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  • Paris : nouvelle évacuation du camp de clandestins dans le 18e

    Sans doute de peur d’une pétition d’artistes, c’est en demandant bien poliment que l’on a évacué une nouvelle fois le camp de clandestins de la halle Pajol. Enfin ceux qui voulaient bien…

    Pas de CRS, leur présence énerve les clandestins et les bobos, mais des représentants de la ville de Paris accompagnés du directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Voilà le nouveau dispositif pour évacuer les camps d’immigrés dans Paris. Ces braves gens ont donc invité les immigrés à monter dans les neuf bus spécialement affrétés pour rejoindre les huit centres d’hébergement mobilisés en banlieue parisienne qui contiennent 100 à 150 places disponibles. Certains n’aiment pas le bus, ou la banlieue, et ont refusé d’obtempérer. A la mi-journée, une vingtaine d’immigrés ayant refusé la solution d’hébergement se trouvait encore dans le camp.

    A noter que pendant ce temps, des Français en règle, ayant cotisé et payé leurs impôts se voient refuser des aides… 

    http://fr.novopress.info/

  • Églises et mosquées : faux débat et vraie invasion

    Transformer les églises en mosquées ? Ce n’est pas le danger le plus immédiat. L’abandon de nos lieux de culte et de notre identité charnelle l’est bien d’avantage, un péril que laisse soigneusement de côté le manifeste crypto-sarkozyste contre la proposition de Dalil Boubakeur. Par Flavien Blanchon.

    Que cherchait exactement Dalil Boubakeur en évoquant par avance, le mois dernier, la phase suivante de l’islamisation de la France – les églises transformées en mosquées ? Il a permis, en tout cas, aux fauteurs et collaborateurs de l’islamisation de se donner à bon compte des allures de résistants. Politiciens qui subventionnent la construction des mosquées, journaleux chantres du vivre-Ensemble, évêques qui souhaitent un bon ramadan, ont été nombreux à expliquer que, bien sûr, il fallait encore plus de lieux de culte pour les musulmans, mais que la transformation des églises n’était pas la bonne solution. Et le bon peuple droitard d’applaudir à tant d’héroïsme.

    La manœuvre a si bien marché que Valeurs Actuelles, le magazine de la récupération sarkozyste, vient de la relancer en publiant à grand fracas un appel à la défense des églises, signé des premiers par Sarkozy en personne, le même Sarkozy qui avait fait rentrer chez nous plus de musulmans que jamais et dont on sait la responsabilité criminelle dans l’actuel déferlement migratoire. Rien de plus plat et de plus terne, du reste, que ce manifeste dû à je ne sais quel écrivaillon chiraquien : quelle différence, de pensée, de sentiment, de style, avec l’appel jadis lancé pour les mêmes églises de France par Maurice Barrès ! Dans La grande Pitié des églises de France, Barrès, il y a juste un siècle, était allé avec sûreté aux vrais enjeux. Il avait su – alors que l’Église de France était certes autre chose que ce qu’elle est devenue – placer le débat sur son vrai terrain, non confessionnel, mais identitaire.

    Il défendait, à travers les églises, « la figure physique et morale de la terre française ». Le manifeste crypto-sarkozyste ne reconnaît à la France que « quinze siècles d’histoire et de géographie ». Barrès allait jusqu’à nos racines les plus profondes : appelant à « achever la réconciliation des dieux vaincus et des saints », à « allier le sentiment religieux catholique avec l’esprit de la terre », il lançait ce cri magnifique : « Tout le divin, à la rescousse ! » En notre temps même, le philosophe anglais Roger Scruton, dans des livres comme England : An Elegy ou Our Church, a su montrer comment l’anglicanisme traditionnel, comme religion nationale, était « l’enchantement de la terre anglaise ». Mais les sarkozystes ne savent pas ce que sont des racines : ils parlent, avec des métaphores dignes de Monsieur Prudhomme, d’« un enracinement mental dont nous avons tous besoin pour étayer notre citoyenneté » ; « cet héritage, selon eux, nous oblige, de quelque souche que nous provenions ». Comment leur demander d’avoir le sens ample, généreux, charnel, de la terre et des morts ?

    Je n’examine pas si Dalil Boubakeur avait entièrement tort de considérer que le culte musulman et celui qui est aujourd’hui célébré, hélas, dans les églises de France, sont des « rites voisins ». D’un point de vue strictement théologique, en raisonnant dans l’abstrait, on pourrait soutenir que la transformation d’églises en mosquées serait moins abominable que ne l’est, depuis plus de quarante ans, la célébration de ce que feu le P. Guérard des Lauriers – dont on peut penser ce qu’on veut, mais qui savait la théologie –, n’hésitait pas à qualifier de « pornographie théologale ; une dégradation, une chose immonde, une chose que l’on ne devrait pas nommer » – la nouvelle messe. Je n’entre pas dans ces discussions. Je laisse la théologie de côté. D’un point de vue identitaire, on ne peut évidemment que s’écrier, comme le faisait Barrès quand il était question de transformer l’église du village en salle de conférences pour « les sociétés philanthropiques » : « J’aimerais mieux qu’elle s’écroulât ». Oui, plutôt nos églises en ruines qu’aux mains des immigrés musulmans !

    Cette transformation en mosquées, qui est, logiquement, la prochaine étape, qui est dans l’ordre des choses si celles-ci continuent à aller du même train, n’est pourtant pas le danger le plus immédiat pour nos églises. Ce qui les menace d’abord, c’est l’abandon, le non-entretien délibéré, des années durant, pour pouvoir les démolir comme dangereuses ou trop coûteuses à réparer, les ravages aussi des bandes de pillards, de vandales et de sacrilèges, que les maîtres du pays laissent agir sciemment, dans une impunité calculée, parce que l’on n’est pas fâché, au fond, que l’on est même secrètement bien aise, de voir s’abolir les traces de l’ancien peuple français et de la religion indigène. Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, le grand historien d’art Jacques Thuillier soulignait que « la Révolution française a brûlé en autodafé moins de tableaux qu’on ne le croirait de prime abord : il lui a suffi de laisser s’écailler, dans les églises désaffectées ou les dépôts hâtifs des œuvres qui, lorsqu’elles étaient antérieures au XVIIe siècle, arrivaient au moment où elles exigeaient pour survivre des soins délicats ». Le procédé est toujours le même.

