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géopolitique - Page 780

  • Syrie : 3 ans de guerre et de mensonge, et dire que Hollande voulait faire la guerre ! Par Jean Bonnevey

    Le régime Assad résiste et même gagne du terrain. Cela veut bien dire que le mécontentement populaire du début s’est transformé en une insurrection financée par l’étranger. Cela veut dire aussi que ce régime totalitaire et laïc fondé sur une ethnie religieuse bénéficie d’un large soutien dans une partie de la population.

    Nous sommes de toute évidence face à une guerre d’Espagne musulmane opposant les chiites aidés par l’Iran, aux islamistes sunnites financés par le Qatar et bénéficiant des combattants de la nébuleuse Al Qaida.

    3 ans après où en est-on ?

    Agences de l’ONU et ONG ont lancé un cri d’alarme face au conflit dévastateur en Syrie, entré samedi dans sa quatrième année, avec 146 000 morts et le plus grand nombre de déplacés au monde, dans une crise sans issue en vue.

    La situation sur le terrain reste bel et bien catastrophique, bombardements incessants, civils pris en otages au milieu des combattants, viol comme arme de guerre. Les rapports successifs des ONG de défense des droits de l’homme n’y changent rien. La violence perdure dans le pays où 146.000 personnes sont officiellement décédées depuis le début du conflit et des centaines de milliers blessées.

    Depuis l’attaque chimique de la Ghouta, le 21 août 2013, qui a causé 1500 morts, la perspective d’une intervention militaire occidentale est définitivement enterrée, Barack Obama ayant renoncé à une telle option – malgré le “franchissement”, par le régime de Bachar Al-Assad, de la « ligne rouge » fixée par le président américain – au profit d’un accord sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien, parrainé par Moscou et Washington.

    Dégagé de toute pression diplomatique, grâce à la protection acharnée de la Russie, le régime syrien n’a désormais plus que deux choses en tête : la reconquête militaire et la réélection de Bachar Al-Assad, probablement en juin, pour un nouveau mandat de sept ans.

    Que ce serait-il passé si la France était intervenue militairement ?  On aurait permis l’instauration d’une dictature islamique ou on se serait enlisé. Quand on voit la situation dangereuse pour le moins au Mali et  catastrophique en Centrafrique, on ne peut qu’être consterné par l’aventurisme militaire démocratique de François Hollande.

    Il ne reste plus qu’à proposer aux USA de déclarer la guerre à la Russie pour une Crimée ukrainienne. Patience, ça viendra peut être.

    Jean Bonnevey

    Source : Metamag.

    http://fr.novopress.info/159770/syrie-3-ans-guerre-mensonge-dire-hollande-voulait-faire-guerre-jean-bonnevey/#more-159770

  • L’Union Européenne et l’Ukraine : une diplomatie à la BHL !

