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géopolitique - Page 886

  • Le rapport Védrine par Pierre de Meuse

    Le 14 novembre, Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, a déposé un rapport au secrétariat de la Présidence sur «  Les conséquences du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, sur l’avenir de la relation transatlantique et les perspectives de l’Europe de la défense ».

    Nous connaissons Hubert Védrine comme un fin professionnel  de la politique étrangère de la France, puisqu’il a occupé le bureau de Calonne de 1997 à 2002 prenant souvent des positions empreintes de bon sens, conformes aux besoins de la France en ce domaine. Le fait qu’il ait participé à des gouvernements socialistes ne change rien à l’affaire car la politique étrangère n’est pas une affaire de parti. Pourtant nous n’attendions pas de miracles lorsque le Président Hollande lui a demandé de traiter cette question.  Il eût été étonnant que l’ancien ministre ose jeter un pavé dans la mare, et du reste on ne lui aurait pas demandé de faire un rapport s’il ne s’était pas engagé à rendre un document conforme à la pratique des ministères Fabius et Juppé,  d’ailleurs fort peu différents l’un de l’autre. L’ancien ministre rappelle que c’est la France qui a œuvré pour la création de l’OTAN au début des années 50. Il rappelle aussi les raisons pour lesquelles le général de Gaulle, le 7 mars 1966, écrit au Président Johnson pour lui faire savoir qu’il n’entendait plus, ni participer aux commandements intégrés, ni mettre ses forces à la disposition de l’OTAN,  recouvrant ainsi sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté. Les motifs du général tenaient au refus des USA de placer l’OTAN sous commandement triparti, laissant le commandement aux seuls anglo-américains, et à l’opposition des mêmes à la force de dissuasion. De plus le gouvernement français craignait de se voir engagé sur un théâtre d’opérations où il n’aurait rien à faire. Est-il besoin de se souvenir qu’à cette époque, le danger soviétique n’était pas un vain mot ? Alors qu’après 1990 ce danger est écarté, comment expliquer le retour dans l’OTAN en décembre 1995 sous l’impulsion de Jacques Chirac ? Comment justifier une implication accrue aujourd’hui ?

    subordination-OTAN-UE-300x214.jpgC’est que, nous dit Védrine, la nature de l’OTAN a changé : aujourd’hui les USA sont tout prêts à partager le fardeau de la défense stratégique de l’Europe, alors que les autres Etats se refusent à y consacrer les efforts minimaux. Le retour de la France, selon lui, valorise le rôle de notre pays par le nombre des militaires français qui participent au commandement et leur efficacité. Pourtant l’ancien ministre constate que des décisions contraires à l’intérêt stratégique de la France ont été prises car le gouvernement français, y compris celui de M. Hollande a"accepté que l’OTAN décide de se doter d’une capacité de défense des territoires et des populations contre les missiles balistiques, sur la base d’une extension du programme de défense de théâtre (ALTBMD : Active Layered Theatre Ballistic Missile Defence)." Il doute que l’industrie européenne soit mise à contribution, suspecte avec raison que ce système, présenté artificieusement comme dirigé contre l’Iran, soit braqué au contraire contre la Russie. Il estime que ce système est dangereux pour notre sécurité et contraignant pour l’indépendance de l’Europe. Même si le rapport n’était légitimé que par ce paragraphe, il mériterait d’avoir été publié ! Mais alors, pourquoi l’accepter ? Parce que nous sommes seuls, parce que nous sommes faibles ! Et Védrine de nous engager à la vigilance. Une exhortation qui se résume à conseiller aux européens de ne pas oublier que les motivations des USA, état des deux océans, ne peuvent être les mêmes qu’un ensemble continental risquant toujours de se trouver marginalisé par rapport à l’Histoire. On ne saurait mieux dire. Ainsi « Vigilance signifie que nous devrons veiller à ce qu’elle reste une Alliance militaire, recentrée sur la défense collective, et le moins possible politico-militaire dans son action. » Il parle d’or, mais s’il craint avec raison l’idéologisation de l’Alliance, alors pourquoi se félicite t-il que l’OTAN ait répondu à un « appel à l’aide d’insurgés » en Libye, acte d’agression contraire au droit international, comme le soulignait Medvedev la semaine dernière, et justifié par une vision idéologique et biaisée des évènements ? Et en Syrie où l’OTAN vient d’accepter la coûteuse et inutile installation de missiles patriot à la frontière turque ? Il ne s’explique pas sur cette lourde contradiction. Peut-être considère t-il que l’exportation de la « démocratie » n’est pas une opération idéologique ? Ses cours de Sciences Po sont peut-être un peu loin. De même pour l'alliance inconditionnelle des USA avec Israël, étrangère aux intérêts de la France et même de l'Europe.

     

    En fait l’auteur du rapport se résigne à ce retour dans l’OTAN parce qu’il ne voit pas d’autre politique possible, même s’il est quelque peu sceptique. Les européens considèrent que l’OTAN suffit à la défense de l’Europe et ne voient aucune nécessité de l’assurer eux-mêmes. Or Védrine n’envisage pas d’évènements possibles nous contraignant à changer nos alliances et se contente de déclarations d’intentions qui n’ont aucune chance d’être suivies. Après tout, pourquoi s’en étonner ? Védrine est un grand commis, mais certainement pas un visionnaire.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com

  • Le terrorisme monte encore d'un cran en Syrie / L'ONU se prononce sur le statut de la Palestine

    Il n’est pas coutume à Polémia de traiter l’actualité à chaud, au jour le jour – ce n’est pas sa vocation. Néanmoins, le Proche-Orient est actuellement témoin de deux situations évolutives : hier, une série d’attentats mortels en Syrie ; aujourd’hui, le vote à l’ONU d’un statut pour la Palestine. Nous reproduisons ici les commentaires de l’équipe du Bulletin de réinformation de Radio Courtoisie qui a développé ce matin même ces deux questions.
    Polémia

    I/ Le terrorisme monte encore d’un cran en Syrie

    Hier, deux attentats terroristes ont fait près de 40 morts et 80 blessés à Jaramana, une ville favorable à Bachar-al-Assad, non loin de Damas. Plus précisément, ce sont les quartiers chrétiens et druzes qui ont été visés par les terroristes. Si les attentats n’ont pas été revendiqués, le mode opératoire laisse à penser que des organisations terroristes puissantes, comme Al-Qaïda, sont désormais à la pointe du combat contre le régime syrien.

