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  • Oswald Spengler RETOUR À L'OCCIDENT

    Durant la Guerre froide, les pays communistes, l'U.R.S.S. en tête, appelaient leurs adversaires, les pays faisant partie du « Monde Libre », comme ils se dénommaient eux-mêmes, les Occidentaux. 

    Pendant longtemps, j'avais cru que cette appellation d'« Occidentaux » dont nos pays étaient qualifiés, répondait, de la part des Soviétiques, à un simple besoin de localisation géographique de leurs adversaires. 

    Après tout, l'Europe « Libre », les États-Unis, et même l'Australie et la Nouvelle-Zélande pouvaient être situés à l'Ouest de l'U.R.S.S., dès lors que cette dernière était prise comme point de repère ou  de référence, ce qui se comprenait du point de vue de ses habitants ou même de ses rivaux communistes, comme la Chine par exemple. 

    Advint alors la disparition de l'Union Soviétique en 1991 ; j'étais alors militant du Parti Communiste Français, avec un certain nombre de responsabilité dans l'appareil du Parti.

    Puis le P.C.F. s'affaiblissant de plus en plus, je finis par me retrouver en quelque sorte en demi-solde.

    Mes tendances politiques étaient nationale et bolchévique et je me lamentais de voir le P.C.F. vendre son héritage patriotique issu de la Résistance pour le plat de lentilles que lui jetait le Parti Socialiste.

     Mais je ne pouvais pas rejoindre les groupuscules gauchistes, étant trop de mentalité bolchévique pour cela. 

    Les évènements internationaux devaient provoquer une évolution radicale dans mes opinions philosophiques et politiques.

    Car j'observais que, depuis 1989, malgré la disparition de la Guerre froide, non seulement les Russes continuaient d'appeler leurs anciens adversaires-ennemis « les Occidentaux », mais aussi les pays dits « en voie de développement ». En effet, ces derniers, pourtant situés au Sud, qualifiaient  d'Occidentaux les pays du "Monde Libre », au lieu de les appeler les "Nordistes".

    Dès lors, il était permis de se demander si, au-delà d'une localisation géographique, le terme d'Occidental ne désignait pas une identité spécifique, regroupant plusieurs pays, et des peuples de nationalités différentes.

    C'est ainsi que le concept d'Occident commença à m'apparaître comme une évidence par comparaison avec la Russie et les pays du Sud, dit en voie de développement.

    Et comme pour toute "grande découverte", le hasard fit son œuvre. C'est ainsi que, découvrant l'œuvre de Ernst VON SALOMON, j'appris l'existence d'un homme, un philosophe de l'histoire, du nom de Oswald SPENGLER qui vécut au début du XXème siècle.

     QUI EST OSWALD SPENGLER ?

     Après la première guerre mondiale, dans les années 1920-1930, Oswald SPENGLER obtint, dans une Allemagne traumatisée par la défaite et le « diktat » de Versailles, mais aussi en Europe et en Amérique du Nord, un succès considérable lorsque parût son premier ouvrage, et son œuvre maîtresse, intitulé « Untergang des Abendlandes », en français « Le Déclin de l'Occident ».

     En effet, l'ouvrage d'Oswald SPENGLER répondait à une attente précise et très forte dans les divers publics, mais aussi parmi les élites politiques, économiques et intellectuelles.

    Car, nombreux étaient ceux, parmi l'élite de chaque pays européen, qui cherchaient à comprendre le sens de l'époque historique issue de la première guerre mondiale, et s'interrogeaient sur l'avenir.

    Oswald SPENGLER proposait, dans son ouvrage, une méthode tout à fait nouvelle, basée sur la comparaison entre les diverses civilisations historiquement connues, qu'il appelait « Hautes cultures » et qu'il percevait comme des organismes vivants traversant, comme tout autre organismes vivants, des périodes successives de naissance, de jeunesse, de maturité et de vieillesse.

     L'originalité de sa méthode consistait tout d'abord à faire apparaître la logique interne de la culture occidentale, ouest-européenne, née vers le 10ème siècle sur un territoire compris entre le Tage en Espagne et l'Elbe en Allemagne et fondée sur la recherche permanente de l'infini, qu'exprimèrent alors notamment l'art gothique et l'invention de la perspective dans la peinture.

    Puis, dans un second temps, Oswald SPENGLER entreprenait de définir la phase organique à laquelle la culture occidentale était alors parvenue à son époque, au début du XXème siècle et de déterminer le sens de sa direction, par comparaison avec les époques « contemporaines » des autres cultures qui ont précédé la nôtre, indoue, chinoise, arabe, et surtout avec la culture antique qu'il connaissait si bien.

    Il s'en suit qu'avec une telle vision globale du passé et de l'avenir, étayée par une érudition extraordinaire, Oswald SPENGLER avait écrit un ouvrage « Le Déclin de l'Occident » qui ne concernait pas que l'Allemagne.

    En effet, Oswald SPENGLER, le patriote allemand, l'amoureux de l'Ancienne Prusse de Frédéric II, avait sciemment écrit un ouvrage de portée universelle.

     Dès 1924, « le Déclin de l'Occident » était traduit et édité en Espagne, aux États-Unis en 1926 .

    Par contre, en France, il fallut attendre sa parution jusqu'en 1948, bien que Monsieur Mohand TAZEROUT l'eût excellemment traduit depuis 1931, avec l'accord d'Oswald SPENGLER.

    Certes, son ouvrage « Années décisives » avait été publié en France, dès 1934. Mais cet ouvrage pouvait, à l'époque, paraître (à tort) essentiellement ne concerner que l'Allemagne.

    Dans la situation d'avant-guerre, « Le Déclin de l'Occident », a indubitablement manqué en France dans la réflexion politique et philosophique, car il aurait orienté certains esprits, intellectuels et hommes politiques, dans le bon sens et vers plus de lucidité quant à la signification de la victoire de l'Allemagne nazie en 1940. Je pense en particulier à Pierre DRIEU LA ROCHELLE, mais il y en a d'autres, connus ou inconnus.

    Ce n'est d'ailleurs pas seulement le contenu de l'œuvre qui les aurait grandement éclairés, mais aussi les liens personnels qu'ils auraient peut-être tissés, avec l'homme, noble et courageux, qu'était Oswald SPENGLER.

    En vérité, les élites françaises de cette époque auraient gagné à connaître Oswald SPENGLER, intellectuellement et moralement.

    Un homme de cette qualité n'aurait pu qu'avoir une heureuse influence sur des lecteurs Français, comme il l'a effectivement exercée en Allemagne sur certains jeunes Allemands, comme par exemple Ernst von SALOMON, l'auteur du roman autobiographique « Les Réprouvés », relatant l'aventure des Corps-Francs en 1918.

    Puis vinrent la prise de pouvoir par les Nazis puis la guerre, empêchant toute relation normale avec l'Allemagne.

    Paru en France en 1948, « Le déclin de l'Occident » intéressa peu les milieux intellectuels de droite et de gauche, alors totalement fascinés par l'idéologie marxiste (ou simplement rousseauiste) qui leur faisait considérer le développement de l'Histoire comme une évolution linéaire et continue vers « Le Progrès ». 

    Malheureusement, en France, après 1945, on rejeta donc les idées d'Oswald SPENGLER, n'hésitant pas, à l'occasion, à utiliser l'arme, fatale en France, du sarcasme.

    Que reprochent à Oswald SPENGLER ceux qui le critiquent ou le maintiennent sous le boisseau ?

    Son passé nazi ? Il n'en a pas. Et, s'il n'était pas décédé en 1936, il est fort probable qu'il aurait fini par être exécuté par les nazis avant la fin de la guerre.

    En effet, sa mort, violente, (il fut foudroyé par une crise cardiaque), un 8 mai (capitulation de l'Allemagne neuf ans plus tard) me paraît déjà, pour le patriote allemand qu'il était, un symbole, « de premier rang », pour employer une expression conceptuelle qu'il utilisait dans ses analyses historiques des « hautes cultures ».

    D'autres, ou les mêmes, lui reprochent son pessimisme historique, parce qu'il constate que toutes les civilisations sont mortelles, même la nôtre, la civilisation occidentale.

    Ô Lecteur, êtes-vous pessimiste parce que vous avez découvert, dès votre plus tendre enfance, que vous êtes mortel, comme tout un chacun ?

    D'ailleurs, Oswald SPENGLER propose des moyens pour retarder la disparition de la culture occidentale qu'il ne prévoit que dans un futur lointain de plusieurs siècles.

    Lui reproche-t-on son déterminisme ? C'est, encore une fois, ne l'avoir pas bien lu ! Car pour Oswald SPENGLER, le destin d'une culture consiste dans une direction, découlant directement de sa spécificité. Il n'est pas écrit d'avance, comme dans l'Islam. Il n'est pas non plus arbitraire, comme dans une tragédie antique.

