tradition - Page 203
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Aux origines du pèlerinage de Chartres
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Aux origines du pèlerinage de Chartres
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La direction de l'enseignement catholique de Paris défend le droit d'Alliance Vita à intervenir dans les lycées
La direction diocésaine de l'enseignement catholique de Paris a tenté d'apaiser les esprits au lycée catholique Gerson en organisant une réunion interne longue de près de 4 heures à l'adresse du personnel et de la direction.
Dans l'entourage de la direction de l'établissement, on affirme que «tout s'est bien passé», que «chacun a pu s'exprimer» et que le «dialogue était franc».
Mais les «opposants» évoquent une «mascarade de dialogue» et «l'impossibilité de prendre la parole sans être coupé».
Frédéric Gautier, le représentant de la direction diocésaine de l'enseignement catholique qui est venu présenter les résultats d'un audit réalisé à sa demande en janvier et février, estime avoir rencontré une communauté éducative «désireuse d'apaisement»:
«Les conditions du dialogue étaient réunies».
Une partie des enseignants rencontrés par la tutelle diocésaine lors de l'audit lui ont fait part de 4 craintes principales : sélection sur le niveau des élèves, sur l'origine sociale et l'appartenance catholique, sélection dans le recrutement des enseignants. Enfin, le style de la catéchèse tendrait vers une forme d'«uniformité». Sic.
Frédéric Gautier répond que ces craintes
«restent à vérifier. Il faut laisser le temps au chef d'établissement d'y répondre. Gerson ne se contente pas de recevoir les catholiques pratiquants du 16ème arrondissement, loin de là. Et ce n'est évidemment pas un établissement que l'on peut soupçonner d' intégrisme comme certains médias ont pu l'avancer».
Concernant l'intervention d'Alliance Vita, l'autorité de tutelle a rappelé qu'il s'agissait d'une association
«non suspecte en elle-même, ni intégriste, ni sectaire qui intervient sans aucune difficulté dans d'autres établissements catholiques».
Le chef d'établissement a fait part de sa «colère» et de sa «tristesse» d'avoir été «traîné dans la boue» dans la presse, le plus souvent de façon anonyme mais a affirmé qu'il «renouerait le dialogue». Certains parents étaient venus soutenir le directeur, estimant que le lycée était victime d'une cabale menée par des «laïcards gauchistes». Des banderoles de soutien à la direction ont même été affichées hier sur les murs.
«Il n'y a aucun problème ici. Nos enfants y sont très heureux. Si l'esprit catho qui règne ici ne convient pas à certains, il sont libres de partir. Nous ne sommes pas dans un établissement public!».
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Civitas en Belgique, ce 1er mai, contre la théorie du genre et l’antichristianisme
Jeudi soir, Alain Escada, président de Civitas, fera une conférence à Bruxelles, square Frère-Orban, à deux pas des institutions européennes. La conférence portera sur la théorie du genre. Une conférence comme Escada en fait à travers toute la France. A ceci près qu’elle sera adaptée au public belge et fera également le point sur les développements de la théorie du genre en Belgique.
Le sujet y est d’autant plus d’actualité que, quinze jours plus tard, l’Université Libre de Bruxelles (ULB), organise un colloque international sur le thème : « Habemus Gender ! Déconstruction d’une riposte religieuse« . Durant deux jours, les 15 et 16 mai, des partisans de l’idéologie du genre venus de différents pays (parmi lesquels le Français Eric Fassin) vont se succéder à la tribune. « Ce colloque bénéficie du soutien d’institutions politiques belges comme la Fédération Wallonie-Bruxelles, la COCOF ou la ville de Bruxelles », insiste Alain Escada.
La conférence de Civitas à Bruxelles le 1er mai viendra donc bien à point pour amorcer une résistance belge à cette idéologie imposée par des organismes internationaux dans le cadre d’un nouvel ordre sexuel mondial.
