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géopolitique - Page 863

  • Victoire capitale : l’Armée syrienne maîtrise totalement la région stratégique d’al-Qusayr…

    Après une offensive de trois semaines, l’Armée arabe syrienne s’est assuré la maîtrise totale de la région d’al-Qusayr… Aujourd’hui 5 juin la télévision officielle syrienne Al-Ikhbariya a pu enfin annoncer : “L’Armée arabe syrienne contrôle totalement la région d’al-Qusayr dans la province de Homs après avoir tué un grand nombre de terroristes et en avoir capturé d’autres… Nos forces armées héroïques ont ramené la sécurité et la stabilité dans toute la ville”.

    AVERTISSEMENT ” Contient des images Choquantes, NON recommandées pour de Jeunes Enfants.

    http://fr.altermedia.info

  • Le retour de Syrie de djihadistes français accroit la menace terroriste en France

    Le retour de Syrie de djihadistes français accroit la menace terroriste en France

    PARIS (NOVOpress via Bulletin de réinformation) – Selon la Lettre d’information stratégique et de défense TTU, les services de renseignement français dénombrent 120 djihadistes français partis se battre en Syrie depuis deux ans. Ils représentent ainsi 60 % des ressortissants français engagés dans les rangs d’Al-Qaïda. Si actuellement environ 10 sont au Mali (ou ils se battent contre l’armée française), cinquante en Syrie et quarante en transit, trente sont rentrés en France.

    C’est ce retour qui laisse penser à une augmentation de la menace terroriste sur le territoire national. Les renseignements soupçonnent aussi la création de cellules terroristes sur les modèles de celles présentes en Bosnie lors de la guerre. Peut-être est-il temps de revoir le modèle d’intégration à la française et de surveiller les frontières ?

    Crédit photo : Magharebia, via Flickr (cc). http://fr.novopress.info/

  • Veaux de Français,

    Vous manifestez, manifestez… et re… re… remanifestez… Et  quoi ?... Plouf ! L’énarque qui se prétend – encore malgré les ¾ de la population qui le désavouent – chef de notre État continue de prospérer avec sa poule sur nos impôts tout en vous  -nous- tenant la dragée haute…  impunément.
    Combien de temps allons-nous encore le tolérer ?
    Les Turcs nous donnent une leçon. Je connais un peu ce peuple, je l’apprécie… Apprenez donc, pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds en Turquie, que sa population est pour plus de la moitié laïque et, par Istanbul, européenne.
    Certes, la population de Cappadoce ne l’est guère, elle ; mais à la vérité, elle ne compte pas beaucoup plus dans la politique du pays que nos honnêtes paysans du Cantal… voire de la Corrèze qui ne pèsent guère dans les décisions de leur ex-président de conseil général parachuté pour cause d’ambition personnelle et certainement pas par idéologie et moins encore pour les servir.
    Cappadoce-Corrèze… ! Sauf, sauf que les Turc, eux, ont des « c… », et pas seulement à Istanbul ! Dans tout le pays, y compris vers l’est, proche de la Cappadoce, à Ankara (la capitale, malgré tout), et d’autres villes, même Izmir connue de tous les touristes comme moi, les Turc laïcs font un tel bordel que le gouvernement des « Frères Musulmans » - une autre pointure islamique tout de même que le PS français mondialiste inféodé à l’Europe !  - finit par les entendre. Mieux ! Le chef du gouvernement admet que les forces de police y sont allées un peu fort avec les lacrymos !!!
    Entendez-vous, Valls-le-rose, qui regrettez amèrement dans le secret de votre « moi » de n’être pas  le chef de la police toute puissante d’un parti stalinien ? Pour vous, les lacrymos, ce n’est que le premier degré ; après quoi ?... la gégène ? Et votre Président, votre gouvernement ont l’impudence de critiquer POUTINE ?
    Veaux de Français, les Turcs nous donnent une leçon. Ce n’est pas par des défilés de kermesse – qui font malgré tout sortir de leurs antres 5000 sbires patentés -, que seront éjectés des ors de la République les indignes qui en jouissent en riant de nous dans leurs cocktails pince-fesses !
    1624… 1789… 1830… 1848… Méditez ces millésimes !
    Note
    Veaux : C’est par ce substantif élégant que nous désignait Charles Ier, président de la République Française – de la V° inventée par lui et pour lui –, par dépit de n’avoir pu être Connétable de France.

    Alain de Montere  http://www.francepresseinfos.com/

  • Un village chrétien entièrement massacré par les rebelles syriens

    Ce lundi, les membres de l’Armée syrienne libre auraient attaqué le village d’al-Duvair à prédominance chrétienne dans la ville de Reef à la périphérie de Homs. Ils auraient massacré des civils, y compris des femmes et des enfants, avant que l’armée syrienne de Bachar al Assad intervienne en faveur des chrétiens selon les sources plus bas dans l’article.

    Cette attaque arrive après d’intenses combats dans la ville d’al-Qusseir, ce week-end, où les forces de Bachar Al-Assad ont infligé de lourdes pertes aux rebelles. Les forces d’Assad ont lancé une offensive en Avril dans le but de couper les lignes d’approvisionnement aux rebelles et en prenant la ville et ses environs conquise depuis l’année dernière. [...]

    La suite sur Alyaexpress.news.com

    http://www.actionfrancaise.net

  • La Question turque revient au coeur des inquiétudes légitimes

    130603Les émeutes d'Istanbul l'ont replacée dans l’actualité.

    Elle l'était déjà, à peine secrètement, quoiqu'en pensent nos dirigeants occidentaux aveuglés, dans la guerre civile de Syrie. Le projet d'une reconstitution de l'ancien empire ottoman, sous d'autres noms, habite les dirigeants actuels de ce pays : on les qualifie d'islamistes "modérés", à commencer par le tout puissant Erdogan.

    Ce petit livre donne l'essentiel des clefs pour comprendre ce pays, son identité, ses contradictions, sa réussite économique récente et ses ambitions – incompatibles avec la prétention de l'intégrer à l'Europe.

    Ce livre, court, dense en informations, d'une lecture facile, éclaire le sujet. ••• JG Malliarakis ”La Question turque et l’Europe” ••• 192 pages 20 euros franco de port à commander aux Éditions du Trident 39, rue du Cherche Midi 75006 Paris

    http://www.insolent.fr/

  • La fin du modèle turc

     

     Le cadavre de Mustapha Kemal bouge toujours
    Jean Bonnevey
    Ex: http://metamag.fr/

     

    Nous l’aura-t-on vanté ce modèle turc, cet islamisme modéré soluble dans la démocratie et devant inspirer les pays arabes, la preuve par Istanbul d’une démocratie musulmane comme il y a une démocratie chrétienne.
    En fait l’islamisme modéré est un islamisme sournois qui se répand dans la société. Depuis 10 ans Erdogan l’homme qui comparait, quand il était dans l’opposition, les mosquées à des missiles tente d’islamiser en douceur une société à part. Voilà 10 ans qu’ Erdogan est au pouvoir. Il a été habile. Il a marginalisé l’armée au nom du respect du vote. C’était l’obstacle, une armée avec des cadres toujours kémalistes, mais une troupe à l’image de la société déjà très islamisée. Il se croit à labri d’un putsch et resserre la corde islamiste sur le cou turc.
    Comme toujours, on s’en prend aux libertés au nom des interdits de l’islam dans tous les domaines du privé, comportements dans la rue, consommation d’alcool, etc..Cependant la Turquie a été un pays laïc où l’islam était sous un contrôle de fer. Les portraits de Mustapha Kemal sont ressortis dans les dernières manifestations, cela veut tout dire. En fait les tucs ne supportent plus, certains d’entre eux en tout cas, la limitation  des libertés au nom d’une religion qui  devient dans les faits de plus en plus rigoriste et répressive.
    Il y a aussi l’usure du pouvoir, même si économiquement, les islamistes qui échouent partout quand ils sont aux commandes (Maroc, Tunisie,  Egypte) ont eu de très bons résultats économiques en Turquie. Sur le plan diplomatique l’alliance avec Israël et ses déboires, les concessions aux kurdes et les engagements en Syrie ont miné le modèle turc qui se rêvait  un  nouvel espace d’influence ottoman.
    Un rejet bien plus large
    Erdogan est un islamiste intelligent.  Il l’a déjà démontré et il semble avoir compris la dangerosité, pour son pouvoir, des manifestations. Le mouvement est parti vendredi à l'aube avec l'intervention musclée de la police pour déloger quelques centaines de militants qui occupaient depuis trois jours le parc Gezi, sur la place Taksim, pour y empêcher le déracinement de 600 arbres dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain très contesté. Mais l’arbre bien sûr cache la forêt d’un rejet bien plus large.
    Confronté à l'un de ses plus importants mouvements de contestation depuis l'arrivée de son parti au pouvoir en 2002, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a ordonné aux forces de l'ordre de se retirer en milieu d'après-midi de la place. Immédiatement, des milliers de personnes brandissant des drapeaux turcs ont envahi les lieux dans une immense clameur de victoire, ponctuée de quelques fusées d'artifice.
    Les choses n’en resteront sans doute pas là. Si le revenu par habitant a triplé en Turquie depuis 2002, Recep Tayyip Erdogan est accusé de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la société turque. Le récent vote d'une loi restreignant la consommation et la vente d'alcool a suscité  la colère des milieux libéraux.
    L'opposition politique a pris le relais de ces critiques en s'affichant avec les protestataires. « Nous voulons la liberté et la démocratie dans notre pays », a lancé le président du Parti républicain du peuple (CHP) Kemal Kiliçdaroglu. Au sein même du pouvoir, plusieurs voix se sont élevées samedi pour dénoncer la réaction disproportionnée de la police. Voilà qui devrait cependant tempérer l’enthousiasme vis à vis du régime turc, de ceux qui partout le présentent comme l’exemple d’un islamisme sans danger pour les libertés et la démocratie.
    Ils ne changeront pas d’avis mais la preuve par Istanbul ne tient plus.
  • A propos du corps des volontaires de l’Est prêts à se battre contre les mercenaires islamistes en Syrie

