
social - Page 254
-
Maxime Nicolle veut renverser le Système
Un passage télé chez Cyril Hanouna et c’est la notoriété pour Maxime Nicolle. Depuis on le retrouve chaque samedi, dans une manifestation. À Paris, à Nice, à Toulouse, à Bordeaux… Le Télégramme vient de découvrir son existence.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire. À plusieurs reprises, nous avions souligné que la presse régionale ne se pressait pas pour réaliser des entretiens et des portraits avec les leaders bretons des Gilets jaunes. Un oubli en quelque sorte…Le Télégramme (samedi 23 février 2019) vient de réparer cette insuffisance rédactionnelle grâce à une rencontre avec Maxime Nicolle qui habite Léhon (près de Dinan).Évidemment, ce dernier n’est pas un intellectuel comme Hervé Berville (LREM), le député de la circonscription. Maxime Nicolle est simplement un Breton un peu plus décidé que les autres. Un indigène qui n’est pas né au Rwanda.« Aller à l’Élysée chercher Manu pour le mettre en prison »Il s’était rendu célèbre an appelant à « aller à l’Élysée chercher Manu pour le mettre en prison » (sic). Après tout Carlos Ghosn est bien en taule au Japon ! Sa notoriété a démarré avec une vidéo sur Facebook. Depuis, il a développé sa petite entreprise en lui donnant une tournure militante : « Flyrider info blocages » (174 000 abonnés).Autre moment de gloire médiatique pour « Fly rider » : son passage chez LCI (28 novembre 2018) où il est opposé à Emmanuelle Wargon ; ce jour-là Nicolle avait fait une grosse impression et s’était rendu populaire. « « Je vous ai donné mon salaire, j’aimerais connaître le vôtre s’il vous plait ». La question de Maxime Nicolle, l’une des figures des « gilets jaunes », est simple mais Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire tergiverse, raconte ses études supérieures, son passage dans le privé, plus rémunérateur… « Votre salaire, s’il vous plait… » : casquette à l’envers, voix douce mais déterminée, Maxime Nicolle ne lâche pas. Léger vertige de l’intéressée : « Autour de 7 000 – 7 500 euros… – Je touche 487 euros », soupire Nicolle. Dans la régie de LCI, on entend une mouche voler. » (L’Obs, 21 février 2019). Ces 487 euros correspondent à l’allocation de solidarité spécifique.« Il faut juste renverser le Système »Les journalistes du Télégramme se sont intéressés au programme et aux projets de Fly rider. Ce dernier jure qu’il « ne lâchera jamais rien », promet un « printemps jaune » et la reprise des blocages. « Le gouvernement va tomber » : il y croit dur comme fer. Et finalement, son « ennemi, c’est la finance ». Ce dernier point rappelle le discours du Bourget de François Hollande. La suite a de quoi désarçonner Hervé Berville. En effet, si Nicolle est pour « l’humain » et pour que les gens puissent « juste remplir leur frigo », il réclame également « la prise en compte du vote blanc, la démission de l’exécutif et la tenue de nouvelles élections ». Panique chez les journalistes du Télégramme qui lui reprochent de vouloir installer le chaos. Réplique de l’intéressé : « Pas du tout, il faut juste renverser le Système ». Plus facile à dire qu’à faire : la classe dominante n’est pas de cet avis.Bernard Morvan pour breizh-info.com -
Démocratie de l'émeute ?
Le président de la République est bien gentil quand il nous dit qu'il ne veut pas d'une « démocratie de l'émeute ».