    La Syrie, nouveau terrain d’action du terrorisme islamiste ?

    C’est bien ce que l’on peut craindre, d’autant plus que chez les rebelles, les libéraux et les modérés sont désormais en minorité. Mi-novembre, les autorités syriennes ont d’ailleurs envoyé à l’ONU une liste de 142 djihadistes éliminés par l’armée régulière et membres d’Al-Qaïda. Parmi eux figuraient notamment 47 Saoudiens, 24 Libyens, 10 Tunisiens, ainsi que des Afghans, des Tchétchènes, des Turcs ou des Qatariotes.

    Les grandes puissances continuent à soutenir les insurgés

    En effet, on peut citer par exemple le don de 1.200.000 euros accordé lundi dernier aux rebelles par Laurent Fabius. Mais cette alliance n’est pas si étonnante qu’elle y paraît. En réalité, on retrouve un schéma tout à fait classique, où les islamistes du monde entier s’attaquent à une nation rivale des anciennes puissances tutélaires qui, en échange, les financent et les arment : c’était le cas contre l’Union soviétique en Afghanistan, contre la Serbie dans les années 1990, ou encore contre la Russie en Tchétchénie.

    La Syrie condamnée à subir le même sort que la Serbie ou la Libye ?

    Pour l’instant, le soutien de la Russie et de l’Iran a empêché toute action directe contre le régime syrien. Du reste, Bachar-al-Assad est toujours soutenu par une partie de son peuple, notamment les minorités chrétienne, chiite et kurde, mais aussi les fonctionnaires et les musulmans sunnites modérés. Cependant, l’armée régulière n’est toujours par parvenue à écraser les rebelles ; de plus, ces derniers disposent depuis peu de missiles sol-air, avec lesquels ils ont abattu un hélicoptère et un bombardier de l’armée au cours des dernières 48 heures. L’issue du conflit reste donc encore floue, mais une chose est sûre : une paix rapide semble désormais impossible.

    II/ L’ONU se prononce sur le statut de la Palestine

    Soixante-cinq ans après le plan de partage de la Palestine, le président Mahmoud Abbas demande ce jeudi le statut d’Etat non membre devant l’Assemblée générale des Nations unies.

    Que recouvre ce nouveau statut ?

    La demande palestinienne à l’ONU vise à ce que le statut d’observateur, dont la Palestine bénéficie depuis 1974, passe d’une « entité » à un « Etat non-membre ». Précisons que la « reconnaissance » d’un Etat est seulement le fruit d’une décision bilatérale entre deux Etats. Dans son discours devant l’Assemblée générale en septembre, le président Mahmoud Abbas avait mis en avant le fait que cette demande n’était pas un substitut à la négociation avec les Israéliens, mais allait dans le sens d’une Palestine partagée entre deux Etats : l’Etat d’Israël et celui de Palestine.

    Qu’apporterait ce changement aux Palestiniens ?

    L’obtention de ce nouveau statut, comparable à celui du Vatican, constituerait selon les Palestiniens une avancée de leurs droits nationaux. Mais l’Etat de Palestine, tel qu’il a été proclamé par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1988, est déjà reconnu par 132 Etats. Parmi ceux-ci, deux membres permanents du Conseil de sécurité : la Russie et la Chine. Mais ce n’est pas pour autant qu’il dispose de la souveraineté de son territoire. Toutefois, ce statut pourrait quand même ouvrir de nouveaux horizons diplomatiques et juridiques pour la Palestine, à l’heure où toute négociation avec Israël semble devenue impossible.

    Quelle est la position des autres pays sur le sujet ?

    Ils sont divisés. Pour l'Allemagne, la République tchèque et les Pays-Bas, ce sera « non ». La Grande-Bretagne, elle, hésitait encore hier entre l'abstention et le « oui ». Après quelques débats internes, la France va finalement soutenir la démarche palestinienne. Les Etats-Unis demeurent, quant à eux, résolument contre. Les Palestiniens sont toutefois assurés d'avoir gain de cause : ils doivent réunir 97 votes positifs (sur 193) et plus d'une centaine de pays ont d'ores et déjà pris position en leur faveur. Il s'agit notamment de ses alliés traditionnels : les pays musulmans et les non alignés.

    (Source : Bulletin de réinformation de Radio Courtoisie du 29/11/2012.)

    http://www.polemia.com

  • L'Afrique sous la botte américaine : Carnages sur ordonnance (archive 2011)

