La suite de l’échange a été du même acabit, entre un maire parlant vrai et une journaliste incapable de voir le réel. « Quand vous dites "aux yeux", c’est la couleur de peau ? Vous êtes en train de parler, quand même, de la couleur de peau des personnes qui seraient dans les prisons ! », s’est ainsi indignée la salariée de BFM TV. « Mais attendez, ce sont des gens d’origine maghrébine ! Je sais que vous n’êtes pas d’origine maghrébine et moi non plus ! », lui a rétorqué Robert Ménard, désarmé devant un tel aveuglement volontaire.
Aveuglement et accablement
Si certains journalistes font encore semblant de ne pas voir l’éléphant immigré au milieu du salon carcéral, l’aveuglement médiatique pesait bien plus lourd, il y a quelques années à peine. Il s’accompagnait alors volontiers d’accusations et d’anathèmes. « Je me souviens que pendant des années, sur les plateaux de télévision, quand on faisait remarquer qu’il y avait plus d’étrangers en prison que ce qu’ils représentaient dans la population, tu étais une espèce de facho…, se remémore Robert Ménard. La part d’étrangers dans la délinquance est disproportionnée par rapport à leur nombre en France. Le problème est que si tu le dis, tu te fais montrer du doigt. Mais peut-être que la réalité, un certain nombre de gens ne veulent pas la voir ? »
Cette dernière phrase pourrait sans doute s’appliquer à Apolline de Malherbe. On se souvient qu’en juin dernier, la même journaliste avait agacé Marion Maréchal en feignant d’ignorer l’existence du peuple français historique. « C'est quoi, des Français "d'origine française" ?, avait-elle demandé, jouant les ingénues. Vous remontez à quand ? Vous le calculez à partir de quelle génération ? » Ce à quoi l’eurodéputée avait répondu, du tac au tac : « On peut remonter à Clovis, si vous voulez. » Le 27 octobre dernier, sur un autre sujet, la journaliste avait fait mine de ne pas voir le problème posé par l’islamisation de la France. « C’est quoi, les changements "monstrueux" ? », avait-elle alors lancé, pleine de dédain, à Éric Zemmour. « Eh bien, tout simplement, votre fille ne pourra plus sortir sans le voile, dans vingt ans. Déjà aujourd’hui, les jeunes femmes ne peuvent plus aller dans le RER en mini-jupe. » Et l’intervieweuse de relancer, naïvement : « Pour vous, ça a un rapport avec la religion ? » Déni, quand tu nous tiens…
Sur la question du communautarisme, Robert Ménard a fait son possible pour déciller les yeux de son interlocutrice. « Dans un certain nombre d’endroits, vous ne mettriez pas vos enfants parce que 80 % des enfants sont issus de l’immigration. Et les mamans en question, elles-mêmes issues de l’immigration, me demandent qu’il y ait plus de "Français", comme elles disent, parce qu’elles le vivent comme un ghetto. […] Dans les écoles publiques de ma ville, les deux tiers des enfants sont issus de l’immigration. » Cette proportion alarmante n’a hélas pas retenu l’attention d’Apolline de Malherbe, qui a préféré enchaîner sur une nouvelle question confondante de niaiserie : « Avez-vous réussi à permettre qu’il y ait une mixité sociale, qui est une chose magnifique de la France ? » « La "mixité sociale" ne fonctionne plus nulle part, madame, l’a recadrée Robert Ménard. Quand vous avez 70 % de gens issus de l’immigration, que vous êtes femme et que vous n’avez pas envie de porter un voile, vous vous faites traiter de "salope" par votre voisin. […] L’intégration ne fonctionne pas. Vous n’arrivez pas à voir qu’il y a un vrai problème ? »
Apparemment, non, Apolline n’y arrive pas.