Personne ne veut, d'ailleurs, d'une démocratie de l'émeute. Sauf les Black-block, les Antifas et les racailles-pillards des banlieues, contre lesquels justement presque rien n'a été fait. En ce moment et depuis des années. Ils ont trop opportunément servi à discréditer les Gilets jaunes pour qu'on décide des mesures pourtant assez simples qui les auraient empêchés d'infiltrer les cortèges des dits Gilets jaunes chaque samedi soir à la nuit tombante. Car imagine-t-on des manifestations aussi déterminées que sans violence, sans désordre et sans casse ? Et que les Français continueraient aujourd'hui de soutenir massivement car les difficultés, les affres, même, des Gilets jaunes ils les connaissent trop bien et ils les vivent eux aussi ? Quel risque, quelle situation immaîtrisable c'eût été ! Les violents, les casseurs, les voyous, la pègre ont été en la circonstance l'aubaine du Pouvoir. Comme toujours, comme dans toute révolution, figurez-vous ! Alors, Emmanuel Macron reprend la main, remonte dans les sondages et retourne une partie de l'opinion. Il reforme le vieux parti de l'ordre. De l'ordre prétendu - sur la nature et la qualité duquel on ne sera pas trop regardant, bien-entendu. Et les médias des oligarques au secours du macronisme de relayer à l'envi la formule lénifiante : « Je ne veux pas d'une démocratie de l'émeute »...
Telle est pourtant, de fondation, la démocratie française. Nous ne disons pas : toute démocratie. Nous disons : la démocratie française. Macron nous rabâche sur tous les tons - ton du prêcheur doucereux, voix de velours et regard langoureux de séducteur charismatique ou ton exalté du prédicateur évangélique, gestes saccadés et voix criarde. - qu'il ne veut pas d'une « démocratie de l'émeute ». Mais la démocratie française justement est née de l'émeute et du sang. Faut-il rappeler au Chef de l'État quelles sont les origines historiques de la démocratie française ? Nous serions bien étonnés qu'il puisse nous démontrer qu'elle n'est pas née de l'émeute, violente, sanglante, génocidaire. De l'émeute, de la Terreur et de la guerre. Inutile d'en dresser le détail ni d'en brosser le tableau, n'est-ce pas ? (Photo, Les noyades de Nantes).
Dans une conversation sérieuse, Macron serait bien en peine de plaider le contraire, lui qui, en 2015, avait, à l'étonnement général, dont le nôtre, déploré l'absence de roi et s'était dit convaincu que les Français n'avaient pas voulu la mort de Louis XVI. Chacun sait qu'elle fut votée quand-même sur fond d'émeute, d'où les voyous, les sanguinaires et les pillards n'étaient pas absents. Façon de dire d'ailleurs : ils tenaient le haut du pavé et faisaient sans cesser monter les enchères du crime et de la Terreur. La Révolution française - d'où naquit notre démocratie - n'a rien eu de démocratique. Elle a connu plus de têtes au bout des piques que de bulletins de vote.
Successeurs des Robespierre, des Danton, Marat et autres scélérats, les présidents de la République française ont une sorte d'ADN qui tient de cette origine émeutière et sanglante et qui leur colle à la peau - en vérité à leur être profond - bien plutôt que le sparadrap Benalla dérisoire aux basques d'Emmanuel Macron. Qu'elle le veuille ou non, la démocratie française est émeutière.
Retrouvez l'ensemble des chroniques En deux mots (116 à ce jour) en cliquant sur le lien suivant ...
En deux mots, réflexion sur l'actualité
http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/02/27/democratie-de-l-emeute-6131958.html
-
Je suis venu vous dire que je vais diminuer le budget de l’hébergement d’urgence
Emmanuel Macron s’est offert une petite séance
photode maraude à la rencontre des personnes sans domicile fixe. Normalement un peu de propagande ne devrait pas nuire au pouvoir. Mais celle-ci pourrait bien lui revenir en pleine figure.En effet, c’est l’occasion de se pencher sur les 57 millions d’euros supprimés pour les quelque 780 centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), des structures accueillant des personnes en difficulté.
Cesser de financer l’immigration, cela est trop dur pour le régime macroniste. Mais couper les subventions des organismes qui oeuvrent en faveur des personnes en difficulté, cela ne devait pas faire de bruit.
-
Chaque immigré touche 426 euros par mois
C’est Libération qui l’écrit :
On peut comprendre «migrant» par demandeur d’asile. Un demandeur d’asile peut toucher pendant la période d’instruction de son dossier l’allocation au demandeur d’asile (ADA). Celle-ci s’élève pour une personne seule à 6,80 € par jour, à quoi peuvent s’ajouter 7,40€ si aucune place d’hébergement n’a été proposée. Soit un total de 14,20€ par jour, équivalent à 426€ par mois. A noter qu’il ne s’agit en rien d’un exception française, mais d’une obligation fixée par des textes internationaux et européens.
