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tradition - Page 283

  • Le culte du VENT chez les Indo-Européens

     

    Il y a quelques ressemblances entre les dieux du vent et ceux du feu. Tous deux sont changeants, insaisissables, tous deux sont inspirateurs et bons artisans. De même qu'on lisait l'avenir dans le foyer, on le devinait dans la chanson des vents. De même que les flammes de l'âtre sont des âmes, le vent emporte les âmes à travers l'espace. Un méchant vent les amène, une aimable brise les éloigne (1). Il est l'ami du feu qu'il attire et dans lequel les âmes également se réfugient. Si la flamme est destructrice et bienfaisante à la fois, il en est de même du vent qui apporte la vie ou la mort, la maladie ou la prospérité. Le feu est la vie qui circule dans les arbres, les plantes, les hommes. Le vent, d'après une conception fort étendue, fertilise les champs et répand partout la fécondité. 

    D'autre part, le vent est le compagnon de l'orage et des eaux. Il vient d'une caverne, celle des eaux. Les dieux des vents ou de l'orage sont les compagnons de celui des eaux. La tempête se complique d'éclairs et de lueurs diverses. Le vent est donc “fauve”, comme on dit dans l'Inde. Il a ses flèches comme l'orage. Son chant est une musique. Il “inspire” les hommes, notamment dans les assemblées, mais il est capricieux et comme l'esprit, il souffle où il lui plaît.

    Tels sont les caractères que l'on rencontre chez les dieux du vent et chez les divinités, soit issues des génies du vent, soit contaminées avec eux.

    Dans l'Inde, il est Vâyu ou Vâta (mots tirés de la même racine que le néerl. waaien, “venter”), l'inséparable compagnon d'Indra et de Parjanya. Il allume des lueurs fauves. Il est, lui-même, fauve et traverse à toute vitesse le ciel sur des coursiers fauves “rapides comme la pensée” et munis de “cent yeux”. Il accorde la gloire, les enfants et la richesse. Il se porte capricieusement où il lui plaît. Son souffle est celui des dieux.

    Rudra et les Maruts 

    À côté de lui il y a les Maruts et il y a Rudra. Les premiers sont pour l'Inde ce que les nains et les géants de l'orage et des vents sont pour les Grecs et les Germains. Ce sont des êtres collectifs, plutôt effrayants que rassurants, formant une sorte de cortège aux dieux de l'orage. Ils apparaissent dans l'éclair, se font entendre dans le tonnerre. Le mugissement des vents est leur chant. Ils sont “les chantres du ciel”. Ce sont eux qui entonnent un hymne triomphal quand le dragon est touché. Ils sont “fauves”. Ils roulent sur des chars comme Vâyu. Ils font pleuvoir, et comme tels, ainsi que les Centaures, ils peuvent être bienfaisants et généreux mais ils sont capricieux et envoient leurs flèches où il leur plaît. Ils sont les fils de la “vache”, c'est-à-dire, de la nuée.

    Rudra réunit en lui la plupart des traits des Maruts. On l'appelle le “rouge” ou le “bruyant”. Comme les Maruts et comme les orages, il s'attarde dans les montagnes. On insiste particulièrement sur sa qualité d'archer. Ses flèches sont rapides et terribles. Il fait ce qu'il veut, envoie la mort et la maladie ou sauve et guérit ceux qu'il protège. Il est le maître du bétail animal ou humain. Malheur à ceux sur qui il envoie ses chiens hurleurs avec lesquels il rallie sa troupe. On le rencontre dans les carrefours et dans les lieux déserts. Par euphémisme et pour l'engager à se montrer sous un aspect favorable, on lui donne déjà dans le Veda le surnom de çiva (propice), sous lequel il deviendra dans l'Inde brahmanique un dieu très important.

    Il est impossible de ne pas être frappé par l'existence de nombreux traits communs entre Rudra et le dieu grec Apollon, sous sa forme la plus ancienne (2). Certes, ce dernier est beaucoup plus anthropomorphisé et il réunit dans sa personne des attributs d'origines diverses, de sorte que l'on a pu voir en lui un dieu solaire (ce qu'il fut postérieurement), un dieu du feu (3), un génie du bétail, etc. Il est vraisemblable, du reste, que des influences non grecques ont contribué à la formation de ce dieu si important de l'antiquité. Quoiqu'il en soit, dans l'appréciation de son caractère, on ne devrait jamais perdre de vue son association étroite avec Artemis. De même que celle-ci reçoit l'épithète de hekâte sous laquelle elle est parfois honorée comme une déesse spéciale, très puissante, lui, Apollon est hekatos, hekaergos, hekatêbolos.  On a longtemps, à tort, traduit ces expressions par “qui agit au loin, qui atteint au loin”.

    VentLeur sens étymologique — “qui frappe à volonté, agit comme il lui plaît” — est encore clairement conservé dans l'Hymne à Hekatê, enchâssé dans la Théogonie d'Hésiode (*). Le poète nous dit qu'Hekatê inspire dans l'assemblée “qui elle veut”, qu'elle donne gloire et victoire à “qui elle veut”, qu'elle assure bonne chasse à “qui elle veut”, qu'elle intervient dans les courses de chevaux “comme elle le veut”, qu'elle fait prospérer les troupeaux, “si elle le veut” (4). Artemis et Hekatê, comme Apollon, protègent du trépas ou envoient la mort et la maladie de leurs flèches. Ils accordent leur pardon ou le refusent. Tous trois sont invoqués pour la fécondité des troupeaux et des familles. Artemis et Hekatê mènent des troupeaux d'âmes à travers les carrefours, les forêts et les montagnes. Elles apparaissent soudainement et causent des terreurs dans les lieux solitaires. Elles parcourent les solitudes la torche à la main. Elles aiment le clair de lune et ont fini par être traitées comme des divinités lunaires, tandis qu'Apollon devint un dieu solaire. Les 3 aspects d'Hekatê, généralement interprétés comme se rapportant aux phases de la lune, sont peut-être plus anciens. On peut les comparer aux 3 naissances de Rudra, ce dieu qui a tant de points communs avec ces déesses et avec Apollon. 