    Le manifeste crypto-sarkozyste n’a pas un mot de cela. Il soutient au contraire, avec une extraordinaire impudence, que « les maires de nos communes rurales entretiennent tous leur église avec une sollicitude filiale ». Dormez tranquilles, catholiques de France, tant que votre église ne sera pas transformée en mosquée, vous n’avez rien à craindre.

    Les mêmes maires qui n’ont pas d’argent pour entretenir leurs églises en trouvent toujours pour subventionner des centres « culturels » islamiques, brader des terrains municipaux, organiser des nuits du ramadan. Paris donne l’exemple. On ne transforme pas l’église en mosquée : on laisse l’église se délabrer pendant que l’on construit une mosquée toute neuve. À en juger par certaines réactions à la provocation de Dalil Boubakeur, beaucoup de musulmans préfèrent cette formule. Et c’est ainsi que s’opère doucement, dans « la concorde civile » célébrée par les sarkozystes de Valeurs Actuelles, le Grand Remplacement.

    La vérité que l’on dissimule et que l’on obscurcit à dessein par ces diversions et ces faux débats, c’est que les mosquées sont par essence étrangères à la terre de France, qu’elles en altèrent, qu’elles en dénaturent ce que Barrès appelait « la physionomie architecturale ». Nous ne voulons pas de mosquées chez nous. Ni à la place des églises, ni à côté d’elles.

    Flavien Blanchon

    http://fr.novopress.info/190407/eglises-mosquees-faux-debat-vraie-invasion/#more-190407

  • Le Département du Rhône doit trouver en urgence 50 millions d’euros sous peine de faillite

    L’audit ne sera dévoilé publiquement qu’en septembre, mais le travail du cabinet Ernst & Young, choisi par le président du Nouveau Rhône Christophe Guilloteau pour éplucher les comptes du Département, a été présenté cette semaine aux élus. Et le constat est alarmant. Et même consternant.

    Le document révèle tout d’abord que le Rhône a quelques mois pour trouver entre 44 et 56 millions d’euros d’économies pour éviter la faillite et la mise sous tutelle de l’État et du préfet!

    Le cabinet préconise la mise en place d’un “plan stratégique de réduction des dépenses du Département”. “Cette réflexion doit être lancée très tôt, dès juillet 2015, pour s’inscrire dans un travail de refonte du processus de préparation budgétaire et sur la mise en œuvre d’un contrôle interne plus fiable afin de limiter le risque d’aléas négatifs sur les dépenses du Département“.

    Christophe Guilloteau a toujours dénoncé le budget 2015 voté le 20 février par le Conseil Général et l’ancienne majorité centriste. Ernst & Young lui donne aujourd’hui raison : le budget était insincère et ne représentait pas la réalité des comptes du Département. “Sans la sous-estimation des dépenses et la hausse des recettes, le budget 2015 n’aurait pas été voté à l’équilibre“, annonce Ernst & Young.
    Plusieurs dizaines de millions d’euros de dépenses ont ainsi été dissimulées aux élus. “Le choix a été fait de réduire certaines dépenses de fonctionnement pour lesquelles l’engagement du Département était avéré et de ne pas intégrer l’excédent“, précise le cabinet qui estime que des dépenses de fonctionnement supplémentaires atteignent les 25,1 millions d’euros. Pour un total de 31,1 millions d’euros dissimulés lors du vote.

    Pour redresser la barre, le Rhône va donc couper sans vergogne dans ses budgets, voire céder ses biens immobiliers pour mettre fin aux dérives de l’équipe de Michel Mercier. Les pistes ne manqueront pas pour Renaud Pfeffer, 1er vice-président aux Finances, qui sera aidé dans sa démarche par Ernst & Young. Mais elles représenteront toutes des crève-cœur pour la collectivité.

    Et Christophe Guilloteau, qui avait promis durant la campagne de ne pas augmenter les impôts, est bien obligé de tenir son engagement. Même si cela apparaîtrait comme une solution de facilité.

    Lyon Mag

    http://fortune.fdesouche.com/387001-le-departement-du-rhone-doit-trouver-en-urgence-50-millions-deuros-sous-peine-de-faillite#more-387001

  • « Si Daech n’existait pas, il aurait fallu l’inventer »

    Avec l'aimable autorisation de Richard Labévière

    Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, écrivain et rédacteur en chef de Proche et Moyen-Orient.ch/Observatoire géostratégique, analyse le changement de posture des États-Unis dans le traitement des questions liées au terrorisme.

    Dans un contexte international volatile et fragmenté, marqué par la disparition progressive du leadership américain, la multiplication des acteurs et la fin des alliances stables, la configuration de la menace terroriste est de plus en plus complexe. Comment a évolué le traitement du phénomène terroriste par les puissances occidentales et leurs alliés ? Comment expliquer les contradictions entre la déclaration d'une guerre totale contre le terrorisme incarné par des organisations comme le groupe État islamique (EI ou Daech), et dans la pratique, un conflit de moyenne et basse intensité contre l'EI ? Pourquoi l'approche politique de résolution des crises a été supplantée par la logique sécuritaire du maintien, de l'entretien et de la gestion de ces situations ? Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, rédacteur en chef de Proche et Moyen-Orient.ch/Observatoire géostratégique, répond à L'Orient-Le Jour.

