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tradition - Page 347

  • "La nouvelle élite catholique sera plus radicale, moins effacée : les gens ne peuvent plus être des schizophrènes"

    Une pause-lecture captivante pour mieux repartir vers un week-end qui promet d'être agité : 

    "Le début de cet entretien est paru dans Monde et Vie, dont le dernier numéro comporte un magnifique dossier sur le printemps chrétien que notre France est en train de vivre. Faute de place, la revue n'a pas pu publier intégralement le témoignage de Guillaume et de Carl. Mon amie Claire Thomas me l'a proposé. Le voici donc sur metablog. Ni Guillaume ni Carl ne sont des activistes. Ils voient les choses du point de vue de l'Eglise et de ce que ce printemps change dans l'Eglise de France

    Le Mouvement initié par la Manifestation pour tous et qui la déborde largement est difficile à décrypter. Pas de leaders affirmés, sinon des gens que l’on désigne par leurs prénoms. Pas de mots d’ordre officiels, des consignes qui passent par les réseaux sociaux. Cela veut-ils dire que ces manifestants sont des manifestants de hasard, des militants de rencontre ? Nous avons souhaité donner la parole à deux jeunes qui participent aux manifestations. Ils ne se connaissaient pas avant que nous n’organisions cette rencontre. Ils ne se sont pas entendus pour délivrer un discours semblable.

    Leur point de vue et leur formation sont assez différents mais leur enthousiasme est tout à fait convergent. Ils indiquent, sans s’être concertés, que naît dans la rue, en ce moment, un véritable printemps du christianisme en France.

    CT : Guillaume, Carl, j’aurais d’abord envie de vous demander qui vous êtes… D’où parlez-vous ? 
    GL : Nous sommes tous deux de simples militants de base, ni Printemps français, ni Veilleurs, ni Camping pour tous, ni Hommens, ni « Salopards », ni « Comité d’accueils » pour ministres en déplacements professionnels, mais n’hésitant pas à aider les uns et les autres. Depuis le début de cette affaire de mariage homosexuel, à Paris, nous essayons d’être présents sur tous les fronts dans une opération qui compte déjà quelques réussites… Vous nous demandez : « Qui êtes-vous ». Disons que nous représentons l’un et l’autre, incognito, deux parmi des milliers, un mouvement fondateur qui implique toute une génération de catholiques : les manifestants viennent de partout mais ils se sont regroupés autour de viviers de gens formés : je pense à l’Institut Albert le Grand (Angers) à l’ICES (La Roche sur Yon), à l’IPC (Paris), qui fournissent des cadres à notre révolte.
    Pour la plupart, on pourrait dire que nous relevons de « la jeunesse JMJ ». Au départ, nous sommes des catholiques bisounours, soit de formation diocésaine classique, soit des groupes chacha (charismatiques NDLR) qui découvrent l’hostilité des médias et du monde.
    Ces jeunes gardent encore une sorte de répulsion pour le milieu tradi, mais ils se sont radicalisés par rapport aux médias et au gouvernement. François Hollande a réussi à transformer des bisounours en militants politiques engagés… contre lui. C’est un véritable tour de force ! "(suite).
  • La Hongrie de Viktor Orban, ou le choix du patriotisme Magyar (2/3)

    II. La Grande Hongrie, entre fantasmes et réalités

    Le spectre de Trianon

    Fort de sa majorité des deux tiers, Viktor Orban a désormais les mains libres pour faire adopter ses réformes. L’une de ses premières mesures sera d’octroyer le droit à la nationalité et à un passeport hongrois à la diaspora magyare, décision qui devait provoquer un véritable tollé en Slovaquie et les plus vives critiques européennes. De fait, cette manœuvre aurait pour but d’attirer vers la Fidesz les voix d’environ 500.000 Magyars de l’étranger. Dès janvier 2011, Budapest introduisait une procédure simplifiée pour l’obtention d’un passeport hongrois, une procédure selon laquelle il n’est plus nécessaire aux citoyens magyars de résider sur le territoire de la Hongrie pour obtenir ce passeport. Or, 370.000 demandes de citoyenneté ont ainsi été déposées par les Hongrois des pays voisins et plus de 320.000 candidats ont d’ores et déjà prêté serment de citoyenneté hongroise. Quelques rappels historiques et géopolitiques s’imposent ici. A l’issue de la première guerre mondiale, l’Empire austro-hongrois, allié des autres empires dits « centraux », prussien et ottoman, se voit complètement démembré.par le traité de Saint-Germain-en-Laye (1919).

    Or, l’Empire austro-hongrois était composé de deux parties (si l’on excepte le cas particulier de la Bosnie-Herzégovine), soit la Cisleithanie dominée par les Autrichiens, et la Transleithanie dominée par les Hongrois et correspondant aux frontières historiques du royaume multiséculaire de Hongrie. A l’exemple de l’empire austro-hongrois, le vieux royaume de Hongrie allait à son tour se voir totalement dépecé par le traité de Trianon (1920), que la plupart des Hongrois considèrent encore aujourd’hui comme un traité inique. Ainsi, chaque fois que l’on souhaite accréditer la thèse d’une dérive nationaliste et revanchiste magyare, accuse-t-on la Hongrie et les Hongrois de vouloir remettre en cause Trianon au risque de provoquer un conflit régional de grande ampleur.

    Les minorités magyares de l’étranger

    La Transleithanie, soit le vieux royaume de Hongrie, incluait, outre le territoire de la Hongrie actuelle, une partie du territoire de la Croatie (Zagreb et Slavonie), la Voïvodine (qui est aujourd’hui une région autonome en Serbie), la Slovaquie, la Transylvanie (qui représente la moitié du territoire roumain actuel et s’étend jusqu’aux Carpates), la Ruthénie subcarpatique (actuelle Ukraine extrême-occidentale), un petit territoire slovène (district de la Mur) et quelques régions limitrophes de l’actuelle république d’Autriche. Dans toutes ces régions vivaient ou vivent encore des populations magyares plus ou moins importantes, selon les cas. Dans ce contexte on peut distinguer deux situations particulières. : celle des Magyars de Transylvanie et celle des Magyars « frontaliers ». Les populations magyares de Transylvanie roumaine sont principalement concentrées dans une région qui s’étend entre Cluj, Sibiu et la chaîne carpatique soit dans le centre de l’actuelle Roumanie, et relativement loin, donc, des frontières de la Hongrie (les Magyars de Roumanie sont entre 1,5 et 2 millions). Cette absence de continuité territoriale rend invraisemblable toute idée de rattachement de ces populations magyares à la Hongrie. Deuxièmement, celle des populations frontalières, soit les populations magyares de Roumanie qui longent la frontière hongroise sur une ligne Arad-Oradea-frontière hungaro-ukrainienne (plus d’autres populations magyares vivant entre la frontière hongroise et la région de Cluj); les populations magyares de la frontière hungaro-ukrainienne (Ruthénie subcarpatique) ; les populations magyares de Slovaquie (600.000) qui longent la frontière hungaro-slovaque et se concentrent principalement sur le versant nord du Danube, au sud-est de la capitale slovaque Bratislava ; et enfin, les populations magyares de la région autonome serbe de Voïvodine (entre 250 et 300.000). On constate donc qu’environ 3 millions de Hongrois vivent hors des frontières de la Hongrie (pays d’environ 10 millions d’habitants).

    Les conflits potentiels : Voïvodine, Slovaquie, Transylvanie et Subcarpatie

    1°) Les Hongrois de Voïvodine (Serbie)

    Les Magyars de Voïvodine sont entre 250.000 et 300.000. S’ils ne constituent que 14 % environ de la population de cette région autonome serbe, ils sont principalement concentrés dans la partie nord de cette région nommée Bachka et le nord du Banat serbe, régions limitrophes de la Hongrie. Les Magyars y sont majoritaires dans sept communes et très présents dans deux autres. En 1999, durant les frappes atlantiques sur la Serbie, Budapest (membre de l’OTAN depuis une dizaine de jours !) avait clairement exprimé son intention de venir en aide aux populations magyares de Voïvodine en cas d’agression contre elles. Mais Budapest, désormais membre de l’Alliance, avait aussi prudemment décidé de ne pas se joindre à l’intervention atlantique contre la Serbie. Les tensions entre Hongrois et Serbes n’y ont pas moins persisté jusqu’à récemment. Ainsi, signalait-on en 2009 des persécutions diverses contre les militants hongrois, émanant de la police serbe, de même que des agressions violentes de jeunes hongrois par des bandes de Serbes pour le simple fait qu’ils appartiennent à la minorité magyare de Voïvodine. Lorsqu’on traverse la Voïvodine, on peut voir de nombreux panneaux tagués : là on a fait disparaître la mention d’une localité écrite en serbe, ici une autre, écrite en hongrois, etc. La tension reste perceptible et explique vraisemblablement la diminution de la population magyare durant les vingt dernières années, vraisemblablement de 385.000 à 300.000 environ. A la fin de l’année 2009, la Voïvodine se voyait octroyer une autonomie un plus large, bien que celle-ci n’enthousiasme que peu la minorité magyare représentée par la VMSz (Alliance Magyare de Voïvodine), qui n’y voit globalement qu’une autonomie de façade. Mais onze ans plus tard, le 22 mars 2010, les ministres de la Défense de Hongrie et de Serbie s’engageaient sur la voie d’une coopération militaire. Signe des temps ? Cet accord de coopération fut signé par le gouvernement socialiste hongrois, environ un mois avant son éviction… Depuis l’installation du gouvernement Orban II, par contre, et conformément à la nouvelle règlementation hongroise, des passeports ont commencé à être délivrés à la minorité magyare de Voïvodine, soit sans doute près de 80.000 passeports, rien que pour l’année 2011. Une mesure que certains observateurs considèrent comme pouvant représenter une menace pour les relations hungaro-serbes. C’est sans compter le fait que Budapest peut ainsi monnayer son appui à l’adhésion de la Serbie à l’Union européenne. Un jeu peut-être dangereux sur le long terme ?