    Par contre, pour Oswald SPENGLER, le destin d'une culture est constitué de plusieurs possibilités à l'intérieur d'une direction nécessaire. Il nous revient de choisir entre ces possibilités celles qui nous paraissent les plus harmonieuses et la plus à même de ralentir le vieillissement de la civilisation et donc de reculer sa disparition.

    Ces principales critiques qu'on adresse à Oswald SPENGLER et à son œuvre semblent donc bien mal fondées.

    Et pourtant, le souvenir cet homme, de cet intellectuel d'exception, Oswald SPENGLER, subit, en France, injustement la loi du silence dans les grands médias, quand il n'est pas calomnié ou critiqué par des gens qui semblent ne pas l'avoir lu et se référer à des commentaires de commentaires.

    Son ouvrage « Le déclin de l'Occident » semble subir un ostracisme certain de la part des grands médias, de sorte que, l'auteur étant méconnu du public, son éditeur ne l'a plus édité depuis 1988. Il se borne à des réimpressions périodiques.

    Certains, en l'avouant du bout des lèvres, ont tenté de l'imiter tout au moins partiellement. Mais ils ne sont parvenus qu'à nous donner une théorie des civilisations édulcorée, purement descriptive, sans vigueur, sans dynamisme ni vision historique.

    Or, il est incontestable que les idées d'Oswald SPENGLER manquent aujourd'hui, dans le débat non seulement sur la culture occidentale mais aussi sur la situation de la France aujourd'hui.

    Et à ceux qui lui disaient qu'il se trompait dans ses analyses, Oswald SPENGLER leur répondait : « Regardez un peu autour de vous. Qu'est-ce que vous voyez ? »

    Il avait, en effet, écrit à propos de la « ville mondiale » ou mégapole, ville parvenue au stade le plus avancé de la civilisation ayant déjà aspiré toute la force créatrice des villes provinciales réduites à gérer les seules besoins zoologiques de leurs habitants  :

    « Ville mondiale signifie cosmopolitisme au lieu de « patrie » (...) La ville mondiale n'a pas un peuple, mais une masse. Son incompréhension du traditionnel, dans lequel elle combat la culture (...) ; son intelligence froide et perspicace, supérieure à celle du paysan ; son naturalisme d'un sens tout nouveau, qui prend sa source dans les instincts les plus vieux et les conditions primitives de l'homme (...) ; le « panem et circences » qui reparaît sous le manteau de la luttes des salaires et de la place du sport - tout cela marque, à côté de la culture définitivement achevée, à côté de la province, une forme tout à fait nouvelle et tardive, sans avenir, mais inévitable, de l'existence humaine. »[1]

    Cette analyse, écrite en 1918, ne semble-t-elle pas s'appliquer exactement à la France d'aujourd'hui ?

    Selon le philosophe Théodor ADORNO[2], "Spengler n'a jamais vraiment trouvé un adversaire à sa taille et le plonger dans l'oubli n'est qu'une fuite."[3] 

    Ce site a donc pour but de faire connaître la pensée et l'œuvre d'Oswald SPENGLER, de la discuter au regard des réalités d'aujourd'hui. C'est pourquoi, ce site s'intitule « Oswald SPENGLER-LE RETOUR DE L'OCCIDENT ».

    En effet, j'estime qu'il est nécessaire de contribuer à la résurgence, c'est à dire à la réapparition au grand jour, de l'homme Oswald SPENGLER et de ses idées si nécessaires à la réflexion à la compréhension de la situation actuelle.

    Mais il ne s'agit pas seulement de philosopher, mais aussi d'ouvrir des perspectives compte tenu des possibilités qui nous sont offertes au stade où est parvenue aujourd'hui la civilisation occidentale, en particulier en France.

    Pierre MARCOWICH

    [1] Le déclin de l'Occident : Tome I, page 45 Éditions Gallimard, 1948, renouvelé en 1976.

    [2] Theodor Ludwig Wiesengrund-Adorno 1903-1966), communément appelé Theodor Adorno, est un philosophe, sociologue, compositeur et musicologue allemand.

    [3] http://fr.wikipedia.org/wiki/Oswald_Spengler

    http://oswald-spengler-le-retour.e-monsite.com/

  • Citoyenneté et/ou nationalité

    Valérie Pécresse s’est prononcée (1). Elle ne veut plus que la nationalité française soit donnée automatiquement. Elle a mis toutes les nuances dans son propos et fait acte de foi pour éviter la condamnation, mais ce qui est dit est dit.

    Le débat politique sur la nationalité risque donc d’être animé dans les prochains mois. Les conditions sont réunies pour l’aborder franchement. D’une part, la Gôôche n’est plus certaine de capter le vote des citoyens français allogènes. L’apparition de listes ethniques dans les prochaines années va lui enlever une part importante de son électorat et donc sa motivation pour naturaliser à tour de bras. D’autre part, de plus en plus de Français aborigènes refusent l’assimilation à des compatriotes de papier avec lesquels ils ne partagent rien. Quant à l’adhésion aux « Valeurs de la République », l’histoire montre que ce genre d’idéologie à vocation fédératrice est une illusion. Le premier lien que l’on partage, c’est le sang. Transgresser ce principe naturel aboutit à toutes les abominations. La fin programmée des USA multiraciaux en est la preuve. Quant à l’URSS, autre société multi-ethnique, initialement centrée sur une idéologie supranationale, elle s’est vite transformée en un ensemble où les nationalités coexistaient mais ne se mélangeaient pas.

    « Aujourd’hui, nous avons un premier ministre au caractère bien trempé, de citoyenneté française, certes, mais de nationalités catalano-helvétique. Il nous montre d’ailleurs chaque jour son attachement à ses origines. »

    Citoyenneté – nationalité : la confusion

    Dans la Ve République des années 2010, la confusion la plus totale règne. Le refus d’appeler un chat un chat est patent. De Gaulle avait beau dire que « nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne », aujourd’hui, la société française est à l’image de celle des USA, encore majoritairement blanche et de tradition chrétienne certes, mais aux composantes allogènes en progression irrépressible. Confiants, nos oligarques nous envisagent unis par les « Valeurs de la République ». Pourtant, dans les milieux populaires, la marque de nos origines est le préalable à tout rapport social. Les distinctions entre Européens sont vite faites entre Français, Italiens, Polonais, Portugais, etc. Aux yeux des allogènes, n’est pas Français qui veut malgré les ressemblances avec nos congénères européens. D’ailleurs, les drapeaux placés aux fenêtres des maisons quand il y a foot, suffisent pour s’en convaincre. En Afrique du Nord, Marocains, Tunisiens et Algériens tiennent à leurs différences. Chez les Algériens, les Kabyles évitent soigneusement d’être assimilés à leurs compatriotes plus typés. Des règles strictes régissent leur société. La transgression est condamnée par un out of cast sans appel. Dans les milieux populaires, on parle aussi de métis assez facilement, sans arrière-pensée. C’est un fait. Paradoxalement, bien que vouée à l’universalisme, notre oligarchie s’est enthousiasmée que Barack Obama devienne le premier président noir des USA, alors que c’est un métis. Il est vrai qu’aux USA, les métis sont considérés comme noirs. Nos Antillais, eux, qualifient leurs congénères africains de Nègres bleus, et nous de Français, pour marquer leurs singularités. Visiblement la négritude est une notion assez controversée dans leurs esprits. Enfin les asiatiques évitent tout ce monde et se désolent des interventions de Fleur Pellerin et de Jean-Vincent Placé. L’une et l’autre ont beau s’affirmer Français, leurs propos débridés irritent leurs congénères. Ce qu’ils disent et font les engagent alors que la règle fondamentale des Asiatiques en France est de vivre discrètement. Cependant, l’antienne est que « tout ça, ça fait d’excellents français, … » (chanson de Maurice Chevalier avant la débâcle de mai 40 (2)).

    L’URSS : un modèle

    C’est paradoxalement dans le pays où une idéologie devint l’unique référence politique qu’une différence fut faite entre nationalité et citoyenneté. Née avec la création de l’URSS, cette distinction domine toujours les esprits en Russie. Ainsi, Rudolf Noureïev est tatar. Mikhaïl Barychnikov, lui, est russe. Russes et Tatars tiennent à cette distinction. Pourtant le Tatarstan est dans la Fédération de Russie. Comme profane, vous pouvez évoquer le danseur ‘russe’ Noureïev une fois; pas deux. C’est une gaffe. Pourtant dans l’esprit des fondateurs de l’URSS animés par une idéologie suprémasciste et universaliste, le but était de supprimer tout ce qui séparait les uns des autres. Le réalisme stalinien élimina bien vite cette vision impossible d’une URSS à la recherche de l’homme nouveau pour lui substituer une conception plus pragmatique reposant sur la coexistence de nationalités. Même les juifs, les plus ardents prosélytes du monde nouveau, obtinrent un statut national. Mais là-bas, chacun a son territoire, alors qu’en France, hormis une bien floue adhésion aux « Valeurs de la République » comme plus petit commun dénominateur, Français, Européen, Africain, Asiatique et quiconque d’ici ou d’ailleurs est obligé de s’interroger chaque jour sur son identité. C’est un ethnocide généralisé que nous vivons, justifié par la création d’un homme nouveau, là encore. Mais nous, on n’a pas encore trouvé notre petit père des peuples.

