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Science sans conscience, arme de destruction massive

SOUS LE titre : « Cancer, mortalité infantile et ratio sexuel des naissances, Irak 2005-2009 », une toute récente étude épidémiologique révèle que les habitants de Fallujah ont été soumis à des radiations bien plus élevées que celles endurées par les populations d'Hiroshima et de Nagazaki, le 6 août 1945.
LE DRAME DE FALLUJAH
Située à une soixantaine de kilomètres de Bagdad, Fallujah a, en effet, été le théâtre d'un des plus horribles crimes de guerre de notre temps.
En avril 2004, sa population, en majorité sunnite, s'était rendue célèbre en résistant à l'assaut donné par les forces d'occupation U.S - occupation fondée sur des mensonges, on s'en souvient.
En juin, les notables de la ville ayant refusé ; d'accepter la légitimité du gouvernement provisoire du Premier ministre Iyad Allawi, l'oncle Sam décida d'en faire un exemple.
L'assaut fut donné le 7 novembre. Pendant dix jours, des milliers de tonnes d'explosifs et de balles s'abattirent sur la ville.
L'envoyé d'Infowars, James Cogan rapportait le 18 novembre 2004 : « Fallujah est dévastée. C'est un enfer de corps sans vie, de bâtiments détruits et partout l'odeur fétide de la mort... On peut voir des rescapés à la recherche de nourriture dans ce que furent leurs jardins. D'autres errent, hagards et émaciés alors que, laissés là où ils sont tombés, des corps bouffis se décomposent... La seule comparaison qui me vient à l'esprit sont les villes de Beyrouth et de Sarajevo... » (D'autres témoins oculaires affirmeront avoir vu des chiens affamés se nourrir de cadavres. Des cas de rage furent d'ailleurs signalés).
Tout homme de 15 à 55 ans s'était vu interdire de quitter la ville. Sur une population d'alors environ 350 000 âmes, quelques milliers étaient parvenus à s'enfuir. Alors que l'estimation des pertes et des prisonniers restait vague (un ou deux milliers pour chacun des cas), c'est la nature des blessures qui frappait l'esprit des témoins*, notamment la vue des corps calcinés sous des vêtements intacts... Chez l'occupant, on dénombra un cinquantaine de morts.
Pour justifier ce carnage, les media US puis internationaux avaient ressassé, des semaines durant, que la ville sunnite était aux mains de « terroristes étrangers » sous la conduite de l'extrémiste palestinien Abu Musaab al-Zarqawi - ce que niaient catégoriquement les habitants. Bien entendu, Zarquawi resta aussi introuvable que le furent les armes de destruction massive attribuées à Saddam Hussein. Cela n'empêcha pas le général US John Sattler de déclarer « avoir libéré Fallujah » et le camp des justiciers d'avoir eu raison « d'irrationnels fanatiques », qui se seront battus « jusqu'à la mort » dira d'eux le porte-parole américain, le colonel Regner.
UN URANIUM QUI N'A RIEN D'APPAUVRI
Cette nouvelle étude tant attendue, publiée le 23 juillet dernier dans « l'International Journal of Environmental Studies and Public Health » (IJERPH) a été produite sous forme de questionnaire, en janvier et février 2010. Ses auteurs furent pareillement taxés de "terroristes" (la voix de son maître... ) par les autorités irakiennes aux ordres, tentant d'intimider la population. Ce fut seulement en présence d'une personnalité connue de la communauté que les langues se délièrent ; 711 foyers représentant 4 843 personnes, y participèrent.
La conclusion fait dire aux enquêteurs que « les taux de cancer ont en effet quadruplé depuis 2005 et que leurs différentes formes se révèlent similaires à celles rencontrées par les survivants d'Hiroshima et de Nagazaki, exposés à d'intenses retombées nucléaires ».
Parmi les chercheurs, Chris Busby, professeur de sciences biologiques et moléculaires à l'Université de l'Ulster et directeur de la recherche scientifique de Green Audit (groupe de recherche indépendant) trouve ce résultat « extraordinaire et alarmant », n'hésitant pas à déclarer sur la chaîne de télévision italienne RAI 24 : « D'après moi, il s'agit d'uranium appauvri et les deux cas doivent être liés ».
