnisme de Rome, comme si le moteur interne de l’empire avait subi une rupture. Certes, il connut encore quelques développements, comme la conquête de la Dacie par Trajan, mais jamais plus Rome ne parvint à reprendre une expansion comme elle l’avait fait depuis la conquête de Tarente en 278 av. J.C.
De nos jours, les Occidentaux pourront encore obtenir des succès, mais ceux-ci ne seront plus significatifs : désormais ils n’ont plus la force intérieure suffisante pour dominer la planète, minés qu’ils sont par une démographie en déclin, une décadence morale et spirituelle destructrice et un climat de crise économique endémique du à la nature viciée de son système financier prédateur et à la dictature du marché sacralisé. Les peuples inclus dans l’orbe occidentale américano-sioniste ne trouveront leur salut qu’en s’y soustrayant : telle est l’œuvre à laquelle doivent s’atteler les nationalistes de tous les pays, à commencer par les nationalistes français.
MILITANT
http://journal-militant.fr/edito-n652-septembre-2013la-syrie-premier-echec-du-mondialisme/
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Alexandre Latsa : « la Russie connait un renouveau religieux sans précédent »
Alexandre Latsa est un Français qui travaille en Russie et réside à Moscou depuis 2008. Il est blogueur et analyste politique et géopolitique pour les agences russes RIA-Novosti et Voix de la Russie. Il tient aussi un site d’information intitulé la Dissonance: un autre regard sur la Russie. Nous lui avons posé des questions sur la France et la Russie, le dossier syrien…
1) Comment qualifierez-vous les relations entre nos deux pays qui défendent des valeurs totalement différentes (loi Taubira et loi interdisant la propagande homosexuel)?
Du point de vue économique elles sont encore plutôt bonnes puisque les indicateurs économiques sont positifs et les échanges entre les deux pays sont croissants. On constate depuis 2009 une hausse des investissements français en Russie et surtout plus récemment une hausse des investissements russes en France. On a d’ailleurs récemment parlé de diplomatie économique pour qualifier la relation de la Russie avec nombre de pays européens, dont la France.
Sur le plan politique, la relation semble s’essouffler, ce qui était assez prévisible avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en France. La France affirme son statut de terre d’asile pour de nombreux agitateurs politiques, qu’ils s’agissent d’opposants libéraux soupçonnés de corruption ou d’agents provocateurs comme les Femen qui bénéficient des grâces de la république.
L’affaire Syrienne a en outre porté un coup très dur aux relations entre les deux pays car la Russie et la France ont clairement sur ce dossier des approches différentes et surtout des objectifs opposés.
Sur le plan des mœurs enfin une rupture Russie/Europe de l’ouest semble clairement s’établir. Cette rupture semble due aux choix des modèles de société diamétralement opposés que l’Europe de l’Ouest (donc la France) et la Russie développent. Et sur ce plan la nous sommes clairement face à un nouveau rideau de fer moral et sociétal. Il y a aussi le facteur religieux qui est important, la Russie connaît en effet un renouveau religieux sans précédent et dont on ne peut que difficilement mesurer l’ampleur vu de France. A contrario la France semble être entrée dans une période d’athéisme totalitaire qui vise en premier lieu la religion catholique.
2) Poutine a porté un sérieux coup à la diplomatie française sur le dossier syrien mais Fabius a déclaré que la position française avait obligé les Russes à négocier. Êtes-vous d’accord avec lui ?
Malheureusement il semble que la diplomatie Française se soit un peu trop rapidement avancée dans cette affaire. La France a joué les Va-t-en guerre de façon irrationnelle et injustifiée et au final l’accord Russo-américain qui émerge de la crise nous laisse totalement à l’écart du centre de prises de décision et nous affaiblit considérablement sur la scène internationale.
Le président Assad, qui est visiblement pour l’instant du moins en train de gagner sur tous les fronts (militaire, politique et médiatique) s’est même permis de rappeler que : « l’Europe n’avait pas mot à jouer dans le règlement de la crise ». Ce faisant on peut penser qu’il visait clairement l’Angleterre et la France.
Laurent Fabius a été ridiculisé et au passage a fait ridiculiser la France, ce qui est plus grave. Il est bien évident que les affirmations que vous citez sont une bien piètre tentative de tenter de sauver le peu qui reste à sauver. Personne ne peut sérieusement croire que la France a dans cette affaire influé la position russe d’une quelconque façon. Au contraire, on peut plutôt penser que les diplomates français ont dans cette affaire pris une bonne leçon de la part de la diplomatie russe. N’est pas joueur d’échec qui veut.
3) Certains parlent de l’émergence d’un monde bipolaire ou d’une nouvelle guerre froide entre les USA et la Russie, est-ce exact ?
La guerre froide n’a jamais cessé. Elle s’était atténuée car à la chute de l’URSS les élites russes se sont retrouvées désorientées, à la tête d’un Etat à la dérive et aux mains de lobbies et groupes mafieux qui ont totalement parasitée tant le fonctionnement intérieur qu’extérieur du pays. Certains stratèges américains ont alors pensé qu’il suffisait d’accompagner l’effondrement inévitable de la Russie.
Mais en 2000 à la surprise générale, un nouveau visage est apparu dans la politique russe. Un homme dont le projet politique, le redressement de la Russie, est en train de se réaliser. Ce redressement entre en conflit total avec les projets américains pour l’Europe et le monde, qui passait notamment par une prise de contrôle politique et militaire maximale sur la région Eurasie et la prise de contrôle des réserves énergétiques et des voix énergétiques d’Eurasie.