    Sergei Razoumovski

    Sergei Razoumovski

    Le corps des volontaires en Europe de l’Est ayant attiré l’attention du monde, nous faisons un bref retour, dans la mesure où le sujet a particulièrement intéressé Moscou et ses alliés et que ce concept semble se concrétiser. Dans le même temps, l’initiative de l’ukrainien, le lieutenant-colonel Sergei Razoumovski, de créer un corps de volontaires en Europe de l’Est pour lutter contre les mercenaires islamistes en Syrie, a provoqué la panique parmi les gouvernements Est-européens mis et maintenus en place par les Etats-Unis.Lles réservistes, transformés en parias de la société dans leurs pays avec  la ‘’démocratisation’’ à l’américaine, par un processus d’inversion de la hiérarchie des valeurs, ont maintenant la possibilité de prendre leur revanche, à leur manière, sur ceux qui ont détruit leurs vies et leurs carrières.

    http://avicennesy.wordpress.com/2013/05/30/les-europeens-de-lest-partent-en-croisade-contre-les-extremistes-en-syrie/

    Au-delà des allusions religieuses,les malheureux choisis par le colonel Razoumovski, les réservistes de l’Europe orientale ne sont ni des fanatiques orthodoxes, ni haineux envers l’islam. En revanche, ils détestent ceux qui ont vendu leur âme, leur foi et leurs pairs pour de l’argent. Pour eux, les forces du mal sont les mêmes pour toutes les religions du monde. Et en territoire de la Syrie, comme en Europe de l’Est, ces forces proviennent de la même source: les Etats-Unis et ses satellites occidentaux.

    Si Bachar al-Assad donne son accord pour leur intervention dans la défense de la Syrie et les laisse utiliser les armes modernes fournies par la Russie, en une semaine, le pays serait nettoyé de ses mercenaires islamistes. Ceci pourrait sembler exagéré, mais, dans ce cas précis, ça ne l’est pas du tout. Bien que quantitativement, le rapport de force soit de 6/1 en faveur des mercenaires islamistes (100.000 moudjahidin contre 15-18000 réservistes est-européens), qualitativement, il est de 12/1 pour les réservistes de l’Europe de l’Est. Les moudjahidin recrutés pour servir les Américains en Syrie, sont quasi-analphabètes, n’ont aucune idée de la tactique et de la stratégie, et ont seulement appris à mener une guerre psychologique dont le sujet est la population syrienne. Leur seule capacité se réduit à la manipulation approximative de l’AK-47, du lance-grenades portatifs AG-7 et des explosifs artisanaux, devant lesquels les civils Syriens sont privés de tout moyen de défense.

    L’autre facette de cette brigade de réservistes, c’est qu’elle réunit la crème des professionnels de tous horizons venant des forces armées de l’Europe de l’Est (armée de l’air, forces d’opérations spéciales, marine, infanterie de marines et armée de terre). Ils sont experts dans la conception et la mise en œuvre de la stratégie militaire, puisqu’ils sont diplômés des lycées militaires, des écoles d’officiers, ou de sous-officiers dans la catégorie des forces armées à laquelle ils appartiennent (la formation dure de 3 à 5 ans). Et 20% d’entre eux ont suivi une académie de commandement et d’état-major (de 2-3 ans) formant au commandement à l’échelon opérationnel et stratégique. En outre, les réservistes est-européens se sont qualifiés grâce à des cours sur les équipements de combat complexes de dernière génération, avec au moins une décennie d’expérience dans son fonctionnement et ont participé à d’innombrables exercices dans des conditions proches de celles du combat.

    http://avicennesy.wordpress.com/2013/06/03/les-missiles-s-300-russes-et-la-neutralisation-de-la-suprematie-militaire-americaine/

    Les réservistes est-européens, du point de vue doctrinaire, sont nettement supérieurs aux moudjahidine. Les mercenaires islamistes n’ont aucun respect pour les personnes, kidnappent des civils dans les pays occupés, pillent  et assassinent des innocents. Alors que les réservistes ont été formés sur la base de la doctrine militaire de défense nationale du pays d’origine, où leur principale tâche était de protéger la population civile et les biens. Partout où ils lutteront, ce réflexe fonctionnera et  la population civile y sera sensible dès le départ. Outre la supériorité en terme de qualification professionnelle, les réservistes supplantent les mercenaires en matière de motivation et de force morale.

    Une confrontation militaire entre les deux forces ne peut avoir lieu qu’après que les réservistes aient  assuré une nette supériorité technique et en agissant selon les règles de l’art militaire qu’ils auront eu soin d’imposer dès le premier instant. La situation pourrait être comparable à celle qu’on a vue en Afghanistan entre les talibans et les américains avec ses alliés. On se souvient que l’émir de Dubaï, le milliardaire Rachid Al Maktoum, l’un des principaux bailleurs de fonds de la coalition anti-syrienne a déclaré que les mercenaires islamiques ne se limiteraient pas seulement à la Syrie, que d’autres actions du même type sont déjà prévues dans d’autres pays du Moyen-Orient. Mais une fois les chiens de guerre est-européens lâchés, ces derniers ne vont pas en rester là. Ils poursuivront les mercenaires payés par les Américains et leurs riches serviteurs du Golfe, dans tout pays dans lequel la Maison Blanche va avoir un intérêt à les envoyer pour déclencher un nouveau «printemps arabe» comme celui de la Syrie. Pour ceux qui ne connaissent pas encore les possibilités qu’un professionnel peut tirer des armes de pointe actuelles, je recommande le lien ci-dessous:

    http://avicennesy.wordpress.com/2013/05/29/la-vraie-bataille-pour-la-syrie-celle-dont-les-medias-ne-vous-parleront-jamais

    Qu’est-ce qui motive ces réservistes de l’Europe de l’Est pour combattre les mercenaires Américains en Syrie ? Au cours des 23 dernières années, depuis qu’ils ont remporté la guerre froide, les Américains avec leurs satellites européens de l’ouest (qui détestent tous ceux qui essaient d’être indépendants mais qu’ils ne pouvaient pas détruire), sont allés piller les ressources des anciens états membres du Pacte de Varsovie, des anciennes républiques soviétiques et des états qui formaient la Yougoslavie. La méthode utilisée est celle de la soi-disant privatisation, à travers laquelle 70% des entreprises appartenant à l’Etat ont été transférés, presque gratuitement, à des entreprises aux États-Unis et dans certains pays européens. Par exemple, la Roumanie a perdu en aliénant, presque pour rien, la société d’état Petrom à l’entreprise d’état autrichienne OMV (20 fois moins), pour environ 30-50 milliards d’euros, composée de: 2 raffineries de taille moyenne, une usine d’engrais chimique , 600 stations-service, 15.000 km de conduits de pétrole et de gaz, 145 dépôts de carburant, des milliers de citernes et de wagons-citernes. Par ailleurs, OMV a reçu du gouvernement roumain les champs de pétrole de Petrom en Roumanie, au Kazakhstan, en Iran et en Inde, avec des réserves estimées à 2 milliards de barils.

    Après les privatisations, de grandes entreprises publiques dans l’industrie lourde, l’industrie textile, l’industrie alimentaire, les transports et l’agriculture, les installations de production  ont été démantelées, vendues sous forme de ferraille, expédiées à l’Ouest et réaménagées pour le bénéfice  des nouveaux propriétaires. Tout étudiant en économie apprend qu’en abolissant l’industrie de la transformation de ses propres ressources naturelles, l’économie des anciens pays communistes n’a pas pu se développer et a fini par disparaître. Après les privatisations, les ressources naturelles se retrouvèrent  donc automatiquement comme propriété des entreprises occidentales. Suite à cette vaste escroquerie, la majeure partie de la main-d’œuvre qualifiée en provenance d’Europe de l’Est, composée de centaines de milliers de spécialistes de haut niveau dans chaque pays, âgés entre 35 et 50 ans, fut envoyée au chômage de longue durée.

    Quiconque a suivi la guerre civile qui se déroule pour la «démocratisation» de la Syrie, a noté qu’après la conquête des centres peuplés ayant une forte zone industrialisée, la principale préoccupation des mercenaires étrangers était de démanteler les installations, de dévaliser des banques, des magasins d’alimentation et de matières premières, pour tout transporter en Turquie pour le vendre. Signe que leurs patrons, qui les ont envoyés se battre en Syrie, leur ont déjà montré comment traiter les biens et propriétés du peuple syrien, tout comme ils avaient procédé avec les malheureux peuples de l’ Europe de l’Est.

