tradition - Page 286
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Pour une offensive royaliste
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La Manif pour tous Italia ne lâche rien
Depuis le 22 juillet, le Parlement italien débat d'une mesure contre les discriminations envers les LGBT. Il s'agit de modifier une loi italienne en matière de lutte contre les discriminations, la loi Mancino. Cette loi adoptée en 1993 condamne les actes de discriminations, les violences et les incitations à la haine fondées sur la religion, de l'origine ou de la couleur de peau. Aujourd'hui, elle pourrait donc être modifiée afin que l'homophobie et la transphobie y soient incluses et traitées.
Les défenseurs de la famille ne lâchent rien:
Malgré les vacances quelque 400 personnes (selon la presse) brandissant des drapeaux de la « Manif pour tous Italia » qui revendique des liens étroits avec la Manif pour tous française ont manifesté à proximité de l’Assemblée italienne lundi soir à Rome pour dénoncer le flou du texte qui en fait, selon Il Tempo, une « loi bâillon » qui aurait pour effet d’empêcher toute critique raisonnée du « mariage » des homosexuels et de l’adoption par des couples homosexuelles. Six mois à 4 ans de prison : voilà le tarif qui pourrait s’appliquer à ceux qui continueraient de définir le mariage comme l’union entre un homme et une femme et à revendiquer le droit pour l’enfant d’avoir un père et une mère.
En France, la loi "anti-homophobie", première étape vers la légalisation du mariage homosexuel, date de 2004, sous l'ère Chirac/Raffarin.
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Mais qui fait le Printemps Français ?
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J-2 avant le lancement de la Marche des Veilleurs !
Tout ce que vous voulez savoir sur la Marche des Veilleurs :
J-4 avant le lancement de la Marche des Veilleurs ! Nous vous attendons nombreux samedi à 21h à Rochefort, place Colbert !
« La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera. » Emile ZolaToutes les informations
Informations pratiques pour s'organiser
Pour être tenu au courant de la Marche, inscrivez-vous à la newsletterLes rendez-vous d'une journée de la Marche des Veilleurs :- 9h : départ de la Marche sur le lieu de la veillée de la veille
- 17h : arrivée de la Marche sur le lieu de la veillée du soir même
- 21h : Veillée
- Rochefort - Samedi 10 août 2013 - place Colbert
- Châtelaillon – Dimanche 11 août 2013 - plage des Bouchôleurs
- L’Ile de Ré – Lundi 12 août 2013 - plage de la Flotte
- Charron - Mardi 13 août 2013
- Luçon – Mercredi 14 août 2013
- La Faute sur Mer – Jeudi 15 août 2013
- La Tranche sur Mer – Vendredi 16 août 2013
- Jard sur Mer – Samedi 17 août 2013
- Sables d’Olonne – Dimanche 18 août 2013
- Bretignolles sur Mer – Lundi 19 août 2013
- Saint-Gilles Croix de Vie – Mardi 20 août 2013
- Challans – Mercredi 21 août 2013
- Bourgneuf en Retz – Jeudi 22 août 2013
- Pornic – Vendredi 23 août 2013
- Saint-Michel Chef-Chef – Samedi 24 août 2013
- Saint-Nazaire – Dimanche 25 août 2013
- Paimbœuf – Lundi 26 août 2013
- Couëron – Mardi 27 août 2013
- Nantes – Mercredi 28 août 2013
- Sartrouville – Jeudi 29 août 2013
- Bondy – Vendredi 30 août 2013
- Paris – Samedi 31 août 2013 - 17h30 la Défense - 21h30 Concorde
Lien permanent Catégories : actualité, anti-national, lobby, magouille et compagnie, tradition 0 commentaire -
"C'est la dictature ici!" Des paroles qui onf fait fuir François Hollande :
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Identité française : relire Renan !
Quand on parle d’identité française, « Qu’est ce qu’une nation » d’Ernest Renan reste un texte incontournable. Le seul problème c’est que cette très belle conférence du 11 mars 1882 est davantage commentée que réellement lue et comprise.
