Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1090

  • RÉVOLUTION CONSERVATRICE ?

    9 jni 12.jpg

    Pierre Vial, Président de Terre et peuple

    Tout à l’émotion de la victoire (provisoire) de Fillon, non prévue par les oracles de son espèce, le quotidien Le Monde a titré en première page, le 29 novembre, « Fillon, la révolution conservatrice ». C’est faire bon marché et de ce que fut, historiquement le courant baptisé « Révolution conservatrice » en Allemagne, dans la première moitié du XXe siècle (auquel Armin Mohler a consacré une somme incontournable, La Révolution Conservatrice en Allemagne 1918-1932, traduction française Pardès 1993) et de ce que représente Fillon, à savoir un libéralisme sans frein, peu soucieux des souffrances, des angoisses et des attentes de ces « gens d’en bas » pour lesquels les bourgeois, les nantis ont un souverain mépris. Ce qui fait de Fillon, contrairement à ce que disent certains, l’antithèse d’un candidat populiste (il faut d’ailleurs reconnaître qu’il ne fait rien pour apparaître comme tel…).

    Mais soyons honnêtes. Si Fillon se retrouve Président de la République (c’est loin d’être acquis) nous le jugerons sur ses actes, même si ses déclarations actuelles n’augurent rien de bon, tout comme les gens dont il s’entoure, dont beaucoup appartiennent aux milieux cosmopolites.

    Juger sur les actes : c’est aussi notre position en ce qui concerne Trump, pour lequel certains « nationaux » se sont enthousiasmés sans doute un peu vite. Le prouve, là encore, les gens dont il a choisi de s’entourer. Au poste clé de secrétaire au Trésor, il a désigné Steven Mnuchin, un banquier d’origine juive (tout comme ses prédécesseurs Robert Rubin, nommé par Bill Clinton et Henry Paulson, nommé par George W. Bush). Caractéristique commune de Mnuchin, Rubin et Paulson : ils ont fait carrière chez Goldman Sachs. C’est au sein de ce temple de la ploutocratie cosmopolite que Mnuchin a gravi les échelons jusqu’à devenir vice-président exécutif, amassant une fortune de 46 millions de dollars (43 millions d’euros). Après avoir quitté ce job fort lucratif, Mnuchin a créé son propre fonds spéculatif, Dune Capital, avec deux anciens de chez Goldman, Daniel Neidich et Chip Seelig.

    Son coup d’éclat fut, en association avec le spéculateur bien (trop) connu George Soros, le rachat d’IndyMac Bank, caisse d’épargne spécialisée dans les prêts hypothécaires à risques qui venait de faire faillite après la crise des subprimes. Mnuchin et ses associés ont repris cette société pour 1,5 milliard de dollars, soit un montant largement inférieur à la valeur des actifs de la société. Cette opération est un parfait exemple d’un tour de passe-passe bien connu : socialisation des pertes suivie d’une privatisation des profits (la Federal Deposit Insurance Corporation a en effet assumé l’essentiel des risques, en versant plus d’un milliard de dollars pour couvrir le coût des saisies immobilières dans le seul Etat de Californie). En suite de quoi, délestée de son passif, la société est devenue une affaire juteuse pour les acheteurs, qui, dès la première année, se sont versés 1,57 milliard de dividendes. Stéphane Lauer, qui a étudié de très près le dossier, explique le mécanisme : « Rebaptisé OneWest, l’établissement est rapidement à la tête de trente-trois succursales et de 16 milliards d’actifs. En quelques années, l’organisme de crédit se bâtit une réputation d’entreprise sans scrupule, multipliant les saisies (…) En juillet 2014, OneWest est revendu à CIT Group pour 3,4 milliards de dollars, soit une plus-value de 100% en l’espace de cinq ans. Après le rachat, Steven Mnuchin est resté vice-président du conseil d’administration jusqu’au 31 mars 2016, fonction pour laquelle il a été rémunéré 4,5 millions de dollars par an. A son départ, il a eu droit à un parachute doré, qui, selon le Wall Street Journal, s’est élevé à 10,9 millions de dollars ».