    Dans la crise ukrainienne, il est désolant de constater l’inefficacité crasse de la diplomatie de l’Union européenne, qui préfère mettre la pression sur la Russie plutôt que d’apaiser les tensions. Tout ça parce que l’UE, à l’instar des États-Unis, a développé une vision manichéenne des relations internationales : en Ukraine, ce sont les « gentils » Ukrainiens défenseurs de la démocratie contre les « méchants » Russes qui veulent récupérer la Crimée. Cette diplomatie qui caricature la réalité est une diplomatie à la BHL (1)!
    Samedi 1er Mars 2014 : la Chambre haute du parlement russe, le Conseil de la Fédération, à la demande du Président Vladimir Poutine, vote à une très large majorité la décision de recourir aux "forces armées de la Fédération de Russie sur le territoire de l'Ukraine jusqu'à la normalisation de la situation sociopolitique dans ce pays".
    Face à cette situation, que font les occidentaux ? Plutôt que de se mettre autour d’une table avec la Russie, ils la menacent de sanctions ! Nous allons suspendre le G8 de Sotchi ! Nous allons limiter les importations de gaz russe ! Nous allons bloquer les avoirs des oligarques ! Le 11 mars sur France Inter, Laurent Fabius déclarait que « les Russes n’ont pas encore répondu à notre proposition de désescalade ». Mais quelle proposition ? Les décisions prises par les occidentaux, en mettant la pression sur la Russie, ne sont pas des propositions de désescalade, plutôt que d’apaiser les tensions, elles contribuent à les favoriser !
    Et maintenant, dans la perspective du référendum de dimanche sur le rattachement de la Crimée à la Russie, tous crient que ce référendum est illégal ! Que la Russie ne peut pas bafouer la « légalité internationale » en menaçant l’intégrité du territoire ukrainien ! Oui, tout cela est vrai, mais à quoi ces cris d’orfraie vont-ils servir ? En quoi cela va-t-il changer quelque chose à la situation ? Que peuvent les Nations Unies, quand la Russie fait partie du Conseil de Sécurité ?
    Non, tout cela est totalement inefficace et nous mène droit à la guerre ! La méthode la plus efficace serait la négociation gagnant-gagnant : dans le business comme en diplomatie, l’objectif de cette méthode est que toutes les parties aient l’impression d’avoir gagné quelque chose. Pour cela, il convient d’étudier à tête reposée les intérêts de chacun, et les « lignes rouges » à ne pas franchir. Or, cela n’a pas été fait dans la crise ukrainienne. Pour revenir à des bases de négociation saines, il faudrait accorder deux choses à la Russie : le retour en arrière du Parlement ukrainien de transition sur sa décision de supprimer l’enseignement obligatoire du russe, et un moratoire sur l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Voici les deux « lignes rouges » pour la Russie.
    Il y a 3 éléments essentiels constitutifs d’une nation : des frontières communes bien sûr, mais aussi une culture commune, et une langue commune (ou plusieurs langues reconnues à égalité sur l’ensemble du territoire). Les occidentaux accusent les Russes de vouloir remettre en cause les frontières de la nation ukrainienne, mais le Parlement ukrainien de transition, lui, s’en est pris à la langue ! En remettant en cause l’enseignement obligatoire du russe, il a remis en cause la langue russe elle-même comme langue officielle, à parité avec l’ukrainien. Inacceptable pour les ukrainiens russophones qui se sentent ainsi exclus de la nation ukrainienne, et donc pour la Russie qui est naturellement solidaire de cette population qui partage avec elle une langue, une histoire et donc une culture commune. Imaginons qu’un jour les Flamands se révoltent et prennent le pouvoir au Parlement belge. Que dirait la France si le Parlement belge remettait en cause l’enseignement obligatoire du français pour les Wallons ?
    La perspective de voir renaître les velléités d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est également inacceptable pour la Russie, qui se retrouverait ainsi complètement entourée par une coalition militaire largement au service des intérêts US, jusqu’au cœur-même de sa sphère d’influence naturelle. A mon sens, l’occupation de la Crimée par l’armée russe est une réaction de la Russie pour signifier tout simplement qu’elle ne se laissera pas faire. Comment en effet envisager que la Crimée, où la Russie possède une base navale d’intérêt stratégique crucial, se retrouve un jour dans l’OTAN !
    Certes, Vladimir Poutine est un président autoritaire, qui utilise des méthodes dignes du KGB (à ce propos, voir le livre d’Alexandre Litvinenko, Le Temps des Assassins (2), mais il faut tenir compte des réalités géostratégiques. Et plutôt que de se positionner par rapport à la réalité, les occidentaux campent sur des positions de morale ! Des positions binaires, manichéennes, réductrices, alors que la réalité est plus complexe… Soulignons au passage que parmi les « défenseurs de la Russie », certains tiennent également des positions binaires : la crise ukrainienne, si on les écoute, serait une lutte entre les « gentils » Russes et les « méchants Ukrainiens fascistes », ce qui est tout aussi ridicule ! Bien sûr, il y a avait des fascistes dans le mouvement de révolte, mais les fascistes étaient une minorité, une minorité bien visible certes, mais une minorité quand même. Le mouvement de la place Maïdan était hétéroclite, comme le soulignait la rédaction du Monde diplomatique dans l’émission Là-bas si j’y suis du 6 Mars 2014 (3). Il n’y a pas eu de Coup d’État en Ukraine, juste une révolution comme toutes les autres, qui ne peut pas aboutir du jour au lendemain au régime idéal.
    Mais revenons à des considérations diplomatiques. Dans la situation actuelle, nous voyons les États-Unis « négocier » avec la Russie, alors que les 2 parties ont des intérêts totalement contradictoires : les États-Unis veulent étendre leur sphère d’influence à l’Ukraine par l’intermédiaire de l’OTAN et la Russie ne le veut pas. On ne doit pas s’étonner, dans ces conditions, que ces « négociations » s’apparentent à un dialogue de sourds. L’Allemagne ou la France auraient pu se positionner comme arbitre, pour favoriser la recherche d’un compromis acceptable, mais non, comme pendant la Guerre froide, l’UE se soumet à la diplomatie US, alors que s’il y a une guerre en Ukraine, c’est l’UE qui sera en première ligne et subira les dégâts. Les États-Unis, géographiquement isolés, ne craignent rien. Rappelons que pendant la Guerre froide, l’OTAN était un système permettant aux États-Unis de créer un tampon avec l’URSS : en installant des missiles en Europe, les États-Unis avaient l’assurance qu’en cas de déflagration nucléaire, ce sont leurs alliés européens qui prendraient en premier ! Aujourd’hui, on dirait que rien n’a changé !
    Et après le « référendum » de dimanche en Crimée, c’est la guerre qui se profile ! Si la Crimée se détache de l’Ukraine, qui empêchera les autres russophones ukrainiens de demander la même chose ? Le rattachement de la Crimée à la Russie, ou la reconnaissance de son indépendance, risque d’avoir les mêmes effets qu’en ex-Yougoslavie, où la reconnaissance de l’indépendance de la Croatie par l’Allemagne en 1992 a déclenché la guerre. Alors que la crise ukrainienne aurait pu être l’occasion de rapprocher diplomatiquement l’UE et la Russie, toute cette histoire vire au gâchis ! Pour moi, la meilleure option pour l’Ukraine serait d’en faire une confédération à la suisse, un état tampon neutre, comme un pont entre l’UE et la Russie. Car c’est la neutralité de la Suisse qui a garanti sa stabilité pendant les deux guerres mondiales. Si la Suisse n’avait pas été neutre, imaginez ce que cela aurait donné entre les parties francophone, germanophone et italophone !
    Si la guerre éclate la semaine prochaine, nous constaterons une fois de plus qu’on ne fait pas de diplomatie avec de la morale, mais avec des principes. Le premier d’entre eux étant le principe de réalité !
    Frédéric Dalmas  http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFAuAkuZklbYpidgHk.shtml
    notes
    1 Et oui, je veux bien sûr parler de Bernard-Henry Lévy, le grand « philosophe » germanopratin qui a courageusement lutté les armes à la main contre l’infâme Kadhafi en Lybie, et le cruel Milosevic en Yougoslavie.
    2 Alexandre Litvinenko. Le Temps des Assassins, Éditions Calmann-Lévy.
    3 http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2014-03-06-La-bas

