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géopolitique - Page 862

  • En fin de compte, la guerre contre l’Iran n’aura pas lieu

    Ex: http://mediabenews.wordpress.com/


    iran-wide

    La guerre contre l’Iran n’aura pas lieu… pour le moment. La guerre d’Iran n’aura pas lieu de sitôt même si ‘Pierrot le fou’ – Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël – crie « Aux loups, aux loups » à la Knesset – parlement israélien – pendant qu’Ahmadinejad – le Président iranien – ne l’écoute pas, ne l’entend pas, et pour cause…

    L’Iran connaît parfaitement les plans de l’hyène américaine et l’Ayatollah Khamenei sait également que le renard israélien ne commande pas au loup états-unien. C’est plutôt l’inverse (1).

    Tout ce que la Terre porte d’analystes, d’observateurs, d’experts militaires se sont émus la semaine dernière à l’annonce qu’un porte-avions de la Ve flotte américaine, furetant dans le secteur du détroit d’Ormuz, loin de son port d’attache, avait été chassé de la région par un exercice militaire iranien. Le navire risquait en effet de provoquer un incident-accident entre les deux belligérants se disputant le Golfe persan (2).

    L’incident n’était pourtant qu’un exercice de réchauffement avant la conflagration à venir. Après avoir assisté à ce coup monté, dites-vous que l’une des prochaines fois sera la bonne et que cet incident provoqué déclenchera non pas la ‘troisième guerre mondiale’ mais l’attaque américano-israélienne contre l’Iran que l’Amérique attend depuis si longtemps.

    Pourquoi pas cette fois, ni la prochaine, mais la suivante seulement ? Et pourquoi en 2013 et pas avant ? Pour répondre à ces questions il faut savoir pourquoi les USA en veulent tant à l’Iran. Si l’on ne sait pas répondre à cette question préalable, on en est réduit à conjecturer – à spéculer – à colporter les papiers d’intoxication médiatique des éditorialistes américains et israéliens.

    Posons d’abord une prémisse évidente. Neuf pays de par le monde possèdent l’arme atomique. Ce sont les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l’Inde, la Chine, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – entre 100 et 200 ogives – (3). Y a-t-il plus criminel que le gouvernement états-unien ? Y-a-t-il plus hystérique que le gouvernement israélien ? Y-a-t-il plus instable que le gouvernement pakistanais ? Y-a-t-il plus imprévisible que le gouvernement coréen ? Y-a-t-il plus soumis que le gouvernement du Royaume-Uni ? Y-a-t-il plus cynique que le gouvernement de Russie ? Y a-t-il plus agité que le gouvernement de Sarkozy ? Pourtant, ni l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique) ni l’ONU ne suggèrent le désarmement nucléaire de ces gouvernements menaçants et incompétents.

    Il faut en conclure que la propagande à propos du danger nucléaire iranien n’est qu’un faux-semblant qui cache autre chose, d’autant plus que celui qui s’en dit le plus préoccupé-menacé est justement le seul qui ait utilisé l’arme atomique deux fois plutôt qu’une (Hiroshima et Nagasaki) et qu’il menace encore une fois de l’utiliser contre l’Iran – bombes de type Blu-117 – (4). Qui plus est, les États-Unis possèdent 2 200 têtes nucléaires et 800 vecteurs, de quoi détruire la planète toute entière (5). Que feront les deux ou trois bombes nucléaires iraniennes – à supposer qu’elles existent – montées sur des missiles Shihab-3 – 2 200 km de portée maximum – alors que les États-Unis se situent à 11 000 kilomètres du Golfe persique ? Moins d’une heure après une prétendue attaque iranienne, mille bombes nucléaires américaines pulvériseraient l’Iran ne laissant plus une âme qui vive (77 millions d’habitants). Espérons que nous en avons terminé avec cette fadaise de la menace nucléaire iranienne tout juste bonne à effrayer les retraités des salons de thé.

    Mais alors qu’est-ce qui justifie l’acrimonie états-unienne à l’encontre de la destinée iranienne ? Dans un papier, il y a tout juste une année, nous avions répondu à cette question – « Regardez du côté du détroit d’Ormuz », disions-nous (6).

    L’Iran a commis le crime de lèse-majesté de ne pas trembler quand Georges W. Bush l’a désigné à la vindicte de sa ‘communauté internationale’. L’Iran a l’outrecuidance de développer sa propre politique nationale plénipotentiaire. L’Iran a le culot de vendre son pétrole à la Chine en devises souveraines iraniennes. L’Iran s’approvisionne en armement auprès de la Russie honnie. L’Iran a choisi le camp de l’impérialisme chinois – l’ennemi irrédentiste de l’impérialisme américain. Enfin, l’Iran a le mauvais goût de posséder une frontière sur le détroit d’Ormuz par où transite près de 35 % du pétrole mondial, point de passage pétrolier que les États-Unis entendent bien entraver ou faire entraver  ! Pour que ce plan machiavélique fonctionne, les États-Unis doivent cependant colmater au moins deux brèches dans le dispositif de verrouillage pétrolier de la région du Golfe persique. Le projet Nabucco, un oléoduc irano-irako-syrien destiné à acheminer le pétrole iranien et irakien jusqu’en Méditerranée via le territoire syrien et le projet d’oléoduc des Émirats Arabes Unis destiné à contourner le détroit d’Ormuz pour l’acheminer directement jusqu’au port de Foujeirah (7). Pour ce dernier oléoduc ce ne sera pas compliqué ; les Émirats Arabes Unis sont sous protectorat américain et leur pétrole sera acheminé aux clients que Washington aura accrédités ; pour le premier cependant, rien n’est assuré et la subversion récemment entreprise contre la Syrie vise justement le contrôle de cet oléoduc.

    Dans un récent article nous demandions pourquoi la France et l’Euroland endossent la stratégie américaine visant leur propre étranglement pétrolier (8) ? En effet, si le détroit d’Ormuz est interdit à la navigation, c’est la Chine et l’Europe qui seront privées de carburant et non les États-Unis qui s’approvisionnent autrement. Ceci nous amène à conclure que l’Union Européenne devrait réviser ses politiques vis-à-vis de la Syrie et de l’Iran prochainement.

    China Marks 60 Years Of The Chinese Navy

    L’agression américaine contre la Syrie et l’Iran s’inscrit comme une étape de la guerre que se livrent les trois grands camps de l’impérialisme mondial – le camp états-unien – le camp de l’Euroland allié au camp américain jusqu’au 8 décembre dernier et dont il tente dorénavant de s’éloigner pour ne pas couler avec le dollar plombé – et le camp chinois, la superpuissance industrielle montante à laquelle sont associées l’Iran, la Syrie et la Russie.

    Un expert affirme que ce que nous décrivons ci-haut : « ce modèle militaire mondial du Pentagone en est un de conquête du monde » (9). Les États-Unis n’envisagent nullement de conquérir le monde. Leur puissance technico-militaire est énorme mais leur capacité militaire conventionnelle – humaine – est bien en-deçà de telles ambitions. Les Américains souhaitent simplement détruire les infrastructures urbaines, les infrastructures portuaires et les raffineries iraniennes de façon à punir ce pays pour sa dissidence ; faire un exemple auprès de tous les autres pays en voie de développement qui caressent des rêves d’indépendance nationale.

    Les États-Unis ne cherchent pas à s’emparer du pétrole iranien, ils en seraient bien incapables puisqu’ils ne songent nullement à débarquer des détachements de Marines et à s’installer à Téhéran. Quand on est impuissant à mater les talibans afghans, on ne songe même pas à occuper l’Iran.

    Les États-Unis cherchent plutôt à provoquer une crise économique, financière, monétaire mondiale qui frappera toutes les puissances impérialistes, dépréciera leurs monnaies (le Yuan et l’Euro – le Dollar, lui s’en va déjà à vau-l’eau) et les rendront dépendantes des marchés boursiers et des ressources énergétiques du monde anglo-saxon (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Canada) où la valeur des entreprises pétrolières s’élèvera de façon vertigineuse en même temps que la valeur de l’or noir (Golfe du Mexique, Alaska, Sables bitumineux de l’Alberta et Mer du Nord).

    Ce coup de « poker » démentiel et meurtrier ne provoquera pas la ‘troisième guerre mondiale’ – les deux autres blocs impérialistes concurrents ne sont pas encore prêts à engager un affrontement militaire contre la superpuissance nucléaire américaine représentant la moitié des dépenses militaires de la planète (10).

    Les peuples du monde souffriront énormément de cette crise économique profonde accompagnée d’une inflation importante, d’une hausse du chômage déjà catastrophique, d’une déprime boursière, de l’effondrement des hedge funds et des caisses de retraite des travailleurs ; cette crise enclenchera des soulèvements ouvriers, des grèves et des occupations d’usines jalonneront la guerre de classe – travail contre capital – sur le front économique que les opportunistes petits-bourgeois auront mission de liquider en proposant divers slogans réformistes pour sauver le système capitaliste.

    L’attaque américano-israélienne contre l’Iran n’aura pas lieu en 2012 – année d’élection américaine. Le sort de la Syrie doit d’abord être tranché ; pour Méphisto Obama et pour le Minotaure Netanyahu rien ne presse. Après l’élection il sera temps d’ouvrir les portes de l’enfer et de libérer les Cerbères des Guerres puniques contemporaines.

    Un indice pour ceux qu’il presse de savoir quand cela surviendra : il suffit de compter les grands navires de guerre américains qui mouillent dans le Golfe persique ; quand il n’en restera plus aucun, le combat de l’Armageddon tonnera dans la fournaise persane.

    Robert Bibeauhttp://euro-synergies.hautetfort.com/

    ________________________________________

    (1) « Déclarations d’Hillary Clinton et du secrétaire à la Défense Leon Panetta : « aucune option n’est écartée ». Panetta a toutefois indiqué qu’« Israël ne devrait pas envisager d’action unilatérale contre l’Iran », tout en soulignant que « toute opération militaire d’Israël contre l’Iran doit être appuyée par les États-Unis et coordonnée avec eux ». (Déclaration de Leon Panetta le 2 décembre au Saban Center, cité dans U.S. Defense Secretary : Iran could get nuclear bomb within a year – Haaretz, 11 décembre 2011. C’est l’auteur qui souligne.).

