Pauvres bons gros média ! Plus le temps passe, et plus ils sont envahis d'intellos poudrés, façonnés dans les centres de formation pour élites à longues oreilles d'ânes bâtés. On les repère de plus en plus facilement, à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, avec leurs trois cents mots stéréotypés. Régulièrement, au signal d'un mystérieux maître des cérémonies, ils découvrent une nouvelle formule - « j'dirais... Tout à fait... » -, un nouveau terme - « voilà... voilà... Ben voilà » -, sur lesquels ils se précipitent goulûment. Qu'ils mâchouillent, triturent, disséminent dans leurs interventions publiques ou leurs longs pensums. Ils ont la même voix, disent les mêmes phrases, se refilent les mêmes tics de langage, répètent les mêmes mots d'ordre. Les journalistes ! Vous en avez entendu un vous les avez tous entendus. Plus insupportable encore que l'uniformité de leur vocabulaire est la cadence qu'ils lui impriment. Ils parlent le français avec un accent tonique qu'ils ont emprunté à l'anglo-sabir qu'ils fréquentent sur Internet depuis dix ans. De plus en plus s'incruste dans les média français une sorte de patois phonétique, sans grammaire ni orthographe, - ouikenne, r'cherch' - , à l'image des langages primitifs, mi-borborygme, mi-gargouillement, qui se multiplient dans ce qu'il est convenu d'appeler « les quartiers défavorisés » parce qu'en effet ils n'ont pas mérité d'être ainsi traités.
C'est pousser le bouchon un peu loin, direz-vous ? Mais que se passe-t-il depuis quelques semaines quand tout ce qui parle et gesticule sur la place publique reprend à n'en plus finir une antienne affligeante où il n'est question que de « Printemps arabe », de "jasmin", de "démocratie", de féroces "dictateurs" mis en fuite par des révolutions à poings nus. Celui-là a pris l'avion avec 1,5 tonne d'or dans ses poches, cet autre serait la première fortune mondiale. On a vu un journaliste du Service Public nommé Omar Ouamane s'installer sur la place Tahrir du Caire et diffuser en direct les communiqués des manifestants dans un déferlement manichéen à abasourdir un général nord-coréen. Un nommé Richard Platz, lui aussi du Service Public, désormais courroie de transmission d'un Islam - « modéré, attention » - dont il entend où que ce soit favoriser l'expansion, a établi son quartier général à Benghazi d'où il lance toutes les heures des appels au meurtre de Kadhafi d'une mièvrerie sidérante. Depuis des semaines France-Culture réduit la plupart de ses bulletins d'information à la recension des "insurgés" et des "révolutionnaires" du Maghreb et du Machrek. Ah, encore un mot que les analphabètes ont découvert et dont ils soupoudrent leurs correspondances avec une visible délectation. Il reste encore à leur apprendre, à ces bavards incultes, que la plupart des pays dont ils se font les enthousiastes hérauts ne sont pas arabes, ne sont pas peuplés d'Arabes, mais sont, en revanche, des lieux de colonisation linguistique, culturelle, religieuse des Arabes et de l'Islam. Louable colonisation que celle-là ! Combien savent d'ailleurs que la plupart des savants, écrivains, poètes, philosophes, médecins, ingénieurs qui ont fait l'extraordinaire splendeur de la civilisation orientale du Moyen Age, culminant dans l'Al-Andalous, loin d'être Arabes étaient imprégnés de culture grecque, byzantine, perse. Or ce tintamarre accompagne une profonde incohérence intellectuelle. Ayant salué ces "révolutions" poussant dehors les méchants dictateurs, indifférents au fait que jamais dans leur Histoire ces pays n'avaient su s'accommoder d'autres régimes que fortement hiérarchisés, ils font mine de croire que ces bouleversements feraient le bonheur de l'humanité toute entière. Et de promouvoir en boucle les diatribes de beaux parleurs modelés par les universités occidentales, subornés par les officines des Droits de l'Homme que le système installe à travers le monde, qui tentent de faire accroire qu'ainsi s'ouvre une ère de paix et de sérénité universelles. Incitant vigoureusement les autres peuples de même configuration à en prendre de la graine.
Or il n'en est rien. La Libye, ce n'est que 2 millions de barils de pétrole chaque jour sur 82 millions. Et cependant cela aura suffi pour faire exploser le prix du carburant. Aussitôt les mêmes se sont répandus en jérémiades parce que les étiquettes alimentaires flambent. Eh bien oui, pour faire du blé, de la viande, des tomates, des pommes, il faut du gazole, des engrais, des pesticides, de l'irrigation, du transport, du plastique, de la réfrigération, du chauffage etc., il faut de plus en plus d'énergie. Il faut plus de pétrole dans un monde où il y a sans cesse plus de bouches à nourrir.
Ecoutez-les alors, ces imbéciles de média qui réclament des « révolutions jasmin », antichambres de l'anarchie, partout. En Arabie Séoudite, en Iran, en Algérie, dans le Golfe. Et un baril à 10$...
René BLANC. Rivarol du 11 mars 2011
géopolitique - Page 860
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Ils tapent sur les dictateurs du pétrole et pleurent sur le prix du pain !
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La France au Mali : pour quels bénéfices ?
Depuis le 13 janvier 2013, le gouvernement Hollande-Ayrault a envoyé l'armée française intervenir au Mali. La classe politicienne française a soutenu unanimement cette intervention même si des dissensions se font jour du côté de l'UMP, pour des motifs qui sentent avant tout la tactique politicienne d'un parti situé dans l'opposition parlementaire.
L'INTÉRÊT NATIONAL EST-IL EN JEU ?
Lorsque le gouvernement de leur République, comme tout gouvernement d'ailleurs, prend une décision, la première question que l'on doit se poser pour en juger de la pertinence est de savoir si elle est conforme à l'intérêt national.
Dans cette affaire, quel est donc l'intérêt de la France ? L'argument avancé est celui de la lutte contre le terrorisme islamique qui installe progressivement dans le nord de l’État malien, à savoir l'Azawad, une sorte d'émirat islamique et qui, progressivement, menace d'occuper et d'envahir le sud de cet État post-colonial, largement artificiel. Il est vrai qu'à la suite de la révolte touareg de mars 2012, les groupes islamistes qui avaient aidé les nationalistes touareg à lancer leur révolte ont supplanté ces derniers et ont entrepris de constituer dans les régions conquises une sorte d'émirat, faisant subir aux populations locales un islam d'une rigueur extrême qui est bien loin de leurs traditions. Les média n'ont pas cessé de parler des destructions de monuments jugés impies par ces islamistes et des punitions corporelles, infligées aux personnes considérées comme délinquantes au regard de la loi islamique, la charia.
Cela suffit-il à justifier une intervention extra-africaine, même si le gouvernement malien de Bamako - gouvernement de fortune bien fragile mis en place sous la pression étrangère après une révolte militaire -, a demandé de l'aide lorsqu'une colonne de guerriers islamistes s'est lancée de manière téméraire à l'assaut du sud-Mali en s'emparant de la ville de Kona ?
La réponse est à ce stade évidemment négative d'autant plus que, depuis la présidence Chirac, la France s'est quasi entièrement désengagée - en abandonnant les bases qu'elle entretenait jusqu'alors - de l'Afrique sahélienne dont elle a été de 1890 à 1960 la puissance tutélaire.
UNE AFFAIRE DÉPASSANT LE SEUL MALI
La réponse peut toutefois devenir positive si l'on prend en considération le fait que cet émirat islamique en construction au nord-Mali constitue un élément d'un problème beaucoup plus vaste, à savoir le risque de l'installation dans toute la zone sahélienne d'un puissant foyer islamiste, susceptible de créer de l'instabilité dans toute l'Afrique, et par delà celle-ci en Europe, menaçant par la même occasion les intérêts économiques que les États européens peuvent avoir en Afrique, notamment les ressources minières.
Dans ce cas, il s'agit d'un problème qui concerne l'ensemble de la planète, car le Sahel n'est pas le seul foyer d'agitation islamiste dans le monde et il faut le traiter en totalité. Après le retrait de la France, les États-Unis avaient pris conscience de l'enjeu et avaient entrepris de former et de mettre en place des forces capables de lutter contre le danger terroriste potentiel de la région. La Pan Sahel Initiative qui concernait la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad fut lancée en 2004 et devint en 2006 la Trans-Saharan Counter Terrorism Initiative par l'ajout de l'Algérie, du Burkina Faso, de la Libye, du Maroc, de la Tunisie, du Nigeria et du Sénégal, l'ensemble étant traité depuis Stuttgart, en Allemagne avec l'état-major de l’AFRICOM (United States Africa Command). Ce faisant, au Mali, ils donnèrent avec des éléments du 10e Spécial Forces Group une formation militaire à ces soldats-nés que sont les Touaregs, ne voyant pas que ceux-ci, depuis 1960, sont les ennemis jurés du pouvoir noir de Bamako. Profitant du renversement du président malien Toumani Touré par le capitaine Sanogo le 22 mars 2012, ils furent à l'origine de l'actuelle sécession du nord-Mali.
Or aujourd'hui, la France se retrouve seule à traiter un problème qui concerne beaucoup d’États. Tout se passe comme si l'armée française qui, en dépit de son affaiblissement dû à l'incurie des gouvernements français successifs, est actuellement la seule armée capable de traiter cette affaire ; et il est vrai que nos soldats font preuve des plus hautes qualités qui ont fait la gloire de l'armée française. Ce faisant, ils paient par la même occasion ce qui apparaît comme un échec des États-Unis, dans la mesure où le terrorisme islamique n'a pas été jugulé mais au contraire s'étend, puisque, outre le Mali, sévit dans le nord-Nigéria la secte haoussa Boko Haram qui massacre nombre de chrétiens qui y sont installés.
LES INCOHÉRENCES FRANÇAISES
Le gouvernement Hollande a donc agi dans la précipitation et engagé imprudemment les forces françaises. Si, à la différence de l'Afghanistan où la France s'est battue pour des intérêts qui n'étaient pas les siens, elle a intérêt à éteindre l'incendie islamiste, elle ne doit pas être la seule à en supporter le prix, dont le plus précieux est celui de la vie de nos soldats.
Mais il y a plus grave : outre la précipitation et l'imprudence, c'est de l'inconséquence de la politique française, tant extérieure qu'intérieure, qu'il faut parler.
En effet, si le déclenchement de la révolte touareg a profité du coup d’État du capitaine Sanogo, celle-ci n'aurait pas pu prendre cette importance si l'ancien président Sarkozy n'avait pas stupidement écouté un Bernard-Henri Lévy et attaqué la Libye du colonel Kadhafi dont il avait été peu de temps auparavant un excellent ami. C'est un fait connu que la destruction du régime de Mouammar Kadhafi, suivie de sa scandaleuse exécution, a permis à des groupes divers de s'emparer de son arsenal militaire, d'ailleurs complaisamment livré par les Occidentaux, dont la France.
Ensuite, il est très vite apparu que l'insurrection touareg de mars 2012 était récupérée par le mouvement islamiste Ansar el Dine, les nationalistes touareg étant marginalisés. Dès lors, le danger islamiste, aujourd'hui clairement dénoncé par les média, était patent. C'est alors qu'il fallait intervenir promptement, dans la mesure où il est plus facile d'abattre un adversaire avant qu'il ne s'organise et ne renforce ses positions. Il n'y avait alors pas plus de 500 combattants. Or, ni Sarkozy ni Hollande n'ont bougé, le premier jusqu'en mai 2012 et le second jusqu'à ce début 2013. Certes, dans les premiers mois de 2012, chacun comprendra que les intérêts électoraux personnels et partisans passaient avant toute considération relative à l'intérêt national. D'ailleurs, y avait-il - y a-t-il - beaucoup de politiciens et autres technocrates qui avaient compris la nature du problème ? Sarkozy botta en touche arguant du principe de l'intangibilité des frontières. Ensuite, Hollande a plus été préoccupé par ses querelles domestiques, par la mise en place de son pouvoir et du mariage sodomite que des questions sahéliennes, entre autres. Il refusa d'aider les nationalistes touaregs du MNLA écrasés par les islamistes, annonçant plusieurs fois que la France n'interviendrait pas au Mali.
