Article du Monde sur les veilleurs :
[...] Devant le parvis de l'Hôtel de Ville, ce mercredi 3 juillet, ou devant le centre Georges Pompidou, une semaine plus tard, près de 300 personnes sont assises devant une tribune où s'improvisent tour à tour lectures, chant lyrique, guitare sèche, cornemuse ou témoignages. Trois enceintes, un micro et de quoi s'éclairer, le matériel est sommaire mais la foule ne désemplit pas. Lancé par six jeunes dans la foulée des manifestations contre la loi Taubira ouvrant le droit au mariage homosexuel, le mouvement des Veilleurs réunit ses fidèles une fois par semaine à Paris et en province. Après le Printemps français, le Camping pour tous, les Hommen [...] le groupe des Veilleurs est le dernier de la constellation Manif pour tous à avoir résisté à l'éclatement [?] de la mobilisation et à la promulgation du texte le 17 mai. Ces anonymes entendent tourner la page en inscrivant la marche contestataire dans une nouvelle dimension. A côté des Veilleurs " debout ", mobilisés contre l'incarcération de l'opposant Nicolas Buss, condamné en première instance à quatre mois de prison, dont deux ferme, puis à une simple amende en appel, les Veilleurs " assis " cherchent à s'inscrire dans la durée. " Le mariage pour tous n'est que la partie émergée de l'iceberg ", explique avec emphase Axel Rokvam, 25 ans, l'un des six cofondateurs, reconnaissable à sa silhouette allumette, élancée sur plus d'un mètre quatre-vingts. Dans la filiation des groupes issus de La Manif pour tous, l'assemblée de protestataires nocturnes s'affiche comme un " mouvement aconfessionnel et transpolitique ", agitant la liste hétéroclite d'ouvrages récités en tribune : " Antonio Gramsci, Albert Camus, Charles Péguy, Soljenitsyne ou George Orwell. "
[...] Les fondateurs ne démentent pourtant pas le caractère politique de la démarche. " Notre initiative est politique au sens noble. Nous voulons confronter les idées et que chacun puisse après, dans son association, dans son organisation politique ou en famille, infuser les éléments enseignés ici. " Car l'ambiance bon enfant des sit-in n'apaise en rien la gravité des propos. La rhétorique de la civilisation en péril est de tous les discours. " On ne se bat pas seulement contre cette loi injuste, violente et dangereuse ou contre la PMA - procréation médicalement assistée - et la GPA - gestation pour autrui - , s'insurge Emmanuelle, 19 ans, qui veille en famille. Mais pour éveiller les consciences et replacer l'Homme au centre de la société en conformité avec son milieu naturel. " [...]
Sans surprise, à côté des pages Facebook, les relais Internet de droite, catholiques laïcs ou traditionalistes, comme Le Salon beige, Le Rouge et le Noir, Nouvelles de France, Aleteia, ont suivi jour après jour leurs initiatives, publiant tribunes, professions de foi et rendez-vous hebdomadaires. Au niveau européen, ils ont trouvé en l'ECLJ (European Center for Law and Justice) un porte-voix efficace. L'ONG européenne du controversé [??] Gregor Puppinck, docteur en droit, militant "pro-vie" et défenseur des valeurs chrétiennes auprès des institutions européennes, a présenté le 26 juin au Conseil de l'Europe un rapport sur les violences policières en marge des manifestations, recueillant les témoignages des veilleurs interpellés lors de sit-in.
De manière sporadique, la mobilisation des Veilleurs s'est étendue un peu partout en France, semant ici et là des rassemblements nocturnes comptabilisant 50 à 100 personnes par sit-in. De Lille à Lyon en passant par Bordeaux, Chartres, Amiens, Marseille ou Fort-de-France, les Veilleurs revendiquent la création de 175 groupes répertoriés sur leur page Facebook. Pour réunir cette petite France protestataire, le collectif parisien a lancé une grande marche estivale. Un tour du pays, qui commencera à Bordeaux le 10 août pour s'achever par une grande soirée à Paris le 31, après "un passage par les banlieues". L'événement, qui a pour but de "lancer un signal fort aux personnes qui dirigent le pays", devrait tester la dimension nationale du mouvement et éprouver sa résistance en plein milieu des vacances. [...]"