Retour au texte : http://www.bmlisieux.com/archives/nation01.htm
Le socle objectif d’une nation : race, langue, religion, intérêts, géographie
Les commentateurs rapides retiennent souvent du texte de Renan une et une seule chose : « la nation est un plébiscite de tous les jours » ; ils en tirent la conclusion que Renan a défendu une conception exclusivement subjectiviste de la nation. Ce qui est parfaitement inexact. La partie la plus longue du texte – le chapitre II – est consacrée à une longue discussion sur les bases objectives de la nation. Renan s’écarte effectivement d’une conception purement déterministe de la nation tout en reconnaissant l’importance de données objectives.
Certes, pour Renan la nation n’est pas la race (au sens de peuple : celte, germain ou romain) et « Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas » (…) « La religion ne saurait non plus offrir une base suffisante à l’établissement d’une nationalité moderne ». Mais « La communauté des intérêts est assurément un lien puissant entre les hommes ». (…) et « La géographie, ce qu’on appelle les frontières naturelles, a certainement une part considérable dans la division des nations. »
Il faut bien comprendre ce que Renan dit ici : refus du déterminisme mais prise en compte de la réalité. La dernière phrase du chapitre II est déterminante pour comprendre : « Nous venons de voir ce qui ne suffit pas à créer un tel principe spirituel : la race, la langue, les intérêts, l’affinité religieuse, la géographie, les nécessités militaires. Que faut-il donc en plus ? »
Deux phrases sont ici essentielles : « ce qui ne suffit pas » et « Que faut-il donc en plus ? ». En clair la race, la langue, la religion, les intérêts, le territoire ne sont pas des conditions suffisantes à l’existence d’une nation mais ce sont des conditions, sinon nécessaires, du moins préalables.
Le socle subjectif d’une nation : « Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes »
La suite montre d’ailleurs l’idée très exigeante que Renan se fait de la nation et l’importance qu’il attache à l’héritage moral et historique, à l’inscription dans le temps long : « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts. On aime la maison qu’on a bâtie et qu’on transmet. Le chant spartiate : « Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes » est dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie. »
Pour Renan, il n’y a pas pour une nation de présent commun possible, sans passé commun revendiqué ou assumé. Le socle subjectif d’une nation renvoi à un socle objectif : l’héritage.
Jean-Yves Ménébrez,30/11/2009
Polémia -
Les Veilleurs Debout se placent sous le signe de Camus
Tout a commencé le 24 juin. Jean-Baptiste apprend que Nicolas Bernard-Buss est condamné à une peine scandaleuse au regard de ses actions. Inspiré par l'exemple de la place Taksim, il décide d'aller protester, seul, devant le ministère de la Justice. Un ami le prend en photo et publie la photo sur Twitter. Les réseaux sociaux s'en emparent. Quelques heures plus tard, quatre amis en train de diner la voit circuler : « On a vu ça, on a vu qu'il se tenait debout, on n'a pas hésité une seconde, on s'est dit "c'est génial, on y va !" et on a sauté dans un taxi. » Ils débarquent place Vendôme où Jean-Baptiste a été remplacé par trois compagnons.
Les sept jeunes gens s'alignent, et un policier leur demande de se disperser : l'un d'entre eux s'éloigne de quelques mètres, s'immobilise et invite les autres à en faire autant. Le policier remonte dans son fourgon, demandent des ordres... Les sept passeront la nuit séparés ensemble, à « veiller debout », les policiers les regardant, coincés dans leur véhicule. « Le matin, les autres sont arrivés, ça avait fait le tour sur Facebook, et ils ont pris la relève. » Les Veilleurs Debout sont nés.
Minimal et efficace
Immédiatement, cette nouvelle manière de manifester remporte un succès inattendu : c'est qu'elle vient combler un manque. Après des mois le manifestations géantes, de mouvements de foule, de bataille des nombres, les Veilleurs Debout proposent un mode d'action efficace, visible, simple, immédiat, autonome. Tout le monde peut veiller, seul ou en famille, en allant à la fac ou pendant la pause déjeuner, un quart l'heure ou une nuit entière. Il suffit désormais que quelqu'un soit là, tout le temps.