    Pour compléter ce tableau trop éloquent, il faut ajouter la probable désignation par Trump, au poste de secrétaire au commerce, du milliardaire Wilbur Ross, figure, comme Mnuchin, de Wall Street. Fondateur d’un fonds d’investissement dans les entreprises non cotées, sa fortune est estimée par Forbes à environ 2,9 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros). Il a gagné son surnom de « Roi de la faillite » en rachetant pour presque rien des fabricants d’acier, des entreprises textiles et des mines de charbon, revendus ensuite à bon prix après les avoir sévèrement restructurées et licencié des milliers de personnes ». Comme on voit, on a à faire à du beau monde …

    La conclusion de tout cela est hélas trop facile : les braves gens qui ont voté pour Trump en espérant un vrai changement vont se retrouver cocus. Cocus et contents ? La suite de l’histoire nous le dira.

    RAPPEL :

    flyer_tr_2016.jpg

  • Comment Gramsci décrit la dégénérescence socialiste

    On nous casse tout le temps les pieds à droite ou à gauche avec le néo-libéralisme – ou l’ultra-libéralisme. En réalité ce sont les libertariens qui ont raison et on est plutôt victimes de l’ultra-socialisme et de l’ultra-parasitisme en ces temps de la fin si digne de la Rome ancienne et assistée, qui désespérait tant notre camarade Juvénal et quelques dizaines d’autres. Nos dettes et nos prélèvements montrent que l’on est tout sauf libéraux. On est dans le sozial qui exaspérait Céline, et dans rien d’autre. Sauf que certains (les banquiers ou les fonctionnaires) en profitent mieux que d’autres (les salariés ou la jeunesse calcinée de Todd). Et ce n’est pas nouveau.

    Pour me consoler, j’ai relu les œuvres de Gramsci, fameux théoricien marxiste ; lui aussi envoie promener les fadaises sur le libéralisme et voici ce qu’il dit et écrit en 1920 (découvrez le très bon site universitaire québécois uqac.ca) :

    « Le capitaine d’industrie est devenu chevalier d’industrie, il se niche dans les banques, dans les salons, dans les couloirs des ministères et des parlements, dans les bourses. Le propriétaire du capital est devenu une branche morte de la production. »

    Comme on était lucide à gauche.

    Gramsci voit donc le problème de la désindustrialisation apparaître, le règne de la finance arriver avec les coups en bourse. Un siècle plus tard, il n’y a plus d’usines en Amérique mais Wall Street n’a jamais été si élevé, avec un Dow Jones à 19.000, cherchez pourquoi ! Et Bonner et Pat Buchanan expliquent pourquoi : on a siphonné via les taux abaissés la richesse américaine comme la richesse européenne, sauf peut-être l’allemande plus maligne et surtout familiale. A Londres et Bruxelles, la politique et la finance se disputent comme à New York le cadavre de l’industrie. Et on demande aux banques centrales de continuer de faire « bonne impression » pour continuer de soutenir les marchés.

    Et Gramsci voit en bon romain l’intrusion de l’Etat produire une dégénérescence anthropologique (découvrez le libertarien allemand Hoppe qui parle lui de dé-civilisation). La part de prélèvement est passée de 8 à 2O% en France entre 1914 et 1920. Aujourd’hui on est à 60. Le social et la guerre, le beurre et les canons. L’Etat et son éducation tarée créent des générations perdues de gens oisifs.

    « L’Etat devient ainsi l’unique propriétaire de l’instrument de travail, il assume toutes les fonctions traditionnelles de l’entrepreneur, il devient la machine impersonnelle qui achète et distribue les matières premières, qui impose un plan de production, qui achète les produits et les distribue : l’Etat bourgeois, celui des bureaucrates incompétents et inamovibles ; l’Etat des politiciens, des aventuriers, des coquins. Conséquences : accroissement de la force armée policière, accroissement chaotique de la bureaucratie incompétente, tentative pour absorber tous les mécontents de la petite-bourgeoisie avide d’oisiveté, et création à cet effet d’organismes parasitaires à l’infini. »

    Ce ne serait pas les bobos, les RTT socialos, cette petite-bourgeoisie avide d’oisiveté ? Sinon ici Gramsci raisonne comme nos frères libertariens et aussi comme le Gustave Le Bon – celui de la Psychologie du socialisme.