    Vers la distinction nationalité – citoyenneté

    Pour envisager une issue pacifique à la situation actuelle ne satisfaisant personne, n’associons donc plus citoyenneté et nationalité.

    Cette dernière serait réservée aux Français ethniques, c’est-à-dire des Blancs issus du territoire français européen depuis plusieurs siècles, plus ou moins mélangés avec d’autres Européens. Après tout, la noblesse européenne fonctionnait sur ce principe. Henri Ier (1008-1060), roi des Francs, eut pour épouse Anne de Kiev ; une Russe qui devint Reine de France de 1051 à 1060. Plus proche de nous, Louis XVI s’unit avec Marie-Antoinette d’Autriche, elle-même arrière-petite-fille de Philippe, duc d’Orléans, frère de Louis XIV. Et ainsi de suite. La noblesse européenne a les clés pour créer une identité européenne.

    Dans le modèle envisagé, il n’y aurait plus de binationaux. La nationalité française serait à demander et à justifier. Elle permettrait d’accéder aux fonctions régaliennes de la France, qu’elle soit république, monarchie, despotique ou autre. Après une ou deux générations ayant fait la preuve de leur volonté d’être Français, les citoyens pourraient y accéder, mais alors en abandonnant tout souvenir d’une double allégeance nationale et en étant inscrit dans l’espace européen indubitablement, racialement et culturellement. Une forme de baptême renommerait les individus avec des patronymes indigènes. Etc. Tout serait fait pour renier ses origines non-françaises. Pour ceux ne le souhaitant pas, un statut de citoyen permettrait toutefois d’évoluer dans la société française.

    On considèrerait ce qui existe actuellement comme une citoyenneté, qui elle prendrait en compte les mutations sociales que le territoire européen de la France a connues depuis 50 ans. La double citoyenneté, voire triple ou même plus, serait possible. Elle serait facile à obtenir pour les gens ayant fait la preuve de leur intégration à la société française. Plusieurs critères seraient à prendre en compte : absence de crime et délits majeurs ; paiement de l’impôt; travail utile; pas de perfusion sociale, francophone, en bonne santé, etc. Critères à la fois plus restrictifs qu’aujourd’hui, mais plus ouverts que la nationalité.

    Cette citoyenneté donnerait droit à la capacité élective dans des assemblées consultatives ou des fonctions non-déterminantes pour les équilibres régaliens. Elle honorerait ainsi de nombreux allogènes de toutes origines pour leurs contributions modestes ou grandioses, tout en leur permettant de revendiquer leurs racines. Dans une société mondialisée, il est impossible désormais de vivre avec des frontières étanches. Tokyo est à 11 heures d’avion de Paris. On envisage Paris – New York en moins d’une heure d’ici 2030 grâce aux avions hypersoniques.

    La nationalité serait immuable ; la citoyenneté, elle, ne le serait pas. Ainsi, un délinquant à la nationalité française la conserverait une fois la peine accomplie. Mais un citoyen français pourrait la voir supprimée au profit de sa nationalité d’origine, car il l’aurait conservée.

    La citoyenneté s’acquerrait et se perdrait plus facilement qu’aujourd’hui.

    En dissociant nationalité et citoyenneté comme les soviétiques le firent, nous surmonterions nos interrogations sur l’identité française tout en bénéficiant des compétences de gens épris de notre culture. De tout temps, les apports extérieurs ont permis de compenser les faiblesses locales. C’est un constat.

    Manuel Valls dans le prisme bolchevick

    Aujourd’hui, nous avons un premier ministre au caractère bien trempé, de citoyenneté française, certes, mais de nationalités catalano-helvétique. Il nous montre d’ailleurs chaque jour son attachement à ses origines. Quoi de plus naturel d’ailleurs. Le 6 juin 2015, il était à Berlin pour soutenir le FC Barcelona. Le lendemain, il encourageait Wawrinka (suisse) pendant la finale des Internationaux de France de Tennis (Roland-Garros). Dans le nouveau système, son intelligence et son travail seraient toujours utilement sollicités, mais la décision finale reviendrait à des nationaux. En effet, son atavisme pourrait l’amener à agir contre l’intérêt de la France et des Français. Ainsi, il pourrait, par exemple, décider du rattachement de la Catalogne française à une Catalogne indépendante et réunifiée; ou les Savoie à la Suisse ou au Turinois, ce qui n’est pas incohérent au regard de la géographie et de l’histoire. N’oublions pas qu’en situation d’incertitude, les liens du sang priment sur toutes autres considérations. Pour clarifier ces propos, en URSS, Manuel Valls aurait été de citoyenneté soviétique et de nationalité suisse car celle-ci se transmettait par la mère. A sa majorité, il aurait pu opter pour le nom de famille de sa mère : Galfetti. Dans le modèle imaginé, ses enfants nés de mère française (Nathalie Soulié) en France seraient de nationalité française et porteraient le nom de leur mère. Il reste encore beaucoup de points à discuter.

    Aborder franchement cette question nécessite plus de contributions que ce court article. On invite en conclusion le lecteur souhaitant prolonger cette réflexion à lire le très instructif article « La pensée ethniciste en URSS et en Russie post-soviétique » (3).

    En attendant, admettons que le débat s’impose et doit être mené sereinement comme le firent les bolchevicks en URSS dans les années 1920.

    Frédéric Villaret, Juin 2015

    Notes :
    (1) Valérie Pécresse ne veut plus que la nationalité française soit donnée automatiquement.

    (2) Maurice Chevalier, Ca fait d’excellents Français.
    (3) La pensée ethnique en URSS et en Russie post-soviétique.

    http://www.polemia.com/citoyennete-etou-nationalite/

  • Attentat islamique en Isère

    Attentat islamique dans la société de gaz et produits chimiques Air Products à Saint-Quentin-Fallavier en Isère. Forte explosion, plusieurs blessés, un homme décapité par les terroristes.

    « Tous les signaux étaient ces dernières semaines au rouge pour qu’un attentat de cette nature se produise sur le territoire national », selon une source des services de sécurité intérieure.
    Ce matin, vers 10 h, une forte explosion retentit dans l’usine de gaz et produits chimiques Air Products, qui s’embrase. Le fort déploiement de pompiers et de gendarmes permet de circonscrire rapidement l’incendie, qui a néanmoins blessé plusieurs employés de la société, et de lever rapidement les doutes quant aux causes de la catastrophe.
    Les premiers témoignages recueillis font en effet état de deux personnes impliquées : la première aurait pénétré dans l’entreprise et ouvert plusieurs bonbonnes de gaz, revendiquant d’être de Daesh, des drapeaux islamistes en main.
    On évoque aussi une voiture qui aurait fait irruption dans la société peu avant 10 heures, effectuant du rodéo dans la cour afin de percuter des bonbonnes de gaz présentes sur le site.
    Rapidement, la tête d’in homme décapité a été retrouvée accrochée au grillage de la société, couverte d’inscriptions en arabe. Il ne s’agirait pas d’un employé de la société Air Products.
    Aussitôt, un important dispositif policier a été déployé pour quadriller la région et renforcer la sécurité.

    Peu avant 11 h 30, un homme connu de la DGSI et des services antiterroristes a été interpellé, nous ignorons à l’heure qu’il est s’il s’agit d’un des auteurs de l’attentat. Selon des informations du Dauphiné Libéré, un homme serait toujours activement recherché circulant à bord d’un véhicule ce matin avant l’attentat qui aurait fait des allées et venues devant la société ciblée. Depuis, l’un des suspects a été identifié et arrêté, selon Bernard Cazeneuve :

    Une personne a été assassinée, décapitée et le parquet antiterroriste de Paris a été saisi de cette enquête. L’identité du criminel est en cours de précision. Il s’appelle Yassin Salhi. Il a fait l’objet d’une fiche S en 2006 pour radicalisation, non renouvelée en 2008. Aucun casier judiciaire. La victime est en cours d’identification.
    Le sang froid d’un pompier a permis l’arrestation du criminel.

    Tandis que François Hollande est attendu cet après-midi à un Conseil de défense qui se réunit en urgence ce vendredi à 15 heures à l’Élysée, certains ont aussitôt sais l’occasion pour récupérer l’événement au profit de la loi Renseignement, à l’instar de Jean-Jack Queyranne, président de la région Rhône-Alpes :

    J’éprouve un sentiment d’horreur face à la barbarie qui vient de se produire en Isère ce matin au cœur de notre région. Je veux avant tout exprimer ma solidarité aux victimes, leur famille et leurs proches. La loi sur le Renseignement a toute sa justification : il faut cesser toute forme d’angélisme en la matière devant les menaces. Il faut aussi éviter que la peur ne s’installe. Comme en janvier, toutes les composantes de la Nation doivent s’unir pour faire face au danger. C’est la Nation qui doit combattre la terreur.