    (2) Il faut souligner toutefois que la flotte de guerre iranienne est chez-elle près des côtes d’Iran alors que la Ve flotte américaine est une intruse à 11 00 kilomètres des côtes américaines. 3.1.2012. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/01/03/le-bras-de-fer-entre-l-iran-et-l-occident-se-poursuit_1624979_3218.html

    (3) Mordechaï Vanunu en entrevue avec Silvia Cattori. 2005. « non seulement on ne s’en prend pas à Israël, mais on aide même ce pays en secret. Il y a une coopération secrète entre Israël et la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis. Ces pays ont décidé de contribuer à la puissance nucléaire d’Israël afin de faire de ce pays un État colonial, dans le monde arabe. Ils aident Israël, parce qu’ils veulent que ce pays soit à leur service, en tant que pays colonialiste contrôlant le Moyen-Orient, ce qui leur permet de s’emparer des revenus pétroliers et de maintenir les Arabes dans le sous-développement et les conflits fratricides. Telle est la principale raison de cette coopération. ». http://www.silviacattori.net/article2313.html

    (4) Michel Chossudovsky 6.1.2012. Mondialisation. « (…) attaque contre l’Iran, mais aussi que cette attaque pourrait inclure l’utilisation d’armes nucléaires tactiques antiblockhaus ayant une capacité explosive allant de trois à six fois celle d’une bombe d’Hiroshima. » http://www.centpapiers.com/l%E2%80%99iran-face-a-une-attaque-a-l%E2%80%99arme-nucleaire-%C2%AB-aucune-option-n%E2%80%99est-ecartee-%C2%BB/91431

    (5) http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/1089606/2010/04/06/Arsenal-nucleaire-americain-sur-terre-mer-ou-ciel-des-ogives-par-milliers.dhtml

    (6) La guerre contre l’Iran aura-t-elle lieu ? 14.01.2011.  http://bellaciao.org/fr/spip.php?article112543 et dans cet écrit datant de novembre dernier, Menacer l’Iran préparer l’invasion de la Syrie. 17.11.2011. http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27724

    (7) http://www.voltairenet.org/Les-Etats-Unis-suspendent-leurs et http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/201201/09/01-4484169-emirats-un-oleoduc-pour-eviter-le-detroit-dormuz-bientot-operationnel.php

    (8) Deux mille douze avant et après ? http://www.centpapiers.com/deux-mille-douze-avant-et-apres/91333

    (9) Pierre Khalaf. Guerre au Proche-Orient : anatomie d’une menace. 24.10.2011. http://www.voltairenet.org/Guerre-au-Proche-Orient-anatomie-d

    Manlio Dinucci. Les USA ‘tournent’ la page et s’apprêtent à de nouvelles guerres. 7.1.2012. http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=28526

  • Mali : Tant que l'argent afflue, l'Ouest ne semble pas troublé par l'idéologie des monarchies du Golfe

    La France espère que les monarchies arabes du Golfe vont apporter leur aide à la campagne contre les rebelles djihadistes au Mali, a déclaré hier son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. En visite aux Emirats Arabes Unis, M. Fabius a présenté brièvement les différentes aides possibles : en fournissant du matériel ou du financement - une requête ironique étant donné que l'on pense que les donateurs privés de ces pays sont les principaux soutiens d'al-Qaïda en Irak et en Syrie. P.C.

     

    L'Ouest a dépeint les dirigeants du Golfe comme des alliés
 naturels pour encourager les révolutions démocratiques

    Les Etats-Unis et les pays occidentaux se sont tournés depuis longtemps vers les monarchies du Golfe pour financer leurs actions dans le monde musulman et au-delà. Quelques fois, le financement a été direct, comme l'aide financière et matérielle que le Qatar a apportée aux rebelles libyens en 2011. D'autres fois, cela a été des subventions indirectes à des groupes, comme les moudjahidin afghans qui combattaient les Soviétiques, et avec lesquels l'Ouest ne voulait pas trop être associé publiquement. M. Fabius a dit que les donateurs se réuniraient vers la fin janvier à Addis-Abeba, pour financer une campagne africaine contre al-Qaïda. Il a déclaré : « Tout le monde doit s'engager à combattre le terrorisme. Nous sommes assez confiants que les Emirats iront aussi dans cette direction ».

Les relations entre les Etats-Unis et leurs alliés européens, d'une part, et les monarchies absolues du Golfe, de l'autre, ont été très contradictoires depuis que le Printemps Arabe a commencé, il y a deux ans. L'Ouest a décrit les rois et les émirs du Golfe, qui dirigent quelques-uns des Etats les moins démocratiques du monde, comme des alliés naturels pour promouvoir et financer les révolutions démocratiques en Libye et en Syrie.

Une contradiction supplémentaire est que l'Arabie Saoudite et ses dirigeants sunnites ont encouragé les salafistes dans tout le monde musulman - des militants fondamentalistes défendant une interprétation littérale du Coran - en payant pour leurs écoles et leurs mosquées. Tandis que la plupart des salafistes sont non-violents, leur idéologie est similaire à celle d'al-Qaïda.

La Libye de Mouammar Kadhafi était un donateur et un investisseur important en Afrique sub-saharienne et il est peu probable que les Arabes du Golfe soient prêts à dépenser autant d'argent. Même les rebelles syriens disent que les fonds qu'ils reçoivent arrivent épisodiquement et qu'ils sont inadéquats, conduisant au pillage généralisé par les chefs rebelles. Tandis que la France justifie son intervention au Mali en affirmant que celle-ci fait partie de la « guerre contre la terreur », son action pourrait provoquer plus de troubles dans cette région. Chose intéressante, un groupe rebelle au Nord, le MNLA séparatiste qui veut une patrie pour les Touaregs au Nord du Mali, aurait soutenu l'intervention française.
 

     

    Patrick Cockburn

    The Independent,
    16 janvier 2013
    Titre original : As long as the cash rolls in, the West appears untroubled by Gulf monarchies' ideology

     

    Traduction : JFG-QuestionsCritiques
    Correspondance Polémia – 21/01/2013

  • Lettre ouverte à Mohamed Moussaoui – par Michel Delenclos

    «Salamalikoum» (Bonjour)
    Le 12 janvier 2012, l'hôte de l'Élysée annonçait: «La France, à la demande du président du Mali et dans le respect de la Charte des Nations unies, s'est engagée pour appuyer l'armée malienne face à l'agression terroriste qui menace toute l'Afrique de l'Ouest.».
    Cela dit, vous vous êtes réjoui de cette déclaration car, selon vous, le chef de l'État évite : « à juste titre...de qualifier d'islamistes les éléments terroristes visés par l'intervention… Le CFCM salue cette précaution utile et nécessaire du président de la République dans le choix des mots, écartant ainsi tout amalgame et toute confusion entre islam et terrorisme...». 
    Désolé, mais pour ce qui me concerne, le suffixe «isme» est pertinent et il me parle: islamisme, mouvement politico-religieux qui préconise l'islamisation radicale, l'application des lois islamiques aux institutions, au droit, etc. Ce terme est d'autant plus pertinent que ces «terroristes» se revendiquent, eux-mêmes, comme tels: Front islamique du salut «FIS», Groupe islamique armé «GIA», Al Qaïda au Maghreb islamique «AQMI».
    «Terroristes ou terrorisme», de par le monde et en tout temps, toute forme de terrorisme s'est exprimée pour le malheur d'innocents, de femmes et d'enfants devenus des objets. Dénoncer le terrorisme islamique c'est l'identifier, l'isoler et l'incriminer comme tel. Alors, je vous propose, Monsieur Moussaoui, lors d'un prêche ou publiquement, de faire cette fois-ci le choix des acteurs (et non pas des mots), des responsables incontestables et, de sommer ces terroristes de ne plus se revendiquer de l'islamisme «écartant ainsi tout amalgame et toute confusion entre l'islam et terrorisme», selon vos propres termes. Adressez-vous à ces «saints» pour leur rappeler que Allah est amour, tolérance et paix. Comme président du Conseil français du culte musulman «CFCM» et comme membre de la Commission nationale consultative des Droits de l'homme «CNCDH» qui, en son sein rappelle les principes élémentaires de la civilisation, je veux croire que vous serez entendu. Et puis, toute ambiguïté disparaîtra, votre posture s'affermira et vous serez mieux compris de tous, davantage écouté.
    J'étais enseignant en Algérie et j'ai aimé les enfants qui m'étaient confiés, tous les enfants qui me le rendaient bien, tout comme leurs parents qui me disaient: «Ah Kouhia, tu es bon comme la mie de pain.». Alors, lorsque je vois cette photo de classe, prise récemment en Algérie, je suis révulsé. Pas de religion dans l'enseignement scolaire. En dehors. Dehors.
    Photo publié sur le site «Soleil d'Algérie»
    Accompagnant cette photo (ci-contre), voici ce que l'éditorialiste algérien, Benchenouf Djamaledine, exprimait: «On est foutus les gars!».
    Bientôt, ils vont les prendre au berceau. Certains, en regardant cette scène, vous diront «ma cha allah! (comme Allah veut, traduction de l'auteur). Ils oublient juste, qu'à cet âge-là, l'esprit de l'enfant est une page blanche, où on peut inscrire ce qu'on veut, n'importe quelle religion, et n'importe quoi. 
    C'est juste prendre possession d'une innocence, et la formater de la même manière que nous avons nous même été cintrés au même âge et, ainsi de suite jusqu'à ce que mort de la conscience vive s'ensuive. Cela s'appelle du conditionnement. De l'endoctrinement. Et, le pire, est que ce qu'on fourgue à ces gosses, c'est juste de faire comme les aînés, d'adopter leurs mêmes attitudes, faussement dévotes, pour tromper l'ennemi, pour tromper Dieu lui-même. Parce que, dans ces attitudes hypocrites, il y a tout ce qu'on veut, sauf de la foi.»
    Nier le terrorisme islamique, c'est nier et renier ces enfants déjà sacrifiés. Et cela, c'est du terrorisme.
    Non, je ne peux comprendre que vous vous félicitiez qu'un président, qui s'est dit «normal»*, lequel en adoptant votre rhétorique, nie l'Histoire, nie les réalités et abandonne ces enfants condamnés dès le berceau. Séparez le bon grain de l'ivraie.
    «Assalami aalaykum» M. Mohamed  Moussaoui. (la paix soit avec vous, traduction de l'auteur)

    (*) Si, en 2004, pour «Paris-Match», V. Trierweiller avait établi un portrait de «l'homme normal», c'est le récit de Kader Arif qui rapporte que, le 08.12.2010 à Alger, sortant d'une visite de la basilique Notre-Dame-d'Afrique, Hollande a lâché spontanément aux quelques journalistes présents : « Le temps d'un président normal est venu… »