    2°) Les Hongrois de Slovaquie

    Les Magyars de Slovaquie sont, eux, au nombre de 600.000, soit le double des Magyars de Voïvodine. Ces populations longent la frontière méridionale de la Slovaquie et se concentrent tout particulièrement dans une région située au nord du Danube, en territoire slovaque donc, entre Bratislava (Slovaquie) et Eztergom (Hongrie). Cette région très majoritairement peuplée de Hongrois a été rattachée, en 1920, à la Tchécoslovaquie parce que l’on a voulu fixer de manière arbitraire la frontière hungaro-slovaque sur le Danube. Cette situation constitue une source permanente de tensions entre Bratislava et Budapest. On peut par exemple imaginer comment fut perçue à Budapest et dans la minorité magyare de Slovaquie, l’entrée, en 2006, du SNS (Parti national slovaque, nationaliste) dans le gouvernement de gauche de Robert Fico (Smer), d’autant que ledit SNS prôna de répandre dans tous les lieux publics, des écoles au Parlement, tous les symboles de la nation slovaque, et de faire du slovaque la langue officielle, y compris dans l’administration et les panneaux de signalisation à l’entrée des communes méridionales à majorité hongroise. D’autre part, la loi votée par le gouvernement hongrois de Viktor Orban permettant l’accès à la nationalité hongroise pour les Hongrois de l’étranger, et notamment de Slovaquie, n’a pas manqué de susciter l’ire de Bratislava, qui par mesure de rétorsion a proclamé que tout Hongrois de Slovaquie qui se verrait octroyer la nationalité hongroise serait automatiquement déchu de sa nationalité slovaque. Les tensions entre Budapest et Bratislava se seraient apaisées sur cette question, d’autant que l’Union européenne s’est révélée incapable d’intervenir concrètement dans cette affaire et que la Roumanie et la Serbie, qui accordent respectivement aux Roumains de Moldavie et aux Serbes de Bosnie-Herzégovine, le même accès à leurs citoyennetés respectives, que la Hongrie l’accorde aux siennes, se trouvent bien isolés. Ainsi l’exemple de Komarom (Komarno, en slovaque), une ville peuplée à 60 % de Hongrois, est-il particulièrement révélateur de ce conflit latent entre les Magyars, qui soulignent l’injustice du tracé frontalier hérité de Trianon, et les Slovaques, qui craignent une magyarisation progressive : « Komarno vit dans un climat d’ambiguïté, plus tendu que celui qui existait au début des années 1990, quand pourtant le Premier ministre slovaque Vladimir Meciar et le Hongrois Joszef Antall échangeaient des insultes de part et d’autre du Danube. A l’époque, les habitants de la ville haussaient les épaules et disaient ne rien avoir à faire avec des querelles de politiciens. Aujourd’hui, bien des Slovaques de la ville pensent que les changements, « l’effacement des frontières », voulus par la municipalité, se font à sens unique. Que Komarno se « magyarise ». Que certains jeunes commerçants hongrois ne parlent pas le slovaque. Que, petit à petit, Janos le Magyar aura de moins en moins en commun avec Juraj le Slovaque ». On le voit, l’apaisement, tout relatif, n’est certes pas la paix. La minorité magyare de Slovaquie est représentée par deux partis : le SMK-MKP, le parti historique de la minorité hongroise de Slovaquie (proche de la Fidesz de Viktor Orban), et une scission de ce parti, intervenue en 2009, le Most-Hid (ces deux mots signifient respectivement « pont » en slovaque et en hongrois), qui semble vouloir jouer la carte d’un certain « multiculturalisme local ».

    3°) Les Hongrois de Transylvanie (Roumanie)

    La plus importante communauté magyare de l’extérieur est de loin celle de Transylvanie (Erdély, en hongrois ; Ardeal, en roumain). Comptant environ 2 millions de personnes, elle se répartit en deux communautés : les Magyars et les Sicules (Széklers, en hongrois). Les Sicules constituent aujourd’hui, avec 845.000 personnes, environ la moitié de la population magyare de Transylvanie (il existe également en Moldavie roumaine, une communauté de 60.000 Magyars parlant un hongrois largement mâtiné de roumain, il s’agit des Csangos, dont le parler est proche de celui des Magyars de Transylvanie). Les Sicules occupent le creux de l’arc des Carpates (haute vallée de l’Olt et de la Mur). L’origine des Sicules reste mystérieuse. Selon certains historiens, ils auraient accompagné les Avars, et donc précédé les Hongrois eux-mêmes. Les Avars constituaient à l’origine un peuple cavalier turc qui se sédentarisa dans les plaines de l’actuelle Hongrie. Leur empire fut détruit par Charlemagne en 791. Selon d’autres historiens, il s’agirait de Khazars magyarisés (un autre peuple semi-nomade turc, originaire d’Asie centrale). Le doute subsiste. Doté d’une identité forte, quoique partiellement diluée dans le cadre du conflit qui oppose par intermittence l’ensemble de la minorité magyare de Transylvanie à Bucarest, la question sicule s’est brusquement imposée récemment au-devant des scènes médiatiques hongroise et roumaine. A l’origine du conflit, le retrait par le préfet roumain de la localité d’un drapeau sicule qui se trouvait dans une salle du conseil départemental de la localité de Covasna, suivi d’une riposte de Budapest qui prit la décision de hisser un drapeau sicule sur le Parlement hongrois, un acte qui entre de toute évidence dans la stratégie du gouvernement hongrois visant à s’attirer les voix des Hongrois de l’étranger dont plus de 300.000 auraient d’ores et déjà prêté serment de citoyenneté hongroise, les consulats de Miercurea Ciuc et de Cluj (Roumanie) étant ceux qui ont traité le plus de demandes. Parallèlement, des poussées nationalistes roumaines anti-hongroises explosent aussi de temps à autre, comme lorsque le 15 mars 2012, jour de la fête nationale hongroise, une centaine de militants du parti nationaliste roumain Noua Dreapta (Nouvelle Droite), manifesta à Cluj, l’un de ses multiples défilés anti-hongrois organisés notamment dans les villes sicules. Tensions persistantes, là encore, malgré des tentatives d’apaisement. Les Magyars de Roumanie sont représentés par l’Union démocrate magyare de Roumanie, qui a joué un rôle important sur la scène politique roumaine après la chute du communisme, et le Parti civique magyar, fondé en 2008.

    4°) Les Hongrois de Subcarpatie (Ukraine)

    Bien moins connue est la situation des Hongrois de Subcarpatie (ou Ruthénie/Ukraine subcarpatique). Les Hongrois de cette région, concentrés sur une bande de territoire qui longe la frontière hongroise, représente environ 0,3 % des 51 millions d’Ukrainiens. L’Oblast de Subcarpatie est la région la plus occidentale de l’Ukraine. Les Magyars, au nombre de 200.000, y représentent 1/8e (12,5 %) de sa population. Au cours du 20e siècle, la Subcarpatie a successivement appartenu à l’Autriche-Hongrie (jusqu’à 1918-1920), à la Tchécoslovaquie (jusqu’à 1938-1939), à la Hongrie (jusqu’à 1946), à l’URSS/République socialiste soviétique d’Ukraine (jusqu’à 1991) et, finalement, à l’Ukraine indépendante. La minorité hongroise de cette région est peu connue et fait bien peu parler d’elle. Soumise à une forte répression au lendemain de la seconde guerre mondiale (les Soviétiques déporteront plus 25.000 Magyars, dont plus du tiers ne sont jamais revenus du Goulag). La minorité hongroise n’a jamais été indemnisée ni matériellement, ni moralement de la terreur stalinienne. Malgré cela, l’activité éducative, littéraire et théâtrale en langue hongroise renaquit dès les années 1970. La Subcarpatie ou Ruthénie subcarpatique a toujours été d’une grande diversité ethnique qui se répartirait  aujourd’hui de la manière suivante : 78 % d’Ukrainiens, 12,5 % de Hongrois, 4 % de Russes, plus des populations roumaines et tziganes. Les Hongrois de Sucarpatie, qui, d’un point de vue confessionnel se répartissent entre 100.000 réformés, 70.000 catholiques et 30.000 gréco-catholiques (catholiques de rite byzantin), connaissent une situation socio-économique pire que celle des Ukrainiens : pour la plupart manuels, ils subissent un taux de chômage plus élevé, leurs gains sont inférieurs à la moyenne nationale, etc. Quant aux lois ukrainiennes visant à la protection de ses minorités, notamment magyares, il semble qu’elles ne soient que partiellement appliquées au niveau local, même si des progrès indéniables ont été réalisés en la matière. Les Hongrois de Subcarpatie sont notamment représentés par l’UMDSz, l’Association démocratique des Hongrois d’Ukraine. A noter que la constitution ukrainienne ne permet pas à ses citoyens d’obtenir la double nationalité. Accepter la nationalité hongroise reviendrait donc, pour les Hongrois de Subcarpatie, à se voir déchoir de leur citoyenneté ukrainienne.

    L’amiral Horthy et la Grande Hongrie

    La Hongrie actuelle, et plus précisément celle de Viktor Orban, quand bien même le voudrait-elle, et rien ne vient le démontrer, ne possède ni les moyens politiques ni les moyens militaires d’une politique expansionniste et revanchiste en Europe centrale. Ceci n’empêche toutefois nullement les médias européens d’accuser régulièrement le gouvernement de Viktor Orban, qualifié lui-même parfois d’ « apprenti autocrate », d’être « plus inspiré par la nostalgie d’une Grande Hongrie nationaliste que par les valeurs de l’Union européenne que son pays a rejoint en 2004 ». Et d’évoquer dans la foulée une supposée « révolution nationale » magyare. Ces accusations font moins référence au royaume de Hongrie, qui disparut définitivement sous les coups du traité de Trianon en 1920, qu’à la tentative de reconstitution d’une « Grande Hongrie » par Miklos Horthy durant la seconde guerre mondiale. Miklos Horthy naquit à Kenderes, en Transylvanie hongroise, en 1868. Il était issu d’une noble famille calviniste. Il fera carrière dans la marine impériale austro-hongroise dont il deviendra amiral et le commandant en chef en 1918. Il sera gravement blessé, durant la première guerre mondiale lors de la bataille du détroit d’Otrante. A la fin de la guerre, l’Autriche-Hongrie est effacée de la carte d’Europe et la Hongrie perd les deux tiers de son territoire. Nommé ministre, Miklos Horthy prend la tête des forces armées du gouvernement contre-révolutionnaire de Szeged qui combat la République des Conseils du communiste Béla Kun qui ne tiendra que 133 jours. Au régime communiste et à sa terreur rouge succèdera bientôt une terreur blanche menées par les forces contre-révolutionnaires dirigées par l’aristocratie hongroise. Elle est dirigée contre tout qui est accusé d’avoir collaboré, de près ou de loin, à tort ou à raison, avec le régime communiste, les juifs, francs-maçons et socialistes, notamment. On considère généralement que cette terreur blanche a été largement tolérée, voire encouragée par Horthy lui-même, qui ne se distança de son armée qu’en 1920, année de son élection comme régent de Hongrie. Celle-ci est désormais dirigée par une oligarchie établie par la régence et l’aristocratie conservatrice. La régence doit être assurée par Horthy jusqu’au rétablissement de la monarchie hongroise. Toutefois, le Régent s’accroche au pouvoir, soutenu par l’aristocratie, l’Eglise et les grands propriétaires fonciers. Des lois antisémites sont instaurées dès 1920. Le régime de Horthy, on le voit, s’apparente donc plus à un pouvoir oligarchique ultraconservateur qu’à un régime fasciste. Il va toutefois s’appuyer sur l’Italie mussolinienne et l’Allemagne hitlérienne pour récupérer, entre 1938 et 1941 (premier et deuxième arbitrage de Vienne), une partie des territoires hongrois perdus en 1920 : régions magyares de Slovaquie méridionale et de Ruthénie subcarpatique (1939), la Transylvanie septentrionale et tout le pays sicule (1940), la Baranya et la Bachka (1941). Pour prix de ses annexions, Budapest va progressivement se laisser entraîner par Berlin sur la voie de la politique hitlérienne: de nouvelles lois antijuives sont édictées (1938), la Hongrie entre en guerre contre l’URSS (1941). Peu à peu, la Hongrie se voit placée sous la coupe de Berlin. Horthy et le gouvernement de Miklos Kallay rechignent, mais il est trop tard.