    [ci-dessus : Triple Hécate, période romaine, Louvre]

    La caractéristique de ces divinités est donc d'agir “capricieusement”, comme il leur plaît, où il leur plaît. C'est là, évidemment, un trait indo-européen. Il convient particulièrement bien aux divinités des vents, surtout si l'on tient compte de ce que ces dernières donnent l'inspiration et apportent la maladie ou la prospérité. 

    Les Muses, déesses du vent

    Apollon a, comme Rudra et Vâyu, un cortège de chantres. Ce sont les Mousai (Muses), filles de « Zeus, le dieu du tonnerre, qui se réjouit de la douce voix de ces déesses, quand elle se répand du haut de l'Olympe » (5). Les Muses, dont le nom signifie “tourbillon, tourmente”, apparaissent dans ces vers comme des déesses du vent. L'agitation de l'esprit au moment de l'inspiration ou de la divination, est comparée à celle du vent. Apollon, comme les dieux du vent, est, par excellence, en Grèce, le dieu de la divination. Son nom est fermement attaché à l'oracle de Delphes. Quant à ce nom même, il a beaucoup intrigué les étymologistes. L'explication la plus probable est celle qui le rattache à apella (assemblée, troupe). Apollon est donc comme Teutates, Ty, etc., le dieu des assemblées. Il est celui qui inspire ceux qui délibèrent, celui qui emporte la décision. Le mot doit, sans doute, aussi se comprendre — et c'est apparemment la signification la plus ancienne — en ce sens que Apollon est non seulement le conducteur des Muses, mais aussi celui des âmes, comme Artemis et la plupart des dieux du vent. Si Apollon apparaît quelquefois comme “loup”, c'est à ce même titre, et là encore il y a une ressemblance avec Rudra et ses chiens hurleurs (6). Si Apollon est également “dauphin”, c'est peut-être par contamination avec les dieux du feu (voyez ci-dessus) ; mais c'est peut-être aussi en tant que dieu du vent favorable qui mène les marins au port, car le dauphin était connu des anciens comme annonçant le beau temps. C'est, sans doute, aussi pour cela que toutes les fêtes d'Apollon se célèbrent en été et qu'il reçoit le surnom de Phoibos, “clair”.

    Hermês 

    Un dieu jeune qui n'a pas mal de traits communs avec Apollon, c'est Hermês. Les mythologues ont longtemps soutenu qu'il était un dieu du vent. La plupart d'entre eux tendent plutôt aujourd'hui à le considérer comme un dieu local d'Arcadie, génie des troupeaux, esprit de la fécondité ou peut-être démon des bornes ou des tas de pierres. Il serait d'autant plus vain d'entrer dans une discussion à ce sujet que le caractère d'Hermês, tel que nous le connaissons, comme celui d'Apollon, est d'origine complexe. Bien des dieux locaux, souvent d'origine préhellénique, ont évidemment été absorbés par ces deux divinités au fur et à mesure que leur popularité s'affirmait. Ce qui est certain en tout cas, c'est que beaucoup d'attributs caractéristiques des dieux du vent se rencontrent chez Hermês. Il est le dieu rapide par excellence. Il parcourt sans cesse les routes, sur lesquelles il exerce son pouvoir souverain, ce pourquoi il est le guide des voyageurs et le protecteur du commerce. Il est, par excellence, le conducteur d'âmes (psychopompos), et celui qui rassemble les troupeaux sur lesquels il exerce une garde spéciale. C'est lui, comme Apollon, qui donne le succès dans la palestre. Certains mythes démontrent son origine atmosphérique. Il a capturé, le jour de sa naissance, 50 bœufs blancs aux cornes d'or et les a cachés dans une caverne. Il est argeïphontês (plein d'éclat). Il a dérobé à Apollon ses flèches. Il est inventeur de la flûte, ce qui nous rappelle que tous les dieux du vent sont chanteurs et musiciens. S'il est en même temps dieu terrestre et souterrain, cela s'explique par des contaminations. 

    Mercurius romain, Esus gaulois 

    Les Romains ont identifié Hermês avec Mercurius, un simple “dieu occasionnel”, protecteur des marchés. Ils ont ensuite appliqué ce nom à des dieux celtiques et germaniques très importants, offrant certaines ressemblances avec Hermês, en même temps que de notables différences. Le Mercure gaulois s'appelle Esus, “seigneur”. Il était un des membres de la fameuse triade mentionnée par Lucain et, au témoignage de plusieurs auteurs, son culte était le plus important en Gaule. Ses épithètes nous font deviner qu'il était un dieu généreux (Vellaunos, “le très bon”, Adsmerios, “le distributeur”) et fécondant (Magniacos, “qui fait prospérer”). Il régnait sur les chemins (Cimiacinos) (7) ? César affirme qu'il était le protecteur du commerce et l'inventeur des arts.

    Wodan 

    Le Mercure germanique est Wodan, dont le nom traduit celui du dieu romain dans angl., Wednesday ; néerl., Woensdag ; fr., Mercredi ; lat., Mercuri diem. Ce nom est parent du lat., vates, divin inspiré, et de l'all., Wut, fureur. L'inspiration, la divination sont en lui, comme chez les dieux du vent et chez les Muses, un aspect de l'impétuosité de son souffle. Wodan est un grand voyageur (Mercurius viator indefessus) et un conducteur d'âmes. Son cortège circule bruyamment dans le ciel pendant les nuits de tempête. Les éclairs nocturnes sont ses regards. Il est accompagné de deux loups et d'un cortège de corbeaux (les âmes). Comme Hermês, Wodan a un grand chapeau, que l'on interprète généralement comme représentant les nuages entourant les sommets avant un ouragan. Comme le dieu grec, il a aussi un bâton à la main. Il circule dans les airs sur un grand cheval blanc (ou noir), enveloppé dans un manteau noir. Comme Esus, il donne un vent favorable aux marins et protège le commerce. Wodan donne la richesse à ses adorateurs. D'autre part, il est le dieu de l'inspiration, de la poésie, de l'intelligence, celui qui connaît tous les secrets. Il accorde la fertilité aux champs, en raison de la croyance populaire allemande que “beau vent donne belle moisson”. Aux îles Feroë, on pense que Wodan, de son souffle, peut faire croître la moisson en une nuit (8). Comme les autres dieux du vent, il donne la victoire “à qui il lui plaît”.