    Gramsci décrit la dégénérescence systémique aussi dans les lignes qui suivent. Le nombre de fonctionnaires avait décuplé en France en un siècle (l’observation avait déjà été faite par Marx, très hostile aussi à l’État, dans son « Dix-huit Brumaire de Bonaparte ») :

    « Le nombre des non-producteurs augmente de façon malsaine, dépasse toute limite tolérable pour le potentiel de l’appareil productif. On travaille et on ne produit pas, on travaille durement et la production ne cesse de décroître. C’est qu’il s’est formé un gouffre béant, un gosier immense qui engloutit et anéantit le travail, anéantit la productivité.

    Les heures non payées du travail ouvrier ne servent plus à augmenter la richesse des capitalistes : elles servent à nourrir l’avidité de l’énorme multitude des agents, des fonctionnaires, des oisifs, elles servent à nourrir ceux qui travaillent directement pour cette foule de parasites inutiles. »

    La dette alimente les financiers, les fonctionnaires internationaux, les manipulateurs de symboles (Robert Reich), ces héritiers du Dr Mabuse qui siphonnent la richesse en prétendant la redistribuer. Gramsci encore :

    « Et personne n’est responsable, personne ne peut être frappé : toujours, partout, l’Etat bourgeois avec sa force armée, l’Etat bourgeois qui est devenu le gérant de l’instrument de travail qui se décompose, qui tombe en morceaux, qui est hypothéqué et sera vendu à l’encan sur le marché international des ferrailles dégradées et inutiles… »

    La société moderniste et arrogante n’est donc pas moderne du tout. Elle a multiplié par dix-neuf mille la dette américaine et les autres. Et ce bazar durera tant que les banques centrales pourront se permettre de faire bonne impression.

    Certains disent que ce sera éternel.

    http://www.voxnr.com/6724/comment-gramsci-decrit-la-degenerescence-socialiste

  • Lorsqu'un simple citoyen s'exprime pour faire gagner la France

    3478001762.jpgDans cet ouvrage, l'auteur fin observateur de la vie politique et publique fait une analyse de la situation économique et politique de la France et de sa gouvernance. Il démontre avec pertinence l'absence de bon sens des gouvernements qui se sont succédés depuis des décennies. Il ne se contente pas de critiquer, il apporte la preuve que la France peut redevenir une puissance internationale, au sein d'une Europe forte. Il démontre aussi, que les déficits des comptes sociaux et le chômage, ne sont pas une fatalité, et que des solutions existent, pour redresser notre pays à tous les niveaux.

    A ce jour, aucun parti ou homme politique n'a de telle mesures dans son programme et pourtant, vous constaterez, en étant comme l'auteur un simple citoyen, que les idées proposées découlent du bon sens, et pour certaines seraient très facile à mettre en œuvre et rapidement.

    Vous pouvez commander cet ouvrage de Francis Bocquillet (194 pages, 12 €) aux Editions du Bon sens 3, rue Jean Mermoz 02500 Aubenton

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • « Adieu l’Argent-roi ! / Place aux héros européens » de Marc Rousset

    Critique de la civilisation de l’Argent / Apologie de l’Héroïsme

    modele-2-588x310.jpgCet ouvrage est la suite, à un siècle de distance, de  Händler und Helden  (Commerçants et Héros) écrit à Leipzig en 1915, mais jamais traduit en français, par le sociologue allemand Werner Sombart, à la lumière des réflexions sur l’héroïsme grec du regretté Dominique Venner.