Chacun s'empare de l'idée, avec cette spontanéité et cette liberté qui fait la saveur de la lutte anti-mariage gay ; il n'y a d'ailleurs pas d’organisateurs des Veilleurs Debout, juste une page Facebook où sont répertoriées les veilles, les incidents avec la police, les abus de pouvoir... « C'est une démarche individuelle, on se contente de relayer, de dire comment ça se passe. »
La station debout est une expérience particulière : le Veilleur Debout est actif. Là où les « Veilleurs assis » dispensent un enseignement, chantent, installent des haut-parleurs, le Veilleur Debout ne fait rien d'autre que se tenir debout, sans rien attendre, sans rien recevoir. Est-ce vraiment une action? « Oui, et franchement ennuyeuse ! On n'en peut plus assez rapidement, on a envie de bouger : on se force, ce n'est pas vraiment passif même si ce n'est pas spectaculaire. Cela dit, une rangée de gens immobiles, c'est très impressionnant, ça marque les esprits. »
L'homme révolté
Les Veilleurs Debout se placent sous le signe de Camus, en citant L'Homme révolté : « Plutôt mourir debout que de vivre à genoux. » Car il s'agit bien d'une révolte, au sens camusien : « Qu'est-ce qu'un homme révolté ? Un homme qui dit non. [...] Quel est le contenu de ce "non " ? Il signifie, par exemple, "les choses ont trop duré", "jusque-là oui, au-delà non", "vous allez trop loin ", et encore, "il y a une limite que vous ne dépasserez pas". En somme, ce non affirme l'existence d'une frontière. » Ce qui compte, désormais, c'est se tenir debout face aux lieux de pouvoir (ministères, mairies, palais de justice, Assemblée...), qui symbolisent tous ceux qui n'écoutent pas, qui méprisent, qui répriment. Dans un manifeste intitulé L'esprit du Veilleur Debout, les animateurs précisent : « Le Veilleur Debout est un résistant silencieux qui se dresse contre l'injustice et le mensonge des gouvernements. » Les gouvernements, car comme le précise l'un d'entre eux : « ceux d'avant n'ont pas forcément fait mieux et ceux d'après, on a peur qu'ils ne fassent pas mieux... »
Si la protestation est née autour de Nicolas Bernard-Buss, elle se poursuit légitimement : « À partir du moment où on a décidé de dire non au mensonge, on ne peut pas se résigner, il n'y a pas de compromis possible. On veut une société juste, on va se battre pour y arriver, peut-être toute notre vie, mais "on ne lâchera rien ". » Un combat au nom d'une civilisation qui paraît s'effacer sans que rien ne la remplace, sinon l'arbitraire de l’État - un État d'ailleurs attentif à réprimer un mouvement qui irrite, quitte à être plus répressif que l’État turc, et encore une fois à agir dans la plus complète illégalité. Le 19 juillet, les Veilleurs Debout ont d'ailleurs publié un communiqué sans équivoque : « [...] Ne nous habituons pas à l'illégalité des actions des forces de l'ordre ! Soyons vigilants, ne nous laissons pas berner par la fausse amitié de certains policiers ! Tant qu'ils exécutent ces ordres, ils collaborent avec le pouvoir que nous combattons, ils n'ont pas compris l'importance de notre combat, ils ne sont pas nos amis ! »
Quousque tandem abutere patienta nostra ?
Chacun veille donc où il veut et pourquoi pas, un jour, devant les usines qui licencient ou les laboratoires qui utilisent des embryons, là où le pouvoir économique opprime aussi sûrement que le pouvoir politique. Mais les Veilleurs Debout, qui font plutôt partie de la population active, ne sentent pas, chez ceux qui veillent, y compris les démunis et les chômeurs, la nécessité d'affirmer le primat de l'économique. Chez ceux qui se lèvent, c'est l'absence terrifiante de sens qui prévaut, la claire conscience que nous n'allons nulle part et que l'homme ne peut qu'être dégradé par les révolutions successives touchant la filiation, la conception, le genre, la mort...
