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  • Amalgame macronien…et cohérence frontiste

    Les médias relayent avec componction la thèse, la rumeur, le vœu pieu, l’éventualité,  désignons la chose comme l’on veut,  qui voudrait que nos voisins  britanniques  renoncent au Brexit, prenant enfin toute la dimension de leur folie, de leur crime de lèse majesté vis-à-vis de Bruxelles.  C’est un propagandiste assumé de l’axe euro-atlantiste , le président du Conseil européen, Donald Tusk,  qui affirme aujourd’hui croire en une réversibilité de ce Brexit.  Européisme qui est aussi  (encore) le ciment  du nouveau gouvernement d’Edouard Philippe après  ce  remaniement post élections législatives. Il  installe dans le paysage français le modèle d’un gouvernement paritaire, progressiste, féminisé (dans tous le sens du terme),  dit à la scandinave…  par essence bien peu jupitérien. Les tenants  des valeurs horizontales,les adeptes  du bonheur couché sont comblés, les autres pointeront que ce n’est pas  le meilleur moyen d’affronter les périls mortels qui montent à l’horizon…  De périls, il  était question dans l’entretien accordé hier par Emmanuel Macron  et publié dans  huit  journaux européens (Le Figaro,Le Soir, The Guardian, El Pais, la Suddeutsche Zeitung, le Corriere della Serra, Le Temps et la Gazeta Wyborcza) , à la veille de son premier sommet européen à Bruxelles  dans lequel  réaffirmait hier sa vision de l’UE  et de son devenir.

    Le président de la république n’a pas brillé par l’originalité de son discours , réitérant les mêmes formules entendues déjà cent fois : il faut une   « Europe qui protège » avec « une vraie politique de défense et de sécurité commune »,  réformer   la protection aux frontières,  la politique migratoire, le  droit d’asile, lutter contre le terrorisme… Devant la  montée des  extrêmes,  c’est-à-dire plus prosaïquement  des  demandes  des peuples  au sein  de l’Europe à plus de respect des souverainetés et des identités  nationales,  « nous allons gagner cette bataille dont l’Europe porte la responsabilité » a-t-il ajouté  car c’est « le seul endroit au monde où les libertés individuelles, l’esprit de démocratie et la justice sociale se sont mariés à ce point ».  Les millions de Grecs qui ont plongé dans la pauvreté sous les  coups de la Commission européenne, de la   BCE, du FMI, sans même parler des  millions de Français  et d’Européens frappés eux aussi  par le dénuement, la  crise, les délocalisations, victimes de la mondialisation sans frein, de l’immigration massive,  sans même parler des atteintes bien  réelle à la liberté d’expression contre  ceux qui ne pensent pas dans les clous,  ne sont certes pas  forcément du même avis.

    Emmanuel Macron a plaidé également sans surprise pour que la France puisse   avoir « une capacité motrice »  au sein de l’UE…ce qui nécessiterait a-t-il précisé qu’elle  elle se réforme d’abord, comprendre qu’il est impératif d’administrer aux Français les potions  austéritaires prônées par la Commission européenne.

    Les crises dans le monde « sont issues pour partie des inégalités profondes engendrées par l’ordre mondial (qu’entend-il par là?  NDLR) , et du terrorisme islamiste. À ces déséquilibres s’ajoute celui du climat », a-t-il encore déclaré , critiquant « certains dirigeants européens qui tournent le dos à l’Europe », avec « une approche cynique de l’Union qui servirait à dépenser les crédits sans respecter les valeurs ».« Les pays d’Europe qui ne respectent pas les règles doivent en tirer toutes les conséquences politiques », a-t-il insisté.  « Je ne transigerai pas sur la solidarité et les valeurs démocratiques ».« L’Europe n’est pas un supermarché. L’Europe est un destin commun ».  « La crise de l’imaginaire occidental est un défi immense, et ce n’est pas une personne qui le changera. Mais j’ai la volonté de retrouver le fil de l’Histoire et l’énergie du peuple européen », conclut-il.

    Destin commun et valeurs ( ?)  qui commandent  un abandon accru de nos pouvoirs régaliens a-t-il précisé implicitement prônant comme  « étape suivante », une accélération dan les  faits des mécanismes d’une  gouvernance supranationale. Il a ainsi réitéré son vœu d’ une « intégration plus forte » des pays de la zone euro, avec un budget et une « gouvernance démocratique » (sic) . Cette dissolution accrue  dans le grand tout mondialiste et le magma eurofédéraste  sous l’égide des valeurs progressistes,  de l’idéologie droit-de l’hommiste  comme moyen et méthode pour retrouver le fil de l’Histoire et l’énergie du peuple européen ? Un enterrement de première classe plutôt et certainement pas les conditions de la survie d’une civilisation européenne fidèle à ses valeurs

    Une survie, répétons-le encore et toujours, qui passe prioritairement par une politique d’inversion des flux migratoires, condition première de la survie du peuple français et des peuples européens. Une France sans Français et une Europe sans Européens seraient-elles encore la France et l’Europe? A ce sujet,  les médias en pleine méthode Coué relatent que le FN se déchire sur la question de l’Immigration!  Ils en veulent pour preuve les propos du député européen  Sophie Montel qui a estimé jeudi dans l’Opinion que «notre discours sur l’immigration  (celui du FN, NDLR)  peut être perçu comme anxiogène (…). Des gens sont encore effrayés par le FN en pensant qu’on va virer tous les étrangers si on arrive au pouvoir». «Ceux qui ont des positionnements trop réactionnaires se plantent ».