    L’occupation nazie et les Croix-Fléchées

    Considérer le régime de Horthy comme un régime « fasciste » relève de la simplification. Il s’agit d’un régime ultraconservateur, nationaliste, certes, mais nullement apparenté idéologiquement à l’hitlérisme, ni même au fascisme italien, même s’il en viendra à collaborer avec eux, voire à s’aligner sur eux. La nuance est d’importance. Mais comme dans beaucoup de cas de ce genre, le régime nationaliste et ultraconservateur s’est aussi vu doubler à sa droite par des partis et des mouvements se réclamant peu ou prou d’une forme ou l’autre de fascisme. La Milice de Darnand, la Phalange espagnole, la Garde de Fer roumaine appartiennent globalement à ce genre d’évolution, ceci dit en simplifiant à outrance, chaque cas étant particulier et ne pouvant être intégralement comparé à l’autre, mais nous étendre sur ce point nous mènerait évidemment trop loin de notre sujet. En Hongrie, existait également un mouvement de ce genre. Il se nommait les Croix-Fléchées (l’emblème des Croix-Fléchées est un ancien symbole des tribus magyares) et était dirigé par Ferenc Szalasi. Ce parti était fortement inspiré par le NSDAP. Fondé une première fois en 1935 (interdit deux ans plus tard pour son extrémisme), il est fondé officiellement et définitivement en 1939. Il avoue clairement ses sympathies nazies, antisémites, pro-germaniques et pan-magyares. La même année, il obtient 17 % des voix ainsi que 29 % des sièges au Parlement hongrois. Lorsque Horthy tente de se dégager de l’emprise nazie dans lequel il s’est fourvoyé, Berlin va s’appuyer sur les Croix Fléchées pour prendre le contrôle total de la Hongrie. En février 1942, Istvan Horthy, le fils de Miklos, avait été élu vice-président pour seconder son père, mais Berlin le considérant comme trop modéré, notamment sur la question juive, le fit probablement éliminer : l’avion d’Istvan s’écrasa peu après son envol, le 20 août 1942. Le 17 mars 1944, Hitler exigea d’Horthy qu’il s’implique plus loin dans l’effort de guerre et qu’il accepte l’annexion de la Hongrie par le Reich, ce que le Régent refusa. Le 19 mars 1944, la Wehrmacht occupe la Hongrie, alors que l’Armée rouge progresse dans la plaine ukrainienne. Entre le 15 mai et le 8 juillet 1944, plus de 430.000 juifs sont déportés à Auschwitz, selon les ordres d’Eichmann. Ce processus sera interrompu par Horthy qui, en août, parvient à se dégager de l’emprise de Berlin et conclut un accord d’armistice avec Moscou, mais il est arrêté par les Allemands le 15 octobre et emprisonné en Bavière. Il sera libéré par les Américains en mai 1945 et finira sa vie en exil au Portugal en 1957, à l’âge de 89 ans. Soutien inconditionnel d’Hitler, le parti des Croix-Fléchées de Ferenc Szalasi se voit alors offrir le pouvoir par Berlin. Il dirige la Hongrie d’octobre 1944 à la fin mars 1945. C’est le temps du « Gouvernement d’unité nationale » d’inspiration nazie durant lesquelles nombre d’atrocités furent commises, notamment contre les juifs de Budapest.

    Éric Timmermans, pour Novopress

    http://fr.novopress.info

  • [Entretien] Albert Salon à L’Action Française : "Libérons les nations francophones."

    UNE VOLONTE FRANÇAISE - Je me souviens et je projette (Glyphe, Paris, 2012), préface de Claude Hagège. : tel est le livre que vous avez écrit.

    L’AF 2862 : S’agit-il d’un livre-projet ? Vous mettez en avant le lien entre le libéralisme apatride et le reniement de la langue française par ses élites…

    Albert Salon : Il s’agit bien d’un projet de redressement de la France, car elle a été plongée dans une sorte d’hébétude paralysante par des décennies de brouillage volontaire de ses repères ancestraux par des forces extérieures et intérieures très diverses mais convergentes. L’ultralibéralisme impérial hégémonique et les divers communautarismes ont convergé en fait dans le brouillage et la fragilisation de la langue française et de la Francophonie.

    Nous avons en 2013 deux exemples aveuglants du brouillage organisé. Le premier, dans l’affaire du « mariage-pour-tous » consiste à donner à « mariage » un sens très différent de celui qu’il a toujours eu en France et ailleurs ; et, dans la même veine : de parler de « couple » là où il s’agit de « paire », « duo », ou « binôme ». Le deuxième se cache dans l’article 2 du projet de loi me Fioraso, où une mesure apparemment anodine aboutit en fait à faire passer à terme nos universités et nos grandes écoles à l’enseignement non plus en français, mais en « globish-pour-tous » y compris pour les étudiants français, signal clair d’abandon du français en France et de largage de la francophonie mondiale.

    Une forfaiture sans nom, ou plutôt : au nom de notre vassalisation à l’empire. Avec l’Académie française que nous avions saisie, et bien d’autres mouvements, dont le vôtre, nous demandons le retrait de ce funeste article 2 du projet Fioraso.

    Pourquoi avoir choisi la forme du dictionnaire ?

    Les "dictionnaires amoureux" et d’autres formes de lexiques sont à la mode. Mais, bien au-delà, j’ai songé que la période actuelle de désarroi, de déclin, de décadence intellectuelle et morale, récurrente dans notre histoire comme dans celle de la Chine, doit à nouveau déboucher sur une "époque" selon Péguy. Il faut pour cela, comme Confucius le conseillait à son empereur qui lui demandait comment sortir d’une grave anarchie, « commencer par rétablir le sens des mots ». Régis Debray l’exprime à sa manière : « La langue est la substance même d’une nation, et si la politique, c’est la mise en ordre du chaos, cela ne peut se faire qu’avec des mots. »

    Travailler au redressement de la France, c’est donc rétablir d’abord le sens de ce qui la nomme, la désigne, la rend intelligible et présente dans les esprits et les cœurs. J’ai choisi cent mots pour exprimer, en un mot France comme en cent mots français en cohérence, le volontarisme de notre espérance.

    Dans sa préface, Claude Hagège parle, à propos de votre livre, d’ « indignation constructive et d’enthousiasme de refondation » ? Cela dépeint-il assez bien votre entreprise ?

    Oui. M. Claude Hagège, Professeur au Collège de France, auteur de Contre la pensée unique (Odile Jacob, Paris 2012), membre d’Avenir de la langue française, grand militant de notre cause, a été aussi orfèvre pour dépeindre ainsi mon livre.

    Qui se souvient et projette ?

    Nous les Français, Québécois, Wallons, tous les francophones et francophiles, qui veulent le réveil et la libération du fait français dans le monde, assailli comme tant d’autres langues et cultures par un mondialisme « pensée unique » porté par un anglo-américain voulu unique. Volonté ferme et tenace de vivre pleinement dans la langue française, dans toutes nos cultures. Volonté de redonner un sens, une orientation, aux 100 mots-clefs de ce dictionnaire du renouveau, des entrées « Afrique, Allemagne, Belgique, Chrétiens, Décadence, Empires, à Racisme, République, Révolutions, Universalisme, en passant par Etat, Europe, France, Histoire, Intégration, Islam, Métissage, Mondialisation et Nation », en cohérence profonde pour relever ensemble de redoutables défis :
    - Le défi de la démographie, des mouvements mondiaux de populations en forte croissance, de l’immigration dans les pays francophones développés, de l’intégration, puis de l’assimilation nécessaire des immigrés, et du degré acceptable de métissage physique et culturel, en combattant à la fois le relativisme du « tout se vaut », les divers fanatismes et communautarismes, et le racialisme qui refait surface et nourrit partout les racismes latents.
    - Le défi culturel d’une nouvelle « réforme intellectuelle et morale », d’une réaffirmation de nos valeurs, de nos capacités de créer, de rejeter toute sujétion impériale et religieuse, et de faire respecter chez nous en France, au Québec, en Wallonie, notre commune laïcité. - Le défi économique et social de la lutte contre la crise provoquée par l’Argent-roi, l’endettement, et la spéculation des institutions financières débridées, en assainissant nos finances, réindustrialisant, instaurant paix et justice sociale par le dialogue et la Participation.
    - Le défi politique pour libérer nos nations francophones de leurs carcans fédéraux, leur rendre la maîtrise de leurs espaces terrestres et maritimes (11,2 M. de km2 pour la France), et leurs choix politiques, stratégiques, et de développement économique et social.
    - Le défi de la formation, d’abord de la reconstruction d’une école d’excellence et du puissant ascenseur social qu’elle fut.

    Avec le fil d’Ariane de la langue française, celui que nos adversaires savent tirer pour défaire tout le tricot, ce livre se veut un révélateur de nos atouts trop négligés, un ouvreur des voies du renouveau. Un programme volontariste, inspiré, de réveil et de libération.

    Où en est la campagne nationale « Communes de France pour la langue française » lancée par Avenir de la langue française (ALF) avec d’autres associations ?