Plus la Russie se relève et reprend sa position de puissance régionale et désormais (on vient d’en avoir la preuve avec la Syrie) de puissance mondiale, plus la tension entre Amérique et Russie va s’accroitre mais l’Amérique a de moins en moins les moyens de nuire à la Russie. On l’a bien vu historiquement du reste, le département d’Etat américain a d’abord mené la guerre contre la Russie sur son territoire (guerres dans le Caucase russe en 1994 et 1999), puis dans l’étranger proche russe (guerre de Géorgie en 2008) et désormais encore plus loin à l’extérieur des frontières russes (guerre en Syrie de 2011) car il s’agit d’une guerre directement dirigée contre la Russie comme je l’ai expliqué ici.
4) En général, comment les Russes perçoivent la politique française et le mandat de Hollande plus particulièrement?
Avec un relatif désintéressement mais une certaine incompréhension.
Le peuple russe a clairement compris la nécessite d’un homme fort à la tête de l’état. Ils savent que la France traverse des moments troubles et donc ils se demandent pourquoi voter pour un socialiste qu’ils assimilent à raison du reste, à plus d’immigration et de laxisme.
Par conséquent, les russes estimant qu’ils faillent moins d’immigrés et plus d’ordre, et ce de façon générale et permanente, chez eux comme chez nous, on peut comprendre leur relative incompréhension face au choix du peuple français de voter pour un candidat socialiste.
5) Pour finir, Poutine est l’homme fort de la Russie, qui pourrait lui succéder dans un avenir plus ou moins lointain?
Il y a une science qui est celle de la Kremlinologie et qui consiste à tenter de prévoir ce qui se passera au Kremlin. Je peux vous certifier qu’il s’agit de la science la plus incertaine et la plus improbable qui soit!
Il y a de nombreux personnages clefs autour de Vladimir Poutine mais de la à prévoir qui sera le successeur de Vladimir Poutine c’est chose impossible croyez moi. On ne sait toujours pas du reste si Vladimir Poutine se présentera de nouveau en 2018 ce qui repousserait le nécessaire choix d’un successeur à 2024.
D’ici la, beaucoup de choses auront inévitablement changé, en Russie comme ailleurs. Il est plausible que de nouveaux visages apparaissent et peut être de façon aussi surprenante ou inattendue que n’est apparu Vladimir Poutine en 1999.
L’histoire russe est ouverte, contrairement à la situation actuelle dans nombre de nations ouest-européennes, et ce pour une raison principale: les élites russes ont réellement le pouvoir, elles sont souveraines et surtout elles ont un projet colossal pour le futur.
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Les conséquences de la résolution 2118
Bien que le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, se soit bruyamment félicité du vote de la résolution 2118 sur les armes chimiques en Syrie, ce texte marque à la fois la victoire de la Russie et celle du président Bachar el-Assad. Il porte en lui-même deux conséquences qui ruinent définitivement les prétentions franco-britanniques sur le pays.
Une fois passé l’étonnement face au tête-à-queue US en Syrie, une nouvelle situation politique se fait jour correspondant point par point aux plans élaborés conjointement par la Russie et la Syrie en juin 2012, c’est-à-dire avant la conférence de Genève 1. À l’époque, le Kremlin envisageait de négocier un accord avec Washington à la fois pour régler la crise syrienne et pour permettre au président Obama de sortir de son tête-à-tête étouffant avec Israël. Cependant ce plan, qui allait devenir un projet de partage de la gouvernance au Proche-Orient, supposait la présence de troupes russes en Syrie. Le général Hassan Tourekmani avait alors proposé que des troupes d’interposition mandatées par les Nations Unies soient déployées par l’Organisation du Traité de sécurité collective (« l’Otan russe »), comme il existe déjà sur le sol syrien une Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement au Golan.
L’idée de ce déploiement a fait son chemin. L’OTSC a signé un Protocole avec le département des Opérations de maintien de la paix de l’Onu en septembre 2012 qui lui permet, comme l’Otan, de sous-traiter des actions du Conseil de sécurité. Depuis un an, l’OTSC a préparé 50 000 hommes qui peuvent être projetés en moins de deux semaines. Mais Moscou craignait de tomber dans un piège : c’était pour détruire l’Armée rouge que la CIA avait créé, en 1979 avec l’Arabie saoudite, le mouvement jihadiste international aujourd’hui appelé Al-Qaëda. La Syrie serait-elle le nouvel Afghanistan de l’armée russe ?
Compte tenu des hésitations et contradictions US, le projet fut interrompu, mais pas abandonné. Or, la solution de la crise des armes chimiques ouvre de nouvelles possibilités.
En premier lieu, la résolution 2118 ne se contente pas de soutenir le plan russe de destruction des restes du programme chimique syrien des années 80, elle implique implicitement le maintien du président Bachar el-Assad au pouvoir pour au moins un an afin qu’il supervise cette destruction. Du coup, non seulement les grandes puissances occidentales ne réclament plus son départ, mais seraient favorables à un allongement de son mandat et à un report de la prochaine élection présidentielle.