    Wodan a remplacé graduellement en Germanie Ty, le dieu suprême, dans beaucoup de ses attributs. Il joue dans la lutte contre les géants le rôle de Zeus dans la Théogonie

    Prof. Albert Carnoy, Combat païen n°32, avril 1993. http://www.archiveseroe.eu

    (ex : Les Indo-Européens : Préhistoire des langues, des mœurs et des croyances de l'Europe, Vromant, Bruxelles, 1921, pp. 208-214)

    ♦ Notes :

    • 1) F. Krauss, Volksglaube der Süd-Slawen, p. 41.
    • 2) Louis de La Vallée-Poussin, Le védisme (1909), p. 100.
    • 3) Leopold von Schroeder, Arische Religion (1914).
    • 4) Théogonie, v. 425 à 445.
    • 5) Théogonie, v. 40-45.
    • 6) Çiva (autre nom de Rudra) s'appelle aussi Ganeça, “chef des troupes”, comme Apollon.
    • 7) Dottin, Manuel pour servir à l'étude de l'Antiquité celtique, 2ème éd., 1915, p. 304.
    • 8) Eugen Mogk, Germanische Mythologie (1907), éd. Göschen, p. 51.

    ♦ note en sus :

    * : « L'Hymne à Hécate, inséré dans l'œuvre attribuée à Hésiode, et qui est, on l'a dès longtemps remarqué, une interpolation orphique, témoigne de ce fait intéressant. D'après l'auteur de cet hymne, le domaine d'Hécate comprend à la fois la terre, la mer et le ciel étoilé : son pouvoir sans bornes s'étend à toutes les conditions et à toutes les fonctions de la vie humaine. Elle est donc une des grandes divinités de l'orphisme » (Mythologie de la Grèce antique, Paul Decharme, 1886, p. 140). Si Hécate est « la seule divinité de la Théogonie (...) en relation si directe avec les hommes » (Aurore Petrilli, « Trouver et nommer Hécate » , in Ephesia Grammatia n°2, 2008), il ne faudrait pourtant point négliger, selon Pietro Pucci, que ce passage parmi d'autres « vise plusieurs narrataires différents (...) Après les louanges à la déesse, le texte donne la liste de ceux qui reçoivent ses dons et tirent profit de sa bienveillance. Du vers 428 au vers 439, il s'agit seulement des nobles : les rois (basileis) que la déesse aide dans l'administration de la justice ou dans la guerre, les champions des agônes, et les chevaliers (hippeis) ; du vers 440 au vers 449, suit la liste des artisans et autres travailleurs : marins, pêcheurs, agriculteurs, éleveurs, etc. La distinction entre nobles et non nobles est précise et absolue, et l'accent de sincérité et de foi que les lecteurs décèlent dans cet “hymne” vient en partie de cet aspect tout à fait vivant de vraie prière, adressé pour et par des hommes réels » (« Auteur et destinataires dans les Travaux d'Hésiode », in : Le métier du mythe - Lectures d'Hésiode, Presses du Septentrion, 1996, p. 203). 

  • Théorie du genre : La Manif Pour Tous placent Peillon et Belkacem sous haute surveillance

    QUE CHACUN APPORTE SA CONTRIBUTION À CETTE ŒUVRE DE SALUBRITÉ PUBLIQUE !

    Dès la rentrée, des comités de vigilance veilleront, avec les parents d’élèves, aux messages véhiculés dans les écoles et les crèches.

    En route vers sa « saison 2 », la Manif pour tous s’empare d’un nouveau cheval de bataille : la « diffusion subreptice » de la fameuse « théorie du genre », à l’école notamment. Certes, le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon, a bien assuré qu’il n’était « pas pour ». Mais, dans une lettre de janvier dernier, il s’engageait à « s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités »… Et, rappellent les porte-parole du collectif, la référence au « gender » dans certains manuels scolaires, la mobilisation du syndicat SNUipp en faveur de la lutte contre l’homophobie dès le primaire, ainsi que plusieurs amendements (finalement rejetés) destinés à promouvoir une « éducation à l’égalité de genre » à l’école, « cela fait tout de même un faisceau d’indices concordants »…

    À la rentrée, le mot d’ordre sera donc la « vigilance ». La Manif pour tous réclame « le retrait du concept de genre des manuels, des décrets et des projets de loi » et encourage les parents d’élèves à créer des « comités de vigilance » dans tous les établissements scolaires. Soit en s’appuyant sur des fédérations comme l’Apel (Association des parents d’élèves de l’enseignement libre) ou la PEEP (Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public), soit en créant des listes indépendantes. « Les sympathisants, en région, nous attendent énormément sur ces questions-là, insiste Arnaud, responsable du pôle “genre”. On n’aura aucun mal à trouver des volontaires. Avec trois objectifs : récolter des informations, faire de la pédagogie et favoriser le dialogue avec les associations de parents et les élus. » Une « base d’information » sera bientôt créée, avec un courriel spécifique, pour que chacun puisse témoigner. « Cela nous permettra de sensibiliser les parlementaires et de préparer les municipales, poursuit Arnaud, car les élus locaux sont partie prenante dans l’achat de manuels scolaires et de livres pour les crèches. On n’oublie pas les crèches, dont beaucoup réfléchissent en ce moment à la “déconstruction des stéréotypes”. » Un tract et un document pédagogique sont en préparation, pour être distribués dans tous les départements.