    http://www.francepresseinfos.com/

  • L’Ukraine, l’Otan et « l’Europe de la défense »…

    Evènement passé largement sous silence du fait de l’actualité au Proche-Orient, le Parlement ukrainien a enterré jeudi dernier le souhait du précédent président ukrainien, « l’ami des Américains » Viktor Iouchtchenko qui défendait l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan. 253 députés sur 450, soit les soutiens de l’actuel chef de l’Etat, Viktor Ianoukovitch, ont adopté en première lecture une loi qui, si elle évoque « la poursuite d’une coopération constructive avec l’Otan », passe à la trappe toute possibilité d’adhésion. Ce texte prône « le maintien par l’Ukraine d’une politique de non-alignement, ce qui signifie sa non participation à des unions militaro-politiques ». Une incontestable victoire pour Moscou qui voyait d’un très mauvais œil cette nouvelle « conquête » de l’Alliance atlantique à ses frontières, confirmant la manœuvre d’encerclement de la Russie menée avec constance par les Etats-Unis depuis la chute du communisme…
    « Je suis sûr que (ce statut de pays non aligné,) correspond aux exigences du temps et nous allons la maintenir rigoureusement », a déclaré M. Ianoukovitch qui a opéré depuis son arrivée au pouvoir un très sensible rapprochement avec la Russie. L’opposition gravitant dans l’orbite de Washington a vivement réagi. L’ex ministre des Affaires étrangères, Boris Tarassiouk, a estimé que l’abandon de l’adhésion à l’Otan « fait (de l’Ukraine) une colonie de l’Etat voisin (la Russie)». «Ce projet de loi relève de la réalisation de la volonté du Kremlin » a estimé le député d’opposition, Ivan Zaïats. Reste qu’il est facile de répliquer à MM. Tarassiouk et Zaïats qu’il est tout aussi permis de s’interroger sur le fait de savoir « à la réalisation de quelle volonté » œuvre les partisans de l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan…
    Le texte voté par le parlement ukrainien est aussi une réponse au souhait formulé par le président russe, Dimitri Medvedev, lors de sa visite à Kiev en mai dernier, de voir l’Ukraine adhérer à l’Organisation du Traité de sécurité collective (ODKB) qui a vu le jour en juin 2009. Un groupement régional que Moscou espère utiliser comme contrepoids à l’Otan, qui est composé, outre la Russie, d’anciennes républiques soviétiques, le Belarus, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.
    Si la France et l’Allemagne étaient assez clairement opposées à l’entrée de l’Ukraine au sein de l’Alliance atlantique, Viktor Ianoukovitch, à l’instar de son prédécesseur, reste favorable à l’adhésion de son pays à l’UE. Une « intégration européenne (qui) reste la priorité supérieure de notre politique extérieure » a déclaré M. Ianoukovitch.
    Une Union Européenne elle-même largement sous contrôle américain, notamment via l’Otan, qui ruine l’idée même d’une « Europe de la défense » proposée par certains partisans de l’intégration européenne. Comme le note Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération et animateur du blog Secret défense, « la défense européenne ne verra pas le jour. Déjà moribonde, elle a sans doute reçu le coup de grâce avec le retour de la France dans l’organisation militaire intégrée de l’Otan, en 2009. Qui, au delà des discours, se soucie aujourd’hui de construire une Europe de la défense à Vingt-sept ? Et pour quoi faire d’ailleurs ? ». That is the question…
    « Durant des années, rappelle-t-il, la France opposait défense européenne et Otan. Une posture tellement solitaire qu’il a fallu l’abandonner pour une simple raison : on ne peut construire l’Europe tout seul. Puis vint l’époque dont nous sortons progressivement : ne plus opposer défense européenne et retour dans l’Otan, mais les considérer comme les deux jambes d’une même politique. En rassurant nos alliés atlantistes, la réintégration de la France allait permettre de renforcer ce que l’on appelait jadis le pilier européen de l’Alliance. Nous en sommes loin. En matière militaire, l’Europe ne peut être que la somme des capacités et des volontés nationales. Que voit-on ? De nouvelles réductions des budgets, et donc des moyens, dans tous les pays: Italie, Allemagne, Espagne, Grèce, Royaume-Uni et bien sûr France. Difficile pour Paris de se poser en donneur de leçons alors que la loi de programmation militaire va être amputée de plusieurs milliards (…) ».
    « Rentrer dans l’Otan pour faire avancer l’Europe. Seuls les naïfs y croyaient vraiment » poursuit M. Merchet qui évoque pour finir le cas de notre actuel ministre de la Défense, Hervé Morin, qui « appartient à une famille politique, les centristes de Jean Lecanuet, partisans du fédéralisme européen et de l’atlantisme ». « Une famille qui ne s’est jamais ralliée que du bout des lèvres, et sur le tard, à la politique gaullienne d’indépendance nationale et de dissuasion nucléaire. Les choses sont plus complexes avec l’UMP, qui est, pour partie, l’héritière de la famille gaulliste. En principe » conclut-il. Personne n’ignore en effet que cette notion d’indépendance nationale, attachée effectivement dans l’inconscient collectif à l’héritage gaulliste, a été depuis longtemps jetée aux orties par la droite mondialiste.
    http://www.gollnisch.com

  • L’idéologie contre l’Afrique

    Allons-nous longtemps encore faire semblant de croire que les échecs de l’Afrique seraient dus à un déficit de démocratie, à l’absence de classes moyennes, au sous-équipement ? Ce continent n’aurait-il, comme ambition, que celle de nos experts, à savoir les courbes du PIB ou du PNB et les "bons points" de l’ajustement structurel ?
    Les pays "développés" s’obstinent dans le consensuel refus de trois réalités :
    1) les problèmes africains ne sont pas économiques mais culturels ;
    2) nos cultures sont incompatibles car, comme le disait le maréchal Lyautey, les Africains sont "autres" ;
    3) notre approche culpabilisée de l’Afrique fait que nous tuons le continent en voulant pourtant désespérément sa survie. Un exemple : on nous dit que l’Afrique manque de cadres. La vérité est autre : au fur et à mesure qu’ils sont formés, les cadres africains s’expatrient. C’est ainsi que la CEE et le Canada donnent du travail à plusieurs dizaines de milliers de Déserteurs de haut niveau (médecins, vétérinaires, ingénieurs, etc.). En référence a nos principes philosophiques d’accueil et de générosité, nous privons ainsi l’Afrique des plus diplômés de ses enfants.
    Au lieu de continuer à vouloir transfuser un impossible développement à l’Afrique, c’est une renaissance, une réhabilitation de ses valeurs culturelles qu’il faudrait au contraire favoriser. Or, cette démarche passe par un désengagement européen pour que l’Afrique trouve en elle-même les conditions d’une éventuelle réaction, notre arrogant universalisme idéologique doit cesser d’y exercer ses ravages.
    Le continent dispose, pour le moment, de deux solides points d’ancrage : les ethnies et le monde de la brousse ; mais le temps est compté car, chaque jour, l’Afrique vivante, c’est-à-dire l’Afrique rurale, celle qui possède encore dynamisme et cohésion, s’affaiblit au profit des villes artificielles et improductives.
    Or, la démocratisation qui est imposée à l’Afrique détruit la cohésion ethnique par la recherche du plus petit commun dénominateur qui est la tribu. Elle transforme l’ethnisme en tribalisme, ce qui n’est pas la même chose. Le processus risque alors de devenir irréversible, ce qui est dramatique pour l’avenir, car seul l’ethnisme est capable de donner naissance aux ensembles humainement cohérents qui naîtront un jour des décombres de bien des frontières actuelles.
    Que l’on y réfléchisse : ce n’est pas par la démocratie que se constituèrent les Etats-Nations d’Europe ou d’Asie, mais par la force, par la volonté de puissance, par la ruse et par la durée. Ce n’est pas le préalable démocratique qui forgea l’unité allemande, mais l’énergie prussienne canalisée par Bismarck. Or, en Afrique, les "Prusses" potentielles ont été détruites lors de la conquête coloniale, d’abord, mais surtout avec les indépendances octroyées aux plus nombreux, c’est-à-dire souvent aux vaincus de l’histoire africaine.
    La colonisation philanthropique s’était, en effet, appuyée sur les groupes dominés, condamnés et qui étaient venus à nous pour être protégés des peuples prédateurs. Au nom de la charité, de la justice et même des "droits de l’homme", notions insolites et même traumatisantes en Afrique, nous avons ainsi brisé les séculaires équilibres naturels africains.
    Mais, plus le temps passe et plus nos a priori philosophiques se heurtent aux réalités. Là est d’ailleurs l’espoir de l’Afrique. Cependant, c’est en Europe et en Amérique que se pose le vrai problème : comment faire comprendre aux intellectuels et aux charitabilistes de profession qu’en organisant la survie artificielle, et hélas provisoire, de populations à la croissance incontrôlable ils engluent l’Afrique dans la catastrophe ? Comment leur expliquer que les peuples dont les femmes ont le ventre le plus fécond ne sont pas forcément les plus doués pour diriger, pour commander, pour administrer ?
    Bernard Lugan  http://www.francecourtoise.info

  • Abou Zoubeida, la « balance d’Al-Qaida »

     

    Toujours emprisonné à Guantánamo Bay, Abou Zoubeida est la principale source de renseignement occidental sur Al-Qaida. Il a donné sous la torture le nom d’autres responsables de l’organisation terroriste qui ont été arrêtés à leur tour et ont fourni les autres informations dont disposent les autorités états-uniennes. Bref, ce que les autorités US disent savoir sur Al-Qaida, elles le doivent d’abord à cette source. Problème : il est aujourd’hui admis qu’Abou Zoubeida n’a jamais été membre d’Al-Qaida et que ses aveux obtenus sous la torture n’étaient qu’un moyen pour lui d’abréger ses souffrances. L’essentiel de ce que le contre-espionnage US déclare savoir d’Al-Qaida est sorti de son imagination fertile. Et tout est faux.
    Abou Zoubeida, un homme autrefois qualifié de « chef des opérations » d’al-Qaïda, semble être au cœur d’une remise en cause de la légende officielle autour de cette organisation. Depuis sa capture au début de l’année 2002, Zoubeida est connu comme le premier « détenu  » à avoir été torturé [par la CIA]. Les informations que ses tortionnaires lui auraient extirpées furent déterminantes dans l’élaboration du récit officiel du 11-Septembre, ainsi que dans la justification du recours permanent à de telles méthodes. Pourtant, en septembre 2009, le gouvernement des États-Unis a admis que Zoubeida n’avait jamais été un membre ou un associé d’al-Qaïda. Ces faits soulèvent un nombre alarmant de questions quant à la véracité de ce que l’on sait à propos d’al-Qaïda. Ils nous amènent également à reconsidérer nos certitudes quant à la véritable identité des personnes suspectées d’être derrière les attaques du 11-Septembre.
     
    Contrairement aux autres leaders présumés d’al-Qaïda, dont Khaled Cheikh Mohammed (KCM) et Ramzi ben al-Chaïba, Zoubeida n’a jamais été accusé d’un quelconque crime. Alors que les autres principaux suspects du 11-Septembre attendent un procès militaire continuellement repoussé, Zoubeida est balayé de l’histoire. Pourquoi le gouvernement des États-Unis voudrait-il que l’on oublie cet homme, pourtant considéré comme le premier et le plus important des agents d’al-Qaïda arrêtés après le 11-Septembre ?
     
    La Commission sur le 11-Septembre a qualifié Zoubeida d’« associé d’al-Qaïda », d’« allié de longue date de ben Laden », de « lieutenant de ben Laden » et de « lieutenant d’al-Qaïda ». [1] Cependant, les allégations de la Commission étaient quelque peu contradictoires puisque, dans son rapport officiel, elle décrivait Zoubeida comme un leader d’al-Qaïda. Dans le même temps, elle l’accusait d’être un simple partenaire terroriste de cette organisation, avec laquelle il collaborait dans le recrutement et l’entraînement d’agents opérationnels. Par exemple, la Commission rapporta que Zoubeida « contribua à faire fonctionner un célèbre camp d’entraînement terroriste près de la frontière avec le Pakistan [le camp Khalden] ». Parallèlement, elle affirma que ben Laden avait passé un accord avec lui afin de « mener des efforts réciproques de recrutement [,] par lesquels on promettait aux individus s’entraînant dans les camps qu’ils seraient invités à rejoindre al-Qaïda ». La raison pour laquelle un « lieutenant de ben Laden » aurait eu besoin d’un tel accord réciproque n’est pas claire.
     
    La Commission sur le 11-Septembre lança d’autres accusations, avançant que « KCM [Khaled Cheikh Mohammed] et Zoubeida [avaient] tous deux joué un rôle central dans la facilitation des voyages des agents d’al-Qaïda », et que « Zoubeida avait été une figure clé dans les projets terroristes [de cette organisation prévus pour le passage à l’an 2000]. » Ces allégations s’appuyaient principalement sur les témoignages obtenus par les tortionnaires de Zoubeida et d’autres individus, et sur le « journal » de ce dernier.
     