En second lieu, la transmission par la Syrie de la liste de ses stocks d’armes chimiques à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) les rend vulnérables, puisque cette liste ne manquera pas de parvenir à « l’opposition armée ». Malgré ses efforts, l’Armée arabe syrienne ne pourra pas à la fois combattre les jihadistes internationaux sur l’ensemble du territoire et défendre ses arsenaux. Prévoyant cette situation, les chefs d’État de l’OTSC, réunis autour de Vladimir Poutine le 23 septembre à Sotchi (c’est-à-dire quatre jours avant le vote de la résolution 2118 du Conseil de sécurité), ont donné ordre de se tenir prêts à sécuriser la destruction des armes chimiques, si le Conseil de sécurité en faisait la demande. Les troupes arméniennes, biélorusses, kazakhs, kirghizes, russes et tadjiks ne seraient plus déployées pour s’interposer entre les deux camps comme cela était envisagé il y a un an et demi, mais pour défendre les arsenaux de l’État. Leur mission serait donc beaucoup plus simple et efficace.
Dans cette perspective, les 2 500 hommes de l’OTSC qui doivent participer à des manœuvres au Kazakhstan, du 7 au 11 octobre, procéderont à une simulation.
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Poutine plus cool que Fabius…
Que serait notre monde sans vilains dirigeants étrangers et sans gentils écologistes ? On se le demande…
Depuis le 24 septembre dernier, l’Arctic Sunrise, le brise-glace de Greenpeace, fait escale forcée à Mourmansk, tandis que sa trentaine d’occupants est en détention provisoire. Motif ? Pour protester contre les forages pétroliers en Arctique de Gazprom, le géant russe de l’énergie, ils avaient tenté sans succès le 18 septembre d’aborder sa plateforme Prirazlomnaïa.
Ils entendaient ainsi dénoncer sa vétusté : cette plateforme présenterait selon eux de graves risques potentiels de marée noire « à proximité de réserves naturelles. »
Les Russes, de leurs côtés, considèrent cette tentative d’abordage comme un pur « acte de piraterie ».
Depuis, évidemment, c’est la guerre des communiqués et des demandes de pressions internationales pour régler l’affaire pour obtenir la libération des écologistes. De l’habituel, somme toute, tandis que les deux camps s’invectivent férocement…
Pour le président Poutine, « ces gens ont enfreint le droit international. Nos forces de l’ordre, nos garde-côtes, ne savaient pas qui tentait de s’emparer de la plateforme sous couvert de l’organisation Greenpeace. »
Pour Kumi Naidoo, directeur de Greenpeace International, « (les garde-côtes russes) nous ont suivis pendant près de 24 heures avant le début de la protestation. Nous avons une longue histoire de militantisme pacifique en Russie et sommes bien connus des autorités »… et de surenchérir en soulignant dans un communiqué qu’il s’agit ni plus ni moins que « de la plus grave atteinte contre nos activités pacifiques depuis que les services secrets français ont coulé le Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande, en 1985. »
C’est que, justement, parmi les emprisonnés se trouve l’Américain Peter Willcox, capitaine de l’Arctic Sunrise, mais également du Rainbow Warrior, à l’époque.
Il est donc assez cocasse de voir l’association écologiste en appeler le 4 octobre dernier à François Hollande pour intervenir en faveur de leur libération.
L’actuel locataire de l’Élysée aura peut-être le bon goût (ou à défaut le sens du ridicule) de ne pas faire plaider la cause des greenpeaciens par Laurent Fabius, notre actuel Ministre des Affaires étrangères.
Le terrible dictateur Vladimir Poutine, honni de tous les donneurs de leçons humanistes de la planète, pourrait lui faire remarquer qu’il s’est contenté, lui, de faire arrêter sans violence les trublions écologistes. Pas de faire exploser leur bateau comme les services secrets de la France mitterrandienne.
Rappelons que Laurent Fabius, alors Premier ministre, avait été obligé d’admettre, le 22 septembre 1985 à la télévision, que les services secrets français avaient bel et bien mené l’attaque mortelle (un mort parmi l’équipage) du Rainbow Warrior : celui-ci faisait route vers Mururoa pour protester contre les essais nucléaires français.
Maladroit et coupable à l’époque, ridicule aujourd’hui ? Pourquoi pas !Philippe Randa http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFlEuEukklDUjUkPDQ.shtml
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Discours d’Aymeric Chauprade à la tribune des Nations unies
Voici le discours prononcé par Aymeric Chauprade le mardi 8 octobre à la tribune des Nations unies, 4ème commission, à propos de la question du Sahara occidental.
À New York, la 4e commission des Nations unies, le 8 octobre 2013
Excellence, Mesdames et Messieurs
Durant ces dix dernières années, à plusieurs reprises à cette même tribune, je n’ai cessé de tenter d’avertir sur les risques géopolitiques immenses que faisaient peser sur la région sahélo-saharienne la combinaison infernale des séparatismes et du fondamentalisme religieux.
Comme vous le savez, ce que l’on appelle désormais l’arc de crise saharo-sahélien est cette région immense couvrant plus de 8 millions de km2 de désert et plus de 3 millions de km2 d’un Sahel vide d’hommes. Le relief y est propice au camouflage de petits commandos mobiles et chaque tribu saharienne dispute avec les autres le contrôle des axes de commerce traditionnels. Des populations essentiellement nomades y ont hérité d’une tradition de concurrence pour les maigres ressources en eau et pâturages. Gorgée de ressources comme l’uranium, le fer, le pétrole, la région attise les convoitises des grands acteurs du monde multipolaire, tandis qu’elle est aussi une plaque tournante des flux migratoires clandestins vers l’Europe et l’un des axes principaux du trafic de stupéfiants avec désormais 15% de la production mondiale de cocaïne qui transite par le Sahara.