Comparé aux populations d'Egypte, de Jordanie et du Koweït, le taux de leucémie à Fallujah, s'avère 38 fois plus élevé ; 12 fois plus chez les enfants ; il l'est 10 fois plus pour le cancer du sein. On remarque aussi de nombreuses insuffisances rénales, des cas anormaux de lymphome et de tumeur du cerveau se développant chez les adultes. Quant à la mortalité infantile (80 sur 1000), elle aussi est supérieure : 5 fois plus qu'en Egypte et Jordanie et 8 fois plus qu'au Koweït.
Si sous les pressions, les forces de coalition avaient dû admettre l'emploi intensif de napalm et de phosphore depuis 2003, il en est autrement pour celui de l'uranium (dit) appauvri (UA). Difficilement identifiable car contenu dans les munitions et les armes telles que le fusil d'assaut AK77, l'UA, malgré sa dangerosité, semble désormais l'arme de prédilection des créatures du Pentagone.
Issu de l'uranium enrichi, d'activité inférieure à celle de l'uranium naturel, l'uranium appauvri (U235) est particulièrement fissile en dépit de sa densité. Il est non seulement chimiquement toxique (tel que le plomb, l'arsenic) mais aussi radiotoxique. Pyrophorique, il pulvérise sans mal tanks et bunkers en transperçant des mètres de béton et causant d'incommensurables dommages collatéraux... Il dégage à l'impact - nous parlons là de tonnes - entre 40 et 70 % de sa masse et disperse d'infinies particules (notamment de l'uranium, des traces de plutonium et d'américium) de poussière radioactive emportée par le vent sur de longues distances, absorbée par les sols, les eaux de surface et les nappes phréatiques ; touchant humains, animaux et plantes... Inhalé tel un gaz, l'oxyde d'uranium pénètre alors le corps qui ne peut l'éliminer et l'irradie, indéfiniment.
L'emploi d'uranium appauvri par les États-Unis avait déjà été suspecté lors de la « Tempête du Désert » en 1991 et l'on sait désormais que près d'un million d'obus a été déversé en trois jours, sur les milliers de réfugiés et de soldats irakiens battant en retraite sur la route de Bassora - en violation de l'article 3 de la Convention de Genève.
Parmi les nombreux témoins, Carole Picou, qui faisait partie du « service santé » des armées américaines et reconnue aujourd'hui invalide à 100 %, a pu constater l'horreur, tout au long de cette « autoroute de la mort » de corps totalement calcinés ; « littéralement fondus, pareils à des scories » écrira-t-elle. À partir de 2003, ces scènes se banaliseront, à Fallujah comme dans tout l'Irak.
Dus à la présence de radioactivité, des tests avaient eu lieu dans six zones du sud du pays dont la ville de Bassora, particulièrement touchée. À l'aide d'un spectromètre gamma, un tiers des échantillons de végétaux collectés indiqua un taux de radioactivité trois fois supérieur à la normale. Dans ces zones, près de 900 000 tonnes de plantes sauvages comestibles et près d'un tiers des animaux étaient contaminés. Aussi bien par inhalation qu'ingestion de liquides ou de solides, ce taux, mesuré sur cinq ans (1991-1996) représentait déjà, chez les enfants de moins de 15 ans, 70 % de l'ensemble de la population étudiée.
En octobre 2009, des médecins irakiens et britanniques ont demandé, via l'ONU, une commission d'enquête sur les maladies dues à la prolifération radioactive. Un mois plus tôt, les médecins de l'hôpital de Fallujah, alarmés par l'augmentation sans précédent d'anomalies du système nerveux central, avaient entre autres signalé que sur 170 nouveaux nés, 24 % d'entre eux n'avaient pas survécu plus d'une semaine, parmi eux, 75 % étant difformes.
De deux admissions par quinzaine, on peut désormais parler de deux admissions par jour, affectant spécialement la tête et la moelle épinière, créant simultanément des déficiences dans les membres inférieurs.
Nombre d'enfants qui survivent, développent avec le temps, cécités, infirmités (crânes anormalement développés, taches, excroissances apparaissant sur le visage et le corps) accompagnées parfois d'indicibles souffrances. Ceux qui s'étiolent, s'en vont accroître, pendant des décennies, la longue liste des victimes "différées", comme ce fut le cas au Japon.