    Lancée en effet par ALF avec l’appui de 31 autres associations françaises et 8 associations hors de France, principalement du Québec, où des actions analogues peuvent être envisagées, cette campagne nationale vise à faire remonter politiquement la vox populi, qui est, elle, profondément attachée à sa langue nationale, sans préjudice des langues régionales, parties fortes de notre patrimoine.
    - Puisqu’un referendum est peu vraisemblable dans le contexte actuel des « partis de gouvernement », il faut un autre canal pour que le peuple manifeste son amour du français.
    - Cet autre canal passe par les Communes ; c’est le vote d’un manifeste par de nombreux conseils municipaux, de villes emblématiques de notre histoire : de Domrémy, Vaucouleurs et Chinon à Reims et Rouen ; de l’Île de Sein à Colombey ; de St Denis à Cluny et Cîteaux, à Vézelay, à Chartres, à Notre Dame ; à Villers-Cotterêts et Versailles ; de Poitiers à Denain et Verdun - qui a voté à l’unanimité -.et de communes jusqu’aux plus modestes ;
    - dans le but de présenter, au moment des élections municipales de 2014, un magnifique bouquet de votes de communes des diverses régions, équivalant alors à un referendum d’initiative populaire pour le français, et contre ce globish que l’on veut nous imposer, pour le seul profit d’une super-classe mondiale apatride financiarisée et désincarnée ;
    - tout le monde est invité à participer activement à cette campagne nationale lancée par Avenir de la langue française (ALF) et soutenue par 32 associations françaises et 8 étrangères, surtout québécoises ; chacun peut aller convaincre un ou plusieurs maires !
    - le manifeste – franco-québécois - proposé au vote de chaque conseil municipal, et de brefs documents de présentation, peuvent être demandés rue Croix des Petits Champs, ou au siège d’Avenir de la langue française (ALF) 34 bis, rue de Picpus, 75012, tel 01 43 40 16 51. avenirlf@laposte.net

    Propos recueillis par Axel Tisserand - L’AF 2862 Albert Salon, docteur d’Etat ès lettres, ancien ambassadeur, président d’Avenir de la langue française (ALF).

  • Oser briser le vrai grand tabou : pas l'économique (à briser, certes) mais le véritable : le POLITIQUE !

    (lu le lundi 22 avril, sur le Blog de Patrice de Plunkett)

    "Écouter ce matin France Info et France Inter était instructif. À France Info, Tugdual Derville rappelait le seul objectif de la mobilisation de masse : défendre la famille et la filiation contre le saccage de l'état-civil. Cela dit, par où continuer ? Le pari des manifestations à répétion ne peut durer indéfiniment, ne serait-ce qu'en raison des vacances : celles de printemps et celles d'été. Présenter des candidats aux municipales est une idée, mais lointaine. Dans l'entre-deux, il est urgent de lancer le mouvement d'écologie humaine auquel Tugdual Derville a fait de nouveau allusion ce matin à France Info. Mais, là, Tugdual, il va falloir en débattre avec tous – et aller réellement au fond des choses, c'est-à-dire jusqu'à la mise en cause du modèle économique dominant."

    C'est juste, mais c'est aussi oublier que ce qui a produit ce "modèle économique dominant", c'est le "modèle politique dominant"...

    Alors, "aller réellement au fond des choses" ? Oui, tout à fait d'accord... mais "le fond des choses" n'est pas économique !

    Qui a dit Politique d'abord ?....

    http://lafautearousseau.hautetfort.com

  • Manifeste d’un Veilleur

    veilleurs-de-lyon-lm.jpg[Tribune libre de Jean de Rouen]

    Amis,

    Au mois d’avril, la France a vu naître des Veilleurs. Postés en sentinelles, ils veillent sur un dépôt, sur un héritage. Car il est des lois qui ne sont pas légitimes. Lorsque le pouvoir, sous couvert de légalité, ébranle les assises d’une civilisation, bouscule les fondements traditionnels de la société, pour satisfaire des revendications idéologiques et catégorielles, il suscite naturellement un vent de révolte populaire. Nous sommes rentrés en résistance. Une résistance pacifique et résolue, dont rien ne saurait entamer la détermination, et que l’on doit désormais inscrire dans la durée .

    Nous défendons le droit d’un enfant à avoir un père et une mère, à ne pas être arraché à ses origines, à pas être privé de racines. Gardiens silencieux d’un trésor qui ne nous appartient pas, nous voulons préserver les lois immuables dont la civilisation est naturellement la protectrice : les lois de la filiation, de la lignée, de l’enracinement. Aux avant-postes, sentinelles en vigie, nous serons des témoins, pacifiques et résolus, d’un héritage que nous refusons de voir disparaître. Parce que nous sommes dépositaires, et non propriétaires, nous avons le devoir de le transmettre, intact, aux futures générations. C’est encore la raison pour laquelle notre résistance actuelle n’est pas un droit : elle est un devoir !

    Car il est des lois qui découlent d’un ordre des choses dont l’homme n’est pas l’auteur. Ces lois supérieures ne sont pas écrites, mais elles demeurent gravées dans le cœur de l’homme : nul législateur humain ne peut les transgresser impunément, car c’est à leur respect qu’est suspendu l’équilibre de l’homme. N’est-ce pas précisément l’enseignement de l’Antigone de Sophocle, sous le patronage de laquelle sont placés les Veilleurs ? Sommée de se justifier après avoir bravé l’interdit de la loi promulguée par Créon, loi qui interdisait de sépulture les soldats morts dans les rangs de l’ennemi, elle déclare au roi : « Je ne croyais pas que tes édits eussent tant de pouvoir qu’ils permissent à un mortel de violer les lois divines : lois non écrites, mais intangibles. Elles ne datent ni d’aujourd’hui, ni d’hier : elles sont de toujours. Nul ne sait le jour où elles sont parues. Leur désobéir, n’était-ce point, par lâche respect pour l’autorité d’un homme, encourir la rigueur des dieux ? » Depuis Antigone, les peuples savent que le bien et le mal ne sont pas déterminés par la volonté humaine, fût-elle générale, et que ce qui est légal n’est pas toujours légitime.

    A l’intérieur de cet ordre des choses que l’homme n’a pas fait, il y a la nature humaine. Et la nature humaine est sexuée : c’est-à-dire qu’elle ne se réalise pas en dehors de l’homme et de la femme. Sur cette altérité sexuelle, sur quoi reposent la transmission et l’accueil de la vie, se fonde ainsi la famille : socle sur lequel repose l’édifice social, elle est la condition d’une société pérenne, le fondement objectif d’une société qu’elle inscrit dans le temps en assurant le renouvellement des générations. Construite sur la complémentarité des sexes, la famille organise ainsi la filiation ; elle perpétue une lignée. Mais aujourd’hui le pouvoir préfère diviser l’humanité en homosexuels et en hétérosexuels, plutôt qu’en hommes et en femmes : il nie la différentiation sexuelle qui fonde la société pour lui préférer l’orientation sexuelle dans laquelle il enferme les individus, il substitue finalement à l’objectivité d’une nature sexuée, la subjectivité du désir égoïste. De là, quand la loi, rejetant le réel et ignorant la fonction sociale de la famille, se détourne du bien commun et s’ordonne au contraire à la satisfaction du désir humain, se mettant à son service, quitte à faire demain de l’enfant un dû plutôt qu’un don, quitte à prêter demain au corps de la femme une valeur marchande, alors en toute vérité, elle perd sa raison d’être et, par là, sa légitimité. C’est pourquoi notre conscience nous commande aujourd’hui d’entrer en résistance face à l’arbitraire du législateur.

    L’État n’est pas prestataire de service : il n’a pas vocation à reconnaître une multitude de catégories en vue, simplement, de leur associer des droits. La loi ne doit pas être confisquée pour être mise au service des intérêts consuméristes de l’individu, dans une société en perte de sens : sa mission consiste au contraire à poursuivre le bien commun.

    L’idéologie des apprentis sorciers au pouvoir, aussi séduisante soit-elle, ne fera jamais plier la réalité : et la réalité, c’est qu’un bébé procède toujours de l’amour d’un papa et d’une maman, et qu’il a besoin des deux pour grandir. Pour se substituer au réel, l’idéologie s’impose donc par la violence. C’est pourquoi la famille est aujourd’hui attaquée de toute part : elle est pourtant le dernier rempart des démunis et des déshérités, là où se vivent et se transmettent, naturellement et au plus près, les liens de solidarité.

    Jusqu’à quand résisterons-nous ? La réponse est simple : nous ne lâcherons JAMAIS ! Tant que subsisteront les intérêts aux noms desquels nous nous sommes battus, à savoir l’intérêt de l’enfant, des futures générations, de la France de demain, nous ne nous tairons pas ! Ces intérêts sont-ils devenus caduques au lendemain du vote ? Ont-ils cessé d’exister ? Non seulement ils subsistent, mais ils sont aujourd’hui bien plus menacés qu’hier ! Nous sommes les témoins vigilants d’une civilisation qui se meurt : mais tant que nous veillerons, elle continuera d’exister. Face à la contre-civilisation que les ennemis de la France sont en train de bâtir sur les ruines d’un héritage plusieurs fois millénaire, notre témoignage sera public et permanent. Il a vocation à durer. Pour que l’on oublie pas.

    Jean de Rouen http://www.contre-info.com/

  • 34 manifestants pour tous jugés : le semblant de justice en Hollandie dénoncé dans la presse

    A lire cet article de RMC qui donne à penser que la perception du profond malaise du pays atteint les journalistes : 

     

    "Les chefs d'accusation : participation à une manifestation non déclarée et violence à l'encontre des forces de l'ordre. La plupart des 34 manifestants contrele mariage homosexuel qui seront jugés en juin, sont des étudiants et des mères de famille qui se sont rassemblés au mauvais endroit, au mauvais moment. Tous contestent le manque de temps pour constituer leur défense, ils s’estiment victimes d'une justice « à deux vitesse », trop rapide.
    Et les prochaines manifestations des "anti", prévues les 5 et 26 mai prochains, risquent de grossir le chiffre de justiciables (...)

    Hélène, maman de 5 enfants, a passé 48 heures en prison, la semaine dernière, dans une cellule sans matelas. Cette image ne la quitte plus. Aujourd'hui, une autre épreuve l'attend : son procès début juin. La justice lui reproche d'avoir continué à manifester malgré l'interdiction des forces de l'ordre. Elle risque de la prison avec sursis.
    Pour le syndicat de la magistrature, la procédure est très rapide, et le risque est une sanction disproportionnée. Xavier Gadrat, du syndicat de la magistrature, dénonce une justice expéditive : « Elle est tellement rapide que dans ce temps-là il est parfois compliqué de mener une enquête complète ». Une justice rapide mais aussi très coûteuse pour les prévenus. Un collectif s'est formé pour aider financièrement « ces gens qui sont souvent très jeunes et étudiants, et qui n’ont pas l’argent pour faire face ni aux sanctions, ni aux frais de procédure », explique Louis. Tous débourseront en moyenne 1 500 euros de frais d'avocat.