Alain Escada ne cache pas son ambition de parvenir, à l’issue de cette soirée, à lancer une antenne de Civitas en Belgique. « Je ne m’en occuperai pas personnellement car je suis déjà bien occupé à développer et structurer Civitas sur le territoire français, mais une petite équipe de Belges devrait rapidement se mettre en place. Il est temps de développer des réseaux catholiques à travers toute l’Europe et même au-delà car les problématiques auxquelles nous sommes confrontés sont désormais mondiales. Seul le calendrier varie de pays en pays.«
Une antenne belge de Civitas aura-t-elle une utilité plus large que de combattre la théorie du genre ? « Bien entendu !, répond Escada. Comme en France, Civitas aura en Belgique pour mission de faire entendre une voix catholique dans l’espace public et d’installer un esprit de résistance catholique. Les événements récents ont montré que la Belgique en avait un urgent besoin. Regardez comment la loi permettant l’euthanasie des enfants a été votée en Belgique dans la quasi indifférence générale. La résistance à cette loi inique a été quasiment inaudible et invisible. Seuls quelques poignées de Belges ont fait office de « sentinelles » devant les institutions parlementaires. Ce silence des catholiques belges est impardonnable et doit cesser. Ils doivent prendre des responsabilités et assumer leur catholicité sans couardise. »
« Où sont les catholiques belges ? Les provocations s’accumulent sans réaction. Un seul exemple : le Jeudi Saint, la télévision (Club RTL en l’occurrence) avait programmée en soirée la diffusion du film blasphématoire « La dernière tentation du Christ « … A-t-on entendu une réaction vigoureuse ? Non, aucune! Quelle autre confession religieuse serait l’objet de telles humiliations de la part d’un grand groupe de télévisions ? Aucune ! «
(conférence à Bruxelles : 1er mai à 19h20, salle St Joseph, square Frère Orban)
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La menace Sentinelles
Pour l'anniversaire de la loi Taubira, les Sentinelles étaient comme à leur habitude place Vendôme pour rappeler que déterminés, ils ne lâcherons jamais rien ! Face à cette pacifique assemblée un ministère tourmenté, à nouveau retranché, barricadé derrière véhicules, policiers et barrières. Un no man's land en plein Paris, une aberration étalée aux yeux de tous les touristes et passants qui prouve encore une fois que la plus oppressante des subversions n'est pas forcément la plus violente ou la plus bruyante.
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Apporter son aide aux oeuvres qui se réapproprient une identité catholique
De Jean-Pierre Maugendre à propos du lycée Gerson :
"Le lycée Gerson, établissement catholique coté du XVIe arrondissement de Paris, est au cœur d’une tempête destinée, me semble-t-il, à se reproduire de nombreuses fois. Suite à l’intervention dans le lycée de représentants de l’Alliance VITA sur des sujets qui traitent de la bioéthique, de la naissance et de la grossesse, des élèves, des parents et des enseignants se sont plaints à la direction diocésaine de l’Enseignement catholique des « dérives intégristes » de l’établissement. Le ministère de l’Éducation nationale a diligenté une enquête. Il n’y a bien sûr aucune dérive « intégriste » du lycée mais uniquement une volonté de la direction de poser un regard catholique sur la Vie et tout ce qui concerne sa transmission en accord avec la loi naturelle et donc l’enseignement de l’Église. Ce processus de réaffirmation identitaire n’est pas un fait isolé. La mobilisation de nombreux catholiques, laïcs, prêtres et évêques contre la dénaturation du mariage fait partie de ce processus plus général.
Trois difficultés se font cependant jour :
- Une partie non négligeable des enseignants et des parents d’élèves des établissements catholiques ne partagent pas le projet pédagogique de l’établissement : telle œuvre d’éducation cherche à revenir aux intuitions catholiques originelles de sa fondation mais se retrouve avec 25% d’éducateurs musulmans ; tel professeur de Lettres d’une classe de Khâgne d’un lycée catholique de province est un obsédé sexuel notoire, etc. Comment gérer la transition ?
- Les évêques apparaissent divisés entre partisans du consensus et de l’enfouissement, qui est souvent le préalable à l’ensevelissement, (NNSS Pontier, Brunin, Dagens…) – et tenants d’une affirmation catholique décomplexée (NNSS Aillet, Rey, Cattenoz, Barbarin, Centène…). La réélection de Mgr Brunin comme président du conseil Famille et Société de l’épiscopat manifeste que les partisans du consensus sont toujours majoritaires.
- Les pouvoirs publics ont choisi leur camp. N’oublions pas que Jean-Marc Ayrault est un ancien militant de la J.E.C. Le gouvernement mettra tout son poids et l’appareil d’État dans la balance pour que l’Église catholique en France reste sur l’Aventin et se contente de pieuses considérations sur la « nécessité d’accueillir l’étranger », de « faire famille », de « lutter contre le racisme et l’intolérance », etc.