    Avec cela comme principe directeur, les Etats-Unis ont travaillé au démantèlement des armées de l’Europe de l’Est, par la réduction de la structure défensive à 25% de ce qu’elle était dans les années 90. Etaient touchées en particulier les unités équipées de la technologie la plus moderne de l’époque (destinées à la défense des pays contre les agressions extérieures). Sans outil de travail, des professionnels des armées de l’Europe de l’Est, soit près de 100.000 officiers et sous-officiers, se retrouvent chômeurs.

    Ceci est arrivé dans les Etats d’Europe de l’Est, sous la direction des services de renseignement nationaux (subordonnés aux Etats-Unis depuis la tombée du rideau de fer), de la justice et de la police. L’objectif est d’appauvrir la population locale et de maintenir son moral au plus bas, la garder soumise et incapable de réagir aux abus  américains. C’est comme la société décrite par Orwell : les gens sont un troupeau de moutons mené par des porcs. Les porcs ont leurs chiens soldats dont la mission est de garder le troupeau sous contrôle. Récemment ont été ajoutés les loups islamistes, création de la  guerre mondiale contre le terrorisme, inventée par les  américains, visant à toujours garder les moutons effrayés et les convaincre de rester tranquille, de ne jamais quitter le troupeau et d’éliminer toute idée de rébellion contre l’exploitation des porcs.

    Par Valentin Vasilescu, pilote d’aviation, ancien commandant adjoint des forces militaires à l’Aéroport Otopeni, diplômé en sciences militaires à l’Académie des études militaires à Bucarest 1992.

    Traduction : Avic

    Pour ceux qui veulent reprendre ce texte, ce serait sympa de mentionner les noms de l’auteur et du traducteur. C’est toujours encourageant de voir son travail reconnu.

    http://avicennesy.wordpress.com

  • Gustave de Beaumont et la critique radicale de la démocratie américaine

    Beaumont,_Gustave_de.jpgComme je le dis parfois, nous vivons dans un présent permanent depuis environ deux siècles. Les années 1830 sont déjà notre société et nous ne les quitterons qu’à la prochaine comète qui s’écrasera sur notre vieille planète. Ce n’est pas un hasard. Le progrès et la blafarde modernité ont paralysé l’histoire de l’humanité. Pronostiquée par Hegel en 1806, la Fin de l’Histoire n’en finit pas de prendre son congé.

    Gustave de Beaumont est le célèbre accompagnateur de Tocqueville en Amérique. Ils allaient y étudier les établissements pénitentiaires (c’est prémonitoire, il y a trois millions de détenus là-bas, et les matons forment le premier syndicat dans une dizaine d’Etats). Je n’avais jamais pensé à le lire mais c’est Karl Marx qui le cite ! Ma curiosité éveillée, je trouve sur un site québécois son très beau livre (avec une partie romanesque un peu niaise et trop copiée sur Manon Lescaut) sur Marie et l’esclavage, où Gustave de Beaumont révèle une lucidité française bien digne de Tocqueville et un style d’exception digne de Chateaubriand, du Lamartine de Graziella (texte préféré de Joyce en français) et  plus généralement de l’aristocrate qu’il était – après ce sera fini avec Balzac ; après la prose sentira la roture, je le dis comme je le pense.

    Les jugements de Beaumont sont encore plus durs que ceux de Tocqueville. Il ne digère pas l’hypocrisie éhontée de l’esclavage dans une nation libre et donneuse de leçons, et aussi beaucoup d’autres choses. J’ai picoré ces réflexions çà et là dans son si beau texte :

    Les Américains des États-Unis sont peut-être la seule de toutes les nations qui n’a point eu d’enfance mystérieuse.

    Là, on est bien d’accord. Le prosaïsme américain a écœuré toutes les grandes âmes yankees, Poe (Colloque entre Monos et Una), Melville (Pierre),  Hawthorne (lisez l’admirable Petite fille de neige) entre autres. Encore qu’en analysant mieux le caractère Illuminati du dollar qui continue de fasciner l’humanité alors que l’Amérique est en faillite…

    Il est clair en tout cas que pour Beaumont l’argent fait le bonheur des Américains, qui réifient tout, comme disent aussi les marxistes : la nature c’est de l’environnement, et l’environnement ça sert d’abord à faire de l’argent.

    Absorbé par des calculs, l’habitant des campagnes, aux États-Unis, ne perd point de temps en plaisirs ; les champs ne disent rien à son cœur ; le soleil qui féconde ses coteaux n’échauffe point son âme. Il prend la terre comme une matière industrielle ; il vit dans sa chaumière comme dans une fabrique.

    Vrai Saroumane, l’Américain déteste la nature et en particulier la forêt (on se souvient du beau poème de Ronsard sur la destruction des bois du Gâtinais) :

    Les Américains considèrent la forêt comme le type de la nature sauvage (wilderness), et partant de la barbarie ; aussi c’est contre le bois que se dirigent toutes leurs attaques. Chez nous, on le coupe pour s’en servir ; en Amérique, pour le détruire. L’habitant des campagnes passe la moitié de sa vie à combattre son ennemi naturel, la forêt ; il le poursuit sans relâche ; ses enfants en bas âge apprennent déjà l’usage de la serpe et de la hache… l’absence de bois est, à leurs yeux, le signe de la civilisation, comme les arbres sont l’annonce de la barbarie.

    Beaumont comprend comme Baudelaire et aussi Edgar Poe qu’avec l’Amérique on entre dans un nouvel âge du monde : l’âge de l’intérêt  matériel, du conformisme moral (la tyrannie de la majorité) et de la standardisation industrielle.

    Tout d’ailleurs s’était rapetissé dans le monde, les choses comme les hommes. On voyait des instruments de pouvoir, faits pour des géants, et maniés par des pygmées, des traditions de force exploitées par des infirmes, et des essais de gloire tentés par des médiocrités.

    Beaumont a raison : le monde moderne c’est Lilliput.

    La force d’imprégnation américaine est elle qu’elle uniformise toutes les nations immigrées chez elles. Cela est intéressant car cela se passe bien avant la machine à broyer hollywoodienne ou l’irruption de la télévision. L’Amérique c’est l’anti-Babel, le système à tuer les différences que la chrétienté avait si bien su préservé.

    Chose étrange ! La nation américaine se recrute chez tous les peuples de la terre, et nul ne présente dans son ensemble une pareille uniformité de traits et de caractères.

    Le rapport sacré à la terre n’existe bien sûr pas. On n’y connaît pas le paysan de Heidegger (Beaumont explique que le Tasse et Homère ne seraient pas riches, alors…). Tout n’est qu’investissement immobilier au paradis du déracinement libéral :

    L’Américain de race anglaise ne subit d’autre penchant que celui de l’intérêt ; rien ne l’enchaîne au lieu qu’il habite, ni liens de famille, ni tendres affections… Toujours prêt à quitter sa demeure pour une autre, il la vend à qui lui donne un dollar de profit.

    C’était bien avant les sub-primes !

    Une des grandes victimes de la civilisation américaine est alors la femme (avec les noirs et les indiens dont Beaumont parle très bien, et objectivement). Ce n’est pas pour rien que toutes les cultures du ressentiment au sens nietzschéen, l’antiracisme, la théorie du genre, le féminisme, le sectarisme sont nés aux USA au dix-neuvième siècle et après :

    Sa vie est intellectuelle. Ce jeune homme et cette jeune fille si dissemblables s’unissent un jour par le mariage. Le premier, suivant le cours de ses habitudes, passe son temps à la banque ou dans son magasin ; la seconde, qui tombe dans l’isolement le jour où elle prend un époux, compare la vie réelle qui lui est échue à l’existence qu’elle avait rêvée. Comme rien dans ce monde nouveau qui s’offre à elle ne parle à son cœur, elle se nourrit de chimères, et lit des romans. Ayant peu de bonheur, elle est très religieuse, et lit des sermons.

    On dirait notre bonne vieille Emma ! Tout cela ne fait pas le bonheur des femmes, qui n’ont pas encore le féminisme et la pension alimentaire pour bien se rattraper. L’Amérique invente madame Bovary plus vite que Flaubert (l’adaptation de Minnelli avec Jennifer Jones est éblouissante d’ailleurs) et le couple qui n’a rien à se dire – sauf devant l’avocat ou le psy, comme Mr and Mrs Smith (ils veulent bien se parler, mais il faut qu’ils paient !). La famille US est déjà telle que nous la connaissons aujourd’hui : quand elle n’est pas recomposée ou divisée, elle n’est pas ; Et cela sans qu’il y ait eu besoin de la télévision, du frigidaire et du portable pour abrutir et isoler tout le monde. Beaumont ajoute qu’il n’y a aucune affection, c’est cela le plus moderne – et donc choquant.

    Ainsi se passent ses jours. Le soir, l’Américain rentre chez lui, soucieux, inquiet, accablé de fatigue ; il apporte à sa femme le fruit de son travail, et rêve déjà aux spéculations du lendemain. Il demande le dîner, et ne profère plus une seule parole ; sa femme ne sait rien des affaires qui le préoccupent ; en présence de son mari, elle ne cesse pas d’être isolée. L’aspect de sa femme et de ses enfants n’arrache point l’Américain au monde positif, et il est si rare qu’il leur donne une marque de tendresse et d’affection, qu’on donne un sobriquet aux ménages dans lesquels le mari, après une absence, embrasse sa femme et ses enfants ; on les appelle the kissing families.