    Parmi les 34 personnes qui seront jugées le mois prochain, Mathieu, présent à la dernière manifestation des anti mariage gay qui a dégénéré. Il risque 2 mois ferme : « Je n’ai pas droit d’aller sur la ville de Paris. Si j’ai un contrôle d’identité sur Paris, je vais tout de suite en cellule, jusqu’à la date de mon procès. Quand on est en recherche d’emploi, c’est un problème ; je n’ai pas accès aux gares parisiennes ». On le soupçonne d'êtrele leader d'un groupuscule. Arrêté le mégaphone à la main, il ne comprend toujours pas : « ça me préoccupe pas mal. Je prépare ma défense, mais je me pose toujours des questions quant à ce qu’on me reproche".

    Lahire  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Les 40 ans de la Fédération du Rhône : discours de Bruno Gollnisch

     

    Discours de Bruno GOLLNISCH à l’occasion des 40 ans de la Fédération du Rhône du Front National

    Bien Chers Amis,

    bruno-gollnisch-jean-marie-le-penQue de chemin parcouru depuis les temps héroïques ou fut fondé le Front National, à l’initiative de celui qui est aujourd’hui notre président d’honneur, et que nous avons tant de plaisir à accueillir aujourd’hui !

    La Fédération du Rhône du Front National, ce ne fut d’abord que quelques militants, acceptant de donner leur nom à ce qui n’était encore qu’une formation politique marginale, ultime sursaut d’une Droite Nationale écrasée par ses défaites et par la puissance des partis dominants.

    Patriotes ayant préféré résister en France plutôt qu’à Londres, et proscrits pour cette raison, combattants ayant compris avant tous les autres le caractère diabolique du système bolchevique, vrais résistants de droite à la conquête allemande, dont l’héroïsme avait été occulté par la propagande marxiste, défenseurs de l’Empire français conçu comme une fraternité de peuples divers mais unis par la communion aux valeurs de notre civilisation française, trahis en Indochine comme en Algérie,  artisans, commerçants, travailleurs indépendants écrasés de fiscalisme et de bureaucratie, jeunes gens dont je fus, dressés en 1968 contre l’odieuse imposture marxiste qui avait gangrené l’intelligence française, l’enseignement, les média, la recherche, les arts, les lettres, l’université : ils n’étaient cependant qu’une poignée quand ils auraient du, déjà, être des millions !

    Le Front National, en France ce n’était encore que peu de chose : 0.74 % à l’élection présidentielle de 1974, lors de laquelle, par une cassette magnétophonique, envoyée de Kyoto au Japon où je terminais à l’époque ma thèse de droit international, j’adjurais ma famille de voter pour le candidat Le Pen et non pour quelque autre candidat conservateur, comme le Maire de Tours, Jean Royer, honorable certes, mais ne présentant pas les mêmes états de service à la défense de la Nation.

    Impossibilité de toute candidature à l’élection présidentielle de 1981, du fait du quintuplement des parrainages exigés ! Appareil réduit ici à quelques correspondants dont firent partie notamment le garagiste Serrière, M. Berthemy de Villeurbanne, également membre de l’association pour la Défense de la Mémoire du Maréchal Pétain. Flambeau du Rhône qui fut repris brièvement par M. Dumez, par notre ami Pascal Marion, et par Mme Germaine Burgaz, alors dépêchée en mission depuis la Drôme. Elle avait su par Marie-France Stirbois, ma camarade de faculté de Nanterre dans les infernales années 1968 et suivantes, et par Roger Holeindre dont nous fréquentions à Paris le « Bivouac du Grognard », pour y trouver une ambiance différente de celle que nous imposait à l’université M. Cohen Bendit et ses complices, qu’un jeune universitaire devenu par le hasard des carrières Professeur de Japonais, puis Doyen de Faculté à Lyon, était un ami. Elle vint donc me chercher, en manque de personnalités pour accueillir au Palais des Congrès aujourd’hui détruit les assises du FN, qui faisaient suite au premier succès des campagnes de Dreux, d’Auray, et du 20eme arrondissement de Paris. Ces quelques campagnes électorales laissaient présager un renouveau de la Droite Nationale, après l’échec du libéralisme avancé de Giscard d’Estaing et la prise du pouvoir en 1981 par la gauche socialo communiste.

    « Nous voudrions que vous acceptiez de siéger à la tribune aux cotés de Jean-Marie Le Pen », me dit-elle. Honneur redoutable, et dont les conséquences sur ma vie professionnelle ne pouvaient guère, au moins à court terme, être très favorables. D’où les conseils d’abstention des amis et collègues bien intentionnés, qui paradoxalement achevèrent de me décider. Et nous voici partis pour la grande aventure : soirée enthousiaste et enthousiasmante, ou l’on sentait poindre le réveil de la France française. « Quelles qu’en soient les conséquences », dis-je à Jean-Marie Le Pen, « cela valait le coup » !

    Mon apparition cette soirée me valut la « Une » de Lyon-Figaro, et l’intérêt d’autres média s’interrogeant sur les ralliements d’intellectuels. Mais tout restait à faire. Jean-Pierre Stirbois, alors Secrétaire Général, et Jean-Marie me sollicitaient, dans la foulée, d’assumer la responsabilité de la Fédération du Rhône, qui comptait à l’époque 15 adhérents. J’objectais que la direction d’une faculté de 2000 étudiants où l’on enseignait 27 langues, comportant  une centaine d’enseignants ou d’intervenants de toutes catégories et une dizaine de personnels administratifs ne me laissait guère de loisirs. On sollicita en conséquence un autre professeur –ce qui prouve que même à l’époque, ils n’étaient pas tous mauvais !- Aimé Grand, principal de collège à Francheville, que sa situation empêchait d’apparaître publiquement, cependant que j’étais censé apparaître dans la sphère publique : relation avec les média, les journalistes, les autorités, etc.

    C’est dans ces conditions que notre binôme entreprit de structurer véritablement notre fédération : de réconcilier le petit noyau initial frappé par quelques dissensions, puis de l’élargir par la recherche méthodique de correspondants dans tous les secteurs et par l’élargissement du nombre de ses adhérents. Pour cela la recette était simple : une réunion tous les 2 jours, et même quelquefois tous les jours. Réunion publique dont l’audience était variable. Je me souviens d’une soirée pluvieuse à Saint-Genis Laval. Il y avait une seule personne dans l’assistance ; notre responsable voulait annuler. Je maintins la réunion, et l’on fit l’adhésion à la sortie. Il n’y avait pas à l’époque l’ombre d’un financement public de la vie politique, et les partis institutionnels se finançaient par une corruption massive et quasi officielle. Quant à nous, il fallait faire avec les moyens du bord. Je me souviens de mes premiers collages, avec Francis Rognon, le long de la Montée de Choulans. Il était beaucoup plus expérimenté que moi !

    C’est dans ces conditions que nous avons mené nos premières grandes batailles électorales : celle des européennes de 1984, qui furent toutes en butte aux attaques haineuses des gauchistes et de leurs complices. Faute de salle, nous avions loué un immense chapiteau, sous la pluie, fourni par l’ami Albert Rosset. Mais le feu faisait plus que couver, et la flamme nationale embrasait l’horizon politique. Récemment arrivé dans l’appareil, bien que militant depuis mes plus jeunes années, je considérais comme élégant de laisser la place sur la liste à ceux qui s’étaient officiellement engagés avant moi. Je revendiquais et j’obtins la 81eme et dernière place sur la liste européenne, qui put envoyer 10 élus à Strasbourg et Bruxelles, à la stupéfaction générale. J’ai conservé un souvenir ému de la soirée que Jean-Marie organisa à Saint-Cloud pour célébrer ce succès.

    Les cantonales sui suivirent furent notre baptême du feu local, nous réussîmes à pourvoir tous les cantons vacants, avec un tract unique, en noir et blanc, de demi format : et comme slogan : « Ne votez pas pour nous »… si vous êtes satisfaits de la situation actuelle. A l’intérieur, une carte du département du Rhône et la photo des candidats que nous présentions sur les divers cantons. Je choisis moi-même de porter le fer à Vaulx-en-Velin, ville tenue par la municipalité communiste dirigé par M. Kapievic, beau-frère de M.Krasuki, alors leader national de la CGT, que je décrivais comme les deux seuls Polonais à être encore communistes, cependant que la ville était une enclave soviétique dans le département du Rhône. Je ne croyais pas si bien dire.

    Nos affiches collées la nuit, étaient imperturbablement arrachées par les services municipaux, y compris ce qui est grave, sur les panneaux officiels en aluminium, méticuleusement passés à la ponceuse, de telle sorte qu’on pouvait s’y regarder le matin comme dans un miroir. Mes seuls soutiens locaux étaient un agent de Police, sa compagne portugaise et deux harkis intrépides. A la grande fureur des communistes, nous obtiendrons plus de 20% des voix.

    La bataille suivante fut celle des législatives. En 1986, nous n’avions  sur le papier  aucune chance d’être élus, du moins, selon les commentateurs avisés et les politologues diplômés –il n’était pas encore question, quelques mois auparavant, de rétablir le système proportionnel. Avec Jean-Pierre Reveau et à l’issue d’une campagne aussi exaltante qu’épuisante, dont se souvient certainement l’ami Serge Voyant, à l’époque notre chauffeur et ange gardien bénévole, nous fumes élus député du Rhône (avec 13% des suffrages)  à la stupéfaction générale. Le FN  faisait ainsi  une entrée  fracassante à l’Assemblée Nationale en mars avec 35 députés. Le même jour, j’étais élu Conseiller Régional Rhône Alpes  en compagnie de 13  autres candidats frontistes, sur l’ensemble de la Région.

    Ce succès éclatant brisait aussi partiellement l’omerta médiatique imposée par nos adversaires politiques, qui refusaient notre présence dans les débats et soirées électorales, menaçant de les quitter si nous y étions invités. Telle était notamment l’attitude de tous les leaders politiques locaux : Michel Noir pour le RPR, Fiterman pour le PC, Poperen pour le parti socialiste. Il me fallut menacer d’invasion les locaux de France 3, et passer à l’acte en y amenant 500 de nos militants le soir même de l’élection, devant le bâtiment des Cuirassiers, pour que les portes s’ouvrent enfin devant Jean-Pierre Reveau et moi-même, pénétrant dans ce cénacle comme le shérif pénètre dans le saloon où se trouvent les malfrats afin de les en chasser.

    Après deux ans d’une intense activité parlementaire, la réforme électorale voulue par Jacques Chirac pour nous éliminer, et la dissolution de l’Assemblée Nationale décidée par F. Miterrand au lendemain de sa réélection, contrairement à ses promesses les plus solennelles, firent disparaître notre groupe de l’Assemblée Nationale. C’était le but. Je dus à la confiance de Jean Marie Le Pen et du bureau politique dont j’ étais devenue membre, d’entrer l’année suivante au Parlement Européen, où nous continuons à nous battre avec acharnement pour la défense des libertés nationales et de l’identité française.