    Il est certain qu’en  politique la forme compte autant que le fond, que nous devons soigner   la présentation de nos propositions, les expliquer plus avant , sur les questions migratoires comme sur d’autres, c’est une évidence. Il est vrai aussi que le député et vice-président du FN Louis Aliot  est en droit de contester ce jugement assez frontal de Sophie, que le   Secrétaire général Nicolas Bay  peut légitimement  rappeler  sur Twitter que  « d’après Opinionway le jour du vote au second tour de législatives 2017, l’immigration  (fut le premier) motif de vote des électeurs FN à 71%»;  que le président  du groupe FN en en Bretagne, Gilles Pennelle,  peut parfaitement  souligner que « l’immigration massive est la principale menace pour notre identité, notre souveraineté et nos libertés ».

    Pas de quoi fouetter un chat mais il s’agit ici pour un certain nombre d‘analystes et de politologues, d’opposer les deux lignes qui s’affronteraient au FN entre souverainistes d’un côté derrière Florian Philippot et le reste du FN campant sur une ligne plus identitaire. Bruno Gollnisch l’a dit à plusieurs reprises, il ne s’agit pas de choisir entre souveraineté et  identité, entre refus de la dilution de la France par le haut dans le fédéralisme bruxellois,  ou par le bas dans l’immigration de peuplement.  Mais il est certainement tactiquement,  stratégiquement louable de définir les thématiques  qui doivent être mises en avant. Toutes choses qui peuvent, qui doivent faire l’objet d’une réflexion collective des instances frontistes.

    Nous l’avons écrit ici , la cohérence, l’efficacité commandent de ne pas être hémiplégique. La défense de notre  souveraineté nationale face à l’euro-atlantisme est éminemment complémentaire de la défense  de notre  identité, dans toutes ses dimensions, dans toute l’acception du terme. Ce refus de dissocier ces deux aspects est  d’ailleurs consubstantiel au  FN. C’est la raison de l’adhésion  croissante de millions de nos compatriotes aux idées frontistes…notamment en premier lieu, c’est vrai,  le refus de l’immigration-invasion qui n’est pas considéré comme le point le plus anxiogène,  le plus  clivant du programme frontiste par les électeurs .   C’est cette volonté de restauration nationale pleine et entière qui confère au FN  sa dimension  révolutionnaire, au sens noble du terme, et partant son pouvoir d’attraction.  Et  a contrario  qui explique principalement  la diabolisation du Mouvement national par les élites progressistes la violence du rejet  dont il est l’objet de la part  de la Caste qui règne sur notre démocratie confisquée.

    https://gollnisch.com/2017/06/23/amalgame-macronien-coherence-frontiste/

  • A-t-on le droit de falsifier l’Histoire en niant les faits ?

    Il est courant, dans la sphère de la bien-pensance, de refaire l’Histoire à sa convenance.

    On se souvient que, dans son roman 1984, Orwell décrit une société totalitaire où les archives sont manipulées par le régime en place pour forger la réalité officielle. Le Commissariat aux Archives travaille ainsi en collaboration avec le ministère de la Vérité pour qu’il n’y ait jamais de discordance entre les faits et la pensée de Big Brother.

    Sans aller jusqu’à ces extrémités, c’est une détestable habitude, chez les bien-pensants de notre époque, que de chercher à imposer leur opinion, non par une argumentation rigoureuse, mais au mépris de la vérité, qu’ils déforment ou passent sous silence.

    Je n’ai jamais éprouvé une sympathie immodérée pour Roselyne Bachelot, depuis sa calamiteuse gestion de l’épidémie de grippe H1N1 et sa reconversion comme chroniqueuse sur une chaîne de télévision privée. Mais l’une de ses interventions dans l’émission « C dans l’air » consacrée, vendredi soir, à Simone Veil m’a fait penser à cette tyrannie intellectuelle.
    Cinquante-deux minutes et trente secondes après le début de l’émission, Bruce Toussaint, évoquant les prises de position de l’ancien ministre de la Santé, lance timidement : « La Manif pour tous, par exemple… »

    L’air irrité, Roselyne Bachelot, le coupe :

    « Je ne veux pas en parler. Simone Veil était déjà très, très affectée au moment où elle est descendue sur le bord du trottoir pour la Manif pour tous. Je considère comme nulle et non avenue cette manifestation. »

    Et le journaliste de ne pas insister et de passer à une autre question.

    Ainsi donc, Roselyne Bachelot nie la réalité quand elle ne l’arrange pas. Se sentirait-elle, en prenant de l’âge, quelque attirance pour Big Brother et ses méthodes ? Si Simone Veil est venue saluer la manifestation – elle ne peut le nier puisque des photos ont été publiées –, c’est forcément parce qu’elle était gâteuse ! Et, sans doute, son mari avait-il lui aussi perdu la tête, puisqu’il n’a pas su la raisonner et l’accompagnait, tenant à la main un drapeau de la Manif pour tous ?

    Notre chroniqueuse, que ne dirait-elle pas de Lionel Jospin ou de Sylviane Agacinski, qui ont osé – ces factieux, ces déviants ! – émettre de fortes réserves sur la loi Taubira ? Sont-ce des dégénérés mentaux qu’il faudrait interner dans un établissement psychiatrique ? L’ancien Premier ministre n’a-t-il pas déclaré sur le plateau de Canal+ : « Ce que je pense, c’est que l’idée fondamentale doit rester, pour le mariage, pour les couples et pour la vie en général, que l’humanité est structurée entre hommes et femmes » ? Il ne connaît même pas les théories du genre, ce vieux schnock !