    L’obsession de l’argent qui crée des crises et de banqueroutes continuelles est continuelle : on n’a pas attendu Greenspan, Bernanke et les bulles de la Fed pour se ruiner – ou refaire fortune.

    Le spectacle des fortunes rapides enivre les spéculateurs, et on court en aveugle vers le but : c’est là la cause de ruine. Ainsi tous les Américains sont commerçants, parce que tous voient dans le négoce un moyen de s’enrichir ; tous font banqueroute, parce qu’ils veulent s’enrichir trop vite.

    Voyons la religion dont on a fait si grand cas là-bas. Si la femme est une « associée », un partner, comme on dit là-bas, l’homme religieux est un homme d’affaires. Beaumont est ici excellent dans son observation (c’est le passage que cite Marx dans un fameux petit essai) :

    Le ministère religieux devient une carrière dans laquelle on entre à tout âge, dans toute position et selon les circonstances. Tel que vous voyez à la tête d’une congrégation respectable a commencé par être marchand ; son commerce étant tombé, il s’est fait ministre ; cet autre a débuté par le sacerdoce, mais dès qu’il a eu quelque somme d’argent à sa disposition, il a laissé la chaire pour le négoce. Aux yeux d’un grand nombre, le ministère religieux est une véritable carrière industrielle. Le ministre protestant n’offre aucun trait de ressemblance avec le curé catholique.

    On s’en serait douté ! La religion évangélique comme business et comme programmation mentale malheureusement a un beau futur devant elle.

    Beaumont n’a pas vu de western mais on va voir qu’il aurait pu en écrire les scénarios.

    En Amérique, le duel a toujours une cause grave, et le plus souvent une issue funeste ; ce n’est pas une mode, un préjugé, c’est un moyen de prendre la vie de son ennemi. Chez nous, le duel le plus sérieux s’arrête en général au premier sang ; rarement il cesse en Amérique autrement que par la mort de l’un des combattants.

    Il y a dans le caractère de l’Américain un mélange de violence et de froideur qui répand sur ses passions une teinte sombre et cruelle… On trouve, dans l’Ouest, des États demi-sauvages où le duel, par ses formes barbares, se rapproche de l’assassinat.

    Il ne manque plus que Liberty Valance, que Wayne abat d’ailleurs comme un chien dans le classique postmoderne de Ford. Comme on voit, la situation réelle est aussi sinistre que celle décrit dans bien des films (contrairement à ce qu’une histoire révisionniste – il y  en a pour tous les genres – a voulu nous faire croire).

    Venons-en au thème de son ouvrage.

    Scandalisé par l’esclavage et par le préjugé auto-entretenu qui lui sert de base, Beaumont comprend très bien le rôle du capitalisme – et surtout du christianisme – mal digéré :

    L’exploitation de sa terre est une entreprise industrielle ; ses esclaves sont des instruments de culture. Il a soin de chacun d’eux comme un fabricant a soin des machines qu’il emploie ; il les nourrit et les soigne comme on conserve une usine en bon état ; il calcule la force de chacun, fait mouvoir sans relâche les plus forts et laisse reposer ceux qu’un plus long usage briserait. Ce n’est pas là une tyrannie de sang et de supplices, c’est la tyrannie la plus froide et la plus intelligente qui jamais ait été exercée par le maître sur l’esclave.

    Voir Tocqueville et son analyse de l’extermination légale et philanthropique des Indiens (« On ne saurait détruire les hommes en respectant mieux les lois de l’humanité »). S’il n’y a vite eu plus d’Indiens, il y avait en tout cas 700 000 africains en 1799, quatre millions lors de la Guerre civile (qui tue 3% de la population, ruine puis pille le Sud, et endette le pays), 40 millions aujourd’hui ! L’esclavage est un beau calcul !

    Beaumont constate que racisme finit par découler de l’esclavage ce qui n’était pas le cas avant. Cela aura des conséquences importantes dans les années vingt du siècle, quand les Allemands décrèteront que les Ukrainiens sont bons à leur servir d’esclaves ou que les Polonais peuvent être remplacés parce que moins techniques et moins universitaires (comme on sait l’antisémitisme a d’autres fondements). Ils avaient moins de « lumières », comme disait Washington à propos des Indiens ou Ferry à propos des « races inférieures » – on  en dit quoi dans les loges du mariage pour tous ?

    Faudrait-il, parce qu’on reconnaîtrait à l’homme d’Europe un degré d’intelligence de plus qu’à l’Africain, en conclure que le second est destiné par la nature à servir le premier ? Mais où mènerait une pareille théorie ?

    Il y a aussi parmi les blancs des intelligences inégales : tout être moins éclairé sera-t-il l’esclave de celui qui aura plus de lumières ? Et qui déterminera le degré des intelligences ?

    Le grand ennemi spirituel des sectes protestantes souvent athées ou folles (les quakers par exemple : « rien dans cette cérémonie burlesque ne fait rire, parce que tout fait pitié ») qui se partagent le pays est bien sûr le catholicisme. Ici Beaumont va aussi plus loin que Tocqueville :

    Au milieu des sectes innombrables qui existent aux États Unis, le catholicisme est le seul culte dont le principe soit contraire à celui des autres.

    On dirait du Chesterton. L’Eglise fait enrager tout le monde, et cela n’a pas changé !

    L’unité du catholicisme, le principe de l’autorité dont il procède, l’immobilité de ses doctrines au milieu des sectes protestantes qui se divisent, et de leurs théories qui sont contraires entre elles, quoique partant d’un principe commun, qui est le droit de discussion et d’examen ; toutes ces causes tendent à exciter parmi les protestants quelques sentiments hostiles envers les catholiques.

    La haine du catholicisme devient alors le seul commun dénominateur (on se doutait que ce n’était pas Jésus !) du discours américain, comme de tout discours moderne en général (c’est ce que disait notre ami Muray et il avait bien raison !)

    Il paraît bien constant qu’aux États-Unis le catholicisme est en progrès, et que sans cesse il grossit ses rangs, tandis que les autres communions tendent à se diviser. Aussi est-il vrai de dire que, si les sectes protestantes se jalousent entre elles, toutes haïssent le catholicisme, leur ennemi commun.

    L’Etat américain n’est bien sûr pas chrétien, il est comme dit Marx judaïque – on dira vétérotestamentaire (on jure sur la Bible, on ignore toujours l’Evangile ; vous avez déjà vu une allusion à la naissance du Christ pour le fête de Noël en Amérique ?), et il a même inventé la laïcité, aujourd’hui battue en brèche par le ressentiment communautariste venu aussi d’Amérique.

    Ainsi il n’existe aux États-Unis ni religion de l’État, ni religion déclarée celle de la majorité, ni prééminence d’un culte sur un autre. L’État est étranger à tous les cultes.

    Enfin Beaumont trouve que les Américains deviendront dangereux avec leur orgueil ; et que l’on pourrait même arrêter de trop critiquer sa pauvre vieille France !

    Je blâme cet aveuglement de l’orgueil national des Américains, qui leur fait admirer tout ce qui se passe dans leur pays, mais j’aime encore moins la disposition des habitants de certaine contrée, qui, chez eux, trouvent toujours tout mal.

    Il n’y a pas de quoi s’en faire, si l’on trouve que Gustave Beaumont exagère, qu’il est un hystérique opposé à l’Obama-land ou à la marche du progrès. Car comme disait mon ami l’éditeur Yves Berger, l’Amérique est partout maintenant ! On a Lady Gaga, le shopping centre et le dernier Apple ! Alors consolez-vous !

    Nicholas Bonnal

    http://classiques.uqac.ca/

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Chrétiens de Syrie : le mensonge organisé des médias français

     

    Chrétiens de Syrie : le mensonge organisé des médias français
    Dans cette seconde partie de son étude, François Belliot montre comment la presse française a donné la parole presque exclusivement à un prêtre italien pour dénoncer le « régime de Bachar », alors même que la totalité des évêques et Patriarches chrétiens de Syrie le soutient. Il ne s’agit bien sûr que d’un exemple du biais médiatique dans les pays de l’OTAN, ce prêtre ayant été invité identiquement en Amérique du Nord et en Europe. La presse chrétienne n’a pas échappé au jeu colonial, ses journalistes étant les mêmes que ceux des organes profanes.

    Il existe bien des façons de démontrer que la Syrie est victime depuis deux ans d’une campagne de propagande intense visant à persuader l’opinion otanienne de la nécessité d’armer l’opposition et de renverser Bachar el-Assad, « l’ignoble-dictateur-qui-torture-et-massacre-son-propre-peuple ». On peut évoquer l’imposture que constitue le prétendu Observatoire syrien des Droits de l’homme (OSDH), on peut rapporter des témoignages qui vont dans le sens inverse de la version officielle, on peut remonter l’histoire et constater que la déstabilisation actuelle de la Syrie depuis l’étranger s’inscrit dans une dynamique très ancienne (Sykes-Picot, 1916) dont la crise actuelle ne constitue que la dernière étape, on peut faire la comparaison avec d’autres campagnes de propagande ayant abouti aux renversements de chefs d’Etat sur la base de fausses preuves (Saddam Husseïn, Mouammar el-Kadhafi), on peut évoquer le jeu d’alliances de la Syrie avec le Hezbollah et l’Iran, qui gêne les velléités expansionnistes d’Israël et s’oppose au plan de remodelage par les États-Unis du « Moyen Orient élargi », on peut souligner les intérêts gaziers et pétroliers dans la région, qui font de la Syrie une proie d’autant plus convoitable que ses ressources d’énergie fossile restent largement à exploiter.