    Entre temps, nous avons pu entrer dans les Conseils municipaux, modestement dès les élections municipales de 1989, de façon plus importante en 1995, où cependant notre représentation lyonnaise était artificiellement minorée, par l’effet pervers de la Loi dite PLM, qui ne nous donna que 2 conseillers municipaux sur 72, alors que notre audience électorale aurait du nous en donner au moins 10. Mais deux élus FN se font entendre comme vingt, ainsi d’ailleurs que l’a reconnu le regretté Raymond Barre, qui peu avant sa mort, et au grand dam des bien pensants du politiquement correct, rendit hommage à mes qualités d’opposant. Honneur à celui qui, bien qu’adversaire politique, n’a pas ajouté sa pierre à ma lapidation médiatique quand tant de hyènes et de faux témoins se précipitaient à ce qu’ils croyaient être la curée.

    Mais ces succès requerraient le renforcement constant de notre implantation. Nous pûmes fort heureusement bénéficier souvent pour nos points de presse et réunion de bureau, dans un premier temps de l’hospitalité de la brasserie « Le Delta », dont le propriétaire, M. Gorry avait été un officier Algérie Française. Nous pûmes également bénéficier de l’hospitalité bienveillante d’autres établissements. Je pense à ce bar tabac populaire du 9ème arrondissement, voué à la démolition, dont la gérante s’appelait Vénus, et derrière le comptoir de laquelle se trouvaient nos photos et nos affiches, courage dont fit preuve également notre ami Emmanuel Roman dans son établissement de la Chaumière à Saint-Priest.  Leur hospitalité précéda celle que nous offrit également en diverses occasion M. Max Blache, dans son excellent établissement de l’Auberge Savoyarde. Ayant enfin recueilli quelque sous, nous pûmes ouvrir une première permanence, rue Marietton, dans un modeste 2 pièces d’un immeuble vétuste voué à la démolition, permanence tenue avec dévouement et ponctualité par Mme Jeanne Marie Pons, rapatriée d’Algérie, et qui connaissait mieux que quiconque le prix inestimable des patries perdues.

    Notre croissance aidant, nous nous installâmes au 10 rue du Plat, derrière la Place Bellecour, dans un bel immeuble 19ème, et dans des locaux repeints bénévolement pour la circonstance par notre ami Cruz, peintre en bâtiment. Puis, la fédération s’étant agrandie sous l’impulsion de celui qui m’avait succédé au secrétariat départemental, Denis de Bouteiller, nous nous installâmes 51 cours de la République à Villeurbanne, avant que de constituer, grâce au concours de nombreux adhérents, une société civile immobilière qui put faire l’acquisition d’un imposant local à Satonay Camp, où Jean-Paul Henry put déployer ses talents de maquettiste pour la préparation de nos documents.

    Notre excellente organisation nous permit de remporter plusieurs succès, notamment lors des élections régionales de 1998 qui, compte tenu du caractère proportionnel de la représentation, nous firent envoyer au Conseil Régional pas moins de 35 élus de Rhône Alpes, dont 10 du département du Rhône, nous plaçant ainsi en situation d’arbitres de la politique régionale. On vit bien à cette occasion que ceux des conservateurs ou libéraux du RPR et de l’UDF, qui d’ailleurs n’avaient rien conservé et rien libéré, mais nous avaient témoigné un mépris constant, étaient prêts à venir solliciter notre appui dans l’espoir de conserver leurs places. Une aide que nous étions prêts à leur apporter en Rhône-Alpes comme ailleurs, mais à la condition bien sûr, qu’ils acceptent de satisfaire, au moins pour partie, les exigences légitimes de nos électeurs.

    Hélas, les aventures humaines présentent rarement un progrès linéaire. Il y a des échecs, des épreuves, des revers, des trahisons. Comme toutes les autres en France, notre fédération fut éprouvée par la désastreuse scission de 1998, dont les fallacieuses promesses avaient séduit plusieurs cadres. Il fallait reconstruire et nous nous mîmes à la tache. Sous l’énergique impulsion de Liliane Boury et avec l’aide de Jacques Berjon, notre ancien conseiller régional, qui mit gracieusement une chambre à notre disposition, nous entreprîmes de reconstituer la fédération. Puis nous reprîmes le contrôle de la Société civile propriétaire du local, ayant regagné la majorité des adhérents à la légitimité de notre action. Mais Sathonay était devenu trop grand et trop cher. Par un coup d’audace, nous décidâmes de faire l’acquisition d’un ancien restaurant thaïlandais en faillite, petit local bien situé à Perrache, cours de Verdun au centre de Lyon, bientôt agrandi par l’acquisition du tènement voisin, cependant que, grâce à la gestion avisée du gérant Pierre Terrier, nous pûmes enfin vendre Sathonay sans qu’aucun des associés de la SCI en soit lésé. Je tiens à rappeler à ce sujet que la Fédération du Rhône, depuis 20 ans, sollicite ses conseillers régionaux de verser chaque mois une contribution importante qui s’ajoute à celle qu’ils versent à notre siège national, et qu’ils s’en acquittent alors même que leur situation personnelle ou familiale justifierait qu’ils conservent pour eux leur indemnité d’élu. Une indemnité qui parfois ne compense que partiellement la perte qu’ils subissent sur le plan professionnel.

    La Fédération du Rhône en revanche n’a pas souffert de la campagne interne pour la succession de Jean Marie Le Pen à la tête du Front national puisque, candidat moi-même à cette fonction, je me suis incliné devant la décision de la majorité des adhérents de notre mouvement, faisant passer sans états d’âme la défense de nos convictions et l’unité de notre mouvement avant toute ambition personnelle.

    D’autres épreuves aussi sont venues de l’extérieur. J’ai mentionné nos réunions publiques, presque systématiquement attaquées par les nervis de l’extrême gauche, chaleureusement encouragés par les Cambadelis, Mélenchon et autres. Quel contraste entre l’absence totale de réaction médiatique à ces violences systématiques que nous avons subies, et le concert de pleureuses que l’on entend aujourd’hui au motif que les militants opposés à l’infâme mariage homosexuel ont chahuté à Nantes la militante du lesbianisme et de l’extrême gauche Caroline Fourrest!

    Ici, on a  même été jusqu’à poursuivre judiciairement ceux qui n’avaient fait que se défendre contre l’agression, comme nos amis Renault André et Bruno Valls, assaillis à Thizy en pleine campagne électorale par une bande de magrébins multi-récidivistes, et faisant l’objet de la part du Tribunal de Villefranche sur Saône d’une extravagante condamnation heureusement très réduite en appel, pour le seul crime de s’être défendus.

    Je passe sur les persécutions professionnelles que je ne suis spas le seul à avoir subies, et de quelle façon ! Que ce soit à l’occasion du montage de Carpentras, contre tant de militants innocents, ou sous prétexte d’imposer à toute force une lecture de l’histoire dont les contours ne sont cependant jamais définis avec précision comme le recteur Morvan à mon encontre, heureusement condamné pour atteinte à la présomption d’innocence puis pour injure, et enfin débarqué de ses fonctions, sans que soit réparé pour autant le préjudice dont il avait été à l’origine. Persécutions, humiliations, dictature morale du politiquement correct… Du plus humble de nos militants, au plus en vue de nos dirigeants, que d’épreuves, que d’humiliations, que de difficultés professionnelles, mais aussi parfois conjugales ou familiales. Et que dire des dégradations répétées de notre permanence, du cours de Verdun, à laquelle le Préfet de Police du Rhône à cependant refusé ne serait-ce que l’installation d’une caméra de vidéo surveillance, au motif qu’elle nous permettrait d’apercevoir la rue, c’est-à-dire le domaine public. Où va-t-on en effet, si l’on peut photographier les voyous qui s’en prennent à vous !

    Aujourd’hui, la fédération du Rhône est dirigée avec sérieux et compétence par un homme d’une grande valeur morale et politique, qui est aussi un ami, Christophe Boudot. Il avait beaucoup à apprendre ; il a déjà beaucoup appris. Je vous demande avant de vous interroger, sur ce que nous n’avons pas encore été capables de faire, ou sur ce que vous souhaiteriez que nous fassions –ce qui est légitime en soi- de reconnaître avec bienveillance tout ce qu’il a déjà fait.

    Je n’oublie pas, cela va sans dire, tout ceux qui ont participé à notre combat, leurs efforts, leurs dévouements,  leurs sacrifices, souvent très grands. J’en ai déjà cité quelques uns. Je sollicite par avance votre indulgence car je ne puis les citer tous. Ils sont en effet des centaines. Que dis-je, des milliers ! Je voudrais cependant ajouter à ceux que j’ai déjà cités nos anciens conseillers régionaux : Marie Christine de Penfentenyo (et son époux le Colonel de Penfentenyo, militant toujours ardent aux tâches les plus humbles), Jean Pierre Barbier, notre élu du Beaujolais, Albert Rosset, mais aussi ceux qui ont tenu leur place dans la fédération à un titre ou a un autre : Georges Labouche, le Docteur Hubert Barral et son épouse Jacqueline à Sainte Foy, Jean Colas à Saint Symphorien , Christian Saint Martin et Guy Danière à Caluire, Gérald et Jacqueline Massot à la Croix-Rousse, la famille Starck et Maurice Ligoud à Saint-Priest, Patricia Chicard, Maurice et Mathilde Depierre, dans le 8eme arrondissement, où leur a succédé le Professeur Morin, M. et Mme Jacques Montégu, M. et Mme Jean Berthier à Charbonnières, M. de Laborie à Saint Genis Laval, Paul Genoux à Bron, M. et Mme Massot, nos avocats Maître Nivière et Alain Chevalier, MM. Gérard Derréal et Henri Venard, collaborateurs de notre journal de fédération…Et bien sûr ceux et celles qui depuis longtemps déjà ont assumé ou assument les travaux de notre permanence et de notre secrétariat : Isabelle Ové devenue l’épouse de notre ami Hugues Petit, Corinne Morel, Magdeleine Veyret, Bernard Jaouen, Agnès Henry, Nathalie Caternet.

