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  • L’impôt, ce n’est plus ce que ça a été

    Joie, bonheur et sourires rayonnants : à quelques semaines de la rentrée, les premiers avis d’imposition sur les revenus 2013 arrivent dans les boîtes à lettres. Et immédiatement, le contribuable, à peine rentré de vacances, dépiaute fébrilement son courrier pour vérifier si, lui aussi, fait partie de ces heureux assujettis dont les impôts, fort modestes puisqu’on est en France, pays du lait et du miel, vont encore baisser.

    Car oui, c’est une certitude : pour certains d’entre eux, les impôts vont baisser. Bercy s’est d’ailleurs fendu d’un communiqué de presse ces jours derniers pour bien s’assurer que tout le monde était au courant de cette information capitale : grâce aux effets sensibles et bénéfiques de tous les efforts entrepris par le gouvernement, la France va mieux et une partie des ménages, ceux à revenus modestes, verront leur feuille d’impôt s’alléger. Et en plus, il n’y aura pas besoin de remplir un cerfa complexe en triplicata, puisque ce sera automatique. C’est Bercy qui le dit.

  • Robert Ménard, maire de rupture, au risque de la fracture

    Le changement, c'est maintenant : ce slogan aurait dû être le sien.   

    Il paraît qu’il existe un comité de vigilance consacré aux seules mairies dirigées par le FN et par Robert Ménard. La multitude des autres serait donc, par nature, irréprochable ?

    Les élus, selon Libération, « profitent de l’été pour prendre des arrêtés aussi démagogiques qu’illégaux, contre les jeunes, les prostituées ou les mendiants. Florilège de la bêtise ».

    On n’est pas obligé d’être convaincu par une charge aussi partiale que prévisible.

    Robert Ménard, depuis qu’au grand dam de beaucoup il est devenu maire de Béziers, fait l’objet d’une attention négative toute particulière. Et ce défaut de bienveillance systématique fait que ses décisions et son action ne sont jamais examinées comme il conviendrait, mais caricaturées au seul motif qu’elles émanent de lui.

    Ces préventions, qui excluent toute bonne foi, interdisent aussi de s’interroger lucidement et objectivement sur la dernière initiative de Robert Ménard : convier tous les Biterrois à une messe célébrée en ouverture de la feria le 13 août.

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  • Et si l’innovation technologique nuisait à la société humaine ?

    C’est une question que se posent économistes et travailleurs au moins depuis la Révolution industrielle. Et dans le passé, la réponse était généralement un «non» franc et direct…

    L’innovation est censée être le remède au marasme économique. Et si au contraire elle en était la cause ? Plus précisément : serait-il possible que l’incessante automatisation touchant tous les secteurs, des usines au commerce de détail en passant par le journalisme, ne détruise davantage d’emplois qu’elle n’en crée ?

    C’est une question que se posent économistes et travailleurs au moins depuis la Révolution industrielle. Et dans le passé, la réponse était généralement un «non» franc et direct.

    Certes, l’automatisation rend obsolètes certains emplois humains peu qualifiés, mais elle introduit aussi de nouvelles catégories d’emplois qui le sont à l’extrême, des ingénieurs aux gestionnaires d’équipement en passant par le secteur de la banque et du blogging. Son principal effet est d’augmenter la productivité, ce qui est supposé relever le niveau des revenus et stimuler la demande de nouveaux produits et services.

    Le progrès technique a-t-il changé de nature ?

    Pourtant, la reprise économique sans emplois que nous connaissons en ce moment ainsi qu’une tendance à plus long terme vers les inégalités de revenus et de richesses poussent certains intellectuels à se demander si la dernière vague d’automatisation n’est pas différente de celles qui l’ont précédée.