    Q : Le 27 mai 2015, à Genève, vous avez organisé un colloque sur le terrorisme dans lequel vous parlez d'« anciennes menaces » mais de « nouveaux enjeux ». Qu'entendez-vous par là?
    R : Le premier point sur les anciennes menaces était de montrer la vraie filiation historique de Daech. Souvent les observateurs pressés ont l'habitude de dire que Daech est né en Irak. Mais avant l'Irak, ce groupe s'est inspiré des méthodes et de l'idéologie des islamistes armés algériens, le Groupe islamique armé (GIA), qui entre 88 et 98 ont été les terroristes de la décennie sanglante (tortures et massacres collectifs au nom de la restauration du califat). Dans les méthodes d'assassinat et dans l'idéologie, ces islamistes ont donc été les précurseurs de Daech. Maintenant en ce qui concerne les nouveaux enjeux face à la menace terroriste et ses transformations, nous sommes passés par plusieurs stades. L'isolement international de pays comme l'Algérie qui a fait face seul au terrorisme à l'époque, puis après le 11 septembre et à partir du moment où les États-Unis sont touchés sur leur sol, la guerre contre le terrorisme qui devient l'affaire du monde entier. Après les révoltes arabes et jusqu'à ce jour, la grande nouveauté que l'on peut observer est la gestion de crises. On gère la menace terroriste sans chercher à la résoudre ou à l'éradiquer. La gestion de crise est devenue un mode de gouvernance. On canalise, on oriente, on instrumentalise.

    Pourquoi estimez-vous que c'est après les révoltes arabes que le changement a été initié ?
    Rappelons-nous pourquoi les Américains ont décidé d'éliminer Oussama Ben Laden (chef d'el-Qaëda) en mai 2011 alors qu'ils savaient depuis 4 ans qu'il était au Pakistan et ne bougeaient pas ? Parce que les révoltes arabes de janvier 2011 avaient commencé et que l'administration américaine ne voulait surtout pas qu'el-Qaëda récupère et instrumentalise la contestation, quand la réponse thermidorienne à ces révoltes à l'époque était les Frères musulmans. En mai 2011, on mise donc sur les Frères, et cela va s'avérer une catastrophe. À partir du moment où la dernière approche des États-Unis au Moyen-Orient a échoué, il n'y a pas eu d'approche politique régionale précise face à la crise syrienne, à l'implosion de l'Irak, aux conséquences de la guerre en Libye qui a touché tous les pays voisins de la zone sahelo-saharienne des côtes marocaine à la Corne de l'Afrique.

    Comment se traduit aujourd'hui la gestion du terrorisme au Moyen-Orient ?
    Prenons un exemple parlant, le sommet anti-Daech organisé par François Hollande en juin à Paris. Premièrement, il n'invite pas l'Iran qui est un pays majeur pour combattre Daech. Deuxièmement, la France fait partie de la coalition qui comprend une cinquantaine de pays ; or face aux participants à la conférence, M. Hollande explique que la lutte contre Daech sera longue sur le plan opérationnel (d'où l'idée de gestion), estimant en outre qu'il ne faut pas changer de stratégie parce que celle de la coalition est la plus adaptée. Or n'importe quel militaire sait parfaitement que l'on n'éradique pas une formation comme Daech simplement avec des bombardements aériens. C'est un principe de stratégie militaire. Dans ce genre de conflit, si l'on ne déploie pas de troupes au sol pour entrer dans une confrontation directe (ce que la France a fait au Mali, combats de corps à corps entre forces spéciales et jihadistes) cela ne donnera rien. Dans le cas de Daech, nous sommes dans cette fameuse équation : on ne résout pas le problème par des décisions militaires frontales, on gère sur le long terme et d'une certaine façon on en tire profit. Sur ce point précis, un expert du Pentagone avait affirmé que si l'on voulait véritablement venir à bout de l'EI, il faut 10 mille militaires au sol, une bataille frontale décisive et l'affaire est réglée. Or aujourd'hui, près de la moitié des avions de la coalition rentrent à leur base avec leurs bombes qu'ils n'ont pas larguées.
    Nous pouvons prendre également l'exemple d'el-Qaëda que l'on aide dans un pays et que l'on combat ailleurs. On les soutient en Syrie, mais on tue leur chef au Yémen à 2-3 jours d'intervalle. Tout cela révèle qu'il n'y a plus de politique proche et moyen-orientale construite parce que ce n'est plus central aujourd'hui pour les États-Unis. Il faut replacer le logiciel géopolitique à son bon niveau. Nous avons oublié qu'au début de son second mandat, Barack Obama avait rappelé la chose suivante : l'avenir des intérêts américains se situe en Asie-Pacifique et en Asie centrale. Cela ne passe plus par le contrôle du Moyen-Orient, mais par ce que Zbigniew Brzeziński appelait Eurasie, c'est-à-dire les routes de Marco Polo, de Venise à Vladivostok. C'est pour cela que la priorité, avant de résoudre au cas par cas les crises au Moyen-Orient, reste la normalisation avec l'Iran et la recherche d'un accord sur le nucléaire. L'obsession américaine est aujourd'hui de contenir la Chine et le retour de la Russie comme puissance régionale dans son accord stratégique avec Pékin. De cette priorité-là découle des postures au Moyen-Orient qui vont être différentes en fonction des situations.

    En l'absence d'une approche régionale globale, y a-t-il néanmoins des lignes rouges à ne pas franchir dans la région?
    Oui, il y a 4 lignes rouges qui ne bougent pas. La défense de Bagdad, parce que symboliquement après 2003 les Américains ne peuvent pas permettre que Daech prenne Bagdad. La défense et la protection de la Jordanie qui est un protectorat américano-israélien. Le Kurdistan qui reste une des dimensions essentielles de l'évolution de l'arc de crise et de la transformation à venir parce que du Kurdistan dépend la façon dont les acteurs tentent d'instrumentaliser la question kurde. Le Liban également parce que dans leur absence de vision globale encore une fois, les États-Unis et la France ne peuvent se permettre que l'on revive une instabilité générale telle que l'on a pu la vivre entre 1975 et les accords de Taëf de 1990. Même s'il y a encore des situations grises, des incursions dans la Békaa, et les conséquences que l'on connaît de la bataille du Qalamoun syrien. Aujourd'hui, il est certain que les États-Unis gèrent les crises au coup par coup. Mais surtout de la manière dont ils gèrent la criminalité chez eux. Dans les différents États les plus problématiques avec les gangs et les mafias, il y a un modus vivendi, on ne démantèle pas le crime organisé, on le canalise et on le gère. On protège les zones riches avec des sociétés militaires privées, et on laisse les criminels raqueter les parties les plus pauvres de la société américaine. Donc on instaure des sociétés à plusieurs vitesses avec des ghettos, des zones protégées, des zones abandonnées. La politique étrangère étant une extension de la politique intérieure.