  • La Crimée vote son rattachement à la Russie

    Comme on pouvait s’y attendre, la Crimée vote son rattachement à la Russie avec une large majorité de oui:96,6% selon des chiffres officiels pour un taux de participation de 70%. Les autorités de Crimée n’ont pas tardé à déclarer leur indépendance, demandant dans la foulée son rattachement à la Fédération de la Russie. On sait que la Douma s’est déjà penchée sur les conditions de ce rattachement. Les biens de l’État ukrainien ont été nationalisés tandis que le gouvernement ukrainien a appelé à une mobilisation partielle. Les prochains jours vont être cruciaux.

    http://medias-presse.info/la-crimee-vote-son-rattachement-a-la-russie/7596

  • Trois ans de guerre en Syrie… Quel bilan ?

    Aujourd’hui, le régime est conscient qu’il ne pourra plus rétablir son autorité sur tout le territoire syrien.
    Voilà trois ans que la guerre civile en Syrie a commencé.
    Ce qui semblait être une révolution, similaire à celle d’Égypte et de Tunisie, n’en était pas une, même si les débuts y ressemblaient beaucoup. Il était évident qu’un soulèvement de mécontents allait vite se transformer en guerre civile pour une raison très simple : ces derniers étaient d’une communauté différente de ceux qu’ils accusaient de les oppresser.

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  • En Libye il est temps d’en finir avec les billevesées démocratiques pour en venir enfin à la realpolitik

    Le jeudi 6 mars, à Rome, lors de la Conférence internationale sur la Libye, le ministre italien des Affaires étrangères a considéré que le principal problème qui se pose dans ce pays meurtri est la « surimposition de légitimités ». Cet euphémisme archétypique du vocabulaire « politiquement correct » sert à cacher la vérité de la situation libyenne qui est tout simplement l’anarchie.

    Cette manipulation sémantique illustre le désarroi de cette prétendue « communauté internationale » qui, au nom des « droits de l’homme » et de la démocratie postulée universelle, a déstabilisé un pays fragile. Aujourd’hui, elle n’ose même pas employer les mots justes pour décrire les résultats de la calamiteuse guerre qu’elle déclencha sans raison avouable contre le colonel Kadhafi.

    Cessons de nous boucher les yeux en rêvant d’élections qui ne régleront pas les problèmes de fond pour regarder la réalité en face : en Libye, la situation devient de plus en plus confuse, de plus en plus anarchique et de moins en moins lisible. Le pays est livré à la loi des milices et les « autorités » ne font même plus de la figuration. Le 10 octobre 2013, le Premier ministre Ali Zeidan au pouvoir depuis novembre 2012, a ainsi été enlevé par des hommes armés. Tout récemment, le dimanche 2 mars 2014, à Tripoli, le Parlement (le CNG : Congrès national général), institution issue des élections de juillet 2012, a été pris d’assaut, en partie incendié et plusieurs députés blessés.