    Si Pierre Péan était américain, il aurait eu le prix Pulitzer, en France, il a droit au silence. Qui a entendu parler de son dernier livre, Carnages ? C'est pourtant une analyse implacable de l'offensive américaine en Afrique, avec en toile de fond le recul de la France, chassée une seconde fois.
    Un ouvrage massif, énorme, tonitruant, exceptionnel, salutaire, effarant, vient de paraître en France dans un silence presque unanime de la presse officielle et assermentée. Seul l'hebdomadaire Marianne a consenti à en publier les meilleures feuilles. On le doit à Pierre Péan. Son titre, Carnages, plante assez bien le décor, celui de l'Afrique de la fin du siècle précédent et d'aujourd'hui, ainsi que de ses innombrables et sidérants charniers, accumulés la plupart du temps dans l'indifférence et surtout l'incompréhension totales au sein du septentrion du monde.
    Pour la plupart des téléspectateurs occidentaux, le titre du livre sera d'abord justifié par le génocide tutsi du Rwanda, par celui imputé à l'encontre des habitants du Darfour à l’État soudanais, ou encore en raison de telle ou telle famine abondamment médiatisée sur fond de repentance post-coloniale et de charité spectaculaire.
    La réalité est un peu différente, et nettement plus sordide. Surtout, elle offre une illustration saisissante, et jusqu'à l'écœurement, de ce que l'instrumentalisation de la bonne conscience et de l'arrogance morale peut autoriser en matière de massacres de masse. Notamment en dissimulant par la surmédiatisation d'un génocide la réalité et l'impunité d'un autre, comme pour les trains du célèbre dicton. Or, s'il y a une véritable nouveauté dans le monde qui est le nôtre depuis vingt ans, c'est sans doute là qu'elle se trouve et nulle part ailleurs, nous interdisant de pavoiser avec toutes nos âneries vertueuses et humanitaires: les remugles collectifs du cœur ont remplacé l'épaisseur du secret pour occulter la fabrique étatique des grands cimetières sous le soleil. La mort, la mort massive et toujours recommencée, celle des hommes, femmes et enfants d'Afrique, essentiellement...
    Péan, dans ce livre-somme qui aurait dû faire la une de toutes les grandes émissions françaises, décrit avec la rigueur d'un historien positiviste et d'un limier méticuleux la connexion entre deux réalités géopolitiques que l'on croyait relativement distinctes l'une de l'autre et qui se trouvent à l'origine des plus grandes hécatombes que le continent noir ait connues depuis l'époque des traites négrières :
    d'une part, la volonté des États-Unis et de la Grande-Bretagne d'éradiquer, au lendemain de la chute de l'Union soviétique, toute forme d'influence ou de présence françaises en Afrique ; de l'autre, la stratégie de domination impériale de Washington dans l'ensemble du vaste monde musulman qui l'a amené à resserrer considérablement ses liens diplomatiques et militaires avec Israël afin de lui permettre un investissement accru, discret, mais meurtrier, dans la quasi-totalité du continent noir.
    Les grands prédateurs jouent toujours aux enfants de chœur
    Le début et l'essentiel de ces grandes manœuvres aura lieu dans la fameuse région des Grands Lacs (Ouganda, Rwanda, Burundi, Congo-Zaïre, Congo-Brazzaville, Angola), qui en paiera et en paie encore le prix du sang - cinq à six millions de morts depuis le début de la décennie 1990 -, mais c'est le Soudan, riche et gigantesque pays à la fois arabe et musulman issu de l'empire britannique, qui en sera la clé de voûte et le cœur stratégique jamais révélé. C'est là du reste que le livre de Péan propose une véritable élucidation de la complexe et sanglante réalité géopolitique de ces dernières années en Afrique : il permet de comprendre clairement, même si persistent encore certaines zones d'ombre, en quoi et pourquoi tous les chemins africains mènent à Khartoum depuis la fin de la Guerre froide.
    Au départ, on le savait, émerge donc la décision prise par l'Administration Clinton de se débarrasser de tous les alliés politiques de la France dans son ancien pré carré colonial pour leur substituer les leurs propres : sont surtout visés le vieux maréchal Mobutu au Zaïre et le président hutu Juvénal Habyarimana au Rwanda, ainsi qu'Omar Bongo au Gabon, son beau-père Denis Sassou-Nguesso au Congo.
    L'idée, en réalité, remonte à Roosevelt, qui, avant son décès, en 1945, voulait empêcher au terme de la guerre la reconstitution des empires français et britannique en Afrique et en Asie. De Gaulle s'était interposé, et le Président américain était mort avant la fin des hostilités. Par la suite, l'équilibre rigoureux de la Guerre froide avait plus ou moins contraint Washington à composer avec une France, alliée de plus en plus indocile, mais néanmoins occidentale, qui contribuait, faute de mieux, à empêcher l'extension du communisme en Afrique francophone et en Indochine. Le rattachement des anciennes colonies belges à lex-pré carré colonial, lorsque le Général résolut de dissoudre l'Empire devenu Union française, avait été validé dans ce contexte, mais la France de Pompidou et de Giscard d'Estaing eut bien tort ensuite de croire éternel ce qui, pour les Américains, n'était que nécessité provisoire.
    En 1991, naturellement, l'heure de l'hallali a enfin sonné : la politique africaine - et arabe - de la France n'offre plus aucune justification stratégique aux yeux de Washington, qui entend profiter de sa nouvelle « hyperpuissance » pour refaçonner à sa guise la carte du monde. La destruction de l'Afrique des Grands Lacs va être conçue au sein d'une entreprise impérialiste de grande échelle, en même temps que l'éclatement de la Yougoslavie et l'investissement progressif du monde arabe via les deux guerres d'Irak.
    Silence, on tue les « méchants »
    Il faut au moins, nonobstant la démesure prédatrice du projet, en admirer la cohérence géopolitique. Zbigniew Brzezinski et Madeleine Albright ne se trompent pas : la pérennité de la domination américaine passe, face à une Chine devenue incontournable et avide de matières premières, par la liquidation définitive de l'héritage des quatre anciens empires russe, serbo-orthodoxe, panarabe et français. Quarté gagnant, qui sera un quarté sanglant. D'autant que l'Afrique détient un sous-sol dont l'accès va devenir vital en même temps que l'extinction des ressources pétrolifères du monde arabe.
    Pour mener à bien ces ambitieux projets, les Etats-Unis vont se servir de deux illuminés cyniques, résolus et mégalomanes, que les perspectives d'extermination à grande échelle n'émeuvent pas : Yoweri Museveni, ancien opposant (à la fois marxiste, protestant évangélique et hitlérien, cela ne s'invente pas) d'Amin Dada, devenu président de l'Ouganda après la chute de Milton Obote en 1986, et Paul Kagamé, son fidèle vassal tutsi, qui concoctent l'un et l'autre depuis longtemps des projets de domination véritablement napoléoniens dans la région.
    Péan explique minutieusement comment, avec l'aide constante et active de Washington et du Mossad, les deux hommes vont organiser l'assassinat du président Habyarimana, le 6 avril 1994, après avoir au préalable planifié l'invasion du Rwanda par les forces armées du FPR de Kagamé, sonnant le déclenchement du génocide des Tutsis demeurés au Rwanda que Kagamé avait parfaitement prévu - et évidemment souhaité car nécessaire à la réussite de son plan.
    La suite consistera, grâce à des média complices, à faire passer l'invasion du pays par les Tutsis ougandais, puis surtout celle du Kivu congolais, qui entraînera la chute de Mobutu, puis l'assassinat (peut-être orchestré avec l'aide de son propre fils) de Laurent-Désiré Kabila, comme une légitime croisade entreprise contre les «génocidaires » hutus du Rwanda. Bilan: plus de quatre millions de morts, essentiellement des civils, femmes et enfants hutus (quatre fois plus que les victimes tutsis du génocide rwandais), dont les cadavres seront entassés dans les profondeurs des forêts congolaises au vu et au su de tous, sous la surveillance des drones israéliens. Jacques Chirac, sous la pression des Américains, renoncera in extremis à une intervention militaire de la dernière chance.
    Mais l'essentiel, encore une fois, pour les Etats-Unis et surtout pour Israël, demeure le succès du même scénario concernant le Soudan d'Omar el Béchir, qui, lui, résiste à l'offensive - grâce à l'appui de la Chine. Péan nous le confirme : c'est vers Khartoum, désormais, que tous les regards, long temps détournés, doivent se porter attentivement dans les années qui viennent.
    Pierre-Paul Bartoli LE CHOC DU MOIS février 2011
    Il Pierre Péan, Carnages, les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Fayard, 562 p., 24,50 €.