    Rien n’est plus malhonnête intellectuellement que de falsifier ainsi l’Histoire. Ceux qui se livrent à cet exercice ne s’honorent guère. Ils veulent imposer leur vérité au lieu de chercher à comprendre et à expliquer la complexité de chaque être. Le mensonge ou l’omission ont la prétention de définir le bien et le mal.

    Malheureusement, il est courant, dans la sphère de la bien-pensance, d’user de tels procédés pour refaire l’Histoire à sa convenance. Chacun pourra en trouver des exemples dans le passé. Ainsi se forment des légendes qui sont autant une offense à la vérité qu’aux personnes qui en font l’objet.

    D’où la nécessité de toujours aiguiser son esprit critique et de ne pas prendre pour argent comptant tout ce que racontent les médias, voire des historiens qui ont oublié les règles de leur métier et se laissent subjuguer par leurs passions et leur certitude d’avoir raison.

    http://www.bvoltaire.fr/a-t-on-droit-de-falsifier-lhistoire-niant-faits/

  • C'est la crise finale

    L'air est connu. Le vieux refrain révolutionnaire pourrait ainsi servir de Requiem joyeux pour un parti socialiste déconfit. Manuel Valls quitte la maison après 37 ans de bons services, inégalement loyaux. Voilà donc une descente aux enfers qui nous ramène aux basses eaux qui avaient précédé le congrès d'Épinay de 1971.

    L'hymne qui a fait le tour du monde, mis en musique par un ouvrier belge, Pierre De Geyter (1848-1932) a servi successivement en France, et dans d'innombrables pays, à de nombreuses organisations.

    Il met en musique, empruntant ses quatre premières mesures à Offenbach, final de l'opérette Les Bavards, ce texte qu'on hésite à appeler poème, entaché d'une pompeuse niaiserie… "si ces corbeaux ces vautours, un de ces matins disparaissent le soleil brillera toujours".

    C'est en 1888, en effet, 17 ans après la Commune de Paris, laquelle avait inspiré le parolier Eugène Pottiez que les partis ouvriers s'emparèrent du tout. Mais il faudra encore attendre des décennies pour que les organisations se réclamant du socialisme se rassemblent en fassent, à leur tour, leur instrument de rassemblement, quoi ne les empêcha pas de se diviser cruellement au congrès de Tours de 1920.

    Mais l'hymne demeure ! Car, il fait fonction de symbole permanent de cette famille de partis, lesquels ont toujours échoué à "changer la vie" et réapparaissent toujours sous de nouvelles formes.

    En quittant son dernier avatar qui remonte au congrès d'Épinay de 1971, Valls ne fait que révéler, à ceux qui croyaient possible de l'ignorer, une situation bien réelle.

    Il y a donc quelque naïveté à professer que parti socialiste serait déjà mort. Le bon Dr Le Guen l'a prétendu le 11 juin. (1)⇓

    À noter qu'en septembre 2016, secrétaire d’État en charge des Relations avec le Parlement, il l'annonçait déjà.

    S'agit-il en effet d'une hécatombe généralisée en Europe ? Est-ce un éclatement entre sociaux-démocrates à la Valls, voire sociaux-"libéraux", – cet oxymore nègre blanc désignant les adeptes français de Tony Blair –, et, en face, néo-marxistes à la Mélenchon, qui se réclament d'un socialisme "du XXIe siècle", formule du Vénézuélien Chavez ?

    Toutes ces questions appellent, bien sûr, autant de réponses disparates selon les points de vue. Ce qui semble faire l'unanimité des analystes et commentateurs attribue la responsabilité du désastre socialiste à Hollande, Hollande secrétaire du parti, Hollande gestionnaire des multi-tendances au sein de l'appareil, et enfin Hollande élu en 2012 sur un programme qu'il a trahi.

    Sans nier le rôle personnel du président déchu, soulignons que cet homme néfaste et médiocre peut difficilement passer pour le bienfaiteur qui nous aurait débarrassé du socialisme par ses seules démarches. Ne le créditons donc ni de cet excès d'honneur ni de cette indignité.

    Car, Vilfredo Pareto l'a démontré il y a bien longtemps : le péril socialiste peut autant résulter des interventions gouvernementales ne se réclamant pas du socialisme. (2)⇓

    En cela, le péril socialiste demeure et demeurera, tant que les formules étatistes seront proposées comme autant de solutions, alors que, pour conclure avec Ronald Reagan, aujourd'hui comme hier, "l'État n'est pas la solution, l'État est le problème".

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1. sur LCI. "Le PS est mort. déclarait-il, Le parti ne s'en relèvera pas. Nos électeurs n'ont pas disparu : ils ont voté pour En Marche!".
    2. cf. son livre disponible sur la page catalogue des Éditions du Trident

    http://www.insolent.fr/

  • C'est au pied du mur qu'on va voir le Macron

    Les derniers préparatifs institutionnels sont en place, avec la désignation des présidents de groupes parlementaires. Plus aucun obstacle ne peut être invoqué pour proposer et légiférer. Le nouveau pouvoir va donc nous montrer, enfin, ce qu'il mijote en secret depuis des mois. Le pseudo Jupiter va pouvoir tenir les promesses de l'Évangile : "tout ce qui était voilé sera dévoilé".

    Sans trop jouer aux devinettes, il nous a semblé entendre que pour le super-génie de l'Élysée, ce sont les problèmes économiques qui conditionnent le renouveau du pays tel qu'il prétend l'assurer.