    La « démocratisation » de la Libye est donc un tragique échec et la « croisade humanitaire » décidée par la France de Nicolas Sarkozy a débouché sur un désastre. D’autant plus que le rêve démocratique qui fit se pâmer BHL n’est même pas celui des Libyens puisque le 20 février dernier, les élections destinées à élire les 60 membres du conseil chargé de rédiger la nouvelle Constitution n’ont attiré que moins de 15% des électeurs… [...]

    Bernard Lugan - La suite sur Afrique Réelle

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?En-Libye-il-est-temps-d-en-finir

  • C’est une Crimée, qui fait oui, oui, oui, oui, oui, oui…

    N’est-ce pas seulement parce que la réponse des Criméens au referendum de ce dimanche nous est connue d’avance que l’Occident s’indigne qu’on ait osé leur poser la question ?
    On vote donc aujourd’hui en Crimée. Les conditions dans lesquelles a été décidé et se déroule ce referendum sont il est vrai assez particulières. Justifient-elles pour autant les cris d’orfraie que pousse et les menaces de sanctions que brandit l’Occident au nom de principes qu’il ne respecte pas toujours lui-même et en feignant d’ignorer que les pressions de tout ordre qu’il reproche à la Russie vont au-devant plutôt qu’à l’encontre des vœux de la population concernée ?
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  • Entretien avec Hongbing Song, auteur de «La guerre des monnaies»

    Hongbing Song pense que la Chine devrait pousser l’intégration de la monnaie à travers l’Asie, prenant exemple sur l’Allemagne, qui a abandonné le deutsche Mark, mais a pris le contrôle de l’Europe et de l’euro. Bien que n’étant pas reconnue comme une source universitaire, la série La guerre des monnaies de Hongbing Song est très populaire parmi les lecteurs. Song se considère comme un « spécialiste de la finance internationale  », qui envisage l’économie en termes de « guerres ». Il croit que l’économie n’est qu’une pièce du jeu politique plutôt qu’une théorie ou une science.

     monnaie_0png3b6c-9c71b.pngIl explique son impopularité parmi les économistes du courant dominant en disant qu’il est compréhensible que « les économistes rejettent un nouveau système qui remet en question leur système de connaissances monopolistique ».

    Dans ses livres, Song tente d’expliquer l’histoire et le développement du monde à travers la perspective des monnaies et de la finance. Il pense que « bien que l’histoire ne se répète tout simplement pas, l’humanité reflétée dans des périodes différentes est étonnamment semblable. » Song espère trouver une solution pour le développement du monde.

    Lors de son entretien, Song mentionne que dans le passé, les Chinois ne se sont pas préoccupés des devises. L’argent, le commerce et les relations financières et commerciales ont été négligés pendant des milliers d’années en Chine.

    The Economic observer  : Que-ce qui vous a poussé à écrire la série La Guerre des monnaies ?

    hbs.jpgHongbing Song : J’habite aux États-Unis depuis 14 ans et j’ai passé plus de 20 ans en Chine. Si la Chine veut devenir une puissance mondiale comme les États-Unis, elle doit se concentrer sur plus de choses que sa simple puissance militaire. La principale concurrence entre les deux pays sera l’économie et les finances, plutôt que l’armée traditionnelle ou la guerre. Plus j’y réfléchissais, plus je réalisais que la puissance financière des États-Unis a été sous-estimée par la plupart des gens.

     Tous mes livres tentent d’expliquer l’histoire et le développement du monde dans la perspective de la monnaie et de la finance. Les chinois ne sont pas très préoccupés par l’argent, et nous avons négligé l’argent, les échanges et l’influence de la finance sur le commerce pendant des milliers d’années.

    Voulez-vous dire que nous n’avons pas conscience de l’importance de l’argent ?

    Depuis les années 1940, il y a eu quelques occasions pour les Chinois d’acquérir de l’expérience dans la finance. En tant que puissance économique montante, la Chine pourrait subir des pertes dans la concurrence internationale, si nous ne possédons pas de solides connaissances sur la finance. C’est pourquoi j’ai combiné les deux notions de « monnaie » et « guerre ». Lorsque j’ai d’abord proposé ce concept, les gens étaient confus et ont demandé : « Comment une guerre pourrait éclater entre les monnaies ? » Cependant, lorsque les gens sont devenus plus conscients de l’environnement économique du monde, ils ont commencé à en accepter la possibilité.

    Il n’y a pas de recherche systématique sur la concurrence des monnaies et de l’argent en Chine. Seuls les théories monétaires ou l’économie sont étudiées. La Chine a négligé l’importance de la finance comme un outil, une mesure et une arme, qui pourrait être vital pour son développement, son économie et sa sécurité nationale à l’avenir. Par conséquent, mon point central dans les quatre livres est en fait l’influence que l’argent a sur le sort d’un pays et du monde.