Deux actions complémentaires et non antagonistes apparaissent nécessaires : soutenir les œuvres, associations, communautés religieuses… qui n’ont jamais succombé aux charmes délétères de l’enfouissement. Apporter son aide aux établissements, directions, organismes, diocèses… qui essayent de se réapproprier une identité catholique. Cette tâche est sans doute plus ingrate tant il est difficile de verser du vin nouveau dans de vieilles outres. Elle n’en est pas moins nécessaire."
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[Média] Prospectives Royalistes de l’Ouest
Le numéro n° 43 du nouveau journal royaliste unitaire centré sur la région ouest BRETAGNE-LOIRE ATLANTIQUE-VENDEE vient de sortir.
Vous pouvez le télécharger ici
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Stéphane Blanchonnet : "La Corporation chez Julius Evola"
Dans Le Fascisme vu de Droite – ouvrage disponible en français aux éditions Pardès – Julius Evola (1898-1974) propose une critique, au sens d’une analyse rigoureuse, méthodique et sans concession à l’égard de ses détracteurs comme de ses admirateurs, d’un régime et d’une idéologie dont il fut un compagnon de route atypique (Evola s’opposa notamment, dans un esprit contre-révolutionnaire, à l’importation du racisme biologique allemand, à l’abaissement du rôle de la monarchie, aux dérives étatistes et totalitaires). Ce livre publié en 1964 bénéficie à la fois de la proximité avec son sujet que donne à l’auteur sa qualité de témoin et d’acteur, ainsi que de la hauteur de vue que lui procurent la distance dans le temps et sa riche réflexion politique d’après-guerre, dont témoignent des œuvres comme Orientations (1950) ou Les hommes au milieu des ruines (1953). Deux chapitres du Fascisme vu de Droite retiendront particulièrement notre attention dans le cadre de cet article : le chapitre VIII consacré aux institutions fascistes en général et le chapitre IX consacré plus précisément au problème de la corporation et de l’organisation économique.
Une nouvelle forme de représentation
Le chapitre VIII reconnaît d’abord au fascisme le mérite d’avoir abattu le parlementarisme. Outre la restauration de l’Etat, cette opération permet d’envisager une nouvelle forme de représentation qui tranche avec celle procurée par les partis parlementaires, structures dont le moyen est le clientélisme le plus vulgaire et la fin, non le service de l’Etat mais celui de leurs idéologies respectives : « ils se présentent dans une sorte de concours ou de compétition pour la meilleure défense des intérêts de tel ou tel groupe d’électeurs, mais en réalité ils ont chacun une dimension politique, chacun une idéologie ; ils ne connaissent ni intérêts ni exigences les dépassant, ils agissent dans l’état vide et visent chacun à la conquête du pouvoir : d’où une situation on ne peut plus chaotique et inorganique » (p. 75-76 de l’édition Pardès).
Evola voit immédiatement dans l’abolition de ce système l’occasion de rétablir une représentation qualitative et organique (des groupes, en fonction de leur rôle dans le corps social) et non plus quantitative (des individus selon le principe : un homme, une voix), sur le modèle des institutions de l’Europe d’avant 1789 : « parce que ce n’était pas la simple force numérique des groupes, des corps ou des unités partielles ayant au Parlement leurs propres représentants qui était considérée, mais leur fonction et leur dignité. » (p. 77).
Idéalement pour Evola, le nouveau régime aurait dû promouvoir une forme de bicaméralisme ainsi conçu : une Chambre basse représentant la société sur un mode qualitatif, différencié et organique (représentants des corporations professionnelles, de l’armée, de la magistrature et des autres corps) et une Chambre haute, un « Sénat, avec des membres exclusivement désignés d’en haut, choisis surtout en fonction de leur qualité politique, qualité de représentants de la dimension transcendante de l’état, donc aussi de facteurs spirituels, méta-économiques et nationaux » (p. 79) ayant pour but de faire prévaloir le plan des fins sur celui des moyens et proche en cela de l’idée d’un Ordre, au sens supérieur, traditionnel et religieux du terme. Hélas ce programme ne sera pas mis en œuvre, en tout cas pas dans toute la pureté de sa conception.L’échec du fascisme
Le chapitre IX s’intéresse plus précisément à l’un des composants de la Chambre basse : la corporation professionnelle. Evola y affirme d’abord la nécessité de « s’opposer à une fonction de la corporation soit comme instrument d’étatisation centralisatrice, soit comme instrument de conquête de l’état par l’économie. » (p. 82). En effet, il décèle deux premiers écueils dans le programme corporatiste : celui du dirigisme qui tue la libre initiative du chef d’entreprise, la corporation étant alors conçue comme une courroie de transmission au service d’un contrôle étatique de l’économie, et celui de "l’état corporatif", la corporation devenant alors l’instrument d’une dissolution du politique dans l’économie.