    Et l'on va s'attaquer à la réforme du Code du travail, énorme volume dont l'épaisseur même est couramment présentée comme l'une des causes de la paralysie industrielle. La caricature présentera ce projet comme la permission de renvoyer les ingénieurs quinquagénaires, décidément trop chers, aux conditions imposées aux domestiques du XIXe siècle, au profit exclusif des très méchants patrons. On verra comment cela sera proposé et surtout en combien de temps le pouvoir qui ne recule pas fera marche arrière. Dès le 12 septembre, la CGT mobilise.

    Baisser la dépense publique semble une tâche moins accessible dans le cadre de la démocratie actuelle. Les assemblées votent en effet sur les lois de finances mais, d’une part elles ne contribuent que très formellement à leur élaboration ; d’autre part, elles ne représentent pas les contribuables mais des électeurs dont la moitié ne payent pas d'impôts.

    La question globale portera donc sur ce qu'on appelle le modèle social français.

    Le concept même de modèle national mérite cependant un examen attentif.

    S’agit-il de dire qu’il existe des données sociologiques si particulières et si constantes que leur altération constituerait à la fois une gageure et une trahison ? Dans ce cas, il conviendrait de savoir où commence et où s’arrête la ligne jaune à ne pas dépasser. On gagnerait aussi à connaître les circonstances précises et non le récit mythique de leur fondation.

    Quand on parle du modèle social français, on ne se réfère pas, en fait, aux années de création de la sécurité sociale et du fort secteur public : on prend pour référence les débats, ou plutôt l’absence de débat des années 1990.

    C’est en effet le journal l’Humanité qui, en 1993, ressortit la référence au programme du CNR. C'était une époque où la gauche française semblait avoir sombré dans le coma éthylique de la libération de la Pologne, de la chute du mur de Berlin, de la dislocation de l’empire soviétique, et par ailleurs, en France des « affaires » putrides de l’ère Mitterrand finissante.

    Pratiquement personne, certes, n’avait lu le texte du programme du CNR, tout le monde ou presque en avait oublié l’existence, environ depuis 1947-1948. Mais chacun devait s’incliner devant ce dogme supposé unir, désormais, dans une même foi, gaullisme et communisme.

    Certes, la question historique de l’élaboration de ce texte ne peut pas être passée sous silence, et comme toujours ce qui vient du PCF appelle la plus vigilante suspicion. (1)⇓

    Un peu plus tard, en septembre 1995, Jacques Chirac le célébrait en Sorbonne, par l'invocation de décrets signés en 1945. Le président qui venait d’être élu crut bon de se proclamer personnellement garant de cet acquis social – ceci sans nous parler des fonds qu'il mettait en gage. Il se permit alors de proclamer qu’il représentait une part fondatrice de l’identité française. L'année suivante la réforme constitutionnelle de 1996, ouvrant la route au funeste plan Juppé allait modifier de façon très substantielle le fonctionnement de l'assurance-maladie, allant, bien sûr, dans le sens d'une plus grande étatisation, d'une plus grave paupérisation, et d'un plus rigoureux monopole. La même année Marceau Long, consacrait son testament de vice-président du Conseil d’État de 1987 à 1995 à la célébration du mythe des entreprises nationales.

    Vingt ans plus tard, tout le monde a oublié tout cela. On peut toujours faire pire, et la chose est d'autant plus facile quand on ignore délibérément les leçons du passé. Ne doutons pas que l'équipe macronienne va s'employer à nous le démontrer.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1. cf. "Le mythe du programme du CNR"

    http://www.insolent.fr/

  • Pour une renaissance de la droite

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    Entretien avec Guillaume Bernard

    La droite parlementaire est en piteux état... A-t-elle des chances de s'en sortir ?

    La droite modérée éliminée du second tour d'une présidentielle, cela n'était jamais arrivé depuis le début de la Cinquième République. Elle va donc essayer de constituer un groupe parlementaire, le plus puissant possible. Mais elle aura du mal à gagner les Législatives, car, profondément divisée, elle souffre d'une double distorsion : la distorsion entre les caciques et les électeurs d'abord seuls 50 % des électeurs de François Fillon ont voté En Marche. 25 % ont voté blanc et 25 % pour Marine Le Pen, malgré les consignes de tous les hommes d'appareil à commencer par Fillon lui-même on s'en souvient. François Baroin nous avait annoncé sa volonté d'une cohabitation entre la droite modérée et le mouvement En Marche. Mais ce n'est pas de cohabitation qu'il faut parler, c'est d'une terrible proximité idéologique, d'une convergence sur un programme libéral.

    Pourtant une grande partie de l'électorat de Fillon n'est pas libérale...

    L'électorat de Fillon est un électoral conservateur. Mais on a longtemps entretenu l'idée que libéral et conservateur, cela allait ensemble. On est en train de se rendre compte que ce n'est pas du tout la même chose. Le libéralisme reprend sa place à gauche de l'échiquier politique. Cette divergence idéologique pourrait recouper la divergence stratégique que je viens de signaler entre droite d'en haut et droite d'en bas. La base, le peuple de droite n'est pas libéral. On peut imaginer que quelques élus, proches de leur base, puissent faire sécession à droite et peut-être même, lorsqu'Emmanuel Macron aura vampirisé ce qui reste des LR, que quelques dissidents en viennent à créer leur groupe à l’Assemblée nationale. Ni Fillon ni Marine Le Pen n'ont compris l'unité du mouvement conservateur qu'ils ont incarné chacun pour le meilleur ou pour le pire. Il est un fait que cette droite conservatrice n'a d'avenir qu'en construisant des ponts avec le Front national.

    Est-ce qu'une crise n'est pas en gestation au FN justement ?