    Qu’avez-vous trouvé ?

    Basé sur un récent sondage que j’ai effectué à l’université ETH de Zurich, nous avons analysé la structure des capitaux propres de 37 millions d’entreprises transnationales et constaté que 147 des plus grands instituts financiers exercent un contrôle sur ces 37 millions d’entreprises. En outre, il y a 20 ou 30 grands groupes de sociétés de portefeuilles derrière ces 147 institutions. Cela montre comment les sociétés de portefeuilles financières minoritaires au sommet de la pyramide contrôlent effectivement la plupart des groupes transnationaux de matériaux de base et de d’énergie.

    L’enquête a démontré mon hypothèse dans La guerre des monnaies 2. Il y avait 60 familles qui contrôlaient plus de 60 % des industries aux États-Unis, en dépit de leur récente disparition du classement des plus grandes fortunes du monde depuis 1940. Pourquoi ont-elles disparu, vous demandez-vous ? Est-ce à cause de la guerre ? Cependant, gardez à l’esprit qu’il n’y a pas eu depuis de guerre sur le sol américain. J’ai le sentiment qu’à cette époque, les grandes et indispensables entreprises dans le monde étaient encore contrôlées par une minorité de familles. Les grandes banques et les entreprises sont en fait très centralisées. Beaucoup de grandes familles financières ont mis en place des fonds et fait don de leurs fortunes, surtout après 1930. Ce qu’ils veulent, c’est le contrôle plutôt que la propriété. Bien qu’il y ait peut-être des philanthropes, la pratique courante de mise en place des fondations de charité ne me semble pas logique.

    Le monde est vraiment en désordre maintenant. Votre quatrième livre est « La période des États en guerre ». Qui selon vous en sortira « gagnant » ?

    D’après la situation actuelle, les États-Unis et l’Europe sont les régions qui sont les plus susceptibles de réussir. En comparaison, la Chine n’est pas encore au même niveau. La compétition pour le leadership de l’économie mondiale se fait donc principalement entre les États-Unis et l’Europe. Bien que la Chine soit également prête, le pays n’est pas encore aussi compétent.

    Votre réponse est très différente des autres. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

    Pour moi, la Chine est encore très fragile, non seulement au sens économique, mais en général aussi. L’énorme édifice économique que nous avons construit a une base très fragile. Comment pouvons-nous prétendre être une puissance mondiale si l’énergie et les matériaux ne sont pas suffisants au niveau national et que le commerce dépend principalement du marché étranger. Pour une véritable montée en puissance, son économie doit être beaucoup plus grande que sa dépendance aux marchés étrangers, comme l’expansion de l’Amérique l’a démontré. Avant son entrée dans la Seconde Guerre mondiale dans les années 1930, seulement 2 % à 3 % de sa croissance économique était attribuée aux marchés étrangers. En d’autres termes, les États-Unis n’avaient pas besoin d’un marché extérieur, et au contraire, les marchés étrangers avaient besoin des États-Unis. Même aujourd’hui, alors que cet État est devenu un immense empire dans le monde, son commerce extérieur ne représente que 8 % de son PIB, alors que le chiffre pour la Chine est de 30 %. Ce n’est que lorsque le pays n’est pas dépendant des autres qu’il peut mener sa propre voie.

    Dans votre ère d’États supposés en guerre, est-ce que la Chine a un rôle décisif ?

    Je ne suis pas pessimiste à ce sujet. L’idée de base est qu’un grand marché intérieur est la base pour l’ascension d’un pays. Certains ont mentionné l’internationalisation du yuan, mais il est évident que le yuan ne peut pas devenir la monnaie de réserve du monde si le marché intérieur de la Chine n’est pas le plus important du monde. L’économie chinoise est dépendante des exportations, ce qui signifie que la monnaie va refluer lorsque les marchandises seront exportées. Le Japon et l’Allemagne ont tous deux essayé l’internationalisation du mark et du yen. Toutefois, leur part dans la monnaie internationale n’a jamais dépassé 7 %, aussi à cause de leurs économies orientées vers l’exportation.

    Cela pourrait servir de leçon à la Chine. Un tiers du PIB de la Chine vient de son marché intérieur, qui représente seulement un neuvième de la taille du marché américain. Le meilleur résultat pour les pays tournés vers l’exportation ne peut pas être mieux que ce qui était le cas pour le deutsche Mark ou le yen.