    L’héroïsme n’est plus une valeur directrice dans l’imaginaire européen alors que pendant quinze siècles, la pire des choses en Europe était de « préférer la vie à l’honneur et pour garder la vie de perdre la raison de vivre ». Nous vivons l’époque de la civilisation individualiste de l’argent, de la civilisation hédoniste matérialiste sans idéal, sans âme, sans courage, sans héroïsme.

    Selon le philosophe allemand Peter Sloterdijk, la France, comme la plupart des autres pays européens a cru bon après Mai 1968 de « sortir de l’héroïsme par le consumérisme ». Aujourd’hui la seule discrimination tolérée entre les hommes est celle de l’argent. Toutes les autres formes de discrimination nationale, ethnique, religieuse, culturelle sont devenues illégitimes.

    Le carriérisme sans âme et la consommation matérialiste effrénée en guise de bonheur ont remplacé dans l’esprit de nos contemporains l’idéal, la vocation, le sens de la transcendance, du sacré, le courage, le goût de l’effort, du dépassement, du don de soi, de donner un sens plus élevé à son existence

    L’homme ne peut accepter de donner sa vie que pour sa famille, une collectivité, une nation, une culture, une civilisation, une foi, une croyance. On ne meurt pas pour une société individualiste et matérialiste qui n’a rien d’autre à offrir à sa jeunesse que le sexe et l’argent.

    L’esprit est plus fort que la matière : c’est parce qu’elle l’a oublié que la civilisation européenne est sur le déclin. L’Europe du XXIe siècle retrouvera son âme ou disparaitra. Pour y parvenir et permettre le renouveau de la civilisation européenne, un seul moyen : une révolution conservatrice des mentalités, des valeurs et de l’éducation.

    Tout au long du XXe siècle, les Européens n’ont cessé de répéter aux Américains que l’argent n’était pas tout. C’est maintenant au Vieux Continent de retrouver ses valeurs structurantes fondamentales et de mettre son ancien conseil en pratique.

    Selon Antoine de Saint Exupéry « Le bonheur est une récompense et non un but ». Etre heureux ne signifie pas être riche et posséder. Ce n’est pas l’argent, mais le sens que l’on donne à sa vie qui rend heureux.

    Un livre de référence sur l’antinomie argent/héroïsme encore plus important à l’heure du terrorisme islamiste !

    Marc Rousset, Adieu l’Argent ! / Place aux héros européens, éditions Godefroy de Bouillon, septembre 2016, 500 pages.

    Image : 1re de couverture

    Contact : Editions Godefroy de Bouillon, 119 rue Lecourbe, 75015 Paris,
    Tél : 0984559090 ou 0145821661, Courriel : editions@godefroydebouilon.fr
    http://godefroydebouillon.fr et payer par chèque ou carte de crédit.

    Marc Rousset, diplômé H.E.C, Docteur ès Sciences Economiques, MBA Columbia University, AMP Harvard Business School, a occupé pendant 20 ans des fonctions de Directeur Général dans les groupes Aventis, Carrefour et Veolia. Il est l’auteur de Pour le Renouveau de l Entreprise (préface de Raymond Barre, aux Editions Albatros, 1987), Les Euroricains (préface d Yvon Gattaz de l’Institut, aux Editions Godefroy de Bouillon, 2001), La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou (préfacé par le Professeur Roubinski de l’Académie des Sciences de Russie, aux Editions Godefroy de Bouillon 2009, a connu un très grand succès tant en France qu’en Europe et en Russie).

    http://www.polemia.com/adieu-largent-roi-place-aux-heros-europeens-de-marc-rousset/#prettyPhoto

  • Le destin géopolitique de la France

    Alors que l'Histoire de l'Humanité - du moins sur les plans géopolitique et idéologique - est peut-être en train de vivre un tournant, avec la réémergence de la Russie et de la Chine, la phase, espérons-le, finale de la mort du système libre-échangiste globalisé, on est en droit de se demander quel rôle jouera la France dans ce nouveau monde. Ce n'est pas par l'analyse des événements mineurs et de courte durée que l'on peut anticiper quoi que ce soit quant à l'avenir de la France. La prospective se fait sur les constantes de longues durées, les données lourdes qui pèsent de manière permanente sur l'Histoire.