« La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent », disait Camus. Les Veilleurs dans leur manifeste ne disent pas autre chose : « [le Veilleur Debout] refuse de léguer aux générations futures un monde relativiste et individualiste, où le bien et le mal, le vrai et le faux, ne suscitent que l'indifférence générale. » C'est aujourd'hui qu'il faut se lever et veiller - c'est aujourd'hui, chaque jour, que ce gouvernement franchit les limites.Hubert Champrun Monde & vie
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Madiran, un pourfendeur de la société technicienne et un prophétisme pragmatique hérité de Charles Maurras
L'hommage de Joël Prieur lu dans Minute :
"C'est cette radicalité de Jean Madiran (ce qui fait son génie propre) que je voudrais – en un ultime hommage à sa personne – tenter de définir ici : comment la fréquentation de son oeuvre peut-elle nous enraciner dans une vérité aperçue sur notre temps ?
La force de Jean Madiran tient d’abord au fait qu’il fut un maître d’attitudes, se tenant obstinément entre deux exigences de l’esprit : ni compromis ni compromission d’une part, et d’autre part jamais d’idéologie.
Il faut suivre les principes que l’on a mis au jour, mais pas anticiper sur leur application, en la rendant systématique et universelle ; ne pas avoir peur de la pensée et de ce qu’elle peut livrer comme jugement définitif, et en même temps garder la certitude que le réel est plus grand que toutes nos analyses et qu’il les corrige à chaque instant ; saisir l’idée lorsqu’elle se présente dans son évidence native, mais ne pas chercher à trop vérifier la théorie en la mettant partout.Un pourfendeur de la société technicienne
Jean Madiran a fait ses classes de maître penseur pendant et surtout après la Deuxième Guerre mondiale, période qui fut particulièrement difficile – entre autres pour la pensée, il faut le dire, y compris la sienne.
Dans un livre qu’il publia en 1947, sous le nom de Jean-Louis Lagor, Le Temps de l’imposture et du refus, il se présente déjà tel qu’en lui-même. Il ne s’agissait pas seulement pour lui de « dénoncer » l’imposture politique de la Libération, cette épuration véritablement révolutionnaire, mais de la « refuser ». De toutes ses fibres. En ne prenant aucune part à la chasse aux sorcières et aux lynchages collectifs qui fleurissaient en ce temps-là, quitte à paraître défendre certains collaborateurs.
Il me semble à cet égard que sa manière, à cette époque, de défendre Robert Brasillach (auquel il consacrera un ouvrage important) contre Maurras lui-même, participe de ce noble souci : devant le spectacle de la haine qui s’étalait partout chez les Gaulois à l’époque, ne pas céder un pouce de terrain à l’emballement collectif ; être capable de refuser toute compromission, même seulement apparente, avec « l’imposture », sans pour au tant partager l’idéologie collaborationniste – sa ferveur nationale et maurrassienne le tenait éloigné de telles extrémités.
Ce qui lui permet de tenir cette ligne de crête imprenable – sur laquelle ils devaient se compter et se trouver bien peu nombreux à l’époque –, c’est la gravité de la situation, qui ne tolère aucune lâcheté. Je cite son introduction au Temps de l’imposture, oeuvre de jeunesse. Notre auteur a 27 ans : « Notre gouvernement ose associer la France à la hideur de ce qui se fait dans le monde, il l’associe à l’oppression d’une partie de l’Europe par une domination de fer et de sang, mécanique exactement montée et fonctionnant exactement, qui supprime le Ciel et courbe les hommes sur leurs machines, sur leurs outils et sur leur misère comme jamais esclaves n’ont été courbés, leur enlevant tout espoir et toute indépendance, les anéantissant dans la masse et dans la matière – ignoble mécanique qui se gonfle comme une tumeur, progresse et se propage comme une suppuration mécanique infernale. »Dans son dernier livre, Dialogues du Pavillon bleu (2011), le diagnostic s’est affiné mais la pensée est la même et le même Jean Madiran, ayant dépassé les 90 ans, conclut ces Dialogues par ces mots : « Nous vivons quelque chose de beaucoup plus profond qu’une crise politique, intellectuelle ou morale ; de plus profond qu’une crise de civilisation. Nous vivons ce que Péguy voyait naître et qu’il nommait une “décréation“. Dans l’évolution actuelle du monde, on aperçoit la domination à de mi-souterraine d’une haine atroce et générale, une haine de la nation, une haine de la famille, une haine du mariage, une haine de l’homme racheté, une haine de la nature créée… »
Un prophétisme pragmatique hérité de Charles Maurras
http://www.lesalonbeige.blogs.com/
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Et si nous lisions les classiques cet été ?