    Le FN n'est pas en échec dans l'absolu. On peut même dire qu'il a progressé comme jamais. Mais il est resté très en dessous de ce que les sondages avaient estimé. La prestation de Marine Le Pen, lors du débat contradictoire avec Emmanuel Macron, n'y est pas étrangère. On peut dire qu'elle a fait ce soir-là une contre-performance. Mais cela resterait purement circonstanciel, si la question plus fondamentale de la stratégie Philippot (qui représente la ligne de Marine Le Pen) n'était pas mise en cause par ce relatif échec électoral. L'idée que l'on pourrait retrouver, sous les couleurs du Front national, la majorité anti-européenne qui s'était dégagée au référendum de 2005, ne s'est pas vérifiée. Là encore, il faut attendre les résultats électoraux, savoir si le Front national peut obtenir quinze députés et créer un groupe parlementaire. S'il n'y parvenait pas, Philippot serait vraiment en danger. Marine Le Pen, quant à elle, reste protégée par le côté dynastique du Front national et aussi sans doute parce que l'on ne voit pas bien par qui la remplacer.
    Vous appelez de vos vœux la constitution d'un nouveau parti de droite ?

    Il faudrait créer quelque chose entre des dissidents de LR et les insoumis du FN. Mais une nouvelle force politique ne pourrait émerger qu'à deux conditions : il faudrait que convergent des forces militantes des deux rives et il faudrait que cette force nouvelle ait une véritable conscience des enjeux doctrinaux de la politique aujourd'hui, il s’agit de rejeter le libéralisme comme idéologie individualiste et subjectiviste, non pas pour lui opposer un socialisme étatique, mais quelque chose comme un nouveau subsidiarisme, si ce terme, issu du « principe de subsidiarité »(1) est exact. On pourrait aussi parler d'écologie humaine, en faisant attention de ne pas tout centrer sur l'homme et d'insister sur un ordre des choses objectif, sur une sociabilité naturelle qui a ses lois contre lesquelles l'individu ne peut rien.

    Comment réaliser ce nouveau parti ?

    Il faudrait plus modestement d'abord une réflexion sur le programme que porterait ce nouveau parti. Il s'agit de développer au préalable une conscience des enjeux idéologiques, qui pourrait prendre la tonne d'un programme commun. D'un point de vue pragmatique, il suffît de regarder les points de convergences entre les électeurs l'immigration l’insécurité, la liberté et la qualité scolaire, la définition des traditions sociales, la baisse des charges sur les familles et les entreprises. Au lieu de demander à cor et à cris une sortie de l'euro qui paraît bien aléatoire concrètement, il faut sur ces cinq points créer une nouvelle majorité de droite, car sur ces cinq points la droite est majoritaire dans le pays. Bien entendu, derrière tout cela, il faudrait exalter une pensée de la sociabilité naturelle, qui renvoie ultimement à Aristote et saint Thomas d'Aquin. Je veux dire nous ne devons pas nous contenter de faire du négatif, il ne faut pas s'en tenir à la critique, à la déploration, au déclinisme. Il y a vraiment quelque chose de nouveau à apporter à la France, qui ne tient pas à un ensemble de mesures administratives, mais qui constitue un esprit différent. Il est vrai que les générations plus âgées pourraient avoir une sorte de hantise à faire ce travail de renouvellement, mais les jeunes générations, au contraire en sont très demandeuses. Elles veulent savoir pourquoi elles se battent.

    Au fond, vous êtes en train de souligner la nécessité d'un travail en amont de l'action politique elle-même. Vous en appelez aux intellectuels de droite ?

    Le problème des intellectuels de droite, c'est un certain orgueil personnel, qui fait que chacun croit avoir raison de façon personnelle. Les dissensions entre intellectuels paralyseraient l'action, si on leur donnait trop de place. Évidemment, comme l'a fait Max Weber, on distingue toujours entre le savant et le politique. Les intellectuels ne sont pas forcément taillés pour la mise en oeuvre d'un programme. Mais à ce stade, étant donné l'échec de François Fillon et de Marine Le Pen, pour des raisons différentes, il est urgent de réfléchir et on n'en fera pas l'économie. La renaissance de la droite ne peut pas se contenter d'un pur pragmatisme politique, n faut désormais que les hommes politiques qui s'engagent dans cette recomposition ne soient pas de purs techniciens, qu'ils soient aussi des hommes cultivés, selon l'idéal platonicien du philosophe roi, avec une connaissance et une vision de l'histoire.

    C'est en quelque sorte le portrait-robot d'Emmanuel Macron...

    Je rejette absolument le libéralisme de Macron. Sa vision est celle d'un corps social pour lequel les seuls vrais intérêts sont matériels , c'est un homme de gauche, qui a réussi à réunifier le libéralisme économique et le libertarisme sociétal. Mais je reconnais que son succès actuel vient aussi de la « vision optimiste » qu'il a voulu donner et du discours qu'il tient, en tant qu'homme cultivé, qui tranche avec les recettes technocratiques de certains de ses concurrents.

    Vous reprochez à Marine Le Pen de ne pas avoir cette dimension supérieure ?

    Le problème de Marine Le Pen, avant tout, c'est son matérialisme. Elle aussi, ce qui l'intéresse, c'est de se battre pour le pouvoir d'achat des Français, dans une perspective « tout économique ». Le combat de la droite n'est pas là. C'est un combat noble, pour l'avenir, pour les générations futures. C'est un combat pour la défense du plus faible, c'est-à-dire aussi bien pour les classes populaires déracinées que pour les enfants à naître. Parmi les dimensions que l'on oublie, je pense aussi à l'écologie. Voilà un combat qui est essentiellement de droite. L'appropriation de l'écologie par l'extrême gauche est un hold-up intellectuel et politique qui doit cesser.