     
    En 2009, à l’occasion d’un incroyable revirement, un avocat de Zoubeida écrivit dans The Guardian que la majorité des accusations contre son client étaient considérées comme fausses par chaque partie. En réalité, il écrivit que «  leur caractère fallacieux était connu dès lors qu’elles furent prononcées. » [2] Ainsi, l’avocat Brent Mickum déclara que son client, qui était décrit comme « le numéro trois d’al-Qaïda », n’avait jamais été un associé ou un membre de cette organisation, et que « [c]es faits [n’étaient] vraiment plus remis en cause : Zoubeida ne fut pas, et n’a jamais été, un membre des talibans ou d’al-Qaïda. La CIA put le déterminer après l’avoir longuement torturé. » En fait, il n’avait « jamais été un membre ou un partisan de telle ou telle force armée liguée contre les États-Unis », ni même le « chef d’un camp militaire qui entraînait des terroristes. Cette accusation est totalement fausse. »
     
    Il s’avère que l’article du Guardian était exact, et que la « relation supposée d’Abou Zoubeida avec al-Qaïda [était] entièrement une légende. » [3] Nous pouvons l’affirmer car, à partir de septembre 2009, le gouvernement des États-Unis reconnut que Zoubeida n’avait jamais été un agent d’al-Qaïda. Lors de la requête en habeas corpus de cet homme [, soit la dénonciation judiciaire de sa détention arbitraire], le gouvernement admit qu’Abou Zoubeida n’avait jamais fait partie de cette organisation, et qu’il n’avait jamais été impliqué dans les attentats contre les ambassades US en Afrique ou dans les attaques contre les États-Unis le 11 septembre 2001. [4] La requête, présentée par le gouvernement US, affirma que :
     
    « […] dans cette procédure, le Gouvernement n’a pas soutenu que le Requérant [Zoubeida] était un membre d’al-Qaïda, ou qu’il était formellement identifié comme faisant partie de cette organisation.
     
    Le Défendeur [le Gouvernement des États-Unis] ne soutient pas que le Requérant ait été un ‘membre’ d’al-Qaïda, au sens qu’il ait prêté serment d’allégeance (bayat) ou qu’il ait rempli tout autre critère considéré comme nécessaire par le Requérant ou par al-Qaïda afin d’intégrer cette organisation. Le Gouvernement ne maintient pas non plus en détention le Requérant sur la base d’une accusation voulant que ce dernier se considère comme faisant partie d’al-Qaïda, dans sa conscience personnelle et subjective, son idéologie ou sa vision du monde.
     
    Dans cette procédure, le Gouvernement n’a pas soutenu que le Requérant ait joué un rôle direct ou qu’il ait eu une pré-connaissance des attaques terroristes du 11 septembre 2001.
     
    […] le Gouvernement n’a pas soutenu que le Requérant ait été personnellement impliqué dans la planification ou l’exécution des attentats à la bombe de 1998 contre les ambassades [US] […] ou des attaques du 11 septembre 2001. »
     
    Dans son article du Guardian de 2009, Maître Mickum poursuivit ses révélations en soulignant que Zoubeida était une figure centrale dans les enregistrements des tortures détruits par la CIA – à propos desquels cette dernière avait d’abord menti auprès de la Commission sur le 11-Septembre –. Selon Mickum, « les bandes vidéos de ses tortures furent supprimées. Très récemment, le gouvernement a révélé que 90 vidéos sur les 92 détruites par la CIA concernaient notre client. » Il fit de plus amples révélations en déclarant que le gouvernement des États-Unis avait effacé toute « référence à [son] client sur les procès-verbaux et sur les factual returns [, soit les réponses gouvernementales aux requêtes en habeas corpus] des autres prisonniers qui étaient poursuivis. Les récits des médias et les documents officiels de [la prison de] Guantánamo ont lié Abou Zoubeida à presque 50 détenus et anciens prisonniers. Parmi eux, environ 25 ont vu leurs accusations abandonnées, ou ont été libérés de prison. » En réalité, [le gouvernement des États-Unis a] « balayé Abou Zoubeida de l’histoire ».
     
    Évidemment, cette tentative de faire oublier un important responsable présumé du 11-Septembre devrait changer radicalement le récit officiel de ces événements. En effet, puisque nous savons que cet homme n’a jamais eu aucun lien avec al-Qaïda, nous devrions nous attendre à d’importantes révisions du Rapport de la Commission sur le 11-Septembre.
     
    Afin de comprendre à quel point Zoubeida fut une source majeure dans le récit officiel du 11-Septembre, nous devons analyser les très nombreuses accusations que le gouvernement US et les médias grand public ont proférées à son encontre au fil des années. Nous avons vu que la Commission sur le 11-Septembre l’appela (à tort) un « lieutenant d’al-Qaïda ». Dans l’enquête de la commission mixte du Congrès, il fut également appelé le « lieutenant de ben Laden capturé en mars 2002 », ainsi qu’« Abou Zoubeida, un leader d’al-Qaïda ». Aussi tard qu’en 2006, le rapport de l’inspecteur général du département de la Justice sur les attaques du 11-Septembre le qualifia de « lieutenant de ben Laden ».
     
    En mars 2002, lorsque Zoubeida fut capturé, les responsables du gouvernement des États-Unis le présentèrent comme la plus grosse prise dans la guerre contre le terrorisme, du moins jusqu’à l’arrestation de Khaled Cheikh Mohammed (KCM). Robert Mueller, alors directeur du FBI, déclara que sa capture contribuerait à empêcher d’autres attaques. [5] Ari Fleischer, le porte-parole de la Maison Blanche, affirma que Zoubeida pourrait fournir une mine de renseignements sur al-Qaïda. [6] Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld avança qu’il était « un homme au courant d’autres attaques », qui avait « entraîné des gens pour cela », et qu’il était un gros poisson ayant de vastes connaissances [à propos d’al-Qaïda]. [7]
     
    Les nombreuses accusations lancées contre Abou Zoubeida se multiplièrent. Il fut notamment avancé qu’il était :
     
    - avec KCM, l’un des « principaux dirigeants opérationnels d’al-Qaïda » – Richard Clarke, le « tsar du contreterrorisme » des présidents Bill Clinton et George W. Bush, dans son livre Contre tous les ennemis ;
    - « sinistre », et qu’« il existe des preuves démontrant qu’il est un planificateur ainsi qu’un dirigeant [d’al-Qaïda]. Je pense qu’il est une figure clé [de cette organisation] ». – Michael Sheehan, l’ancien directeur du contreterrorisme au sein du Département d’État ; [8]
    - « extrêmement dangereux », et qu’il était un organisateur du 11-Septembre – John B. Bellinger III, conseiller juridique du Département d’État, dans un briefing de juin 2007 ; [9]
    - un formateur, un recruteur, qu’il comprenait la fabrication des bombes, qu’il était un falsificateur, un logisticien, quelqu’un qui concrétisait les projets et qui avait fait « fonctionner al-Qaïda » – Bob Grenier, ancien chef de station de la CIA ; [10]
    - « un proche associé d’[Oussama ben Laden] et, à défaut d’être le numéro deux, [il était] très proche de la personne qui occupe cette position au sein de l’organisation [al-Qaïda]. Je pense que tout cela est bien établi. » – Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld ; [11]
    - « un très haut responsable d’al-Qaïda qui a été étroitement impliqué dans une série d’activités pour la al-Qaïda [sic]. » – Donald Rumsfeld ; [12]
    - un « très important agent d’al-Qaïda » – Donald Rumsfeld ;
    - un « recruteur essentiel de terroristes [,] un planificateur opérationnel et un membre du premier cercle d’Oussama ben Laden » – Ari Fleischer, le porte-parole de la Maison Blanche ; [13]
    - quelqu’un dont la capture était un « très sérieux revers » pour al-Qaïda et que par conséquent, l’une des « nombreuses tentacules » de cette organisation avait été « coupée » – Ari Fleischer ;
    - « l’un des plus importants agents [d’al-Qaïda,] élaborant et planifiant la mort et la destruction aux États-Unis » – Le Président George W. Bush ; [14]
    - « l’un des plus hauts dirigeants d’al-Qaïda », qui « était parmi les principaux responsables opérationnels [de cette organisation], consacrant beaucoup de temps à élaborer et à planifier des meurtres. » – Le Président George W. Bush ; [15]
    - « le chef des opérations d’al-Qaïda » – Le Président George W. Bush ; [16]
    - « l’un des trois plus hauts responsables  » au sein d’al-Qaïda – Le Président George W. Bush ; [17]
    - quelqu’un dont les interrogatoires « menèrent à des renseignements fiables », un « fournisseur prolifique » d’informations, qui fut à l’origine d’environ 25 % des renseignements d’origine humaine au sujet d’al-Qaïda – Le directeur de la CIA Michael Hayden ; [18]
    - l’un des trois individus les mieux « placés pour être au courant d’atrocités terroristes imminentes » – Michael Hayden. [19]

    Alors que la légende autour d’Abou Zoubeida s’étoffait, il fut rapporté dans la presse que cet homme :
    - « valait une tonne de gars à Guantánamo » ; [20]
    - était « un haut responsable de ben Laden » et l’« ancien chef du Jihad islamique basé en Égypte » ; [21]
    - « joua un rôle central dans les attaques contre les ambassades [des États-Unis] en Afrique de l’Est » ; [22]
    - était listé comme étant un « adjoint de confiance » de ben Laden, ayant un « pouvoir grandissant [au sein de son organisation] » ; [23]
    - contrôlait al-Qaïda ; [24]
    - était un adjoint de ben Laden qui avait dirigé des camps d’entraînement en Afghanistan et qui avait « coordonné des cellules terroristes en Europe ainsi qu’en Amérique du Nord » ; [25]
    - était un «  recruteur essentiel de terroristes, un planificateur opérationnel et un membre du premier cercle d’Oussama ben Laden » ; [26]
    - était le « PDG de ben Laden », [27] ainsi qu’« une figure centrale au sein d’al-Qaïda » ; [28]
    - était le « planificateur des voyages » de ben Laden ; [29]
    - faisait partie d’« une poignée d’hommes chargés de diriger le réseau terroriste en cas de mort ou de capture d’Oussama ben Laden  » ; [30]
    - était un important lieutenant de ben Laden, suspecté « d’organiser les ressources d’al-Qaïda afin de perpétrer des attaques contre des cibles US » ; [31]
    - était le numéro quatre d’al-Qaïda après Oussama ben Laden, Ayman al-Zawahiri et Mohammed Atef ; [32]
    - connaissait les identités de « milliers » de terroristes qui étaient passés par les camps d’entraînement d’al-Qaïda en Afghanistan ; [33]
    - était un collègue de Richard Reid, le terroriste aux chaussures piégées ; [34]
    - était l’un des principaux planificateurs d’opérations terroristes pour le compte de ben Laden, et qu’il connaissait les plans d’al-Qaïda ainsi que ses cellules ; [35]
    - incarnait la « connexion entre ben Laden et la plupart des cellules opérationnelles d’al-Qaïda » ; [36]
    - était la source de l’information selon laquelle le Vol 93 d’United Airlines devait frapper la Maison-Blanche. [37]

    Puisque l’on sait à présent que Zoubeida n’a jamais été un agent ou même un associé d’al-Qaïda, nous sommes contraints de réaliser avec stupeur que toute cette histoire était fausse. Parmi les questions ainsi soulevées, quelle part de ce que l’on sait sur al-Qaïda et sur la guerre contre le terrorisme fut élaborée grâce aux témoignages – obtenus sous la torture – d’un homme qui ne pouvait absolument rien savoir de cette organisation ?