    Vous considérez que le « terrorisme » est devenu le stade suprême de la mondialisation, cette évolution dans le traitement du phénomène serait selon vous liée à la transformation du système capitaliste ?
    Oui, le terrorisme rapporte et s'inscrit dans la logique de la mondialisation économique parce que la lutte contre le terrorisme génère des millions d'emplois dans les industries d'armement, de communication, etc. Le terrorisme est nécessaire à l'évolution du système capitaliste lui-même en crise, mais qui se reconfigure en permanence en gérant la crise. Cette idée de gestion sans résolution est consubstantielle au redéploiement du capital. Dans un brillant essai, La part maudite, Georges Bataille avait expliqué à l'époque en 1949 que toute reconfiguration du capital nécessite une part de gaspillage qu'il appelle la consumation et aujourd'hui on peut dire que le terrorisme est cette part de « consumation » organiquement liée à l'évolution du capitalisme mondialisé. Si Daech n'existait pas, il faudrait l'inventer. Ça permet de maintenir une croissance du budget militaire, des millions d'emplois de sous-traitance dans le complexe militaro-industriel américain, dans la communication, dans l'évolution des contractors, etc. La sécurité et son maintien est devenue un secteur économique à part entière. C'est la gestion du chaos constructif. Aujourd'hui des grandes boîtes, comme Google par exemple, supplantent l'État et les grandes entreprises en termes de moyens financiers pour l'investissement et la recherche dans le secteur militaire américain en finançant des projets de robots et de drones maritimes et aériens. Tout cela transforme le complexe militaro-industriel classique et rapporte beaucoup d'argent. Pour cette transformation le terrorisme est une absolue nécessité, Daech n'est donc pas éradiqué mais entretenu parce que cela sert l'ensemble de ces intérêts. Et là nous ne tombons pas dans la théorie du complot, c'est une réalité quand on examine l'évolution de l'économie.

    Quelles sont les conséquences de cette logique ?
    C'est surtout qu'on encourage les causes et les raisons sociales de l'émergence du terrorisme. On ne dit pas suffisamment que ceux qui aujourd'hui s'engagent dans les rangs de Daech et reçoivent un salaire proviennent des lumpen prolétariat de Tripoli ou autres zones où les gens vivent dans une extrême pauvreté parce que l'évolution du capitalisme affaiblit les États, les politiques sociales, et les classes les plus défavorisées sont dans une situation de survie de plus en plus complexe. Sans réduire le phénomène à une seule cause, le mauvais développement et la déglingue économique constituent tout de même une raison importante de l'expansion de Daech. Face à cela, les États-Unis ont entretenu la situation de faillite des États de la région sahelo-saharienne et favorisé la création de micro-États mafieux. Cette logique de traitement sécuritaire montre que l'argent est devenu le facteur principal des relations internationales aujourd'hui. La raison pour laquelle l'Arabie saoudite, le Qatar sont devenus des partenaires tellement importants pour les pays occidentaux c'est parce qu'ils ont de l'argent et dans leur logique de Bédouins, les Saoudiens pensent que l'on peut tout acheter. L'argent a supplanté l'approche politique des relations internationales, c'est la donnée principale et la direction de la gestion des crises. D'où ce poids totalement démesuré de l'Arabie saoudite, du Qatar, des Émirats, du Koweït, dans la gestion des crises du Proche et Moyen-Orient. Quand on voit que les Saoudiens arrosent d'argent le Sénégal, et que ce dernier envoie 200 soldats au Yémen on sent le poids de l'argent. On voit aussi comment cette course à l'argent explique la nouvelle diplomatie française.

    C'est- à-dire ?
    Du temps du général de Gaulle et de François Mitterrand, on parlait d'une politique arabe de la France, aujourd'hui on parle d'une politique sunnite de la France. La diplomatie française colle aujourd'hui aux intérêts saoudiens, parce que la France vend de l'armement, des Airbus à Riyad, aux Émirats, au Koweït... Ça représente 35 milliards de dollars lourds pour le Cac 40. C'est une diplomatie de boutiquier où la vision stratégique de l'intérêt national et de la sécurité nationale est supplantée par la course à l'argent. Les élites administratives et politiques ne parlent plus de la défense de l'intérêt national mais de la défense de leurs intérêts personnels. L'argent explique leur démission et leur trahison des élites. Dans ce contexte-là, la liberté d'expression s'est réduite à une simple alternative être ou ne pas être Charlie. S'exerce aujourd'hui une « soft » censure qui fait que dans les médias mainstream on peut difficilement faire des enquêtes ou critiquer l'Arabie saoudite ou le Qatar. La diplomatie est gérée par une école néoconservatrice française qui a substitué à la politique et l'approche internationale, une morale des droits de l'homme qui est un habillage à la course à leurs intérêts financiers.

    Richard Labévière

    Source   

    http://euro-synergies.hautetfort.com/index-1.html

  • Wikileaks. Gesticulation ou géopolitique ?

    Ex: http://www.breizh-info.com

    LA FRANCE ET L’EUROPE FACE AU DEFI DE L’ESPIONNAGE NUMERIQUE.

    On avait un peu oublié Edward Snowden et ses révélations fracassantes de septembre 2013 sur la surveillance globale, exercée dans le monde entier, par la National Security Agency(NSA) , l’agence américaine d’espionnage numérique. Voilà que Julien Assange et Wikileaks nous rafraichissent la mémoire : nos trois derniers présidents de la République ont été régulièrement écoutés pendant des années.

    Mais depuis 2012, nous dit-on, la main sur le cœur, outre-Atlantique, tout est rentré dans l’ordre. C’est fini, c’est promis, juré craché. C’est quasiment par inadvertance que la NSA a posé ses écoutes sur les réseaux de l’Elysée et qu’un étage supplémentaire, dissimulé sous un trompe l’œil du meilleur effet, a été construit sur le toit de l’ambassade américaine à Paris .