    L’acte de naissance de la France

    Il convient, si l'on veut tracer la trajectoire d'un mouvement historique, d'une entité politique, de revenir à son point de départ, l'origine de son impulsion et son arkhè (l'origine, le principe qui commande et qui oriente).

    Dans le cas de la France, qui d'autre que le grand historien Jacques Bainville(1) pour nous donner à la fois le contexte et les causes de sa naissance ? Il écrivait dans son Histoire de France (1924) :

    « Depuis longtemps déjà l'Empire romain agonisait. En mourant, il laissait une confusion épouvantable. Plus d'autorité. Elle tomba naturellement entre les mains de ceux qui possédaient l'ascendant moral : les évêques. On se groupa autour de ces "défenseurs des cités"... Rétablir une autorité chez les Gaules, obtenir que cette autorité fût chrétienne et orthodoxe, telles furent l'idée et l'œuvre du clergé.

    Deux hommes d'une grande intelligence, le roi Clovis et l'archevêque de Reims, saint Rémi, se rencontrèrent pour cette politique. Mais on aurait peine à comprendre le succès si l'on ne se représentait l'angoisse, la terreur de l'avenir qui s'étaient emparées de populations gallo-romaines depuis que manquaient Rome et sa puissante protection... La Gaule romaine désirait un pouvoir vigoureux. C'est dans ces conditions que Clovis apparut.

    À peine Clovis eut-il succédé à son père Childéric qu’il mit ses guerriers en marche de Tournai, sa résidence, vers le centre du pays. Il entreprenait de dominer les Gaules. À Soissons, gouvernait le "patrice " Syagrius, pâle reflet de l'empire effondré. Saint Rémi vit que le salut n'était pas là. Quelle autre force y avait-il que le Barbare du Nord ? Qu'eût-on gagné à lui résister ? Clovis eût tout brisé, laissé d'autres ruines, apporté une autre anarchie. Il y avait mieux à faire : accueillir ce conquérant, l'aider, l'entourer pour le mettre dans la bonne voie. De toute évidence, c'était l'inévitable. Il s'agissait d'en tirer le meilleur parti pour le présent et pour l'avenir.

    Clovis, de son côté, avait certainement réfléchi et mûri ses desseins. Il était renseigné sur l'état moral de la Gaule. Il avait compris la situation. Ce Barbare avait le goût du grand et son entreprise n 'avait de chances de réussir, de durer et de se développer que s'il respectait le catholicisme, si profondément entré dans la vie gallo-romaine...

    Il fallait encore que Clovis se convertît. Sa conversion fut admirablement amenée. Ce Barbare savait tout : il recommença la conversion de l'empereur Constantin sur le champ de bataille. Seulement lorsque, à Tolbiac (496), il fit vœu de recevoir le baptême s'il était vainqueur, l'ennemi était Allemand. Non seulement Clovis était devenu chrétien, mais il avait chassé au-delà l'ennemi héréditaire.

    On peut dire que la France commence à ce moment-là. Elle a déjà ses traits principaux. Sa civilisation est assez forte pour supporter le nouvel afflux des Francs, pour laisser à ces Barbares le pouvoir matériel. Et elle a besoin de la force franque. Les hommes, elle les assimile, elle les polira.

    Comme sa civilisation, sa religion est romaine, et la religion est sauvée : désormais le fonds de la France religieuse, à travers les siècles, sera le catholicisme orthodoxe. Enfin, l'anarchie est évitée, le pouvoir, tout grossier qu'il est, est recréé en attendant qu 'il passe en de meilleures mains, et ce pouvoir sera monarchique. Il tendra à réaliser l'unité de l'Etat, l'idée romaine aussi. Rien de tout cela ne sera perdu. À travers les tribulations des âges ces caractères se retrouveront. »(2)

    Le rôle universaliste de la France : du catholicisme aux Lumières

    Ces éléments constitutifs de la France que sont la monarchie et le Catholicisme, incarnés respectivement par le roi et le Pape (l'Eglise), c'est précisément ce que la Révolution détruira, pour les remplacer immédiatement par des institutions de substitution ; puisque leur objectif sera d'universaliser la Révolution sur le modèle du catholicisme (dont l'étymologie est catholicus, qui signifie universel). Il s'agit donc d'une contre-monarchie (la République) et d'un contre-catholicisme (la Révolution des Lumières).