A titre de comparaison, c’est presque autant que le SMIC polonais : 453,48 euros (pour 1 salarié qui travaille).
Dans le même genre, l’Algérien Kamel Daoudi, condamné pour terrorisme et déchu de sa nationalité française, ne peut pas être extradé vers son pays d’origine depuis plus de dix ans car la CEDH n’y a pas autorisé Paris. Il est pourtant interdit de territoire français depuis 2006. L’État français paye son hôtel et ses repas.
L’individu, qui est le plus ancien assigné à résidence en France, a été transféré de sa chambre d’hôtel de Saint-Jean d’Angély à Aurillac, dans le Cantal. Le maire de la ville Pierre Mathonier a par la suite demandé des explications au ministère de l’Intérieur, déplorant le fait qu’il n’avait pas été consulté et constatant «une anxiété compréhensible» de la population locale.
Soupçonné d’avoir préparé un attentat contre l’ambassade états-unienne à Paris, Kamel Daoudi a été condamné en 2005 à six ans de prison ferme pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste». Depuis sa sortie de prison en 2008, Daoudi se trouve assigné à résidence. Il pointe trois fois par jour à la gendarmerie locale et doit respecter un couvre-feu. En revanche, c’est l’État français qui paie depuis plus d’une décennie ses nuitées d’hôtel, dîners et petits-déjeuners.
https://www.lesalonbeige.fr/chaque-immigre-touche-426-euros-par-mois/
-
Et les prix des carburants montent, montent… montent !!
Heureusement que Trump vient de taper du poing sur la table à l’égard des membres de l’OPEP, car les prix des carburants, en France, font la même chose que la « petite bébête » des enfants : ils montent, montent et montent encore et dépassent désormais ce que j’appelle le seuil d’alerte Gilets jaunes à plus de 1,40 euro par litre de gasoil…En cause, une baisse de l’euro d’un côté et une augmentation des cours du pétrole, le tout avec la fiscalité très légère (c’est ironique) qui pèse sur les carburants dans notre pays.Charles SANNATTrois mois de Gilets jaunes : les prix du carburant augmentent toujours en France
Plus de trois mois après le déclenchement des manifestations d’envergure des Gilets jaunes, les prix du carburant, la cause principale de la naissance du mouvement, ne cessent… d’augmenter, d’après les données hebdomadaires publiées par le ministère de la Transition écologique et solidaire.Malgré trois mois de samedis dans les rues, les Gilets jaunes ne peuvent pas encore se féliciter d’une victoire sur la hausse des prix du carburant, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.
Les prix des carburants vendus dans les stations-service françaises ont poursuivi leur hausse la semaine dernière, selon des chiffres officiels dévoilés ce lundi 25 février.La hausse s’est révélée proche de 2 centimes par litre pour certains carburants.
Le gazole, carburant le plus vendu, s’affichait à 1,4503 euro, soit 1,89 centime de plus que la semaine précédente, d’après les données hebdomadaires publiées par le ministère de la Transition écologique et solidaire.Dans le détail, le litre d’essence sans plomb 95 (SP95) a augmenté de 1,74 centime à 1,4586 euro, tandis que celui du sans plomb 95 contenant jusqu’à 10 % d’éthanol (SP95-E10) a pris 1,99 centime à 1,4360 euro.
Enfin, le sans plomb 98 (SP98) s’affichait à 1,5193 euro le litre, soit 1,82 centime de plus que la semaine précédente.Face à la taxe sur les prix du carburant, de nombreux Français sont descendus dans les rues depuis le 17 novembre 2018.
Les mobilisations des Gilets jaunes ont régulièrement dégénéré en affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Les chiffres de la mobilisation annoncés par le gouvernement font l’objet de polémiques.Source Agence russe Sputnik.com ici -
Surveiller et punir
L’État français produit moins d’emplois, moins d’industrie, moins de richesses, moins de sécurité, moins de beauté mais toujours plus de rigueur morale.