    Naguère victime de ces écoutes, Mme Merkel avait froncé le sourcil, pour la forme. On apprenait un peu plus tard que son service de renseignement le Bundes Nachrichten Dienst (BND) avait, sans doute aussi par hasard travaillé pour le compte de la NSA à l’encontre de certains des partenaires européens de l’Allemagne, au premier rang desquels : la France. Mais ce n’était pas bien grave, puisque tout le monde en fait autant ce qui, heureusement, est d’ailleurs exact, au moins pour ceux qui ont les moyens de le faire. Cela n’avait pas empêché Barak et Angela de partager il y a quelques jours, bière et saucisses au dernier sommet du G7 en Bavière, dans une ambiance très conviviale, accessoirement antirusse mais dans un cadre parfaitement « gemütlich »…

    Que n’a-t-on entendu ces derniers temps sur ce sujet, mélange le plus souvent d’incompétence, d’hypocrisie ou de naïveté !

    De ce point de vue l’intervention de Manuel Valls à l’Assemblée Nationale ou celle de Laurent Fabius à l’issue de la « convocation » de la charmante Jane D. Hartley, au sourire entendu, « Ambassadeur des Etats-Unis auprès de la République française et de la Principauté de Monaco », sont de magnifiques exemples de la fausse indignation d’usage dans ce genre de situation.

    A moins que Wikileaks, comme l’ont laissé entendre certains représentants de Julien Assange ne reviennent à la charge avec des révélations beaucoup plus troublantes, cet incident sera vite oublié.

    D’une manière générale l’opinion est induite en erreur dans ces affaires d’espionnage de haute intensité par l’expression « d’écoutes » et s’imagine, j’exagère à peine, encore au temps où, à l’image de très beau film de Florian Von Donnersmarck «  La vie des autres » on se branchait, depuis une soupente, sur les lignes téléphoniques de ses victimes.

    Il n’est donc pas inutile de regarder d’un peu plus près ce qui est réellement en jeu dans cette affaire et ce qui distingue l’espionnage de la National Security Agency de tous les autres.

    Rappelons tout d’abord que le budget annuel du renseignement américain est de 60 milliards de dollars. A titre de comparaison celui de la France est de 2 milliards d’euros. Ce qui n’est déjà pas si mal pour notre pays. Mais rapporté à la population et aux intérêts en jeu l’écart reste considérable.

    La NSA est une organisation tentaculaire qui couvre l’ensemble de la planète par ses réseaux, ses stations d’écoute, dont certaines sont implantées en Europe, Allemagne et Royaume-Uni, principalement, ses connexions et accords de coopération avec de multiples services de renseignement. Citons tout d’abord les « five eyes » historiques : US, GB, Australie, Nouvelle Zélande, Canada, ensuite toute une série de partenaires plus ou moins associés le Japon étant le plus récent d’entre eux.

    La NSA possède également des centres de recherche-développement orientés vers la mise au point des programmes et logiciels de surveillance de masse tels que Prism ou Keyscore que les révélations d’Edward Snowden ont dévoilées et vers celles des techniques de décryptage et de crypto-analyse ainsi que vers la conception de super-ordinateurs, quantiques notamment.

    Mais ce n’est pas tout, l’agence ne cesse de passer des accords de coopération avec la plupart des industriels ou opérateurs du numérique et des télécommunications pour étoffer en permanence son système de collecte des données.

    Enfin la NSA est au cœur de la communauté du renseignement américain qui fédère au jour d’hui seize agences de renseignement.

    Cette agence qui gère, contrôle, surveille et stocke si besoin est l’ensemble des échanges de données que génère quotidiennement l’activité de la planète est en quelque sorte le « pivot numérique » de la stratégie globale des Etats-Unis.

    Ce tissu informationnel et numérique dont les mailles se multiplient en se rétrécissant sans cesse sont l’habit neuf dont se revêt de nos jours l’hégémonie américaine.

    Il constitue le socle d’une forme nouvelle de la géopolitique, la géopolitique numérique et le point d’appui d’une stratégie planétaire de « full spectrum dominance ».

    On constate ainsi à quel point les révélations de Wikileaks concernant les écoutes de nos présidents ont, par rapport à cette situation, un caractère purement anecdotique .Elles ne sont, en effet, que l’arbre qui cache la forêt.

    Il est donc inutile d’invoquer comme on le fait ces jours ci, à propos des révélations de Wikileaks, la trahison de soi-disant relations de confiance et d’amitiés entre « alliés ». Il est clair que, même si les américains, comme le souligne judicieusement le député européen Arnaud Danjean, grand spécialiste des problèmes de défense et de renseignement, se rendent coupables « d’abus de position dominante, ce ne sont pas les démarches, dont le Premier ministre a indiqué avec un joli mouvement du menton, devant la représentation nationale ,qu’elles allaient être engagées sans délai auprès des responsables américains, qui mettront fin à une telle situation.

    Il appartient aux Européens de prendre conscience qu’ils se sont placés d’eux même en situation de dépendance aujourd’hui vis-à-vis de l’Amérique et demain ,sans doute, vis à vis de la Chine .

    Plutôt que de se plaindre ou de gémir en ordre dispersé chaque fois qu’un lanceur d’alerte se manifeste ils feraient mieux de réfléchir ensemble puis de se doter des outils numériques sans lesquels ils ne pourront se défendre efficacement dans le climat de guerre économique voire de guerre tout court qui se répand sur le monde.

    La formulation d’une vision géopolitique numérique européenne est une urgence absolue car la caractéristique du déploiement numérique des activités humaines est d’être exponentielle.

    Ceci pour deux raisons : doublement de la capacité de traitement des ordinateurs tous les deux ans et foisonnement ininterrompu des connexions internet.

    Il est temps que nos concitoyens cessent de se lamenter et que leurs yeux se dessillent car chaque seconde qui passe creuse un écart technologique qui finira, si l’on n’y prend garde, par annihiler définitivement le peu de souveraineté qui nous reste.