    Initialement, on nous a dit que Zoubeida fût le premier à identifier KCM comme étant l’associé de ben Laden que l’on surnommait « Mokhtar ». Cette information nous vient d’Ali Soufan, le fonctionnaire du FBI qui a été la première personne à interroger Zoubeida dans une prison secrète de la CIA en Thaïlande. Soufan avança également que ce dernier avait accusé KCM d’être le « cerveau » des attaques du 11-Septembre. Dans son livre publié en 2007, le directeur de la CIA George Tenet alla encore plus loin, affirmant qu’« interroger Abou Zoubeida avait conduit à Ramzi ben al-Chaïba ». [38]

    Mais comme nous le savons à présent, lors d’un interrogatoire, la CIA aurait affirmé à Zoubeida avoir découvert qu’il n’était pas un combattant, un membre ou même un partenaire d’al-Qaïda. [39] Pourtant, KCM et ben al-Chaïba furent malgré tout capturés et torturés.

    Le Rapport de la Commission sur le 11-Septembre se basait beaucoup sur des récits élaborés par des tiers à partir de ce que ces détenus déclarèrent sous la torture – « deux des trois parties dans la communication étant des employés gouvernementaux » –. [40] La Commission elle-même écrivit que « [l]es chapitres 5 et 7 s’appuient largement sur les renseignements obtenus des membres capturés d’Al-Qaida ». [41] En réalité, plus de la moitié du Rapport de la Commission sur le 11-Septembre se base sur des témoignages totalement biaisés car extirpés sous la torture, auxquels la Commission n’a eu absolument aucun accès – n’ayant même pas été autorisée à questionner les interrogateurs –. Les témoignages de KCM obtenus sous la torture sont cités à 221 reprises dans le Rapport, et ceux de ben al-Chaïba 73 fois. Au total, la Commission a utilisé comme source un ou plusieurs de ces « interrogatoires » à 441 reprises dans les notes de son rapport.

    Le gouvernement des États-Unis a admis que Zoubeida avait subit le supplice de la baignoire à 83 reprises, et que KCM fut torturé de cette manière 183 fois. Sachant que la plupart des gens ne peuvent supporter cette torture au delà d’une poignée de secondes, ces sessions n’étaient visiblement pas destinées à obtenir des renseignements. En revanche, elles auraient pu être menées afin d’éliminer des informations sensibles à travers la destruction psychique des victimes. Dans les brefs témoignages que ses avocats ont été autorisés à produire, Zoubeida a également décrit comment il fut maintenu pendant de longues périodes dans une cage, qu’il qualifia de « minuscule cercueil ». [42]

    Les tortures infligées à Zoubeida furent spécifiquement utilisées pour soutenir les allégations sur les plans et les actions de ben Laden, les orientations d’al-Qaïda, le recrutement des pirates de l’air et des autres agents de cette organisation, ainsi que les détails sur les responsables de la planification du 11-Septembre. [43] Selon l’auteur Jane Meyer, l’agent de la CIA John Kiriakou déclara que « Zoubeida admit ouvertement son rôle dans les attaques du 11-Septembre [, et qu’il] prétendit regretter d’avoir tué autant de citoyens des États-Unis. » [44] Visiblement, la Commission sur le 11-Septembre considéra que cette assertion n’était pas crédible, bien qu’elle ait repris d’autres informations douteuses qui auraient été obtenues en torturant les suspects [du 11-Septembre].

    Au vu des « erreurs » évidentes liées au fait que Zoubeida ait été décrit comme un leader d’al-Qaïda, il semble que d’importantes révisions du récit officiel du 11-Septembre soient nécessaires. Mais en réalité, il est peu probable que les informations attribuées à Zoubeida soient si tardivement expurgées du mythe officiel légitimant la guerre contre le terrorisme, ainsi que les actions correspondantes du gouvernement des États-Unis. La raison à cela est que les tortures infligées à cet homme ont été utilisées afin de soutenir des actes et des bouleversements politiques sans précédent :

    - Le Président Bush en personne se servit de l’importance attribuée à la capture et à la torture de Zoubeida afin de justifier les méthodes de torture de la CIA, ainsi que la détention de suspects dans les prisons secrètes de l’Agence à travers le monde. [45]
    - Le gouvernement des États-Unis utilisa les renseignements douteux obtenus [en torturant] Zoubeida afin de justifier l’invasion de l’Irak. Les responsables gouvernementaux déclarèrent que ce dernier était la source des allégations liant al-Qaïda et l’Irak. Celles-ci avançaient que cette organisation et ce pays entraînaient conjointement des individus à utiliser des armes chimiques. Ces accusations n’ont jamais fait l’objet d’une vérification indépendante. [46]
    - Le témoignage sous la torture de Zoubeida fut également utilisé afin de justifier le recours aux tribunaux militaires, empêchant le procès des prétendus suspects d’al-Qaïda devant des juridictions civiles et publiques. Lors d’un discours prononcé en septembre 2006, le Président Bush demanda au Congrès d’élaborer des règles spéciales afin de juger Abou Zoubeida devant une commission militaire à Guantánamo. [47] Pourtant, à la fin du mois d’avril 2002, soit moins d’un mois après sa capture, les responsables du département de la Justice déclarèrent qu’il était « un candidat presque idéal pour un procès devant les tribunaux [civils] ». [48] Ironiquement, Zoubeida pourrait être le seul principal suspect [du 11-Septembre] à ne jamais être jugé.
    - En plus de la justification du recours à des méthodes de torture illégales, l’administration Bush utilisa la capture de Zoubeida afin d’accélérer la mise en œuvre de son programme d’espionnage intérieur. À l’époque, l’argument avancé était que ce programme permettrait d’agir rapidement afin d’exploiter les numéros de téléphone et les adresses saisies durant l’arrestation de Zoubeida. [49]

    Récemment, un second avocat d’Abou Zoubeida écrivit un autre article, qui parut dans la presse grand public. Dans celui-ci, Maître Amanda Jacobsen souligna que :

    «  Les responsables [du gouvernement] US ont déclaré qu’Abou Zoubeida était un terroriste de premier plan au sein d’al-Qaïda. Ils avancèrent qu’il était le « Numéro 3 » de cette organisation, son chef des opérations qui travaillait directement avec Oussama ben Laden. Ils prétendirent qu’il était personnellement impliqué dans les attaques du 11 septembre 2001, ainsi que dans chaque opération majeure d’al-Qaïda, et qu’il connaissait en détail les plans des futures attaques.
    Mais toutes ces accusations étaient fausses.
     » [50]

    Le gouvernement des États-Unis ayant admis qu’il n’existe aucune raison de poursuivre Abou Zoubeida, et que ce dernier n’a jamais eu aucun lien avec al-Qaïda, va-t-il le libérer ? Comme Maître Mickum l’a demandé, son client sera-t-il autorisé à raconter sa propre version de l’histoire ? Question encore plus déterminante : Afin que les fausses informations sur Zoubeida cessent d’alimenter la guerre contre le terrorisme, le récit officiel du 11-Septembre sera-t-il révisé pour être expurgé des affirmations attribuées à cet homme (ainsi que des accusations proférées à son encontre) ?

    La réponse est non, presque certainement non.

    Une décision juridictionnelle impose de classifier « chaque témoignage prononcé par les accusés » lors des procès de KCM et des autres suspects [du 11-Septembre]. [51] Cependant, si l’on autorise Zoubeida à s’exprimer, nous pourrions découvrir que son esprit n’a pas été totalement anéanti par les tortures qu’on lui a infligées. Et la légende officielle sur le 11-Septembre et al-Qaïda pourrait s’effondrer face aux témoignages publics – non contraints par la torture – des personnes accusées d’avoir commis ces crimes. Finalement, il semble que l’affaire Zoubeida soit une menace pour al-Qaïda elle-même. Elle constitue également un aveu public que certains mensonges doivent subsister afin de protéger l’imposture globale qui légitime la guerre contre le terrorisme.

    Kevin Ryan   http://www.voltairenet.org

    Traduction  Maxime Chaix


    Conséquences des aveux extorqués d’Abou Zoubeida en France
    « Le comité exécutif d’Al-Qaida est alors formé, en dehors de Ben Laden, [notamment d’une] section d’accueil des moudjahidin. Cette dernière est placée sous l’égide d’Abou Zoubeida, dont le nom reviendra constamment dans toutes les procédures judiciaires françaises. »
    Juge Marc Trevidic, Au cœur de l’antiterrorisme (février 2011)
    Les faux aveux obtenus sous la torture d’Abou Zoubeida ont été transmis au Parquet anti-terroriste français et utilisés dans de nombreuses procédures. Ils ont été validés par les aveux tout aussi imaginaires de Djamel Beghal, considéré pendant un temps comme le responsable d’Al-Qaida en France.
    Ce qui importe ici, c’est que des aveux obtenus sous la torture ont servi de base à des analyses politiques et militaires erronées qui ont justifié des restrictions inutiles des libertés publiques. Pis, ces aveux ont empêché la prise des bonnes décisions.
    On observera que les nombreux ouvrages rédigés par des « experts anti-terroristes » sur Al-Qaida et les réseaux jihadistes à partir des faux aveux d’Abou Zoubeida sont toujours en circulation et servent toujours de base à des analyses politiques et militaires bien que leurs fondements soient imaginaires.
    RV