    «  On ne lutte pas pour l’égalité des sexes en niant la différence entre les sexes  !  » Ludovine de la Rochère, présidente du collectif la Manif pour tous

    Particulièrement inquiet des arrière-pensées du gouvernement, Bertrand, responsable de la Manif pour tous 92, vient de rédiger un fascicule intitulé L’Éducation à la théorie du genre dans les écoles françaises, c’est maintenant !« L’identité de genre est officiellement désormais un axe prioritaire d’action gouvernemental, peut-on y lire. Quant à l’enseignement, il est appelé à ne plus se fonder “sur le postulat de la complémentarité des sexes”… » Multiplication des « jeux asexués » dans les crèches, suppression des fêtes des pères et des mères, cours d’éducation à la sexualité « orientés », listes de lectures « surprenantes », de nombreux témoignages de parents perturbés de ne « pas trop savoir ce que leurs enfants vont étudier » lui sont déjà parvenus. Ce père de famille pointe par ailleurs du doigt le site Giga la vie, créé par l’Institut des Hauts-de-Seine à l’intention des jeunes : « On y trouve plein de conseils judicieux sur la nutrition ou l’hygiène, indique-t-il. Mais dans l’onglet “Sexualité 11-12 ans”, on peut aussi lire : “Tu peux devenir père à chaque rapport sexuel ! Il devient urgent de connaître les moyens de contraception qui te permettent d’avoir une vie sexuelle harmonieuse”… C’est bien de faire de la prévention, mais délivre-t-on ici les bons messages aux bons publics ? »

    La « réforme de civilisation » promise par Christiane Taubira, « elle va se faire subtilement, par le biais de l’école », assure Jérôme Brunet, président de l’Appel des professionnels de l’enfance. « Les partisans de la théorie du genre avancent masqués, affirme ce nouveau porte-parole de la Manif pour tous. Ils présentent leurs thèses d’une façon généreuse, comme un progrès sociétal, mais cela se fera au détriment des enfants. On ne peut pas nier la dimension biologique d’une personne. C’est une erreur de dire que tout est inné, mais c’est également grave de dire que tout est acquis ! » Présidente du collectif, Ludovine de la Rochère renchérit : « On ne lutte pas pour l’égalité des sexes en niant la différence entre les sexes ! »

    En septembre, « nous sommes prêts à taper très fort ! » promet donc Ludovine de la Rochère. Et pas seulement sur le genre. « Si la proposition de loi sur la PMA pour toutes n’est pas retirée, lance-t-elle, on envisage d’ores et déjà une nouvelle grande manifestation. » Il y aura aussi, les 14 et 15 septembre, la première université d’été du mouvement. Philosophes, éditorialistes, politiques de tous bords, magistrats et psychologues interviendront devant tous les volontaires, au Parc floral de Vincennes. Les inscriptions au public sont déjà ouvertes. Une université d’été intitulée « La Manif pour tous an II… Objectifs pour tous ».

    Le Figaro   http://www.actionfrancaise.net

  • La France malade de sa médecine – Eléments N°148, juillet-septembre 2013

     

    La France malade de sa médecine – Eléments N°148, juillet-septembre 2013

    Présentation du dossier : Dans l’Antiquité, la maladie était considérée comme le résultat d’un déséquilibre de l’harmonie présidant aux combinaisons formelles de la nature. Aujourd’hui, l’être humain devient un assemblage de pièces détachées et d’organes à réparer qu’on surveille et qu’on change en attendant de pouvoir les modifier. La médecine pratique en quelque sorte l’autopsie des corps vivants, des vivants transformés en matériau biologique recyclable dans une structure d’échanges commerciaux infinis.

    La marchandisation de la santé va de pair avec la médicalisation de l’existence, qui fait de la santé une sorte de nouvelle religion laïque, où le corps s’est définitivement substitué à l’âme dans le droit fil de la « biopolitique » dont parlait Michel Foucault. Cette idéologie médicale, d’origine américaine, relève d’un hygiénisme dogmatique qui, exploitant l’hypocondrie des individus, se traduit par une surveillance toujours plus grande des styles de vie, en conciliant puritanisme moral et homogénéisation conformiste des conduites avec l’acceptation de dispositifs politico-économiques nocifs.

     

    Elle prescrit socialement des conduites normalisées, cherchant ainsi à domestiquer tous les modes de vie, toutes les façons d’être, qui se dérobent aux impératifs de surveillance, de transparence et de rationalité. Les grandes croisades contre l’alcool, le sexe ou le tabac, ou encore la vitesse au volant, qui s’appuient sur les textes sacrés de l’expertise sanitaire, font partie de cette biopolitique qui répond au « droit au bonheur » en cherchant à normer les conduites, tout en continuant de les inscrire dans une logique de consommation et de publicité pour le seul profit du marché.

    Ce numéro est paru en kiosque le 29 juillet. On peut également commander ce numéro ou s’abonner sur le site de la revue.

    Au sommaire de ce numéro :

    Éditorial
    Bilan de santé par Robert de Herte

    Dossier : la France malade de ses médicaments
    La médicalisation, du berceau à la tombe par Jean-François Gautier
    Un enseignement sous influence par Jean-François Gautier
    Représentant de laboratoire pharmaceutique par François Delussis
    Un cinéma muet sur l’extrême médicalisation par Ludovic Maubreuil
    Léon Daudet contre les doctrinaires du scalpel par Olivier François

    L’entretien
    David Engels: “L’Europe ne peut échapper à son destin impérial”

    Cartouches
    L’actualité des idées, des sciences, du cinéma, des arts et des lettres
    Carnets de lectures par Michel Marmin
    «Le bureau» par Xavier Eman

    Romans noirs par Pierric Guittaut
    «Confessions d’un dragueur» par Ludovic Maubreuil
    Économie, religions, philosophie …
    «Alarme citoyens!» par Laurent Schang
    Sciences par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Mort d’un samouraï par François Bousquet
    L’éthique comme un sacerdoce par Michel d’Urance
    Dominique Venner par Alain de Benoist
    Une fable par Jacques Vergès
    Cornelius Castoriadis, le « germe grec» par Jean-Louis Prat
    Edouard Berth, le syndicaliste révolutionnaire par David L’Épée
    Guerres justes au service de la «paix perpétuelle» par Félix Morès
    Là où bat le cœur celte des Appalaches par Pierric Guittaut