    Sans surprise, Jean-Christophe Cambadélis a aussitôt sorti le PADAMALGAM magique. Nous voilà rassurés, il n’y a aucun lien entre cet attentat islamique commis par un certain Yassin Salhi d’une part, l’islam et les musulmans d’autre part.

    http://fr.novopress.info/189818/attentat-islamique-en-isere/#more-189818

  • Quand les royalistes parlaient d'écologisme intégral... (partie 2)

    Est-il si étonnant que ce soit dans un journal royaliste que la formule « écologisme intégral » ait été, en fait, définie dans les années 1980 ? Evidemment, il s’agissait aussi de faire écho au « nationalisme intégral » de Charles Maurras qui signifiait que tout nationalisme, s’il voulait fonder et non seulement dénoncer, se devait de conclure à la monarchie, d’être monarchique (plus encore que monarchiste, ce qui en aurait fait une simple opinion et non un régime instauré), ce qui aboutissait à rendre le nationalisme lui-même inutile en tant qu’idéologie. Nous étions dans les années de l’après-Mai 68 et du mitterrandisme institutionnel, et l’écologisme commençait à poindre politiquement, principalement à travers les mouvements de contestation du nucléaire et des camps militaires du Larzac et d’ailleurs, mouvements dans lesquels on pouvait croiser, à Plogoff ou à Chinon, de vieux (et de moins vieux, mais plus rares en fait…) militants royalistes ou traditionalistes, chouans technophobes ou protecteurs des bois, des marais et des paysages. Ceux-ci ne se disaient pas écologistes mais ils l’étaient, naturellement, et ils se méfiaient d’une modernité que Jacques Tati moquait dans ses films souvent incompris : je les croisais parfois au marché des Lices, qui allaient acheter leurs pommes ou leurs gâteaux à la cannelle chez les petits commerçants et producteurs qui arboraient l’autocollant du « Paysan biologiste », association et revue dans laquelle écrivait l’actuel président du Groupe d’Action Royaliste, Frédéric Winkler… Un de ses monarchistes, qui avait fait le coup de poing contre les marxistes dans les années 50-60 sur le parvis des églises, et était devenu ensuite membre d’une communauté monastique locale, vendait son fromage qui ne devait rien à la chimie ou à la pasteurisation !

    Pourtant, la théorisation de l’écologie par les royalistes n’était pas alors vraiment développée. Bien sûr, dans les cercles d’études de l’Action Française, on reprenait en chœur la fameuse citation « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant », mais la protection de l’environnement n’était qu’un combat annexe pour la plupart des militants d’AF, plus occupés à répondre aux arguments d’une Gauche alors conquérante, à brandir les thèmes de l’anticommunisme ou à combattre la loi Savary sur l’enseignement supérieur en 1983, par exemple. Si Paul Serry (pseudonyme de Jean-Clair Davesne, journaliste agricole réputé) puis Guillaume Chatizel dans les années 1990-2000, évoquaient régulièrement cette question écologique dans les colonnes d’Aspects de la France puis de l’Action française, c’est, en fait, dans celles de Je suis français, publication de l’Union Royaliste Provençale, que Jean-Charles Masson titra une courte série d’articles « Jalons pour un écologisme intégral » à la fin de l’année 1984, série qui faisait suite à une plus vaste réflexion sur « L’enracinement et la dignité », et qui montrait que l’écologie n’était pas qu’une simple question environnementale ou économique mais un véritable souci politique et, au-delà de la question institutionnelle, de civilisation.

    Dans ces « Jalons », Jean-Charles Masson insiste sur le réenracinement nécessaire des Français pour faire face à ce nomadisme d’un genre nouveau qu’imposent la société de consommation et l’individualisme, et que l’on pourrait nommer aujourd’hui mondialisation : « Si l’on veut « dénomadiser » culturellement, il faut sédentariser économiquement. L’esprit révolutionnaire et l’individualisme égoïste se développent sur le déracinement économique. » Comme La Tour du Pin fut souvent présenté comme l’inspirateur de l’encyclique du pape Léon XIII sur la question sociale, on pourrait trouver quelques arguments pour voir dans les propos de Jean-Charles Masson quelques idées prémonitoires aux écrits du pape François, ne serait-ce que parce que l’auteur royaliste se place dans une optique résolument catholique sans, pour autant, en négliger le sens et la portée politiques : pour ce dernier, il s’agit de dénoncer et de combattre matérialisme et prométhéisme, et de ne négliger ni la société ni la part de divin qui fait de l’homme un être différent du reste du monde animal, ni leurs interrogations comme leurs mystères… Cela n’est donc pas un retour à une hypothétique nature « sans l’homme », ou préexistante à celui-ci, en négation de l’histoire et de la civilisation : « Notre écologisme n’est pas compris dans les limites d’une défense de la nature d’inspiration rousseauiste. Qu’on refleurisse demain toutes les cités dortoirs de France et de Navarre, on n’aura pas pour autant supprimé la pitoyable condition morale des familles qui s’y entassent. Il faut être naïf ou niais pour imaginer que le jour annuel de l’arbre (initiative bucolique de l’inimitable Giscard) redonnera aux Français leur âme. » On voit là l’idée fondamentale de ce que d’aucuns nomment aujourd’hui l’écologie humaine, et qui n’oublie pas l’homme dans la nature (ou au profit exclusif de celle-ci) mais en rappelle la dimension spirituelle au-delà de la simple enveloppe matérielle de chair et de désirs.

    L’écologisme intégral est la réponse que le royaliste Masson apporte à une société oublieuse de ses devoirs et de ses limites, autant naturelles que matérielles, une société que l’on pourrait, en fait, qualifier (comme le faisait le philosophe belge Marcel de Corte) de « dissociété », et dans laquelle l’homme est arraché à son environnement et à sa « nature permanente » : « Notre écologisme est construit autour de la tragédie de l’homme déraciné, et l’inhumanité des villes, le sac de la nature ne sont que les effets visibles de ce déracinement. Car de l'homme animal, on ne peut attendre des marques de respect », ces dernières étant les formes d’un héritage civilisationnel que la société de consommation entend dépasser au nom d’un prométhéisme consommateur et non conservateur ou traditionaliste, de ce prométhéisme qui, en fait, limite (en le définissant mal) l’homme à ses seuls besoins « animaux », souvent créés de toutes pièces par une publicité visible ou insidieuse… Si l’homme n’est plus un héritier inscrit dans une longue suite de générations qui se doivent les unes aux autres, à quoi lui importe de transmettre encore quand il peut consommer et consumer pour son seul intérêt individuel, pour son seul plaisir revendiqué par la formule « On n’a qu’une vie », formule négatrice de la vie des autres, en particulier de ceux à venir ?

    « L’écologisme intégral est la défense de l’homme total tel que le définit la tradition latino-chrétienne », et Aristote aussi : un homme qui « est société », selon la formule d’Henri Massis ; cet homme qui, s’il était livré à lui-même et à la nature brute quelques heures après sa naissance, ne survivrait pas, et qui doit apprendre à connaître le monde et à le respecter comme on respecte sa mère nourricière, à reconnaître les autres et leurs bienfaits (et leurs méfaits aussi, d’ailleurs), et à sauvegarder les conditions naturelles de sa survie sur terre tout en les apprivoisant parfois, sans pour autant vouloir, orgueil malsain, les soumettre toutes… Là encore, je cite cette formule évoquée plus haut qui est l’une des plus importantes de l’écologisme qui se veut intégral pour mieux être et durer, et faire durer les conditions de notre vie sur terre : « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant »… Mais cette obéissance n’est pas la soumission aveugle de l’esclave au maître, elle est la fidélité à ce qui est (au sens fort et véritablement spirituel du verbe être) et doit donc durer et s’enraciner, encore et toujours, pour vivre soi-même et faire vivre les autres : qu’y a-t-il de plus royaliste que cette fidélité-là qui n’est pas servitude mais service ? Service des autres, présents et à venir, et qui se souvient de la vieille formule arthurienne, et la reconnaît librement, mais avec humilité : « Terre et Roi ne font qu’un »…

    (à suivre)

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1231:quand-les-royalistes-parlaient-decologisme-integral&catid=49:2015&Itemid=60

  • Attentat musulman en Isère : un homme égorgé et décapité [Add]

    Une personne est morte et plusieurs ont été blessées dans un attentat commis ce matin vers 10 heures contre une usine de gaz industriels à Saint-Quentin-Fallavier, dans le nord de l'Isère.

    Le corps décapité d'une personne a été retrouvé à proximité de l'usine. La tête de la victime a été retrouvée accrochée au grillage de l'enceinte de la société le long de la RD311.