Les mois ont ainsi passé, tandis que l'émirat islamiste se consolidait au nord du fleuve Niger. Il a fallu qu'une colonne islamiste s'emparât de la ville de Kona et laissât apparaître un risque de la voir s'emparer à terme de Bamako pour que se produisît l'intervention militaire dont nous traitons présentement. Ne faisons pas ici l'injure à l'actuel locataire de l’Élysée d'avoir décidé cette intervention pour des raisons de politique intérieure.
UNE INTERVENTION TARDIVE ET PRÉCIPITÉE
Voilà donc l'armée française à pied d'œuvre au Mali. Pour quels objectifs ? Pour quels résultats espérés ? L'objectif premier a consisté à arrêter la progression des forces islamistes vers le sud du Mali, avant d'aider l'armée malienne et éventuellement les forces coalisées de la CDAO (Communauté des États d'Afrique de l'Ouest, tenant à la fois de l'Union économique et de l'Otan) à "libérer" le nord Mali, autrement dit, à replacer les Touaregs sous l'autorité des Noirs.
Sans préjuger de l'avenir, admettons que ces objectifs soient atteints. Pour autant, les forces islamistes combattues ne seront pas vaincues, détruites : elles vont simplement se replier, à travers les étendues désertiques et montagneuses du Sahara, allant, qui vers la Mauritanie, qui vers le Niger, qui vers le Tchad et le Darfour (au Soudan), qui rejoindre le groupe Boko Haram au Nigeria. Et encore : rien ne permet d'affirmer qu'il n'en restera pas des unités installées dans les zones montagneuses en toute impunité si celles-ci ne sont pas "nettoyées" à un prix humain qui risque d'être élevé. Il suffit d'observer comment un groupe d'islamistes a pu s'infiltrer en Algérie (sauf complicité interne dans la mesure où les islamistes d'Ansar el Din viennent originellement d'Algérie) et mener la spectaculaire prise d'otages à Al Amenas pour prendre conscience de la porosité des frontières, de la difficulté à surveiller la région où les déplacements peuvent se faire très rapidement (l'histoire récente l'a montrée au Tchad).
Le problème de l'islamisme en Afrique et notamment au Mali demeurera entier.
Il faut alors se demander pourquoi aucune opération aéroportée n'a été envisagée pour tenter de neutraliser les bases de départ des forces islamistes. Car il s'agit du seul moyen efficace de les neutraliser et de les empêcher, pour l'essentiel, de s'enfuir dans l'immensité saharienne et sahélienne. Avec les moyens satellitaires actuels, de telles bases sont aisément repérables. En d'autres temps, gageons que ce genre d'opération aurait été envisagé et monté.
Pourquoi cela n'a-t-il pas été le cas ? Faiblesse de conception ? Manque de moyens ?
Comme cela a été mentionné précédemment, la politique désastreuse menée par des gouvernements successifs inféodés aux intérêts financiers internationaux et par cela endettés de manière inconsidérée, enlisés dans la médiocrité propre à la démocratie, incapables de remettre en ordre l'organisation d'un État podagre et parasite (tant à l'échelon central que territorial), a conduit ceux-ci à financer tout et n'importe quoi, notamment le coût de l'immigration incontrôlée, sauf à financer ce qui relève des fonctions régaliennes, à commencer par les armées. Celles-ci ont au contraire servi de variables d'ajustement aux déficits publics abyssaux, aboutissant à réduire le budget de la défense nationale à un point tel que les chefs d'état-major n'ont cessé de lancer des cris d'alarme quant aux conséquences d'une telle politique inconsidérée.
La vérité est que la France ne dispose plus d'armées à la hauteur des ambitions affichées et si l'armée française est encore un bel outil, elle le doit aux prodiges déployés par ses officiers et soldats qui parviennent à conserver un outil militaire de qualité à un coût inférieur à celui de l'armée britannique, par exemple.
Si la 11e brigade parachutiste demeure l'une des meilleures unités au monde avec la 82e Air-borne et des unités russes, les moyens de transports sont bien faibles : 14 C130 Hercules, une quarantaine de Transall dont la disponibilité souffre de leur âge. Notre aviation attend la livraison des Airbus A 400M qui est sans cesse retardée. Or, sans renouvellement de notre flotte de transport, notre outil T.A.P. est appauvri et la France ne peut que très difficilement engager de telles opérations aéroportées, pour peu que la volonté politique soit au rendez-vous.
Pour le moment, la France en est réduite à recourir à l'aide étrangère, comme ce fut le cas pour l'affaire libyenne où les avions français furent ravitaillés en vol par des avions américains. Il lui faut louer des Antonov russes et, dans la présente affaire, des avions américains : on notera au passage combien il est précieux d'avoir de tels alliés dans la mesure où, en quelque sorte, ils font payer à la France les services qu'ils leurs rendent depuis leur retrait effectif de la lutte anti terroriste en Afrique !
LES VÉRITABLES DÉFIS À RELEVER
Voilà donc la France engagée dans une affaire qui va s'enliser, voire s'envenimer. En admettant que le nord-Mali soit "libéré", il le sera par des troupes noires, qui appartiennent à d'autres races et civilisation que les Touaregs, peuple blanc berbérophone, et il est à craindre que la répression ne soit terrible envers les Touaregs dont les revendications d'autonomie, sinon d'indépendance, sont des plus légitimes, au regard de l'histoire et de leur civilisation. La question touareg restera entière, avec des contentieux nouveaux. Pourtant, eux seuls, de par leur connaissance du Sahara et de leur aire de peuplement, sont à même de combattre l'islamisme dont ils sont actuellement les victimes au Mali. Le Mali demeurera un pseudo-Etat en attendant de nouvelles guerres de délivrance menées par les Touaregs. Les bandes islamiques vont pouvoir se recomposer, se renforcer depuis la Mauritanie jusqu'au Nigeria et au Soudan, avec des développements inévitablement graves en termes d'instabilité, marchand sur les traces des djihads des XVIIIe et XIXe siècle qui se sont propagés dans cette vaste zone.
Ce n'est pas ainsi que seront créées les conditions d'un développement économique, seule possibilité de fixer en Afrique des populations en croissance rapide qui, sans cela, continueront à être attirées plus que jamais vers un monde européen vieillissant, riche, doutant de lui-même et à ce titre menacé de submersion. Là est notre intérêt : faire en sorte de permettre aux populations sahéliennes de vivre sur leur sol natal.
Sauf à voir les États africains, qui sont pourtant les premiers concernés, s'impliquer sérieusement dans cette affaire, sauf à voir les États Occidentaux, à commencer par les États-Unis, s'engager significativement aux côtés de la France, il clair que celle-ci usera ses forces en pure perte, d'autant plus qu'elle sacrifie son armée sur l'autel de la finance mondialisée.
Il importe de dénoncer cette situation de dupes dans laquelle l'actuel gouvernement a placé la France, en continuité avec la politique des gouvernements précédents qui, tous, ont conduit et conduisent la France vers l'abîme. L'urgent pour la France est moins de se projeter à des milliers de kilomètres de chez elle que de sécuriser son propre territoire, tant terrestre que maritime, et de reconstruire : assurer le renouvellement de ses générations, reconstruire l’État, reconstruire l'armée, reconstruire l'école et l'industrie ; et il y a du travail à faire lorsque l'on constate qu'il suffit de 5 cm de neige pour bloquer la circulation des trains comme c'est le cas en ce mois de janvier 2013 !
André Gandillon, Président des Amis de Rivarol. Rivarol du 25 janvier 2013 -
Quelques impressions sur l’opération Serval par Georges FELTIN-TRACOL
Depuis le 11 janvier 2013, l’armée française intervient dans le conflit malien à la demande pressée de son gouvernement intérimaire menacé par l’offensive des islamistes. Des groupes djihadistes ont plus ou moins fortuitement répliqué en s’en prenant à des Occidentaux à In Amenas dans le Sahara algérien.
Le règlement algérien de la prise d’otage a suscité de nombreux commentaires désapprobateurs. Oui, l’assaut des forces spéciales dans le complexe gazier s’est traduit par de lourdes pertes, en particulier parmi les otages occidentaux, mais le gouvernement algérien ne pouvait pas – et ne voulait pas – procéder autrement. Même si l’Algérie a autorisé le survol de son territoire par l’aviation française dans le cadre de l’opération Serval à la grande colère de la presse algérienne, elle demeure très attachée à sa souveraineté nationale. D’abord réticente à toute intervention française au Mali – donc dans son arrière-cour -, elle a pris l’action terroriste à In Amenas comme un outrage majeur. Au cours de la guerre civile des années 1990, rares furent les attaques islamistes contre les sites d’hydrocarbures. C’est à se demander si ce ne serait pas une opération sous faux drapeau…
Outre un attachement « souverainiste » viscéral, Alger souhaite garder son contrôle sur la région. Historiquement, le Sud algérien qui correspond à une partie du désert saharien n’a jamais fait partie de la régence beylicale d’Alger. D’ailleurs, au moment des négociations sur l’indépendance en 1961 – 1962, la France envisagea un instant de transformer le Sahara en condominium franco-africain. Le projet échoua et l’Algérie s’étendit vers le Sud en échange d’accords secrets avec Paris sur les essais nucléaires.
La question des frontières est bien à l’origine du désordre malien. Le Mali est un État artificiel composé de diverses ethnies négroïdes (les Bambaras, les Malinkés, les Soninkés, les Peuls, les Sénoufos, les Dogons, les Songhai, etc.) et « blanches » (les Arabes ou « Maures » ou les Touareg) souvent antagonistes. Quelques mois avant l’indépendance, une délégation targuia demanda au général De Gaulle de prévoir un État des Touareg distinct du futur Mali. L’homme de Colombey ne les écouta pas ! Il en résulta une persécution de la minorité targuia par la majorité noire malienne.
Ce sont les forces indépendantistes du M.N.L.A. (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) qui sont à l’origine de la sécession, le 6 avril 2012, du Nord du Mali, mais elles furent rapidement doublées par leurs « alliés » islamistes qui profitèrent de la chute orchestrée par l’Occident globalitaire oligarchique de Kadhafi en Libye pour disposer en abondance de munitions, d’armes performantes et de combattants aguerris. Toutefois, les islamistes du Nord du Mali ne présentent aucune homogénéité puisqu’on recense la présence d’A.Q.M.I (Al-Qaïda au Maghreb islamique), d’Ansar Dine (« Défenseurs de la religion ») du Targui indépendantiste d’origine malienne Iyad Ag Ghali, de ses récents dissidents du M.I.A. (Mouvement islamique de l’Azawad), d’Ansar al-Charia (« Défenseurs de la Charia »), du M.U.J.A.O. (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) et du Mouwaghina Bi Dam (« Les signataires par le sang ») de Mokhtar Belmokhtar, réputé proche de certains services algériens. Les spécialistes estiment même que ces mouvements armés désignent en réalité des bandes autonomes conduites par quelques meneurs débrouillards et ambitieux. Dans le cadre d’une vive concurrence, ces petits chefs, mi-terroristes mi-maffieux, auraient cherché à s’emparer de Bamako le plus rapidement possible avant une probable intervention militaire africaine secondée par la France prévue à l’automne 2013. Ces éléments assez indisciplinés parièrent aussi sur l’inexpérience de François Hollande. Or leur offensive vers le Sud força la décision française. En cas d’inaction de Paris, les derniers États alliés de la zone auraient sollicité l’assistance des États-Unis ou d’une autre puissance. La réaction était par conséquent vitale. Elle fut rapide et solitaire, hors de toute gesticulation onusienne et euro-bruxelloise
Sur cette crise africaine, l’Union européenne témoigne d’une évidente et pitoyable aboulie. La première puissance commerciale mondiale est un ectoplasme militaire, d’où une pusillanimité certaine de la part de ses États-membres. Il est vrai qu’ils ne peuvent pas se lancer dans une aventure extérieure quand ils réduisent les dépenses militaires au maximum. En outre, l’idée même de guerre paraît dorénavant incongrue pour les masses repues de consommateurs abrutis.
Enfin, au-delà de l’urgence géopolitique, l’opération Serval sert des considérations politiciennes. Très impopulaire dans les sondages, le locataire de l’Élysée table sur une union nationale salvatrice qui ferait oublier l’imposant succès des « manifestants pour tous » du 13 janvier, malgré une navrante frigidité de ne pas foncer sur le palais présidentiel, et l’odieuse reddition des syndicats devant le patronat le 11 janvier dernier. Effective, l’unité nationale fut brève. Il importe maintenant de s’interroger sur les objectifs de cet engagement.