  • Grandes manœuvres autour de Gaza

    L’art de la guerre

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    Après le « cessez le feu » annoncé au Caire par Hillary Clinton, un jeune homme d’une vingtaine d’années, de Gaza, Anwar Qudaidh, était allé faire la fête dans la « zone tampon », la bande large de 300 mètres en territoire palestinien, où autrefois sa famille cultivait la terre. Mais quand il s’est approché de la barrière de barbelés, un soldat israélien lui a tiré dessus en le visant à la bouche. Première victime du « cessez le feu », qui s’ajoute aux 170 tués, dont un tiers de femmes et enfants, et aux plus de mille blessés par les bombardements, qui ont provoqué 300 millions de dollars de dommages. Pour que le « cessez le feu » puisse durer « les attaques de roquettes contre Israël doivent cesser », souligne la Clinton, attribuant aux Palestiniens la responsabilité de la crise.

    Le plan de Washington était clair dès le départ : permettre qu’Israël donnât « une leçon » aux Palestiniens et se servît de l’opération guerrière comme test pour une guerre régionale, en évitant cependant que l’opération ne s’élargît et ne se prolongeât. Ceci aurait interféré avec la stratégie Usa/Otan qui concentre ses forces sur deux objectifs : Syrie et Iran. C’est dans ce cadre qu’entre le nouveau partenariat avec l’Egypte, qui selon la Clinton est en train de réassumer « le rôle de pierre angulaire de stabilité et de paix régionale qu’elle a longtemps joué », donc même pendant les trente années du régime de Moubarak. Le président Morsi, loué par Clinton pour son « leadership personnel » dans l’établissement de l’accord, en a tiré avantage pour concentrer le pouvoir dans ses propres mains. En compensation Washington lui demande un contrôle plus serré de la frontière avec Gaza, de manière à renforcer l’embargo. Mais l’objectif du partenariat va bien au-delà : il vise à intégrer l’Egypte, dépendante des aides militaires étasuniennes et des prêts du FMI et des monarchies du Golfe, dans l’arc d’alliances construit par Washington en fonction de sa stratégie au Moyen-Orient et Afrique du Nord. Significatif, dans ce cadre, est le rôle du Qatar : après une visite secrète en Israël (documentée cependant par une vidéo), l’émir Cheick Hamad bin Khalifa Al-Thani est allé à Gaza promettre de l’aide puis a rencontré le président Morsi au Caire, en lui remettant 10 millions de dollars pour soigner les Palestiniens blessés par les bombes israéliennes. Il se présente ainsi comme soutien de la cause palestinienne et arabe, alors que ce qu’il soutient est en réalité la stratégie USA/Otan, comme il l’a fait en envoyant des forces spéciales et des armes en Libye en 2011 et aujourd’hui en Syrie.

    Une autre politique à deux faces est celle du premier ministre turc Erdogan qui, tandis qu’il condamne Israël et annonce une prochaine visite de solidarité à Gaza, collabore de fait avec Israël dans l’encerclement et la désagrégation de la Syrie et, en demandant l’installation de missiles Patriot dans la zone de frontière, permet à l’Otan d’imposer une no-fly zone sur la Syrie. Même teneur pour la politique du gouvernement italien qui, tout en renforçant les liens militaires avec Israël en permettant à ses chasseurs bombardiers de s’entraîner en Sardaigne, promet des aides aux entreprises palestiniennes d’artisanat.

    Ainsi, tandis que les navires de guerre israéliens, appuyés par ceux de l’OTAN (italiens compris), bloquent les riches gisements palestiniens de gaz naturel dans les eaux territoriales de Gaza, les Palestiniens pourront vivre en taillant des objets en bois. Comme, aux Etats-Unis, les habitants des « réserves indiennes ».

    Manlio Dinucci http://www.mondialisation.ca

    Edition de mardi 27 novembre 2012 de il manifesto

    Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio 

    Pour ceux qui peuvent regarder (photo très dure)

    http://twitter.com/IsmaeilFadel/status/271946830353420289/photo/1,

    Anwar Qudaih, 20 ans, assassiné à la frontière de la Bande de Gaza le 23 novembre 2012, par un soldat israélien qui appliquait le « cessez le feu » du 21 novembre à 19h. Grande discrétion de nos media sur cet assassinat de sang froid. NdT. 

    Manlio Dinucci est géographe et journaliste.

  • Bienvenue dans la « zone libérée » d’Alep par Thierry Meyssan

    Grâce au soutien logistique de la France, les nouvelles autorités de la « zone libérée » d’Alep sont en train d’installer une dictature religieuse inspirée du modèle saoudien. La réalité est bien éloignée des discours lénifiants des présidents Sarkozy et Hollande sur la défense de la liberté et la promotion de la démocratie.

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    Bureaux du « Comité pour ordonner le Bien et  prohiber les actes impies » à Alep.

    Le gouvernement français assure être en contact permanent avec les représentants des « zones libérées » en Syrie et leur fournir une aide logistique. Il déclare également œuvrer à ce que la révolution ne soit pas détournée par des islamistes.

    Cependant, la Coalition nationale, qui avait été saluée comme représentant à la fois l’opposition de l’extérieur et celle de l’intérieur, a été récusée par le Comité révolutionnaire d’Alep qui a instauré un gouvernement islamique dans la « zone libérée » [1].

