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culture et histoire - Page 1090

  • Cheyenne Carron : "la question identitaire me semble cruciale"

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    Le film « La Chute des Hommes » réalisé par Cheyenne Carron sort au cinéma le 23 novembre. À travers trois destins croisés, il aborde le thème de l’enfer islamiste, mais aussi de la rédemption. Entretien avec une cinéaste hors normes, au regard libre et très personnel.

    Née de parents kabyles et placée à l'âge de 3 mois dans une famille d'accueil française, Cheyenne Carron a été baptisée à l'âge de 38 ans. Autant dire qu'elle porte un regard très personnel et très riche sur les questions d'identité personnelle qui nourrissent souvent ses films. La cinéaste engagée a réalisé dix films, dont « L'Apôtre » en 2014, qui a remporté le prix de la fondation Capax Dei. Elle a autoproduit son dernier long métrage, « La Chute des Hommes ».

    Pourquoi ce titre de « La Chute des Hommes » ?

    « La Chute des Hommes », c'est l'histoire des hommes qui sans cesse se répète ; les hommes se font des guerres parce qu'ils ne parviennent pas à rester humbles face à l'Autre et qu'ils veulent sans cesse dominer et peut-être aussi que cette chute pour mes personnages est une nécessité pour mieux se relever. 

    Cet extrait signifie-t-il que vous êtes optimiste pour l'avenir de la France ? Pensez-vous que l'héritage chrétien et laïc de la France est une protection pour combattre l'Islam radical ?

    Oui, je suis plutôt optimiste. De tout temps, il y a eu des fins de cycles, mais cela implique aussi des renaissances. Les nations d'Europe renaîtront, mais pour cela, il est important de ne pas oublier d'où l'on vient. C'est-à-dire que pour être fort, il faut être capable de porter un héritage et de le léguer à son tour. La question identitaire me semble cruciale.

    L'Europe porte une âme chrétienne, mais aussi un magnifique héritage païen, il est important qu'elle s'en souvienne. Car c'est en étant forte de ce qu'elle est qu'elle sera respectée et appréciée des gens venus d'ailleurs. Je le dis sans mépris pour ces "gens", car moi-même j'en fais partie. 

    Que l'on égorge un prêtre dans une église, alors qu'il célèbre une messe, a été un événement d'une gravité extrême. Rien n'est plus grave que cela. Trois heures après le crime, je me suis d'ailleurs rendue sur place. Je devrais vous dire qu'en tant que chrétienne, je pardonne, car c'est comme cela qu'on m'a éduquée, mais en réalité il n'en est rien… peut-être ne suis-je pas une très bonne chrétienne ?​ ​​​​​​

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • "Evangéliser la soif d’identité"

    De Guillaume de Prémare, délégué général d'Ichtus :

    "Les crèches de Noël ressurgissent régulièrement dans le débat public. Il s’agit cette fois de la présence de crèches dans les mairies, sur laquelle le Conseil d’Etat est appelé à trancher. Il faut préciser que les crèches publiques ne constituent pas une revendication communautariste des chrétiens. Elles sont des initiatives profanes. Alors, nos crèches chrétiennes sont-elles les otages d’une guerre culturelle ?

    Des chrétiens s’en inquiètent : et la foi dans tout ça ? Il y a ici une crainte légitime de sécularisation purement culturelle et de récupération politique. Cependant, la reconnaissance par le rapporteur du Conseil d’Etat de la légitimité culturelle de la crèche publique ne porte pas de préjudice à la foi, notamment parce que la tradition de la crèche publique vient de la foi manifestée dans la culture commune.

    Dieu merci, la crèche est donc encore dans notre culture commune, comme témoin visible de la foi ; et non confinée dans nos églises et nos maisons. D’une certaine manière, dès lors qu’un symbole chrétien entre dans le « commun », il n’appartient plus aux seuls chrétiens. Aimer et faire vivre le symbole sans avoir la foi a du sens, tant le fait religieux produit et contient un fait socioculturel qui a sa valeur.

    Pour les chrétiens, il y a une forme de dépossession, c’est vrai. L’insécurité culturelle qui touche la sociologie des profondeurs de notre pays fait naître une forte soif d’identité, laquelle s’exprime aussi à travers les symboles chrétiens ; notamment en réaction à cet l’islam visible qui passe au révélateur notre propre vide religieux.