Que se passe-t-il dans cette région depuis des décennies maintenant ? Dans le but d’accroître leur influence et d’affaiblir leurs voisins jouant un rôle stabilisateur, comme le Maroc et le Mali, d’autres grands États de la région, avec la complicité, tantôt naïve tantôt cynique, de certains pays occidentaux, ont favorisé les séparatismes sahraouis et touarègue avec, comme conséquence prévisible, l’accroissement du désordre dans toute la zone.
Ce jeu a fini par se retourner contre tout le monde. La Libye du colonel Kadhafi d’abord a été rattrapée et avec l’éviction de celui-ci, c’est toute la politique sahélo-sahélienne qui s’est effondrée comme un château de cartes, laissant un vide de puissance qui libère les forces fondamentalistes et dope les trafiquants d’êtres humains, comme l’illustre encore récemment la tragédie de Lampedusa.
La nouvelle Libye est réduite à une bande côtière coupée en deux blocs séparés par 1000 km de désert, avec la Tripolitaine qui regarde vers Tunis et la Cyrénaïque tournée vers l’Égypte. Plus personne ne contrôle les prolongements sahariens qui risquent de devenir un nouveau sanctuaire pour le fondamentalisme religieux de l’AQMI – Al Qaïda du Maghreb islamique.
L’anarchie qui règne en Libye nous montre les conséquences de guerres inconsidérées qui, au nom des Droits de l’homme, prétendent libérer les peuples de régimes autoritaires mais aboutissent à des situations pires encore.
L’un de ces résultats catastrophiques a été, cette année 2013, la déstabilisation du Mali. Les Touaregs du MNLA (Mouvement de libération de l’Azawad) de retour de Libye début 2012, ont repoussé l’armée malienne avant de proclamer l’indépendance de la province à forte identité touarègue. C’était sans compter sur la puissance financière des mouvances fondamentalistes, qui ont rapidement pris de vitesse les séparatistes touarègues et dont l’oeuvre destructrice en Afrique n’a pu être stoppée que par la décision courageuse de la France d’intervenir militairement dans la zone.
Ce qui s’est passé au début de l’année 2013, cette rapidité avec laquelle un séparatisme a cédé la place au fondamentalisme, devrait nous faire réfléchir sur la situation du Sahara occidental. Nous en avons analysé les mécanismes lors d’un colloque important qui s’est tenu à la Sorbonne en février 2013 et dont nous publions les actes, en co-direction avec le professeur Frémeaux, sous le titre “Menaces en Afrique du Nord et au Sahel et sécurité globale de l’Europe“. Il est disponible ici en langue française, espagnole et anglaise et nous ne pouvons qu’en recommander la lecture aux participants de cette 4e commission.
Ce qui s’est passé récemment au Kenya doit aussi faire réfléchir car le terrorisme de grande ampleur qui s’étend en Afrique est aussi le résultat du pourrissement de situations auxquelles nous n’avons pas le courage de donner fin grâce à des décisions fortes et justes.
Mesdames et Messieurs, la leçon évidente de cela, sur laquelle j’essaie d’alerter depuis des années, est que l’affaiblissement des grands États-nations de la région par le jeu du séparatisme, fait le lit d’un fondamentalisme que rejette pourtant l’immense majorité des musulmans, non seulement dans l’arc sahélo-saharien, mais aussi dans l’ensemble du monde islamique.
Après avoir failli laisser le Mali à des fanatiques religieux qui ont récupéré le projet séparatiste en un tour de main, est-ce cela que l’on veut pour le Sahara occidental, dans le Sud immense de cet autre grand État stabilisateur de la zone saharienne, le Maroc ?
Ce Maroc qui dès juillet 2012, de manière visionnaire, appelait à une intervention urgente pour protéger le riche patrimoine du Mali et surtout sa population. Ce Maroc qui depuis des années, et pas seulement contre la menace du séparatisme sahraouis, mais aussi face à toutes les menaces séparatistes, ne cesse d’avertir ses voisins et le monde occidental quant au danger de l’émiettement des États-nations…
Je m’adresse aux États de la région. Allez-vous laisser des forces qui s’appuient sur la combinaison de soutiens financiers lointains et de trafics criminels locaux, massacrer vos populations, détruire vos souverainetés, vos frontières, votre patrimoine culturel ?
Je m’adresse au peuple algérien qui est contraint aujourd’hui de déployer 20000 hommes à ses frontières pour se protéger des dangers du fondamentalisme, et je lui demande d’ouvrir les yeux sur ces séparatismes fabriqués de toute pièce qui finiront par ramener le chaos sur le territoire algérien.
Contrairement à ce qu’en disent certains, la question du Polisario ne peut être distinguée des questions touarègue et fondamentaliste. Chacun sait que les populations sahraouis sont travaillées par ces mêmes forces fondamentalistes comme l’ont été les populations touarègues, fait qu’en 2005 déjà le chef du Polisario reconnaissait lui-même dans les colonnes d’un journal algérien. Par quel miracle le Polisario aurait-il échappé à la dérive mafieuse et fondamentaliste que connaissent toutes les populations nomades du Sahara depuis plus de 10 ans ?