    Le gouvernement français n’a pas clarifié sa position. Il n’a pas indiqué avoir suspendu son aide logistique (à la fois humanitaire et militaire « non létale ») à la « zone libérée » d’Alep, bien que celle-ci soit clairement aux mains des islamistes et qu’ils aient dénoncé la démocratie comme « un complot de l’Occident ». On se souvient que la France avait soutenu l’Émirat islamique de Baba Amr et que François Hollande a reçu en grande pompe plusieurs de ses dirigeants en fuite, le 6 juillet 2012 à Paris.

    Il est difficile de se faire une idée précise de ce qui se passe à Alep, où trois quartiers de la banlieue (pas de la ville elle-même) sont désormais sous contrôle de groupes armés. Contrairement à Baba Amr (Homs), dont la population s’était enfuie lorsque un Émirat islamique y avait été proclamé, une partie des habitants serait restée sur place et soutiendrait les nouvelles autorités. Le tri semble d’abord s’être opéré selon des critères ethniques, la population choisissant de rester étant principalement turkmène. Puis, les hérétiques (sunnites soufis, chiites, y compris les druzes, alaouites et ismaélites) et les infidèles (chrétiens) ont été expulsés et leurs biens confisqués.

    Les troupes gouvernementales n’osent pas donner l’assaut de peur de provoquer un bain de sang et de nouvelles destructions. En une semaine, une nouvelle vie a commencé à s’organiser.

    Quoi qu’il en soit, les autorités « révolutionnaires » viennent de créer un Comité pour ordonner le Bien et prohiber les actes impies et, le 22 novembre, de publier leur premier acte législatif, dont nous donnons ici la traduction exhaustive :

    « Au nom de Dieu clément et miséricordieux,
    Les troubles qui secouent notre nation islamique ne doivent pas surprendre. Elle fait face aux dilemmes et aux épreuves qui l’entourent. Chaque nuit est plus sombre que la précédente. Les temps sont critiques. Le moment est difficile.
    Nous voyons certains de nos frères se dirigeant aveuglément dans les ténèbres. On dirait qu’ils se pressent vers leur malheur, tombant aux genoux de l’Occident sans réfléchir, courant vers le vide, pensant que le mode de vie des infidèles est le sommet de la culture, leurs mœurs la base du développement, et leurs idées la source de lumière, sans la moindre étude, ni quête.
    La charia et les faits montrent que ce point de vue est illégitime et impur. Des Fatwas ont été délivrées en ce sens par les plus grands cheikhs de notre nation : leurs saintetés Abd al-Aziz ibn Abd Allah ibn Baaz [2], Abdul-Azeez ibn Abdullaah Aal ash-Shaikh [3], Muhammad ibn al Uthaymeen [4], Abdullah Ibn Jibreen, [5], Saleh al Fawzan [6], Bakr abu Zayd [7], Abdullah bin Ghailan et bien d’autres.
    Par exemple, combien de femmes vertueuses ont été déshonnorées ? Et combien de jeunes filles libérées [par l’islam] ont été offensées dans leur dignité lors d’accidents de la route ? L’un marchandant pour son honneur, l’autre prenant avantage de sa faiblesse, le troisième jouant avec ses émotions… surtout lorsqu’il sait que la pauvre fille est embarrassée par la situation et ne veut pas que son mari ou son tuteur en soit informé.
    C’est pourquoi le Conseil militaire et le Conseil civil provisoire d’Alep ont donné ces explications aux habitants d’Alep et ont décidé qu’il est interdit aux femmes de conduire. Toute personne contrevenant sera punie jusqu’à ce qu’elle renonce, au besoin par l’usage de la force. Le
    Comité pour ordonner le Bien et prohiber les actes impies est chargé de l’application de la présente. »

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    On constate que la décision est exclusivement motivée par des références aux interprètes saoudiens du Coran.

    Bien que le 24 novembre soit en France la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, la ministre française des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, n’a pas commenté cette grande avancée « révolutionnaire ».

    Par ailleurs, le Comité pour ordonner le Bien et prohiber les actes impies a mis en place une police chargée d’appeler les habitants d’Alep à la prière et de punir ceux qui ne s’y rendent pas.

    Dans la vidéo ci-dessous, on voit un de ces policiers rappelant aux habitants leurs devoirs de bons musulmans.

    Thierry Meyssan  http://www.voltairenet.org

    [1] « Les groupes armés d’Alep s’engagent pour un État islamique », Réseau Voltaire, 20 novembre 2012.

    [2] Abd al-Aziz ibn Abd Allah ibn Baaz (1910-1999), ancien grand mufti d’Arabie saoudite. C’est lui qui édicta la fatwa interdisant aux femmes de conduire en Arabie saoudite. C’est également lui qui autorisa le déploiement de troupes infidèles dans la péninsule arabique lors de Tempête du désert. Il est par ailleurs célèbre pour avoir professé que le soleil tourne autour de la terre et non l’inverse. Cependant, il changea d’avis lorsque le prince Sultan ben Salman acheta une place dans le vol de la navette spatiale Discovery (au passage, je ne résiste pas au plaisir de vous rappeler que le prince Sultan s’est plaint qu’il n’était pas possible en vol de se positionner durablement en direction de La Mecque).

    [3] Abdul-Azeez ibn Abdullaah Aal ash-Shaikh est l’actuel grand mufti d’Arabie saoudite. C’est lui qui ordonna la destruction du Dôme vert (la sépulture du prophète Mahommet) ainsi que de toutes les anciennes églises d’Arabie, au motif que ces monuments sont l’objet de cultes idolâtriques.

    [4] Muhammad ibn al Uthaymeen (1925-2001) fut l’un des principaux maîtres salafistes d’Arabie saoudite.

    [5] Abdullah Ibn Jibreen (1933-2009), maître saoudien. Il considérait les chiites comme des hérétiques et appelait à leur expulsion hors de la terre d’islam.

    [6] Saleh al Fawzan est l’ancien président de la Cour suprême de Justice d’Arabie saoudite.

    [7] Bakr abu Zayd est l’ancien Procureur général d’Arabie saoudite. Il est mort en 2008.