    Il y a ici un risque : la réduction de la religion à une fonction de cohésion socioculturelle ; voire le travestissement du christianisme en une religion identitaire qui dilue la foi. Il faut cependant prendre garde de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Si les chrétiens érigent des murs autour de la soif d’identité, ils manqueront la responsabilité d’évangéliser cette périphérie existentielle populaire qu’est l’insécurité culturelle.

    La foi produit une culture

    Ceux – agnostiques ou chrétiens « culturels » – qui sont attachés à la culture chrétienne et cherchent à s’y raccrocher ont raison parce qu’elle est belle et qu’elle nous constitue à travers une histoire commune. Les chrétiens devraient-ils les rejeter ou mépriser leurs aspirations ? Au contraire, les chrétiens peuvent leur appliquer la méthode prônée par le pape François vis-à-vis de ce qu’il nomme les périphéries existentielles : « accueillir, accompagner, discerner et intégrer ».

    Rappelons-nous l’enseignement de Benoît XVI aux Bernardins : ce qui est premier, c’est la foi, laquelle produit une culture ; et cette culture devient en retour un témoin et vecteur de la foi.Notre mission est de décrypter le beau qui se déploie à travers les églises, les calvaires, les crèches, l’art sacré, les traditions populaires, etc. Notre mission est de montrer que ce sont des témoignages visibles et vivants de la foi d’un peuple et d’une nation ; et non un simple estimable musée.

    Ce temps historique troublé ouvre la porte de la foi, donne aux chrétiens la possibilité d’expliquer que sans la foi, la culture perd sa sève et se meurt et qu’il serait illusoire de penser en faire vivre la beauté si l’on ne revient pas dans nos églises pour y chercher Dieu. Il s’agit donc d’évangéliser la soif d’identité."

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Grandeur et décadence des nouveaux enfants du siècle Dernier inventaire générationnel avant liquidation

    Dans « Les nouveaux enfants du siècle », le journaliste Alexandre Devecchio ausculte les trois facettes d'une génération radicale révoltée contre la fin de l'Histoire : souverainiste, identitaire et... djihadiste. Passionnant. Ainsi, la réflexion de Théophane Le Méné [Causeur - 4.11] nous a vivement intéressés. Toutefois, s'agissant de « la réconciliation de la nation et de la République », nous dirons franchement que nous n'en voyons pas trace. Et qu'elle ne nous paraît nullement souhaitable. Nous dirions plutôt : « la réconciliation de la nation avec elle-même ». Ce qui, nous semble-t-il,  aurait une tout autre portée. Lafautearousseau

    « Nous sommes les enfants de personne » assenait il y a quelques années Jacques de Guillebon dans un livre qui se faisait fort de dénoncer le refus d’une génération de transmettre à l’autre l’héritage culturel et spirituel de notre civilisation, préférant se vautrer dans le relativisme et l’adulation de la transgression. Douze ans ont passé. Et de ce reproche, il n’y malheureusement rien à redire. Mais il y a à ajouter. Car la France a vu ressurgir les faits sociaux quand ce n’était pas la barbarie ; et c’est précisément à partir de ce postulat que le brillant journaliste et désormais essayiste Alexandre Devecchio a enquêté avec une rigueur qu’il convient de saluer.

    Génération radicale

    Lorsqu’on n’a plus de repères, et a fortiori de pères, certaines figures putatives viennent naturellement combler ce vide dont nous avons horreur. Car plutôt que de se désoler d’une filiation disparue, pourquoi ne pas s’en inventer une à travers certains hérauts qui, depuis quelques années, de manière différente et plus ou moins controversée, n’ont jamais accepté l’empire du bien auquel a succédé l’empire du rien ? C’est ainsi que toute une génération, sur le même constat d’une civilisation dévastée, se retrouve désormais au carrefour tragique d’une certaine radicalité d’où partent en étoile des destins.