    Jean-Claude Empereur
    Géopolitologue.

    [cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Laurent Wauquiez courtise-t-il le milieu LGBT ?

    Oui, selon Le Point, qui consacre un papier à Emmanuel Goldstein, connu pour son entregent et ses soirées parmi les plus prisées du tout-Paris friendly. Deux fois par an, ce banquier énarque reçoit dans son duplex du Marais.

    "C'est ainsi que ses soirées d'anniversaire, dites Goldies, sont devenues un cercle d'influence du Tout-Gay Paris et du Tout-Paris".

    Parmi tous ces successful people, Laurent Wauquiez, numéro 3 des Républicains et ancien ministre de Nicolas Sarkozy, dépeint comme un ambitieux, opportuniste, capable des pires trahisons pourvu qu'elles servent sa carrière. Et de citer le journaliste Frédéric Martel :

    "Un jour, j'ai tweeté qu'il était passé, il en a été très mécontent.Sans doute n'était-il pas opportun qu'on sache qu'un anti-mariage pour tous courtise le milieu gay...".

    Michel Janva

  • « Le drapeau LMPT est celui de la Famille, pas celui des hétérosexuels ! »

    Entretien avec Ludovine de La Rochère

    Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, a dévoilé mercredi son nouvel emblème, censé symboliser ses valeurs face à la « fièvre gay ». Et, comme symbole, il a repris celui de La Manif pour tous… Réaction de Ludovine de la Rochère.

    La branche moscovite du parti de Vladimir Poutine a récemment présenté un « drapeau hétérosexuel » qui n’est autre que celui de la Manif pour tous… Quelle a été votre réaction ?

    En fait, le sujet n’est pas si simple qu’il paraît, plusieurs paramètres entrent en jeu.

    D’abord, le fait que le symbole de LMPT soit repris partout dans le monde est une excellente nouvelle en soi, et je me félicite que des Russes attachés à la famille fondée sur la filiation père/mère/enfant le reprennent, exactement comme je m’en réjouis dans tous les autres pays qui le font. Mais ce drapeau, symbole de la défense du mariage homme/femme et de la filiation père/mère/enfant, ne peut être repris n’importe comment.

    En effet, ces enjeux d’humanité et de civilisation sont universels et essentiels. Ils dépassent, notamment, les clivages politiciens : je regrette donc qu’un parti politique l’ait récupéré. Le commentaire immédiat de certains observateurs a d’ailleurs été : « LMPT est pro-Poutine. » La confusion a été immédiate alors que ce n’est pas le sujet ! C’est pourquoi nous n’y sommes pas favorables et ce quel que soit le parti concerné.

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  • Identité et existence enracinée par Claude BOURRINET

    « Allez donc visiter le Mont-Saint-Michel ou le château de Versailles, cela vous donnera un début d’idée », a rétorqué Marion Maréchal – Le Pen à Cambadélis, qui avançait que la France n’existait pas, et que, seule, la République, avait la chance d’être, à ses yeux.

    Je serais quand même étonné que Cambadélis, même ancien trotskiste, même franc-maçon, ne l’eût faite, un jour, cette visite. Au moins celle du château de Versailles, où des sauteries ont parfois lieu, pour les bobos parisiens de luxe, qui se voient bien dans le costume de Marie-Antoinette ou de Louis XVI…

    Je reprends au bond la déclaration de Marion Maréchal – Le Pen car elle me paraît emblématique d’un certain tour d’esprit des patriotes du moment. Il semblerait, en effet, que l’on découvrît actuellement, face à l’anxiété suscitée par notre possible disparition en tant que nation, à une sorte de « revival », comme disent nos « amis » américains (j’invoque les Yankees, car il se peut que nous soyons-là dans un mouvement de type néo-conservateur). Nous voilà donc en quête de nos racines, que l’on croyait arrachées par la pelle de la modernité. Aussi a-t-on tendance à assimiler l’« identité » à des lieux chargés d’Histoire, ou à des périodes glorieuses de notre long passé.

    Or, à mon sens, c’est une erreur, et un péril.

    D’abord, même s’il est fort agréable de fréquenter les hauts lieux de notre civilisation, il n’en demeure pas moins que ce sont des souvenirs momifiés, pétrifiés, transformés en musées ou en cartes postales. On se satisfait de l’écume du temps. Mais a-t-on idée de ce qu’était la vraie pâte de l’Histoire ? Ne nous faisons pas une idée erronée de sa nature ? Ne sommes-nous pas comme ces amateurs de musique classique, qui ne goûtent que Le Boléro de Ravel, Les Quatre Saisons de Vivaldi, sans connaître la véritable substance de ce continent immense qu’est la musique ? Le cliché qu’on a de notre Histoire ne saurait remplacer la vérité historique, bien plus complexe que les stéréotypes simplificateurs.

    Nietzsche, souvenons-nous, avait attaqué violemment, dans ses Considérations inactuelles, l’historiographie allemande, lourde et méthodique, qui pesait sur l’instinct de vie, et l’empêchait de se manifester. Il louait ainsi l’oubli, qui débarrasse l’être des oripeaux du passé, et lui octroie l’innocence violente de l’animal, capable de se ruer sur sa cible. L’homme trop savant ploie sous la connaissance, sous les scrupules, sous les « leçons » de l’Histoire, et, lorsqu’il se mêle d’action, veut absolument imiter. Or, Marx ne disait-il pas que toute imitation, dans l’Histoire, n’est que bouffonnerie ?

    Il ne s’agit pas de cet « oubli » suscité par le libéralisme, l’utilitarisme économique, mais d’une libération des forces, qui s’inspireront de l’esprit, sans pour autant singer. Le dénuement actuel que la postmodernité nous impose, comme si nous étions des orphelins sans lieu ni feu, nous oblige à saisir ce qui est vital en nous, la lumière qui fait le monde, et non les ombres évaporées qui sont les reliquats de ce qui fut. Laissons les morts enterrer les morts. 