    Un drapeau avec des inscriptions en arabe retrouvé sur place.

    Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, se rend immédiatement sur place.

    Un suspect d'une trentaine d'années connu des services la DGSI a été interpellé.

    Addendum 13h36 :

    • une seconde personne a été interpellée. Il s'agit du conducteur aperçu ce matin en train de faire les allers retours devant la société à bord d'une Ford Fusion peu avant l'attentat.
    • Yacine Sali faisait "l'objet d'une fiche S éditée en 2006 non renouvelée" auprès des services secrets" mais "n'était pas fiché comme ayant voyagé en Syrie ou en Iraq". Il "résiderait  à Saint-Priest et n'a pas de casier judiciaire" selon le ministre de l'Intérieur et est "en relation avec la mouvance salafiste".

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    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Le socialisme populaire de Georges Orwell et de Simone Weil...

    Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Kévin Victoire cueilli sur le site du Comptoir et consacré au socialisme populaire de Georges Orwell et de Simone Weil...

    Avec Simone Weil et George Orwell, pour un socialisme vraiment populaire

    L’écrivain britannique George Orwell et la philosophe française Simone Weil connaissent tous deux depuis quelques années un regain d’intérêt. Alors que la gauche, notamment la gauche radicale — c’est-à-dire celle qui se donne pour objectif de trouver une alternative au capitalisme —, est en crise idéologique et perd peu à peu les classes populaires, on pense qu’elle aurait tout intérêt à se pencher sur ces deux penseurs révolutionnaires.

    Comme le note la philosophe Alice Holt dans un article publié en France dans la revue Esprit[i], « les convergences qui rapprochent Orwell et Weil sont frappantes, pas seulement en ce qui concerne leurs biographies hors du commun, mais aussi en ce qui concerne leurs conceptions politiques dissidentes, fondées sur une expérience directe et caractérisées par la reprise et le remodelage de thèmes traditionnellement de droite, ou encore en ce qui concerne leur critique originale des régimes totalitaires ». Les similitudes en effet sont nombreuses entre les deux contemporains, qui ne se sont jamais croisés et probablement jamais lus, mais qui sont aujourd’hui enterrés à quelques kilomètres l’un de l’autre, dans le sud de l’Angleterre.

    Sur le plan biographique d’abord, tous deux ont fréquenté des écoles très prestigieuses — Henri IV, puis l’École normale supérieure pour Weil, le Collège d’Eton pour Orwell — et en ont gardé de mauvais souvenirs ; sont issus de la classe moyenne éduquée — Orwell parle de « basse classe moyenne supérieure »— ; ont eu à cœur de partager les conditions de vie des prolétaires ; ont participé à la guerre d’Espagne — chez les anarcho-syndicalistes de la CNT pour la Française, chez les marxistes non-staliniens du POUM pour l’Anglais[ii] — ; ont contracté la tuberculose — bien que la privation intentionnelle de nourriture semble être la véritable cause de la mort de la philosophe. Mais la proximité est encore plus forte sur le terrain idéologique entre Orwell, socialiste difficilement classable — et parfois qualifié d’« anarchiste conservateur » qui n’hésite jamais à citer des écrivains libéraux ou conservateurs sans pour autant partager leurs conceptions politiques[iii] —, et Simone Weil, anarchiste chrétienne et mystique, capable d’exprimer sa « vive admiration » à l’écrivain monarchiste Georges Bernanos. Pour les libertaires des éditions de l’Échappée, les deux révolutionnaires préfigurent « à la fois la dénonciation de l’idéologie du progrès, l’attachement romantique à l’épaisseur historique, la critique totalisante du capitalisme sous tous ses aspects, la méfiance envers la technoscience »[iv]. Sans oublier que ces deux sont en premier lieu les défenseurs d’un socialisme original, qui accorde une importance particulière aux classes populaires et à leurs traditions.

    Aimer, connaître, devenir l’oppressé

    Selon le philosophe Bruce Bégout, « chaque ligne écrite par Orwell peut donc être lue comme une apologie des gens ordinaires ».[v] L’attachement politique d’Orwell aux « gens ordinaires » fait écho à leur définition en tant qu’ensemble majoritaire de personnes menant leur vie sans se préoccuper de leur position sociale ou du pouvoir — contrairement aux « gens totalitaires ». Le socialisme est la version ultime de l’abolition de « toute forme de domination de l’homme par l’homme ». Il doit donc être radicalement démocratique et se présenter comme « une ligue des opprimés contre les oppresseurs » qui rassemble « tous ceux qui courbent l’échine devant un patron ou frissonnent à l’idée du prochain loyer à payer » (Le Quai de Wigan, The Road to Wigan Pier). Une coalition des classes populaires qui irait des prolétaires aux classes moyennes — des petits boutiquiers aux fonctionnaires — en passant par les paysans. Pour aboutir, le socialisme doit s’appuyer sur des mots d’ordre simples et rassembleurs, conformes au bon sens des gens ordinaires — comme la nationalisation des terres, des mines, des chemins de fer, des banques et des grandes industries, de la limitation des revenus sur une échelle de un à dix, ou encore de la démocratisation de l’éducation.

    Parallèlement, Simone Weil considère, dans Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale — seul ouvrage publié de son vivant, en 1934 — que l’objectif du socialisme doit être la réalisation de la « démocratie ouvrière » et « l’abolition de l’oppression sociale ». Celle qui était surnommée « la Vierge rouge » — comme Louise Michel avant elle — étend son analyse de l’aliénation des travailleurs par la société industrielle à la classe paysanne. Ces travailleurs ont aussi été réduits à la « même condition misérable » que celle des prolétaires : ils sont tout autant soumis à l’échange marchand, en tant qu’ »ils ne peuvent atteindre la plupart des choses qu’ils consomment que par l’intermédiaire de la société et contre de l’argent ». Ne pas saisir dans sa propre chair le poids de cette aliénation est, pour la philosophe, la raison de l’échec des marxistes et de leur « socialisme scientifique », qui a mené à l’appropriation du mouvement ouvrier par une caste d’intellectuels.

    Pour Simone Weil, les disciples de Karl Marx — qui « rend admirablement compte des mécanismes de l’oppression capitaliste » —, et notamment les léninistes, n’ont pas compris l’oppression que supportent les ouvriers en usine car « tant qu’on ne s’est pas mis du côté des opprimés pour sentir avec eux, on ne peut pas se rendre compte ». Et la philosophe de regretter : « Quand je pense que les grands chefs bolcheviks prétendaient créer une classe ouvrière libre et qu’aucun d’eux — Trotski sûrement pas, Lénine je ne crois pas non plus — n’avait sans doute mis le pied dans une usine et par suite n’avait la plus faible idée des conditions réelles qui déterminent la servitude ou la liberté des ouvriers, la politique m’apparaît comme une sinistre rigolade. »

    C’est pourquoi elle choisit d’abandonner provisoirement sa carrière d’enseignante en 1934 et 1935, pour devenir ouvrière chez Alsthom (actuel Alstom), avant de travailler à la chaîne aux établissements JJ Carnaud et Forges de Basse-Indre, puis chez Renault à Boulogne-Billancourt. Elle note ses impressions dans son Journal d’usine — publié aujourd’hui sous le titre La condition ouvrière — et conclut de ses expériences, à rebours de l’orthodoxie socialiste, que « la complète subordination de l’ouvrier à l’entreprise et à ceux qui la dirigent repose sur la structure de l’usine et non sur le régime de la propriété » (Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale).

    Similairement, George Orwell déplore, dans Le Quai de Wigan, que « le petit-bourgeois inscrit au Parti travailliste indépendant et le barbu buveur de jus de fruits [soient] tous deux pour une société sans classe, tant qu’il leur est loisible d’observer le prolétariat par le petit bout de la lorgnette ». Il poursuit : « Offrez-leur l’occasion d’un contact réel avec le prolétariat […] et vous les verrez se retrancher dans le snobisme de classe moyenne le plus conventionnel. » Comme Weil, le Britannique se rapproche des opprimés, notamment en partageant plusieurs fois les conditions de vie des vagabonds. Dans Dans la dèche à Paris et à Londres (Down and Out in London and Paris), roman publié en 1933 qui s’inspire de ces expériences, il explique qu’il voulait « [s]’ immerger, descendre complètement parmi les opprimés, être l’un des leurs, dans leur camp contre les tyrans. » Par la suite, il se plonge dans l’univers des mineurs des régions industrielles, ce qui lui inspirera la première partie du Quai de Wigan et surtout le convertira définitivement au socialisme.

    Ces expériences ont très fortement influencé les deux auteurs. Alice Holt note d’ailleurs à ce propos que « c’est parce qu’Orwell et Weil ont tous deux fait l’expérience de la souffrance psychologique et physique qu’occasionne la pauvreté, qu’ils mirent autant l’accent sur le potentiel destructeur de l’humiliation, et la nécessité de préserver la dignité des plus pauvres ».

    Weil et Orwell : des socialistes conservateurs ?