ALTÉRATION DU PATRIMOINE GENETIQUE
Selon le dr. Roger Coghill, spécialiste anglais des radiations : « une seule particule de UA logée dans un ganglion lymphatique peut dévaster le système immunitaire entier ». Pour sa part, le professeur Siegwart Horst Günther, épidémiologiste autrichien, met en évidence la déficience du système immunitaire, provoquant, tel que pour le SIDA, l'apparition d'infections, d'herpès et de zonas, de dysfonctionnements rénaux, d'avortements spontanés et de malformations congénitales. Les leucémies, quant à elles, seraient dues à l'irradiation des cellules souches par des particules alpha fixées sur la moelle osseuse et certains tissus lymphatiques.
Hautement cancérigène, « L'uranium appauvri [devient] ainsi la plus dangereuse des toxines connues de la science des hommes » affirme, quant à lui, le professeur A. Durakovic, directeur du département de Médecine nucléaire à l'Université Georgetown de New York et expert auprès du Pentagone (sic).
Lors de l'impact, l'UA s'enflamme au contact de l'oxygène, provoquant une chaleur extrême (jusqu'à 10 000°C, avancent certains) entraînant la dispersion de 10 à 100 % d'uranium selon le type de projectile. Ainsi, un obus tiré par un char M1 Abrams produit entre 1 et 3 kg de cette poussière. D'après les travaux du chercheur Leonard Dietz, une seule particule de 5 microns engendre une dose de 1 360 rem, soit plus de trois cents fois la dose annuelle autorisée chez les chercheurs de l'industrie nucléaire. Attaquant l'ADN contenu dans spermatozoïdes et ovules, le résidu radioactif et toxique est ainsi la cause de malformations congénitales monstrueuses - dont la vue est difficilement soutenable. La fixation de l'UA sur le placenta des femmes enceintes contrarie le processus de formation de l'embryon par division cellulaire. Ainsi, de nombreux enfants naissent hydrocéphales ; avec deux ou sans tête, sans membres (comme les victimes de la thalidomide dans les années 1950 dont il serait intéressant d'en connaître l'exacte composition) ; souvent des organes en moins : yeux, nez, oreilles, anus et même cerveau... D'autres souffrent de graves problèmes cardiaques (absence d'oreillettes ou de valvules) ou pulmonaires ; d'autres encore, présentent des organes à l'extérieur du corps : cerveau, estomac, intestins...
« Il est frappant, constate le journaliste Tom Eley, de voir combien, après 2005, la proportion de filles nées à Fallujah a augmenté. En règle générale, le ratio est de 1 050 garçons pour 1 000 filles. Dans les quatre années qui ont suivi l'attaque U.S [donc dans le groupe d'âge de a à 4 ans] le nombre de garçons est tombé à 860 pour 1 000 filles ... » Cette réduction de 18 %, due à un stress mutagène, s'explique par la sensibilité du chromosome mâle - l'homme possédant un seul chromosome X et la femme, deux - ce qui lui permet d'absorber la perte de l'un d'eux en cas de dommage génétique. Or, c'est bien de cela qu'il s'agit : une altération du patrimoine génétique, apparemment irréversible, dont il faudra plusieurs décennies pour mesurer l'étendue.
Depuis la conception de la première bombe atomique à Los Alamos (Nouveau Mexique), de nouvelles armes ont été testées, sans aucun état d'âme, sur différentes populations du globe. (Sait-on que le napalm fut employé pour la toute première fois** sur Royan et Coutances par les 1 200 bombardiers américains en route pour Dresde ?). En Irak, 1991 ; en Bosnie, 1994-95 ; au Kosovo et en Serbie, 1999 ; en Afghanistan, 2001 et de nouveau, en Irak depuis 2003 - lors de conflits souvent qualifiés d'humanitaires ! On peut y inclure le siège de Beyrouth et celui de Gaza, puisqu'Israël fait officiellement partie des trois pays ayant recours à l'emploi d'uranium appauvri, aux côtés des USA et du Royaume-Uni.
Quel est l'impact de ces actes irraisonnés sur notre propre santé ? Avons-nous conscience que, comme dans le cas de Tchernobyl, la contamination ne s'est pas arrêtée aux frontières ?
Interviewé par la BBC, le département de la Défense américain continue pourtant de nier « les causes de prolifération résultant d'actions militaires U.S ». Il faut dire que même en ce qui concerne les années de la coalition, la chape de plomb pèse lourd sur les statistiques qui, moins nombreuses, n'en sont pas moins dramatiques pour les troupes et leur progéniture... C'est de retour au pays que commence pour eux, la descente aux enfers.