  • Symbolisme du cochon chez les Indo-Européens

     

    PorcLes termes pour désigner le porc domestique nous apprennent beaucoup de choses sur notre lointaine antiquité. Dans la langue italienne, il y a 3 substantifs pour désigner l’animal : maiale, porco et suino (en français : suidé ; en néerlandais : zwijn ; en allemand : Schwein et Sau). Le dernier de ces termes, en italien et en français, sert à désigner la sous-famille dans la classification des zoologues. L’étymologie du premier de ces termes nous ramène à la déesse romaine Maia, à qui l’on sacrifiait généralement des cochons. L’étymologie du second de ces termes est clairement d’une origine indo-européenne commune : elle dérive de *porko(s) et désigne l’animal domestiqué (et encore jeune) en opposition à l’espèce demeurée sauvage et forestière ; on retrouve les dérivées de cette racine dans le vieil irlandais orc, dans le vieil haut allemand farah (d’où le néerlandais varken et l’allemand Ferkel), dans le lituanien parsas et le vieux slavon prase, dans le latin porcus et l’ombrien purka (qui est du genre féminin). Ces dérivées se retrouvent également dans l’aire iranienne, avec *parsa en avestique, terme reconstitué par Émile Benveniste, avec purs en kurde et pasa en khotanais. Quant au troisième terme — suino — il provient de l’indo-européen commun *sus, dont la signification est plus vaste. La plage sémantique de ce terme englobe l’animal adulte mais aussi la truie ou la laie et le sanglier. Les dérivés de *sus abondent dans les langues indo-européennes : en latin, on les retrouve sous 2 formes, sus et suinus ; en gaulois, nous avons hwch ; en vieil haut allemand sus, en gothique swein (d’où l’allemand Schwein), en letton suvens, en vieux slavon svinu, en tokharien B suwo, en ombrien si, en grec hys, en albanais thi, en avestique hu et en sanskrit su(karas). Dans la langue vieille-norroise, Syr est un attribut de la déesse Freya et signifie “truie”.

    Comme l’a rappelé Adriano Romualdi, « le porc est un élément typique de la culture primitive des Indo-Européens et est lié à de très anciens rites, comme le suovetaurilium romain, ainsi que l’attestent des sites bien visibles encore aujourd’hui ». Les Grecs aussi sacrifiaient le cochon, notamment dans le cadre des mystères d’Éleusis. Chez les Celtes et aussi chez les Germains (notamment les Lombards), nous retrouvons la trace de ces sacrifices de suidés. Le porc domestique est de fait l’animal le plus typique de la première culture agro-pastorale des pays nordiques. Parmi d’autres auteurs, Walther Darré nous explique que cet animal avait une valeur sacrée chez les peuples indo-européens de la préhistoire et de la protohistoire : « ce n’est pas un hasard si la race nordique considérait comme sacré l’animal typique des sédentaires des forêts de caducifoliés de la zone froide tempérée (…) et ce n’est pas un hasard non plus si lors des confrontations entre Indo-Européens et peuples sémitiques du bassin oriental de la Méditerranée, la présence du porc a donné lieu à des querelles acerbes ; le porc, en effet, est l’antipode animal des climats désertiques ». 

    Il nous paraît dès lors naturel que les patriciens des tribus indo-européennes, lors des cérémonies matrimoniales, continuaient à souligner les éléments agraires de leur culture, en sacrifiant un porc, qui devait être tué à l’aide d’une hache de pierre. Nous avons donc affaire à un sens du sacré différent chez les Indo-Européens et chez les Sémites, qui considèrent les suidés comme impurs mais qui, rappelle Frazer, ne peuvent pas le tuer : « à l’origine — explique-t-il —, les juifs vénéraient plutôt le porc qu’ils ne l’abhorraient ». Cette explication de Frazer se confirme par le fait qu’à la fin des temps d’Isaïe, les juifs se réunissaient secrètement dans des jardins pour manger de la viande de suidés et de rongeurs selon les prescriptions d’un rite religieux. Ce type de rite est assurément très ancien. En somme, conclut Romualdi, « la familiarité de la présence de porcins est un des nombreux éléments qui nous obligent à voir les Indo-Européens des origines comme un peuple des forêts du Nord ».

    Dans sa signification symbolique, le porc est associé à la fertilité et son sacrifice est lié à la vénération due aux dieux et à la conclusion des pactes et traités. Avec la prédominance du christianisme dans l’Europe postérieure à l’antiquité classique, le porc a progressivement hérité de significations que lui attribuaient les peuples sémitiques, notamment on a finit par faire de lui le symbole de l’impudicité, des passions charnelles, de la luxure, avant de l’assimiler au diable. Dans la Bible, en effet, le “gardien de cochons”, image de l’Indo-Européen agropastoral des premiers temps, est une figure méprisée et déshonorante, comme le fils prodigue de la parabole, réduit à garder les porcs d’un étranger.

    ► Alberto Lombardo, article paru dans La Padania, 30 juillet 2000. (tr. fr. : Robert Steuckers)  

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  • L’esprit Français : hommage à Jean Madiran

     

    madiran

    Publié dans l’édition de ce vendredi 2 août 2013 du quotidien Présent

    Ce mercredi soir, rentrant de l’aéroport d’Orly, je trouve sur mon téléphone le message de mon vieil ami Jean-Claude Absil, relayé quelques instants plus tard par un appel de Caroline Parmentier : « Jean Madiran est mort ». Jean Madiran, que j’avais connu par Bernard Antony, dans les temps déjà anciens de la fondation de Présent, souvent revu, et toujours suivi, par la lecture de ses articles, de ses éditoriaux, de ses billets…

    La nouvelle m’a frappé d’étonnement presqu’autant que de tristesse. Il faisait tellement corps avec la défense de nos convictions que nous avions fini par le croire immortel. « Immortel », surnom dont on affuble les membres de l’Académie Française…il y aurait bien eu sa place, en effet, si cette institution était restée ouverte aux plus brillants représentants de la tradition nationale, ce qui n’est plus le cas depuis un demi-siècle…