Pour les hiérarques socialistes, ils sont clairs : il s’agit, d’une part, de restaurer la souveraineté et l’intégrité du Mali et, d’autre part, de rétablir les droits de l’homme. S’il faut se scandaliser de la destruction de sanctuaires musulmans soufis par des talibans sahéliens d’une rare ignorance, l’application musclée de la Charia paraît au contraire une bonne chose qu’il faudrait étendre, le cas échéant, aux banlieues de l’immigration dans l’Hexagone. Trancher la main, le pied, la langue, voire la tête, éviterait la surpopulation carcérale.
On doit appréhender que les responsables français, méconnaissant les réalités locales, assimilent les Touareg aux islamistes. Il est dès lors imaginable que le Nord une fois reconquis, les populations touareg et arabes subissent représailles et exactions de la part de Maliens négroïdes prêts à une éradication génocidaire définitive…
Fidèle à son habitude d’araser les différences authentiques, la République hexagonale s’ingénie à soutenir tous les niveleurs du monde. L’Azawad, ou plus exactement les trois Azawad (du Sahara, de l’Ouest maure et du fleuve), ne doivent pas disparaître au profit d’entités fantoches et artificielles. Si la lutte contre le djihadisme – cet autre mondialisme mortifère – entretenu par l’Arabie Saoudite, le Qatar et certains cénacles de l’« État profond » yankee ou britannique est une obligation quasi-morale. Le bon sens voudrait que Paris puisse rallier à cette lutte ces experts du désert que sont les « Hommes bleus » en promouvant leurs revendications identitaires légitimes. Pourquoi alors ne pas encourager des Azawad qui, parrainés par Alger et Paris, stabiliseraient cette région primordiale de l’Afrique de l’Ouest dans le cadre d’un Mali fédéral ?
Mais avec les socialistes aux manettes, il faut craindre que leur haine pour toute identité véritable les aveugle et fasse de cette opération un nouveau bourbier. Mourir pour Bamako ou Tombouctou pour des billevesées juridiques et mondialistes n’est pas une solution digne.
Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com
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Mali : L'Armée Française s'empare de l'aéroport de Gao
Les forces françaises se sont emparées samedi de l'aéroport et d'un pont sur le fleuve Niger à Gao, la principale ville du nord-est du Mali, dont la chute marquerait une étape importante de l'offensive lancée pour faire échec aux rebelles islamistes qui menaçaient de s'emparer du pays.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé le succès de l'opération menée à Gao dans un communiqué : « Les terroristes djihadistes qui ont affronté les armées malienne et française ont vu nombre de leurs moyens mobiles et de leurs sites logistiques détruits », dit-il, en adressant ses plus vives félicitations aux unités françaises impliquées.
Le porte-parole de l'État-Major des Armées, le colonel Thierry Burkhard, a indiqué que la prise de l'aéroport et du pont à la sortie sud de la ville avaient fait un nombre de victimes estimé à un peu plus d'une dizaine dans les rangs des rebelles.
L'opération, menée par les forces spéciales dans la nuit de vendredi à samedi, a mobilisé des troupes au sol, des hélicoptères et des avions de transport d'assaut avec un appui aérien. Elle a été précédée de frappes par des avions de chasse.
Les principaux accrochages se sont produits à proximité du pont sur le Niger mais il n'y a eu aucune perte côté français, a encore précisé le porte-parole. Le pont et l'aéroport sont tous deux praticables.
OPÉRATIONS DE HARCÈLEMENT
Au Mali, un officier français a précisé que les unités sur place faisaient encore face samedi à des actes de guérilla des rebelles islamistes.
« Les rebelles se sont fondus parmi la population locale. Ils pratiquent le harcèlement. L'opération est toujours en cours, c'est un peu compliqué », a-t-il expliqué.
Le colonel Burkhard a confirmé ces opérations de harcèlement.
Au total, 3.700 militaires français, dont 2.500 sur le territoire malien, sont aujourd'hui engagés dans l'opération Serval, entrée dans sa troisième semaine, qui vise la reconquête du nord du Mali aux mains de rebelles islamistes.
Gao, à 950 km environ au nord-est de Bamako, est avec Tombouctou et Kidal l'une des trois grandes villes du Nord-Mali, tombé sous la coupe des islamistes à la suite du coup d'État militaire de mars 2012 dans la capitale malienne.
L'annonce de la prise de la zone de l'aéroport, et de combats en cours confirme que les forces françaises et maliennes progressent rapidement dans leur offensive lancée voici deux semaines depuis Konna, dans le centre, pour reprendre les territoires du nord conquis par les islamistes d'Ansar Dine, du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Le porte-parole de l'État-Major français a dit que les unités impliquées dans les combats de la nuit n'avaient pas pour mission de pénétrer dans Gao mais, en s'emparant de l'aéroport et du pont, de permettre l'acheminement de renforts maliens, voire africains, qui seront chargés du contrôle de la ville.
Sur le plan de la constitution de cette force africaine de soutien au Mali sous mandat de l'Onu (Misma), les dirigeants de l'Union africaine réunis à Addis-Abeba ont demandé aux Nations unies de fournir un appui logistique et des financements d'urgence pour permettre son déploiement.
La Misma doit compter au final jusqu'à 6.000 soldats. Pour l'heure, seuls 1.200 soldats africains sont arrivés au Mali.
Avec Reuters http://www.francepresseinfos.com/
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Russie, Europe et Mondialisation : Entretien avec Jean-Michel Vernochet
Francis Ross : La Russie tente de reprendre sa place dans l’échiquier géopolitique indépendamment du contentieux qui l’oppose à Washington à propos du projet américain de bouclier antimissiles. En dépit de cette zone d’ombre qui brouille ses relations avec les États-Unis, le Kremlin semble considérer son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce comme une priorité majeure. Quelles concessions, selon vous, devront accompagner cette admission tant convoitée au sein de la communauté d’échanges internationale ?
• JMV : Toute chose a un prix et chacun sait que si Paris vaut bien une messe (le futur Henri IV abjurant le protestantisme pour voir les portes de Paris s’ouvrir devant lui), Washington détient les clefs qui permettront à la Russie de se voir admettre dans le club ultra libre-échangiste mondial… Dire quel intérêt elle en escompte n’entre pas dans le cadre de votre question, laquelle met cependant le doigt sur l’ambivalence actuelle de la Russie vis-à-vis de ce qu’il convient d’appeler le monde occidental, Japon compris. La Russie est en effet prête à un certain nombre de concessions pour être admise, de façon générale, dans le club occidentaliste… Le terme « occidentaliste » est repris de l’ex ministre socialiste, Hubert Védrine, et désigne l’ensemble des multiples protectorats et des « alliés » des États-Unis et du Royaume-Uni au sein d’une zone d’influence à dimension planétaire.
Zone d’influence qui couvre le bassin Asie-Pacifique et l’Océan indien, de la mer de Chine (avec la Corée du Sud, Taïwan, le Japon), à l’Afrique de l’Est avec les reliquats anglophones de l’Empire britannique, auxquels viendra bientôt certainement s’ajouter le Sud Soudan devenu indépendant… En un mot, le Commonwealth britannique.
Ce pourquoi il nous faut parler d’une sphère d’influence anglo-américaine qui comprend au premier chef l’Atlantique Nord et l’Union européenne dont l’expansion à l’Est progresse presque aussi vite que son intégration économique et commerciale avec le continent Nord-américain… Intégration au sein d’un vaste marché commun transatlantique qui devrait être achevé en 2018.
Aussi quand nous parlons de « club occidentaliste », il ne s’agit pas seulement pour la Russie d’adhérer à l’OMC mais également de devenir membre à part entière de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Adhésion par laquelle la Fédération de Russie pourrait trouver des garanties pour sa propre sécurité : n’oublions pas que l’une des constantes de la politique américaine depuis soixante ans a toujours été l’endiguement de la puissance continentale, hier soviétique, russe à présent. Une politique toujours active aujourd’hui comme le montre le système antimissile supposé devoir contrer une très hypothétique menace transcontinentale iranienne !
Quant aux concessions consenties par la Russie pour se faire admettre au sein d’une Communauté internationale dominée par le monde anglo-américain, ces concessions se trouvent conditionnées par une sorte de double contrainte. D’un côté le Président Medvedev qui apparemment s’est laissé ensorceler par les sirènes occidentalistes est prêt à lâcher plus et autrement que ne le fera le Premier Ministre Poutine, bête noire des euratlantistes, lesquels n’auront de cesse qu’ils ne parviennent à l’éliminer de la scène politique, ceci afin de reconduire dans ses fonctions un Medvedev sans doute plus « docile ».
On voit cet effet de cisaille à l’œuvre sur des dossiers sensibles tels la vente de systèmes de défense antiaérienne S300 PMU-2 à l’Iran avec des annonces totalement contradictoires entre les services relevant de la présidence russe et celle des Affaires étrangères, en l’occurrence du ministre Sergueï Lavrov. Mais les dissonances ne se limitent pas à ce cas…
Bref, parmi les concessions déjà faites ou à venir, il semble que le dossier du nucléaire iranien y occupera, plus que le Caucase, une place déterminante. Déjà, la Russie a voté, le 11 juin 2009, au Conseil de Sécurité des NU des sanctions renforcées à l’encontre de l’Iran ; cependant dans le même temps des pourparlers étaient ouverts avec Téhéran pour la construction de nouvelles centrales nucléaires après la mise en service de la centrale de Bouchehr… centrale dont la montée en puissance est en cours à l’heure actuelle. Ajoutons que la Russie, à la suite du vote de sanctions internationales – lesquelles soit dit en passant ont offert le prétexte aux É-U et à l’UE de resserrer leur propre dispositif d’étranglement de l’économie iranienne – n’a pas suivi les occidentalistes et n’a décrété aucun embargo sur les produits pétroliers raffinés aux contraire de l’UE et des É-U. Précisons que l’Iran, pays exportateur de brut, doit importer en grande partie sa propre consommation d’hydrocarbures car ne disposant pas du parc de raffineries nécessaire à la satisfaction de sa demande intérieure.
Pour nous résumer, l’étendue des concessions accordées à l’Occident sur le dossier iranien en contrepartie d’une admission à l’OMC sera essentiellement fonction de l’avantage pris par le camp présidentiel ou par celui du premier ministre dont les positions apparaissent comme de plus en plus divergentes par rapport à celles des occidentalistes russes. Il est cependant à peu près assuré que la Russie, dans sa continuité historique et politique, ne resterait pas indifférente, voire passive, en cas d’une attaque contre les installations nucléaires iraniennes par une coalition de forces israélo-américaines… Autant dire qu’au-delà des divergences réelles existant en Russie entre occidentalistes et grands russiens, des terrains consensuels existent potentiellement en raison de l’intérêt bien compris de la Fédération russe.
Ainsi, la Russie a ouvert ses voies aériennes (et terrestres) aux frets nécessaires à l’approvisionnement des quelque 150 000 américano-européens combattant en Afghanistan alors que la résistance pachtoune a rendu vulnérables les flux logistiques depuis le Pakistan par la Passe de Kyber… Patriotes et internationalistes russes savent qu’ils doivent marchander, ou imposer, aux occidentaux, leur présence, ou mieux leur participation, dans le règlement de la guerre afghano-pakistanaise. Cela aussi a un prix et chacun avance ses pions, ou en concède à l’adversaire, volontairement ou involontairement, sur le grand échiquier géoplitique.
• Francis Ross : L’élargissement de l’Europe a créé un conglomérat de pays particulièrement hétérogènes. Une association d’États disparate mais soumise à un pouvoir central comparable par bien des côtés, à celui l’ex Union soviétique. Alors que dire de cet « ensemble gazeux » comme l’a désigné Hubert Védrine, sans frontières tangibles et sans limites définies ?
• JMV : « Sans frontières tangibles et sans limites définies » dites-vous. C’est d’autant plus vrai que Bruxelles fait aujourd’hui les gros yeux à la Grèce parce que celle-ci construit une barrière de séparation sur sa frontière avec la Turquie zone par où transitent 90% de l’immigration clandestine (africaine, asiatique entre autres) qui pénètre dans l’Union européenne… Selon l’agence intergouvernementale Frontex 33000 migrants illégaux auraient ainsi franchi la ligne de démarcation depuis le 1er janvier 2011 !