    Documents joints

     
    (MPEG4 - 2.9 Mo)
     
  • Afrique du Sud : bilan social catastrophique pour l’ANC

    FPI-Le Gaulois - Bilan social catastrophique pour l’Afrique du Sud, 18 ans après la prise du pouvoir par l’ANC (African National Congress), membre de l’Internationale socialiste. Pays pourtant le plus riche du continent africain, celui-ci compte aujourd’hui plus d'un quart d'habitants trop pauvres pour manger à leur faim (26,3%) et plus de la moitié vivant sous le seuil de pauvreté (52,3%).
    Un sacré résultat pour un régime qui devait « tout casser » après avoir chassé les Blancs du gouvernement… des Blancs auxquels on ne pourra tout de même pas imputer ce bilan lamentable. 
    Selon l'enquête sur les conditions de vie publiée hier par « Statistic South African », l'agence nationale de statistiques, être pauvre en Afrique du Sud n'exclut pas que l'on possède un réfrigérateur (57,2%), une radio (55,4%), un téléviseur (62,6%) et surtout un téléphone portable (80,1%, soit presque autant que les ménages non pauvres 89,1%).
    Par ailleurs, contrairement à de nombreux autres pays africains, les ménages pauvres ont majoritairement accès à l'électricité (70,1%), à l'eau courante (51,8%) et à l'aide sociale pour au moins un membre de la famille (70,6%), selon l'enquête.
    La pauvreté est le lot de 25,5 millions de Sud-Africains, soit 61,9% des familles noires et 32,9% des métis, tandis qu'elle touche 7,3% des familles indiennes et 1,2% des familles blanches. Un tiers des Sud-Africains noirs (32%) ne mange pas à sa faim. Notons ici que le gouvernement « noir » n’a pas interdit les statistiques ethniques… bien au contraire.
    Le phénomène de pauvreté se concentre surtout dans les zones traditionnelles, rurales ou dans les bidonvilles.
    Ainsi, au Limpopo (nord), province rurale frontalière du Zimbabwe, près de la moitié des habitants (48,5%) vit en dessous du seuil de pauvreté alimentaire et les trois-quarts sous le seuil de pauvreté (74,3%). 
    Autres provinces très pauvres: le Cap oriental (sud), région natale de Nelson Mandela qui fournit des bataillons de travailleurs migrants dans les mines; le Mpumalanga et le Kwazulu-Natal, province la plus peuplée et fief du président Jacob Zuma. Un quart des ménages pauvres d'Afrique du Sud vit en pays zoulou.
    À l'opposé, les deux-tiers des ménages au Cap et de son arrière-pays, échappent à la pauvreté.
    Actuellement, la politique d'allocations familiales ou vieillesse mise en place par l'ANC est la seule soupape de sécurité pour éviter l'explosion car les aides sociales sont la principale source de revenu pour 54,7% des ménages sud-africains pauvres. Mais pour combien de temps encore ?

    Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/

  • Mali : l'indécision française peut-elle déboucher sur la création d'un « Sahélistan » ?

    Il y a quelques jours, nous avons appris l’enlèvement d’un ressortissant français au Mali. Ce rapt, revendiqué par un groupe islamiste armé, le Mujao, porte à sept le nombre de nos concitoyens détenus au Sahel. Ce nouvel événement n’incite pas la France à sortir de son indécision entre solution politique ou diplomatique et solution militaire pour la reconquête du nord du pays. En revanche, les risques de contamination du conflit armé dans les pays voisins se précisent pour déboucher sur un nouveau « Sahélistan » historique. L’africaniste Bernard Lugan fait le point.
    Polémia

    Au mois de janvier 2012, au Mali, la résurgence d’une crise née au moment des indépendances, imposait de fixer l’abcès afin d’éviter sa dissémination et pour ensuite le traiter en profondeur à travers trois volets :

    • - Politique, en prenant en compte la légitime revendication des populations nordistes, notamment celle des Touareg ;
    • - Diplomatique, en faisant comprendre à l’Algérie que si ses intérêts régionaux n’étaient à l’évidence pas ceux de la France, les nôtres ne s’effaceraient pas devant les siens ;
    • - Militaire, en appuyant les Touareg contre les groupes islamiques qui, à l’époque, totalisaient moins de 300 combattants qui avaient commis l’erreur de sortir de la clandestinité désertique pour se rassembler à Gao et à Tombouctou.

    Au lieu de cela, dans la plus totale indécision doublée d’un manque absolu de vision géostratégique, la France :

    • - S’est réfugiée à l’abri du principe de l’intangibilité des frontières ;
    • - A cédé devant les exigences algériennes de non intervention ;
    • - A camouflé sa pusillanimité derrière l’argument d’une « action » de la CEDEAO, ce « machin », ce « volapuk », cette tour de Babel, dont l’efficacité militaire relève de la méthode Coué ;
    • - A laissé les islamistes liquider militairement les Touareg.

    Le résultat de cette addition de démissions décisionnelles est qu’un incendie limité pouvant être rapidement éteint, notamment au moyen d’une de ces opérations « discrètes » que nos forces savent encore si bien mener, est aujourd’hui devenu un foyer régional de déstabilisation. En effet :

    1. Le Mnla ayant été militairement défait et repoussé vers la frontière algérienne, les islamistes qui ne risquent plus d’être pris à revers sur leur flanc nord ont désormais toute la profondeur saharienne pour manœuvrer. Quant à leur flanc ouest, il semble également s’ouvrir car au sein des tribus arabes de Mauritanie, certains, de plus en plus nombreux, commencent à se poser des questions… ;
    2. Sur le flanc oriental la situation leur devient également de plus en plus favorable car le chaos en retour se fait sentir en Libye où tout le sud du pays est mûr pour devenir un nouveau Mali. Quant au sud de la Tunisie, la contamination y a largement commencé ;
    3. La contagion n’est plus qu’une question de temps au Tchad et au Darfour cependant qu’un continuum fondamentaliste est en passe de s’établir avec les islamistes de Boko Haram du nord Nigeria.

    Ainsi donc, le « Sahélistan », fantasme il y a encore quelques mois, devient-il peu à peu réalité. L’une de ses forces est qu’il s’agit d’une résurgence historique ramenant directement aux jihad sahéliens du XIX° siècle qui enflammèrent la totalité de la région depuis le Soudan à l’Est jusqu’au Sénégal à l’Ouest. Or, l’islamisme sahélien de 2012 s’abreuve à cette « fontaine de rêve » fermée par la colonisation. Comment cette réalité inscrite dans la longue durée peut-elle être comprise par des journalistes ou des politiciens esclaves de l’immédiateté et de leur inculture ? Comment pourrait-elle l’être par ces « africanistes » élyséens dont la principale activité semble être de torpiller les informations que les militaires font « remonter » depuis le terrain ?