Au début du siècle dernier, l’université américaine a été touchée par le mouvement des Grands Livres. De quoi s’agissait-il ? Dans une perspective interdisciplinaire, ce programme invitait les étudiants à lire les grands textes de la tradition occidentale afin d’acquérir une base culturelle indispensable mais aussi de puiser dans l’expérience morale des siècles passés. Pour le professeur Mortimer Adler de l’université Colombia, un grand livre se caractérisait par le fait qu’il offrait des éléments de réflexion par rapport aux problèmes contemporains, que sa lecture pouvait être sans cesse reprise sans que l’intérêt s’épuise et, enfin, qu’il reflétait les grandes questions qui avaient toujours agité l’humanité. Une liste (forcément discutable) avait été mise au point, proposant aussi bien Platon, Aristote, Homère ou Virgile (photo) que Shakespeare, Voltaire, Corneille ou Chaucer. On y trouvait aussi des œuvres de saint Augustin, de saint Thomas d’Aquin ou de Martin Luther. Dans un essai paru aux États-Unis, puis traduit en français, Jacques Maritain avait salué l’effort du mouvement des Grands Livres dans lequel il voyait « le moyen d’éducation primordial ».
Dans les années soixante-dix, le professeur John Senior, ancien élève de Columbia, alors enseignant à l'université de Kansas, a dressé le constat de l’échec de cet effort. Non, parce que l’idée était mauvaise en soi, mais parce que proposée aux étudiants, elle arrivait trop tard. L’imagination encombrée, l’intelligence déviée dès le plus jeune âge, les étudiants n’arrivaient pas à en tirer un réel profit. D’une certaine manière, la situation est pire aujourd’hui et explique aussi bien les erreurs anthropologiques de nos contemporains que leur capacité à se laisser mouvoir par la propagande.
C’est pourquoi, sans lui donner l’ampleur de l’époque de Colombia, ne serait-il pas malgré tout utile de reprendre chacun pour soi-même quelques idées de ce mouvement ? Entre le dernier Marc Lévy et un dialogue de Platon ou un texte de Virgile, choisissons l'un de ces derniers cet été. Il faudra faire un effort au début mais la récompense sera au rendez-vous. Entre le dernier livre de spiritualité à la mode et nos grands auteurs spirituels, saint François de Sales ou sainte Catherine de Sienne par exemple, n’hésitons pas non plus. Nous y gagnerons personnellement et nous favoriserons autour de nous le terrain de la reconquête spirituelle et culturelle.
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Chronique de livre: Dominique Venner, Un samouraï d’Occident, Le Bréviaire d’un insoumis
Dominique Venner, Un samouraï d’Occident, Le Bréviaire d’un insoumis, Edition Pierre-Guillaume de Roux, 2013

Dominique Venner fut un personnage d’exception qui œuvra toute sa vie au réveil des Européens. Il fut pour moi un maître dont les idées prolongeaient brillamment certaines de mes intuitions. Son décès fut un choc terrible. J’ai donc acquis cet ouvrage en prenant bien en compte la dimension et l’importance qu’il pouvait avoir. Plonger dans un tel livre, quelques semaines après la mort rituelle de son auteur, est une sorte de parcours initiatique. Rares sont les livres qui ont un tel poids que celui-ci. Les mots choisis par le maître prennent tout leur sens et leur portée doit être bien mesurée.