    Vous avez fait passer dans le public l'expression d'Albert Thibaudet sur le mouvement sinistrogyre des idées. Ce critique des années 30 voyait une sorte de gauchisation fatale des idées en France. Mais vous avez parié, vous, pour aujourd'hui, d'un mouvement dextrogyre. Où voyez-vous ce mouvement vers la droite aujourd'hui ?

    Le mouvement dextrogyre se traduit d'abord par un glissement des idées qui avaient niché à droite vers la gauche, dont au fond ces idées étaient issues. La droite avait admis toutes sortes d'idées de gauche depuis un siècle. Elle est en train, dans la douleur, de retrouver son identité de droite, elle s'affermit sur ses propres idées. Beaucoup de Français aujourd'hui sont classiques, beaucoup reviennent à des idées d'ordre naturel et d'ordre social, sans en avoir une conscience aiguë. On se remet à défendre l'ordre social comme existant en soi contre le multiculturalisme. On défend l'Europe comme espace de civilisation contre l'européisme. On défend la famille traditionnelle contre le nomadisme individualiste. On défend le respect de l'environnement et de la nature... Mais il y a un travail d'éclaircissement, j'allais dire un travail de réétiquetage à faire dans la confusion ambiante.

    Propos recueillis par l'abbé G. de Tanoüarn monde&vie 8 juin 2017

    1) Le principe de subsidiarité, développé par le pape Pie XI dans l'encyclique Quadragesimo anno (1931) est le principe selon lequel les corps sociaux doivent pouvoir être autonomes dans tout ce qu'ils peuvent faire par eux-mêmes.

  • « La France identitaire/Enquête sur la réaction qui vient » de Eric Dupin

    generation-identitare.jpg

    Ou La prise de conscience d’un homme de gauche.

    Nicolas Faure, entrepreneur

    france-identitaire.jpgL’ouvrage d’Eric Dupin étudie de manière exhaustive les milieux identitaires en France : un travail journalistique de qualité qui, malgré quelques critiques subjectives, reste majoritairement neutre et factuel.

    C’est sans doute cette quasi-neutralité apparente qui permet à Eric Dupin d’éviter les écueils habituels sur lesquels les journalistes ne manquent pas de se précipiter lorsqu’ils étudient la mouvance identitaire.

    La personnalité d’Eric Dupin n’est sans doute pas étrangère à ce regard distancié sur la France identitaire qui vise avant tout à faire comprendre à la gauche que le sujet identitaire ne peut pas être écarté d’un revers de la main.

    Eric Dupin est un journaliste et écrivain qui fut pendant longtemps un militant socialiste. Il a collaboré à de nombreux journaux dont Libération, Le Figaro, Marianne ou encore Le Monde diplomatique. Toujours inspiré par l’envie d’ouvrir les yeux des acteurs de la gauche sur certains mouvements d’opinion, il avait déjà rédigé un ouvrage sur L’Hystérie identitaire en 2004.

    En 2017, après plusieurs accrocs très sérieux au « vivre-ensemble », c’est avec beaucoup plus de précautions qu’Eric Dupin s’intéresse au sujet.

    Dans ce livre précieux l’auteur admet que l’immigration pose de nombreux problèmes. Eric Dupin dresse un portrait sans fard de cette France qui refuse le changement de peuple et la dissolution dans un monde globalisé. Et il adresse, au travers de cette étude complète, un cinglant avertissement à ses compagnons de gauche.

    La thématique identitaire : « Une question qui ne pourra pas être esquivée »

    La thèse de Dupin est résumée dans son introduction qui fait la part belle aux itinéraires de ces anciens hommes ou femmes de gauche qui, face à l’expérience concrète du « vivre-ensemble », ont changé d’avis sur les conséquences du bouleversement identitaire promis à la France :

    « L’objet de cet ouvrage n’est pas de dénoncer un courant de pensée et d’action clairement situé à l’extrême droite. Il s’agit plutôt de tenter de comprendre pourquoi et comment des idées aussi minoritaires sont parvenues à s’imposer dans le champ politique – et peut-être aussi d’inciter le lecteur à s’interroger sur la manière d’aborder une question identitaire qui, aussi susceptible soit-elle de se transformer en piège, ne pourra être esquivée. »

    Cet ouvrage est donc clairement écrit par un homme de gauche, conscient de la nécessité de s’intéresser de près à la problématique identitaire. Et La France identitaire s’adresse presque explicitement à la gauche qui, dans l’esprit d’Eric Dupin, serait en train de commettre une grave erreur en laissant à « l’extrême droite » le monopole de l’identité.

    Des portraits de qualité

    Les 205 pages de La France identitaire sont divisées en portraits d’hommes et de mouvements qui structurent peu ou prou la mouvance identitaire au sens large. De Pierre Sautarel, animateur du site Fdesouche, à Alain Finkielkraut en passant par Renaud Camus et Alain de Benoist, les grands agitateurs de cette mouvance sont interrogés et disséqués par Eric Dupin. Chaque portrait reste à peu près neutre, même si l’on sent clairement qu’Eric Dupin ne partage pas les idées de ceux qu’il interroge. Il n’en reste pas moins objectif. Par exemple, lorsqu’il évoque Pierre Sautarel, il n’hésite pas à louer le travail réalisé par « cet homme intelligent ». « Le site n’est qu’une immense revue de presse assez monomaniaque mais sa réactivité force l’admiration. »

    Eric Dupin consacre également un chapitre très fourni à Génération Identitaire, mouvement politique très actif dans la lutte contre l’immigration et l’islamisation de la France et de l’Europe. Là encore, en plus d’un portrait fouillé, il n’hésite pas à reconnaître à ce mouvement de jeunesse de réelles qualités : « GI maîtrise parfaitement l’art de la communication […]. Un indéniable professionnalisme caractérise ses interventions. »

    Evoquant ceux qu’il considère comme « les pionniers du combat identitaire », Eric Dupin s’attarde sur la personnalité de Dominique Venner, du groupe Europe-Action, ainsi que sur l’aventure intellectuelle de la Nouvelle Droite puis du GRECE et enfin de l’Institut Iliade. Il interroge longuement Alain de Benoist, « intellectuel atypique » dont l’éclectisme idéologique « inquiète » Eric Dupin.

    Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation Polémia et co-créateur de l’Institut Iliade, est lui aussi évoqué sur plusieurs pages : un « intellectuel radical » qui affole, lui aussi, Eric Dupin.

    La validation du Grand Remplacement ?

    Affrontant toutes les préoccupations identitaires avec le souci de l’esprit critique, Eric Dupin n’hésite pas à constater qu’il existe « une nette fracture ethnique au sein même des classes populaires ».

    Après avoir interrogé Renaud Camus, Eric Dupin étudie la réalité ou non de la modification démographique du substrat européen sur le sol français. Confronté à l’interdiction des statistiques ethniques, il n’hésite pas à évoquer le dépistage de la drépanocytose, cette maladie génétique pour laquelle sont uniquement dépistés les nouveau-nés français issus de l’union de deux personnes d’origine africaine. Et Eric Dupin reconnaît que « les données de ce dépistage donnent une bonne estimation de la proportion des naissances d’origine, au moins partiellement, extra-européenne. »

    S’adressant à ses lecteurs de gauche, il n’hésite pas à secouer ceux qui préfèrent se cacher plutôt que de réagir :

    « Il ne sert pas à grand-chose de nier la mutation de la composition ethnique de la population française. […] Les prophètes de malheur doivent assurément être contredits. Encore faut-il ne pas se voiler la face sur les défis provoqués par la pression migratoire et la nouvelle diversité de la population française. »

    Venant d’un homme de gauche, voilà une position qui ne peut pas laisser indifférent et qui démontre qu’il faut lire ce livre La France identitaire pour comprendre à quel point les esprits sont en train d’évoluer.

    Un livre écrit par un homme de gauche pour la gauche

    De nombreuses pages sont consacrées à la porosité entre les identitaires et la droite. Mais, loin des clichés habituels, Eric Dupin explique bien que « le thème du Grand Remplacement ne fait pas l’unanimité » au sein du Front national. Et l’auteur de noter des contradictions fortes sur la ligne de l’identité dans les rangs d’un parti qui cherche à tout prix la dédiabolisation. Eric Dupin ne manque cependant pas de noter que la jeune Marion Maréchal-Le Pen représente l’une des figures politiques promouvant l’identité comme ligne de fracture populaire essentielle.

    Eric Dupin note aussi la prise de plus en plus importante de la thématique identitaire sur la droite plus libérale. Il s’attarde longuement sur le cas d’Ivan Rioufol qui bénéficie d’une grande audience.

    Après avoir évoqué l’influence des « identitaires » sur la droite (du Front national à Sarkozy), Eric Dupin s’adresse à ses amis de gauche. L’auteur reprend les propos de Ségolène Royal sur la nécessité de se réapproprier le drapeau tricolore et étudie la création du Printemps républicain par Laurent Bouvet. Il évoque également Jean-Pierre Chevènement, éternelle figure du souverainisme de gauche.

    Il n’hésite pas à dénoncer les accommodements, à mi-chemin entre l’idéologie et l’électoralisme, d’une part significative de personnalités de gauche. Il fustige notamment l’audience démesurée accordée au Parti des indigènes de la République (PIR).

    L’on sent bien que La France identitaire est en fait un cri d’alarme à destination d’une gauche aveuglée par son idéologie immigrationniste :

    « [Répondre à la crise identitaire] suppose d’abord d’avoir le courage de regarder la réalité en face et d’aborder de front les délicates questions qu’elle pose. La négation des problèmes et l’euphémisation des difficultés offrent un boulevard aux extrémistes. La France vit un changement majeur de la composition ethnique de sa population qu’il est vain et dangereux de contester. »

    Et Eric Dupin voit dans le succès des Identitaires la preuve de « l’existence d’un fort courant d’opinion, particulièrement présent dans la jeunesse, violemment hostile à l’immigration sous toutes ses formes ».

    Pour répondre le mieux possible à la crise identitaire, l’écrivain et journaliste de gauche promeut la mise en place de statistiques ethniques, critique vertement le communautarisme et le multiculturalisme et appelle la gauche à reformuler le « récit national » : de bonnes intentions qui seront peut-être impossibles à mettre en œuvre tellement la chape de plomb idéologique qui recouvre la gauche française semble impossible à briser.

    Nicolas Faure
    20/06/2017

    Eric Dupin, La France identitaire/Enquête sur la réaction qui vient, Editions La Découverte, février 2017, 205 pages.

    https://www.polemia.com/la-france-identitaireenquete-sur-la-reaction-qui-vient-de-eric-dupin/

  • COMMENT LA GAUCHE DEFORME LA REALITE : LE CAS SIMONE VEIL

  • Jean-Pax Méfret : « Le martyre des Chrétiens d'Orient pourrait annoncer le nôtre »

    Le chanteur d'Occident répond au Figarovox. Extrait :

    "À votre époque, le combat principal était contre le communisme, aujourd'hui quelle est la menace?