    Le contact de Weil et d’Orwell avec le monde ouvrier leur a permis de comprendre la souffrance des travailleurs et l’impératif subséquent à préserver « ce qu’il leur reste ». C’est ainsi qu’ils ont tous les deux évolué politiquement vers une forme de conservatisme (ou à du moins à ce qui lui est apparenté aujourd’hui), par respect pour la culture populaire et pour la défense de la dignité des opprimés. Tout en étant profondément révolutionnaires, ils considèrent que la défense des traditions et de la mémoire populaire est un devoir formel. Ainsi, Simone Weil explique, notamment dansL’Enracinement, que : « l’amour du passé n’a rien à voir avec une orientation politique réactionnaire. Comme toutes les activités humaines, la révolution puise toute sa sève dans une tradition. » La common decency (traduit par « décence commune » ou « décence ordinaire ») d’Orwell et l’enracinement de Weil forment le pivot de leur philosophie.

    Bruce Bégout, qui a consacré un ouvrage au sujet (De la décence ordinaire), définit la common decency comme « la faculté instinctive de percevoir le bien et le mal ». « Plus qu’une simple perception, car elle est réellement affectée par le bien et le mal », elle correspond « à un sentiment spontané de bonté qui est, à la fois, la capacité affective de ressentir dans sa chair le juste et l’injuste et une inclination naturelle à faire le bien ». D’après Orwell, ces vertus, qu’il certifie avoir rencontrées au contact des « gens ordinaires », proviennent de la pratique quotidienne de l’entraide, de la confiance mutuelle et des liens sociaux minimaux mais fondamentaux. À l’inverse, elles seraient moins présentes chez les élites, notamment chez les intellectuels, à cause de la pratique du pouvoir et de la domination.

    Pour Simone Weil, l’enracinement — titre de son ouvrage testament, sorte de réponse aux Déracinésdu nationaliste d’extrême droite Maurice Barrès – est « le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine ». Il est le processus grâce auquel les hommes s’intègrent à une communauté par le biais « [du] lieu, la naissance, la profession, l’entourage ». Pour la Française, « un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. Participation naturelle, c’est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l’entourage. Chaque être humain a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie. » Cet enracinement est la base d’obligations mutuelles entre les hommes – L’Enracinement a d’ailleurs pour sous-titre « prélude d’une déclaration des devoirs envers l’être humain ».

    Ainsi, Weil estime que « le déracinement est de loin la plus dangereuse maladie des sociétés humaines, car il se multiplie lui-même ». Ce mécanisme passe notamment par la destruction du passé, déplorant que « la destruction du passé [soit] peut-être le plus grand crime. Aujourd’hui, la conservation du peu qui reste devrait devenir presque une idée fixe ». C’est parce que le capitalisme déracine les classes populaires, comme le colonialisme déracine les indigènes, qu’il faut lutter contre ce système. Si le mot « enracinement » est absent de l’œuvre de George Orwell, il est probable qu’il y aurait largement adhéré. Le philosophe Jean-Claude Michéa relève ainsi que chez l’Anglais, « le désir d’être libre ne procède pas de l’insatisfaction ou du ressentiment, mais d’abord de la capacité d’affirmer et d’aimer, c’est-à-dire de s’attacher à des êtres, à des lieux, à des objets, à des manières devivre. »[vi]

    L’enracinement, la common decency et l’attachement aux lieux, traditions et à la communauté qui en émane, conduisent Weil et Orwell vers un patriotisme socialiste, qui s’exprimera dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale. La philosophe explique alors dans L’Enracinement qu’« il serait désastreux de [s]e déclarer contraire au patriotisme. Dans la détresse, le désarroi, la solitude, le déracinement où se trouvent les Français, toutes les fidélités, tous les attachements sont à conserver comme des trésors trop rares et infiniment précieux, à arroser comme des plantes malades. » Quant au Britannique, il lie patriotisme et socialisme dans Le Lion et la licorne : socialisme et génie anglaispublié en 1940 – que l’un de ses principaux biographes, Simon Leys, considère comme « son manifeste politique le plus complet et le plus explicite »[vii] – afin de théoriser un « patriotisme révolutionnaire« [viii]. Orwell explique : « La théorie selon laquelle « les prolétaires n’ont pas de patrie » […] finit toujours par être absurde dans la pratique. » Dans l’article De droite ou de gauche, c’est mon pays, il ajoute : « Aucun révolutionnaire authentique n’a jamais été internationaliste. »

    Pourtant, Orwell et Weil resteront tous deux fidèles à la tradition socialiste et à la solidarité internationale sans jamais tomber dans un nationalisme maurrassien. Orwell, que son service pour l’Empire britannique en Birmanie a converti à l’anti-colonialisme, considère dans ses Notes sur le nationalisme que le patriotisme est un « attachement à un mode de vie particulier que l’on n’a […] pas envie d’imposer à d’autres peuples », tandis que le nationalisme est « indissociable de la soif de pouvoir ». De son côté, Simone Weil écrit à Bernanos à propos du Traité de Versailles : « Les humiliations infligées par mon pays me sont plus douloureuses que celles qu’il peut subir. » Mais c’est surtout leur engagement en Espagne, motivé par l’envie de combattre le fascisme et de défendre le socialisme, qui prouve que la solidarité internationale n’est pas un simple concept pour eux, mais bien une réalité. À l’image de leur patriotisme, leur conservatisme populaire ne s’oppose jamais à leur socialisme, il en est au contraire un fondement.

    Un socialisme populaire et antibureaucratique

    Pour Orwell et Weil, le socialisme ne doit pas être l’émancipation forcée des prolétaires, mais leur affirmation, à travers leur enracinement.En ce sens, ils peuvent être tous deux rattachés à la famille du socialisme libertaire, qui s’oppose au socialisme autoritaire depuis l’exclusion de Bakounine et ses partisans de la Ire Internationale, en 1872. À rebours des révolutionnaires, notamment marxistes-léninistes, qui veulent créer un « homme nouveau », les deux auteurs prônent un socialisme qui prend racine dans les valeurs défendues par les classes populaires. Ainsi, Simone Weil exprime dansL’Enracinement son souhait d’une révolution qui « consiste à transformer la société de manière que les ouvriers puissent y avoir des racines » , et s’oppose à ceux qui entendent avec le même mot « étendre à toute la société la maladie du déracinement qui a été infligée aux ouvriers ».

    À l’identique, le romancier anglais estime que « l’ouvrier ordinaire […] est plus purement socialiste qu’un marxiste orthodoxe, parce qu’il sait ce dont l’autre ne parvient pas à se souvenir, à savoir que socialisme est justice et simple bonté » (Le Quai de Wigan). Il déplore : « Les petites gens ont eu à subir depuis si longtemps les injustices qu’elles éprouvent une aversion quasi instinctive pour toute domination de l’homme sur l’homme. » À ce titre, le socialisme doit reposer sur la common decency, qui constitue chez lui d’après Bruce Bégout « une base anthropologique sur laquelle s’édifie la vie sociale ». Pour ce dernier, la « décence ordinaire est politiquement anarchiste : elle inclut en elle la critique de tout pouvoir constitué ». La confiance d’Orwell dans les gens ordinaires s’accompagne d’une défiance à l’égard des intellectuels qui souhaiteraient prendre la direction du mouvement socialiste. Car selon lui, « les intellectuels sont portés au totalitarisme bien plus que les gens ordinaires ». Une critique du pouvoir constitué également très présente chez Simone Weil. Fidèle à la tradition anarchiste, l’ex-combattante de la CNT invite dans La pesanteur et la grâce à « considérer toujours les hommes au pouvoir comme des choses dangereuses ».

    Cette méfiance à l’égard du pouvoir les conduit à critiquer la bureaucratie et la centralisation, incarnées par l’URSS. Pour George Orwell, « rien n’a plus contribué à corrompre l’idéal originel du socialisme que cette croyance que la Russie serait un pays socialiste ». L’écrivain arrive même à la conclusion que « la destruction du mythe soviétique est essentielle […] pour relancer le mouvement socialiste ». Outre la dissolution des liens communautaires induit par le totalitarisme, qui a pour caractéristique le contrôle de l’histoire – et donc du passé –, George Orwell déplore « les perversions auxquelles sont sujettes les économies centralisées » et la prise de pouvoir d’une « nouvelle aristocratie ». Dans son célèbre roman 1984, il décrit celle-ci comme « composée pour la plus grande part de bureaucrates, de scientifiques, de techniciens, [et] d’experts », issus pour la plupart « de la classe moyenne salariée et des rangs plus élevés de la classe ouvrière ». Pour Simone Weil, qui considère qu’un État centralisé a nécessairement pour but de concentrer toujours plus de pouvoir entre ses mains, l’URSS possède « une structure sociale définie par la dictature d’une caste bureaucratique ». Sur la critique de la centralisation, elle va même plus loin et se distingue radicalement du marxisme, auquel elle a appartenu dans sa jeunesse. Alors que pour Lénine et les bolcheviks, le parti communiste est le véritable créateur de la lutte des classes et l’instrument qui doit permettre au prolétariat de conquérir le pouvoir afin de libérer la société, Simone Weil propose de détruire toutes organisations partisanes (Notes sur la suppression générale des partis politiques). La Française voit dans le parti « une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres », qui a pour fin « sa propre croissance et cela sans aucune limite » et estime donc que « tout parti est totalitaire en germe et en aspiration ».