    Quel est l’objectif stratégique de promotion de l’internationalisation du yuan ?À mon avis, la réponse est de remplacer le dollar. Cependant, est-il possible de garantir un encadrement efficace de la négociation des yuans à l’étranger maintenant ? Plus les yuans s’écoulent à l’étranger, plus cela sera dangereux. Il en va de même pour l’évaluation du yuan. Si l’administration d’État du marché des changes et de la Banque populaire de Chine met en place le taux de change à 6,36, alors que l’accord est de 5 à New York, quelle norme le marché va-t-il suivre ? Comme il y a beaucoup de dérivés financiers à l’étranger, le nombre d’accords là-bas peut dépasser celui de Pékin. Dans ce cas, la Chine pourrait perdre le droit d’établissement des prix.

    C’est précisément pourquoi je regarde vers le passé. En regardant en arrière, nous pouvons observer comment la livre et le dollar ont augmenté. Lorsque l’on compare le marché intérieur des États-Unis et de la Grande-Bretagne à celui de la Chine, il est impossible de prétendre que le yuan pourrait remplacer le dollar américain d’ici les 30 prochaines années. Il serait préférable de promouvoir une monnaie asiatique et bénéficier de l’internationalisation indirecte des yuans. Cependant, il y a aussi des problèmes, tels que la façon dont l’Asie devrait être intégrée.

    Voulez-vous dire la liaison de toute l’Asie ?

    Oui. En fait, les Chinois pensent rarement à la raison pour laquelle l’économie asiatique est toujours distraite et contenue par les États-Unis et l’Europe alors que leur économie totale est déjà l’égal des deux puissances. Ils considèrent aussi rarement pourquoi tous les pays asiatiques se tournent vers les États-Unis à la place d’autres pays asiatiques en cas de problème. Si la Chine veut devenir une puissance mondiale, il est essentiel que celle-ci s’intègre à d’autres pays d’Asie.

    L’intégration de l’Asie n’est elle pas difficile pour des raisons géographiques, historiques et de relations politiques ?

    La racine des problèmes des pays asiatiques ne sont pas les malentendus et les obstacles historiques. Par rapport à ces problèmes secondaires, le principal facteur est externe – le fait que les États-Unis ne veulent pas que l’Asie s’unisse. Il n’y a pas eu autant de guerres en Asie, qu’il y en a eu en Europe, pourtant les pays sont encore très aliénés. Si l’Asie est intégrée en tant que communauté d’intérêt, les États-Unis n’auront aucune chance de rester une superpuissance.

    C’est pourquoi j’ai décrit la réconciliation de l’Allemagne et de la France dans le livre. L’Allemagne et la France ont été réunies par la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Les deux pays étaient en guerre, lorsque la France a pris les régions de la Ruhr et de la Sarre après la Seconde Guerre mondiale et l’Allemagne a trouvé que leur développement était limité par la France après la guerre. La guerre potentielle dans les années 1950 entre les deux pays a été plus tard éliminée par l’articulation de leurs industries sidérurgiques. L’union est supra-souveraine et ouverte, appelant aussi d’autres pays à s’y joindre. C’est l’origine de la Communauté européenne et de l’Union européenne. Si les pays asiatiques ont des conflits sur la mer à l’est et au sud, pourquoi ne pas prendre l’exemple et intégrer les sources de pétrole là-bas avec une Union supra-souveraine, qui peut lier ensemble les intérêts de la Chine, du Japon et la Corée. D’ici là, aucun de ces pays ne commenceraient une guerre et un nouveau marché asiatique uni sera également créé. Quand une monnaie asiatique pourra enfin être promue, l’influence des États-Unis et de l’Europe sur la région diminuera.

    Votre réflexion est typiquement américaine. Accepteriez-vous que les Chinois ne pensent pas normalement de la même manière ?

    Oui. Après avoir vécu aux États-Unis, j’ai constaté que la pensée américaine et britannique est la clé de leur succès dans la conduite du monde, car elle se concentre sur l’intérêt national rationnel. Plutôt que de se concentrer sur le « visage » du pays, ils poursuivent les entreprises les plus rationnelles et les plus utiles. Le nationalisme en Chine est trop irrationnel. Ça ne fait pas de différence si nous nous plaignons des autres tout le temps. Cependant, si nous coopérons avec le Japon et unissons les pays asiatiques pour faire une organisation d’intérêt mutuel, la Chine en bénéficiera le plus. Comme dit le proverbe, même les mendiants doivent surveiller leur dos quand ils battent les chiens, comment la Chine pourrait s’opposer à l’Europe et aux États-Unis sans le secours de l’Asie ? La Chine devrait rivaliser avec l’Europe et les États-Unis pour le rôle de premier plan dans le monde. La « diplomatie de grande puissance » que nous avons trop soulignée dans le passé devrait être remplacée par une « diplomatie de voisin ». Même si nous pouvions maintenir une bonne relation avec l’Europe et les États-Unis, comment pouvons-nous attendre d’eux de nous aider sincèrement quand tout le monde est en concurrence avec l’autre pour être le leader du monde ? C’est comme essayer de trouver un poisson dans un arbre. Nous devrions nous tourner vers nos voisins asiatiques pour de l’aide en changeant notre mentalité au sujet de comment devenir le chef de file mondial.