    Notre DPS, si nécessaire surtout au début pour la protection de nos activités et de nos personnes fut structuré par Daniel Falcoz, Alain Staville puis Jérôme Guigue en s’assurant le concours de militants fidèles et courageux tel Harry Bréant, et bien d’autres…

    Vous me permettrez aussi, sans pouvoir les citer tous de rendre hommage à ceux qui nous ont quittés, et dont le souvenir demeure cher à nos cœurs :
    -    Noël Simian, agriculteur, homme de la terre et de l’esprit ;
    -    Bernard Degardin, notre veilleur de la rue du Plat ;
    -    François Taveau, le gentleman de Charbonnières ;
    -    Jospeh Ledant, trésorier scrupuleux, rapatrié d’Algérie et responsable du Cercle des Combattants ;
    -    Jacques Berjon, grand seigneur qui ne séparait pas le combat temporel du spirituel ;
    -    Roger Revellin, lui aussi conseiller régional, ancien maire adjoint de Mostaganem, Maire de Saint Laurent de Mure,
    -    Elizabeth, de Saint-Roch dite Babette ;
    -    Le jeune Molina, colleur d’affiches ;
    -    Roxane Chevalier, jeune militante du FNJ, fille de notre ami Alain Chevalier ;
    -    Gilbert Durand de Villeurbanne ;
    -    Le docteur René Morel, du 6ème arrondissement ;
    -    Serge Morin de Meyzieu ;
    -    Le Colonel Yves de Régis et son épouse Annick ;
    -    Jacques Merle, père de Virginie Merle, plus connue sous le nom de Frigide Barjot ;
    -    M. Rabah Bennouar, de Rilleux ;
    -    Georges Henry, ancien marin puis para d’Indochine et père de nos amis Jean-Paul et Agnès,
    -    Le Professeur Philippe Bret, neuro-chirurgien exceptionnel, membre de notre Conseil Scientifique ;
    -    Abel Boudon, ancien bijoutier de Lyon,
    -    André Blanc, qui me conduisit durant de nombreuses années, et me rendit bien des services ;
    -    Jean-Louis Lallier de Vaulx en Velin ;
    -    Le Colonel Leprêtre ;
    Tout récemment encore, Danika Petkovic, Conseillère Municipale de Vénissieux d’origine Serbe, prématurément ravie à l’affection des siens, tout comme Nicolas Florès, de Francheville, que nous avons accompagné hier pour son dernier voyage.

    Si j’ai cité les anciens, et plus encore les disparus, ceux qui sont aujourd’hui en pointe dans notre combat actuel, ne m’en voudront pas. Ils savent ; vous savez, qu’autre est celui qui sème, autre est celui qui moissonne, et que nos modestes existences ne sont qu’un maillon dans l’immense chaîne des épreuves, des sacrifices, mais aussi des succès, qui sont nécessaire au triomphe de notre juste cause. En ce qui me concerne, des circonstances personnelles et l’exercice de mon mandat européen me contraignent à regret à m’éloigner quelque peu de la région lyonnaise. C’est provisoirement une distance matérielle, mais pas morale.

    Aujourd’hui, une part chaque jour croissante de nos compatriote ouvre les yeux –enfin !- sur la décadence de notre pays, et aspire plus ou moins confusément à un renouveau. C’est à ce renouveau, c’est à cette renaissance, que le Front National est ordonné. C’est à ces nobles idéaux que la Fédération du Rhône doit prendre toute sa part, sous le vieux cri de ralliement des Lyonnais : En avant ! en avant Lyon le Melhor ! Longue vie à la Fédération du Rhône, Vive le Front National ! Vive la France !

    http://www.gollnisch.com

  • Hommage à Jeanne d’Arc et 1er mai patriote


     « France, Marine, Liberté », « Mélenchon au goulag », « Marine à l'Élysée, du travail pour les FFrançais » et surtout « On est chez nous » : dans la traditionnelle manifestation du 1er mai du Front national, entre Palais- Royal et Opéra en passant par la statue de Jeanne d'Arc où Marine Le Pen a déposé une gerbe, les slogans et discussions fleuraient bon la France aux Français, le rejet de Nicolas Sarkozy comme de François Hollande, le refus de la mondialisation, de l'immigration et de l'Union européenne honnie.¢
    Dans une France qui «est dans des temps obscurs car elle s'est enfermée dans les ténèbres de l'Europe», Marine Le Pen s'est posée en «lumière de l'espoir» car le Front national est devenu «le centre de gravité de la vie politique française». «Nous progressons dans le débat, dans les cœurs et dans les urnes», dit-elle.
    Renvoyant dos à dos la gauche et la droite, François Hollande et Nicolas Sarkozy (autant hués l'un que l'autre), la présidente du Front national a dénoncé pêle-mêle le monde de la finance, les juges du Syndicat de la magistrature, «l'islamisme fondamentaliste», «les promesses non tenues et les trahisons à gogo» la «mondialisation sauvage» et le «crime irréparable» du traité de Lisbonne.
    S'appuyant sur une citation de l'écrivain et résistant Maurice Druon, «l'unité se dissout quand la grandeur s'efface» elle a plaidé pour qu'il y ait en France «un vrai chef qui agisse enfin» plutôt que «les Brejnev qui nous gouvernent».
    Pour parfaire le parallèle entre la France de Jeanne d'Arc, héroïne du jour, et celle de 2013, elle a lancé: «C'est le roi de Bruxelles qui est devenu maître chez nous», tel le roi d'Angleterre de jadis. Dans la foule agitant les drapeaux tricolores (un seul drapeau européen: celui qui trône sur le toit de l'Opéra Garnier...), le succès était garanti.¢
    Extraits du Figaro
    VIDÉO - La présidente du Front national, lors de la fête du 1er mai, a renvoyé dos à dos Nicolas Sarkozy et François Hollande.

  • Historiographie de Droite L'avènement du "cinquième état" ?

    article paru à l'origine dans le magazine "Il Borghese" daté du 24 juillet 1969,  tiré du recueil"Phénoménologie de la subversion" aux éditions de "L'Homme Libre". 

                L'historiographie est l'un des domaines où les éléments de Droite sont désavantagés par rapport à la Gauche marxiste et communiste. Avec le matérialisme histographique ou dialectique, le marxisme fournit une vision globale de l'histoire qui ne se réduit pas à considérer des éléments particuliers, les guerres, les mouvements ethniques, les conflits nationaux, mais qui essaie de découvrir un mouvement d'ensemble fondamental par rapport auquel tout cela est secondaire, en distinguant, dans ce mouvement, des phases précises. Parce qu'elle est fondée sur la matérialité, la simple économie, les formes simplement sociales et productives et les classes en tant que classes uniquement économiques (car, comme on le sait, tout le reste ne serait que "superstructure"), cette conception est fausse et grotesque. Pourtant, on ne peut pas lui dénier le mérite d'avoir essayé de déterminer un sens universel de l'histoire qui puisse par ailleurs servir de fondement à toute une idéologie et à tout un activisme de gauche. 

                La Droite, en revanche, s'en est trop souvent tenue à une vision épisodique de l'histoire, qui n'est fréquemment qu'une "histoire nationale" ou une division temporelle schématique en plusieurs époques, en dehors de certaines interprétations spéculatives inopérantes et plus ou moins arbitraires comme celles de la philosophie hégélienne et néo-hégélienne. Il existe pourtant un modèle que la Droite pourrait opposer à celui du marxisme, qui possède même un caractère d'évidence et d'exhaustivité tout différent. En dehors des anticipations partielles qu'on peut retrouver G.B.Vico et aussi chez O.Spengler, il a été tracé par certains écrivains traditionnels contemporains, qui l'ont exprimé presque dans les mêmes termes, indépendamment les uns des autres, comme s'ils avaient saisi des significations qui "sont dans l'air". 

                Sous un certain rapport, cette conception concorde avec la conception marxiste en ce qui concerne le mouvement historique d'ensemble ; mais, tandis que le marxisme donne à ce mouvement le sens d'une évolution, d'un progrès, dont la conclusion serait l'avènement d'une société et d'une civilisation communiste sur terre, l'autre conception lui donne le sens d'une involution croissante, dont il considère la dernière phase, glorifiée par le marxisme, comme un effondrement final. 

                On  considère que cette involution comporte quatre phases principales, et le mouvement peut être défini comme celui de la "régression des castes". Le point de repère est la structure hiérarchique plus ou moins commune aux plus grandes sociétés traditionnelles dominées par les représentants d'une autorité spirituelle ou sacrée, suivis par une aristocratie guerrière, une bourgeoisie possédante et, enfin,  la classe laborieuse ou servile. En Inde, la répartition en castes (il faudrait sans doute mieux dire : en "classes fonctionnelles", étant donné que le terme de "caste" évoque quelque chose de rigide et de stéréotypé) était la reproduction classique de cette articulation hiérarchique, que, par ailleurs, nous retrouvons aussi en Occident : outre le modèle de l'Etat tracé par Platon ( qui reflétait partiellement des constitutions qui existaient effectivement), on peut mentionner le Moyen Âge lui même, qui était articulé en quatre Ordres : clergé, noblesse féodale, bourgeoisie et artisanat. 

                Il est important de noter qu'il ne s'agissait pas d'une superposition de classes économiques, mais bien d'une articulation qualitative définie par des vocations différentes, des fonctions différentes, des intérêts différents, des modes de vie différents, auxquels pouvaient même correspondre un droit différent, une éthique différente, et, dans certains cas (hors d'Europe), des cultes différents, tout cela dans un ensemble ordonné complémentaire et harmonieux, car l'idéal était que chacun exercât une fonction correspondant à sa nature. 

                Or, le spectacle que nous offre le développement de l'histoire est celui d'une régression du type de société et des intérêts prédominants de l'un à l'autre des plans qui définissaient ces classes fonctionnelles. En effet, pour l'Occident, l'époque des sociétés dominées par les représentants d'une autorité spirituelle (l'expression de "théocratie" est toutefois assez vide et stéréotypée) remonte presque à la préhistoire et au mythe, les derniers prolongements de ces sociétés sont les "monarchies de droit divin". On descend donc d'un niveau et on arrive à une société dominées par l'aristocratie guerrière, dont les idéaux sont désormais l'honneur, la fidélité, l'éthique virile, plutôt qu'une sacralisation générale de l'existence (comme au premier stade). C'est le cycle des grandes dynasties européennes. Nouvelle descente : avec les révolutions, principalement avec la révolution française, avec la première ère industrielle et le capitalisme, on assiste à l'avènement du tiers Etat en tant que ploutocratie ; il n'y a plus de rois de l'esprit ou du sang, mais des rois du charbon, de l'acier, de la finance. Avec la troisième Internationale, le marxisme et le communisme, on descend au dernier degré de l'ancienne hiérarchie traditionnelle, c'est le début de l'avènement du "quatrième état" comme classe laborieuse et demos collectivisé, avènement préparé par la démocratie et par les diverses tendances "sociales". 

                Corrélativement, l'idéal est désormais celui de la dernière caste, le travail. C'est le quatrième Etat qui lutte actuellement pour la domination du monde et revendique l'avenir devant ce qui reste de l'hégémonie (stigmatisée comme "impérialisme") du "tiers Etat", représentant de la société "bourgeoise", capitaliste et ploutocratique. 

