Créateur avec Olivier Hanne de l'école « géoculturelle » réseau international de chercheurs, Thomas Flichy de La Neuville, professeur à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr propose d'analyser les phénomènes géopolitiques à partir des rapports identitaires et mémoriels : ethnicité, temps, religion, perception collective, etc. Une approche politiquement incorrecte, aussi décapante qu'innovante.
Il ne fait aucun doute que les grandes migrations se présentent comme le défi principal auquel sont confrontées les civilisations sédentaires, lesquelles y répondent différemment. Ainsi l'empire romain s'est-il effondré sous le choc d'une vague relativement faible de réfugiés germaniques, alors qu'à l'inverse, l'Europe occidentale est parvenue à mettre à profit des invasions pourtant plus agressives - les Vikings y trouvant une raison de se fortifier. Dans les deux cas, l'attitude des élites a été déterminante. Le défi des grandes migrations s'adresse en effet prioritairement aux élites, dont les qualités de clairvoyance, de courage et d'imagination se révèlent décisives. Celles-ci doivent toutefois composer avec le degré de vitalité de la civilisation qu'elles sont chargées de perpétuer. Dans une civilisation en déclin, leur action pourra aboutir à un sursis sous la forme d'un été de la Saint-Martin, ce redoux de fin de saison. Dans une civilisation en croissance, en revanche, les élites pourront être le ferment d'une renaissance géoculturelle durable.