culture et histoire - Page 1040
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La guerre de Vendée (1793 – 1796), Monsieur de Charette | Au cœur de l’histoire | Europe 1
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Le génocide vendéen (guerre de Vendée) | Au cœur de l’histoire | Europe 1
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En présence de Schopenhauer, de Michel Houellebecq
Michel Houellebecq a 25, 26 ou 27 ans - l'âge importe peu - quand il emprunte, dans une bibliothèque, Aphorismes sur la sagesse dans la vie d'Arthur Schopenhauer: en quelques minutes tout a basculé... Il cherche alors, et trouve, un exemplaire du Monde comme volonté et comme représentation.
Depuis, Houellebecq a évolué - il est devenu positiviste après avoir découvert dix ans plus tard un autre philosophe, Auguste Comte. Cependant l'attitude intellectuelle de Schopenhauer reste pour lui un modèle pour tout philosophe à venir. C'est pourquoi il éprouve à son égard un profond sentiment de gratitude.
Pour exprimer cette gratitude Houellebecq a achevé cet essai entrepris en 2005, où il commente ses passages favoris de Schopenhauer, qu'il a traduits lui-même. Sa préfacière, Agathe Novak Lechevallier, a raison de dire que, ce faisant, il fait apparaître l'oeuvre du philosophe comme une formidable machine à penser.
Il est vrai qu'il n'est pas besoin d'être d'accord avec quelqu'un pour que ce qu'il dit donne à penser. Ainsi Houellebecq n'a-t-il pas de mots assez durs contre le libéralisme. Ce n'est pas une raison pour ne pas s'intéresser à ce qu'il a pensé à un moment de sa vie et à ce qu'il pense aujourd'hui, d'autant que cela éclaire son oeuvre.
Houellebecq relit peu Comte et ne connaît pas de lecture de philosophe aussi immédiatement agréable et réconfortante que celle de Schopenhauer. Ce n'est certainement pas le fait de son art d'écrire: Nietzsche parle à raison de son espèce de bonhommie bourrue qui vous donne le dégoût des élégants et des stylistes.
Quand Schopenhauer commence un livre par: Le monde est ma représentation, Houellebecq commente: L'origine première de toute philosophie est la conscience d'un écart, d'une incertitude dans notre connaissance du monde. Pour devenir le philosophe de la volonté, Schopenhauer utilise l'approche, inhabituelle chez un philosophe, de la contemplation esthétique:
Le point originel, le point générateur de toute création consiste dans une disposition innée - et, par là même, non enseignable - à la contemplation passive et comme abrutie du monde. L'artiste est toujours quelqu'un qui pourrait tout aussi bien ne rien faire, se satisfaire de l'immersion dans le monde, et d'une rêverie associée.
Ainsi le poète se singularise-t-il: L'accessoire est que le poète est semblable aux autres hommes (et, s'il était vraiment original, sa création aurait peu de prix); l'essentiel, c'est que, seul parmi les hommes faits, il conserve une faculté de perception pure qu'on ne rencontre habituellement que dans l'enfance, la folie, ou dans la matière des rêves.
Ainsi la beauté n'est-elle pas une propriété appartenant à certains objets du monde, à l'exclusion des autres; ce n'est donc pas une compétence technique qui peut produire son apparition; elle suit par contre toute contemplation désintéressée. Ce qu'il [Schopenhauer] exprime, encore plus brutalement par la phrase:
"Dire qu'une chose est belle, c'est exprimer qu'elle est l'objet de notre contemplation esthétique."
L'absurdité de l'existence? Ce n'est pas seulement, ce n'est même pas surtout l'activité de l'homme qui porte le signe du néant: la nature entière est un effort illimité, sans trêve ni but; "tout n'est que vanité et poursuite du vent". Et il cite un passage de Schopenhauer qui l'illustre, qu'il dédie aux écologistes, et qui se termine ainsi:
"Pourquoi ces scènes d'épouvante? À cela il n'y a qu'une seule réponse: ainsi s'objective le vouloir-vivre."