Cette question des frontières passoires – laquelle illustre à bien des égards le mode de fonctionnement totalement divaguant de la Commission de Bruxelles incapable de gérer ses propres contradictions – est représentative d’une construction européenne sans architecture véritable, sans colonne vertébrale pourrait-on presque dire, mais basée sur le consensus mou des « Droits de l’Homme »… Droits parfaitement insuffisants à définir et à mettre en œuvre une politique européenne cohérente et surtout efficace face aux défis de la mondialisation avec ses déplacements massifs de populations des zones pauvres de l’Est ou du Sud vers les zones de relative prospérité du grand Ouest… D’où l’impuissance de nos eurocrates prisonniers de leur dogmatique ultralibérale – les Droits de l’homme n’en étant que le volet, l’aspect humanitarien - à penser ou à gérer l’évaporation des activités manufacturières, d’arrêter l’hémorragie des emplois liée à la migration industrielle vers l’Asie ou l’Europe orientale.
Rappelons que la dogmatique ultralibérale fait un devoir absolu à chaque État – ne parlons pas de cette aberration tragique que constitue le dogme tragique de la concurrence pure, libre et parfaite ! – de vivre jour et nuit portes et fenêtres ouvertes et tant pis si au passage des pillards viennent se servir, le libre marché est à ce prix… Et ceux qui auraient l’audace de se plaindre sont aussitôt désignés comme « ennemis du genre humain » et du droit fondamental pour chacun d’aller et venir, d’acheter, de vendre ou de voler à sa guise.
Ce laisser faire, laisser passer à outrance, évangile des ultralibéraux a déjà ruiné l’Europe. Les crises, les nouvelles formes de pauvreté en témoignent. Comme on juge l’arbre à ses fruits, on doit juger l’Europe de Bruxelles à cette aune… Une eurocrature intrinsèquement liée au Nouvel Ordre International, autrement dit une Europe entièrement dévolue à l’Unification du Marché mondial… Or, cette « globalisation » n’a d’autre vocation que d’instaurer un monothéisme du marché qui ne saurait se développer que sur les cadavres des nations précurseurs de l’agonie des peuples !
Car ne nous y trompons pas la Crise actuelle ne doit pas grand chose au hasard ou à la malchance, cette crise n’est in fine que l’expression visible, immédiatement expérimentale, de la reconfiguration du hypercapitalistique du monde. Il en existe d’autres manifestations, moins directement évidentes mais d’autant plus terribles si l’on songe aux conflits en cours et à venir au Proche Orient (Liban, Iran ?) et en Asie centrale. Des guerres provoquées et criminelles qui sont l’autre versant de la mondialisation et nous en montre la face immonde et nous en révèle l’ultima ratio… L’Europe est à l’image du monde, elle se déconstruit en s’étendant sans limites ni frontières, tout cela pour placer les hommes sous la férule d’une économie dégénérée… Une économie que je qualifie de « dégénérée » parce que sa finalité n’est plus de servir le développement humain, le développement de l’homme en tant qu’Humain. Une économie qui n’est plus au service de la Vie, de son épanouissement, est déjà, au moins en partie, totalitaire.
Pour ceux qui n’auraient pas tout à fait compris où nous conduisent les mauvais bergers de Bruxelles, l’Union européenne ne peut que s’étendre de façon indéfinie vers l’Est puis qu’elle n’est rien d’autre que le marché unifié en marche. Ce pourquoi nos idéocrates et européistes chevronnés l’ont conçue comme une entité abstraite, un contrat passé entre États destinés à dépérir inexorablement avant de périr tout à fait comme le prophétisait Karl Marx. Un contrat social de suicide programmé mais adossé à des « valeurs » dont la noblesse d’intention devait garantir une segmentation et une fluidité maximale des marchés ex-nationaux et justifier par avance toutes les guerres d’ingérence dite humanitaire.
Bref, pour ceux qui donc ne l’auraient pas encore deviné, l’Union européenne n’a rien à voir avec l’Europe. Entendons l’Europe réelle, charnelle… Quand « ils » nous parlent d’Europe c’est pour mieux nous tromper par la confusion des mots. L’Union ne bâtit pas l’Europe mais sa destruction. L’Union européenne n’est pas l’Europe mais un carrefour d’échanges et de commerce, une tâche d’encre qui s’étend peu à peu sur le reste du Continent… Védrine a donc fortement raison lorsqu’il parle d’un « ensemble gazeux, diffus »… L’UE n’est pas une réalité organique, historique et culturelle, c’est un espace ouvert, anonyme, massifié laboratoire d’un Marché mondial en voie d’unification.
Si l’Europe doit exister, ou simplement survivre, ce sera nécessairement contre l’Union européenne. Ce sera l’une ou l’autre. Par conséquent l’Europe pour exister et s’édifier en tant que puissance émergente doit, en premier lieu, tourner le dos à l’Union euratlantique et échapper à la condition de l’homo æconomicus devenu une marchandise comme les autres dans un monde où tout se vend et s’achète, à commencer par les consciences et le respect des lois… L’Europe ayant emboîté le pas aux États-Unis ne sombre-t-elle pas dans la corruption avouée et totale de ses élites dirigeantes ? Inutile de donner des noms ou des exemples au moment où les premières condamnations pleuvent sur les parlementaires anglais coupables de malversations et de détournements de fonds publics et alors que la Chambre des députés vote une loi d’absolution préalable pour tout représentant ayant truqué ses déclarations de patrimoine…
• Francis Ross : Dans le cadre d’un retour à une Europe réelle, nécessaire à relever les défis du XXIe Siècle, doit-on envisager à terme l’entrée de la Russie dans l’Europe ?
• JMV : Certainement, mais ça ne semble pas pour être dans l’immédiat… Encore que, l’histoire s’accélérant, les crises aidant – et parmi les crises je pense aux guerres régionales qui peuvent déferler dans les années à venir – les choses aillent plus vite que nous ne pouvons aujourd’hui le concevoir.
Arrimer la Russie à l’Europe, de Brest à Brest-Litovsk – ou comme de Gaulle « de l’Atlantique à l’Oural » - paraît tout à fait essentiel… Pour des raisons de sécurité d’abord une grande alliance continentale s’impose, même si, comme c’est à prévoir, il sera nécessaire de rétablir peu ou prou des frontières nationales à l’intérieur d’un espace européen qui reste pour le moment à redéfinir. Frontières extérieures à l’Europe, frontières intérieures parce que la liberté de circulation n’est pas une liberté abstraite, une liberté totale et une idole qu’il faudrait adorer les yeux fermés. La « Liberté » ou la permissivité inhérente au laisser faire des libéraux et des mercantis, ne sont pas à confondre avec « les libertés » concrètes, celles que nous devons farouchement défendre et garantir pour tous. Encore faut-il au préalable les définir et les fixer.
La Russie ne saurait enfin rester hors de l’Europe, en prenant ce seul exemple, pour une raison aussi triviale que la pérennisation de nos approvisionnements énergétiques et d’abord gaziers. Notre énergie ne nous est pas fournie par la grande Amérique mais par la Fédération de Russie. La saine politique commence par une vision claire de ce que sont et où se situent les intérêts premiers. Ajoutons que la Russie de Nicolas Gogol, de Dostoïevski, de Konstantin Leontiev, de Soljenitsyne, participe au fonds culturel européen dans toute l’acception du terme… la continuité culturelle est totale, n’en déplaise au sieur Huntington (Cf. « Le choc des civilisations » 1996), entre peuples germanophones, latins et slaves, entre catholicité et orthodoxie. Voir les différences qui existent entre les peuples et les cultures d’Europe ne doit pas nous rendre aveugle quant au formidable socle commun de Culture, de Foi et d’Histoire qui fonde l’Europe des peuples… Celle que l’ex ministre socialiste de l’Intérieur et de la Défense, Jean-Pierre Chevènement appelle de ses vœux dans son dernier livre « La France est-elle finie ? » - et qui, un jour, unira, espérons-le, des peuples certes distincts mais dont le destin est de s’allier pour le meilleur et surtout pas pour le pire comme à l’heure actuelle, à l’heure des crises qui vont précipiter la chute de l’eurocrassie européiste.
Pour Geopolintel, le 11 janvier 2011 -
Ossétie : Un plan d'encerclement mûrement réfléchi (arch 2008)
À l'heure actuelle, l'agression armée que la Géorgie avait entreprise contre l'Ossétie et l'Abkhazie s'est curieusement retournée en sa défaveur. Que l'acte soit fondé ou non n'est pas mon propos. Qu'il soit juste ou pas, non plus. Je ne m'interroge pas davantage sur la légitimité des Russes, ni sur les risques de nettoyages ethniques probables, supposés ou fantasmés.
Ce qui m'interpelle, c'est autre chose : comment justifier un tel retournement de situation, si tout ne découle pas d'une stratégie prévue, planifiée, réfléchie ?
Après avoir dressé un tableau sommaire de la géopolitique de cette région, je me poserai donc trois questions, qui, me semble-t-il, ne peuvent conduire qu' à une réponse unique, déplaisante et regrettable pour nous, Européens.
La Géorgie, géopolitiquement, c'est le passage obligé du pétrole de Bakou vers l'Europe et le verrou sud de l'opération d'encerclement de la Russie, qui se retrouve coincée sur la mer Noire qu'elle dominait jusqu'alors, entre l'Ukraine, qui lui est hostile, la Géorgie et la Turquie, pro-américaines. Après cette guerre, il est évident que les Etats-Unis seront tout à fait fondés à implanter des bases importantes de l'Otan dans le pays natal de Staline, voire des bases strictement américaines, comme c'est le cas dans la zone de non-droit qu'est Guantanamo, ou bien en Croatie, où se trouve la plus grande base militaire états-unienne hors du territoire national !
Mais j'ai probablement tort ... je dois vraisemblablement m'égarer dans des élucubrations infondées !
Je poserai alors simplement trois questions. Pourquoi le président géorgien a-t-il eu un comportement aussi bravache, alors qu'il était l'agresseur, avec une armée minable, des intérêts d'un pays qui a la réputation de n'être ni tendre, ni militairement inefficace ?
La seule réponse qui me paraît plausible, à moins d'invoquer une déficience psychologique, est qu'il avait la certitude d'être soutenu ! Et cette certitude, il ne pouvait l'avoir que dans le cas d'une opération concertée !
Pourquoi cette attaque ?
Quel intérêt peut avoir un petit Etat comme la Géorgie à provoquer de la sorte un voisin comme la Russie, au lieu de résoudre les problèmes diplomatiquement ou de laisser pourrir la situation à son profit ? Aucun, encore une fois, sauf si on le lui a demandé ... sauf si son initiative fait partie d'un plan plus vaste...
J'en reviens au plan d'encerclement de la Russie. Pour qui refuse de penser que le hasard régit l'Histoire, il suffit de regarder une carte d'Europe - car je rappelle que tout cela se passe chez nous ! Du nord au sud, il existe aujourd'hui un cordon sanitaire entre la Russie et l'Union Européenne. Ce cordon est à la fois politique et militaire. En effet, les gouvernements en place en Lituanie, en Pologne, en Ukraine, en Géorgie, en Turquie sont pro-américains et ont des bases de l'Otan sur leurs territoires ... le tout pour protéger les Etats-Unis du terrorisme iranien, comme chacun sait ! Si cette situation se justifiait à l'époque de la Guerre froide, on peut se demander pourquoi aujourd'hui ... La réponse est assez simple : il existe une tendance politique en Europe, incarnée jusqu'alors par les gouvernants français et allemand, à rechercher un développement économique et politique en étendant l'UE vers l'Est, vers la Russie. Si cette tendance triomphait, l'Europe cesserait d'être un nain politique sur l'échiquier mondial et aurait la plus grande puissance économique, à la fois en termes de marchés et de production. Inutile d'aborder le chapitre de la puissance militaire qui en découlerait, tellement c'est évident ...
Mais ça, ce ne serait un bénéfice que pour les Européens. Or il semble que la politique de l'Europe ne soit plus, à ce jour, faite à la faveur exclusive des Européens !
Ce qui m'amène à ma troisième question. Pourquoi l'attaque a-t-elle pu avoir lieu à ce moment ?
Entre autres parce que l'Union Européenne est actuellement présidée par un nouvel allié des Etats-Unis, qui a tout intérêt à montrer sa bonne volonté s'il veut recevoir les récompenses promises.
Quelle est donc la situation à ce jour ?
