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culture et histoire - Page 1092

  • La pensée royaliste : La Providence et la Révolution (1ère partie)

    La République ne se lassera donc jamais de nous mentir ? Alors qu’elle prétend promouvoir le pluralisme, garantir la liberté d’expression et respecter tous les avis, elle ne laisse la parole qu’à ceux qui défendent ses principes et limite soigneusement la diffusion de la pensée monarchiste. Ainsi le plus éminent théoricien de la contre-révolution, Joseph de Maistre, souffre de cette lâche et hypocrite persécution à tel point qu’il n’est plus édité sans une préface pour nous avertir du caractère pernicieux et scandaleux de ce qu’on va lire ! Au jour anniversaire de la bataille de Jemmapes, il revient à Vexilla Galliae de rendre accessible cette pensée si riche et si profonde afin de fournir aux royalistes des moyens de faire face à la tempête et de préparer activement la restauration.

    Dans cette première partie, nous traiterons surtout de sa conception de Providence exposée dans les trois premiers chapitres des Considérations sr la France écrites et publiées en 1797.

    La pensée maistrienne repose sur une Foi indéfectible en la divine Providence. Il croit que Dieu intervient sans cesse dans l’histoire des hommes d’une façon qui leur échappe le plus souvent. Une telle conviction n’est pas une nouveauté : elle se trouve dans la Bible et chez tous les auteurs chrétiens, même certains païens comme Sénèque ou Cicéron en ont eu l’intuition. Cependant Joseph de Maistre  estime qu’il doit le rappeler au début de ses Considérations sur la France au moment où les prétendus philosophes professent partout que Dieu n’existe pas ou du moins (ce qui revient au même) il n’intervient pas dans nos affaires et que par conséquent l’homme est le seul maître de l’histoire. Aujourd’hui, alors que la pensée des soi-disant Lumières a perverti tous les esprits et que les candidats à la présidentielle s’imaginent capables de redresser le pays par leurs seules forces, il faut garder que la Providence mène les événements plus que les hommes. Il faut reconnaître avec humilité que dans nos ouvrages tout est faible, que notre vue est limitée, nos mouvements pénibles et nos résultats décevants. C’est la grande leçon de Joseph de Maistre. Si la Monarchie a pu accomplir de grandes choses, c’est parce que les rois savaient qu’ils n’étaient que les instruments de la Providence. Leur sacre leur rappelait que le pouvoir ne leur était conféré qu’à cette fin précise. S.A.R le duc d’Anjou n’a pas dit autre chose dans son discours à Reims il y a un mois : « Par le sacre, le divin et l’humain se conjuguaient pour permettre au roi d’exercer sa mission au service du bien commun. »

    Très vite se présente alors une objection : si Dieu veille sur le monde par sa Providence, pourquoi la révolution ? pourquoi l’assassinat sacrilège du 21 janvier ? pourquoi les massacres en Vendée, à Lyon et ailleurs ?

    Amateur de paradoxes, Maistre répond que précisément ces événements sont les signes les plus visibles de l’intervention divine dans l’histoire. En effet, à aucun moment par le passé, on a eu tant de peine de comprendre ce qui se passait. La révolution semble résister à toute analyse rationnelle, elle est aussi incompréhensible et aussi imprévisible qu’un arbre qui fleurirait en plein hiver. François Furet il y a vingt ans en arrivait à la même conclusion, les auteurs de cette tragédie eux-mêmes ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Il faut donc en conclure qu’elle est le fait d’une intelligence suprême qui nous dépasse. « On a remarqué avec raison que la Révolution mène les hommes plus que les hommes ne la mènent. » Il suffit de songer à Philippe Egalité, à Danton, à Robespierre, à tous ceux qui, après avoir favorisé la révolution, en ont été les victimes.