    On peut aussi pointer la loupe sur certains personnages mis en avant dans les médias commerciaux. La propagande pour être crédible s’appuie sur des témoins de choix, souvent minoritaires dans le camp qu’ils sont censés représenter. En comparaison, d’autres personnes, souvent plus nombreuses et plus représentatives, sont systématiquement écartées des plateaux, voire diffamées sans qu’elles aient la possibilité de se défendre médiatiquement.

    Le cas du père Paolo Dall’Oglio, censé représenter le point de vue des chrétiens de Syrie, omniprésent dans les grands médias commerciaux à l’automne dernier, et de nouveau en ce mois de mai 2013, à la différence d’autres personnalités bien plus représentatives, permet de démontrer de façon irréfutable que le traitement de la crise syrienne par les médias commerciaux otaniens est presque intégralement mensonger et orienté.

    L’histoire que je vais raconter commence par une conférence organisée à Paris en septembre dernier.

    Le 25 septembre dernier était organisée, dans la salle des fêtes de la mairie du XXème arrondissement de Paris, une conférence intitulée « Regards croisés sur la Syrie ». Elle mettait en scène un intervenant unique, le père Paolo Dall’Oglio. Elle était prévue pour durer 2 heures, une heure de parole pour le père Paolo suivie d’une heure d’échange avec le public.

    Habitué depuis des mois à passer chaque matin devant cette mairie, j’avais forcément remarqué une immense banderole qui en recouvrait la façade, et qui appelait par un biais tendancieux à la fin des massacres en Syrie. La mairesse du XXème arrondissement, Frédérique Calandra avait à l’évidence choisi son camp : celui de l’ « opposition », contre celui du « régime de Bachar el Assad ».

    Je savais plus ou moins à quoi à m’attendre en me rendant à cet événement ; mais c’était tout de même une bonne occasion d’entendre quelqu’un qui avait vécu longtemps en Syrie et qui pouvait donner le point de vue d’un témoin direct confortant la version officielle.

    Je n’avais jamais entendu parler du père Paolo Dall’Oglio. Son nom m’avait échappé dans le flot d’actualités quotidien sur la Syrie, et les médias indépendants eux-mêmes n’y avaient guère prêté attention.

    La salle des fêtes de la mairie du XXème était très bien remplie, 300 personnes au jugé. A proprement parler ce n’était pas une conférence, mais un jeu de questions réponses entre un journaliste et le père Paolo. Il ne s’agissait donc pas de « Regards croisés », comme suggéré dans l’intitulé de la conférence, mais du « regard » du père Paolo, qui n’était affligé d’aucun strabisme convergent. Le journaliste, étant complètement acquis à la cause du père il n’y avait pas de contradicteur dans ce « croisement ».

    Je commençai à prendre des notes. La salle était mal insonorisée, et le père Paolo, en plus de s’exprimer dans un français parfois incertain, était dur à suivre dans son exposé. Il rendit hommage à la révolution tunisienne et à la révolution égyptienne , plus généralement au printemps arabe, dans lequel s’inscrivait naturellement selon lui la révolution syrienne. Il insista sur la pratique systématique de la torture et l’emprisonnement des opposants par le « régime de Bachar el-Assad ». Il se félicita d’avoir en juin 2011 tiré la sonnette d’alarme : « le régime » était construit exclusivement sur le mensonge, cela faisait partie de son ADN. A deux reprises il compara ceux qui remettaient en cause la version officielle de la révolution syrienne à ceux qui remettaient en cause la version officielle du génocide des juifs, qu’il assimila ainsi à du négationnisme et à une pathologie de l’esprit. Il expliqua que la négation de la version officielle était le fait de forces d’extrême gauche et d’extrême droite coalisées pour l’occasion. Il fustigea le rôle de la Russie, qui mettait régulièrement des vetos aux résolutions de l’ONU contre la Syrie, car elle pensait à tort avoir été bernée sur l’affaire libyenne, l’année précédente, et sur l’affaire du Kosovo, il y a quelques années. Il expliqua, quoiqu’il fût prêtre et par nature religieuse opposé à l’usage de la force, qu’il fallait cependant armer les rebelles (en ne se trompant pas sur les destinataires) et qu’il y avait un devoir d’ingérence à intervenir en Syrie. Il se paya d’une diatribe sur le Réseau Voltaire, qu’il semblait tenir (puisque c’est le seul organe de presse indépendant qu’il nomma) pour le principal responsable de la campagne de désinformation sur la Syrie ; il nia absolument le fait qu’il pût exister une alliance entre le Qatar, l’Arabie saoudite, la France et le Royaume Uni (je rajoute la Turquie et la Jordanie qu’il a omises dans sa liste), pour déstabiliser la Syrie. Et si l’ONU ne pouvait résoudre le problème... c’était une théorie du complot diffusée par « le régime » pour cacher ses exactions, il devenait urgent de « passer outre le droit international ».

    Pour être juste, le journaliste osa poser une question cruciale : comment lui, chrétien, prêtre qui plus est, pouvait-il appeler à armer l’opposition ? N’y avait-il pas là une contradiction fondamentale ? Une personne du public relaya cette préoccupation. Cette question fut posée en préambule, et le père Paolo y répondit avec certains des arguments que je viens d’énumérer. Je passe sur la séance de questions qui s’ensuivit. Elles furent pour la plupart extrêmement consensuelles, et beaucoup dans la même veine persuasive plus que convaincante qu’avait employée le père Paolo. Je me souviens en particulier d’une dame explosant sur un ton hystérique : « Vous attendez quoi ? Les chambres à gaz ? Le Christ était le premier martyr ! Il y a des milliers de Christs en Syrie ! » Elle avait sans doute lu la chronique de désinformation de Caroline Fourest dans l’édition du Monde du 25 février 2012 , suggérant que l’Iran avait fourni un four crématoire à la Syrie qui « tournerait déjà à plein régime » dans la région d’Alep.
    La seule question un peu dissidente fut posée par une femme qui pointa la responsabilité éventuelle de puissances étrangères dans la déstabilisation de la Syrie. Elle put s’exprimer mais fut la seule que l’on pressa de remettre le micro alors qu’elle déroulait son intervention. Elle fut moquée par le père Paolo qui, sans le moindre argument, l’accusa de pratiquer des amalgames, alors que lui-même n’avait fait que ça pendant son intervention.

    Quand la conférence fut terminée, je découvris des Syriens contestant la version officielle, que j’avais eu l’occasion pour certains de rencontrer lors de diverses manifestations et nous nous retrouvâmes autour d’un verre dans une brasserie de la place Gambetta.

    Je m’enquis du personnage et l’on m’en fit une brève présentation, que je complète avec certains détails utiles :

    Paolo Dall’Oglio est un religieux jésuite italien né à Rome en 1954. Après un passage par le Liban en 1982, il découvre le monastère Deir Mar Moussa en Syrie, et décide de consacrer sa vie à sa restauration. En 1992 il fonde une communauté œcuménique religieuse mixte qui promeut le dialogue islamo-chrétien. Dans le prolongement de cette démarche, il publie, en 2009, Amoureux de l’Islam, croyant en Jésus. Quand les troubles commencent, début 2011, il prend parti pour l’opposition, allant jusqu’à demander publiquement qu’on lui fournisse des armes. En juin 2012, à la demande de l’ensemble des Églises de Syrie et du gouvernement, son visa n’est pas renouvelé et il doit quitter le pays. Depuis, l’homme a été très massivement relayé dans les médias commerciaux de masse (New York Times, Le Figaro, etc .) et a été reçu par les plus hautes autorités de divers Etats engagés dans le conflit aux côtés de l’Arabie saoudite, du Qatar, et de la Turquie.

    Chacun y alla ensuite de son anecdote, touchant soit son expérience personnelle en France ou en Syrie, soit sur un aspect de la conférence.

    L’un des Syriens m’apprit qu’il avait levé la main pour poser une question (qui fatalement n’irait pas dans le sens des organisateurs de la conférence), et qu’alors il fut montré du doigt par un des organisateurs, avec un signe d’interdiction. L’homme était intervenu dans des circonstances comparables et avait été repéré comme un contestataire gênant de la pensée unique officielle, que l’on devait en conséquence contenir ou réduire au silence. Consigne fut ainsi donnée de l’empêcher de prendre la parole.

    Je me souvenais alors que ce n’était pas la première fois que j’étais confronté à ce genre de censure, et je rapportais ce qui m’était arrivé à la Fête de l’Humanité.

