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Les sanctions économiques inacceptables pour l’Europe du faux ami américain (3)

L’annulation en 2021 du contrat du siècle des sous-marins australiens : un coup de poignard des États-Unis dans le dos de la France

Le 15 septembre 2021, l’Australie, suite à la pression des États-Unis, a annulé d’une façon abrupte une commande de douze sous-marins « Attack » devant être construits en Australie par le groupe industriel français Naval Group pour la marine australienne. ll s’agissait d’une version conventionnelle des sous-marins nucléaires français Barracuda. Ce contrat en or pour les deux parties d’une valeur de 56 milliards d’euros représentait un gain financier substantiel pour la France et un partage technologique avec l’Australie pour la construction de sous-marins fiables et puissants.

Le 16 septembre 2021, en compagnie du Président américain Joe Biden et du Premier ministre anglais Boris Johnson, le Premier ministre australien Scott Morrison annonce mettre fin au contrat avec Naval Group au profit de la nouvelle alliance stratégique AUKUS entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. Les États-Unis devaient fournir à l’Australie huit sous-marins nucléaires d’attaque. Alors que de nombreuses personnalités politiques françaises réclament la sortie de l’OTAN, le Président Macron, après avoir seulement rappelé brièvement l’ambassadeur de France aux États-Unis, décide le 29 septembre 2021 de rester dans l’OTAN.

Le 29 octobre 2021, lors d’un entretien entre Joe Biden et Emmanuel Macron à Rome, Joe Biden reconnaît que « ce que nous avons fait était maladroit ». En juin 2022, le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese annonce un paiement de 555 millions d’euros à titre de compensation pour la France. Le 20 juin 2023, l’Australie annonce qu’elle ne construira finalement que trois sous-marins nucléaires et achètera les 5 autres aux États-Unis avec des retards de livraison dantesques et des doutes sérieux quant aux capacités industrielles des États-Unis.
La commission sénatoriale présidée par Christian Cambon dénonce en octobre 2021 « l’attitude récurrente de certains de nos alliés, qui se comportent plus comme des adversaires que comme des concurrents loyaux ».

La Maison-Blanche a tenté, vaille que vaille, avec un certain toupet, de dédramatiser le psychodrame, assurant entretenir une « relation bilatérale formidable avec la France » qui a été trahie et « cocufiée » en réalité, une fois de plus par les États-Unis. Le pacte de l’AUKUS est un coup de poignard pour la France. Un contrat d’une valeur de 56 milliards d’euros a échappé à l’industrie navale française.

Le criminel sabotage des gazoducs Nordstream 1 et 2, en 2022, par les États-Unis

Le scandaleux sabotage des gazoducs Nordstream 1 et 2 par l’Amérique a eu lieu le 26 septembre 2022 en mer Baltique, au large de l’île de Bornhom, occasionnant d’importantes fuites de gaz. Des traces d’explosifs ont été relevées. Il s’agit donc de tirer les conclusions sur « l’acte de guerre » commis par le Président américain Joe Biden contre les intérêts stratégiques et économiques de l’Europe. Il importe aussi de relater les principaux faits ahurissants, selon la très longue chronique « Comment l’Amérique a détruit le gazoduc Nordstream, écrite le 8 février 2023 par le célèbre journaliste américain Seymour Hersh dans le « Scheerpost ».

Dès le 7 février 2022, soit moins de trois semaines avant l’invasion russe de l’Ukraine, lors de la visite du chancelier Scholz à Washington, Biden déclare en sa présence : « Si la Russie envahit… il n’y aura plus de Nordstream 2. Nous y mettrons fin ». Un journaliste demandant comment il prévoyait de faire cela, Joe Biden répond : « Je vous promets, nous y parviendrons ». Vingt jours plus tôt, la sous-secrétaire d’État Nuland avait livré le même message lors d’une réunion du département d’État en comité restreint : « Je veux être très claire avec vous aujourd’hui : si la Russie envahit l’Ukraine d’une manière ou d’une autre, il n’y aura plus de Nordstream 2. Nous y mettrons fin ».
Ce sont des plongeurs militaires américains de la base Panama en Floride qui, à partir d’un chasseur de mines norvégien, ont placé des charges C4, avec une minuterie déclenchable à distance, pour les quatre gazoducs dans des cocons en béton. Les charges ont été déposées, en juin 2022, lors des exercices navals « Baltes 22 » de l’OTAN qui impliquent chaque année, depuis 21 ans, des dizaines de navires de la sixième flotte américaine basée à Gaeta, en Italie, au sud de Rome.