La Convention de Genève condamne théoriquement l'emploi d'armes « sans distinction de civils ou de cibles » tandis que l'ONU classifie les munitions contenant de l'UA, « comme armes illégales de destruction massive » ! Faut-il donc en conclure que son emploi est sélectif, un genre de punition collective toléré selon le camp auquel on appartient ? Certes, cela n'est pas nouveau. Et qu'importe si l'arrêt des combats et des pilonnages n'apporte aucun soulagement aux souffrances des victimes, souffrances dont les stigmates n'ont pas fini d'affecter les générations futures.
Aussi pénibles soient-elles, il serait souhaitable que ces vérités soient proclamées au plus grand nombre et placardées, si nécessaire, sur les murs de certains édifices publiques. S'il n'est pas déjà trop tard.
Pour ce qui est de l' Afghanistan, les généraux McChrystal et Petraeus, tombés en disgrâce, ont été, tour à tour, limogés. Celui qui leur succède n'est autre que le général James Mad Dog, (chien fou) Mattis qui eut un rôle déterminant dans le massacre de Fallujah. En 2005, lors d'une réunion publique, il fit sensation en déclarant : « C'est amusant de tuer certaines gens... Vous savez, c'est diablement marrant ! (it's fun to shoot some people ... You know, it's a hell of a hoot) ». De la chair à canon au gibier sans défense, on prend les mêmes et on recommence !  
Certains, heureusement, font preuve de décence : La député travailliste, Alice Mahon, par exemple, qui démissionna en juin 2005, s'insurgeant publiquement contre le gouvernement Blair et dénonçant « la puante hypocrisie des USA, osant donner des leçons de morale au reste du monde ». Tout récemment, le secrétaire de la Défense britannique Liam Fox, dans un rapport adressé à la Chambre des communes, confessera : « Les forces du Royaume-Uni ont utilisé environ 1,9 tonnes d'uranium appauvri en Irak durant l'année 2003... ». Estimation modeste. En Amérique même, le professeur Francis A. Boyle de l'Université de l'Illinois à Urbana Champaign, affirmait quant à lui, déjà en novembre 2007 que « l'emploi d'uranium appauvri par les USA et la destruction de Fallujah [étaient) des crimes de guerre ». Une voix dans le désert.
Le 19 août, on pouvait voir sur nos chaînes de télévision, le retrait anticipé de certaines troupes américaines, heureuses assurément de rentrer chez elles, et « satisfaites, ajoutait le commentateur, d'avoir rétabli la démocratie dans ce pays ». Quel odieux mensonge dont témoignait ce départ furtif, en pleine nuit...
Que ce soit en Irak ou ailleurs, aux bombardements sans discernement répondent des attentats dans les lieux publiques, tout aussi condamnables que lâches. Les forces qui s'affrontent, de part et d'autre, n'ont que faire du sang des innocents et de jeunes vies dont l'idéal est sacrifié sur l'autel de la déraison. Devant un tel gâchis, comment s'étonner de la montée, toujours croissante, d'un Islam qui se veut conquérant et à qui nous fournissons des martyrs ? Chez nous où existe un danger potentiel, on envoie au loin nos forces vives, les persuadant d'aller contraindre, chez eux, des gens qui n'aspirent qu'à y rester. De quelle criminelle imposture devraient répondre nos dirigeants corrompus !
Au lendemain d'Hiroshima, Albert Camus prévenait déjà dans Combat du 8 août 1945 que la civilisation mécanique venait de parvenir à son dernier degré de sauvagerie ; qu'il allait falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes de l'homme... entre l'enfer ou la raison.
Saurons-nous le faire, et à quel prix ?
Michelle PAVARD-JIRARD. Rivarol du 17 septembre 2010
* vidéos disponibles sur Internet.
** « Chacun savait que la guerre allait prendre fin [ce fut fait quinze jours plus tard]... il y avait une petite poche de soldats allemands encore présents près de la petite ville de Royan. L'ordre nous fut donné de les bombarder ... » dira l'un des participants, le politologue américain, devenu pacifiste, Howard Zinc, lors d'un voyage dans la ville martyre en 1966. Pétri de repentir, son témoignage est d'autant plus intéressant qu'il avait auparavant participé au bombardement d'Hiroshima le 6 août 1945. En 2005, loin de ce qu'autrefois il acceptait sans question : « la moralité absolue de la guerre contre le fascisme » il ajoutera, au cours d'une interview : « Tout est fait à distance, provoquant de terribles atrocités... C'est ce qui se passe à présent en Irak et en Afghanistan.... Que faisons-nous en Irak ? »

 

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