    Me promenant dans le « Village international » de la Fête de l’Humanité, j’étais entré, curieux, dans un stand « syrien ». Il s’agissait d’un groupe de personnes soutenant la version officielle de l’OTAN et d’al-Jazeera. Ils appelaient à la mobilisation contre Bachar el-Assad, invoquaient les devoirs de la « Communauté internationale », la nécessité du « droit d’ingérence humanitaire ». Quatre intervenants s’étaient succédé en l’intervalle de 40 minutes. Au terme de cette tribune commune, j’avais pris la parole (nous n’étions guère nombreux, et le stand d’à côté avait une sono tonitruante), pour contester leur vision de la situation, qui passait sous silence le fait que d’horribles massacres étaient perpétrés par des mercenaires fanatiques financés par le Qatar et l’Arabie saoudite et appuyés logistiquement par l’OTAN et les services de renseignement alliés. La réaction des tenanciers du stand avait été éloquente : dans un premier temps l’un d’entre eux m’avait pris gentiment par le bras pour m’inviter à quitter les lieux. Comme j’avais protesté du procédé, on m’avait confronté à un « militant de l’ASL » qui pendant 10 minutes m’avait reseriné la version officielle. Je n’avais pu malheureusement lui répondre de façon développée. Alors que j’avais patiemment écouté son discours, je n’avais pu, en guise de réponse, prononcer plus de trois phrases. Un concert de huées s’était allumé. Des gens s’étaient senti le devoir de m’interrompre, visiblement émus et hors de raison. Sentant qu’il me serait difficile de m’exprimer, j’étais sorti, bruyamment accompagné par une chanson qu’ils s’étaient mis soudain à entonner en chœur et à pleins poumons.

    Les tenanciers de ce pavillon n’étaient autres que les organisateurs de cette conférence du 29 septembre, qui s’appelait Souria Houria (Syrie Liberté). Dans la pratique de la censure et le mépris de la liberté d’expression, nous avions affaire là à une cohérence indéniable. Ces gens qui critiquaient le régime massacreur, désinformateur, qui agonisaient le Réseau Voltaire d’injures, d’amalgames et d’accusations sans fondement, qui appelaient naïvement au devoir d’ingérence humanitaire, pour parvenir à leurs fins n’hésitaient pas à trier les questions du public de leurs conférences, et refusaient de débattre avec des gens ayant un autre point de vue que le leur (tout en laissant passer des réactions hystériques du genre de celle de la femme que j’ai rapportée plus haut). Et quand ils se trouvaient dans l’obligation de répondre, ils se mettaient immédiatement en colère, faisaient des comparaisons avec le négationnisme, coupaient la parole, ou se mettaient à entonner des chants en troupeau.

    Je me souviens qu’à un moment de la conférence de Paolo dall’Oglio, ils se sentirent d’entamer la même chanson avec laquelle ils avaient fêté ma fuite. Cependant ils n’étaient plus entre eux et l’initiative était déplacée. Peu suivis (et compris) par les 300 assistants, ils se turent après quelques syllabes.

    Il faut s’arrêter un peu sur cette association Souria Houria, qui soutient aveuglément, avec un argumentaire minimal, et des pratiques douteuses, la version officielle relayée par les grands médias commerciaux. Cette association est depuis sa création en mai 2011 de toutes les actions et manifestations organisées en France appelant à la chute du régime. Lors d’une journée de soutien place de la Bourse, on entendit l’un de ses membres à la tribune se vanter qu’à présent ils brassaient des millions. Elle était au centre du « Train pour la liberté du peuple syrien », le 12 décembre dernier, qui emmenait des citoyens et des parlementaires français de Paris à la rencontre de parlementaires européens à Strasbourg. Elle était au cœur du débat truqué organisé à l’Institut du Monde Arabe (IMA) le 24 février dernier au cours duquel un des membres de Souria Houria siffla violemment une personne qui prenait la parole pour contester la version officielle. Enfin, c’est cette association qui est motrice de la « Vague blanche pour la Syrie » , « manifestation internationale (lancée) le vendredi 15 mars à l’occasion des deux ans de la « révolution syrienne », que relaieront massivement les organes habituels de la propagande de guerre de l’OTAN : TV5 monde, Bfmtv, France 24, LCP, en partenariat avec Le Nouvel Observateur, Libération, Mediapart, Rue89, Radio France.

    L’association Souria Houria a été fondée en mai 2011 par Hala Kodmani, journaliste franco-syrienne qui travaille en France depuis 30 ans et elle en en a jusqu’à récemment assuré la présidence. Hala Kodmani a été rédactrice en chef de France 24 d’octobre 2006 à septembre 2008, et chargée de la rubrique Syrie au journal Libération pendant une grande partie de la crise qui secoue ce pays depuis 2 ans. Mais la place centrale qu’elle occupe dans la contestation syrienne en France s’explique surtout par l’influence de sa sœur Bassma Kodmani, qui a participé à la fondation du Conseil National Syrien lancé en octobre 2011 à Istanbul. Bassma Kodmani est considérée comme la principale représentante des intérêts des USA dans cet organisme. Il est savoureux (outre les conflits d’intérêt évidents), de remarquer que dans le même temps où l’opposition dénonce que « Bachar n’a pas le droit d’être président de la Syrie car il a hérité le pouvoir de son père ! », les sœurs Kodmani (qui ne représentent strictement rien pour le peuple syrien), font ce qu’elles dénoncent en parole en se distribuant familialement les rôles au sein de la « rébellion » en France.

    Les Syriens avec qui je discutais, place Gambetta ce 25 septembre, défendaient une position aux antipodes de celle de Souria Houria et du gouvernement et des médias français.

    La discussion roula évidemment sur la situation en Syrie et sur notre curieux conférencier en soutane. Cet homme ne représente rien, m’affirma-t-on. Il ne représente en aucun cas les chrétiens de Syrie, qui soutiennent majoritairement (à l’instar du reste du peuple syrien) le gouvernement d’el-Assad, et pour cause, avec les alaouites, les chrétiens dès le début du conflit étaient une cible privilégiée des mercenaires islamistes.

    Ils me rapportèrent diverses exactions commises par les mercenaires, exactions toutes plus horribles les unes que les autres et qui montraient, au moins, que la présentation de la crise syrienne par le père Paolo Dall’Oglio était une caricature illégitime et dépourvue de toute nuance. Au vu du caractère édifiant de ces témoignages, on comprenait aisément pourquoi on n’en entendait jamais parler dans les grands médias commerciaux. Ils étaient si forts et si nombreux que les relayer même en passant porterait un coup fatal à la propagande otanienne.

    En rentrant chez moi je décidai de m’intéresser plus en détails à l’histoire de ce curieux prêtre, et j’entamai une recherche internet.

    Il est peu question du père Paolo dall’Oglio avant son départ de la Syrie en juin 2012, pour non-renouvellement de visa. On relève un article dans Pèlerin du 10 août 2011 favorablement intitulé : « En Syrie la parole se libère ». Les troubles agitent le pays depuis la fin du mois de mars. Il vient de publier avec une dizaine de Syriens laïcs et religieux une contribution intitulée « Démocratie consensuelle pour l’unité nationale », dans laquelle il appelle à la mise en place « d’un système pour amener la Syrie vers une démocratie parlementaire. Car la démocratie est la seule voie possible pour mettre un terme à ce bain de sang et faire respecter les droits de l’homme, qui sont universels : tous, que nous soyons d’Orient ou d’Occident, nous nous retrouvons dans cette idée humaniste. » L’homme n’appelle pas encore à « armer l’opposition », mais comme des membres de son groupe appellent ouvertement à « la chute du régime », il est rabroué par les autorités et les différentes Eglises chrétiennes qui désapprouvent son initiative. Le 8 janvier 2012, Rue 89 publie un article de Nadia Braendel intitulé « Mar Moussa, un monastère pris dans la révolution » . Le père Paolo y est présenté comme une « icône de la contestation ». On apprend que le père Paolo a pu rester en Syrie, malgré une décision d’expulsion envoyée à l’évêque de Homs. Il s’est engagé à ne plus prendre de position politique. Mme Braendel rapporte pourtant les propos ambigus suivants : « Il faudra peut-être une force d’interposition pacifique arabe et occidentale, car aujourd’hui il y a 100000 Syriens prêts à tuer, et 100000 qui se vengeront. Les deux camps sont bloqués ». Le 21 mai 2012 le site RMC.fr fait paraître un article complaisant de Nicolas Ledain intitulé : « Syrie : des religieux chrétiens font de la résistance ». Le journaliste relate les problèmes rencontrés par les religieux de Mar Moussa, victimes de menaces et de pillages de la part de bandes armées non identifiées, et clôt son article en faisant un rapprochement avec la situation des moines de Tibhérine en 1996.

    On ne peut pas dire jusque là que le père Paolo occupe une place de choix dans la couverture des événements en Syrie. C’est son expulsion du territoire syrien le mois suivant qui va donner le coup d’envoi d’une impressionnante campagne médiatique dans plusieurs pays. Cette expulsion est relatée dans Le Point du 16 juin. Très amer, le père Paolo déclare : « C’est mon cadavre qui a quitté la Syrie ».

    Tel Paul en son temps, le père Paolo prend son bâton de missionnaire et, financé on ne sait comment, entame une série de voyages en zone OTAN (Europe et Amérique du Nord), au cours desquels il va dispenser largement la bonne parole appelant à la chute du « régime » en Syrie, en armant au besoin l’opposition. Il effectue une longue tournée qui va le mener aux Etats-Unis, au Canada, en Italie, en France et en Belgique. A chacun de ces passages, le témoignage du père Paolo fait l’objet d’une couverture médiatique massive et unanimement louangeuse.

    Je m’intéresse essentiellement dans cette étude à son passage en France, en septembre dernier.