    Sa position géographique, ses composantes "ethniques" et anthropologiques (synthèse de l'Europe méditerranéenne, latine, et germanique), son rôle religieux - du fait qu'avec le baptême de Clovis, le sacre royal et la dépendance qu'il induit à l'égard de la catholicité romaine se sont répandus dans toute l'Europe -, la France était à la fois la cible prioritaire (pour détruire l'ordre ancien et traditionnel) et le siège à partir duquel les Révolutionnaires voulaient répandre le messianisme des Lumières dans toute l'Europe, comme le Catholicisme avant lui.

    Ceci, l'anthropologue et psycho-sociologue Gustave Le Bon (1841-1931) l'avait saisi lorsqu'il écrivait : « Les violences de la Révolution, ses massacres, son besoin de propagande, ses déclarations de guerre à tous les rois, ne s'expliquent bien que si l'on réfléchit qu'elle fut simplement l'établissement d'une nouvelle croyance religieuse dans l'âmes des foules. »(3)

    C'est bien ce qu'a expliqué sans détour Vincent Peillon, ancien chercheur et ministre, dont les travaux ont porté sur les origines de la laïcité :

    « On ne peut pas faire une révolution uniquement dans la matière, il faut la faire dans les esprits. Or, on a fait la révolution essentiellement politique, mais pas la révolution morale et spirituelle. Et donc on a laissé le moral et le spirituel à l'Eglise catholique... Il faut remplacer ça... Il faut inventer une religion républicaine. Cette religion républicaine qui doit accompagner la révolution matérielle, mais qui est la révolution spirituelle, c'est la laïcité... »(4), et il écrit dans un autre ouvrage : « Toute l'opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la nature de la religion, de Dieu, du Christ et à terrasser définitivement l’Église. Non pas seulement l'Eglise catholique, mais toute Eglise et toute orthodoxie... »(5)

    Si l'on ne remet pas la Révolution française dans une perspective de longue durée en intégrant les constantes historiques et les actes fondateurs de la nation française, l'on ne peut comprendre la géopolitique européenne et eurasiatique contemporaine.

    De la république à l’Union européenne

    L'une des innovations les plus importantes qu'apportera la Révolution des Lumières et qui aura une incidence majeure et durable sur la politique française et européenne, est le transfert de souveraineté de Dieu à la Nation6. Transfert de souveraineté inscrit dès le lendemain de la Révolution dans l'article 3 de la Déclaration de 1789 : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément », puis dans l'article 1 de la Constitution de 1791 : « La Souveraineté est une, indivisible, inaliénable et imprescriptible. Elle appartient à la Nation. »

    Cette perversion (au regard de l'histoire, du droit naturel, et bien sûr de la théologie dont est issu le concept de souveraineté) de l'essence de la souveraineté, ouvrira la voie au transfert de souveraineté de la Nation à l'Union européenne.

    Ceci n'est pas apparu aux analystes car ils n'ont pas vu que la souveraineté ne saurait être dissociée de Dieu qui confie cette même souveraineté à un lieutenant (le roi) qui en est le dépositaire et qui exerce son pouvoir sur un territoire donné. Dès lors que l'on dissocie la souveraineté du pouvoir spirituel, de Dieu, le pouvoir ne vient plus d'en haut (le Royaume des cieux) mais d'en bas (la Nation), ses principes ne découlent plus du droit naturel et peuvent être alors altérés ou tout simplement abolis.

    Il fut alors d'autant plus aisé de confisquer les pouvoirs régaliens de la République - comme celui de battre monnaie (la BCE qui remplace la Banque de France) et d'émettre des lois (le Parlement européen se substituant au Parlement français), sans parler de la diplomatie et de l'armée nationale qui est pilotée par l'OTAN - pour les confier à l'OTAN et à l'Union européenne(7).