    Il y a la génération Dieudonné. L’humoriste fut nourri au lait de l’antiracisme en même temps qu’on le sommait – comme à tant d’autres – d’exacerber son identité. Quelques années plus tard, le voilà désormais à souhaiter le déclin de la France tout en célébrant l’antisémitisme et en mettant à l’honneur une jeunesse de banlieue, pour la plupart désœuvrée, essentiellement issue de l’immigration maghrébine. Cette jeunesse souvent ignorante, en mal d’espérance n’est ni Charlie ni Paris, ni Cabu ni Hamel ; en réalité elle ne se veut rien qui pourrait la confondre avec ce qui, paradoxalement ou non, fait la France. Ce n’est pas le social, ni une quelconque politique de la ville qui motive son combat. En quête d’un grand récit, d’une épopée, d’une mystique, d’un combat métapolitique, elle se voue à l’islamisme et à ses formes étatiques car « pour ces enfants du siècle, le djihadisme constitue la réponse rivale maximale au vide métaphysique de l’Europe, une manière de dire non à la fin de l’histoire. »

    Zemmour et Michéa

    La génération Zemmour est assurément de l’autre bord. L’auteur du « Suicide français » a su cristalliser les angoisses de ceux qu’Aymeric Patricot a osé appeler « les petits blancs » ; de ceux que Bernard Henri Lévy jugeaient odieux parce qu’ils étaient « terroirs, binious, franchouillards ou cocardiers ». De condition modeste, frappée du mal de l’identité malheureuse, ayant le sentiment d’avoir été dépossédée par l’Europe, l’immigration, le marché et la mondialisation, cette jeunesse reconnaît à Eric Zemmour de savoir mettre des mots sur les maux, sans faux-semblant, avec intelligence et une certaine aura. Elle ne supporte plus les accusations lancinantes d’une élite déconnectée qui se targue détester les siens et s’aime d’aimer les autres. Et semble appeler de ses vœux une révolution conservatrice tout en vibrant au discours d’une Marion Maréchal-Le Pen à la Sainte-Baume : « Nous sommes la contre-génération 68. Nous voulons des principes, des valeurs, nous voulons des maîtres à suivre, nous voulons aussi un Dieu ».

    La génération Michéa est sans aucun doute la plus complexe. Elle doit au philosophe d’avoir théorisé à travers de nombreux ouvrages l’alliance objective du libéralisme et du libertarisme et d’avoir exposé les conséquences d’un Etat libéral philosophiquement vide, qui laisse le marché remplir les pages laissées en blanc, tout en instillant sa morale aux hommes. Pour la plupart issus des rangs de la Manif pour Tous, hier enfants de bourgeois, ces jeunes sont devenus l’armée de réserve d’un combat culturel qui ne dit pas encore son nom. Ils ne veulent plus jouir sans entraves ; ils ne veulent plus de ce marketing agressif, de ce déracinement identitaire, de ce décérébrage médiatique, de ce relativisme moral, de cette misère spirituelle, de ce fantasme de l’homme autoconstruit. Face à ce système déshumanisant, l’écologie intégrale qu’ils proposent offre une alternative radicale: moins mais mieux! Indissolublement humaine et environnementale, éthique et politique, elle considère la personne non pas comme un consommateur ou une machine, mais comme un être relationnel qui ne saurait trouver son épanouissement hors-sol, c’est-à-dire sans vivre harmonieusement avec son milieu, social et naturel. Dans la conception de leur principe, l’écologie intégrale ne sacralise pas l’humain au détriment de la nature, ni la nature au détriment de l’humain, mais pense leur interaction féconde.

    Entre ces trois jeunesses rebelles, la conjonction est improbable, mais l’affrontement est-il impossible, interroge l’auteur ? « Le fait est que, aujourd’hui, ces trois jeunesses se regardent en chien de faïence. Si elles venaient à s’affronter, ce serait parce que, plus largement serait advenu la guerre de tous contre tous ». Depuis plusieurs années le tocsin sonne. Pour répondre à ce défi, le journaliste veut voir quelques prémisses : le retour d’un grand récit national, la fin du multiculturalisme en même temps que de l’uniformisation planétaire, l’assimilation, la réconciliation de la nation et de la République. « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve » disait le poète Hölderlin. Alexandre Devecchio n’affirme pas autre chose lorsqu’il déclare: « Si le pire n’est pas certain, c’est aux enfants du siècle, et sans doute grâce à leur esprit insurrectionnel que viendra sublimer quelque miraculeuse inspiration, que nous devrons de l’avoir conjuré ». Dieu, s’il existe dans ce nouveau siècle, veuille qu’il ait raison.   

    Théophane Le Méné

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Dans le nouveau numéro (n°44, sortie mardi prochain) de Synthèse nationale : un entretien avec Steven Bissuel, porte parole du GUD

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