    Le coup d’envoi de cette campagne est lancé par notre ministre des Affaires étrangères en personne. Invité au Quai d’Orsay par Laurent Fabius, notre religieux a l’honneur et le privilège de pouvoir tenir un point presse de 20 minutes en sa compagnie. Il le présente comme « une personne réputée » et « bien informée », et après ces propulsions louangeuses lui donne la parole. Le père Paolo savait-il alors qu’il se tenait à côté d’un homme qui avait indument expulsé l’ambassadrice syrienne après les massacres de Houla, qui ont été corrompus par un médiamensonge ? Savait-il qu’il se trouvait, lui, le prétendu « homme de paix », à côté de celui qui avait appelé un mois plus tôt, de façon indirecte, au meurtre du président syrien , et qui allait apporter son soutien résolu, le 12 novembre, à la fantoche Coalition nationale syrienne (CNS) intronisée à Doha , capitale d’une des dictatures les plus inégalitaires du monde, le Qatar ? Ce coup de projecteur bienvenu lance la campagne médiatique. Le lendemain, 12 septembre 2012, il est interviouvé sur France inter, et sur RTL par Yves Calvi, et des articles lui sont consacrés dans La Croix et Le Parisien. Le 24 septembre, deux blogs du journal Le Monde et de Médiapart annoncent la tenue de la conférence dans la salle des Fêtes de la mairie du XXème arrondissement de Paris. Le 25 septembre, le Courrier International publie un long entretien (l’entretien n’est plus accessible que sur le site ConspiracyWatch). Le 26 septembre, le quotidien gratuit 20 Minutes lui consacre un article, et il est longuement interviouvé sur la chaîne France 24. Le 27 septembre l’Express lui consacre un article dans lequel il est présenté comme « la conscience de la révolution ». Le 28 septembre, c’est Pélerin qui relaie ses positions appelant à armer l’opposition. Le 30 septembre il est longuement interviouvé par RFI .

    On voit que cette couverture médiatique se concentre autour de deux pics : le point presse tenu en commun avec Laurent Fabius au Quai d’Orsay au début du mois de septembre, et son second passage en France après une tournée en Belgique qui a culminé le 18 septembre avec la rencontre au parlement de deux vice-présidents de cette institution : Gianni Pitella et Isabelle Durant. C’est à cette occasion, le 29 septembre, qu’il est invité par l’association Souria Houria, à tenir une conférence dans la salle des Fêtes de la mairie du XXème arrondissement de Paris.

    Comme les médias ont l’habitude d’accorder une couverture massive sur plusieurs jours à certains événements, et qu’une fois le matraquage opéré, ils passent à autre chose pour ensuite n’en plus jamais parler, la plupart des gens qui suivent l’actualité dans les grands médias ont sans doute oublié cette fenêtre exceptionnelle dont a bénéficié le père Paolo. Quand on fait toutefois le bilan de cette couverture, force est de constater qu’aux alentours de ces deux dates, il était difficile d’échapper au personnage si on ouvrait un journal, allumait une station de radio, ou de télévision.

    Il faut ajouter qu’il a été extrêmement bien traité par ces médias. Pas une fausse note (comme dans le débat à l’Institut du Monde arabe du 24 février dernier) dans le concert de louanges et la diabolisation de Bachar el-Assad. Et si certains montrent tout de même un peu de retenue, la plupart prennent tout ce qu’il dit pour argent comptant et lui sont totalement acquis.

    Alors que je suis en train de finaliser cette étude, je découvre que le père Paolo nous honore d’un troisième séjour, tout aussi engagé que les précédents, et tout aussi massivement couvert par les grands médias. Ses aventures seraient incomplètes si j’omettais ce nouvel épisode qui conforte ma démonstration.

    Les affaires n’ont jamais si bien marché pour le père Paolo dall’Oglio. Depuis septembre 2012, il a eu le temps de roder et d’affuter son discours, mais surtout d’écrire un livre de témoignage sur sa perception des événements de Syrie. Ce livre, intitulé La Rage et la Lumière, coécrit avec Eglantine Gabaix-Halié et édité aux éditions de l’Atelier , est évidemment salué en ce moment par l’ensemble des grands médias qui de nouveau se bousculent pour l’entendre cracher son venin et faire la promotion du chef d’œuvre.

    Le 1er mai il est interviouvé sur France info ; le 2 mai, en compagnie de Hala Kodmani sur France Culture ; le 3 mai, par Armelle Charrier sur France 24 ; le 5 mai, sur France Inter, en compagnie de Jean-Pierre Filiu et Fabrice Weissman (deux des intervenants du débat truqué à l’IMA du 24 février) ; le 7 mai, dans La Vie par Henrik Lindell. Le 8 mai, le site Souria Houria publie le programme du père Paolo dall’Oglio lors de ce nouveau séjour en France. On y apprend que l’homme amorce une tournée à travers la France : le 16 mai conférence-débat au centre Sèvres à Paris ; le 21 mai, conférence-débat à Lyon organisée avec l’Hospitalité Saint-Antoine ; le 22 mai conférence-débat à Nîmes avec la librairie Siloë ; le 27 mai, conférence-débat organisée par Souria Houria à Paris ; le 28 mai à Strasbourg, rencontre à la librairie Kleber. Le 9 mai, Pèlerin fait paraître les bonnes feuilles de son livre témoignage, accompagné d’un portrait idéalisé.

    Vraiment, l’histoire du père Paolo est une véritable success story ; alors que, comme nous le verrons plus loin, toutes les autorités chrétiennes de Syrie qui contestent la version officielle sont totalement passées sous silence ou gravement diffamés, lui à chacun de ses passages est accueilli par les grands médias français (renommés comme chacun sait pour leur intégrité et leur indépendance), comme le messie, et traité comme tel. On s’arrache le père Paolo, au point qu’on se demande s’il lui reste du temps pour faire ses prières.

    Ce troisième passage en France confirme de façon éclatante l’impression laissée par ses deux premiers séjours en septembre 2012.

    Au-delà de la couverture médiatique exceptionnelle dont a bénéficié à chacun de ses passages, est du plus haut intérêt la teneur des discours du père Paolo Dall’Oglio. Si l’homme est souvent vague et dur à suivre, si l’on y prête attention on s’aperçoit que son discours s’articule autour d’un nombre de positions constant, qu’il défend à chaque fois de la même façon. Pour être plus précis, son discours colle toujours remarquablement à la version officielle des médias occidentaux de la zone OTAN.

    Presqu’à chacune de ses interventions, le père Paolo utilise ce que Viktor Dedaj appelle dans un article du Grandsoir.info du 10 juillet 2012 des « tazzers idéologiques » . Un tazzer idéologique est un argument dont la fonction est de rendre tout débat impossible en plaçant son contradicteur devant des accusations d’une telle gravité qu’elles peuvent le foudroyer psychiquement et le rendre impotent dans le débat subséquent. En l’occurrence le père Paolo n’hésite jamais à brandir le tazzer idéologique suprême à savoir l’accusation de négationnisme et la comparaison avec la version officielle du génocide des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale : ceux qui remettent en cause la version officielle des sanglants événements de Syrie (c’est « Bachar » et ses miliciens qui assassinent en masse leur propre peuple en n’hésitant pas à recourir aux moyens les plus sales et les plus répréhensibles), sont les mêmes que ceux qui remettant en cause la version officielle de cet événement. L’Express rapporte ainsi : « Il évoque pêle-mêle le Réseau Voltaire et les responsables ecclésiastiques chrétiens ou musulmans qui, selon lui, donnent la parole religieuse au mensonge d’Etat, nient la révolution et la réduisent à un fait de sécurité liée au terrorisme. C’est un négationnisme incroyable, ajoute-t-il, qui est le fait d’identitaires à l’extrême-droite et d’anti-impérialistes à gauche. Ceux qui ont nié la Shoah nient la révolution syrienne ! » On retrouve la même position dans l’entretien publié par le Courrier International : « Dans le fond, il n’est pas étonnant que les derniers alliés objectifs du régime syrien soient ceux qui ont toujours nié le génocide du peuple juif et, aujourd’hui, nient la révolution du peuple syrien. » et dans La Libre Belgique : « Je voudrais savoir aussi pourquoi les tenants en Europe du négationnisme de la Shoah, parmi les traditionalistes catholiques extrêmes, anti-impérialistes et antiaméricains, alliés aux anticapitalistes et staliniens, sont aujourd’hui du côté du négationnisme syrien et sont sensibles à la sirène Agnès » (soeur Agnès-Mariam de la Croix, je parlerai de cette religieuse plus loin). Je me souviens très bien par ailleurs que le père Paolo avait fait cette comparaison lors de la conférence du 24 février à la mairie du XXème, et qu’un membre clé de cette association, quand j’avais prétendu débattre avec eux à la Fête de l’Humanité, avait usé de ce même tazzer.