    [1] Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis, Rapport final de la commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis , 2 février 2005 pour l’édition française, 22 juillet 2004 pour l’édition originale (téléchargeable ici).
    [2] Brent Mickum, « The truth about Abu Zubaydah », The Guardian, 30 mars 2009.
    [3] Ibid.
    [4] Zayn al Abidin Muhammad Husayn v. Robert Gates, Respondents Memorandum of Points and Authorities in Opposition to Petitioner’s Motion for Discover and Petitioner’s Motion for Sanctions. Civil Action No. 08-cv-1360 (RWR), septembre 2009.
    [5] « NEWS SUMMARY : Arrest May Deter Attacks », New York Times, 4 avril 2002.
    [6] World : United States Western Mail, 3 avril 2002.
    [7] Donald Rumsfeld News Transcript , Département de la Défense, 3 avril 2002.
    [8] « Report : Insider May Testify On Zubaydah », United Press International (UPI), 2 avril 2002.
    [9] United States Helsinki Commission Briefing Transcript Political/Congressional Transcript Wire, 22 juin 2007.
    [10] Transcription d’un reportage de Kelli Arena sur Guantanamo, diffusé par CNN le 24 septembre 2006.
    [11] Department of Defense News Briefing , Département de la Défense, 1er avril 2002.
    [12] Gerry Gilmore, « Rumsfeld Confirms Capture of Senior Al Qaeda Leader », Département de la Défense, 2 avril 2002.
    [13] « Profile : Abu Zubaydah », BBC News, 2 avril 2002.
    [14] Remarks by the President at Connecticut Republican Committe Luncheon, discours du Président George W. Bush, Hyatt Regency Hotel, Greenwich (Connecticut), 9 avril 2002.
    [15] Remarks by the President to the George C. Marshall ROTC Award Seminar on National Security, discours du Président George W. Bush, Virginia Military Institute, Lexington (Virginie), 17 avril 2002.
    [16] Remarks by the President in Address to the Nation, discours du Président George W. Bush, Maison Blanche, 6 juin 2002.
    [17] Remarks by the President at Thaddeus McCotter for Congress Dinner, discours du Président George W. Bush, Ritz Carlton Hotel, Dearborn (Michigan), 14 octobre 2002.
    [18] Jeff Bliss et Tony Capaccio, « Iraq Group May Attack Outside Nation, McConnell Says Bloomberg.com », 5 février 2008 ; Richard Esposito et Jason Ryan, « CIA Chief : "We Waterboarded" », ABC News, 5 février 2008.
    [19] Philip Shenon, « MIDEAST TURMOIL : INTELLIGENCE ; Officials Say Qaeda Suspect Has Given Useful Information », New York Times, 26 avril 2002.
    [20] « More attacks have been prevented, officials say », The Seattle Times, 11 janvier 2003.
    [21] David A. Vise et Lorraine Adams, « Bin Laden Weakened, Officials Say », The Washington Post, 11 mars 2000.
    [22] Ibidem.
    [23] Ibidem.
    [24] Massimo Calabresi et Romesh Ratnesar, « Can we stop the next attack ? http://edition.cnn.com/ALLPOLITICS/... », CNN News, 4 mars 2002.
    [25] Ibidem.
    [26] « Who’s Who in al-Qaeda ? », BBC News, 27 avril 2007.
    [27] Nick Schou, « One Degree of Separation », Orange County Weekly, 4 octobre 2001.
    [28] Marlise Simons, « A NATION CHALLENGED : FRANCE ; Ninth Man Held in Suspected Plot Against Paris Embassy », New York Times, 4 octobre 2001.
    [29] « Bin Laden Videos Suggest Location », The Cincinnati Post, 5 décembre 2001.
    [30] Philip Shenon, « A NATION CHALLENGED : BALKAN TRAIL ; U.S. Labels an Arab Captive a Planner of Qaeda Attacks », New York Times, 23 janvier 2002.
    [31] « U.S. Seeks New Head of Al Qaida Anti-American Operations », United Press International (UPI), 15 février 2002.
    [32] Ibidem.
    [33] Ibidem.
    [34] « Profile : Abu Zubaydah », BBC News, 2 avril 2002.
    [35] « BANK TERROR ATTACK FEAR ; Warning issued after interview », Birmingham Evening Mail, 20 avril 2002.
    [36] John J. Lumpkin, « Al-Qaida Captive Talks of Terror », AP News, 24 avril 2002.
    [37] « Bush Faces Dissent on European Trip », transcription, CNN News, 23 mai 2002 ; « Bush : ‘No war plans on my desk’ for Iraq », CNN.com, 23 mai 2002.
    [38] George Tenet, At the Center of the Storm : The CIA During America’s Time of Crisis (Harper Perennial, New York, 2007).
    [39] Peter Finn et Julie Tate, « CIA Says It Misjudged Role of High-Value Detainee Abu Zubayda, Transcript Shows », The Washington Post, 16 juin 2009.
    [40] Washington’s Blog, « The Reason for the Cover-up Goes Right to the White House », 18 mars 2010.
    [41] Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis, Rapport final de la commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis.
    [42] Jane Meyer, The Dark Side : The Inside Story of How The War on Terror Turned into a War on American Ideals, (First Anchor Books, New York, 2009).
    [43] Le Rapport de la Commission sur le 11-Septembre a basé onze de ses accusations sur les témoignages d’Abou Zoubeida obtenus sous la torture : les notes 18, 43 et 75 dans le chapitre 2 ; les notes 19, 31, 35 et 106 dans le chapitre 5 ; les notes 8 et 125 dans le chapitre 6 ; et les notes 90 et 108 dans le chapitre 7.
    [44] Jane Meyer, The Dark Side.
    [45] George W. Bush, discours de septembre 2006 ; « Bush Concedes CIA Held Suspects in Secret Prisons », NPR, 6 septembre 2006.
    [46] Ron Hutcheson et James Kuhnhenn, « Iraq deal with Congress nears Bush says », Milwaukee Journal Sentinel, 26 septembre 2002 ; « Bush Says He and Congress Will Band Together on Iraq ; Capitol Hill Still Sour », Knight Ridder/Tribune Business News, 27 septembre 2002 ; Andrew Sullivan, « One tortured lie : that’s all it took for war », The Sunday Times, 26 avril 2009.
    [47] Warren Richey, « ‘Alternative’ CIA tactics complicate Padilla case », The Christian Science Monitor, 15 septembre 2006.
    [48] Neil A. Lewis, « A NATION CHALLENGED : THE DETAINEES ; U.S. Is Seeking Basis to Charge War Detainees », New York Times, 21 avril 2002.
    [49] James Risen et Eric Lichtblau, « Bush altered rules on spying », International Herald Tribune, 17 décembre 2005.
    [50] Amanda L. Jacobsen, « Why hasn’t Abu Zubaida been tried ? », The Washington Post, 28 mars 2012.
    [51] Peter Finn, « Judge’s Order Could Keep Public From Hearing Details of 9/11 Trials », The Washington Post, 7 janvier 2009.

  • L’Islande: Future puissance énergétique et modèle révolutionnaire ?

    L’Islande de la révolution future
     
    Mais l’Islande, ce n‘est pas seulement cela, c’est une révolution constituante. Après son refus de payer sa dette, l’Islande vient de publier son taux de croissance pour 2012 et il est le triple de la croissance de l’Union Européenne ! A côté de cela, dans les news économiques, on apprend que Benoît XVI soutient Monti : sans doute la doctrine sociale de l’Eglise ! Benoit XVI n’a surtout pas imaginé que l’Islande puisse devenir un modèle ! L’Islande avait déjà terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et, selon les prévisions de la Commission européenne, elle va faire le triple du taux de croissance attendu pour l’UE en 2012 alors que la croissance globale de l’Union est prévue à 0,5% en 2012 contre 1,5% en Islande. Pour 2013, la croissance devrait atteindre 2,7%, principalement à cause de la création d’emplois.
     
    Qu’a donc fait l’Islande ? 
    Une thérapie de choc : elle a nationalisé les banques privées! Il faut le répéter à l’envie : l’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté, par un référendum citoyen, le sauvetage des banques privées et du coup, accepté consciemment de laisser s’effondrer certaines d’entre elles. Elle a ensuite jugé les nombreux banquiers pour leurs crimes financiers. Pendant ce temps, en France, on dort dans les voitures sur le parking du parvis du Château de Vincennes ou on installe des tentes derrière les murs du périphérique parisien (voir sous les bretelles de la porte d’Orléans) et dans un pays comme l’Espagne, le ministre de l’économie qui fut un grand responsable chez Lehmann Brothers, avait maquillé les soldes bancaires et gonflé les résultats pour faire croire à une solvabilité du système financier ! En 2008, Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing furent les banques islandaises nationalisées pour éviter leur faillite. Elles furent placées sous contrôle démocratique. En juin dernier, l’une d’elle, Landsbankinn, a même annoncé son intention de rembourser les intérêts aux détenteurs d’hypothèques pour éviter aux citoyens de payer leurs pertes. 
     
    Nous avions sur Metamag présenté la vidéo de la révolte islandaise. La révolte pacifique avait débuté en 2008, sans que celle-ci soit décrite dans les pages des grands médias européens. Aujourd’hui dans les publications des experts économistes qui pullulent dans les bacs des libraires, la révolution islandaise n’est mentionnée que dans des notes en bas de page, en précisant que ce pays serait un dangereux exemple à suivre !
     
    un soutien populaire aux 2 reférendums
     
    À la fin de 2008, l’ensemble des dettes de l’Islande égalait neuf fois son PIB. Sa monnaie s’était effondrée et sa Bourse avait suspendu ses activités, après une chute de 76% ! Le pays a donc fait faillite et a ensuite reçu un prêt de 2 100 millions de dollars du FMI et 2 500 millions de dollars provenant des pays nordiques et de la Russie. Le FMI, comme d’habitude, avait exigé, en échange des mesures « d’ajustement » c’est-à-dire des coupures dans les dépenses sociales sauf que cette fois-ci, le plan d’austérité du FMI a provoqué la colère de la population, la chute du gouvernement et la convocation d’élections anticipées, au début de 2009.
    Johanna Siguroardottir 1er ministre islandais et l’ancien Premier ministre Geir Haarde
    La gauche a remporté alors la majorité absolue et a provoqué l’effondrement du Parti de l’Indépendance, un parti conservateur, qui était traditionnellement la force dominante du pays. Le Parti de l’Indépendance n’a pu conserver que 23,7% des voix. Johanna Siguroardottir a été choisie pour diriger le gouvernement réunissant des sociaux-démocrates, et des écologistes de gauche. En 2010, le gouvernement a mis sur pied une assemblée constituante de 25 membres, des « citoyens ordinaires » pour réformer la Constitution. Cette même année, le gouvernement avait soumis sa population à un référendum sur le paiement ou non de la dette contractée par les banques : 90% des gens ont refusé de payer. Le FMI a alors gelé les prêts en espérant que l’Islande finisse par payer ses dettes illégitimes.

    une économie redressée
    En septembre 2010, l’ancien Premier ministre Geir Haarde a été mis en procès pour négligence dans la gestion de la crise. En avril 2011, les citoyens ont de nouveau dit non à un nouveau référendum sur le paiement de la dette. Après cela, au mois de décembre, la banque Landsbankinn a décidé de réduire une partie de la dette, 350 milliards de couronnes, soit environ 33% de la dette totale. Il y a quelques jours, les responsable de la Fiscalité en Islande ont inculpé deux cadres supérieurs de banque qui ont commis des fraudes au moyen de prêts non autorisés pendant les opérations qui ont conduit le système financier à s’effondrer en 2008 : l’ancien PDG responsable de la faillite d’une grande banque et son responsable financier. Ils auraient abusé de leur position pour fournir environ 102 millions d’euros sans autorisation, sans garanties de la part des bénéficiaires et sans avoir consulté le département de gestion des risques. Les agences de notation Moody, Standard & Poor et Fitch font pression pour punir l’endettement de l’Islande mais sans grand succès et toujours en essayant d’ignorer la reprise économique du pays.
     
    Pourquoi rappeler tout cela en début d’année ? 
     
    Pour préciser par écrit et pour demain le prix du reniement. En se soumettant à la logique néolibérale de dérégulation et de privatisation, en déclarant son impuissance à conduire une politique de gauche et en accordant dans le débat public une place centrale à la rigueur, à l’austérité, la gauche française se suicide théoriquement et démobilise les classes populaires. François Hollande, au Val de Reuil, en Normandie, a rappelé que l’Etat ne reprendrait pas PétroPlus, qu’il était hors de question pour l’Etat d’envisager une quelconque nationalisation, y compris bancaire. C’est céder aux financiers, c’est ne pas imaginer d’autre existence sociale et économique au delà du libéralisme mais c’est surtout ne pas comprendre que l’heure n’est pas la même qu’en 2002, par exemple, sous Lionel Jospin.
     