                C'est ainsi que se présente, du point de vue d'une historiographie de Droite, le "sens", c'est-à-dire la direction de marche, de l'histoire, au-delà des contingences. C'est une régression qui, à l'évidence, ne concerne pas seulement les articulations sociales, mais qui s'accompagne du passage d'une vision du monde et de la vie à un autre. Il s'agit d'un effondrement. Le sommet s'abaisse, la base s'élargit, jusqu'au nivellement et à la domination du collectif, sous des formes organisées et totalitaires (comme dans les Etats marxistes), mais aussi sous des formes spontanées en marge de la technocratie. 

                Maintenant, il serait à se demander si le mouvement s'arrête au quatrième Etat, s'il n'existerait pas des signes de l'émergence d'un "cinquième Etat". Un tel "Etat" n'a pas son pendant dans la hiérarchie traditionnelle ; il ne peut être rapporté qu'à une sorte de sous-sol, aux éléments informes, déchaînés, et, en quelque sorte, infra-humains, qui étaient endigués dans les ordres traditionnels, dans lesquels ils subsistaient à l'état latent. Mais, quand les digues sont rompues, ce substrat peut émerger dangereusement à la limite des formes régressives de la dernière phase, la quatrième. Die herraufkunft des fünften Standes (l'avènement du cinquième Etat), c'est précisément le titre d'un livre qu'avait publié H.Berl, dans l'entre-deux-guerres. Bien qu'il soit écrit avec exaltation (l'auteur était dans un sanatorium et se dit "attaqué par la fièvre" à chaque page), il ne manque pas d'idées attestant une sorte de clairvoyance hallucinée. Depuis lors, les symptômes sur lesquels Berl avait attiré l'attention, symptômes sporadiques du début de l'émergence d'un "Cinquième Etat" par les fissures du "système" existant ( il songeait au gangstérisme américain et particulièrement à certains aspects "démoniques" du bolchevisme), se sont multipliés, et c'est pourquoi sa thèse pourrait même fournir un fil conducteur pour interpréter divers phénomènes qui vont se généralisant. 

               Sous ce rapport, il ne faut pas se référer au monde des nations déjà marxisées, où les contrôles   totalitaires préviennent dans une large mesure des explosions de ce genre. L'exception pourrait éventuellement être la Chine des gardes rouges maoïstes, où l'on voudrait perpétuer ce climat des phases frénétiques de toute révolution dans lequel il y a effectivement un affleurement en quelque sorte "démonique" des forces inférieures (J. De Maistre a écrit des pages classiques là-dessus). Il faudrait plutôt se référence à ces pays occidentaux où les contrôles se sont relâchés, le principe d'autorité est nié et, parallèlement, le phénomène de la délinquance et de la violence prend des dimensions préoccupantes. De plus, il faut envisager les aspects importants des "contestations" qui se développent insidieusement, quand elles ont le caractère d'un déchaînement anarchique et d'une furie destructrice. 

                En effet, nous considérons que ceux qui cherchent des alibis aux aspects prédominants de ce qu'on appelle la "contestations globale" se méprennent, car ce qui est essentiel, ce n'est pas de dire "non" à tel ou tel des aspects de la société moderne (plus ou moins celle du "tiers Etat", par exemple, comme "société de consommation"), mais de savoir au nom de quoi on dit "non" et on se révolte. Qu'une grande partie de ce mouvement contestataire soit instrumentalisée par la subversion marxiste, c'est là ce qui est évident ; plus ou moins directement, ce sont les vieux thèmes de la politique sociale anticapitaliste marxiste qui servent d'éventuelle justification. Quant au type de l'"anarchiste de Droite", c'est-à-dire celui qui dit "non" à la "société technocratique de consommation", au "système" et à tout le reste, au nom de la conception hiérarchique, articulée et qualitative de la société dont nous avons parlé plus haut, en la reformulant d'une manière adéquate, il n'existe presque pas. Il s'agit beaucoup plus souvent, au contraire, de manifestations d'un anarchisme sans bannière, chaotique, sauvage, pour lequel tout le reste n'est qu'un prétexte. Dans ce cas, on pourrait parler d'un réveil et d'une émergence du sous-sol informe, rebelle, destructif, encore plus inférieur que le "quatrième Etat" : ce qui favorise cette émergence, c'est le fait qu'un cycle se clôt conformément au "sens de l'histoire" (le vrai), et que la vie a perdu toute véritable signification. 

                Si sommaires qu'ils soient, ces points de repère peuvent peut-être offrir un intérêt pour celui qui veut étudier sans peur dans le beau monde où nous vivons.

    Julius Evola http://agedefer.over-blog.net

     

  • Réflexions sur la Révolution de Charles Maurras

    Lorsque Charles Maurras se lance dans la vie publique et commence à mûrir sa pensée politique, cela fait juste cent ans que la Révolution a éclaté. En 1889, il atteint vingt et un ans, il vote pour la première fois, et c'est pour un candidat boulangiste, le juif Alfred Naquet !
    Au cours du siècle écoulé, la critique de la Révolution a été faite par les penseurs les plus divers. Les uns, Joseph de Maistre, Louis de Bonald, se placent d'un point de vue principalement religieux, et opposent les vérités de la Foi à la "Raison" déifiée par les révolutionnaires. D'autres adoptent un point de vue positiviste, tels Auguste Comte et Ernest Renan. D'autres encore, comme le sociologue Frédéric Le Play et l'historien Hippolyte Taine, s'attachent empiriquement à analyser les faits, leurs causes et les conséquences
    La synthèse
    Charles Maurras réalise la synthèse de ces divers courants. Il écarte les préoccupations métaphysiques. Son souci est de trouver une base d'accord entre tous les Français sur un événement – la Révolution – qui a engendré de profondes divisions dans le pays. Maurras adopte la méthode de Taine qui, le premier, a étudié la Révolution d'une façon scientifique.
    La pensée de Maurras sur la Révolution est particulièrement développée dans ses Réflexions sur la Révolution de 1789 parues en 1948 aux Éditions des Îles d'Or. Chez le même éditeur Maurras a publié un autre ouvrage très dense, L'Ordre et le Désordre, les idées positives et la Révolution, dont cette rubrique a déjà traité (cf. A.F. 2000 du 28 juillet 2005).
    Recherchant les causes de la Révolution, Maurras dénonce le mouvement des "Lumières" qui s'est développé au cours du XVIIIe siècle et qui a gagné progressivement toutes les élites de la société d'Ancien Régime. Il dénonce les « idées suisses » développées par « le misérable Rousseau ». Il observe au XVIIIe siècle une défaillance de l'intelligence française qui rejette alors les traditions, les valeurs qui font la force des sociétés et qui vont être balayées par un individualisme sans frein, ferment d'anarchie.
    La défaillance de l'autorité
    Les hommes du XVIIIe siècle ont été grisés par les progrès des connaissances et se sont laissés emporter par leur orgueil en envoyant promener les cadres intellectuels qui avaient jusqu'alors gouverné la pensée.
    Maurras souligne le rôle de la franc-maçonnerie et celui des sociétés de pensée, ce dernier mis en lumière par Augustin Cochin (cf. L'A.F. 2000 du 3 février 2005). Il ne sous-estime pas non plus le rôle de l'Angleterre et des agitateurs à sa solde.
    Cependant, il s'attache surtout à analyser le comportement de l'autorité face à cette entreprise subversive. Cette autorité a été défaillante. Louis XVI était lucide et plein de bonne volonté, mais il n'a pas fait son métier de Roi. Il était en effet contaminé par les idées nouvelles. Face à la subversion, il ne faut pas hésiter à user de la force, même si l'on doit faire quelques victimes. En saisissant les occasions favorables pour faire preuve d'énergie – elles se sont présentées – Louis XVI aurait sauvé et la France et son trône.
    Ainsi, si la Révolution l'a emporté, « la cause fut intellectuelle et morale. L'anarchie triompha parce qu'elle était convaincue qu'elle était le vrai, le juste, le beau ; l'autorité tomba parce qu'elle professait sur l'anarchie les opinions de l'anarchie... »
    À la décharge de Louis XVI, on peut avancer que le malheureux roi – dont Maurras célèbre les éminentes qualités morales – n'a guère trouvé de soutien autour de lui. Il a été trahi de toutes parts. Les idées nouvelles avaient pénétré l'esprit de la plupart des élites et il n'existait pas – en dehors de quelques écrivains – de courant intellectuel sur lequel le Roi eût pu s'appuyer.
    Maurras montre, après Taine, qu'il y a un enchaînement logique dans les différentes phases de la Révolution et il revient souvent sur cette idée. Un engrenage a entraîné la France, en l'espace de dix ans, de 1789 à 1799, de l'anarchie libérale au despotisme napoléonien, en passant par la Terreur. « De l'individualisme absolu à l'État absolu, la chaîne est logique », écrit-il. Au nom d'une liberté abstraite et de la souveraineté de l'individu, l'État révolutionnaire va combattre les libertés concrètes. Il veut en effet créer un homme nouveau, une nouvelle société à base d'individualisme. Il en viendra ainsi à vouloir exterminer tous ceux qui restent marqués par l'ordre ancien, et même ceux qui n'en sont que suspects.
    Des "patriotes" cosmopolites
    Maurras passe en revue les principaux événements de la période 1789-1791 et leur donne leur signification profonde : le vote du 23 juin instituant le vote par tête au lieu de la tradition du vote par groupes : la représentation populaire change alors de nature. Le 14 juillet, en abattant la Bastille on a abattu les défenses de l'État, sans pour autant supprimer l'arbitraire. La folle nuit du 4 août s’est déroulée aux dépens du tiers-état, plus encore que de la noblesse et du haut-clergé par suite de la disparition des libertés collectives. La perte des libertés professionnelles a entraîné le règne de l'or et l'oppression des ouvriers. Le 26 août, la Déclaration des Droits de l'Homme fut l'affirmation d'un « droit divin de l'individu ».
    Maurras critique aussi la conception que les jacobins ont du patriotisme. Pour eux, l'appartenance à la patrie repose sur la seule volonté des citoyens ; elle tend ainsi à se confondre avec l'adhésion à une idéologie. La Révolution était au fond cosmopolite.
    Maurras tire en fin de compte un bilan largement négatif de la Révolution. Elle a conduit à la guerre civile et à vingt-trois ans de guerre étrangère qui ont saigné le pays. Dans l'ordre politique et moral, elle a été désastreuse. Les idées révolutionnaires imprègnent encore l'enseignement, les grands médias et la législation. Elles ont pénétré chez beaucoup de gens de "droite" qui n'osent les combattre. Mais pour Maurras « toutes les espérances flottent sur le navire d'une contrerévolution » (Pour un jeune Français).
    Pierre PUJO L’Action Française 2000 du 6 au 19 octobre 2005
    * Éd. des Îles d'or, 1948