    Le père Paolo semble également profiter du fait que dans nos sociétés du spectacle d’Europe et d’Amérique du Nord, existe un second tazzer idéologique qui peut s’avérer très efficace, quoiqu’à force de mensonges il tende à s’émousser. Sa propagation dans les médias et, par ricochet, dans les conversations quotidiennes remonte à peu près aux attentats du 11 septembre 2001, il s’agit du concept de théorie du complot. Comme la comparaison avec les révisionnistes de Nuremberg, c’est une accusation que l’on profère généralement dans le but de couper court à toute conversation, de l’empêcher souvent ne serait-ce que de commencer. Pour étayer sa comparaison avec les révisionnistes de Nuremberg, le père Paolo énonce fréquemment que ceux qui doutent de la version médiatique des événements de Syrie errent perdus dans un labyrinthe de mensonges et de complots : « Nous faisons face à un mensonge, selon lequel il n’y a pas de révolution, mais la Syrie qui se défend contre un complot saoudien, sioniste ou occidental, et lutte contre le terrorisme islamique. » « (Dans les médias du pouvoir syrien) les théories du complot les plus diverses circulent. On parle d’une grande entente entre les États-Unis, Israël, al-Qaïda, les salafistes, les Frères Musulmans et la Ligue arabe, dans le but d’abattre le dernier État arabe qui n’a pas encore capitulé face au projet sioniste et n’a pas renoncé à combattre l’impérialisme... Il est évident qu’à ce niveau-là, il est difficile de discuter.»

    Les prises de position de ce genre abondent, pour ce point je me borne à ces deux citations.

    L’extrait de L’Express cité plus haut en donne déjà une idée : Thierry Meyssan est une cible de choix du père Paolo Dall’Oglio. S’il n’en parle pas à chaque intervention, Thierry Meyssan et le Réseau Voltaire sont en effet l’une des rares personnes et l’un des rares médias indépendants que le prêtre nomme, condamne et insulte, pour exhiber à son auditoire l’archétype de la position répugnante et condamnable, incarnation du dévoiement journalistique. Voici ce qu’il dit dans Le Figaro : « Cette thèse est relayée en Europe par des gens comme Thierry Meyssan et son Réseau Voltaire, cette usine à mensonges payée par je ne sais trop qui (ndlr, on peut lui retourner la question)… C’est un négationniste qui vit dans un monde virtuel. » ou dans La Libre Belgique : « Comprendre le mécanisme négationniste contre cette révolution me paraît très important. Le Réseau Voltaire est équivoque et d’une paranoïa totale. Ils sont dans la chambre du pouvoir. Ils font partie de la structure idéologique et de la cellule de crise du régime. Il faut lire les interviews de Thierry Meyssan (ndlr : le fondateur du Réseau Voltaire) dans les journaux syriens. J’espère que la fin du régime sera aussi sa fin à lui - pas sa fin physique - mais sa fin en tant que colporteur du mensonge d’Etat et du négationnisme. » On appréciera la lourdeur de la nuance. Lors de la conférence du 29 septembre, il s’était de même livré à une diatribe contre le Réseau Voltaire.

    Il est important de préciser, comme pour ce genre de comparaisons, que Paolo dall’Oglio n’étaie jamais ses anathèmes du moindre fait, ni du moindre argument. Il invective, incite à la haine, envoie en enfer, puis passe à autre chose, sautant parfois du coq à l’âne. En termes d’efficacité médiatique, l’efficacité du procédé n’est plus à démontrer. Depuis plus de 10 ans le Réseau Voltaire est l’association la plus diffamée de France. Un long travail de sape a été accompli avec zèle par les grands médias commerciaux pour le diaboliser. La plupart des Français qui ne prennent pas encore assez le temps de vérifier la fiabilité des informations délivrées par ces médias, ont une très mauvaise image (et absolument infondée, est-il besoin de le préciser) de Thierry Meyssan et du Réseau Voltaire, qui sont devenus à l’instar des révisionnistes de Nuremberg, des repoussoirs ultimes auxquels la plupart des gens craignent comme le sida d’être mêlés.

    Dans L’Evangile selon Luc (6/41-42) on peut lire « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ? 42 Ou comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton oeil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l’oeil de ton frère. » Le père Paolo enfreint constamment ce précepte néotestamentaire ; à sa décharge c’est peut-être un arbre plutôt qu’une poutre qui lui encombre la vue. Ou alors il y voit parfaitement clair, et est au christianisme ce que les socialistes français sont aux valeurs de gauche.

    Son troisième séjour en France me contraint d’actualiser mon analyse. Les quelques mois qu’il a passé hors de France n’ont visiblement pas fait de bien au père Paolo dall’Oglio, qui atteint désormais des sommets dans les délires haineux et négationnistes.
    Avec le temps le discours du père Paolo s’est radicalisé, comme si, constatant les boulevards qui lui sont ouverts par tous les médias officiels de la zone OTAN, l’impunité totale dont il bénéficie dans l’étalage de ses mensonges, de ses calomnies, et de ses incitations à la haine, il pouvait à présent tout se permettre. Peut-être aussi l’homme est-il furieux de constater que la situation sur place ne se décante guère, que ce régime qu’il déteste continue de tenir, ce qui retarde d’autant son retour à Mar Moussa.

    Poursuivant sa folle fuite en avant, le père Paolo va à présent très, très loin dans ses prises de positions. Les mercenaires islamistes liés à al Qaida ? « Dans mes échanges avec eux, j’ai reconnu des hommes et des femmes qui ont une passion religieuse, un sentiment religieux que je partage. Ce sont des gens enragés mais épris de justice. Ils se sentent collectivement persécutés, attaqués et niés. Du coup, ils sont dans une psychologie d’hyper réactivité victimaire qui les amène à commettre des crimes. » La timidité des prises de position de l’Eglise catholique de Syrie ? « J’ajouterai qu’il y a de la corruption politique, sexuelle, qui se cache derrière la soumission au pouvoir. Cela fait partie d’un système de cooptation par soumission à un système autoritaire. » Les chrétiens qui ne partagent pas son point de vue ? Ce sont des « islamophobes chrétiens ». Peut-on dialoguer avec Bachar el-Assad ? « Auriez-vous accepté de dialoguer avec Hitler en 1944 ? » Qu’en est-il du terrorisme en Syrie ? « Je propose de se passer du mot " terrorisme ". Il faut utiliser " révolutionnaire . » Le possible usage des armes chimiques par el-Assad ? « Comment ne pas y croire ? Si quelqu’un peut envoyer des missiles balistiques qui enlèvent un hectare de ville, si quelqu’un peut envoyer des bombes sur la population syrienne sans état d’âme, pourquoi aurait-il un problème pour utiliser des armes chimiques ? » Il ose dire ça, alors qu’il est à présent avéré que des combattants du Front al-Nosra ont utilisé des armes chimiques contre des civils syriens dans un village de la banlieue d’Alep.

    Comme je le suggérais en introduisant ces leitmotivs de ses discours et réparties, il est manifeste que le père Paolo n’y exprime pas une opinion personnelle, mais qu’à l’évidence, il relaie de manière systématique des éléments de langage copiés collés des argumentaires des médias de la zone OTAN. Il ne s’en écarte jamais, et je pourrais entrer beaucoup plus dans le détail. L’indice le plus significatif de cette coïncidence me semble cette finesse avec laquelle notre prélat, qui ne s’occupe que d’affaires syriennes depuis 30 ans, relaie l’argumentaire pointant l’association entre extrême droite et extrême gauche dans la dénonciation dans la version officielle martelée en zone OTAN, qui est une construction des médias commerciaux français pour discréditer tout point de vue un peu différent (ce fameux mythe des rouges-bruns, popularisé par des « journalistes » comme Ornella Guyet, et des « intellectuels » comme Bernard-Henry Levi). C’est typiquement le genre d’argument qui ne peut que lui avoir été soufflé, et qu’il relaie sans vérifier, inconsciemment ou sur commande.

    Il est remarquable que les journalistes qui réalisaient ces interviews de complaisance, ou rédigeaient des articles à sa gloire, prenaient souvent soin de souligner que le point de vue du père Paolo était très minoritaire, que les chrétiens de Syrie, majoritairement, ne souhaitaient pas le renversement du régime qu’ils considéraient comme un rempart contre les mercenaires extrémistes venus de l’étranger.

    On pouvait se demander alors : si l’opinion du père Paolo était à ce point minoritaire, pourquoi bénéficiait-t-il d’une couverture médiatique aussi massive et « diversifiée », et ce alors qu’aucun autre témoignage de religieux connaissant bien la Syrie, y vivant, ou y ayant vécu, n’était jamais rapporté.

    Trois explications possibles à ce focus extraordinaire des médias sur ce personnage.
    1. Le père Paolo est l’un des seuls chrétiens lucides de Syrie. Tous les autres, comme il le soutient, sont intoxiqués par la propagande du « régime ». Les médias ont raison de relayer massivement et exclusivement ce témoignage
    2. Le père Paolo est l’un des chrétiens les moins lucides de Syrie. Il ne comprend rien à ce qui se passe sur place, mais a choisi cette position tranchée en raison de l’immense amertume qu’il ressent d’avoir du quitter un lieu sacré qu’il a contribué à redresser, et dans lequel il a vécu pendant 30 ans.
    3. Le père Paolo dall’Oglio est tout à fait lucide ; quand il lance ses déclarations fracassantes et diffamatoires, il sait qu’il ment, il sait que ses incitations à la haine sont infondées et qu’en les proférant il trahit le Christ, il sait que son analyse de la situation est fausse et orientée, mais pour des raisons qui restent à éclaircir (et sans doute pas très catholiques), c’est la voie du mensonge et de la haine pour laquelle il a opté.
    François Belliot http://www.voxnr.com