    Mais qu’importe ! Ce qui continuera de vivre, ce sont les valeurs que Jean Madiran a défendues toute sa vie, avec une fidélité exemplaire et une héroïque obstination, qui forcent l’admiration. C’est son œuvre, considérable, c’est son style, concis, précis, bel exemple de la rigueur et de l’élégance qui sont une part de l’esprit français. Aventure intellectuelle, avant tout, dont les expressions principales se trouvent sans doute dans les milliers de pages d’Itinéraire et de Présent. Mais au-delà de la rédaction proprement dite, sait on quelles difficultés surmontées,  quel travail harassant, quels talents d’animateur, quels efforts d’organisation, quelles angoisses financières, quelles tracasseries administratives, quelles persécutions judiciaires, forment le lourd tribut dont se paye le maintien si nécessaire de telles tribunes, dans un contexte général d’hostilité ? Jean Madiran fut à la fois philosophe, écrivain, journaliste, conférencier, éditeur, directeur de presse : un publiciste dans le sens le plus complet du terme.

    Les commentateurs d’aujourd’hui, dont la fonction consiste bien plus à mettre des étiquettes sur les gens, afin de les classer ensuite dans les petites cases de leurs esprits étriqués et conformistes, plutôt que de débattre sans a priori de leurs idées, diront –au mieux !- que Jean Madiran fut à notre époque l’une des personnalités les plus représentatives de l’école de philosophie politique contre-révolutionnaire. Des esprits chagrins ou mal informés en concluront hâtivement que sa pensée était essentiellement critique, voire négative. Conclusion absurde ; dirait-on qu’un médecin est « négatif » parce qu’il se consacre à combattre le cancer ou la tuberculose ? La Révolution que combattait le thomiste et maurassien Madiran, ce n’était pas je ne sais quel changement brutal ou soudain de régime politique ; c’était la terrible prétention consistant à faire croire que l’Homme est lui-même  le créateur des valeurs auquel il décide d’obéir, au lieu de reconnaître qu’elles existent en dehors de lui, et qu’il n’en est pas le maître. Péché contre l’Esprit d’où découlent toutes les erreurs contemporaines, et qui, de la Terreur robespierriste au goulag, de l’esclavage socialiste à l’esclavage capitaliste, n’ont pas fini de faire des ravages. Jean Madiran en avait parfaitement compris et analysé les formes contemporaines, plus subtiles, mais tout autant perverses, lorsqu’il stigmatisait notamment ce qu’il appelait les « DHSD » : les Droits de l’Homme Sans Dieu.

    Le scalpel acéré de ce chirurgien de la pensée n’avait pas son pareil pour disséquer l’erreur ; son ironie mordante pour la ridiculiser ; son insistance pour la mettre en lumière. Il était de ceux dont la plume vaut cent épées. Il fut un beau défenseur de la tradition catholique, de l’identité française, et de la Vérité. Nous partageons la peine de  son épouse et de sa famille.  Et quand nous disons « famille », nous y incluons bien sûr toute l’équipe de Présent. Il a mené le bon combat. Il nous reste à recommander son âme à son Créateur, à nous inspirer de la pensée et du souvenir de ce grand seigneur, et à poursuivre son juste effort.

    Bruno Gollnisch http://www.gollnisch.com

  • La société française est morte, ressuscitons-la !

    Présentation des 7 fondamentaux de la société :

    "Alain Touraine (sociologue français et père de la ministre Marisol Touraine) se pose la question  dans le titre même de son livre « Pourrons-nous vivre ensemble ?  ». Il constate que nous voyons se défaire devant nos yeux les ensembles à la fois politiques et territoriaux, sociaux et culturels que nous appelions des sociétés, des civilisations ou simplement des pays.

    Les grands projets de société du XXème siècle, le communisme, le nazisme, et maintenant l’ultralibéralisme et les valeurs de mai 68, ont tous échoué, et surtout ont parsemé le siècle de leurs abominables excès mortifères. Qu’en reste-t-il ?  Une société sans âme ni repère, sans définition, sans contour ni contenu.

    Finalement qu’est-ce que la société française, notre société ? Je n’en sais plus trop rien. Et vous ? Probablement pas plus. La plupart de nos dirigeants et penseurs non plus d’ailleurs. Ils savent une chose en tout cas, il faut retrouver le sens de la société. Pourtant, ils ne peuvent même plus la nommer ; certain l’ont appelée « L’identité nationale », qu’en est-t-il de sa définition : RIEN, d’autres l’appellent « Le vivre ensemble », qu’en est-il de son contenu : toujours RIEN !

    RIEN donc ! Et pour cause, comment ces élites pourraient-elles définir ce qu’elles ont-elles-mêmes détruit en le remplaçant par le néant ? N’est-ce pas ce vide qui confère à notre époque ce sentiment de malaise général ?

    Voilà de nombreuses années que progressent et s’installent insidieusement les ferments d’une société nouvelle en France ; Christiane Taubira n’a-t-elle pas déclaré en janvier 2013 que la loi sur le mariage pour tous représentait un véritable changement de civilisation ? Allons-nous laisser le soin à quelques insensés de décider de la nature de notre propre société ?

    Il n’est plus temps de résister en défendant nos fragiles citadelles dont les murs tombent les uns après les autres. Il est temps à présent de partir à la reconquête, de reconstruire notre société, sur des bases sensées, avec nos principes, et pour longtemps.

    Alors oui, bien que gravement malade, la société française n’est pas morte, car oui  nous allons la guérir, lui donner une autre vie, et construire pour ses membres un avenir plus radieux!

    Affirmons ensemble notre vision de la société, avec force et détermination, en diffusant partout et sans peur ce que sont les fondements véritables de la société : www.les7 fondamentaux.fr  (cliquez sur le lien pour connaître le contenu des 7 fondamentaux de la société.

    La victoire, ça se construit, et c’est maintenant !"

    (Si ces 7 points correspondent à votre vision de la société, vous pouvez y adhérer en ligne soit comme citoyen soit comme élu ou candidat).