A cela s’ajoute, le danger consistant à concevoir le corporatisme comme une superstructure nationale où les employeurs et les employés enverraient séparément et par branche leurs représentants, ce qui ne ferait qu’aggraver les antagonismes de classe. Sur ce dernier point, Evola constate l’échec du fascisme : « Le système institua […] sur le plan législatif le double front des employeurs et des travailleurs, dualité qui ne fut pas surmontée là où il aurait fallu, c’est-à-dire dans l’entreprise elle-même, au moyen d’une nouvelle structuration organique de celle-ci (donc dans sa structure interne), mais dans des superstructures étatiques générales affectées d’un lourd centralisme bureaucratique et, en pratique, souvent parasitaires et inefficaces. » (p. 85).
L’auteur oppose à ce modèle bureaucratique, la « reconstruction organique infrastructurelle » (p. 90) des corporations, c’est-à-dire, l’idée d’une entreprise-communauté conçue de manière analogue à la nouvelle vision organique de la nation. C’est dans chaque entreprise donc qu’il conviendrait d’organiser la représentation de tous selon sa fonction : le chef d’entreprise, les cadres, les différents services et ateliers. Cette communauté de travail et son chef seraient alors responsables devant l’Etat.Nécessité d’une transcendance
Ce dernier point, la responsabilité devant l’Etat, manifeste l’ultime difficulté envisagée par Evola : sans un esprit commun, sans une transcendance politique et spirituelle, la corporation est vouée à l’échec. D’où la nécessaire reconnaissance du « caractère non seulement économique mais aussi éthique de la corporation » (p. 86), de la responsabilité morale du chef d’entreprise devant l’Etat « comme contrepartie de la reconnaissance de sa libre initiative » (p 87), de la lutte nécessaire contre un capitalisme « parasitaire » (le chef d’entreprise devant être le « premier travailleur » de son entreprise par opposition au simple bénéficiaire de dividendes), de la participation des employés aux bénéfices mais aussi aux pertes de l’entreprise.
L’argumentation d’Evola sur la question sociale dans Le Fascisme vu de Droite présente l’intérêt de confronter les principes contre-révolutionnaires en la matière avec l’histoire de l’une des tentatives, partielle et insatisfaisante, mais réelle, de leur mise en œuvre au XXe siècle. L’idée la plus forte que l’on en retiendra est que le projet de restauration d’un ordre vraiment traditionnel et hiérarchique ne peut se mener sur un seul terrain, qu’il soit politique ou social et économique, mais correspondre à un changement complet de direction dans tous les domaines et d’abord au plan spirituel. Tout constructivisme politico-économique qui ne tient pas compte de la dimension anthropologique du problème posé par la Modernité se condamne à l’échec.Stéphane Blanchonnet,
Article paru dans L’Action Sociale Corporative numéro 5.
Source : A Rebours
http://la-dissidence.org/2014/04/24/stephane-blanchonnet-la-corporation-chez-julius-evola/
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Les thèmes des numéros précédents :
- Les 60 ans du dogme de l’Assomption
- Jean-Paul II
- J’ai voulu avorter, enquête au Planning familial
- 10 mythes anti-chrétiens. L’histoire répond.
- Pour en finir avec Satan
- Quand l’Église en Chine s’éveillera
- Les soins palliatifs, répondre à l’euthanasie
- Ils ont écrit sur Jeanne d’Arc
- 50 ans après Vatican II
- Mariage et adoption pour tous ? La vérité sur une manipulation idéologique
- De Benoît XVI à François Ier, Habemus Papam
- À l’école de la Visitation
- Y a-t-il trop d’hommes sur terre ? Enquête au cœur de l’eugénisme
- Des martyrs aux dissidents… Ils n’ont rien lâché !