Chacun le sait bien ici, et les élites algériennes doivent avoir l’honnêteté de le reconnaître, pas seulement par devoir de vérité mais parce que le temps approche où le séparatisme sahraoui va se retourner contre eux de manière cauchemardesque : l’idéologie du Polisario ne repose sur aucun fondement historique et géopolitique susceptible de conférer une légitimité à leur projet. Cette idéologie est si vide qu’elle sera balayée en un instant par le fondamentalisme si la communauté internationale commet l’erreur de laisser pourrir la situation ou de faire le jeu du Polisario.
Il s’agit d’une construction idéologique artificielle née des circonstances de la Guerre froide. A partir du moment où aucune substance nationale n’existe et qu’en plus des générations de sahraouis n’ont connu que la culture totalitaire qui règne dans les camps de Tindouf, oseriez-vous parier, Mesdames et Messieurs, qu’une reconnaissance d’indépendance sahraouie ne tournerait pas rapidement au cauchemar fondamentaliste ?
Je le répète, la région a besoin à la fois de justice et de pragmatisme, et ces deux mots sont la clé d’un retour à la stabilité.
La justice c’est la reconnaissance des spécificités des uns et des autres, c’est à dire le cadre autonome. Le pragmatisme c’est la consolidation des États tels qu’ils existent aujourd’hui. Nous avons besoin de consolider les souverainetés du Maroc, du Mali, du Niger, de l’Algérie de la Libye, et nous pouvons le faire en aménageant des autonomies pour les sahraouis comme pour les touarègues, mais l’avenir c’est l’autonomie dans la souveraineté Mesdames et Messieurs, pas l’émiettement et l’affaiblissement des États. D’ailleurs, nos amis espagnols menacés par le séparatisme catalan ne commencent-ils pas à s’en rendre compte ?
Mesdames et Messieurs, le Maroc a donné l’exemple ces dernières années en étant le premier à mettre en place les conditions d’une véritable autonomie sahraouie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Cette formule, juste, équilibrée et pragmatique, car garante de la stabilité de la sous-région, c’est la formule d’avenir et c’est pour cela d’ailleurs que le fondamentalisme la combat avec une cruauté sans limites.
J’invite tous ceux qui regardent le problème du Sahara occidental avec les vieilles lunettes idéologiques du passé, celles de la Guerre froide, à reconsidérer leur regard et à inscrire celui-ci dans la réalité géopolitique du moment. La nouvelle ligne de fracture sépare bien ceux qui souhaitent conjuguer souveraineté des États et autonomies, les mêmes défendant un islam modéré et enrichi des traditions locales, et ceux qui, a contrario, veulent purement et simplement détruire l’État-nation au profit d’un projet religieux extrémiste.
Aux idéalistes sincères dont la clairvoyance politique est hélas masquée par leur compassion bien légitime pour les populations de Tindouf, je dis, ne soyez pas les idiots utiles du fondamentalisme qui est en train de gangrener tout le Sahara. Les grandes puissances attachées à la défense de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, je pense à la Chine, à la Russie, à l’Inde, au Brésil, à la Turquie et à bien d’autres, doivent peser, elles aussi, de tout leur poids afin qu’une solution juste et réaliste soit enfin apportée à ce conflit. Elles comprennent déjà sans doute que la validation d’un nouveau séparatisme aurait des conséquences internationales néfastes.
Les populations sahraouies du Sud du Maroc ont le droit à un avenir stable et au développement. Elles ont compris, dans leur très large majorité, que le Maroc pouvait offrir cet avenir. Il est donc du devoir des Nations unies d’entendre ces populations qui veulent construire leur avenir dans un État moderne, respecté, écouté, et stabilisateur pour l’Afrique.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.
Aymeric Chauprade
Professeur de géopolitiquehttp://www.realpolitik.tv/2013/10/discours-daymeric-chauprade-a-la-tribune-des-nations-unies/
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Kosovo : Quelques années après le Grand Remplacement
Kosovo, août 2013 : un étrange mélange d’absurde, d’horreur, de charme et de merveilles.
Au Kosovo, l’intervention « occidentale » contre la Serbie, effectué au nom de la protection humanitaire des Albanais musulmans, a débouché sur l’épuration ethnique des Serbes orthodoxes. Quatorze ans plus tard, voici le témoignage d’une correspondante italienne sur la situation réelle.
Polémia.
Kosovo, août 2013L’absurdité d’un « Etat » qui naît de bombardements de civils et d’intérêts étrangers plutôt que d’une histoire et d’une volonté nationales.
Un « pays » où le choc des civilisations se manifeste en tout : aux noms serbes barrés sur les panneaux ; aux cimetières chrétiens en ruines parce qu’il est interdit aux Serbes de s’y rendre ; aux drapeaux albanais plantés sur les milliers de maisons en construction avant même que celles-ci ne soient finies…
Le peuple serbe, celui-là même qui baptisa les fleuves, montagnes et villages du Kosovo ; qui y construisit ses splendides monuments ; qui mit en valeur le territoire, y est aujourd’hui enfermé dans des enclaves, prisons à ciel ouvert. Dangereux d’en sortir car chaque contact entre les deux communautés, serbe et albanaise, pourrait dégénérer en un conflit qui enflammerait à nouveau la poudrière balkanique. Et de toutes façons, il n’y a rien ici pour un Serbe hors de son enclave.