    Le Salon Beige vous propose cette année une université d'été à sa façon en proposant chaque semaine à votre réflexion et à l'approfondissement selon la doctrine sociale de l'Eglise, un de ces 7 fondamentaux que vous pourrez commenter en toute liberté, enrichir de vos références et étoffer de vos connaissances et de votre bon sens.

    Rendons à César ce qui est à César : vos blogueurs ne sont pas à l'origine de cette synthèse, mais il leur a semblé particulièrement intéressant de la considérer comme une base fiable de réflexion et d'action.

    Alors rendez-vous sur la page "Libres réflexions" que nous réactivons pour l'occasion, avec la présentation générale de ces 7 fondamentaux puis le premier de ceux-ci, "la vie" alors même que des apprentis sorciers veulent s'octroyer le droit de jouer avec celle d'enfants non-nés.

    http://lesalonbeige.blogs.com

  • Le Who's who de la mythologie indo-européenne

    « Tous les peuples qui n'ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid » (Patrice de la Tour du Pin)

    Indo-EuropéensL'Europe contemporaine a une dette immense à l'égard de la mythologie païenne, à commencer par son nom. Aimée de Zeus, la belle et blanche Europe, fille d'Agénor, roi de Phénicie, donna son nom à notre continent après avoir fait 3 fils au roi des dieux : Minos, Rhadamante et Sarpédon. Le moindre de nos fleuves, la moindre de nos montagnes portent généralement le nom d'une divinité archaïque. Comme en Europe, toutes les renaissances sont toujours des recours au vieux fonds pré-chrétien (la Renaissance italienne, le Romantisme allemand, etc), on voit que la connaissance de cet héritage ancestral s'impose à quiconque entend construire quelque chose de durable.

    Le mérite principal du beau Dictionnaire des mythologies indo-européennes que les éditions “Faits et Documents” viennent de publier est justement d'offrir au lecteur non spécialiste, à l'homme cultivé d'aujourd'hui, un outil de travail permettant de “surfer” à travers les mythologies, de l'lnde à la Baltique, de l'Écosse à la Mer Noire. C'est la première fois que cet exercice hautement excitant pour l'esprit est possible. Grâce à Jean Vertemont, indianiste et informaticien, collaborateur de la Revue d'Études Polythéistes Antaïos, nous pouvons déambuler au milieu des mythes, des dieux et des héros de nos origines. La structure intelligente de son superbe livre permet, grâce aux renvois systématiques, de faire le lien avec les diverses correspondances. Prenons un exemple : Odhinn, Père de tous, Ase aux corbeaux, renvoie à Varuna, ce que savent les lecteurs de Dumézil, mais pas nécessairement les non spécialistes, les curieux. À lire le Dictionnaire de Vertemont, on se prend vite au jeu fascinant des liens et des correspondances et, surtout, l'unité fondamentale de la Weltanschauung indo-européenne apparaît de façon lumineuse. Le lecteur attentif ressentira rapidement une curiosité, une réelle solidarité pour les mythologies balte, scythe ou irlandaise généralement moins connues.

    Ce dictionnaire est le premier du genre, d'où quelques menues imperfections (coquilles, imprécisions mineures), mais on n'oubliera pas que l'auteur a fait tout le travail en solitaire et qu'il a travaillé près de trente ans à cet ouvrage de référence, déjà incontournable. Dans une préface subtile, Jean Vertemont montre parfaitement l'importance du socle païen dans l'imaginaire européen. Son retour aux sources est une saine réaction contre toutes les monstrueuses idéologies de la table rase, qui sont à la base de tous les totalitarismes, dont l'utopie communiste, sans aucun doute le mythe le plus sanglant du XXe siècle avec ses cent millions de morts. Il est vrai que le libéralisme ploutocratique pratique lui aussi la table rase : en nous faisant oublier nos racines, grâce aux techniques de brouillage mental propres à la modernité (concerts de rock, vidéos irréelles, culte de la consommation et de la performance imbéciles, désinformation systématique, etc), il nous prive de tout avenir. L'abrutissement télévisuel, la censure des médias, la crétinisation de masse via les “loisirs”, tout cela concourt à noyer les identités dans un nouveau chaos, que l'apologie du métissage vient évidemment couronner : c'est la grande partouze planétaire annoncée par Guillaume Faye. Or, la souveraineté authentique, celle que nos ennemis tentent d'annihiler, a pour préalable obligé une claire conscience de son héritage : la Chine, le Japon, l'lnde en sont de bons exemples. Point de longue durée sans mémoire! Qu'attend l'Europe pour reconstituer son axe et pour affirmer sa volonté ? La connaissance approfondie des structures des mythologies indo-européennes n'est donc pas un exercice gratuit réservé à quelques poètes ou à des rêveurs sans prise sur le réel.

    Vertemont montre bien que les mythes archaïques nous enseignent l'essentiel, nous ouvrent des portes sur des domaines inconnus ou refoulés. Par ex., au principe d'exclusion (un mot à la mode !) typique des religions monothéistes et dualistes, les paganismes indo-européens préfèrent le principe d'inclusion, nettement plus riche et harmonieux. Or, la multiplication des maladies dégénératives est clairement liée à une grave rupture avec les rythmes cosmiques, que la modernité, dans son désir fanatique de tout nier, de tout “démystifier”, a ignorés. Vertemont exprime bien une vérité très profonde, à savoir que le paganisme est bien plus qu'un stade primitif de notre conscience, mais bien le stade premier… et qui n'a rien de primaire. Écoutons-le un instant :

    « Le Dieu unique, régnant sur le monde comme un banquier sur ses débiteurs, est devenu le moteur d'une pandémonie égalitaire de l'échange et de l'interchangeabilité, processus qui n'a pas encore atteint son terme. Que le résultat soit un totalitarisme dur ou un totalitarisme mou, il s'agit immanquablement d'une conséquence de la normalisation monothéiste, et de ses corrélats: l'expulsion de l'âme par le désenchantement du monde, l'universalisation par la raison, l'ethnocentrisme, l'homogénéisation par la domestication des âmes, des esprits, et bientôt des corps ».