    Je ne veux pas dire que nous devrions vivre dans l’histoire, mais je veux montrer que nous ne devrions pas répéter l’histoire non plus – nous ne devons pas être divisés et gouvernés par des puissances étrangères. La Chine devrait intégrer les puissances asiatiques dans un marché commun ainsi qu’une monnaie commune. L’Allemagne a renoncé à son marché intérieur et son deutsche Mark, mais a gagné l’ensemble du marché ainsi que le contrôle de l’Union européenne. Il s’agit de la relation dialectique du « donner » et « gagner ». Comment pouvons-nous obtenir quelque chose sans donner ?

    Traduction E&R

    Source : The Economic Observer

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Quand la Chine dénonce la situation des droits de l’homme aux États-Unis…

    Régulièrement accusées par les États-Unis d’être irrespectueuses des droits de l’homme, les autorités chinoises ont décidé de contre-attaquer.
    Depuis plusieurs années, la Chine publie tous les ans un rapport officiel dénonçant les « problèmes concernant les droits de l’homme » aux États-Unis. Paru il y a quelques jours, le rapport 2013 souligne notamment, et à juste titre, que le programme de surveillance PRISM est une « violation flagrante du droit international » et « porte gravement atteinte aux droits de l’homme ». Il est aussi reproché aux Américains de ne pas avoir fermé la prison de Guantánamo, ainsi que d’utiliser des drones militaires au Yémen et au Pakistan, causant ainsi la mort de nombreux civils.
    Régulièrement accusées par les États-Unis d’être irrespectueuses des droits de l’homme, les autorités chinoises ont ainsi décidé de contre-attaquer. Au-delà du côté piquant de voir les Chinois se muer en donneur de leçons en la matière, cette initiative est l’expression du profond refus de toute ingérence étrangère. À l’instar de beaucoup d’autres pays émergents, la Chine est très attachée à sa souveraineté et n’accepte donc plus d’être déconsidérée par les Américains sous prétexte que son organisation politique ne correspond pas au modèle occidental en termes d’État de droit ou de démocratie.
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  • Informatique et surtout Crimée

    Si je n’ai pas posté les deux dernières semaines de l’Illustration de 1914, c’est la faute à Bill Gates et à Steve Jobs. Windows 8 m’a causé quelques soucis et, ceux-ci résolus, j’ai eu la prétention de me passer de câble pour transférer les photos de mon iphone sur l’ordinateur via bluetooth…. Il s’avère finalement que c’est impossible, cette fonctionnalité étant verrouillée sur l’iphone. Bref, je reprends mon câble et je recommencerai le w-e prochain.

     

    Sinon, cette affaire ukrainienne entraîne une débauche de bêtise au plus haut niveau de la diplomatie mondiale. A tout seigneur (du "monde libre"), tout honneur : Obama. Il a déclaré "Russia is on the wrong side of history". Quelle prétention !!! Savoir qu’il y a un bon et un mauvais côté de l’Histoire ! Et savoir lequel est le bon ! Les seuls côtés que je connaisse en histoire sont celui du vaincu et du vainqueur, ce dernier ayant souvent seul le privilège de laisser sa version des faits à la postérité. Je serai charitable, je ne m’attarderai pas sur le "right side of history" qui a toujours caractérisé les États-Unis, de l’extermination des Indiens à la seconde guerre d’Irak. Mon petit doigt me glisse qu’en cas de victoire des armées nazies dans les années 40, les USA se seraient vus comme du mauvais côté de l’histoire avec les mêmes actions que celles qu’ils ont eues…

     

    Mais la France socialiste ne pouvait pas rester à la traîne. Et c’est celui qui est, parait-il, le ministre le plus populaire du gouvernement qui s’y colle, Lolo l’antiquaire :

     

    "Un rattachement direct à la Russie voudrait dire changer de système et que l’intégrité territoriale ne serait plus respectée."
    "Si vous admettez le principe qu’une région, dans n’importe quel pays, en contradiction avec les règles constitutionnelles de ce pays, peut se rattacher à un autre pays, cela veut dire qu’il n’y a plus de paix internationale ni de frontières assurées."