    Les pensées de ces deux auteurs difficilement classables convergent ainsi sur des points essentiels – dont certains n’ont pu être approfondis ici, comme leur critique du Progrès ou de la technique –, parfois ignorés par les socialistes, et terriblement actuels. Selon Albert Camus, à qui nous devons la publication posthume de L’Enracinement, « il paraît impossible d’imaginer pour l’Europe une renaissance qui ne tienne pas compte des exigences que Simone Weil a définies ». Alors que la gauche n’a jamais semblé aussi éloignée du peuple qu’aujourd’hui, nous pourrions, pour commencer, dire qu’il paraît impossible d’imaginer une renaissance du mouvement socialiste qui se passerait des écrits de Simone Weil et de George Orwell. À travers leur œuvre, ces deux contemporains se sont efforcés de nous rappeler l’importance pour un révolutionnaire d’être en accord avec les aspirations des classes populaires, tout en nous mettant en garde contre certaines dérives, telles que l’autoritarisme.

    Kévin Victoire (Le Comptoir, 22 juin 2015)

    Notes :

    [i] Holt Alice et Zoulim Clarisse, « À la recherche du socialisme démocratique » La pensée politique de George Orwell et de Simone Weil, Esprit, 2012/8 Août. En ligne ici (payant)

    [ii] Il est intéressant de noter que George Orwell écrit dans Hommage à la Catalogne (Homage to Catalonia, 1938) : « Si je n’avais tenu compte que de mes préférences personnelles, j’eusse choisi de rejoindre les anarchistes. »

    [iii] Pour George Orwell, « le péché mortel c’est de dire “X est un ennemi politique, donc c’est un mauvais écrivain” ».

    [iv] Cédric Biagini, Guillaume Carnino et Patrick Marcolini, Radicalité : 20 penseurs vraiment critiques, L’Échappée, 2013

    [v] Bruce Bégout, De la décence ordinaire. Court essai sur une idée fondamentale de la pensée fondamentale de George Orwell, Allia, 2008

    [vi] Jean-Claude Michéa, Orwell, anarchiste tory, Castelneau-Le-Lez, Éditions Climats, 1995

    [vii] Simon Leys, Orwell ou l’horreur de la politique, Hermann, 1984 ; Plon, 2006

    [viii] Il oppose cependant ce « patriotisme révolutionnaire » au conservatisme. Il écrit notamment dans Le lion et la licorne : « Le patriotisme n’a rien à voir avec le conservatisme. Bien au contraire, il s’y oppose, puisqu’il est essentiellement une fidélité à une réalité sans cesse changeante et que l’on sent pourtant mystiquement identique à elle-même. »

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/06/25/le-socialisme-populaire-de-georges-orwell-et-de-simone-weil.html

  • Non messieurs Hollande et Sarkozy, les américains ne sont pas nos amis…

    Aux Etats-Unis, nous explique avec malice M6 info, il n’y a pas que Mickey qui a des grandes oreilles, la NSA (National Security Agency) aussi.

    En effet, selon des documents de WikiLeaks rendus publics mardi 23 juin par Libération et Médiapart, l’agence de renseignements américaine aurait écouté pendant des années les téléphones des présidents Chirac, Sarkozy et Hollande, ainsi que leurs entourages respectifs. Les documents de WiliLeaks ne dévoilent pas de notes d’écoutes relevant du secret d’Etat. Le procédé fait néanmoins « désordre » de la part d’un pays censé être un allié.

    Un conseil de défense

    En réaction à cette affaire, un conseil de défense se réunit ce mercredi matin en urgence à l’Elysée, « pour évaluer sur tous les plans la totalité des informations » publiées dans la presse sur l’espionnage des présidents français par les services américains. Il réunit autour du président de la République, le Premier ministre, Manuel Valls, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, celui de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.

    On va voir ce qu’on va voir. Cela va se terminer par un communiqué viril sans doutes, mais de là à changer nos orientations géopolitiques suicidaires, vous n’y pensez pas…

    Des réactions en chaîne

    Depuis ce matin, les réactions se multiplient dans la classe politique française. Pour Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, les écoutes américaines de présidents français sont « inacceptables entre alliés ». Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy, qui aurait lui aussi été écouté, a jugé cette affaire particulièrement « choquante et regrettable ». « Compte tenu des relations extrêmement proches que nous avons avec les Etats-Unis, compte tenu que nous sommes des alliés extrêmement fidèles, et bien je trouve qu’il y a là une rupture du pacte de confiance », a-t-il dit sur RTL [....]

    Olivier Dejouy

    La suite sur Le Réveil Français

    Pendant ce temps là, L’Assemblée vote définitivement la loi sur le renseignement !!!

  • L’Europe vassale des US : panorama et perspectives

    En suivant servilement la politique de Washington face à la Russie, les dirigeants européens sont surtout en train de planter des aiguilles dans des poupées vaudous à leur propre effigie. Je veux dire que leurs actes sont aussi inutiles que ridicules.