    Mort de l’Union européenne et renaissance de la France ?

    Le système de libre-échange conjugué à l'euro (dont résulte la récession économique et le chômage de masse8), la perte de souveraineté (dans tous les domaines) et la soumission à des puissances étrangères (Etats-Unis, Israël...), la corruption de la classe politique provoquent un rejet complet de l'Union européenne par le peuple français et les autres peuples d'Europe.

    L'UE est donc en danger de mort - le Brexit et l'élection de Donald Trump aggravent son cas -, et l'oligarchie composite qui la pilote en est consciente.

    C'est certainement pour cette raison que Hubert Védrine, l'ancien ministre des Affaires étrangères (1997-2002) qui bénéficie d'une grande crédibilité et d'une image de démocrate-souverainiste, vient de publier un livre au titre explicite (Sauver l'Europe, novembre 2016) dans lequel il propose une nouvelle Union européenne « préservant la souveraineté des nations ». Hubert Védrine propose en somme de transformer l'Union européenne, de la réformer afin de la sauver de la colère des peuples.

    Lors d'une interview accordée à RFI (Radio France Internationale) en novembre 2016, il résuma son projet pour sauver la maison UE en ruine : « Je pense qu 'on peut avoir des institutions différentes, repensées, corrigées, allégées, fonctionnant de façon subsidiaire, que ça donnerait beaucoup d'oxygène aux démocraties nationales et qu'on s'y retrouverait mieux entre les leaders, les dirigeants et les peuples. Mais je ne crois pas à la dislocation complète non plus et je ne la souhaite évidemment pas. »(9)

    L'objectif - ou plutôt le piège - est d'assouplir les institutions européennes afin qu'elle ne se brisent pas sous la pression des peuples.

    Si les États-Unis, sous Donald Trump, réforment l'OTAN, se détournent de l'Europe pour l'Asie (comme proposé par Zbigniew Brzezinski(10), l'Union européenne en serait plus affaiblie encore et pourrait s'effondrer sous les coups de boutoirs populaires. Si dans la même séquence la classe politique française est balayée - qui sait sur quoi déboucheront les élections présidentielles de 2017 ; peut-être un bouleversement politique ? - et renouvelée, la France pourra peut-être de nouveau jouer son rôle à l'échelle européenne.

    Ce sur quoi il faut parier pour anticiper les événements, ce sont les constantes historiques qui ont toujours raison des variables.

    Jean Terrien. Rivarol du 24 novembre 2016

    1) Sur la méthodologie de Jacques Bainville voir : Pierre Hillard, La marche irrésistible du nouvel ordre mondial, éd. François-Xavier de Guibert, 2007, chapitre V : Jacques Bainville, un modèle pour comprendre l'avenir.

    2) Jacques Bainville, Histoire de France, 1924, chapitre 1 : Pendant cinq cents ans, la Gaule partage la vie de Rome.

    3) Gustave Le Bon, La psychologie des foules, 1895.

    4) Vincent Peillon, La Révolution française n 'est pas terminée, Seuil, 2008, p. 162.

    5) Vincent Peillon, Une religion pour la République : La foi laïque de Ferdinand Buisson, Seuil, 2011, p. 277.

    6) Sur le transfert de souveraineté voir : Youssef Hindi, Les mythes fondateurs du Choc des civilisations, Chapitre V : 7) Religion et modernité, laïcité et souveraineté divine, Sigest, 2016.

    8) Sur l'Union européenne comme marchepied vers une gouvernance mondiale, voir : Pierre Hillard, op. cit.

    9) Sur le sujet voir : Jacques Sapir, La démondialisation, Seuil, 2011.

    10) Voir l'interview : <http ://www.rfi.fr/ video/20161118-hubert-vedrine-sauver-europe>.

    Zbigniew Brzezinski, Toward a Global Realignment, The American Interest, 17104/2016. Paru in : Volume 11, Numéro 6