Devant la décapitation du professeur Samuel Paty, la classe politique semble tétanisée. Comme si un monde, le leur, s’écroulait. Le seul mot qui sorte de leurs bouches bées ? « République ». Tel que remarqué par Georges Michel , « Pas une seule fois les mots “France” et “Français”. Comme si ces mots devenaient tabous. »
Il est un autre mot « tabou », celui de l’immigration. Car, si ce n’est pas d’elle que viennent tous nos maux, c’est à cause d’elle que ces maux, déjà existants, se trouvent amplifiés dans les proportions qu’on sait. Certes, les immigrés ne sont pas directement responsables du délitement de l’Éducation nationale, du laxisme judiciaire, de l’insécurité galopante, de l’engorgement des prisons, des déficits des comptes sociaux et de l’explosion du chômage, ils ne sont pas pour rien dans l’aggravation continuelle de ces fléaux.
Pareillement, si l’islam, que ce soit dans sa version sauvage (l’assassinat de Samuel Paty) ou même dans son pendant piétiste et vestimentaire (l’invasion de nos rues par des tenues exotiques), est un problème de plus en plus voyant, c’est bien parce que les fameuses « lois de la République » ont permis de laisser entrer des millions d’immigrés musulmans sur le sol national.
Hormis le Rassemblement national, seul mouvement à prêcher sur le sujet et dans le désert depuis des décennies, seul Xavier Bertrand semble avoir brisé ce tabou verbal en osant évoquer l’immigration.
Il est vrai que dans une droite à l’encéphalogramme plat, la concurrence est toute relative pour qu’émerge une tête un peu moins vide que les autres. Ainsi, ce dimanche 18 octobre, invité au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Xavier Bertrand évoque-t-il les dérives de « l’immigration », du « droit d’asile », allant même jusqu’à évoquer le vocable devenu maudit « d’assimilation ».
Et d’ajouter : « Tous ceux qui sont aujourd’hui sur le territoire français, qui sont de nationalité étrangère et qui commettent un délit ou un crime ou qui s’en prennent aux valeurs de la République et notamment à la laïcité, tous ceux-là doivent quitter le territoire français. » Hormis le mantra des « valeurs de la République », ce discours rompt-il au moins avec la vulgate officielle. Tout comme le fait d’affirmer, à propos du Conseil constitutionnel, dont on sait qu’il censure trop souvent toute velléité de fermeté législative : « Si le droit ne protège pas, alors on aménage le droit. »
Pourtant, tout cela ne dépasse pas le stade du symbolisme verbal, surtout quand il prône un « référendum sur la laïcité » : « Il faut consacrer ce principe au même niveau, avec la même force et la même importance que l’égalité, la liberté et la fraternité. » Bref, nous voilà armés et, en face, ils doivent en trembler d’avance.
Plus sérieusement, et ce toujours dans le registre des maux et des mots relatifs à ce que notre société incarne aujourd’hui, cette dernière est-elle si digne que certains le prétendent ? Fait-elle véritablement envie au point qu’un immigré veuille s’y assimiler ? Pas forcément, à condition d’estimer que le mariage homosexuel fasse figure de sommet civilisationnel, que la téléréalité puisse surpasser le théâtre de Molière ou que Booba fasse jeu égal avec Georges Brassens. Pis, est-il admirable, ce peuple qui s’indigne de la chasse à courre, mais qui considère l’allongement de l’avortement pour une avancée sociétale ? Qui, sous couvert de défendre les femmes, avilit les hommes en les rabaissant à la seule condition de prédateur sexuel ? Il est à craindre que non.
L’islamisme est certes un péril ; mais l’affaissement du substrat français en est sûrement un plus grave encore. Plus grave même que les insultes faites à la « République », conclura-t-on.
Nicolas Gauthier