    Si les États Unis choisissaient eux-mêmes les dirigeants européens, on peut douter qu’ils les choisiraient aussi obséquieux que ceux qui dominent actuellement l’Europe. On n’y voit personne de la trempe d’un Charles De Gaulle ou d’un Willy Brandt. En fait on n’y voit même pas un Jacques Chirac. La situation est telle qu’on en viendrait à désirer une Thatcher de second rang. Cela ferait au moins quelques feux d’artifice.
    A la place, nous avons plutôt une Angela Merkel, un David Cameron et un François Hollande en première ligne. A la moindre suggestion de la Maison Blanche, ils sautent en l’air et la seule question qu’ils posent à Washington est «Ai-je sauté assez haut ?». Et maintenant leurs sauts sont si impressionnants que ceux du légendaire sauteur à la perche ukrainien, Sergey Bubka, paraissent minables.
    La dernière fois que les dirigeants européens ont sérieusement fait preuve d’indépendance envers les États-Unis fut en 2002 lorsque Gerhard Schroeder et Chirac firent campagne contre l’invasion illégale de l’Irak par George W Bush. Leur courageuse prise de position fut compromise par celle de Tony Blair qui s’est plié en quatre pour jouer le rôle du caniche de son maitre américain. Les Polonais, que l’on pensait moins serviles, ont aussi participé à cette campagne militaire illégale. A la suite de ce premier refus, d’autres petits États européens comme l’Estonie ou l’Albanie, cherchant désespérément à attirer l’attention de Washington, y ont participé. L’Italie et l’Espagne aussi y ont brièvement participé avant de retirer leurs troupes.
    Depuis cette dernière prise de position par Schröder et Chirac, l’indépendance européenne s’est dissoute. L’Allemagne est entre les mains du CDU/CSU pro-américain et la France gaulliste a ouvert le chemin à l’insipide socialiste François Hollande. Hollande a montré quelques signes qu’il voulait remettre en question le diktat américain, mais semble incapable d’incarner cette arrogance typiquement française.
    Les agneaux ont remplacé les loups.
    L’ancien premier ministre français, François Fillon, a fait part, la semaine dernière, de son désespoir face à cette mansuétude française. L’ancien bras droit de Nicolas Sarkozy a déclaré que les États-Unis entraînaient l’Europe dans une croisade contre la Russie, ce qui va à l’encontre des intérêts propres de l’Europe. Même si Fillon déclare une évidence, le fait qu’une personne dans sa position le dise publiquement montre le niveau de désespoir en Europe. D’autres politiciens et diplomates expérimentés, mais plus âgés, comme Henri Kissinger ou Helmut Schmidt ont déjà critiqué l’attitude occidentale actuelle envers la Russie, mais le fait que Fillon soit un contemporain rend sa déclaration plus significative.
    Schmidt est resté actif dans la vie publique allemande, il est directeur de publication de Die Zeit, et est souvent invité à la télé, cigarette à la main, alors qu’il a 96 ans. Il a fait remarquer, l’année dernière, que la réunification de la Crimée à la Russie était totalement compréhensible et que les sanctions imposées sous la contrainte américaine étaient un non-sens. Il a ajouté qu’elles étaient surtout symboliques et qu’elles affecteraient autant l’Europe que la Russie.
    En dépit du fait que Schmidt a sûrement plus oublié en diplomatie que Merkel, Hollande ou Cameron n’en sauront jamais, ils ont choisi d’ignorer ses conseils. Par contre, les yeux de Fillon sont grands ouverts. «Aujourd’hui l’Europe n’est pas indépendante… Les États-Unis nous entraînent dans une croisade contre la Russie qui contredit les intérêts européens», a-t-il déclaré sur BFMTV.
    Un monde dangereux.
    Fillon n’a pas restreint ses critiques envers l’attitude contre la Russie. Le gaulliste s’est aussi penché plus avant sur les activités américaines. Il a fait remarquer que Washington appliquait une stratégie extrêmement dangereuse au Moyen Orient, à laquelle l’Union Européenne et ses États membres étaient obligés d’acquiescer. L’ancien premier ministre a, de plus, accusé les services de renseignements allemands d’espionner la France, «non pas dans l’intérêt de l’Allemagne mais dans celui des États-Unis».
    Pendant que Fillon parlait à Paris, Sergey Ivanov, le chef de l’administration présidentielle russe, avertissait que le jeu des sanctions entre la Russie et l’Europe, mutuellement dommageable, était parti pour continuer. «Pour ce que nous en savons, le récent sommet du G7 a prolongé les sanctions contre la Russie. Il est donc logique que la Russie prolonge ses contre sanctions», a-t-il déclaré. Bien sur, la Russie a été exclue du G8 l’année dernière, ce qui a ôté à la Russie et à l’Occident une plate-forme valable pour discuter de leurs différences.
    Ce qu’il ressort de tout cela est une chute sans fin. L’Europe et la Russie se déchirent tout en mettant en danger des dizaines d’années de relations diplomatiques patiemment construites, pendant que les marionnettistes de Washington ne souffrent pas du tout. La tension actuelle, inutile, ne fait que détruire des emplois et des entreprises en Europe et en Russie, et aucune des deux parties n’en tire le moindre bénéfice.
    Peut-on différencier les danseurs de la danse ?
    Pendant ce temps, les États Unis sont les grands gagnants. En lançant une grande campagne médiatique faite pour exagérer une menace russe inexistante, ils ont apeuré les États d’Europe de l’Est à un tel point que ceux-ci sont prêts à ouvrir leurs territoires aux militaires américains sans poser de questions. Paradoxalement, les nations des bords de l’Europe voient leur économie naissante touchée de plein fouet par les sanctions, sans vouloir rien faire contre.
    La grande question du jour est de savoir s’il est possible que l’Europe puisse un jour retrouver son indépendance dans sa politique contre Moscou. Mais les prévisions sont sombres. Cameron, même s’il est distrait par l’Écosse et l’adhésion de son pays à l’Union Européenne, vient d’être réélu pour cinq ans, ce qui lui donne l’espace suffisant pour continuer à représenter les intérêts américains en Europe. Merkel est à mi-chemin de son mandat de quatre ans et, à moins que le CDU la remplace (improbable) ou qu’elle démissionne (pas impossible), la chancelière sera sûrement réélue pour un quatrième mandat dans deux ans.
    Évidemment, un jour quelqu’un sortira du rang. Probablement la France, où Hollande sera presque certainement viré de son fauteuil en 2017. Cela laisse cependant encore deux bonnes années à Washington pour foutre la merde en Europe. D’ici là, des dommages irréparables risquent d’être faits à l’économie européenne et aux relations du continent avec son géant voisin eurasien. Et les États-Unis, tout en tirant les ficelles, s’en sortiront sans heurts.
    Vers la fin de sa vie, De Gaulle a remarqué : «J’ai essayé de sortir la France de la merde. Mais elle va y retourner en vomissant. Je ne peux empêcher les Français d’être français. » S’il était encore là, il aurait sûrement dit: « Je te l’avais dit ».

    Notes : 

    Traduction Wayan, relu par jj et Diane-le Saker Francophone
    Ex: http://zejournal.mobi 
    Bryan MacDonald est un écrivain et commentateur irlandais qui s’intéresse à la Russie et son pré-carré ainsi qu’à la géo-politique internationale

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/06/21/l-europe-vassale-des-us-panorama-et-perspectives.html

  • « DE L'INÉGALITÉ PARMI LES SOCIÉTÉS » de Jared DIAMOND

    par Pierre MARCOWICH

    ex: http://www.oswald-spengler-le-retour.net/

    Dans son ouvrage, « DE L’INÉGALITÉ PARMI LES SOCIÉTÉS », Jared DIAMOND se donne pour ambition de nous faire découvrir les facteurs permanents qui auraient, selon lui, déterminé, comme une loi d’airain, l’évolution des sociétés humaines depuis la fin de la dernière glaciation jusqu’à nos jours, ce qui représente une période de 13.000 ans. (1) 

    Je précise tout d’abord qu’en utilisant l’expression de « loi d’airain » qui aurait pesé sur l’évolution des sociétés humaines depuis la Néolithique, je suis fidèle à l’esprit de l’auteur qui a d’ailleurs voulu affirmer sa thèse dans le titre même de son ouvrage. 

    En effet, le titre de l’ouvrage en anglais est nettement plus explicite que celui en français : « GUNS, GERMS, AND STEEL, THE FATES OF HUMANS SOCIETIES », titre qui se traduit en français de la façon suivante :

    Canons, microbes, et acier, les Parques des Sociétés humaines. Selon le WEBSTER’S DICTIONARY, le mot "The Fates", repris du latin, signifie en anglais "Les Parques", divinités romaines qui décident de manière inflexible et impitoyable le destin de chaque homme. (2)

    L'analogie est évidente, puisque l'auteur évoque trois phénomènes bruts désignés par l'auteur comme agents implacables du destin des sociétés depuis 13.000 ans. 

    C’est un titre à la Jean-Jacques ROUSSEAU avec son "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes" (1755) que le traducteur (ou l’éditeur) a préféré octroyer à l’ouvrage de Jared DIAMOND dont le titre est devenu « De l’inégalité des sociétés », Est-ce dans le but d’atteindre, avec le maximum d’efficacité, un public portée sur les questions philosophiques ?

    Comme il le confie lui-même, dans son ouvrage, Jared DIAMOND, docteur en physiologie, est un spécialiste de l’évolution biologiques des oiseaux qu’il a étudiés en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Australie et en Amérique du sud. Dans le même temps, ses séjours lui permirent de se familiariser avec « maintes sociétés humaines technologiquement primitives » (page 34).  

    La problématique telle que la pose Jared DIAMOND 

    Jared DIAMOND formule la problématique de l’évolution historique des sociétés humaines depuis la fin du dernier âge glaciaire, il y a 13.000 ans, par l’énonciation suivante : 

    « Certaines parties du monde ont créé des sociétés développées fondées sur l’alphabétisation et l’usage d’outil métalliques, d’autres ont formé des sociétés uniquement agricoles et non alphabétisées, et d’autres encore sont restées des sociétés de chasseurs et de cueilleurs avec des outils de pierre. » (page 11) 

    De cette situation, affirme Jared DIAMOND, découle, depuis 13.000 ans, une inégalité entre les sociétés humaines, qui fait que les premières ont conquis ou exterminés les deux autres. 

    Il convient de remarquer qu’il ressort de l’énoncé de Jared DIAMOND, que, selon lui, ce ne sont pas les hommes qui « créent » les « sociétés », mais certaines « parties du monde », c’est à dire des zones géographiques, autrement dit la nature (la terre, l’eau, le climat, les montagnes, la mer). Il découle de l’énoncé de Jared DIAMOND que la nature aurait la « volonté » de prendre la décision de créer les sociétés. On croit lire l’entrée en matière d’une sorte de nouvelle Génèse, matérialiste, où la nature remplacerait le Dieu de l’ancienne Bible.  

    Bien sûr, le lecteur comprend ce que, malgré la faiblesse de son expression, Jared DIAMOND veut dire : selon lui, la matière, comprise uniquement comme phénomène concret, palpable, visible, se trouve être à l’origine de toute formation sociale. 

    De plus, prétendre que d’autres parties du monde ont formé « des sociétés uniquement agricoles » est tout aussi aberrant, car toutes les « sociétés développées » sont passées, elles aussi, par le stade agricole pour s’urbaniser par la suite, outre qu’il paraît hasardeux de qualifier de « société » un clan de la préhistoire (biologiquement homogène) vivant de chasse et de cueillette. 

    Ce manque de rigueur est frappant chez une personne qui se présente comme un scientifique de haut niveau. 

    Quant à la prétendue « alphabétisation » des sociétés développées, ce n’est qu’un phénomène relativement récent dans les sociétés développées. Je préfère y voir une erreur du traducteur qui a confondu alphabétisme (système d’écriture composé de lettres) avec alphabétisation (enseigner la lecture et l’écriture aux analphabètes).

    En réalité, la vraie question que se pose Jared DIAMOND tout au long de son ouvrage, de la première page jusqu’à la dernière page, est celle-ci : 

    « Pourquoi, (..), ce sont les sociétés européennes, plutôt que celle du Croissant fertile, de la Chine qui ont colonisé l’Amérique et l’Australie ? ». (page 614) 

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