Comme le soulignait naguère Philippe Muray – en 1992, quand même… –, il y a une envie de pénal de plus en plus vive. Éliminons les discours de haine des réseaux sociaux ! réclame Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances et du ministre de l’Action et des Comptes publics chargé du Numérique (et son titre seul fait reculer la haine), moins d’un an après qu’Édouard Philippe avait déclaré : « La France va “se battre” pour un projet législatif au niveau européen contraignant les opérateurs du Net, et notamment les réseaux sociaux, à retirer très rapidement le “torrent de boue” des contenus “haineux, racistes ou antisémites” ».
Et comme Mounir, SEMEFMACPCN, est un homme méthodique, il a mis au point un plan inséré dans un canevas exhaustif, qui est en gros un instrument de torture sémantique, mais laissons-le en parler avec bonheur : « c’est pour cette raison que nous avons souhaité organiser le plan d’action au sein d’un canevas exhaustif de toutes les questions auxquelles nous devons apporter une solution ».
Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations (ou, plus familièrement, SEEEFHLCD), et Mounir Mahjoubi, SEMEFMACPCN, justes et justiciers s’il en fut, réclament surtout le concours actif des citoyens pour faire régner la vertu : justice par tous ! Mounir a planifié dans son canevas que « toutes les plateformes ou sites mettant à disposition des espaces de discussion ou de partage de contenu proposent des outils de signalement facilement identifiables et mobilisables en quelques secondes par un utilisateur », le ministère se proposant de tester l’ergonomie des outils de signalement. En 2019, Anastasie est fonctionnaire et ses ciseaux, certifiés par l’Afnor, sont en acier équitable.
Quant à Marlène, elle est fière que la France réprime désormais le harcèlement en meute, voté en août dernier mais pousse un cri d’alarme : « C’est une loi très importante, mais pour qu’elle vive, il faut que chacun s’en saisisse, que des signalements soient faits, que des plaintes soient déposées… Il y en a encore trop peu. Et il faut que les services de police et de justice soient le plus réactifs possibles. » Dénoncez, les enfants ! comme dirait Macron. Soyez citoyens, surveillez-vous les uns les autres comme je vous surveille !
Soyez vigilants, repoussez toujours plus loin les bornes de la vertu indignée et de l’amour blessé. Vous n’arrivez pas à faire condamner tous les antisémites ? Criminalisez l’antisionisme. La manœuvre paraît quand même un peu compliquée car cela ferait un délit d’opinion de plus (« L’antisionisme […] c’est autre chose [que l’antisémitisme] puisqu’il s’agit d’un positionnement politique consistant à critiquer la politique d’Israël », comme dit Laurent Nuñez) ?
Laissez tomber l’antisionisme mais redéfinissez l’antisémitisme. Les députés du groupe d’étude sur l’antisémitisme soumettront donc à l’Assemblée nationale une résolution, à la portée non contraignante, déjà proclamée par Macron, (un peu comme Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières), qui proposera une nouvelle définition de l’antisémitisme intégrant une forme d’antisionisme. « Il s’agit de faire avancer la reconnaissance de ce qu’est l’antisémitisme au XXIe siècle », explique Sylvain Maillard, député LREM et président du groupe.
De redéfinition contextuelle en redéfinition contextuelle, on arrivera à faire rentrer toutes les opinions contraires dans le champ des expressions haineuses. Puis on expliquera que le fait de ne pas activement promouvoir les bonnes opinions est le signe d’une restriction mentale suspecte. On sommera les gens d’adhérer au nouveau catéchisme et on excommuniera séance tenante tous ceux qui témoigneront de la moindre réserve. Marlène Schiappa, SEEEFHLCD, souligne ainsi l’existence d’une « convergence idéologique » entre La Manif Pour Tous et « les terroristes islamistes ». Tel que. Les réservés seront réputés haineux. Et cette république vertueuse, où Mounir Mahjoubi, SEMEFMACPCN, veut faire régner l’amour, aura réussi à étendre si loin le champ de la haine que l’État aura le droit de fouiller nos consciences.