Une partie de l'Union Européenne a conscience que son avenir comme puissance ne peut passer que par l'établissement de relations cordiales avec la Russie. Cela n'arrange pas du tout les intérêts du concurrent direct que sont les Etats-Unis. Ceux-ci ont donc une double stratégie, D'abord, l'isolement physique, en établissant un cordon sanitaire autour de ce pays, qui empêchera le passage du gaz russe vers l'Europe si Washington le décide (mesures de rétorsion contre un vilain agresseur, mais dont seuls les Européens auront à souffrir) et permettra de contrôler le pétrole du Caucase. Ensuite, l'isolement diplomatique, puisque, en rendant son statut de "méchant" à la Russie, on empêche tout rapprochement avec l'UE et on permet à Washington d'affermir légitimement ses positions stratégiques en Europe centrale - pour l'instant - réduisant ainsi notre communauté au statut d'Etat vassal.
La vraie question que devraient se poser les dirigeants européens, c'est de savoir ce qui est bon pour l'Europe, à court, moyen et long terme, puisqu'ils ont en charge le bien commun de leurs peuples respectifs. Mais je crains que ceci ne soit pas à l'ordre du jour.
Frédéric ROBART-KAISER. Rivarol du 19 septembre 2008Lien permanent Catégories : actualité, anti-national, géopolitique, insécurité, international 0 commentaire -
Les origines d’Al-Qaïda au Maghreb islamique : Qui est derrière les terroristes ?
Qui est derrière le groupe terroriste qui a attaqué le complexe gazier d’In Amenas exploité par BP, Statoil et Sonatrach, situé sur la frontière libyenne au sud-est de l’Algérie? (Voir la carte ci-dessous)
L’opération a été coordonnée par Mokhtar Belmokhtar, chef de la brigade islamiste des Moulathamine (brigade masquée) ou « Ceux qui signent avec du sang », affiliée à Al-Qaïda
L’organisation de Belmokhtar a été impliquée dans le trafic de drogue, la contrebande ainsi que des opérations d’enlèvement d’étrangers en Afrique du Nord. Alors que ses allées et venues sont connues, le renseignement français a surnommé Belmokhtar l’« insaisissable ».
Belmokhtar a revendiqué au nom d’Al-Qaïda l’enlèvement de 41 otages occidentaux, dont 7 Étatsuniens, au complexe gazier de BP à In Amenas.
Belmokhtar n’était toutefois pas impliqué directement dans l’attaque. Le commandant de l’opération sur le terrain était Abdul Rahman al-Nigeri, un vétéran djihadiste du Niger qui s’est joint en 2005 au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en Algérie. (Albawaba, 17 janvier 2013)
L’opération d’enlèvement d’In Amenas a été menée cinq jours après les frappes aériennes françaises contre des militants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au Nord-Mali.
Les forces spéciales françaises et les troupes maliennes ont repris le contrôle de Diabali et Konna, deux petites villes au nord de Mopti. La ville de Diabali avait apparemment été prise quelques jours auparavant par les combattants menés par l’un des principaux commandants d’AQMI, Abdelhamid Abou Zeid.
Bien que l‘attaque terroriste et le rapt à la raffinerie d’In Amenas aient été décrits comme des actes de vengeance, cette opération n’était aucunement improvisée. Des analystes ont confirmé que, selon toute probabilité, l’opération avait été planifiée longtemps à l’avance:
Les représentants européens et étasuniens affirment que le raid était presque certainement trop élaboré pour avoir été planifié dans un laps de temps si court, quoique la campagne de bombardement française ait pu être un élément déclencheur amenant les combattants à lancer un assaut qu’ils avaient déjà préparé.
Selon les récents reportages (20 janvier 2012), il y a environ 80 morts, dont des otages et des combattants djihadistes. Il y avait plusieurs centaines de travailleurs à la raffinerie de gaz dont la plupart étaient algériens. « Parmi les rescapés, seuls 107 des 792 travailleurs étaient étrangers », selon le ministère algérien de l’Intérieur.
Les gouvernements britannique et français ont blâmé les djihadistes. Selon les termes du premier ministre britannique David Cameron :
« Les gens vont certainement poser des questions à propos de la réaction algérienne à ces événements, toutefois je dirai seulement que ces morts sont directement imputables aux terroristes qui ont perpétré cette attaque lâche et violente. (Reuters, 20 juin 2013.)
Les reportages confirment cependant qu’un grand nombre de décès chez les otages et les combattants islamiques ont été causés par les bombardements des forces algériennes.
Les négociations avec les ravisseurs, qui auraient pu sauver des vies, n’ont pas été envisagées sérieusement par les gouvernements algérien et occidentaux. Les militants avaient demandé l’arrêt des attaques françaises au Nord-Mali en échange de la sécurité des otages. Le dirigeant d’Al-Qaïda Belmokhtar avait déclaré :
« Nous sommes prêts à négocier avec l’Occident et le gouvernement algérien à condition qu’ils cessent de bombarder les musulmans du Mali » (Reuters, 20 janvier 2013.)
Au sein des rangs djihadistes se trouvaient des mercenaires provenant de nombreux pays musulmans, dont la Libye (cela reste à confirmer), ainsi que des combattants de pays occidentaux.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) : De qui s’agit-il ?
De nombreux groupes affiliés sont activement impliqués au Nord-Mali
- -Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dirigé par Abdelmalek Droukdel, l’émir d’AQMI
- -Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghaly
- -Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO)
-Le Groupe islamique armé (GIA), très en vue dans les années 1990, est pratiquement disparu. Ses membres se sont joints à AQMI
- Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), un mouvement touareg laïc, nationaliste et indépendantiste
Historique
En septembre 2006, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a uni ses forces à Al-Qaïda. Le GSPC a été créé par Hassan Hattab, un ancien commandant du GIA.
En janvier 2007, le groupe a officiellement changé son nom pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Donc au début septembre 2007, l’AQMI récemment formé a établi une relation étroite avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL).
Les commandants du GSPC avaient été inspirés par les enseignements religieux salafistes en Arabie Saoudite, ayant autrefois joué un rôle important dans la formation des moudjahidines en Afghanistan.
L’histoire des commandants djihadistes d’AQMI est significative dans le contexte plus vaste de cette question
- Qui est derrière les diverses factions affiliées à Al-Qaïda?
- Qui appuie les terroristes?
- Quels intérêts économiques et politiques sont servis?
Le Council on Foreign Relations (Conseil des relations internationales, CFR) situé à Washington retrace les origines d’AQMI à la guerre soviéto-afghane :
La plupart des hauts dirigeants d’AQMI auraient été formés en Afghanistan durant la guerre contre les Soviétiques de 1979 à 1989. Ils auraient fait partie d’un groupe de volontaires nord-africains connus sous le nom d’« Arabes afghans » revenu dans la région après la guerre et qui radicalisait les mouvements islamistes. Le groupe est divisé en « katibas » ou brigades formant diverses cellules le plus souvent indépendantes.
Depuis 2004, le chef du groupe, ou l’émir, est Abdelmalek Droukdel, également connu sous le nom d’Abou Mossab Abdelwadoud, un ingénieur de formation et expert en explosifs qui s’est battu en Afghanistan et est issu du GIA algérien. C’est sous son leadership qu’AQMI a déclaré que la France était sa cible principale. L’un des dirigeants d’AQMI les « plus radicaux et les plus violents » est Abdelhamid Abou Zeid selon les experts en contre-terrorisme. Abou Zeid est lié à plusieurs enlèvements et exécutions d’Européens dans la région. (Council on Foreign Relations, Al Qaeda in the Islamic Maghreb, cfr.org, non daté.)
L’article du CFR omet de mentionner que le djihad islamique en Afghanistan était une initiative de la CIA, lancée en 1979 à l’époque de l’administration Carter et fortement appuyée par Ronald Reagan au cours des années 1980.
En 1979 la plus vaste opération clandestine de l’histoire de la CIA a été lancée en Afghanistan. Des missionnaires wahhabites d’Arabie Saoudite ont mis sur pied les écoles coraniques (madrasas) au Pakistan et en Afghanistan. Les manuels scolaires utilisés dans les madrasas ont été imprimés et publiés au Nebraska. Le financement clandestin a été acheminé aux moudjahidines avec l’appui de la CIA.
« Fortement encouragés par la CIA et l’ISI du Pakistan, qui désiraient transformer le djihad afghan en guerre mondiale menée par tous les États musulmans contre l’Union soviétique, 35 000 musulmans radicaux provenant de 40 pays islamiques se sont joints à la lutte afghane entre 1982 et 1992. Des dizaines de milliers d’autres sont allés étudier dans les madrasas pakistanaises. Avec le temps, plus de 100 000 musulmans radicaux ont été directement influencés par le djihad afghan. (Ahmed Rashid, “The Taliban: Exporting Extremism”, Foreign Affairs, novembre-décembre 1999.)
La Central Intelligence Agency (CIA) a joué un rôle clé dans la formation des moudjahidines en utilisant l’Inter-Services Intelligence (Direction pour le renseignement inter-services) pakistanais. La formation des guérilleros parrainée par la CIA était intégrée aux enseignements de l’islam.
« En mars 1985, le président Reagan a signé la directive nationale de sécurité 166 [laquelle] autorisait un appui militaire clandestin supplémentaire et signalait clairement que la guerre secrète afghane avait un nouvel objectif : vaincre les troupes soviétiques en Afghanistan par des actions clandestines et encourager le retrait soviétique. La nouvelle aide secrète étasunienne a débuté par une augmentation spectaculaire des livraisons d’armes, une progression constante atteignant 65 000 tonnes annuellement en 1987 […] ainsi qu’un « flot incessant » de spécialistes de la CIA et du Pentagone se rendant au quartier général secret de l’ISI au Pakistan, situé sur la route principale près de Rawalpindi. Les spécialistes de la CIA y rencontraient des officiers du renseignement pakistanais afin d’aider à planifier des opérations pour les rebelles afghans ». (Steve Coll, Washington Post, 19 juillet 1992)
Mokhtar Belmokhtar, le cerveau des attaques terroristes perpétrées par la brigade islamiste des Moulathamine (masquée) au complexe gazier d’In Amenas est l’un des membres fondateurs d’AQMI.
Il a été formé et recruté par la CIA en Afghanistan. Belmokhtar était un volontaire nord-africain, un « Arabe afghan » enrôlé à 19 ans comme moudjahidine pour se battre dans les rangs d’Al-Qaïda en Afghanistan à une époque où la CIA et sa filiale pakistanaise, l’ISI, appuyaient activement le recrutement et la formation des djihadistes. Mokhtar Belmokhtar a fait la « guerre civile » en Afghanistan.
Il est retourné en Algérie en 1993 et s’est joint au GSPC. Le passé et l’implication de Belmokhtar en Afghanistan suggèrent qu’il était un « agent de renseignement » appuyé par les États-Unis.
Le rôle des alliés des États-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar
Dès le début en 2007, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a établi des liens étroits avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL), dont les dirigeants avaient également été formés et recrutés en Afghanistan par la CIA. La CIA et le MI6 britannique appuient clandestinement le GICL.
Le GICL a été directement appuyé par l’OTAN durant la guerre de 2011 contre la Libye « fournissant des armes, de la formation des forces spéciales et même des avions pour appuyer le renversement du gouvernement libyen ». (Tony Cartalucci, The Geopolitical Reordering of Africa: US Covert Support to Al Qaeda in Northern Mali, France “Comes to the Rescue”, Global Research, janvier 2013.)
Les Forces spéciales britanniques SAS avaient été envoyées en Libye avant l’insurrection, agissant à titre de conseillers militaires du GICL.
Plus récemment, des reportages ont confirmé qu’AQMI a reçu des armes du GICL, dont les mercenaires ont intégré les rangs des brigades d’AQMI. Le commandant Mokhtar Belmokhtar, qui a coordonné l’opération d’enlèvement d’In Amenas, a déclaré :
« Nous avons été l’un des principaux bénéficiaires des révolutions dans le monde arabe. En ce qui concerne le fait que nous bénéficions des armes [libyennes], cela est normal dans ce genre de circonstances. » http://www.hanford.gov/c.cfm/oci/ci_terrorist.cfm?dossier=174
La raffinerie de BP à In Amenas est située en plein sur la frontière libyenne. On peut soupçonner l’implication d’un contingent de combattants du GICL dans l’opération.
AQMI a également des liens avec le Front Al-Nosra en Syrie, appuyé clandestinement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.