Selon Schopenhauer, qui emploie souvent des métaphores théâtrales pour faire comprendre ses propos, il est trois méthodes employées par un poète pour décrire la survenance d'un grand malheur, le seul élément indispensable à la tragédie:
- l'exceptionnelle méchanceté d'un personnage artisan de ce malheur
- le destin aveugle qui frappe les personnages
- la simple situation des personnages l'un à l'égard de l'autre.
C'est cette dernière méthode qui a sa préférence: Elle ne nous montre pas le malheur le plus extrême comme une exception, ni comme quelque chose qui est amené par des circonstances exceptionnelles ou des caractères monstrueux, mais comme une chose qui provient aisément, comme de soi-même, presque nécessairement, de la conduite et du caractère des hommes, et par là nous le rend effroyablement proche.
Comment conduire son existence dans un tel monde, absurde, où le malheur n'épargne personne et où toutefois existent des petits moments de bonheur imprévu, des petits miracles?
Dans Aphorismes sur la sagesse dans la vie, Schopenhauer trouvait l'énergie nécessaire pour énoncer des banalités et des évidences, lorsqu'il les croyait justes; il a systématiquement placé la vérité au-dessus de l'originalité; pour un individu de son niveau, c'était loin d'être facile.
Schopenhauer fait ainsi ce constat fataliste: Les jouissances les plus élevées, les plus variées et les plus durables sont celles de l'esprit, bien que nous nous y trompions tellement pendant notre jeunesse; celles-ci dépendent surtout de la puissance innée de notre esprit; il est donc facile de voir à quel point notre bonheur dépend de ce que nous sommes, alors qu'on ne tient compte le plus souvent que de notre destin, de ce que nous avons ou de ce que nous représentons.
Il précise: Le destin peut s'améliorer; et, lorsqu'on possède la richesse intérieure, on n'attendra pas grand-chose de lui; mais jusqu'à sa fin un benêt reste un benêt, un abruti reste un abruti, fût-il au paradis et entouré de houris.
Est-ce bien certain?
Francis Richard
En présence de Schopenhauer, Michel Houellebecq, 96 pages L'Herne
Livres précédents chez Flammarion:
Soumission (2015)
Configuration du dernier rivage (2013)
La carte et le territoire (2010)
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L'esprit de chevalerie
Sublimation des vertus guerrières mises au service d'une cause juste ou sacrée, la chevalerie, longtemps miroir et référence des comportements occidentaux, devient, sauf exceptions, incompréhensible à une historiographie en rupture avec ses racines culturelles et religieuses.
L'idéal chevaleresque, tel qu'il apparaît au tournant de l'an Mil pour croître et s'épanouir au XIIe siècle, n'a pas jailli tout à coup de rien ; il s'ancre dans un passé, des traditions, des comportements, des croyances antérieurs à la société médiévale, et même au christianisme. Comment s'est-il forgé, mis en place, imposé ? Autant de question auxquelles Dominique Barthélemy apporte des réponses, ou des commencements de réponse dans un essai remarquable de justesse, d'érudition, d'intelligence et d'humour, La Chevalerie.