    Dans le Sahel, au cœur de ce qui fut notre « pré carré », ceux qui inspirent la politique de la France ont donc laissé s’écrire le même scénario que celui que nous avons connu dans la région des Grands Lacs et qui peut être exposé en quatre points :

    1. Une erreur d’analyse reposant sur la priorité donnée aux postulats idéologiques aux dépens des réalités géographiques, anthropologiques et historiques ;
    2. L’absence de toute véritable stratégie de défense ;
    3. Le tropisme de l’abandon de nos alliés ou amis ;
    4. La place laissée libre à des acteurs extérieurs. Dans le cas présent, l’Algérie et les Etats-Unis qui attendent le moment propice pour intervenir, mais à leur manière. Les conséquences de l’incompétence hexagonale seront alors camouflées sous l’alibi facile de « complot anglo-saxon » contre les intérêts français...

    Alors que tout ce qui se passe dans la zone concernée nous est connu, alors que nous savons tout, et au-delà, de ceux qui la déstabilisent, alors que nous y disposons de tous les réseaux utiles, alors enfin que, parfaitement immergées, nos forces auraient pu rapidement « régler » le problème, l’Elysée a laissé la situation lui échapper.
    Faut-il s’en étonner quand la tête de l’Etat dodeline entre indécision et repentance ?

    Bernard Lugan http://www.polemia.com
    Afrique Réelle
    23/11/2012

  • La Russie, scandalisée par le soutien français à l’opposition syrienne

    Le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a jugé lundi, dans une interview qu’il accorde à l’AFP et au Figaro, que le soutien de la France à la Coalition nationale de l’opposition syrienne est « très discutable » et juridiquement inacceptable.

    Dénonçant l’ingérence de la France dans un pays souverain, et son hostilité au pouvoir légalement établi dans un Etat de droit, le premier ministre russe a déclaré que « conformément aux principes du droit international approuvés par l’Onu, aucun pays ni aucun Etat ne doit entreprendre d’action visant à renverser par la force le régime en place dans un pays tiers. Du point de vue du droit international, il est inadmissible de soutenir une autre force politique lorsque celle-ci se retrouve être le principal adversaire du gouvernement légitime d’un pays« .

    « Nous avons une position neutre« , a précisé en outre M. Medvedev, estimant que l’ouverture de négociation, et l’organisation de nouvelles élections seraient sans doute une voie privilégiée pour une sortie de crise. Soulignant l’existence d’enjeux géopolitiques, rappelant que la stabilité du Moyen-Orient était en cause, le premier ministre russe a donc donné sa préférence pour la voie prudente de la diplomatie, affirmant en effet que « Moscou n’a aucune envie de voir la Syrie disloquée, provoquant un nouveau foyer de tension au Proche-Orient. Cela profiterait à coup sûr aux extrémistes religieux« .

    http://www.contre-info.com/

  • Découvrez le numéro 112 de Politique magazine (novembre), qui vient de paraître !

    A la Une - "Etat cherche argent désespérement..."

    1. Edito : "Cacophonie ou perversité"

    "Tous les jours en voient une : une nouvelle bévue. Et si ce n’est une bévue, c’est un couac.Mais l’orchestre peut-il mieux jouer ? c’est la vraie question.

    Car, ce qui est grave, c’est la perversité fondamentale d’un système qui permet à un tel orchestre de livrer sa partition en dépit du bon sens pour le plus grand malheur de la France (...)"

    2. Analyse politique : "Le fléau des partis" par Hilaire de Crémiers

    La crise politique et financière est terrible. Mais la situation politique et morale est infiniment pire.

    " Les institutions, les pouvoirs publics, l’ensemble des mécanismes politiques, tout a été dévoré par l’esprit de parti : à tous les niveaux de la vie publique et sociale, c’est un cancer proliférant. L’ambition politique se résume en un seul axiome : être le maître d’un parti qui donne accès à la mécanique du régime pour un jour en prendre possession. Toute l’astuce du prétendu futur homme d’État consiste à tenir un appareil politicien pour ensuite partir à l’assaut du pouvoir convoité. C’est vrai pour le sommet de l’État, hélas, et de plus en plus, au point de dénaturer la fonction du chef de l’État.

    C’est vrai, pareillement, à tous les autres niveaux. De telle sorte que les institutions de la France sont doublées par les appareils partisans jusqu’au niveau municipal où, heureusement, il y a des exceptions, là où les maires font leur devoir de maire sans tenir compte de l’esprit de parti (...) "

    3. UMP, la (re)conquête, c’est vraiment maintenant ? par Jean de La Faverie

    Le prochain congrès de l’UMP qui se tient les 18 et 25 novembre, va désigner son nouveau chef.

    Les 260 000 adhérents à jour de cotisation devront choisir entre Jean-François Copé et François Fillon. Le nouveau chef de l’opposition sera-t-il pour autant le candidat naturel ? [...]

    La suite sur La Faute à Rousseau via http://www.actionfrancaise.net/

     
  • Syrie : Medvedev condamne la France

     

    IRIB- À la veille de sa visite en France, le premier ministre de Vladimir Poutine répond au Figaro et à l'Agence France-Presse.

    .....

    La France est le premier des grands pays à avoir reconnu comme légitime la nouvelle opposition syrienne et évoque la possibilité de livraisons d'armes. Qu'en pensez-vous?

    Medvedev : Cela est très contestable. La France est un grand pays souverain, mais je voudrais néanmoins rappeler des principes du droit international approuvés par l'ONU en 1970. Ces derniers stipulent qu'aucun gouvernement ne doit entreprendre d'actions visant à changer, par la force, un régime politique d'un autre pays. Le problème n'est pas de savoir s'il convient de soutenir le régime d'el-Assad ou l'opposition - pour sa part, la Russie adopte une position neutre. Nous condamnons le régime syrien pour le niveau de violence qu'il admet, et également l'opposition, car cette dernière verse aussi le sang, et finalement on a une guerre ci­vile. Du point de vue du droit international, il est inadmissible de soutenir une autre force politique lorsque celle-ci se retrouve être le principal adversaire du gouvernement légitime d'un pays. Il revient au seul peuple syrien et aux forces d'opposition de décider du destin d'el-Assad et de son régime, d'une manière légale, et pas par le biais de la livraison d'armes organisée par un autre pays. Nous n'aimerions pas que la Syrie se désintègre et qu'au Proche-Orient naisse un nouveau foyer de tension, exploité par des extrémistes religieux. La désintégration de la Syrie ne profitera ni à la Russie, ni à la France.

