Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Centre d’accueil : les assos de gauche voient de l’argent où il n’y en a plus

capture d'écran Facebook SudCT31
La fermeture du Pôle d’accueil, d’information et d’orientation (PAIO) de Toulouse, décidée début juillet, a provoqué l’indignation de plusieurs associations militantes. Pourtant, derrière les slogans et les rassemblements, la réalité budgétaire demeure incontournable. Ce service du centre communal d’action sociale (CCAS), qui accueillait de manière inconditionnelle des personnes en situation de grande précarité, a cessé son activité le 1er juillet à la suite d’une réduction de financements provenant de la mairie, de la préfecture et du conseil départemental. En réponse, quatre associations (Utopia 56, DAL 31, la SAF et l’ADE) ont saisi la Justice en urgence. Le tribunal administratif a suspendu temporairement l’arrêté préfectoral, dans l’attente d’un jugement au fond.

 

Le PAIO, situé dans le quartier Patte d’Oie, enregistrait environ 11.000 passages par an. Il est présenté par ses défenseurs comme un dernier rempart pour les individus sans solution. Mais derrière les protestations, une réalité s’impose : un service public, quel qu’il soit, repose sur des moyens, et ceux-ci ne sont pas illimités. Le CCAS de Toulouse, premier de France par sa taille, compte 1.800 agents. Il est financé à 25 % par la mairie, les habitants y contribuant également via le paiement des services. Le reste du budget provient de l’État, du conseil départemental, de l’agence régionale de santé et de la caisse d’allocations familiales. En 2021, son budget s’élevait à 87 millions d’euros. Dès lors, toute réduction des dotations implique des ajustements de fonctionnement, parfois douloureux. L’annonce du gel des prestations sociales, pour l’année 2026, du Premier ministre François Bayrou n’est pas étrangère à cette décision du préfet d’Occitanie d’opérer des changements dans l’organisation des offres sociales de la ville.

Des arbitrages nécessaires dans un contexte contraint

Certaines voix s’élèvent contre ce qu’elles considèrent comme une casse du service public ou une volonté d'invisibiliser les plus précaires. Des manifestations ont été organisées, notamment les 17 juin et 1er juillet, et des syndicats ont dénoncé la suppression de postes dans le secteur social. Pourtant, aucune ville ne peut durablement maintenir une offre illimitée de services sans en avoir les ressources. Les arbitrages budgétaires font partie intégrante de la gestion publique, surtout dans un contexte où l’inflation, les tensions sur les dépenses sociales et les priorités nationales (sécurité, santé, éducation) imposent des choix clairs.

Des alternatives ont été proposées. Le CCAS a notamment prévu de maintenir des permanences trois matinées par semaine, même si ces dispositifs ne permettent pas un suivi équivalent. Cela ne satisfait pas les associations requérantes, qui réclament un retour au fonctionnement antérieur. Mais cette revendication pose une question centrale : un service peut-il exiger d’exister sans limite, indépendamment des capacités de financement ? Dans les faits, les moyens alloués, s’ils diminuent effectivement, ne permettront plus le maintien d’un accueil inconditionnel ouvert cinq jours sur sept. Une gestion responsable impose donc de recentrer l’action sociale sur les publics les plus fragiles et sur les dispositifs légalement obligatoires.

Une suspension judiciaire sans réponse durable

Enfin, la suspension judiciaire décidée le 22 juillet n’est que temporaire, la préfecture est encore en mesure, par ailleurs, de faire appel de la décision du tribunal administratif. Elle ne règle pas le fond du dossier, qui reste celui du financement. Dans un système où chaque acteur — commune, département, État — doit arbitrer entre diverses priorités, la réalité revient vite au premier plan : quand les ressources sont limitées, tout n’est pas possible. Le militantisme ne dispense pas de cette réalité.

La préfecture de Haute-Garonne et le tribunal administratif de Toulouse, contactés par nos soins, n'ont pas encore donné suite à nos sollicitations.

Raphaelle Claisse

Écrire un commentaire

Optionnel