Les charge C4 attachées aux gazoducs ont été déclenchées le 26 septembre 2022 par une bouée sonar. La bouée était larguée par un avion de surveillance maritime P8 de la marine norvégienne qui effectuait un vol apparemment de routine. Le signal s’est propagé sous l’eau vers les deux gazoducs et quelques heures plus tard, en raison de l’explosion, trois des quatre tuyaux ont été mis hors service.
Les médias américains et européens, ce qui est encore plus scandaleux, ont traité l’attentat comme un mystère impossible à résoudre, la Russie étant le coupable probable, sans jamais indiquer un motif clair. Interrogé lors d’une conférence de presse fin septembre 2022, le secrétaire d’État Blinken a déclaré : « C’est une formidable opportunité de supprimer une fois pour toutes la dépendance vis-à-vis de l’énergie russe et ainsi d’enlever à Vladimir Poutine la militarisation de l’énergie comme moyen de faire avancer ses desseins impériaux. C’est très important et cela offre une formidable opportunité stratégique pour les années à venir, mais en attendant, nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour nous assurer que les conséquences de tout cela ne soient pas supportées par les citoyens de nos pays ou d’ailleurs, autour du monde ».
Blinken a simplement oublié de préciser que les Européens imbéciles remplaçaient en fait la pseudo-dépendance stratégique russe par la dépendance stratégique américaine, avec un gaz de schiste liquéfié américain non écologique, 4 fois plus cher, transporté par des méthaniers pollueurs de l’océan Atlantique, avec des usines polluantes de liquéfaction aux États-Unis et de regazéification en Europe. Le gaz russe très bon marché et transporté dans des gazoducs écologiques assurait, lui, la compétitivité des industries européennes. Ces dernières sont maintenant incitées à délocaliser leur production aux États-Unis, avec comme conséquence la destruction supplémentaire d’emplois industriels bien rémunérés, déjà en voie de disparition en Europe ! Merci faux ami Biden pour ce coup de poignard supplémentaire dans le dos de l’Allemagne et de l’Europe !

Le 27 septembre 2022, l’ancien ministre polonais Radek Sikorski montre une photo de la fuite de gaz accompagnée du commentaire : « Merci, les États-Unis », avant d’effacer ce « tweet » le surlendemain.
Quant à Victoria Nuland, lors d’un témoignage devant la commission des relations étrangères du Sénat, elle a déclaré, fin janvier 2023, au sénateur américain Ted Cruz : « Comme vous, je suis, et je pense que l’administration est très heureuse de savoir que Nordstream 2 est maintenant, comme vous aimez le dire, un morceau de métal au fond de la mer. »

L’Amérique de Joe Biden a donc fait preuve d’un cynisme le plus total et il n’est plus possible de parler de bloc occidental ! Tous les médias européens se taisent, alors que tous les gouvernements et tous les états-majors européens savent que ce sont les Américains avec les Norvégiens qui ont fait sauter Nordstream ! Tout le monde sait à quoi s’en tenir vis-à-vis du faux ami américain, mais personne ne dit rien, à l’exception de quelques patriotes courageux en Europe, de l’AfD et d’Oskar Lafontaine en Allemagne, ce qui est ahurissant, d’autant plus qu’il y avait aussi des intérêts financiers européens dans le capital de Nordstream (la société française Engie, par exemple, a perdu 1 milliard d’euros, suite au sabotage américain).

Le bouquet de cette comique tragédie est la communication du 3 avril 2024 de Seymour Hersh, lors de son entretien avec Brian Rose, sur le site « London Real » : les États-Unis auraient informé leurs alliés européens, avant même de procéder au sabotage de Nord Stream, d’où l’absence de réaction de l’Allemagne et des gouvernements européens, le jour J. Le chancelier Scholz pourrait donc se voir accusé de haute trahison, pour n’avoir pas violemment réagi, alors qu’il était encore temps !

Le plus cocasse, c’est que l’Allemagne, « paillasson servile », soit agressée par un attentat qui ruine son économie et qu’elle puisse pourtant décider de rentrer en guerre avec la Russie pour défendre l’intérêt des seuls États-Unis contre ses propres intérêts. À qui profite le crime puisqu’il suffisait à Poutine de fermer le robinet du gaz s’il le souhaitait ? Qui d’autre que Washington avait intérêt à ce sabotage pour éviter que le peuple allemand demande la réouverture immédiate de Nordstream ? Les pseudo-élites et guignols européens montrent par là même au monde entier leur servilité, leur statut de valet de l’OTAN et leur soumission totale à Washington !

Marc Rousset – Notre Faux Ami l’Amérique / Pour une Alliance avec la Russie – Préface de Piotr Tolstoï – 370 p – Librinova – 2024

http://marcrousset.over-blog.com/2024/07/les-sanctions-economiques-inacceptables-pour-l-europe-du-faux-ami-americain-3.html

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