    Pourquoi la Russie ne cesse-t-elle pas ses livraisons d'armes au gouvernement syrien ?

    Notre coopération militaire ne date pas d'hier et elle a toujours eu un caractère légal et ouvert. Nous n'avons jamais fourni à la Syrie des équipements contrevenant aux conventions internationales. Tous sont destinés à se défendre contre une agression extérieure. Nous devons par ailleurs remplir les obligations liées à nos contrats, car, en cas de cessation des livraisons, il y a un risque de sanctions internationales. Depuis que nous avons suspendu certaines livraisons d'armes à l'Iran, à la suite d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, ce pays a fait valoir ses exigences et nous sommes entrés dans un conflit juridique avec eux…

    Les gouvernements occidentaux ont vivement critiqué l'arrestation en Russie des participants aux mouvements d'opposition. Le pouvoir n'a-t-il pas réagi trop brutalement ?

    C'est une question d'appréciation. Je ne commenterai pas la manière dont réagissent les autorités européennes et ne montrerai pas du doigt tel ou tel. Je ne crois pas que la réaction d'un pouvoir est brutale lorsque l'ordre légal est violé. À l'étranger, n'importe quel manifestant levant la main sur un policier sera considéré comme un criminel et emprisonné. Les organisateurs des meetings doivent le comprendre. Je ne crois pas, contrairement à ce que vous pensez, que nous avons serré la vis. Les gouverneurs sont élus, plus de 25 partis ont pris part aux dernières élections régionales. Le pay­sage politique est différent, ce qui ne veut pas dire que la loi ne sera pas perfectionnée. Certes, notre société n'est pas la plus affûtée dans le maintien de l'ordre au cours des manifestations, mais le but de celles-ci n'est pas de provoquer des bagarres. Par ailleurs, notre loi sur les «agents de l'étranger» (qui impose aux ONG recevant des financements extérieurs de s'enregistrer comme telles, NDLR) est d'ordre technique et s'inspire des pratiques étrangères. Si l'on m'apporte des informations sur une ONG obligée de cesser son activité ou confrontée à des problèmes, cela constituera un argument essentiel. Mais ce n'est pas le cas.

    Bien que vous ayez appelé à la libération des Pussy Riot, celles-ci sont toujours en prison. Qu'est-ce qui empêche leur libération ?

    Je n'ai pas appelé à leur libération. Étant juriste de formation, je suis toujours précis dans mes jugements. J'ai dit que je n'aimais pas du tout ce qu'ont fait ces filles, notamment d'un point de vue moral. Mais étant donné qu'elles ont passé un temps considérable en détention provisoire, elles ont déjà goûté à ce qu'est la prison et il me semble qu'une peine plus longue n'est pas nécessaire. Mais il s'agit de ma position personnelle, pas de celle du tribunal. Chez nous, comme chez vous, il existe une séparation des pouvoirs.

    Estimez-vous également que Mikhaïl Khodorkovski a passé trop de temps en prison ?

    Cette question n'est pas très originale… N'importe quelle personne emprisonnée fait l'objet de pitié. Mais le tribunal a déterminé la punition en fonction de la loi et il faut respecter ce verdict. Une procédure d'appel a été engagée. Il existe également un droit de grâce mais que l'accusé n'a pas sollicité. La balle est donc dans son camp.

    Pouvez-vous décrire les émotions que vous avez ressenties en voyant les premières grandes manifestations il y a un an ?

    J'ai compris que notre société était devenue différente, beaucoup plus active. Tout le monde doit respecter la loi, y compris ceux qui n'aiment pas la ligne du pouvoir, en même temps, ce dernier doit changer et être conforme au niveau de développement de la société civile. C'est pourquoi je pense avoir trouvé une bonne réponse en changeant plusieurs bases très importantes de notre société, notamment en simplifiant la procédure d'enregistrement des partis, ce qui nous rapprochera des pratiques européennes. Ainsi, une partie des gens qui n'étaient pas contents de notre construction politique se sont calmés.

    Vous avez plusieurs fois dénoncé Staline. Pourquoi son corps repose-t-il toujours sous les murs du Kremlin ?

    Pour moi il ne fait aucun doute que, sous Staline, ont été tués et réprimés une masse considérable de gens, malgré les opinions contraires des partisans de l'idée communiste. La nostalgie des dictateurs défunts est une erreur très répandue dans l'humanité. Mais il ne faut pas oublier qu'une tombe est protégée par la loi. Si on décide de transférer celle de Staline, il faudra également penser aux autres tombes placées sous le Kremlin, à commencer par celle de Lénine. On ne peut pas dire: «Celui-là est mauvais, il faut l'enterrer ailleurs, et cet autre, il est pas mal, laissons-le là où il est!» Voilà une question éthique très compliquée. Par ailleurs, je ne souhaite pas qu'à cause de cela une partie de la société s'affronte à l'autre. Il y a vingt ans, le Parti communiste était au pouvoir, l'élite soviétique était issue des rangs du parti et une part importante de notre société continue de croire à la victoire de l'idée socialiste. N'importe quel pouvoir doit prendre cela en compte. Ce sont nos gens, nos citoyens…

    Est-il très confortable d'être le premier ministre de Vladimir Poutine ?

    S'il y a une seule personne avec qui il est confortable de travailler, c'est bien Vladimir Poutine.

    Souhaitez-vous retourner au Kremlin ?

    Si ma santé le permet et si nos gens me font confiance pour ce travail, il est évident que je n'exclus pas un tel retournement des événements. Il ne faut jamais dire jamais, d'autant plus que je me suis déjà baigné dans ce fleuve. Je peux m'y baigner une seconde fois…

    http://gaelle.hautetfort.com/