En attendant, il tente péniblement de fouiller nos opinions avec le Grand Débat, qui ne pourra pas être représentatif, au vu de ses modalités et des taux de participation. Mais c’est sans importance : ceux qui ne participent pas sont sûrement des réfractaires, des séditieux, des haineux.
-
La tragédie des classes moyennes. Partie 1 : Les illusions perdues.
Dans la profusion d’articles sur la révolte des Gilets jaunes, il en est quelques uns qui s’attachent à évoquer et à comprendre les causes profondes, et pas seulement conjoncturelles, de la crise en cours : tel est le cas de l’entretien (publié sur le site du Figaro Vox le 15 février) avec le sociologue Louis Chauvel sur les classes moyennes qui précise utilement la situation de ce « groupe social hétérogène, trop riche pour réellement bénéficier de la redistribution mais trop fragile pour espérer une ascension sociale », ce que l’ancien président Nicolas Sarkozy avait formulé en une phrase simple : « ceux qui, trop riches pour être pauvres, sont trop pauvres pour être riches».
« Ces personnes soupçonnent qu’ils paieront des impôts que les élites économiques évitent, et que leurs efforts seront sans récompense, parce qu’ils sont au-dessus des seuils de solidarité » : c’est cette impression qui nourrit une grande part de l’inquiétude mêlée de ressentiment des classes moyennes, et qui a formé comme une immense poche de gaz sociale dont la brutale explosion en novembre dernier a fait trembler, un court moment, les murs de la République élyséenne. Et c’est la réalité du déclassement qui constitue le carburant d’une révolte qui n’a pas complètement cessé, faute de réponse sérieuse aux angoisses des classes moyennes fragilisées par les grands mouvements de la mondialisation et de la métropolisation : « La grande transformation [depuis la fin des Trente Glorieuses] a été le déclassement du salarié qualifié moyen. Sans accès au patrimoine (…) le seul travail salarié ne permet plus aux ouvriers comme aux ingénieurs d’accéder à un confort supérieur. (…) C’est au centre de la pyramide que la tension entre les espoirs déçus et les réalités est la plus forte. Une année de travail salarié moyen permettait d’acheter neuf mètres carrés de logement parisien dans les années 80, et plus que trois aujourd’hui. ». En somme, le travail salarié a été victime d’une mondialisation dans laquelle l’actionnaire a pris le pas sur ceux qui vivent de leur force ou de leur intelligence de travail, et, pour la France, il ne paraît pas impossible de dater l’accélération de ce processus des années Mitterrand, quand s’étiolent les idéologies du partage et de la redistribution (ou, plus simplement, de la justice sociale, formule chère au cœur des royalistes), idéologies ou doctrines subsistantes mais dépassées par le désir des élites de moins en moins nationales de rejoindre le modèle de « réussite » anglosaxon, une réussite indexée avant tout sur l’argent-capital : c’est le temps des « gagneurs » qui remplacent les « meilleurs » ! Désormais, être un « gagneur » s’apparente à gagner le plus d’argent possible, « la » valeur finale, quand les « meilleurs », parfois symboles d’un monde ancien ou d’une culture traditionnelle, semblent ne pas prêter la même attention à cette « valeur-là », à leurs yeux trop corruptrice : l’abbé Pierre ou sœur Emmanuelle sont « nos meilleurs » dans ces années 1980-2000 quand Bernard Tapie ou Robert Maxwell, de l’autre côté de la Manche, se veulent les « gagneurs » qui, d’une certaine manière, termineront mal, le premier déconsidéré, le second opportunément noyé… Mais, déchus, les gagneurs n’entraînent pas le système dans leur chute, bien au contraire, et celui-ci survit et se nourrit de cette séduction faustienne permanente pour ce que Maurras nommait « le vil métal ».