Les Serbes des autres villes et villages de ce qui était encore avant 2008 une région de la Serbie, ne peuvent toujours pas retourner dans leur maison. Ils en furent sauvagement chassés durant les pogroms de 2004 où huit d’entre eux trouvèrent la mort et une grande part de leur patrimoine religieux et architectural fut détruite (1). L’absurde est que cette chasse au Serbe se produisit devant 20.000 soldats des forces militaires internationales, immobiles et incapables de freiner la furie albanaise.
Avec le départ forcé d’environ 300.000 Serbes, la situation s’est beaucoup calmée. Pourtant, on tue encore au Kosovo. En avril 2013 un vieil homme serbe a été assassiné pour avoir revendiqué la propriété de sa maison. Oui, ici l’on meurt pour vouloir vivre sur la terre de ses ancêtres (2).
Alors on reste dans son enclave. Cela signifie ne plus avoir de travail, être coupé du reste du monde, devoir prendre un des rares bus rigoureusement titrés « service humanitaire » pour se rendre chez le médecin… à plusieurs centaines de kilomètres : en général à Kosovska Mitrovica, cette absurde ville coupée en deux par un pont où les positions des snipers (albanais au sud, serbes au nord) sont encore aménagées et prêtes à l’emploi.
Mitrovica, une ville de la République du Kosovo pour certains, une ville de la Serbie pour d’autres.
La contradiction de cet Etat fantoche se profile dès que l’on y pénètre, en traversant la douane kosovare d’une part (où sont toujours présents les militaires de la mission européenne Eulex) et, quelques mètres plus loin, une simple ligne administrative de la Serbie qui ne reconnaît pas l’existence de la République du Kosovo et jure qu’elle ne lâchera jamais ses citoyens restés dans le berceau de leur nation.
Une promesse cependant peu visible dans ces enclaves : pourquoi si peu est-il fait ? Pourquoi est-ce la solidarité internationale, et souvent de petites associations de bénévoles, qui sont là pour fournir le matériel nécessaire à ce qui reste de quelque hôpital quand il y en a un ? Pourquoi sont-ce ces associations (Amici di Decani, Belove Revolution, Solidarité Kosovo) qui, avec les monastères, parviennent à porter un repas quotidien aux Serbes des enclaves les plus isolées ?
Parce que la réalité des enclaves serbes c’est l’abandon : politique, médiatique, humain.
En Kosovo et Métochie (3) ce ne sont pas seulement ces situations qui rappellent l’horreur de la guerre et des pogroms, c’est la suie partout visible dans les anciens quartiers serbes ; les traces de bombardements ; les établissements productifs détruits ou abandonnés ; les gravats des monastères démolis ; la présence des soldats internationaux devant chaque site chrétien…
Et si cette horreur ne saute pas encore aux yeux, les plaques érigées en honneur des terroristes de l’Uçk s’en chargeront : tous les deux cents mètres un monument, décoré du récurrent drapeau rouge avec l’aigle noir à deux têtes. Car dans la tradition des Albanais, chaque place où a coulé le sang albanais devient terre albanaise. Une autre façon – outre la volonté de se faire identifier comme les seuls « kosovars » (4) – de légitimer leurs revendications sur ce territoire.
L’horreur, ce sont aussi les plaques des dizaines ou des centaines de Serbes victimes d’un des plus féroces trafics d’organes de l’histoire (5) ; et aussi les jeunes filles qui vendent leur corps et leur dignité pour quelques euros.
Ce sont les conditions d’existence d’un peuple européen qui nous ressemble tant, mais qu’une situation politique empêche de vivre comme nous, la dépression qui touche les plus âgés, ceux qui ont connu une vie « normale » avant la guerre et l’indépendance.
Voici donc le résultat de siècles de déplacements artificiels de populations et de stratégies géopolitiques étrangères.
Le charme d’un peuple qui a maintenu son identité
Le Kosovo c’est aussi le charme d’un peuple qui, malgré l’horreur et l’absurdité de sa situation, a maintenu vivante son identité à travers les siècles, pendant lesquels diverses forces et empires ont tenté de faire oublier son histoire et sa culture. Ottomans, Austro-Hongrois, Yougoslaves de Tito, Albanais et Américains. Non, il n’est pas si facile d’effacer l’existence des Serbes en Kosovo et Métochie !
Une identité forte, faite de fierté et d’obstination, d’extrême hospitalité et dignité. Un des traits de caractère serbes les plus séduisants est leur haut sens de la famille, unie, harmonieuse et nombreuse. La revoilà l’obstination serbe : il vit dans un enclos dévasté mais ne connaît pas le fils unique et continue à faire des enfants !
Impossible donc de ne pas tomber sous le charme des personnes rencontrées le long du chemin : celles qui ont décidé de rester sur leur terre quoi qu’il en coûte, maintenant, et transmettant la civilisation serbe au Kosovo ; celles qui consacrent leur vie à aider cette minorité ostracisée, à améliorer le monde dans ce petit coin du continent. Une présence qui procure joie et espérance aux autochtones et qui se concrétise dans la construction de maisons pour les plus démunis, la création d’écoles, de cantines populaires, de fermes sociales, l’approvisionnement hospitalier et pharmaceutique… Une fraternité européenne touchante et… nécessaire, car tout manque ici. Du lait à la liberté.