    Andrew McAfee et Erik Brynjolfsson, chercheurs au Massachusetts Institute of Technology (MIT), ne sont pas les seuls à voir un «grand découplage» entre la productivité et les salaires, et ce depuis 2000 environ, à mesure que la technologie distance la formation et les aptitudes humaines

    En d’autres termes, les salariés sont en train de perdre la course entre éducation et technologie. Ce qui pourrait être en train d’exacerber une tendance plus ancienne, où depuis les années 1970, le capital a pris le dessus sur le travail.

    Remplacer les travaux manuels par des machines dans les exploitations agricoles et les usines était différent, s’inquiètent certains. Ces machines, stupides et extrêmement spécialisées, nécessitaient d’être supervisées par des humains à toutes les étapes de leur fonctionnement. Mais le XXIe siècle est témoin de l’avènement d’appareils bien plus intelligents, capables d’accomplir des tâches dont on pensait autrefois qu’elles ne pourraient jamais être automatisées.

    «Chômage technologique»

    Les logiciels d’aujourd’hui peuvent répondre à vos appels, organiser votre agenda, vous vendre des chaussures, vous conseiller un film et vous adresser des publicités ciblées. Les logiciels de demain diagnostiqueront vos maladiesécriront les articles de vos journaux et iront jusqu’àconduire votre voiture.

    Lorsque même les professions intellectuelles hautement qualifiées risquent de se voir remplacer par des machines, quels emplois humains peut-il encore rester ? Ceux du domaine de la politique peut-être et, naturellement, de l’entrepreneuriat et du management. En d’autres termes les riches vont devenir plus riches, et le reste d’entre nous sera laissé pour compte.

    Tout cela a ramené le concept de «chômage technologique» dans le discours universitaire, et ce quelque 80 années après que John Maynard Keynes en a inventé l’expression. Le 6 août dernier, Pew Research et Elon University ont publié un rapport intitulé «AI, Robotics, and the Future of Jobs» [Intelligence artificielle, robotique et avenir des métiers].

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  • Aux sources du capitalisme indien

    Aujourd’hui la 10e puissance mondiale en termes de valeur nominale du PIB, l’Inde reste largement absente des travaux comparatifs sur les variétés du capitalisme contemporain. L’historien de l’économie Claude Markovits revient ici sur le rôle du colonialisme, de la diaspora ou encore de la caste sur l’évolution de l’industrie et du capitalisme en Inde.

    Quel a été l’impact de la période coloniale britannique sur le développement de l’industrie et l’expansion du capitalisme après l’indépendance ?

    Claude Markovits: C’est une idée fort répandue en Inde que l’héritage de la période coloniale a pesé lourd sur le développement industriel et l’expansion du capitalisme après l’indépendance. Mais, quand on cherche à définir plus précisément les aspects négatifs de l’héritage colonial, on se heurte à certaines difficultés.

    La vulgate nationaliste indienne associe la période coloniale à un processus de «désindustrialisation », qui renvoie surtout au déclin de certaines productions artisanales, en particulier dans le textile. Cette question a fait l’objet de nombreux débats dans les années 1980, mais la notion de désindustrialisation a été contestée plus récemment par Tirthankar Roy (Roy, Traditional Industry in the Economy of Colonial India, Cambridge UP, 1999), qui a souligné la résilience de certains secteurs artisanaux.

    Par ailleurs une assez puissante industrie moderne s’est développée en Inde à partir du milieu du XIXe siècle, d’abord dans le textile, puis dans d’autres branches (sidérurgie avec les usines Tata inaugurées en 1911, cimenteries, sucreries). Bien que les capitaux britanniques aient joué un rôle dominant dans certains secteurs comme l’industrie du jute, c’est le capital indien qui a été le moteur principal de ce processus de développement industriel colonial, et la période 1860-1947 a vu la naissance d’un certain nombre de grands groupes capitalistes, dont les deux plus connus sont Tata et Birla.

    Capitalisme et domination coloniale

    À l’indépendance donc l’Inde était le seul parmi les pays coloniaux à disposer d’une certaine infrastructure industrielle et d’une classe d’entrepreneurs déjà ancienne.

