Nicolas Sévilla, délégué général de la marche pour la Vie, qui aura lieu le 21 janvier 2018, répond à Valeurs actuelles :
Vous organisez prochainement une « marche pour la Vie », comme chaque année… pour une actualité particulière ?
La Marche pour la Vie qui aura lieu le 21 janvier prochain n’est pas une manifestation au sens strict du terme. Elle ne défend pas d’intérêts catégoriels, ne porte pas de revendications économiques, ne combat aucune idéologie. Elle est une protestation populaire, pacifique, des milliers de drames qui se déroulent chaque année sous nos yeux et que les responsables politiques depuis 40 ans n’ont pas eu le courage de dénoncer. Tant et tant de caricatures ont été dressées pendant des décennies contre les marcheurs de la Vie qualifiés d’obscurantistes et d’entraveurs du progrès.
Or nous constatons dans chacune de nos familles que la banalisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse nous a conduits dans une impasse. 220.000 avortements par an depuis 40 ans placent la France dans une situation d’échec collectif et ce malgré les terribles conséquences de cet acte dont témoignent de plus en plus ouvertement les femmes. Cette actualité est plus brulante que toutes les autres, car elle consume le corps social et broie nos consciences. Les grands de ce monde s’inquiètent à cause du réchauffement climatique mais ils n’ont pas vu ou compris que les menaces n’avaient jamais été aussi grandes au début et à la fin de la Vie de l’homme.
Ces manifestations concernent des sujets qui ne semblent pas intéresser le plus grand nombre. Qu’espérez-vous ?
Faut-il attendre que l’opinion publique toute entière se révolte contre une injustice pour la dénoncer ? Lorsque le Conseil d’Etat valide l’arrêt des soins d’une jeune fille de 14 ans que les médecins souhaitent laisser mourir contre l’avis désespéré de ses parents, n’y a-t-il pas un motif valable de profonde indignation ? Quand 97% des enfants porteurs de trisomie 21 sont éliminés avant leur naissance, avons-nous le droit de dénoncer l’eugénisme insupportable d’une population éradiquée sur le critère de son génome ? Nous n’attendons rien, nous espérons tout puisque tout est à reconstruire. Et pour commencer simplement rappeler l’extraordinaire potentialité et singularité de chaque vie humaine quels que soient son état ou sa fragilité.
Vous voulez marcher « pour la vie », mais tout le monde est « pour la vie » non ?
De quelle vie parlons-nous ? De la vie des embryons manipulés, triés, congelés et détruits dans le froid des laboratoires ? De la vie des enfants qui naîtront demain sans père et sans mère ? De la vie des personnes en état de conscience minimale comme Vincent Lambert à qui l’on accorde plus le droit de vivre ?
Le monde est pour la vie mais il doit apprendre ou réapprendre à la respecter comme elle est, avec ses fragilités et la part de mystère qui ne nous appartient pas.
A l’heure de l’ouverture des états généraux de la bioéthique, les Français doivent opposer à la logique inéluctable du progrès technique dirigé par le marché une exigence morale plus grande. La Marche pour la Vie défend l’embryon car il est un Homme petit et elle conteste l’évolution de la loi qui a transformé le petit de l’homme en produit de l’homme, l’embryon en objet, et l’enfant en projet.
L’avortement est devenu un droit fondamental pour l’immense majorité de la population et pour l’ensemble de la classe politique. La Marche pour la Vie peut-elle y changer quelque chose ?
Alexandre Soljenitsyne affirmait que « la violence trouve son seul refuge dans le mensonge, et le mensonge son seul soutien dans la violence ». L’avortement ne peut pas être un droit fondamental car il est une dérogation grave à l’article 16 du code civil qui garantit « le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie ».
Reconnaître que la fécondation est le commencement d’une nouvelle vie n’est pas une question de goût ou d’opinion, c’est une réalité biologique. Le dimanche 21 janvier, au départ de la Porte Dauphine à 14h30, nous rappellerons cette réalité. Nous opposerons à l’obscurité du doute et de la solitude qui accompagne un acte d’avortement la lumière de la vie et de la maternité. La Vie n’est pas un problème à résoudre, elle est un mystère à vivre.