AQMI est lié de manière indélébile à un programme de renseignement occidental. On le décrit comme « l’un des groupes militants les plus riches et mieux armés de la région », financé secrètement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.
Le journal français Le Canard enchaîné a révélé (juin 2012) que le Qatar (un fidèle allié des États-Unis) finance diverses entités terroristes au Mali, incluant le groupe salafiste Ansar Dine :
Et les rebelles touareg du MNLA (indépendance et laïcité), d’Ansar Dine, d’AQMI et de Mujao (djihad en Afrique de l’Ouest) ont reçu de l’argent du Qatar selon un reportage (The Examiner).
L’information du journal satirique Canard enchaîné, qui rapportait (juin 2012) que le Qatar financerait des groupes armés au Nord-Mali, a été relayée par les médias d’Algérie et d’Afrique de l’Ouest.
Depuis plusieurs mois au Mali on soupçonne Ansar Dine, le principal groupe armé pro-charia de la région, de recevoir du financement du Qatar.
Au début du conflit par exemple, des reportages (non confirmés) indiquaient qu’un avion qatari rempli d’armes, d’argent et de drogue était atterri à Gao.
Le reportage original cite un rapport du renseignement français indiquant que le Qatar a fourni de l’aide financière à trois des principaux groupes armés du Nord-Mali : Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, AQMI et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).
Le montant du financement donné à chaque groupe n’est pas révélé mais on signale que de nombreux rapports de la DGSE française remis au ministère de la Défense ont mentionné l’appui du Qatar au terrorisme au Nord-Mali. (C’est l’auteur qui souligne)
Il faut évaluer attentivement le rôle d’AQMI comme atout du renseignement. L’insurrection islamiste crée des conditions favorisant la déstabilisation politique du Mali en tant qu’État-nation. Quels intérêts géopolitiques ont été servis?
Conclusion : Le « Soudan étasunien »
Ironiquement, l’opération d’enlèvement au sud de l’Algérie et la tragédie provoquée par l’opération de « sauvetage » militaire menée par l’Algérie fournissent une justification humanitaire à l’intervention militaire occidentale menée par AFRICOM, le Commandement des États-Unis pour l’Afrique. Celle-ci ne concerne pas uniquement le Mali et l’Algérie, mais pourrait aussi comprendre la région plus vaste s’étendant de la zone sahélienne sub-saharienne, de la Mauritanie à la frontière occidentale du Soudan.
Ce processus d’escalade fait partie d’une « feuille de route » militaire et stratégique des États-Unis, et constitue une étape subséquente de la militarisation du continent africain, un « suivi » de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Libye en 2011.
Il s’agit d’un projet de conquête néocoloniale d’un vaste territoire par les États-Unis.
Même si la France constitue l’ancienne puissance coloniale, intervenant pour le compte de Washington, le but ultime est d’exclure tôt ou tard la France du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne. Le remplacement de la France comme puissance coloniale se fait de manière constante depuis la guerre d’Indochine des années 1950.
Alors que les États-Unis sont, à court terme, prêts à partager le butin de guerre avec la France, l’objectif ultime est de redessiner la carte de l’Afrique et de transformer par la suite l’Afrique francophone en sphère d’influence étasunienne. Celle-ci s’étendrait de la Mauritanie, au bord de l’Atlantique, jusqu’au Soudan, à l’Éthiopie et à la Somalie.
Un procédé similaire visant à exclure la France de l’Afrique francophone a lieu depuis les années 1990 au Rwanda, au Burundi et en République du Congo.
En conséquence, on empiète sur le français comme langue officielle en Afrique. Aujourd’hui au Rwanda, l’anglais est une langue officielle avec le kinyarwanda et le français : Le gouvernement du FPR en 1994 a commencé par offrir l’éducation secondaire en anglais ou en français. Depuis 2009, elle est offerte uniquement en anglais. Depuis 1994, l’université n’utilise plus le français comme langue de travail. (Le président rwandais Paul Kagame ne lit pas et ne parle pas le français.)
Un vaste territoire est en jeu, celui qui, durant la période coloniale, comprenait l’Afrique de l’Ouest française et l’Afrique équatoriale française. (Voir la carte ci-dessous)
À l’époque de la France coloniale, on appelait le Mali le Soudan français.
Il est ironique que ce processus visant à affaiblir et, tôt ou tard, à exclure la France de l’Afrique francophone soit mis en œuvre avec l’approbation tacite de l’ancien et de l’actuel présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, servant tous deux les intérêts géopolitiques étasuniens au détriment de la République française.
La militarisation du continent africain relève du mandat d’AFRICOM.
L’objectif à plus long terme consiste à exercer le contrôle géopolitique et militaire sur une vaste zone ayant historiquement appartenu à la sphère d’influence française. Cette zone est riche en pétrole, en gaz naturel, en or, en uranium et en minéraux stratégiques. (Voir R. Teichman, The War on Mali. What you Should Know: An Eldorado of Uranium, Gold, Petroleum, Strategic Minerals …, Global Research, 15 janvier 2013.)
La division coloniale de l’Afrique décidée à la conférence de Berlin (à droite). Voir les cartes de l’Afrique coloniale française ci-dessous.
Article original : Al Qaeda in the Islamic Maghreb: Who’s Who? Who is Behind the Terrorists?
Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca
Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en plus de 20 langues).
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Mali acte 2 : la crise des otages d’in Aménas
Samedi 19 janvier au soir s'achevait la prise d'otages d'In Amenas dans le Sahara à la frontière libyenne, conduite par le groupe salafiste dénommé « Signataires par le sang » dont le chef est l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, lequel n'était pas sur les lieux étant resté au Mali. À 12h45, quinze corps brûlés avaient été retrouvés sur le complexe gazier de Tiguentourine tenu par le nigérien Abdoul Rahman al Nigeri (1). À 20h30, le ministère algérien de l'Intérieur annonçait que le bilan de l'assaut était alors de 55 morts : 32 djihadistes et 23 otages étrangers principalement occidentaux. À 20h45, il est précisé que 107 expatriés et 685 employés algériens ont été libérés. Mais l'histoire est à tiroir et le ministre algérien de la Communication, Mohamed Said, « revoyait à la hausse » le dimanche 20 janvier ce bilan, 23 autres otages ayant trouvé la mort dans l'attaque, mercredi à l'aube, d'un car transportant des employés.
MAIS QUI SONT VRAIMENT CES TERRORISTES DJIHADISTES ?
La question n'est pas anecdotique, elle se pose réellement. Dire que ce sont de simples "djihadistes" serait aller trop vite en besogne. Ce serait faire preuve d'un manichéisme facile empêchant de voir l'enchevêtrement quasi inextricable de manipulations diverses et contradictoires qui sous-tendent l'existence de ces groupes et expliquent certaines actions des salafistes sahéliens, tour à tour brigands, preneurs d'otages, passeurs de ces nouveaux esclaves que sont les migrants illégaux et in fine narcotrafiquants acheminant vers la Méditerranée la drogue produite sur les flancs de la Cordillère des Andes... ou pire instruments d'un jeux complexe de billard à trois bandes.
Il serait certes tout aussi excessif de voir en eux - comme certains s'empressent de le faire - une émanation directe des Services algériens, voire hexagonaux, américains ou autres ! Certes, Alger laisse les salafistes se ravitailler en essence dans le grand Sud et ferme les yeux. Certes le Mouvement Algérien des Officiers Libres dénonçait naguère l'instrumentation du Groupe islamique armé - GIA - puis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat - GSPC - par l'armée nationale. Des liens qui se seraient maintenus jusqu'à aujourd'hui (2). Mais à première vue ceci n'explique pas vraiment cela. Quel aurait été en effet l'intérêt des Algériens de se tirer une balle dans le pied en ayant laissé se développer une crise d'où leurs Services de sécurité ne sortiront pas indemnes ? À contrario il n'est pas tout à fait impossible d'esquisser une réponse plausible à cette question au regard des éléments actuellement disponibles : soit de multiples sources ouvertes, convergentes et explicites. C'est pourtant avec circonspection que l'on doit aborder ce type de situation, complexe, labyrinthique, tout en s'extrayant cependant des schémas explicatifs préfabriqués.
DES LIENS ANCIENS ET ACTUELS ENTRE SALAFISTES ET SERVICES ALGÉRIENS
Première étape, suivons Robert Fisk (3), correspondant de The Independent à Beyrouth et grand témoin lorsqu'il évoque les liens entre salafistes et Services spéciaux. « Aussi opaques les militaires algériens puissent-ils paraître, leur mythe fondateur - une brutalité absolue envers leurs ennemis - a plu au Pentagone (4) et aux Français qui ont maintenu leur coopération sur la base de Cherchell près d'Alger au cours des années 1990, alors qu'ils savaient pertinemment que les soldats et les forces paramilitaires de ce pays se livraient à une orgie de tortures contre les insurgés et les civils... Une chose est certaine quant à ce [nouvel épisode] du sud algérien : les Algériens et les gouvernements occidentaux seront d'accord pour faire porter l'entière responsabilité du massacre des otages aux salafistes. Pas un mot de condamnation ne sera prononcé contre les militaires algériens... »
Effectivement, Robert Fisk ne s'est pas trompé : dès dimanche Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et grand humaniste rédhibitoirement hostile à la peine capitale, apportait tout son soutien à Alger, déclarant que « face au terrorisme, il faut être implacable ». Se déclarant en outre choqué « que les Algériens soient mis en cause, alors que ce sont les terroristes qui doivent l'être ». Même son de cloche de la part de Barack Obama s'exprimant la veille de son investiture et pour la première fois au sujet de cette crise, jugeant sans appel possible que les "terroristes" sont les seuls et uniques responsables de la mort des otages [AFP 20 janvier].
Des déclarations définitives dont le caractère péremptoire masque mal quelques aspects peu connus du grand public, mais essentiels pour appréhender qui sont véritablement ces terroristes islamistes : « une histoire peu connue, [à savoir] le véritable mariage entre al-Qaïda et l'armée algérienne, lequel date de l'occupation russe de l'Afghanistan. [...] Afin d'enrayer leurs pertes, les Soviétiques demandèrent à leurs alliés socialistes algériens de les aider en matière de renseignements. Les Services secrets algériens ont ainsi envoyé certains de leurs hommes qui se sont faits passer pour des moudjahidines au milieu d'authentiques combattants de la Légion arabe d'Oussama ben Laden [...] Lorsque les Russes se retirèrent et que les djihadistes algériens rentrèrent chez eux, Alger donna l'ordre à ses propres hommes de rester sous couverture au sein des groupes islamistes revenus sur le territoire national. Si bien que, quand la guerre civile commença, ayant maintenu leur couverture, certains agents participèrent aux massacres de civils » [Ibidem]. Le pli étant pris, le goût du pouvoir et du sang avec, chacun devinera la suite !
L'ALGÉRIE EN PORTE-À-FAUX ENTRE NÉCESSITÉ ET RÉPULSION
Lahouari Addi (5), spécialiste universitaire de l'Algérie, entend également, suivant une approche similaire, « décrypter les rapports de forces qui ont précipité l'assaut algérien... et dénouer l'écheveau de l’offensive française au Mali ainsi que la réaction algérienne face à la prise d'otages dans le complexe gazier de Tiguentourine »...
Qui sont véritablement les ravisseurs ? « On ne le sait pas avec exactitude... ce qui paraît vraisemblable, c'est l'infiltration par le Département du Renseignement et de la Sécurité, le service de renseignements algérien, de ce groupuscule, les "Signataires par le sang", dont il y a fort à parier que le leader Mokhtar Belmokhtar, surnommé "le Borgne", ou encore "Mister Marlboro" pour ses supposés trafics de cigarettes, entretient des relations avec des officiers algériens(6) » [...] « Ce groupe prétend venir du Mali ? Une chose est sûre, l'immense étendue du Sahara, est sous étroite surveillance satellitaire, ce qui rend impossible tout déplacement sans se faire immédiatement repérer et identifier ». Qui a donné l'ordre d'attaquer le complexe gazier ? Lorsque le président Hollande a cherché à joindre le jeudi 17 son homologue algérien, il n'a pu l'atteindre. Faut-il comprendre que la situation échappe totalement à Bouteflika ? Ou qu 'il n'a aucune autorité sur ses généraux ?... Ces dysfonctionnements en disent long sur les rivalités et les désaccords qui opposent les différents centres de pouvoir... Il est probable que dans les prochaines semaines le DRS sera complètement réorganisé pour avoir été incapable de gérer cette situation » [...] Enfin « pourquoi l'Algérie, si soucieuse de son indépendance, a-t-elle autorisé le survol de son territoire par l'aviation française ? » Sachant que « l'Algérie était opposée à l’intervention française au Mali ». Oui, pourquoi ?