    C’est le même constat pour les signes, les images, que l’on prétend être nos « racines ». Là aussi, on est dans le mythe, c’est-à-dire le conte, le « roman ». Certes, un tel imaginaire peut être efficace pour l’action. Georges Sorel y voyait le moyen de mobiliser. Toutefois, attention au jeu pervers des retours de manivelle, des ruses de l’Histoire, comme disait Hegel. On croît œuvrer dans un sens, mais on travaille dans l’autre, et, finalement, on est écrasé par les forces contraires à nos aspirations. La Révolution française se réclamait de Sparte et de Rome. On a vu le résultat, le triomphe de la bourgeoisie, du commerce, de l’économisme. 

    Il ne faut pas procéder par la périphérie, par ce fatras de signes, d’icônes, d’images, qui sont souvent le produit de la société du spectacle, et relèvent de fantasmes issus du ressentiment du dernier homme, qui se cherche pathétiquement des raisons d’exister. Il faut cherche le centre, le divin, et, par là, retrouver une vie authentique, qui se déploiera pour retrouver un monde où l’on soit de nouveau nous-mêmes. S’il n’y a pas conversion, transformation radicale de notre être, de nos façons intimes de voir, de sentir, et même de manger, d’être avec autrui, toute revendication devient une vaine incantation. Il s’agit de retrouver notre âme, notre cœur, au-delà des traces qu’il nous faut bien garder de suivre. L’essentiel est de capter ce que nous avons perdu, une source résurgente, si l’on veut, ou une centrale énergétique enfouie sous des couches de sédimentation.

    Claude Bourrinet

    • D’abord mis en ligne sur Synthèse nationale, le 23 mai 2015.

    http://www.europemaxima.com/

  • « Le Monde » ? Une tyrannie médiatique illégitime !

    « aura fallu deux cents ans pour imposer la liberté de la presse, il faut maintenant se battre contre la presse pour être libre »

    Jacques Muglioni.

    Plus de deux semaines après sa sortie en librairie et sa critique dans la Lettre de Polémia du 28 février, l’ouvrage de Pierre Péan et Philippe Cohen « La face cachée du Monde : du contre pouvoir aux abus de pouvoir » continue de secouer la classe dirigeante française.

    C’est un livre qu’il faut lire : non seulement parce qu’il est réjouissant, mais surtout parce qu’il frappe au cœur la tyrannie médiatique.

    Une lecture bien réjouissante…

    D’abord un fait drôle : pour la première fois de son histoire, Le Monde a longuement parlé des auteurs qui l’ont critiqué dans les années 1950 et 1990, Jean Madiran en particulier avec « Le Monde et ses faux », et dans les années 1970, Michel Legris notamment avec « Le Monde tel qu’il est ».

    L’idée que veut faire ainsi passer la direction du Monde, c’est que la critique de Péan et Cohen n’est en rien nouvelle et que Le Monde a toujours été attaqué.

    Il est exact qu’une partie du diagnostic a déjà été fort bien fait sur « Plenel, chef de la police de la pensée » (p.367 à propos du Kosovo), sur  la police littéraire ou le Monde des Livres » (chapitre 16), sur « la philosophie qui consiste à offrir au lecteur un prêt à penser » (p. 443) ou la définition du Monde « comme organe de pensée par procuration » (p. 443), sur « la machinerie d’Edwy Plenel » (chapitre 10) et le « trotskysme culturel » incarné notamment par Francis Bonnet chef de la séquence internationale, Laurent Mauduit chef de la séquence entreprise, Serge Bolloc’h, chef de la séquence sport sans parler de la déléguée CFDT, Sylvia Zappi ni du syndicat LCR des correcteurs…

    De même la critique de la « dénonciation à sens unique » (p. 18) et du « prosélytisme de la morale asymétrique » (p. 124) n’est pas nouvelle.

    Et il n’a pas été nécessaire d’attendre les guerres du Kosovo ou de Tchéchénie pour voir « Le Monde adopter une posture qui écrase l’information et la formation historique : il s’agit de dénoncer « l’injustifiable » au nom d’un point de vue moral » (p. 450).

    Il n’est pas davantage surprenant de voir constaté que « Le Monde a beaucoup perdu de sa dimension internationale en adoptant le point de vue des droits de l’homme. Un correspondant en Chine qui se contente de ce prisme-là ne comprendra rien à ce qui se passe dans le pays. Entre autres parce qu’il s’isole forcément de ses sources » (p. 450, les auteurs citant Jean Michel Quatrepoint).

    Quant aux campagnes d’orchestration et de diabolisation, elles ne sont pas nouvelles elles non plus.

    La technique en a été rôdée dans les années 70 avec la campagne sur la « Nouvelle droite » lancée à l’époque par Alain Rollat, l’un des hommes-clé du « nouveau Monde ».

    Mais force est de constater que ces campagnes ont encore gagné en force et en virulence depuis…

    Il faut citer ici une partie de l’introduction (p. 19) : « Assuré de son invulnérabilité, Plenel peut orchestrer, comme le faisait la Ligue Communiste Révolutionnaire dans les années 1970, de véritables campagnes d’opinion et susciter parallèlement, de par ses relations, « des reprises radio et télé » qui étayent et crédibilisent davantage encore l’intervention du « Monde ». Comme on avance ses régiments en bon ordre de bataille, le directeur de la rédaction du « Monde » fait alterner les manipulations politiques – affaire Schuller-Maréchal, outing de Jospin etc. -, les offensives idéologiques – la repentance nécessaire, la torture en Algérie -, les fatwas affairistes – Lagardère, « qui veut la peau de Messier ? » -, ou culturelles – la « France moisie », l’affaire Renaud Camus, les nouveaux réactionnaires, etc… ».

    Une tyrannie médiatique bien inquiétante

    C’est ici malgré tout qu’on mesure la différence entre « l’ancien Monde » et le « nouveau ». Le Monde de Beuve-Méry avait des partis pris (neutraliste, anti-colonialiste), tout comme celui de Jacques Fauvet ou d’André Laurens (favorable à l’Union de la gauche, post-soixante-huitard), mais il restait principalement sur le terrain du commentaire et de la critique morale.