Mais désormais, le travail ne paie plus directement ou « aussi bien qu’avant » celui qui l’effectue, mais bien plutôt celui qui exploite le travail d’autrui et en tire profit : les classes moyennes, attachées à un modèle de société de consommation auxquelles elles ont été habituées depuis les années Cinquante et qui les rend dépendantes d’icelle, consentent aux efforts durant un temps relativement long avant que de risquer la contestation lorsque leur ressentiment (ou leur déception), trop longtemps ignoré des gouvernements successifs, se cristallise brusquement (brutalement, même) sur ce qui semble un « détail » mais devient symbole aux yeux des « hommes communs », que cela soit le prix du carburant, la hausse annoncée d’une taxe ou la limitation à 80 kilomètres par heure. Le fait que ces décisions « d’abord technocratiques » soient prises par un « Pays légal » qui paraît trop parisien pour pouvoir respecter les provinces et se faire comprendre du « Pays réel » (dans sa pluralité), aggrave le sentiment d’injustice, qu’elle soit territoriale ou sociale (ou les deux à la fois).
Ainsi, « Les « gilets jaunes » ne sont pas des nostalgiques du monde d’hier qui auraient tout à perdre, mais au contraire un conglomérat d’individus conscients d’être la double victime désignée de notre temps : beaucoup leur est demandé pour soutenir le système, sans que grand-chose ne leur soit restitué. Par exemple, ils s’attendent à ce que, après avoir tenu le système de retraite à bout de bras, lorsqu’à leur tour ils devront y puiser, la caisse ne soit vide. » Ce ne sont pas des bénéficiaires des aides sociales ou des « prolétaires » mais des salariés qui constatent que les promesses de la société de consommation et d’abondance, promesses apparemment tenues durant ce que l’on nomme un peu facilement et sans doute injustement les « Trente Glorieuses », ne sont plus que des rêves évanouis. Reste alors la frustration, ce moment compliqué d’un réveil de lendemain de fête, bouche pâteuse et angoisse affleurante…
Le prochain débat sur la réforme des retraites pourrait bien, ainsi, rouvrir le champ des inquiétudes et des désappointements, et nourrir, peut-être, de nouvelles colères au-delà même de celle qui s’est couverte de jaune fluo sur les ronds-points : c’est ce que paraît évoquer Louis Chauvel en parlant, à propos de la révolte des Gilets jaunes, de « véritable séisme social que l’on sentait venir ». Et il ajoute dans le même mouvement une sorte d’avertissement : « Mais ce n’est pas encore le « Big One » (1) auquel il convient de se préparer. » N’est-il pas temps, alors, de réfléchir aux moyens concrets de répondre à cette « insurrection » qui s’annonce, et qui pourrait bien ouvrir la voie à une alternative, idéologique, politique et sociale, aux idéologies dominantes contemporaines ? Comme si les Gilets jaunes avaient ouvert, peut-être sans le savoir et de manière impensée, un nouveau cycle historique qui pourrait bien prendre le contrepied des principes de 1789-1793… Une révolution rédemptrice, qui mènerait à une Contre-Révolution française ?
(à suivre)
Notes : (1) : Le « Big One » désigne le grand tremblement de terre dévastateur qui devrait, selon les scientifiques, frapper la côte Ouest des Etats-Unis d’ici quelques décennies (ou années), et, par extension, il prend ici le sens d’un événement fortement déstabilisateur du monde d’aujourd’hui, voire d’un cataclysme social et politique…
-
Immigration : les conséquences de l’incertitude algérienne – Journal du mardi 26 février 2019
Immigration : les conséquences de l’incertitude algérienne
Alors que l’Algérie connaît une vague de manifestations depuis plusieurs jours, le pays est dans l’incertitude quant à la candidature du président sortant, Abdelaziz Bouteflika… une incertitude qui pourrait virer au chaos et menacer la France d’une déflagration migratoire sans précédent.
Brexit : vers un déni de démocratie ?
A un mois de la sortie officielle de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne, rien n’est prêt. Alors qu’aucun accord n’a été trouvé entre Bruxelles et le Parlement de Westminster, tous les cas de figure sont désormais envisagés, y compris de faire revoter les Britanniques sur le Brexit !