    Ce somptueux dictionnaire n'est donc pas un livre de plus à ranger religieusement dans sa bibliothèque sans l'avoir réellement lu : il s'agit d'un instrument de travail, non pas un simple travail d'érudition, tout compte fait secondaire, mais bien d'un travail sur soi. Un travail, souvent douloureux, de redécouverte d'une identité première, antérieure à la coupure judéo-chrétienne (l'an “zéro” dont nous fêterons bientôt les 2 millénaires : 2.000 ans d'imposture et de malentendu). Telle est la quête païenne : être païen aujourd'hui ne consiste pas à arborer de volumineux marteaux de Thor ! Mais bien à rentrer en soi, à se reconstruire, étape préalable à toute action sur le monde. Dans un entretien très dense accordé à la revue païenne Antaios (n°12, solstice d'hiver 1997), Jean Vertemont nous propose sa définition des dieux du paganisme moderne : « Les Dieux sont des agencements de symboles qui acquièrent de ce fait la qualité de condensateurs de forces ou d'énergies primordiales. Ces forces sont opératives si l'on dispose des formes correctes pour les appréhender et les mettre en action ». Son beau livre est fondamental pour la renaissance d'un courant païen qui ne se satisfait pas de pitreries ou d'idéologie : Vertemont convie les esprits libres à se retrouver et à créer.

    ◊ Jean VERTEMONT, Dictionnaire des mythologies indo-européennes, 1997, 224p. (3.600 entrées, cartes et tables), Faits et Documents, BP 254-09, F-75424 Paris cedex 09. « Entretien avec J. Vertemont (Les Dieux des Indo-Européens) », cf. Antaios n°12.

    ► Patrick Canavan, Vouloir n°142/145, 1998. http://www.archiveseroe.eu

    • disponible à la librairie parisienne Facta ou en format ebook.

  • Béatrice Bourges à L'Action Française : "La civilisation est en danger de mort."

    Il n’est pas exagéré de dire que nous avons assisté depuis l’hiver dernier à un sursaut historique du peuple français dans ses fondements, à savoir la famille. Comment analysez-vous ce sursaut face au mariage gay ?

    Béatrice Bourges - Oui, je pense que l’on peut vraiment parler de sursaut historique. Depuis huit ans, je me bats sur ces sujets. J’ai d’ailleurs écrit en 2008 un livre intitulé "L’homoparentalité en question, Et l’enfant dans tout ça" (Editions du Rocher). Je peux donc constater l’évolution de la société française sur ce sujet. Jamais je n’aurais pu imaginer que cela prenne une telle ampleur et s’installe dans la durée.

    Le Français ont pris conscience de la gravité de la situation. Ils se sont rendu compte de ce qui se cachait derrière cette loi. Ils ont compris qu’il s’agissait, non pas d’un sujet qui ne concernait que quelques personnes, comme on tentait de le leur faire croire, mais que notre civilisation était en danger de mort. C’est la famille qui est la pierre d’angle de la société. Lorsqu’elle est mise en danger, c’est toute la société qui s’effondre. Depuis de très nombreuses années, la famille est attaquée de façon très violente par les gouvernements successifs qui ont contribué à sa lente destruction. Ce dernier coup qui lui a été porté a été celui de trop et c’est ce qui a provoqué le réveil du peuple. 

    Pourriez-vous nous faire un court historique de la Manif pour tous dont est issu le Printemps français ?

    L’aventure a commencé très précisément le 5 septembre 2012, lorsque nous avons, à un très petit nombre, décidé de faire une réunion fondatrice d’opposition au futur projet de loi « Mariage pour tous ». Une quarantaine de « têtes de réseaux » ont pris part à cette réunion qualifiée « d’historique », tant les participants venaient d’horizons variés. Cela a permis d’identifier les forces en présence et même pour certains de se reparler, ce qu’ils n’avaient pas fait depuis des années. Cette réunion a été le détonateur de cet immense mouvement qui s’est levé depuis. Nous hésitions à cette période sur la stratégie à tenir. Assez vite, nous avons eu les remontées du terrain et nous avons senti qu’une grande manifestation s’imposait. Cela a commencé par des manifestations régionales le 17 novembre (ce sont les Lyonnais qui en ont été les initiateurs), puis le 13 janvier a eu lieu cette immense manifestation parisienne dont le nombre a été complètement sous estimé par la Préfecture, ce qui a contribué à la mobilisation encore plus forte des Français.

    Toutes choses étant égales par ailleurs, il semble que nous assistions en 2013 à la levée en masse d’une France du refus comme les pays de l’Est ont produit à la fin des années 1980 des peuples du refus. Comme si avec le mariage gay, les Français avaient décidé de se lever contre cette dernière provocation d’une idéologie totalitaire issue de Mai-68...

    Je suis tout à fait d’accord.

    En fait, cette loi, mortifère pour notre civilisation a été comme une énorme claque qui a fait sortir le peuple de sa léthargie.

    L’idéologie totalitaire issue de Mai 68 a fait des ravages colossaux, dans tous les domaines. Le libéralisme libertaire a anéanti la France. Mais, dans un instinct de survie, les Français sortent, comme un peu hébétés, d’une hibernation qui a duré plus de 40 ans.

    A la différence cependant de certains autres mouvements de contestation, je pense que nous sommes plus « pour » que « contre ». C’est vrai, nous refusons cette société fondée sur une idéologie soixante huitarde de l’individualisme et de l’hédonisme comme valeurs absolues. Mais nous travaillons déjà à la reconstruction d’une nouvelle société fondée sur le respect de l’intérêt général associé au respect des personnes. C’est ce que l’on appelle le Bien commun.

    Le gouvernement sous estime complètement ce qui est en train de se passer. Il a tort et son réveil sera douloureux.

    Pourriez-vous nous présenter le Printemps français que le pouvoir et les media aux ordres ont cherché à criminaliser ? Vous avez dit que c’était avant tout un état d’esprit et qu’on ne pouvait dissoudre un état d’esprit. [...]

    Propos recueillis par François Marcilhac - La suite dans L’AF 2868

    http://www.actionfrancaise.net