    Julien Portal

    Photo : Le comte de Maistre, Grand’Croix de l’ordre des Saints-Maurice et Lazare, Karl Vogel von Vogelstein, Musée d’art et d’histoire de Chambéry.

    http://www.vexilla-galliae.fr/royaute/idees/2238-la-pensee-royaliste-la-providence-et-la-revolution-1re-partie

  • Qu’est-ce que l’AF ?

    Les étapes de la fondation de l’Action française, des origines à 1914, nous renseignent avec précision sur sa nature.

    L’AF est à l’origine un groupe de réflexion, un rassemblement d’intellectuels patriotes sans préjugés politiques (notamment quant à la forme du régime) et décidés à rechercher les conditions d’un redressement national. De là découlent deux caractéristiques que le mouvement a conservées jusqu’à nos jours : la méfiance à l’égard des idéologies et la capacité à accueillir positivement toute pensée et toute action allant dans le sens de l’intérêt national, même quand elles sont le fait d’adversaires politiques.

    L’AF s’est très vite dotée d’une revue (1899) puis d’un Institut sur le modèle universitaire (1906), enfin d’un journal quotidien (1908). De là découle cette dimension intellectuelle qui a attiré à elle tant de penseurs, d’écrivains, d’artistes : Maurras, Daudet et Bainville sont eux-mêmes des figures majeures de la vie intellectuelle de leur temps mais que l’on songe aussi à Bernanos, à Brasillach, à Dumézil ou encore au jeune Lacan ! Dans la période récente une campagne comme celle du « nationalisme intelligent » (années 90) rappelle cette exigence intellectuelle qui distingue le mouvement de forces moins élaborées et par conséquent plus éphémères du nationalisme français. [....]

    Stéphane BLANCHONNET

    La suite sur A Rebours

    Article paru sur a-rebours.fr et dans L’AF2000

  • Liberté, égalité, fraternité...

    À la devise de la République, on peut opposer les trois valeurs fondamentales de la monarchie française : vérité, justice et modération. Dans quelle mesure celles-ci sont-elles respectées par les démocraties ?

    Yvan Blot dénonce très justement la tartufferie de cette devise républicaine. Simple slogan idéologique coupé de la réalité politique, elle rappelle la tristement célèbre propagande des États totalitaires comme l'ex-URSS ou les "démocraties populaires" qui glorifiaient l'homme en général et opprimaient les hommes en particulier.

    Triptyque factice

    À ce triptyque factice on ne peut qu'opposer les trois valeurs fondamentales de la monarchie française que Madame Royale rappelait dans une lettre au Comte de Chambord : « vérité, justice, modération ». Véritable devise d'un gouvernement légitime, « vérité, justice, modération » pourrait un jour figurer au fronton des édifices publics. Car loin d'être une simple posture idéologique, cette devise contient trois principes politiques majeurs.

    1) Vérité - « Primum veritas, deinde caritas » (d'abord la vérité, ensuite la charité) dit saint Augustin. La vérité est le point de départ de tout ; sans la vérité, tout est fragile et précaire, aucune construction solide n'est possible, tant sur le plan personnel que sur le plan social ou même sur le plan économique. La crise des subprimes en est l'illustration flagrante : la vente de titres falsifiés a pourri l'ensemble de l'économie mondiale. Plus récemment, la falsification des comptes publics de la Grèce, mais aussi peut-être d'autres pays du Sud de l'Europe, nous rappelle de manière menaçante l'importance d'une information véridique...

    La vérité est-elle servie par les "grandes démocraties" et par la République française en particulier ? La réponse est non : tout est faux, le mensonge est partout. Que ce soient les chiffres du chômage, de l'immigration, l'histoire plus ou moins lointaine, la dette publique, les avantages des oligarques, jamais la vérité n'est livrée aux citoyens. Ce serait trop dangereux, d'ailleurs, pour les pseudo-princes qui nous gouvernent ! Certains, de gauche comme de droite, ont à juste titre dénoncé cette « culture du mensonge » qu'entretiennent en France les pouvoirs publics.