Assurance-chômage : une réforme malus-malus ?
Coup de rabot dans les allocations chômage et serrage de vis pour les entreprises, la réforme du ministre du travail Muriel Pénicaud a été présentée ce mardi malgré l’échec des négociations avec les partenaires sociaux. Une réforme qui devrait faire une quasi unanimité contre elle.
L’actualité en bref
-
Salon de l’agriculture contre gilets jaunes : le match médiatique des gentils et des méchants continue
L’acte XV des gilets jaunes retransmis par BFM TV, est devenu, grâce à la baguette élyséenne de la rédaction de cette chaîne d’info en continu, le match Macron au Salon de l’agriculture vs manifestations de gilets jaunes, sous l’angle de la violence. En bas, à droite de l’écran, nous avions d’un côté notre Président champêtre comme un taureau dans le pré, entouré de gentils agriculteurs, et de l’autre les méchants gilets jaunes, les dégradations et les affrontements avec les forces de police – en marge de la manifestation, comme ils disent.
Et les présentateurs de cette info Pravda mettaient en évidence le calme remarquable de ce monde agricole alors que sa souffrance est du même ordre que celle des gilets jaunes. Cette mascarade de l’information fait honte à notre pays. Nous sommes toujours dans la stratégie de décrédibilisation de ce mouvement social inédit qui traduit un malaise profond de notre société. Et lorsque l’on voit, à Clermont-Ferrand, des casseurs détruire pendants de longues minutes du mobilier urbain, sans apercevoir un seul membre des forces de l’ordre pour venir s’interposer, sinon deux femmes et une personne âgée gilets jaunes, nous sommes en droit de nous demander si les débordements ne sont pas souhaités par les pouvoirs publics.
Le monde agricole est moribond, un agriculteur se suicide tous les deux jours. Ce monde-là a sans doute été bien trop gentil pour en arriver là. Une petite anecdote personnelle, et vous allez comprendre. Il y a une trentaine d’années maintenant, je faisais partie d’une délégation de la FDSEA (branche départementale de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire) du Gard qui était venue à la rencontre du président du conseil général. Nous lui demandions, entre autres, une subvention de 20.000 francs pour mettre en route le programme « informatique à la ferme ». Nous avons essuyé un refus alors que, dans la même journée, l’équipe de handball de la ville de Nîmes, qui jouait alors la coupe d’Europe, venait de percevoir une subvention de… 4 millions. Les gentils agriculteurs sont rentrés chez eux sans rien dire…
En 1986, producteur de fruits et légumes, j’ai encaissé la rentrée, sans contreparties pour ces productions, de l’Espagne et du Portugal dans le Marché commun. Imaginez la réaction d’un ouvrier français de chez Renault à qui l’on demanderait de travailler pour le salaire de l’ouvrier roumain d’une usine Dacia ! Aujourd’hui, le gentil syndicaliste d’hier n’est plus agriculteur.
Les gilets jaunes ont bien compris la situation, et ils ne veulent pas gentiment mourir. Si Macron et son gouvernement ne veulent pas répondre à l’injustice qui règne dans notre pays par des mesures de bon sens, alors les « méchants » deviendront de vrais méchants. L’exemple doit venir d’en haut et le train de vie de l’État doit drastiquement baisser. L’enjeu, par exemple, n’est pas de supprimer le Sénat ou bien encore de réduire le nombre de sénateurs, mais de faire baisser très sensiblement son coût de fonctionnement.
Gabrielle Cluzel a, d’ailleurs, fait la bonne analyse sur CNews. La stratégie qui consiste à laisser les violences s’installer lors des manifestations pour décrédibiliser et à jeter des cendres sur les braises de la contestation pourrait, à court terme, faire s’éteindre ce mouvement social, mais ce dernier reprendra un jour ou l’autre avec encore plus de vigueur.
« Les gentils et les méchants » est peut-être une bonne stratégie médiatique au service du Président Macron, dans l’immédiat, mais gare au retour de bâton de la part des méchants.
-
FINKIELKRAUT INSULTÉ, GILETS JAUNES DISCRÉDITÉS ?