Lahouari Addi, qui connaît son sujet, pose bien le problème mais ne donne pas forcément la totalité de la réponse lorsqu'il insiste sur « l'hostilité de l'Algérie à l'égard de l'offensive française au Mali. Une intervention intempestive qui a fait échouer les plans des militaires algériens, dans un pays considéré comme l'arrière-cour de l'Algérie, et comme un formidable levier pour faire pression sur l'Europe ». Sans doute notre expert fait-il ici allusion aux richesses minières supposées dormir dans le sous-sol malien. « Mais le DRS a infiltré nombre d'organisations situées dans le nord du Mali, sans cependant les contrôler complètement. Les militaires algériens ne souhaitaient pas qu’ils aillent vers le sud. Mais les islamistes se sont radicalisés et ont décidé de marcher sur Bamako, ce qui a précipité l'intervention de la France ».
Si nous relisons avec attention ces propos, ceux-ci nous fournissent à peu près toutes les pièces d'un puzzle, désormais facilement reconstituable... D'abord Robert Fisk et Lahouari Addi, témoins crédibles parmi de nombreux autres, établissent l'existence de liens entre l'État profond algérien, le pouvoir militaire, et les djihadistes, infiltrés de longue date par les Services spéciaux. Groupes islamistes radicaux qui peuvent être ainsi, le cas échéant, manipulables en tant que de besoin. Gageons ensuite que cette opération reflète ou exprime de profondes dissensions ou fractures à l'intérieur du pouvoir militaire et civil algérien quant aux positions qu'Alger doit adopter
dans le contexte du conflit malien. L'affaire a également mis en évidence la faiblesse du dispositif de sécurité tant algérien qu'anglais (le site est exploité par la British Petroleum) dans le grand sud algérien (alors que les frontières sont censées être fermées depuis le début de l'intervention française au Mali), d'où la brutalité de la réaction, brutalité sur laquelle les politiques et les média se sont faits d'une discrétion exemplaire... au contraire des Nippons et des Rosbifs.
Bien sûr, cette crise des otages qui a vu dénoncer la « complicité d'Alger avec Paris » aboutit de facto à internationaliser le conflit malien en l'étendant à l'Algérie, mais de toute évidence, l'opération visait en priorité à faire interdire l'espace aérien algérien aux Rafale français. L'hypothèse inverse, « impliquer davantage Alger » dans un conflit dont elle ne voulait pas, paraît plus improbable et à tout bien considéré, beaucoup plus problématique quant à sa mise en œuvre. La troisième éventualité étant la volonté - délibérée - d'étendre la guerre au territoire algérien comme la Brookings Institution, sous la plume de Bruce Riedel le préconisait dès août 2011... « Algeria will be next to fall » - l'Algérie sera la prochaine à tomber ! Riedel prévoyait en effet que le succès de la guerre en Libye réactiverait les islamistes radicaux en Algérie, particulièrement ceux d'AQMI. Riedel observait à ce propos : « l'Algérie a exprimé sa préoccupation en ce qui concerne les troubles en Libye, dans la perspective où ceux-ci pourraient bien conduire au développement d'un nouveau sanctuaire pour Al Qaeda et d'autres éléments extrémistes djihadistes » [< nationalinterest.org > 19 août 2011]. La prévision en ce qui regarde la Libye s'est avérée exacte, celle-ci est devenue pour Al-Qaïda un sanctuaire généreusement sponsorisé par l'Occident... Pour le reste l'Algérie veille justement à ne pas rouvrir ses portes à la tempête.
Dans le premier cas de figure, le plus plausible, il s'agirait, à défaut d'une interdiction totale, de restreindre le franchissement de l'espace aérien algérien par les Français, en le limitant par exemple aux vols d'appareils humanitaires et sanitaires. Rappelons que quatre Rafale de la base de Saint-Dizier en Haute-Marne procèdent actuellement à des frappes dans le nord Mali, indépendamment des vols d'approvisionnement logistique par gros porteurs... On imagine par conséquent quelle incidence pourrait avoir une telle interdiction sur la suite des opérations.
OTAGES ET CARNAGE : "NOUS, AL-QAÏDA, ANNONÇONS CETTE OPERATION BÉNIE"
À l'appui de cette thèse, la revendication de la prise d'otages par Mokhtar Belmokhtar, émir de « Signataires par le sang », dans une vidéo datée du jeudi 17 janvier. Vidéo diffusée trois jours plus tard sur le site mauritanien saharamedias.net dans laquelle Belmokhtar révèle que l'opération a été « menée par quarante combattants membres de différents pays islamiques, dont certains originaires de pays occidentaux (7) ». En l'occurrence le Canada ! Mais il dit surtout que la prise d'otages a été lancée « en représailles contre le régime algérien qui a permis hier aux colons d'utiliser notre terre et notre ciel pour tuer notre peuple et nos frères au Mali » ! La boucle est bouclée, la question de l'ouverture à la France de l'espace aérien est là. Nous avons ici la clé explicative de la prise d'otages et du carnage subséquent. Les factions radicales de l'État profond algérien ont activé les islamistes pour créer intérieurement et internationalement l'électrochoc autorisant Alger à se barricader derrière ses frontières et à s'extraire de toute implication directe ou indirecte dans le conflit malien. C'est sous ce double aspect intérieur et extérieur qu'il faut comprendre l'affaire de Tiguentourine. Maintenant que Belmokhtar ait agi de sa seule initiative ou en "coordination" avec certaines factions de l'État profond algérien, cela ne change rien à la sauvagerie de l'assaut que les forces gouvernementales ont livré au retranchement des ravisseurs.
Suite à sa vidéo de revendication, Belmokhtar communiquait à nouveau le dimanche 20 janvier par le truchement de l’Agence Nouakchott Information, insistant à la fois sur « l'implication de l'Algérie dans la guerre au Mali par l'ouverture de son espace aérien et la fermeture de ses frontières » et dénonçant avec vigueur « une armée algérienne va-t-en guerre et peu soucieuse de la vie des otages, face à des hommes qui entendaient négocier ». Les combattants n'auraient à ce titre pas cherché à sortir les otages du périmètre du complexe gazier pour leur faire franchir la frontière, mais seulement à « se déplacer vers l'usine pour protéger la vie des musulmans et des otages ». Ce sont alors les tirs des hélicoptères algériens sur les véhicules qui auraient « détruit sauvagement les véhicules et avec eux, les otages » [AFP/AP/Reuters 20 janvier]. Belmokhtar est-il finalement moins crédible que le ministre algérien de la Communication, lequel a annoncé cyniquement la fin des opérations à plusieurs reprises et lâchés des chiffres de mortalité à rallonge et au compte-goutte ?
Pour ne pas conclure ce chapitre, notons que le déroulement de la prise d'otages montre une évidente organisation de la part des Salafistes, une parfaite connaissance des lieux, laquelle ne présuppose pas l'improvisation. Or, la France n'est intervenue au Mali que depuis quelques jours seulement, et si l'opération a été préparée de longue date, ce ne pouvait être a priori que par des planificateurs suffisamment expérimentés et informés pour anticiper l'intervention de la France au Mali et à partir de là, prévoir un contrefeu à l'implication forcée de l'Algérie dans le conflit. Attendons à ce titre de prochains règlements de comptes à Alger.
CONSÉQUENCES : PARIS RESTE SEUL AU MALI
Contrairement à ce que l'on pouvait attendre de cette prise d'otages, les Anglo-Américains refusent de s'y laisser impliquer. Si internationalisation de la crise il y a, elle ne concerne pour l'instant que l'Algérie qui devrait en toute logique et en conclusion se barricader encore davantage à l'intérieur de ses frontières, car Washington et Londres semblent pour l'heure bien déterminés à n'intervenir qu'en laissant Alger agir à sa guise (8).
Les ministres de la Défense britannique Philip Hammond, et américain, Léon Panetta, se sont solidairement déclarés prêts à lutter contre Al-Qaïda au Maghreb, mais tout en se défaussant sur les Algériens qui « comprennent la menace terroriste sûrement mieux que beaucoup d'autres pays. Je pense qu'il est important de continuer à travailler avec eux pour développer une approche régionale... Nous sommes déterminés à vaincre le terrorisme et à être aux côtés du gouvernement algérien » [AFP 19 janvier]. Une mission qui au demeurant pourrait ressembler à une sorte de cadeau empoisonné, autrement dit en espérant, avons-nous suggéré, que le feu du djihad rallumé à l'occasion de la guerre de Libye, puis aujourd'hui au Mali, finisse par retrouver le chemin du territoire algérien. Les deux acolytes ont malgré tout fait part du bout des lèvres de leur soutien à l'Opération Serval tout en excluant catégoriquement l'envoi de troupes dans la région. Soyons juste à ce sujet : pourquoi les Anglo-Américains se montreraient-ils solidaires d'un État qui s'est lui-même désolidarisé de ses alliés en Afghanistan ? Remarquons que François Hollande et ses conseillers auraient dû réfléchir à deux fois avant de trahir les engagements français en Asie centrale. Une décision qui, bien évidemment, n'a rien eu avoir avec les exigences d'une morale supérieure.
D'aucuns ont souligné les enjeux géoéconomiques de la France au Sahel où se situent certaines de ses sources d'approvisionnement minéral, en uranium nigérien notamment. Nul citoyen hexagonal ne songerait à faire grief à son gouvernement de protéger ses arrières et d'assurer la continuité énergétique du pays. Mais une guerre d'une légalité internationale douteuse - la France n'a pas de mandat explicite du Conseil de sécurité et n'agit qu'à la demande d'un fragile « gouvernement intérimaire » - était-elle nécessaire ? Sauf à faire encenser le chef de l'État français par une presse courtisane jusqu'à la nausée, en tant que «chef de guerre»... Ce qui constitue le moindre des paradoxes pour un socialiste grand teint, en principe "pacifiste" à tout crin ! Sauf - insistons - à tenter de remonter dans les sondages à coup de bombes, de millions d'euros et de morts. Remonter dans les sondages afin d'y puiser un semblant de légitimité permettant au chef de l'État d'imposer à la nation une glaciale politique de rigueur et de privations économiques et un complet démantèlement de l'institution familiale totalement parodiée.
Léon CAMUS. Rivarol du 25 janvier 2013
1. Abdoul Rahman al Nigeri, l'un des seconds de Mokhtar Belmokhtar, planificateur de la prise d'otages. Le Nigérien, ordinairement actif au Mali et au Niger, a rallié en 2005 le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, et participera la même année à une attaque qui causa la mort de 17 soldats mauritaniens.
2 - AFP « Un "officier libre" témoigne sur l'autre guerre, au sein de l'armée ». Madrid, 18 mai 1999. Cf. algeria-watch.org
3 - The Independent, 17 janvier 2013. Robert Fisk : « Algeria : the slaughter ofthe good and had at the In Amenas gas plant was utterly predictable » - « le carnage des bons et des méchants était hautement prévisible ».
4 - L’enlèvement d'un groupe de touristes, allemands, suisses et autrichiens enlevés en 2003 par des salafistes, avait déjà suscité le même type d'interrogation parfois quelque peu fantaisiste. Ainsi le site suisse Mecanopolis évoquait le 26 mars 2008 la présence d'une "base" de surveillance américaine à proximité de l'oasis d'Ihérir à 220 km de la frontière libyenne dans le Tassili des Adjer, c'est-à-dire à 120 km au nord d'Illizi, lieu où des touristes, allemands, suisses et autrichiens avaient été enlevés le 18 août 2003. Toujours est-il que pour l'Américain Eric S. Margolis - New York Times, The International Herald Tribune, The Los Angeles Times, Times of London, etc. - des commandos des forces spéciales seraient désormais présents sur le territoire algérien... « US air forces and small numbers of Spécial Forces from its new Africa Command are now entering action in Mali and Algeria » - < eric-margolis .com > 18 janvier 2013.
5 - Lahouari Addi, spécialiste de l'Algérie, enseigne à l'Institut de sciences politiques de Lyon. Oumma.com, 18 janvier 2013.