Vertus guerrières
Qu'il existe des vertus guerrières communes à toutes les sociétés indo-européennes, voire à toutes les civilisations qui exaltent le courage et le métier des armes, on ne saurait en douter. Cependant, impossible de comparer Roland ou Lancelot à Achille ou Hector, ni de faire procéder le héros médiéval d'un modèle romain, comme certains historiens ont tenté de le démontrer, parce que l'individualisme chevaleresque est à l'opposé de l'esprit des légions. Il convient de chercher son modèle ailleurs, dans un passé « barbare », germanique, exaltant la valeur personnelle, le rôle du cavalier, les rapports entre un chef de guerre et ses hommes. Au vrai, ce modèle germanique supposé serait tout autant, voire davantage celtique, mais il tend à s'imposer avec l'avènement du monde franc, s'épanouit à l'époque carolingienne, devient chevalerie telle que nous entendons le mot à l'aube des temps capétiens. L'un des grands intérêts de l'étude, souvent incisive et mordante, est de mettre en évidence combien le combat chevaleresque, dès ses origines, se veut élitiste, quoique largement ouvert aux talents et mérites, donc économe en sang, le but étant de briller, pas de se faire tuer. Aussi de montrer comment les puissants, rois ou ecclésiastiques, oeuvrèrent à orienter ce goût de l'exploit individuel vers l'intérêt général, guerres de conquête ou croisade capables de souder la communauté dans la poursuite d'un but unique. Tournois, joutes et défis s'inscrivent dans une même logique, tandis que la chanson de geste, le roman arthurien ou courtois, objets d'un chapitre passionnant, tracent un modèle parfait, ce qui ne signifie pas que tout chevalier ait incarné cette perfection. En allant au-delà du mythe et de l'idéalisation, le professeur Barthélemy propose une vision profondément juste et humaine d'une institution qui tendit vers le Bien, sans toujours l'atteindre, et un éclairage équilibré sur ses relations avec un Islam qui proposait un contre modèle chevaleresque ; Sarrasins ou Francs, les vrais chevaliers, d'un côté comme de l'autre, y furent étonnamment sensibles.
La Table ronde
Le cycle des romans de la Table ronde, inspirateur de tant de rêves et de comportements héroïques, s'ancrent, eux aussi, dans un passé indo-européen très lointain. Rompant avec les délires ésotériques trop suscités par le sujet, un universitaire britannique, John Matthews, propose, sous forme d'un élégant album illustré, Le Graal, la vérité derrière le mythe, étude poussée sur les origines de la légende du calice de Joseph d'Arimathie, et l'interprétation qu'il convient de donner à l'histoire. Le symbole du vase sacré qui permet de communiquer avec la Divinité existe dans toutes les cultures, même les plus éloignées de la nôtre. En Europe, on le retrouve dans le cratère primitif d'Ouranos, le chaudron magique des dieux celtes, et chez les Scythes, ce qui permit d'ailleurs à Matthews, conseiller historique d'un film consacré au roi Arthur, d'y soutenir la thèse, aventurée mais défendable, d'un Arcturus officier romain né dans les plaines de l'Est. Ce qui importe est de comprendre pourquoi ce récipient tient une telle place dans l'imaginaire collectif de tous les temps et comment, d'un rôle symbolique, celui de la quête de l'âme vers Dieu, il a pu, dans des sociétés de plus en plus matérialistes, devenir l'objet de la recherche d'obligation stérile d'un objet tangible doué de pouvoirs supposés magiques. Le résultat est stimulant, par les discussions qu'il suscite, et passionnant. Est-ce ce matérialisme ambiant qui conduit aujourd'hui à appréhender les croisades comme une entreprise de conquête coloniale animée de vulgaires appétits de lucre hypocritement travestis en guerre sainte ? Sans doute … S'y ajoute, chez des historiens coupés de la tradition catholique, une incapacité véritable à comprendre le phénomène, donc prompts à le condamner de manière véhémente. L'Anglais Jonathan Phillips en fait la démonstration avec Une histoire moderne des Croisades. En quoi « moderne » ? En cela qu'elle réprouve une entreprise perçue, la faute en revenant aux propos de George W. Bush après le 11 septembre, comme une agression gratuite contre un monde musulman plus ouvert, civilisé, lumineux que l'Occident mal sorti des brumes de la barbarie. Thèse faussée d'emblée, on l'aura compris, qui perd de vue que l'Islam régnait sur le Proche-Orient après en avoir chassé les Byzantins et laissé aux chrétientés locales le choix entre la peu enviable dhimmitude et la conversion. Que cette agression remontât à trois siècles ne la légitimait pas. En fait, Philipps, conscient que la croisade constituait une réponse au djihad, entendait écrire une histoire de la guerre sainte, ce qu'indique le titre anglais de son livre. L'ennui étant que, dépassé par la complexité du sujet pour un non-arabisant, ou inquiet des aspects politiquement incorrects de sa démarche, il a réorienté son travail pour en faire le procès d'une entreprise par essence catholique, voire nationaliste. Horresco referens... Je ne saurai trop vous conseiller de relire plutôt Grousset, réédité en poche chez Perrin, qui se revendiquait patriote et croyant et dont l'Histoire des Croisades, inconnue de Mr. Philipps, pour n'être pas "moderne" n'en demeure pas moins un chef d'oeuvre.
