
Manifestation d’un collectif de soutien à Adama Traoré. BERTRAND GUAY/AFP
Le philosophe dénonce l’influence croissante du décolonialisme au sein de la gauche dans un essai tout juste paru, intitulé «L’imposture décoloniale».
FIGAROVOX. - Dans votre dernier ouvrage L’imposture décoloniale vous dites: «Le postcolonialisme (…) risque d’entraîner toutes les familles de la gauche dans l’adhésion à une vision identitaire». Quelle est cette vision identitaire qui vous inquiète?
Pierre-André TAGUIEFF. - Le postcolonialisme est, pour aller vite, la version soft du décolonialisme, lequel séduit non pas en raison de sa consistance théorique mais par sa «radicalité» idéologico-politique. Les idéologues décoloniaux appellent en effet à rompre totalement avec le passé maudit de la France et plus largement de l’Europe et de l’Occident, dont il réduisent l’histoire à celle du racisme, de la traite négrière, du colonialisme et de l’impérialisme.