Ainsi je me refuse dans cette chronique de détailler les idées principales de l’ouvrage comme je le fais habituellement, je me contenterai de quelques remarques sur le contenu de l’ouvrage. Je considère que ce livre doit être lu pour au moins trois raisons.
Pour ceux qui ont découvert Dominique Venner le 21 mai 2013, il sera un excellent moyen d’entrer en contact avec le parcours et la pensée de l’auteur. Pour ceux qui connaissent l’auteur, il me semble que consacrer quelques heures de sa vie à lire un livre est la moindre des choses quand celui qui l’a écrit a consacré une vie complète à son combat et s’est donné la mort pour ses idées. Pour ceux qui cherchent une boîte à outil militante, Dominique Venner donne quelques pistes.
Dominique Venner apporte son regard historique et philosophique, celui d’un Européen terriblement meurtri par la déliquescence de son continent et de son peuple mais un regard plein d‘espoir. Le regard porté est sans compromis comme le fut la vie de l’auteur qui refusa les mondanités et les compromissions. L’Eglise catholique est souvent égratignée, tout comme la morale chrétienne et Augustin d’Hippone, l'auteur de La Cité de Dieu. L’auteur ne fait aucun mystère sur son « paganisme »* et puise ses racines dans deux traditions de l’Antiquité, les mythes de l’Iliade et l’Odyssée et le stoïcisme de Marc-Auréle ou Caton d’Utique. Le premier combat que nous devons mener est d’abord un combat contre nous-même, ou plutôt, un combat sur nous-même. C’est surement l'un des enseignements les plus importants de l’ouvrage et j’y reviendrai dans un article.
Pour certains, il réservera quelques « surprises ». Je songe par exemples aux quelques considérations sur le néo-capitalisme. Le jour de son décès, Dominique Venner avait publié un ultime article qui faisait la part belle à l’islamisation, ce qui a été souvent mal compris. Le bréviaire lève le voile, si je puis dire, sur cette question. Dominique Venner ne vise pas l’islam pour l’islam, mais l’islam comme la manifestation la plus visible de l’immigration de masse qui atteint l’Europe. Phénomène très explicitement relié dans l’ouvrage au capitalisme. Il n’est donc pas à classer dans la case des « islamophobes » pathétiques et pathologiques qui pullulent à l’extrême-droite. Il était un homme clairvoyant préoccupé tout autant par l’américanisation que par l’immigration de masse et son corollaire islamique.
L’autre grande force de l’ouvrage consiste au dialogue établit avec le monde extrême-oriental et particulièrement le Japon. Dialogue qui donne tout son sens au titre de l’ouvrage. Le Japon féodal et la culture japonaise y sont analysés. Je ne perçois pas dans ce dialogue la volonté d’imposer le Japon comme un modèle pour les Européens. Les Européens ont leur propre histoire, leur propre philosophie, mais il permet de comprendre le fonctionnement d’une autre civilisation et d’en saisir à la fois les points communs avec la nôtre (essentiellement fondée sur l’héritage grec ancien) mais aussi les différences, comme le rôle moindre joué par la Raison.
Les lecteurs de la Nouvelle Revue d’Histoire et de Dominique Venner retrouveront beaucoup de réflexions dont ils sont déjà familiers. Ce Bréviaire est une lecture indispensable pour réfléchir sur le monde, sur nous-même et pour envisager le combat sur le long terme. Il est remarquablement bien écrit et certaines phrases fusent comme des balles. Le livre est ponctué de quelques conseils pratiques. Je ne trahirais aucun secret en rappelant que Dominique Venner n’a jamais caché qu’il trouvait un certain nombre de limites au militantisme dans des structures politiques et qu’il faut peut-être, pour certains, envisager d’agir autrement. C’est surement à la fois l’enjeu de sa mort et de son livre, quel est le message que nous devons recevoir, intérioriser et transmettre ? Le livre donne quelques éléments de réponse.
* plutôt que paganisme, nous pourrions dire que Dominique Venner est fidèle à la tradition originelle de l’Europe.