Aux côtés des Croisés
Les mêmes a priori se retrouvent dans le petit livre de Claude Lebédel, Les Croisades, paru dans une nouvelle collection désireuse de rendre l'histoire abordable à un lectorat ignorant. Sans s'encombrer de chronologie, s'arrêtant à quelques personnages subjectivement choisis -Pourquoi aucune femme quand Mélisende de Jérusalem ou Constance d'Antioche, entre autres, le justifiait ? Pourquoi Renaud de Châtillon, seigneur brigand plutôt que l'admirable Baudouin IV ? - sans peur des erreurs de détails, - Bohémond de Hauteville, prince de Sicile, n'est pas Bohémond de Normandie… - dégoulinant de complaisance pour tout ce qui n'est ni croisé ni franc, au risque d'attribuer l'invention de la boussole et de la soie aux Arabes plutôt qu'aux Chinois, l'auteur signe une synthèse plus ambitieuse que sérieuse et passablement insatisfaisante.
Royaume latin
Qu'il ne s'agissait nullement d'une entreprise d'appropriation territoriale, un fait l'atteste : au lendemain de la prise de Jérusalem, en juillet 1099, la majorité des Croisés repartit vers l'Europe sans penser à la survie du nouveau royaume latin... Ce fut l'urgente nécessité d'assurer une armée permanente qui entraîna la naissance de l'Ordre du Temple et la transformation des Hospitaliers de Saint-Jean en moines soldats. Aventure singulière que cette nouvelle chevalerie dont saint Bernard s'instaura le chantre et qui a entraîné, en français du moins, d'innombrables études plus ou moins sérieuses et circonstanciées. Il semble qu'il n'en existe pas d'équivalentes outre-Manche puisque l'étude de Desmond Seward, Les chevaliers de Dieu, y demeure, depuis sa parution en 1972, un classique inégalé. Fallait-il en proposer la traduction ? Oui. Certes, Seward, dans cette synthèse consacrée aux Ordres militaires, n'apprendra strictement rien à ceux que le sujet intéresse concernant Templiers, Hospitaliers, devenus chevaliers de Malte, ou Teutoniques ; en revanche, et cela justifie l'entreprise, le chapitre consacré aux ordres espagnols et portugais, Calatrava, Alcantara, Aviz, Montesa, Santiago et Mercédaires, qui combattirent uniquement dans la péninsule ibérique, la Reconquista étant regardée comme équivalente à la Croisade, est, à ma connaissance, la seule approche disponible dans notre langue. Seward y met en évidence la laïcisation de ces Ordres, l'emprise des souverains, qui imposèrent des princes comme Grands Maîtres, précisément ce que Philippe le Bel tenta vainement d'obtenir du Temple, et explique ainsi leur longue durée. Cela comble une lacune de notre historiographie.
Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 5 au 18 mai 2011
Dominique Barthélemy : La Chevalerie, Fayard, 525 p., 26 €.
John Matthews : Le Graal, Le pré aux clercs, 175 p., 20 €.
Jonathan Phillips : Une histoire moderne des Croisades, Flammarion, 520 p., 26 €.
Claude Lebédel : Les Croisades, Ouest-France, 160 p., 6 €.
Desmond Seward : Les Chevaliers de Dieu, Perrin, 380 p., 22 €.
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Les Conversations de Paul-Marie Couteaux : Alain de Benoist – Chapitre 5
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