    Je crois que le vrai défi, c'est la foi. «Sommes-nous condamnés à subir le même sort que les chrétiens d'Orient?» tel est le problème. De toute évidence, leur martyre pourrait très bien annoncer le nôtre. Partout dans le monde les chrétiens sont persécutés, c'est pourquoi, nous, de tradition et de culture chrétienne, devons relever ce défi. C'est autrement plus ambitieux que de lutter contre le communisme: notre époque est encore plus exigeante.

    Le problème c'est l'islamisme?

    À l'occasion des attentats de Londres en 2005, j'ai fait une chanson qui s'appelle «Au nom d'Allah» où je demande si le terrorisme islamiste agit vraiment au nom d'Allah. Quand je l'ai chantée à l'Olympia j'ai raconté avant l'histoire du capitaine Kheliff, cet officier de l'armée française musulman qui a sauvé des pieds noirs lors du massacre d'Oran du 5 juillet 1962 en enfreignant ses ordres et qui, une fois en France, a créé une association des anciens combattants musulmans. Il faut bien savoir qu'en Algérie, tous les anciens combattants musulmans se faisaient égorger par le FLN après l'indépendance. Kheliff a aussi créé une mosquée à Lyon.

    Cette histoire, racontée avant «Au nom d'Allah», visait à éviter les amalgames qu'aurait pu engendrer ma chanson. En effet, il faut reconnaître qu'il y a une vraie diversité au sein du monde musulman et que ces jeunes des banlieues, délaissés par la société, ne connaissant pas vraiment leur religion. J'ai du mal à voir quoique ce soit de «divin» dans les actes terroristes, c'est quelque chose de plus humain, de plus misérable. Mais tôt ou tard, nous allons être confrontés à cette violence et nous avons le devoir de nous y préparer. Figure du contre-exemple: l'Angleterre et son modèle communautariste étaient une pépinière pour les radicaux. De fait dès le début des années 2000 nous avions fait les gros titres sur cette menace islamiste, nourrie par des prêcheurs à Londres. Ces derniers appelaient déjà la mort des chrétiens, nous avions déjà senti le danger. Mais paradoxalement, cette haine pour les chrétiens nous rappelle aussi notre héritage, notre identité chrétienne puisqu'ils nous appellent «les croisés». Ils nous obligent à retrouver nos racines. Peut-être aussi oublient-ils qu'avant d'être musulman, l'orient, berceau de la naissance du Christ, était chrétien? On oublie trop souvent que la première église fut construite à Antioche. Tout comme l'Algérie qui fut d'abord chrétienne avant les invasions arabes. Saint-Augustin et sa mère, la bien-aimée Monique, en sont la plus parfaite illustration. [...]

    Peut-on dire que vous êtes un chanteur de droite?

    Je ne sais pas si je suis un chanteur de droite, mais je suis sûr de ne pas être un chanteur de gauche! Être de gauche pour les chanteurs, c'est parfois une volonté artistique, voire un snobisme. Pourtant il faut savoir que les chanteurs du siècle dernier n'étaient pas automatiquement de gauche. En tout cas, ils ne l'étaient pas sur le mode «grandes consciences» d'aujourd'hui, ils faisaient moins la leçon: regardez Boris Vian, je l'aime beaucoup. Moi, je ne voulais pas travailler dans la chanson à l'origine: mon objectif était de remettre au goût du jour des faits qui étaient ignorés. Je n'ai pas de message particulier à faire passer, je préfère rappeler des situations. Il n'y a rien de mieux que la chanson pour faire découvrir ces faits. J'ai appris récemment que des élèves d'une banlieue parisienne, visitant le musée du débarquement américain en Normandie, avaient chanté ma chanson sur le débarquement: «Ils sont tombés du ciel comme s'ils avaient des ailes/ Ils ont apporté un air de liberté.» Une chanson s'écoute toujours plus facilement qu'un cours d'Histoire, c'est une autre manière de transmettre. [...]

    Dans votre dernier album il y a une chanson, «La Force», qui s'adresse au Christ. Quelle est la place de la Foi dans votre vie et dans votre œuvre?

    Je suis persuadé que croire en quelque chose est primordial dans la vie d'un homme, que c'est une force intérieure. Croire au Christ c'est encore plus fort. Quant à «La Force», curieusement je n'ai jamais mis un point d'honneur à écrire une chanson dédiée Christ, l'envie m'est venue naturellement. Le titre provient de la supplication «Donne-moi la force» qui ponctue les cantiques dans la Bible. La lecture de l'Histoire des chrétiens d'Orient et du massacre des Arméniens, de ces gens jetés vers la mort qui s'accrochent à la pensée de Dieu, m'a inspiré cette chanson. Dans un passage, je dis que je vois «Briller les âmes des compagnons qui sont morts dans les flammes». Ce parallèle m'a beaucoup ému, ce qui m'est assez rare quand il s'agit de mes écrits. De fait, je n'ai pas pour habitude d'écouter mes propres chansons. Celle-là, pourtant, il m'arrive de la réécouter.

    Comment qualifieriez-vous la situation politique actuelle en France?

    Je crois que nous avions besoin d'un changement, un changement radical pour bouleverser l'ordre établi. Je salue ce rafraîchissement du personnel politique. Mais je ne crois ni au miracle Macron, ni que son système peut tenir sur la durée. Aujourd'hui ce qui est exaspérant c'est la médiocrité de la droite, la gauche n'est pas mieux, mais il m'est désespérant de voir une droite sans repère et frileuse quand il faut défendre ses idées."

    Michel Janva