Et s’il y en a pour ne pas vouloir partir, c’est aussi parce que le Kosovo est le cœur historique de la Serbie, siège de l’Eglise et du patriarcat serbe orthodoxe (6). C’est en entrant dans un de ses nombreux monastères que l’on en comprend la portée : l‘émerveillement l’emporte. Le patrimoine religieux et architectural est d’une incroyable richesse : depuis les somptueuses icônes qui recouvrent chaque centimètre des intérieurs des monastères jusqu’aux reliques mystérieusement intactes du saint roi de Serbie Stefan, aux premières traces d’alphabet cyrillique reporté sur une antique croix de bois, au grandissime – par taille et importance – chandelier fait de la fonte des armes des héros tombés à la bataille de Kosovo Polje (7). Oui, c’est ici que tout cela se trouve, ici, c’est la terre sacrée des Serbes. Avec la beauté en plus.
Ces monastères sont bien plus que des lieux de culte ou des galeries d’art. Ils font partie intégrante de la société serbe. Ils sont le refuge instinctif de la population en cas de danger, le lieu de travail de nombreux habitants des enclaves, l’autorité et la représentation pour un peuple séparé de ses institutions. Les prêtres et les moines sont en étroit contact avec la population et font preuve d’une chaleur humaine et d’un sens du réel qui souvent font défaut ailleurs. Leur fonction sociale est évidente : guides spirituels, bien sûr, mais garants d’une identité surtout.
Pour combien de temps encore cette identité, cette culture, ces personnes résisteront-ils ?
Audrey D’Aguanno, 8/10/2013
Notes :
1. Cent cinquante églises ou monastères y ont été détruits depuis la guerre de l’OTAN de 1999. Pendant la même période, quatre cents mosquées ont été bâties, grâce aux générosités d’autres pays comme la Turquie ou l’Arabie Saoudite.
2. Après les pogroms les Albanais se sont installés dans les maisons des Serbes, qu’ils continuent d’occuper abusivement. Les archives ayant été brûlées et avec elles les cadastres, impossible pour les Serbes de prouver la propriété de leur demeure, qu’ils devraient de toute façon enregistrer auprès de l’administration ou de la police kosovare… entièrement composées de Kosovars d’ethnie albanaise.
3. Le nom complet de la région, Kosovo et Métochie, est d’origine serbe. Le second terme faisant allusion à « la terre des monastères » il fut abandonné car témoignant de son passé serbe et chrétien. Ces mots n’ont, en revanche, aucune signification en langue albanaise.
4. Le terme de kosovar semble désormais désigner les habitants ethniquement albanais du Kosovo, au grand dam des Serbes.
5. La plupart des enquêtes sur le trafic d’organes (source de financement de l’Uçk) ont été ensablées par l’ONU. L’actuel premier ministre et ex-commandant de l’Uçk, Hashim Thaci, ainsi que plusieurs autres hauts fonctionnaires du Kosovo sont toujours mis en examen pour leur implication dans ce trafic.
6. La région compte la plus grande concentration de sites sacrés chrétiens des Balkans.
7. La bataille de Kosovo Polje a opposé, en 1389, 12.000 guerriers serbes à 50.000 soldats de l’armée ottomane. La défaite des Serbes signa le début de la conquête turque des Balkans.http://www.polemia.com/kosovo-quelques-annees-apres-le-grand-remplacement/
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Hollande et les chrétiens de Syrie : confusion mentale ou moquerie ?
Sous le titre "Hollande aux côtés des chrétiens syriens. Défunts", un article italien écrit au vitriol, traduit par Benoît-et-moi, s'en prend à François Hollande. extraits :
"Il y a des nouvelles qui laissent sans voix et nous forcent à nous demander si nous rêvons ou s'ils nous prennent pour des imbéciles. Lundi, le président français, François Hollande, a «exprimé sa préoccupation sur le sort des chrétiens d'Orient, notamment en Syrie, et dit la volonté de la France de se tenir à leurs côtés». C'est ce qu'on peut lire dans un communiqué publié par l'Elysée après la rencontre avec le nouveau président de la Conférence épiscopale française, Georges Pontier, archevêque de Marseille.
Des mots qui suscitent la perplexité quand on considère le soutien total et inconditionnel que Hollande a fourni et continue de fournir aux rebelles syriens, en majorité des groupes salafistes djihadistes, qaïdistes, mais aussi des «modérés» (en admettant que l'on puisse être islamiste et modéré) avec quelques petits mouvement d'inspiration laïque mais sans influence et qui de toute façon, ne se sont jamais distingués dans leur inquiétude sur le sort des chrétiens. On peut se demander si le locataire de l'Elysée a eu un moment de confusion mentale lors de la rencontre avec l'archevêque ou s'il a décidé de se moquer de tout le monde. Le plus probable est que ses affirmations sont le résultat de cet opportunisme dialectique qui, de simple instrument, semble être devenu le seul contenu de la politique étrangère, non seulement française, mais de l'ensemble de l'Europe. [...]
Le président socialiste a également souligné l'importance qu'il attache au «dialogue constant entre les autorités publiques et les représentants religieux», mais il lui a probablement échappé que la plupart des civils qui fuient la Syrie et font route vers l'Europe sont des chrétiens, unis aux Coptes d'Egypte et aux chrétiens d'Irak en une diaspora déterminé non pas par la pauvreté et pas tellement par la guerre, mais par la persécution religieuse. Un véritable nettoyage ethnique mené par les milices sunnites dont la France est complice consciente. [...]
À ce rythme, Monsieur le Président, la seule façon que vous aurez de rester aux côtés des chrétiens d'Orient, ce sera d'aller à leurs funérailles."