    2) Justice - Peu importe l'égalité, ce qui compte est la justice ; la discrimination n'est pas en soi critiquable, il faut seulement savoir si elle est juste ou injuste. La justice est inconnue dans l'état de nature, et on sait que le « bon sauvage » de Rousseau nous aurait attendu au coin du bois avec sa massue. La justice est le produit de la civilisation et du développement de la conscience humaine, elle est un dépassement de la loi du plus fort.

    Satisfaire les appétits de la masse

    La Justice est-elle servie par les "grandes démocratie" et par la République française ? Là encore la réponse est non. On confond la justice avec la satisfaction des appétits de la masse, ce qui n'est rien d'autre en fait que la démagogie. En fin de compte tout est injuste dans ces États : l'attribution des places et des honneurs, le système des prélèvements sociaux et fiscaux, la représentation électorale et politique, la représentation syndicale... Beaucoup de français sont injustement brimés, beaucoup d'autres sont injustement favorisés.

    3) Modération - Le rôle de l'État n'est pas de suivre une politique sectaire et agressive en jetant en pâture à l'opinion publique des boucs émissaires pour faire oublier ses propres turpitudes. Le rôle de l'État est d'atténuer les tensions, les luttes et les oppositions pour résoudre les conflits et permettre une harmonie sociale. Il est aussi de prendre en compte l'extrême complexité des problèmes sociaux et dans ce cas la plus grande modération s'impose.

    Lutte des classes

    Les "grandes démocraties" et la République française sont-elles modérées ? Il est permis d'en douter quand tout est fondé sur la compétition effrénée, l'opposition systématique et la lutte des classes. Les sociétés démocratiques que nous connaissons, sous leurs oripeaux angéliques et utopistes, sont en réalité des sociétés violentes qui usent le plus souvent de la contrainte et de la manipulation pour imposer la volonté de quelques uns. L'État est-il modéré quand il traite les automobilistes (c'est-à-dire une grande partie de sa population) de « délinquants routiers » et confisque, sous forme d'impôts, taxes et prétendues « charges sociales », forte proportion des revenus de ceux qui travaillent ? Quand, au nom de la « lutte contre la discrimination », il favorise les étrangers, fussent-il en situation irrégulière, et persécute ceux qui cherchent à défendre l'identité nationale ? On dira que ce sont là des dérives fâcheuses et récentes de la glorieuse République française... Mais quand en 1962 on a abandonné les Français d'Algérie à la confiscation de leurs biens et les harkis à une mort effroyable, était-ce une politique véridique, juste et modérée ? On admettra nos réticences...

    Ce sont en réalité les dérives inhérentes à un système qui ne comprend que deux lois primaires : la loi du plus fort d'une part et la loi du groupe le plus fort d'autre part. Et cela parce que ce système politique ne croit en rien d'autre qu'en lui-même et estime que tout n'est que le fruit de forces antagonistes socio-économiques dans un univers ou tout est relatif. Il faut rompre avec tout cela, c'est une question de vie ou de mort. L'État doit partir de la réalité et ne plus mentir ; quoi qu'il lui en coûte... Il doit développer la justice pour améliorer la cohésion sociale ; c'est un travail de longue haleine, loin de la politique spectacle... Il doit, par une politique modérée, substituer à la lutte des classes la collaboration des classes ; même si elle est moins rentable électoralement... Savoir si ensuite les hommes seront libres, égaux et fraternels, ne dépend pas de lui, mais des hommes eux-mêmes.

    Olivier Tournafond L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 3 au 16 mars 2011

  • Olivier Maulin : « Le vrai problème du progrès, c’est qu’il est divinisé »

    A l’occasion de la parution de son roman La fête est finie (Denoël), l’écrivain Olivier Maulin a accordé un entretien à la Revue Limite. Nous en publions ci-dessous cet extrait, qui porte sur la notion de progrès.

