La République n'est pas un système de gouvernement, c'est une idée. Et cette idée a littéralement pris possession de la France depuis le XVIIIe siècle, produisant ce que l'on peut appeler non une démocratie mais une idéocratie. Une idée.. Mais quelle idée ? demande Hubert Champrun… L'idée d'un nouveau commencement., qui périme tout ce qui n'est pas lui.
Le projet républicain français est d'emblée universaliste. C'est bien la France qui change, mais cette transformation se veut radicale au point d'être une métamorphose; ses promoteurs entendent qu'elle soit fondatrice d'un ordre nouveau qui doit étendre son empire sur toutes les nations. Le nouvel État qui naît est sans doute français, mais l'adjectif désigne bien plus ce qui vient de naître - et bien plus sûrement ce qui va advenir - qu'une quelconque continuité historique. On pourrait débattre de la proclamation effective de la Première République, de la Convention nationale, etc. : retenons que le projet républicain tel qu'il est immédiatement mis en oeuvre est fondé sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (un des textes fondamentaux de notre actuelle Constitution), avec son fameux premier article, « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », qui abolit, à la suite du 4 août, quelques siècles de vie commune et quelques millénaires de civilisation : clergé, noblesse, métiers, villes et provinces ne sont plus rien. La Déclaration universelle des droits de l'homme, de 1948, reprendra la formule dans son article premier : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
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