    Cependant cette avance apparente masquait des déséquilibres profonds, dont le poids allait se faire sentir de façon durable. L’Inde restait un pays agraire, et l’archaïsme des structures agraires mises en place pendant la période coloniale constituait un formidable obstacle au développement d’une économie moderne.

    L’industrie, après des débuts difficiles, s’était largement édifiée à partir de 1918 à l’abri de barrières douanières, et était donc peu compétitive au niveau international. Par ailleurs la plupart des branches avaient une structure fortement oligopolistique, qui faisait obstacle à l’entrée de nouveaux venus.

    Enfin le secteur industriel était largement aux mains de firmes qui opéraient selon une logique plus financière qu’industrielle, et le secteur bancaire, pour sa part, encore dominé par des intérêts étrangers, n’était pas du tout orienté vers le soutien à l’industrie. Donc la nature même du secteur capitaliste privé qui s’était édifié pendant la période coloniale le rendait peu à même d’enclencher un processus de développement rapide.

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  • Réformer la France : en finir avec l'école républicaine

    Exclusivité du Salon Beige: la diffusion des différents articles du dossier dePolitique Magazine consacré à l'indispensable réforme nationale. Aujourd'hui, Yves Morel.

    Non, le problème de l’éducation nationale française ne vient pas de tel pédagogiste ou tel apologiste de Ferry. C’est le système en lui-même qui est défaillant. En ayant érigé l’égalité comme dogme suprême, l’école républicaine ne pouvait aboutir qu’à l’échec.

    Nos concitoyens déplorent la crise actuelle de l’École républicaine. En attribuant la responsabilité au « pédagogisme », à visée égalitaire, ils réclament le retour à la communale ferryste et à l’Université napoléonienne, qui jouaient un rôle d’« ascenseur social ».
    En vérité, les causes du marasme ne résident ni dans l’action des « pédagogistes » ni dans l’insuffisance des politiques, mais dans l’École républicaine elle-même, son inspiration, ses valeurs, ses principes et son mode de fonctionnement. Le ver n’est pas dans le fruit, c’est le fruit lui-même qui est vénéneux.

    L’ABERRATION ÉGALITAIRE
    L’École républicaine postule, à la suite des Lumières du XVIIIe siècle et de Condorcet, son précurseur direct, que les hommes sont égaux en dignité et en droit du fait de la commune existence en eux de la raison, armature de l’intelligence. Il importe donc d’édifier une démocratie égalitaire grâce à l’éducation qui exercera, affinera et enrichira l’intelligence par l’instruction. Tout au long du XIXe siècle, l’École fut considérée comme l’instrument d’émancipation du peuple et d’édification d’une telle démocratie. Encore eût-il fallu savoir ce qu’on entendait par égalité démocratique.

     

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    Paula Corbulon

  • Radars : une pompe à fric en panne ?

    La baisse des recettes grâce à des conducteurs devenus raisonnables ?   

    Pas de chance pour les caisses de l’État : la recette des amendes collectées grâce aux radars fixes automatiques a baissé, passant de 620 millions d’euros en 2012 à 579 millions en 2013. Avec 41 millions d’euros de manque à gagner, on comprend que l’État soit chagrin, surtout que, dans le même temps, le nombre de radars au bord des routes a augmenté.

    Mis en place en 2003 pour lutter contre les excès de vitesse, on comptait 2.209 radars fixes au 1er juin 2014. En 2010, le coût à l’unité était de 67.500 euros, auxquels s’ajoutent 2.450 euros de frais d’installation, sans compter les 8.000 euros de remise en marche après un acte de vandalisme. L’État dépense donc en vue de faire baisser la mortalité routière et s’attend logiquement à un retour sur investissement. Alors, comment expliquer les recettes en moins quand on a des radars en plus ? Les automobilistes ont-ils levé le pied de l’accélérateur, ce qui serait le point positif ?

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