6 - Mokhtar Belmokhtar, chef des djihadistes, « entretient des relations avec des officiers algériens ». 17 janvier, Sahara Media.
7 - Le commando dirigé par Abdelrahmane, "le Nigérien", était composé d'une quarantaine de combattants apparemment originaires d'Algérie, d'Egypte, du Niger, du Tchad, de Mauritanie, du Mali, du Canada (liste non limitative), lesquels se seraient infiltrés en Algérie à partir du Niger selon la version officielle puisqu'il est impolitiquement correct de mentionner la Libye pourtant à proximité immédiate du gisement gazier.
8 - Les preneurs d'otages voulaient entre autres « échanger les otages américains détenus par leur groupe » contre un Égyptien, Omar Abdel-Rahman, et une Pakistanaise, Aafïa Sid-diqui, emprisonnés aux États-Unis sur des accusations de terrorisme. Demande aussitôt et catégoriquement rejetée par Washington trop contente de voir les Algériens effectuer à leur place la sale besogne [cf. < lefigaro.fr > 20 janvier 2013]. -
Le gouvernement socialiste complice des djihadistes en Syrie
La progression des islamistes au Mali a créé un "appel d'air" pour de nombreux candidats au djihad en France, mais les départs se raréfient depuis le début de l'intervention militaire française, déclare le juge anti-terroriste Marc Trévidic.Trois à quatre informations judiciaires ont été ouvertes en France au sujet d'individus soupçonnés d'être liés à des cellules combattantes au Mali, dit-il, soulignant que les individus sous surveillance se font plus discrets depuis le début de l'opération "Serval"."Il y a eu, sur les huit derniers mois, un appel d'air, parce qu'ils ont entendu dire, sur internet ou dans leurs conversations, 'super, on applique la charia à Tombouctou, il y a une vraie terre d'islam et en plus on nous a dit qu'en septembre, les mécréants allaient attaquer cette terre d'islam", a expliqué Marc Trévidic, en référence au déploiement initialement prévu en septembre d'une force ouest-africaine au Mali sous mandat de l'Onu."On a le djihad absolu", a-t-il ajouté. Mais depuis quelques semaines, "c'est dur de partir et puis surtout, les gens ne bougent pas l'oreille"."Le danger, il n'est pas à court terme, il est à moyen terme", conclut le juge d'instruction.Deux semaines après le début de l'intervention militaire française, l'armée malienne faisait mouvement vendredi en direction de Gao, bastion des rebelles islamistes qui refluent apparemment des villes qu'ils ont conquises.Marc Trévidic fait par ailleurs état d'une cinquantaine de Français actuellement en Syrie et "d'enquêtes dans tous les sens". Une situation particulièrement compliquée puisque des djihadistes se trouvent parmi les opposants au régime de Bachar al Assad, dont la France réclame le départ.Ces Français "partent et on ne sait pas ce qui se passe là-bas, parce que s'ils partent simplement pour combattre le régime de Bachar al Assad, il me semble qu'on les soutient et qu'on les arme, alors s'ils sont terroristes à cause de ça, on est complice, littéralement", dit-il.La France a apporté un soutien politique et humanitaire à la coalition nationale syrienne mais refuse de donner des armes aux rebelles sur le terrain. Un embargo de l'Union européenne sur la livraison d'armes en Syrie doit être réexaminé fin février.Avec Reuters http://www.francepresseinfos.com/ -
De la Libye au Mali
« Pour les Français », tout aurait commencé avec la Libye. C’est tout au moins ce qu’ils pouvaient penser quand Sarko, tout d’un coup, s’en va-t’en guerre contre le chef terroriste libyen, Kadhafi et le fait remplacer par d’autres « rebelles » non moins terroristes et islamistes, actuellement au pouvoir.Mais qu’est-ce qu’il est allé foutre en Libye, le Sarko ? Ce n’est même pas une ancienne colonie française, ce pays. La guerre contre les terroristes islamistes ? Même pas ! La France de Sarko - ni celle d’aujourd’hui, ne reconnait le Hamas comme un parti terroriste alors que ce sont les pires criminels terroristes islamistes qui sévissent depuis bien des années.Quelle mouche l’a donc piqué ? On ne savait pas. N’empêche, qu’il y est allé de bon cœur.Pendant ce temps, en Syrie, les civils se faisaient et se font toujours massacrer par Bechar et la France de Sarkozy (et maintenant Hollande) reconnait les rebelles-terroristes islamistes et les aide à prendre le pouvoir.Presqu’une année se passe pendant laquelle les armes libyennes transitent sans problème, de Libye vers les terroristes-rebelles-islamistes du Sahel, du Liban, de Gaza et en Syrie.Et tout ça, sans que la France ni l’Algérie ni les Usa ne s’en aperçoivent ? Nan !Essayons de reprendre depuis le début, s’il vous plait.La Libye de Kadhafi est très généreuse avec le Mali. Kadhafi fait les yeux doux aux maliens à grand renfort de dollars et ça a le don de mettre en rogne Bouteflika. Lui, aussi, il lorgne vers le Mali. Et il n’accepte pas - mais alors, pas du tout – de voir le libyen piétiner ses platebandes. Après tout, le Mali et l’Algérie ont une frontière commune mais pas la Libye.L’Algérie passe un accord avec les USAQuand les terroristes islamistes d’Aqmi – anciens du GIA algérien – commencent à s’installer dans le sud algérien après les années 90 et commencent à prendre des otages qui leur rapportent beaucoup de dollars, l’Algérie passe un accord «antiterroriste-islamiste-preneurs d’otages» avec les USA. Bouteflika qui veut régner sur le Sahel, se voit bombarder gendarme de l’Afrique subsaharienne par les américains et la condition sine qua none de l’algérien est qu’aucun pays étranger n’entrera dans cette partie africaine pour combattre les terroristes islamistes (1). Pas d’ingérence des occidentaux. Exit, la France, ancienne colonisatrice, dont les ressortissants sont principalement visés par les anciens GIA rebaptisés Aqmi. L’Afrique et ses terroristes islamistes, c’est l’affaire des américains et de l’algérien. De l’algérien, surtout ! Qui ne veut pas de la France.Depuis l’indépendance de l’Algérie, on sait que les relations entre la France et l’Algérie n’ont cessé de se détériorer. Même si les Français en font beaucoup trop pour plaire aux algériens, la vieille rancœur algérienne persiste.Cependant, elle atteint un niveau de dégradation extrême sous l’ère Sarkozy. C’est, en tout cas, ce que les officiels algériens et français disent et que rapportent les media. Sarkozy serait même devenu persona non grata. Ha ?!C’est pourtant Sarkozy qui va épurer la Libye et faire dégager le libyen en y installant à sa place, les rebelles-islamistes. C’est au tour d’Hollande d’aller faire sa cour auprès de l’algérien. (Avant et après son élection)Un deal entre le président algérien et le candidat à la présidence françaiseOn peut supposer qu’il y a eu un deal entre le président algérien et le candidat à la présidence française. Du style « je fais voter les algériens de France pour toi mais, en échange »…Le socialiste est élu. Pour endormir les français, il déclare que la France va faire repentance auprès des algériens pour améliorer les relations entre les deux pays. Ce qu’ils s’en foutent les algériens de la repentance. Ce qu’ils veulent c’est bouffer. Et ça, ce n’est pas le souci premier de Bouteflika.De l’enfumage. De l’enfumage pour détourner l’attention des français sur ce qui se trame.Pendant ce temps-là – environ six mois - les algériens laissent allègrement les barbares islamistes s’installer au Nord du Mali sans broncher (alors qu’ils ont de quoi éradiquer les terroristes d’Aqmi et les autres – ils nous l’ont prouvé ces derniers jours). Pour le gendarme en chef de l’Afrique subsaharienne qui devrait lutter contre les sanguinaires islamistes, il est plutôt muet, le Bouteflika ! Les américains, aussi.Donc, arrive Zorro Hollande !Il n’y a que l’Algérie et la Franceau secours du MaliHollande qui a dit, dans un premier temps – on s’en souvient - que la France n’avait pas à se mêler de ce qui se passait en Afrique. Hollande qui a laissé les maliens du Nord se faire massacrer par les islamistes parce que l’Afrique de papa n’existait plus.Hollande qui a attendu à peu près neuf mois après son élection - juste le temps qu’il fallait pour ne pas trop paraître à la botte de l’algérien – Hollande, donc, le repenti au nom de la France, déclare la guerre aux terroristes islamistes… au Mali. Tout seul. Comme un grand !Ha ! Mais…. Qu’est-ce que vous croyez ! C’est un grand guerrier l’Hollande.Sauf que… le seul appui qu’il a reçu, l’Hollande, c’est de Bouteflika qui lui donne – tout de suite - l’autorisation de survoler « SON » territoire algérien ! Ha ! Mais c’est pas rien, un coup de main pareil ! Surtout quand on connait l’algérien.Du coup, y a plus personne qui bronche. Ni les Usa ni les Européens ni les Africains ni les palestiniens ni les russes… Le Monde entier est muet.Il n’y a que l’Algérie et la France au secours du Mali.Et, pour faire un peu plus vrai, on monte un spectacle après quelques jours du débarquement français au Mali, « une prise d’otages » avec un commando terroriste islamiste qui vient… d’Algérie et que les algériens vont dégommer - avec les otages en prime. On fait pas de quartier chez ces gens-là. Mais la France excuse la méthode. Mieux, elle l’approuve. Hollande, himself, avoue qu’il n’y avait pas d’autres moyens pour répondre à des islamistes. Tuer TOUT le monde. Pensez-vous qu’il puisse désavouer la tuerie des « forces spéciales » de Bouteflika ?Mais quel cinéma, ils nous montent ces deux présidents-là !Toutes les anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest sont desréservoirs à fric dans lesquels se servent sans compter lesdirigeants françaisEn résumé :Sarko dégage la Libye. Hollande joue à Robin des Sables au Mali.Qui est gagnant dans cette affaire ? Bouteflika, président à vie d’Algérie, qui lorgnait le Mali et qui ne voulait pas se faire bouffer par la Libye.Et la France, toujours cocue, a engagé un tas de fric de ses contribuables et la vie de ses hommes pour aider l’Algérie à se poser en libératrice du Mali.Et pendant cet enfumage d’un feu de tout bois, on ne parle plus des syriens qui s’en vont à l’abattoir chaque matin que Dieu fait.Et que se passe-t-il en Syrie ?Les Russes ont déployé leurs forces armées en Syrie et en Méditerranée.Les iraniens ont fait de même et ont passé le canal de Suez pour venir se positionner près des côtes syriennes.Et on commence à murmurer du bout des lèvres que, aux environs de Noël, Bechar aurait usé de ses armes chimiques contre la population à Homs.Et s’ils nous disaient la vérité, pour une fois, tous ces dirigeants de la planète qui magouillent à qui mieux-mieux pour se partager à nouveau le monde après une troisième guerre mondiale ?Les musulmans veulent manger le monde. Mais ils sont déjà en train de s’éliminer entre eux. C’est pas une mauvaise idée. De là à mêler la France dans leurs tueries parce que celle-ci serait redevable d’avoir tenté de les civiliser il y a à peu près cent ans… C’est une autre histoire.Contrairement à ce qu’affirment nos dirigeants, il vaudrait mieux couper radicalement le cordon avec ces anciennes colonies qui n’ont jamais évolué. Barbares ils étaient, barbares ils resteront.Seulement voilà, le fric qu’ils ont gagné grâce au pétrole qu’on leur a trouvé, joue un grand rôle dans la vie de la France endettée jusqu’au cou. L’Algérie, la Syrie, toutes les (anciennes) colonies d’Afrique de l’Ouest sont des réservoirs à fric dans lesquels se servent sans compter les dirigeants français et aujourd’hui, ils ont rajouté le Qatar.Et tous ces gens sont en guerre. Pas seulement au Moyen orient.(1) cf/ les prises en otage des français depuis plusieurs années dans ces régions et l’inaction forcée de la France pour les faire libérer. Quant à la méthode des «forces spéciales algériennes» à Aïn Aminas, elle nous fait tristement penser à la manière dont ils ont maquillé les meurtres des moines de Tibihirine. On tire dans le tas et on tue tout ce qu’il y a en bas. Après, on peut toujours dire qu’on n’avait pas le choix ou on dit : c’est pas moi, M’sieur !)
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