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Autour de la politique religieuse
On a vu, en ces dernières années, se répandre chez trop de nos catholiques, un singulier état d’esprit ; il consiste à tenir le christianisme pour une panacée politico-sociale, capable de remédier par elle-même à tous les maux politiques. Rien de plus fallacieux et de plus illusoire, si l’on songe que la diffusion du christianisme n’a pas suffi à tout arranger dans la société. C’est risquer de le compromettre que d’en attendre des réalisations parfaites dans un ordre politique et terrestre qui n’est pas sa fin propre.
Mais cet apparent optimisme religieux ne cacherait- il pas une sorte de renoncement à agir dans le monde, par impuissance à en résoudre les difficultés ? Car cette postulation messianique d’une cité parfaite, dont tous les citoyens seraient des saints, s’accommode fort bien d’un pessimisme catastrophique à l’endroit de la cité présente, que l’on renonce du même coup à organiser et qu’on abandonne « au processus de corruption » qui la travaille. Faudra-t-il donc attendre la conversion de tous les citoyens pour rétablir l’ordre dans la rue, l’honnêteté dans la vie publique, la responsabilité dans les corps de l’État ? Un tel absolutisme politico-religieux mène pratiquement à une sorte d’indifférentisme civique qui fait de ceux qui s’en réclament de véritables émigrés de l’intérieur.
HENRI MASSIS
Les idées restent Lyon, Lardanchet, 1941
Si ces lignes étaient signées Charles Maurras, on crierait au naturalisme, mais elles sortent de la plume d’un écrivain catholique, qui, après L’Enquête d’Agathon avec Alfred de Tarde, a écrit sur Ernest Psichari et Jacques Rivière, qui a composé deux séries de Jugements (Renan, Barrès, Gide etc.), défendu le thomisme avec Maritain, avant de se séparer de lui après 1926, quand Rome crut bon de condamner l’Action française, condamnation fort provisoire levée par Pie XII dès 1939. Henri Massis était rédacteur en chef de la Revue Universelle que dirigeait Jacques Bainville. Sa Défense de l’Occident révèle parfois des accents prophétiques. Henri Massis a rassemblé dans Les idées restent des pages sur l’art, la littérature, la morale, la politique et l’histoire « non pas comme une anthologie, mais comme une somme des réalités essentielles éparses dans ses livres ».
“Indifférentisme”
Nous relèverons quelques expressions : « panacée politico-sociale » marque déjà une réserve ; le christianisme est présenté comme le remède miracle de guérisseurs qui ne sont pas des médecins. « C’est risquer de le compromettre » souligne une réserve encore plus grande. La religion en tant que telle ne doit pas être impliquée dans les luttes de la cité qui ne sont point « sa fin propre ». Henri Massis parle ensuite de « postulation messianique » : nous risquons de sortir de l’ordre politique et naturel pour entrer dans une sorte de "sens de l’histoire" que le catholicisme traditionnel a toujours r e j e t é . « L a conversion de t o u s l e s c itoyens » pour « l’ordre dans la r u e » r e l è v e d’une utopie moralisante, moralisatrice. L’ordre dans la rue se situe avant la cité de Dieu.
Mais que deviennent nos catholiques entraînés dans cette nébuleuse ? Ils vont tomber dans un « absolutisme politico-religieux », la pire des attitudes politiques qui les mènera à un « indifférentisme civique » . Ils deviendront naïvement les complices du désordre et de l’erreur puisqu’ils ne prendront pas parti pour ceux qui ont politiquement raison. Qui se résigne à voir la France en république travaille en fait pour le désordre qui est l’anarchie dans les têtes avant même de l’être dans l’État.
Lisons le De Regno de saint Thomas, nous avons un exposé de politique naturelle. La Politique tirée de l’Écriture sainte de Bossuet ne se réfère pas non plus à l’enseignement de l’Évangile, elle induit des préceptes politiques de l’histoire du peuple hébreu dans l’Ancien Testament à la lumière des principes d’Aristote et de saint Thomas. L’épanouissement spirituel de l’homme suppose l’ordre dans la cité, mais il ne le fonde pas. "Politique d’abord."
Gérard Bauddin L’Action Française 2000 n° 2748 – du 15 mai au 4 juin 2008