    Olivier-Maulin-La-Fête-est-finie-237x350.jpgLimite : Dans la lignée de vos autres romans, La fête est finie s’apparente à une fable de la lutte contre le progrès. On vous classe sans trop se tromper parmi les antimodernes. Pourquoi ce thème du progrès est-il sous-jacent à l’ensemble de votre œuvre ? 

    Olivier Maulin : Je crois que la question du progrès est absolument centrale et affreusement mal traitée aussi bien par ses partisans que par ses opposants (ou ce qu’il en reste). Comme l’a montré Jacques Ellul, chaque progrès implique un gain et une perte. Comme les deux faces d’une même médaille, chaque progrès charrie son lot de construction, son bénéfice, mais aussi son lot de destruction, son maléfice, et ceci en dépit de l’utilisation que l’on en fait.

    Un exemple tout bête : les centres commerciaux qui ont fleuri ces dernières décennies dans les petites villes de province ont permis aux habitants d’avoir un accès moins coûteux aux biens de consommation, donc une augmentation de leur pouvoir d’achat (bénéfice) mais ils ont dans le même temps asséché les centres-villes et détruit une sociabilité et un mode de vie convivial (maléfice). Seuls les imbéciles croient que le progrès est univoque et que seule une mauvaise utilisation du progrès le rend préjudiciable.

    Vous ne trouverez aucun progrès qui soit simplement « positif ». Certains apportent à la société des bénéfices qui dépassent ce qu’ils lui retirent. Mais d’autres apportent des bénéfices qui sont moindres que ce qu’ils détruisent. Ces derniers sont donc clairement nuisibles et s’ils sont imposés quand même, c’est parce que certains y ont un intérêt.

    A chaque changement, il convient donc de s’interroger : « Sommes-nous prêts à perdre telle ou telle chose ? Est-ce que ce que l’on va gagner vaut vraiment le coup ? Jusqu’où sommes-nous capables de sacrifier ce qui nous constitue ? » C’était exactement le débat que l’on aurait dû avoir lorsque les Suisses ont voté par référendum il y a quelques années contre l’immigration massive. Au lieu de ça, toute la presse française leur est tombée dessus sur le mode « vous vous tirez une balle dans le pied, l’immigration est une chance pour l’économie ». Or, les Suisses ont simplement dit : oui, l’immigration est peut-être une opportunité économique (ce qui n’est du reste pas certain) mais nous sommes prêts à renoncer à ce bénéfice dans la mesure où le maléfice qui va avec (la perte de notre mode de vie et de notre identité) est une perte trop importante.

    C’est finalement la même chose dans mon livre, les habitants de la vallée ne veulent pas de cette fameuse « croissance » qui prend la forme d’une décharge industrielle et d’un Center park débile. Ils estiment qu’ils ont trop à perdre, en dépit des emplois que va créer ce projet. Ces personnages enracinés ne veulent pas abandonner leur mode de vie, leur âme, ni voir leur vallée défigurée par le béton. C’est ce qui les conduit à prendre le chemin du combat.

    Aujourd’hui, le vrai problème du progrès, c’est qu’il est divinisé. Nous le vénérons et l’approuvons quel qu’il soit dans un réflexe pavlovien dénué de tout sens critique. Il ne s’agit pas de rejeter le progrès en bloc, dans une attitude réactionnaire tout aussi pavlovienne, mais je crois que l’on devrait tout simplement le questionner. Pour cela, il faudrait le retirer des mains des experts « qui savent ce qui est bon pour nous » (et qui la plupart sont salariés de l’industrie productrice de ce progrès) et le mettre en débat sur la place publique. Le jeter dans l’Agora avec ses implications dévoilées. S’il y avait donc une révolution mentale à opérer dans notre société, elle tiendrait dans ces termes : donnons-nous les moyens de questionner le progrès, nous n’en serons que plus heureux !

    http://fr.novopress.info/