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Égypte : Le Wall Street Journal souhaite l’émergence d’un Pinochet
On ne pouvait trouver meilleur indice pour confirmer nos soupçons d’un lien éventuel entre la stratégie du choc menée par les USA au Chili via Pinochet et les événements actuels en Égypte.
Comment ? via le Wall Street Journal lui-même. Lequel, en début juillet, affirmait ni plus ni moins qu’il fallait « un Pinochet en Egypte ».
Manière en quelque sorte d’indiquer que les théories des Chicago Boys et de Mielton Frideman pourraient être appliquées à l’heure actuelle en Égypte, dans une stratégie du choc ? … laquelle permettant une meilleure acceptation de nouvelles règles économiques par les populations « choquées ».
En vue – au final – d’ouvrir la voie à un libéralisme accru, et à la privatisation des richesses du sol et sous-sol – voire off-shore – du pays. Et ce, alors même que d’immenses réserves gazières viennent récemment d’être découvertes au large de ses côtes, ressources sur lesquelles Chypre et Israël semblent vouloir afficher leur suprématie, au grand dam, des pays environnants tels que Egypte, Liban, Syrie, Turquie …
En tout état de cause, rappelons que le 4 juillet dernier, le Wall Street Journal affichait en guise d’éditorial – non signé – que « «Les Egyptiens seraient chanceux si leurs nouveaux généraux s’avéraient être de la trempe d’Augusto Pinochet au Chili, qui arriva au pouvoir en plein chaos mais engagea des réformateurs libéraux et instigua une transition démocratique. Si le général Abdel Fattah al-Sisi essaie de restaurer l’ordre de Moubarak, il souffrira au bout du compte du même destin que Morsi.»
Il est vrai qu’à la mort de Pinochet lui-même, en 2006, Forbes s’insurgeait contre la nécrologie du New York Times jugée trop sévère. Regrettant de devoir « vraiment chercher » dans l’article du New York Times « pour trouver un mot sur le fait que Pinochet a sauvé le Chili du chaos économique infligé par son prédécesseur socialiste, Salvador Allende.»
Lequel éditorial rappelait que le général Pinochet avait pris le pouvoir le 11 septembre 1973 lors d’un coup d’Etat sanglant qui a renversé le gouvernement marxiste du président Salvador Allende. Précisant qu’il avait « ensuite mené le pays dans une ère de croissance économique ». Mentionnant tout de même au final que « sous sa présidence plus de 32.000 personnes ont été exécutés ou ont disparu et des milliers d’autres ont été détenues, torturées ou exilées.»
Dans son ouvrage intitulé « La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre », la journaliste canadienne Naomi Klein fournit quant à elle les éléments détaillés d’une enquête édifiante sur le dévoiement du capitalisme depuis plus de trente ans. Naomi Klein remontant tout d’abord aux années 50, période durant lesquelles, un universitaire américain de Chicago, Milton Friedman avait mis au point une doctrine économique reposant sur un capitalisme sans entrave, que l’Etat, les services publics et même la volonté politique ne pourraient freiner.
Cette doctrine ne pouvant néanmoins être mise en œuvre qu’à la « faveur » d’un « choc » émotionnel et brutal, volontaire ou non, frappant les peuples et offrant une voie royale pour l’émergence d’un libéralisme sauvage dans tous les sens du terme.
Milton Friedman devra ainsi attendre 1973 pour voir sa doctrine confrontée avec la réalité économique et politique d’un pays en voie de développement … le Chili. Rappelons que le 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet arrivait au pouvoir dans le pays, à l’issue d’un coup d’Etat militaire. Renversant alors la sociale-démocratie du président élu démocratiquement, Salvador Allende.
Si certes le gouvernement déchu dérangeait quelque peu les intérêts de Washington, le coup d’Etat aura offert l’opportunité à une équipe de jeunes économistes sud-américains formés à l’école de Milton Friedman de s’implanter au plus haut sommet du pays. Lesquels, surnommés les « Chicago Boys » mettaient alors les bouchées double pour appliquer leur nouveau credo néolibéral basé sur la privatisation, la déréglementation et la réduction des dépenses sociales.
Cette recette économique allait toutefois se trouver rapidement indigeste pour la population chilienne, entraînant des dégâts considérables pour l’économie du Chili : inflation des prix de presque 400%, flambée des prix des denrées alimentaires de base, privatisation des entreprises publiques au profit de multinationales …. souvent américaines, sans condition de réinvestissement dans le pays ni obligation d’embaucher de la main-d’oeuvre locale, explosion du chômage, délabrement des services comme la fourniture d’eau potable et d’électricité, mais également médecine et hôpitaux publics …
Le principe de base ? Le chaos économique et social résultant de l’application de la doctrine des « Chicago Boys » n’aurait jamais pu se faire sans le soutien d’un régime dictatorial, ce dernier faisant usage de ses moyens militaires et policiers sa force pour soumettre les citoyens à la nouvelle politique. Les syndicats et les mouvements de gauche étant réprimés férocement, leur opposition au diktat des conseillers économiques d’un nouveau genre leur ayant été fatale.
Milton Friedman nia quant à lui jusqu’au bout ses responsabilités dans la mise en place d’un Etat fasciste. Estimant parallèlement que Pinochet ne fut pas assez dur dans l’application de sa doctrine économique, ce dernier changeant de cap au final, le chaos économique menaçant son propre régime.
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