    La crise du système financier a changé la donne. Pour la première fois, le système s’engage à faire ce qu’il n’avait jamais fait auparavant dans l’histoire du libéralisme et du capitalisme : exploiter l’Etat national lui-même, le dépouiller. Les banques et la bourse ne font, en fait, actuellement – c’est une lapalissade ! – des affaires qu’avec les Etats. Les capitalistes volent leur argent, le gardent dans les banques, se déclarent en faillite et demandent à être renfloués, c’est là la fantastique affaire d‘un vrai détournement oligarchique de la richesse populaire. Nos dirigeants européens le savent bien. Ils baissent la tête et acceptent d’aider les banques pour que le système ne s’effondre pas. Le régime est en quelque sorte devenu mafieux et le capitalisme financier escroque les Etats.
    Vous appréciez les paysages islandais mais l’Islande bouillonne aussi d’une énergie propre, venue directement du centre de la terre. Cette énergie géothermique, l’Islande l’exporte et elle souhaite désormais aller plus loin en envisageant d’exporter son électricité grâce à un ambitieux projet de pipelines vers l’Europe du Nord qui pourrait alimenter en électricité un million de foyers aux Pays-Bas et en Ecosse.
    Exploitation de la géothermie
    Cette énergie géothermique permet de produire de l’électricité et de se chauffer grâce à la chaleur prélevée directement dans le sous-sol. A Hveragerði, par exemple, on fait pousser différents fruits et légumes dans des serres tropicales grâce à l’énergie géothermique. 75% des tomates cultivées dans ces serres sont d’ailleurs directement consommées par les Islandais et le pays envisage même d’en exporter d’ici 5 ans. Plus d’énergie disponible que de besoins et donc un produit et un savoir faire à vendre au monde entier.
    Sites géothermiques en Islande
    L’Islande a du coup décidé de former à cette science des étudiants étrangers qu’elle va chercher jusqu’en Afrique. Un jeune kényan étudie ainsi la géothermie en Islande et se servira de ses connaissances une fois de retour au pays. Grâce à ses volcans, l’Islande produit aujourd’hui 5 fois plus d’électricité que ce dont le pays a besoin.
    Source: Michel Lhomme Metamag

  • Le combat d’une communauté menacée de génocide

     

    Il doit être effectivement « politiquement incorrect » de dénoncer et montrer le sort réservé aux chrétiens du Nigéria qui refusent de se soumettre.C’est une lutte à mort entre islamistes radicaux et catholiques nigériens. Après le Nigéria, quels pays vont-ils subir le même sort? Où sont les organismes défenseurs des droits de l’homme ? Pourquoi tous les partis politiques français, quels qu’ils soient, pratiquent-ils l’omerta? Le Nigéria, moins important que la Syrie ou la Libye ? Au Nigéria , des chrétiens sont brulés vifs: un holocauste monstrueux devant l’indifférence internationale.
    METAMAG publie, fidèle à sa ligne éditoriale qui est d’informer hors des sentiers battus du « politiquement correct » ,le cri d’alarme du père espagnol Juan Carlos Martos, du secrétariat des Missionaires Clarettiani. JP
    « En publiant cet impressionnant document  sur Facebook ( voir le document inséré dans l’article NDLR), j’ai prétendu dénoncer  publiquement sur le plan international, certains évènements monstrueux, complètement réduits au silence par les médias de communication de masse ; un véritable génocide tellement monstrueux et brutal comparable aux épisodes les plus odieux et abjectes des camps d’extermination nazis.
    Document du Père Juan Carlos Martos
    À ma grande surprise, facebook me critique pour la publication de ce document graphique, comme une dénonciation de l’Holocauste dont souffre les chrétiens au Nigeria depuis plus de 10 ans. Conformément à la politique de sécurité de ce réseau « social », la photographie a été classifiée comme matériel « pornographique », « violent » ou « inapproprié » et pour cette raison, me punit en m’interdisant de télécharger une quelconque image durant une semaine. Et me menace d’actions drastiques si je persiste à vouloir intenter dénoncer par des documents, les horribles violations des droits de l’homme au Nigeria.
    Cette procédure des responsables, (facebook-Espagne) je suppose, est une atteinte à la liberté d’expression et une insulte éhontée aux 500 victimes (uniquement dans cet épisode brutal) massacrées par la terreur islamique du simple fait d’être chrétien.
    J’ai pensé que ce réseau social, né aux Etats-Unis, ne plierait pas le genou devant la terreur. Surtout après avoir souffert dans leur chair la macabre attaque du 11/9, comme nous celle du 11-M, toutes victimes de la fureur sauvage et folie de la terreur islamique.
    Cela semble incroyable, en Espagne, un Etat démocratique de droit – où il est garanti par la constitution de la liberté de pensée, d’expression et de religion (Art.16 et 20 CE)-on tente de museler les citoyens par le biais de menaces et de coercition, affaiblissant sa liberté d’expression, considérant comme « inapproprié » un document graphique (pas un photomontage) qui reflète une réalité brutale dans toute sa rigueur.
    Le Nigéria débarrassé de ses chrétiens
    Au contraire, les administrateurs de facebook Espagne, devrait féliciter cette plainte publique – faite avec l’intention que cette barbarie ne sera jamais répétée et que les coupables soient punis – parce que c’est un droit et un devoir du citoyen : un service à la société, l’objectif ultime, je suppose, de n’importe quel réseau « social » qui se vante.
    En effet si les meurtres continuent, c’est en grande partie parce que la vérité est toujours cachée au peuple souverain, pour qu’il ne la connaisse pas et puisse s’ « indigner »: le silence complice de la plupart des médias de communication mène à l’indifférence de la communauté politique internationale devant cet Holocauste monstrueux.
    Sans oublier la lâcheté installée dans le monde occidental face au terrorisme islamiste. Entre nous, une conséquence de plus de la stupide « Alliance des civilisations »: un autre incident regrettable de Rodriguez Zapatero, notre célèbre ancien président du gouvernement. Pouvez-vous imaginer la réaction de l’organisation terroriste islamique dans le cas(impossible) d’un massacre de musulmans aux mains des chrétiens dans une mosquée? comment et combien de ces belligérants auraient les couvertures de nos médias condamnant les faits? »
  • L’art diplomatique

    Aucune grande idée phare ne gouverne plus la diplomatie française à moins qu’on ne tienne pour telle la peur des complications et le désir chimérique de plaire à tout le monde. Pour rompre avec son engourdissement chronique, il arrive cependant que la République s’éprenne d’une belle cause, à moins qu’elle ne se contente, comme souvent, de réagir tant bien que mal aux secousses de l’actualité internationale, ce qu’elle fit lors de la seconde guerre du Golfe avec le succès que l’on connaît.
    La fuite en avant dans l’utopie
    européenne, chère à Nicolas Sarkozy, témoigne de cet embarras devant le néant d’une politique étrangère qui ne sait sur quel pied danser. La tentation est grande alors de remettre le fardeau diplomatique entre les mains d’une institution supranationale. Après tout, est-il vraiment opportun de se soucier du jeu diplomatique, quand s’impose la tutelle d’une opinion internationale mouvante ?
    Bien que la diplomatie traditionnelle française, celle de Richelieu et Mazarin, ait rendu l’âme depuis longtemps sous les coups de pioche de la Révolution, personne ne semble disposé à enterrer la tradition diplomatique elle-même, ultime vestige d’une époque révolue. C’est précisément l’héritage oublié de la diplomatie d’Ancien Régime que vante le dernier ouvrage de Lucien Bély, L’art de la paix en Europe, naissance de la diplomatie moderne XVIe-XVIIIe siècle (1).

    Propagande révolutionnaire
    Comme Janus, l’histoire de la diplomatie française a deux visages : celui qui nous est familier depuis la Révolution, et celui d’Ancien Régime. De ces deux traditions, la première est une idéologie subversive, la seconde un art délicat et empirique modelé au gré des circonstances. La Révolution française, dès son début et par la seule conséquence de son premier principe, sape par la base l’édifice de la vieille diplomatie européenne. Elle proclame la souveraineté du peuple, elle présente ses doctrines comme des vérités lumineuses et universelles, elle menace tous les pouvoirs établis, elle invite toutes les nations à se révolter et à s’affranchir. Le primat des nationalités préfigure ainsi le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, que le président Wilson devait arborer comme un talisman à Versailles en 1919.
    En 1790, les Constituants désirent étendre à tous les peuples de la terre le régime démocratique fondé en France. Ils vivent dans la crainte de voir leur oeuvre s’effondrer un jour. Pour l’en prémunir, ils rêvent d’extirper du continent les séquelles du “régime féodal”, un mot bien commode pour jeter l’opprobre sur tout ce qui est ancien. La Révolution devient solidaire de toutes les révolutions populaires ; c’est l’idée défendue par Merlin de Thionville à l’Assemblée législative : « Il faut déclarer la guerre aux rois et la paix aux nations ! » La diplomatie s’éteint et l’idéologie s’éveille.
    La France a beau déclarer la paix au monde, l’extension de son influence est en même temps la condition et le fruit de cette propagation, même pacifique, des principes de la Révolution. Dans l’esprit des législateurs, ce qui est acquis à la France l’est à la liberté ; la grandeur de la France révoltée s’associe au bonheur du genre humain. Par son messianisme même, la soif d’accroissement territorial et de suprématie pénètre dans la Révolution, et la nouvelle France s’apprête, dès cet instant, à exercer sur les peuples la domination qui lui revient du droit, car elle est la sentinelle de la Liberté contre le ‘“despotisme de tous les tyrans”. Elle commence par saisir Avignon et le Comtat Venaissin, avant d’entraîner l’Europe dans une guerre de vingt-trois années qui, pour la France, s’achève dans le désastre de Waterloo.

    Régénérer le monde...
    Singulier contraste d’une Assemblée qui chante une ode larmoyante à la paix pour mieux se dédire ensuite. Le mot généreux, en apparence, de l’émancipation des peuples légitime depuis cette époque toutes les expéditions armées. Aujourd’hui même, combien de guerres sont menées pour que triomphe l’idéal démocratique ? Quand elle entend tirer l’épée du fourreau, la France le fait au nom du droit des peuples, comme en Afghanistan. Lorsqu’elle prétend s’y opposer, comme en Irak, c’est encore le droit des peuples qu’elle invoque.
    Il y a dans la simplicité de cette idée une puissance spontanée de propagande. Son ambition universelle tient pour une gageure la réticence de certaines cultures à l’adopter. Si une douce persuasion n’y suffit pas, l’idée démocratique s’impose par la contrainte, puisque le principe d’humanité ne saurait souffrir la moindre exception. De cet élan sentimental naît l’inquiétant “droit d’ingérence” qui, pour être bien conforme à lui-même, devrait entraîner la France à courir de partout sans guère songer à ses propres intérêts. La République met tout son honneur à faire rayonner ce droit aventureux ; elle est en cela la digne héritière de cette Révolution qui, enivrée de discours, réprouve la diplomatie, comme égoïste, et l’expérience, corrompue de nature, pour s’adonner à l’enthousiasme de régénérer le monde. Elle ne juge plus qu’à l’aune de son instinct et ne décide plus que par passion.

    L’intérêt bien entendu
    La diplomatie de l’émotion ou de la compassion s’est élevée sur les cendres de la diplomatie traditionnelle. Celle-ci n’a rien d’un traité de philanthropie. Sous l’Ancien Régime, les États ne connaissent d’autres juges qu’eux-mêmes et d’autres lois que leur intérêt ; mais ce qui fait la brutalité de cette doctrine en fait aussi le tempérament.
    Aux sirènes de la convoitise, il y a un frein : l’intérêt bien entendu. “Il faut savoir s’arrêter à propos” pourrait servir de maxime au XVIIIe siècle. C’est une morale tout empirique que la crainte de perdre gros assagit. Richelieu observe déjà que, tout compte fait, observer les traités vaut mieux qu’une réputation d’homme changeant. La conquête trouve sa limite dans la certitude que les abus de la force en détruisent l’ouvrage. On ne doit d’ailleurs conquérir que ce qu’on peut garder. Il revient au conquérant de réparer les maux qu’il a commis s’il veut digérer sa proie.
    Ajoutons que les États risquent de se disperser en s’agrandissant plus que de raison. Des frontières étendues compliquent la défense et offrent à l’ennemi trop de commodités d’attaque. Tous les puissants sont d’accord enfin pour ne permettre à aucun d’entre eux d’accéder à l’hégémonie. Il se forme ainsi entre les grands une sorte de convention tacite : ils entendent conserver ce qu’ils possèdent, gagner en proportion de leurs mises, et interdire à l’un des associés de faire la loi en Europe. C’est le socle de la balance of power.
    À cette politique, la France apporte une fine nuance, l’équilibre. Longtemps protectrice des puissances moyennes, qu’elle défend bec et ongles au Congrès de Vienne, elle est aussi la première à s’indigner des « actes de piraterie » du royaume de Prusse. Le repos du continent est la condition de sa propre félicité, tandis que la Prusse, pour croître, a besoin de casser le statu quo.