    Symptomatiquement, Hubert Beuve-Méry signait ses éditoriaux du nom de « Sirius », manière de montrer qu’il prenait du champ par rapport à l’événement.

    Ses successeurs, eux, le fabriquent.

    C’est Plenel qui s’exprime fièrement lors de la chute d’Hernu en septembre 1985, en conclusion de l’affaire du Raimbow Warror : « j’ai créé l’événement ». Le Monde a affirmé depuis son pouvoir de faire et défaire les ministres, de construire ou de détruire leur notoriété en jouant notamment sur les campagnes menées sur les « affaires » par le « journaliste d’investigation ».

    N’en déplaise aux naïfs, il n’est pas sûr que la moralité publique y ait gagné : il est certain en revanche que la dépendance du pouvoir élu démocratiquement sur le pouvoir autoproclamé des médias en a été accru.

    De même, les juges et les parquets sont peut-être plus indépendants du pouvoir politique, mais ils sont devenus les exécutants souvent serviles du pouvoir médiatique capable de propulser un juge sous les rampes des médias et de sortir une « affaire » de l’ombre. Mais pourquoi celle-là plutôt qu’une autre ? Là encore, la moralité y a-t-elle gagné quand les juges monnayent ensuite une notoriété acquise en violant le secret de l’instruction contre des brillantes promotions, des mandats parlementaires, des droits d’auteurs… ou des piges de formation au profit des chefs d’entreprises risquant des mises en examen ?

    La sujétion des policiers, des juges et des élus au pouvoir médiatique est une formidable régression démocratique.

    C’est pourtant ce que fait « la direction du Monde (qui) semble rêver à un objectif stratégique : contrôler par intimidation, alliance ou vassalisation les instances de contrôle de la société : tous flics, juges, médiacrates doivent entrer dans la toile d’araignée du titre mondien » (p. 608).

    Ce rôle « d’hypermédia » du Monde (p. 609) est rendu possible par le fait que la troïka qui le dirige, le « Rastignac Corse assoiffé de pouvoir » (Colombani), le « petit prince mondialiste et affairiste » (Minc) et le « Commandante Plenel » (p. 462) cherche moins à commenter l’actualité qu’à la fabriquer.

    Dans le chapitre 19 « Ils n’aiment pas la France », Péan et Cohen soulignent ainsi les changements de méthodes et de pratiques éditoriales du « Monde » : « Contre vents et marées, s’il le fallait, Le Monde sélectionnait dans sa « une » les quatre ou cinq évènements qui lui paraissaient le plus important dans l’actualité du jour » (p. 440). Or, et c’est un changement majeur aujourd’hui, « deux, trois, quatre fois par semaine, Le Monde, consacre sa « une » à une actualité qu’il a lui-même forgée à partir d’un livre dont il publie les bonnes feuilles, ou d’une enquête entamée voici plusieurs semaines, ou d’une prise de position du Monde habilement mise en scène » (p. 440).

    « Scénarisation », « feuilletonisation » et « peopolisation »

    Et c’est ainsi qu’on assiste a une « scénarisation », à une « feuilletonisation » des évènements de la vie publique, renforcées par la tendance générale à la « peopolisation », touchant tous les journaux d’ailleurs, le patron du Nouvel Observateur, Laurent Joffin, reconnaissant que son hebdomadaire est devenu un « Gala pour riches »…

    Bien sûr, cette scénarisation , cette feuilletonisation et cette peopolisation de l’actualité ont des conséquences : elles contribuent à l’affaiblissement de l’esprit critique et permettent toutes les manipulations.

    Le Monde, véritable hypermedia qui se veut « le référent de l’ensemble de la classe journalistique » (p. 454), devient un véritable metteur en scène. En dénonçant cela, le livre de Péan et Cohen est salutaire : son éditeur Claude Durant, le courageux patron des éditions Fayard, en a rappelé l’objectif dans l’hebdomadaire Le Point : « donner un coup d’arrêt au pouvoir que s’arrogent les journalistes et à la constitution d’un groupe de presse d’opinion expansionniste ».

    Le chapitre de conclusion du livre est d’ailleurs aussi clair.

    Intitulé « le cordon sanitaire », il s’ouvre par une citation de Jacques Muglioni : « il aura fallu deux cents ans pour imposer la liberté de la presse, il faut maintenant se battre contre la presse pour être libre » (p. 597).

    Vers des poursuites judiciaires contre Colombani-Plenel-Minc ?

    Le livre de Péan et Cohen conduit à poser une dernière question.

    Au cours des vingt dernières années, la vie politique a été judiciarisée : des propos ont été condamnés, des faits (significatifs ou négligeables) ont été poursuivis et parfois condamnés (généralement les moins importants !).

    Le tandem Presse/Justice s’est arrogé le droit de faire et défaire les gouvernements puisqu’une « jurisprudence » imposée par Le Monde a voulu qu’un ministre mis en examen démissionne.

    Que va-t-il se passer avec le livre de Péan et Cohen ?

    Le Monde a annoncé des poursuites contre certains extraits jugés diffamatoires.

    Mais certains faits révélés par « la face cachée du Monde » – et pas vraiment démentis par ses dirigeants – pourraient eux aussi être constitutifs de délits :

    – d’abus de bien sociaux (publicité de complaisance, relations avec les N.M.P.P),

    – voire de corruption (lobbying – voire trafic d’influence) au profit des N.M.P.P, le tout aux frais du contribuable.

    Les questions qui se posent désormais sont les suivantes : le Parquet de la République va-t-il ouvrir une enquête préliminaire ou nommer un juge d’instruction ? Et si l’enquête ou l’instruction débouchent sur des mises en examen, Jean-Marie Colombani, Alain Minc et Edwy Plenel démissionneront-ils de leurs fonctions ?

    Les histoires d’arroseur arrosé font toujours rire !

    De l’au-delà, les Frères Lumière diabolisés par Le Monde, cinquante ans après leur mort, doivent beaucoup s’en amuser !

    Nous aussi.

    Jean-Yves Le Gallou, © POLEMIA, 11/03/2003

    http://www.polemia.com/le-monde-une-tyrannie-mediatique-illegitime/