     

    Euh, mon Lolo, ce que tu décris là avec horreur, ça s’appelle le droit des peuples à disposer d’eux-même, il me semble que c’est une des fiertés (légitimes) de la Révolution française d’avoir popularisé le concept. Là en l’occurrence c’est l’assemblée de Crimée, élue légitimement ,qui va demander un référendum (le mot figure dans le dictionnaire, c’est un truc que tu connais pas trop, car il est question de faire appel au peuple pour lui demander son avis puis en tenir compte, tant que tu y es, regarde aussi le mot peuple ça te fera pas de mal). Quel scandale ! En plus, un référendum, mais c’est sanglant ça, ne vaudrait-il pas mieux plutôt une bonne guerre puis un bon traité d’annexion signé dans les règles de la diplomatie internationale depuis des siècles ? En plus, en tant que socialiste, tu aimes tellement ça, toi, les frontières ? Moi je suis de droite et ça ne me dérange pas que les frontières bougent si ça correspond au désir des gens. Si 51% des Alsaciens veulent se rattacher à l’Allemagne, qu’ils le fassent ! Pareil pour les Wallons avec la France. Si les Corses ou les Bretons veulent leur indépendance, qu’ils l’aient ! Qui suis-je pour dire aux gens comment ils doivent vivre ou avec qui ils doivent vivre, cohabiter ? C’est le même raisonnement pour l’immigration, nos élites nous disent avec qui on doit vivre et nous expliquent que c’est une chance pour nous. Pourquoi ne choisirait-on pas ses voisins ?

     

    En recherchant les propos de Fabius, je suis tombé sur ceux proférés aujourd’hui par John Kerry, son homologue américain « La Crimée est une partie de l’Ukraine, la Crimée est l’Ukraine »… Devant tant de mauvaise foi, il n’y a plus qu’à construire une fusée et à s’en aller sur une autre planète.

     

    De mauvaise foi, la Russie en fait également preuve, mais c’est beaucoup moins gros. On ne voit pas Lavrov ou Poutine dénoncer, par exemple, le bain de sang qui menacerait les Russes de Crimée, ils laissent les médias s’en charger pour eux. Car la position russe est également critiquable. Aucune menace réelle ne pèse sur leurs concitoyens et Ianoukovitch, tout légitime qu’il soit (marrant,ça, que l’UE dénonce le parlement de Crimée et pas le gouvernement ukrainien clairement non issu d’une élection), est un bon gros pourri qui a dévalisé son pays pour lui et son clan, et qui mériterait un bon gros procès avec un verdict où on verserait dans sa bouche la quantité d’or fondu correspondant aux sommes détournées pendant son mandat.

    http://bagatellesetmassacres.wordpress.com/

  • Ukraine : le monde à l'envers

    C'est le titre de l'éditorial qu'Eric Denécé, directeur du centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), consacre à ce sujet. Pour mémoire, on rappellera que ce centre a publié sur la Libye et la Syrie deux rapports de très haute qualité, dont l'évolution des situations dans les pays respectifs n'a fait que confirmer la pertinence (on les trouve ici). Extrait de l'éditorial, sur les errements de la diplomatie française.

     

    "Après ses errements en Libye (2011) et en Syrie (2013), voilà de nouveau notre diplomatie en train de se fourvoyer en Ukraine. A défaut d'une vision ou d'une stratégie, la diplomatie française s'agite à chaque crise, tentant d'occuper le premier plan, confondant visiblement communication et réflexion.

    Début mars, le président Hollande a salué « la transition démocratique qui s'engage » à Kiev, ignorant probablement que le pouvoir qui était en place auparavant était issu des urnes et avait été renversé par la violence. Puis, il a fermement rappelé, le 6 mars, « son attachement à l'intégrité territoriale du pays ». Sans doute ses conseillers ont-ils omis de lui rappeler le précédent du Kosovo et, surtout, celui de Mayotte. Rappelons également les déclarations pathétiques, inappropriées et stupides du représentant français à l'ONU comparant la situation actuelle en Crimée à l'entrée des chars soviétiques à Prague, en 1968.

    Notre politique étrangère semble être fondée sur une perception puérile et partiale des « bons » et des » méchants », si ce n'est sur une appréciation totalement erronée des situations. Or, l'émotion et l'indignation - surtout lorsqu'elles sont infondées - ne sauraient remplacer l'analyse objective des situations au regard du droit, de la géopolitique et de nos intérêts. Seul Hubert Védrine, l'ex ministre des Affaires étrangères, a fait des propositions sensées.

    Plus grave, tout se passe comme si nous faisions exactement ce que souhaitent les Américains, sans même qu'ils nous le demandent, comme si la diplomatie française s'était convertie à une vision néoconservatrice du monde. Or cette attitude du serviteur zélé ne nous procure aucune considération - à l'image du revirement américain sur la Syrie dont nous n'avons pas été prévenu - ni bénéfice - comme en témoigne l'absence de retombées économiques de notre intervention en Libye -, nous laissant dans la position peu enviable du dindon de la farce."

    Paula Corbulon