    Subtilité de la négociation
    Rousseau et la pensée des Lumières ont jeté le discrédit sur l’ancienne diplomatie, ce « jeu de rapaces », cette « école de la dissimulation ». Pourtant, comme le révèle le précieux livre de Lucien Bély, elle mérite mieux que ce jugement à l’emporte pièce. C’est l’Ancien Régime qui invente la diplomatie en peaufinant l’art subtil de la négociation. C’est lui qui donne naissance à la figure moderne du diplomate et façonne les règles qui prévalent peu à peu de Londres à Saint-Pétersbourg. C’est lui qui favorise enfin une réflexion politique sur la manière de prévenir les conflits et d’y mettre un terme.
    Tout concourt à faciliter la concertation : des départements ministériels spécialisés se créent, des immunités s’élaborent pour protéger les négociateurs, des pratiques de plus en plus savantes se forgent, des ambassades s’établissent, un cérémonial harmonieux se déploie. Lucien Bély brise la légende selon laquelle les Princes ont disposé de territoires sans tenir compte des intérêts des peuples, traitant les hommes comme de simples « troupeaux de moutons ». Les diplomates savent en effet que la paix ne peut être durable tant qu’elle prolonge les souffrances, or, le propre de la négociation est de rétablir la concorde au sein des sociétés et entre elles. Pour cela, l’Ancien Régime accouche d’un nouvel idiome, la langue diplomatique, riche de significations cachées. La forme égale le fond en importance et chaque mot s’interprète à l’infini. Tout faux-pas menace de faire s’écrouler de patients efforts. L’émergence de ce langage traduit cependant une brûlante envie d’échanger et de connaître le monde.

    Temps, prudence, secret
    Pour s’épanouir librement, l’art diplomatique traditionnel suppose trois conditions que notre époque désavoue : le temps, la prudence et le secret. La circulation frénétique des hommes et des informations s’accommode mal des longs conciliabules ; la diplomatie doit ainsi satisfaire l’appétit de l’opinion souveraine qui se lasse aussi vite qu’elle s’enflamme. Ce n’est pas hélas un gage de prudence, car la précipitation appose, au mieux, un cautère sur une jambe de bois : combien d’accords de paix négociés à la hâte au Proche-Orient ont-ils failli ?
    Le diplomate a également la mission de sauvegarder les secrets de l’État. Il protège son art par le secret, mais le dévoile quand les circonstances s’y prêtent, comme pour séduire une population ; c’est un jeu délicat. Le mystère qui entoure la diplomatie agace aujourd’hui l’opinion internationale, avide de tout savoir à l’instant même. Ce désir éperdu de transparence, de mode depuis le XVIIIe, accompagne la démocratisation de la vie publique. Il n’empêche, sans le secret, point de diplomatie, c’est le retour à la spontanéité naturelle et à l’affrontement personnel.
    Le déclin de la diplomatie traditionnelle, que reflète le mépris des formes, le diktat de l’affect ou l’oubli des médiations, devient le prélude à un nouvel âge de fer dans les relations internationales.
    Le déclin de la diplomatie traditionnelle devient le prélude à un nouvel âge de fer dans les relations internationales.
    DIABLE BOITEUX L’Action Française 2000 du 18 au 31 octobre 2007
    * Lucien Bély : L’art de la paix en Europe, naissance de la diplomatie moderne XVIe-XVIIIe siècle. 752 pages, 30 euros.

  • L'état des forces militaires étrangères déployées au Mali

    Arrivée du contingent nigérian à Bamako
    Les soldats français et africains affluent au Mali, où la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) doit prendre la relève de l'armée française, en fonction d'un calendrier encore imprécis. État des lieux sur les forces effectivement déployées et celles que la France et plusieurs pays africains prévoient d'envoyer, aux côtés de l'armée malienne, pour venir à bout des islamistes armés au nord du pays.
    Les effectifs militaires français déployés au Mali sont passés ces derniers jours de 1 800 à 2 000 hommes, pour une force totale annoncée de 2 500 soldats, la plus importante opération aéroterrestre engagée hors des frontières françaises depuis l'Afghanistan. Or, ces effectifs pourraient être encore plus importants. 
    Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, a en effet fait ce décompte le 19 janvier à l'antenne de France 3 Bretagne : « Il y a aujourd’hui 2 000 militaires français au sol au Mali et l’opération Serval regroupe environ 2 900 militaires à cet instant, puisque vous avez des éléments à Ouagadougou, à Niamey et à Dakar (…). On dépassera peut-être les 2 500 militaires annoncés sur le site, ça fera environ 4 000 militaires qui seront mobilisés pour cette opération.»
    LE DÉPLOIEMENT DES FORCES OUEST-AFRICAINES A COMMENCÉ
    Quelque 2 000 soldats africains sont également attendus au Mali d'ici le 26 janvier, sur un total qui pourrait dépasser les 5 800 militaires africains (Tchadiens compris). Un chiffre annoncé à l'issue du sommet des chefs d'État de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui s'est tenu le 19 janvier à Abidjan, mais qui va sans doute être revu à la hausse, plusieurs pays ayant décidé d'envoyer plus de troupes que prévu.

    LE TCHAD
    SUR LE PIED DE GUERRE
     
    Rentrant d'Abidjan où il a participé au sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur le Mali, le président tchadien Idriss Déby Itno a fait étape dimanche à Niamey où il a rendu visite au contingent tchadien dépêché sur place.
    C’est sur le tarmac de l’escadrille nationale de Niamey que le président Idriss Déby a rencontré le contingent tchadien, prêt à marcher sur le nord du Mali. Pourquoi 2 000 hommes loin des frontières tchadiennes ? « C’est une projection qui se fait sur 3 000 kilomètres. Donc je ne peux pas m’amuser à envoyer une petite unité qui va être avalée, sans renfort, une unité qui n’est pas capable à elle seule de se défendre, de faire donc sa mission. C'est ce qui m’a motivé à envoyer 2 000 hommes », explique le chef de l'Etat.
    Le colonel Youssouf Taïro , commandant du contingent tchadien, nous présente ici son matériel : « Le matériel que vous avez vu ici est du matériel de blindé, bien efficace, bien sélectionné. C’est-à-dire qu’on a tous les calibres ici. Le moral est bon, on est prêt à combattre nuit et jours, on est vigilants chaque heure, chaque seconde. »
    Enturbanné dans son chèche saharien, un des soldats tchadiens, lance : « Si les islamistes du nord du Mali sont des fous de Dieu, nous trouverons plus fou qu’eux dans quelques jours dans le Sahara malien. »
     
    Huit nations ouest-africaines (Bénin, Burkina, Ghana, Guinée, Niger, Nigeria, Sénégal, Togo) ont annoncé l'envoi de contingents, dont le déploiement a commencé. Une centaine de Togolais sont arrivés le 17 janvier à Bamako, sur les 750 militaires que Lomé prévoit d'envoyer. Quelque 55 soldats béninois étaient arrivés dimanche soir au Mali, sur une force qui doit atteindre 650 hommes, a annoncé le 20 janvier le président béninois Boni Yayi - au lieu des 300 hommes d'abord prévus.
    Un premier bataillon nigérian de 100 recrues s'est envolé le 17 janvier de Kaduna, au nord du Nigeria, sur une force totale de 1 200 hommes promise le 18 janvier. Nettement plus, là encore, que les 900 soldats initialement annoncés. « Notre sécurité nationale fait face à un danger imminent, en raison de la crise dans le nord du Mali », a estimé le président Goodluck Jonathan, dans sa lettre au Sénat demandant d'avaliser ce déploiement plus important. Les islamistes de Boko Haram, une secte qui multiplie les attentats au nord du Nigeria, ont été entraînés au nord du Mali par les combattants d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), rappellent les autorités d'Abuja.
    Quelque 60 soldats sénégalais sont arrivés au Mali le dimanche 20 janvier, sur une force totale de 500 hommes finalement promise par Dakar. Le Sénégal s'était d'abord montré réticent à envoyer des troupes dans le bourbier malien. Le président Macky Sall avait expliqué en juillet 2012 que des contingents de son pays étaient déjà déployés ailleurs, en Côte d'Ivoire, en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan et en Guinée-Bissau. Le Sénégal avait encore démenti le 11 janvier avoir des troupes combattantes au sol au Mali, comme l'avait affirmé un porte-parole de l'armée malienne. Les pressions amicales de la France ont-elles joué ?  Dakar a en tout cas décidé, le 16 janvier, de participer à l'effort militaire ouest-africain.

     

    LES PAYS CONTRIBUTEURS ET CEUX QUI RESTENT EN RETRAIT
    Le Burkina Faso et le Niger ont annoncé des contributions respectives de 500 hommes à la Misma, tandis que la Guinée s'est engagée à hauteur de 120 à 144 hommes, selon les sources. Quant au Ghana, il a fait un revirement et oublié ses premières réticences, en promettant le 13 janvier d'envoyer 120 hommes au Mali. Le déploiement effectif des soldats de ces quatre pays est encore attendu.
    De son côté, la Côte d'Ivoire ne s'est pas formellement prononcée sur l'envoi de troupes au nord du Mali. Une décision que réclame le Front populaire ivoirien (FPI). Mais le président ivoirien Alassane Ouattara, qui a brandi la menace d'une intervention militaire de la Cédéao au Mali dès le lendemain du putsch du 22 mars 2012, est-il en mesure d'envoyer des troupes ivoiriennes ? La Côte d'Ivoire est elle-même en butte à la désorganisation de son armée - actuellement en restructuration - et confrontée à des problèmes sécuritaires. Quelque 11 000 casques blancs des Nations unies sont d'ailleurs toujours déployés dans le pays, dans le cadre de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).
    La Mauritanie, elle, s'en tient à sa décision initiale, annoncée en août 2012, de ne pas participer à une force internationale au Mali. Même si Nouakchott considère Aqmi comme un problème de sécurité intérieure, le groupe terroriste ayant beaucoup recruté à ses débuts parmi de jeunes Mauritaniens. La Mauritanie a été le pays le plus actif au nord du Mali sur le plan militaire, multipliant les raids aériens ces dernières années contre des convois d'Aqmi, et essuyant en retour des attentats d'Aqmi. Mais le général Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien, ne souhaite pas s'impliquer dans une force ouest-africaine de la Cédéao, une communauté dont son pays ne fait pas partie. Nouakchott a cependant pris soin de sécuriser sa frontière avec le Mali.
    L'IMPORTANT RENFORT TCHADIEN
    Le Tchad a déjà envoyé le 16 janvier à Niamey, la capitale du Niger, 200 éléments de ses forces spéciales, sur un total annoncé de 2 000 hommes. Ces forces devraient être déployées avec les troupes nigériennes le long de la frontière entre le Niger et le Mali. Le Tchad, qui n'est pas membre de la Cédéao, fournira donc les effectifs les plus nombreux après la France. Ce pays a été sollicité d'abord par Paris, puis par le président intérimaire malien Dioncounda Traoré, pour venir renforcer le dispositif international, en raison de l'expérience de son armée dans un terrain désertique aux conditions climatiques difficiles.

    Avec RFI http://www.francepresseinfos.com/