Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1088

  • Témoin de l'enfer

    Chaque année, au mois de novembre, le Piéton du roi lit ou relit un ouvrage sur la Grande Guerre en souvenir de ses grand-pères qui la firent et en revinrent, l'un comme infirmier, l'autre comme chasseur alpin (au 7). J'ai connu d'autres anciens combattants de 14-18 dans la famille et j'ai retenu des récits qu'il fallait leur arracher l'étroitesse de la vision qu'ils en avaient rapportée. La guerre les dépassait et continuait à les dépasser après qu'ils en eurent franchi le terme par un hasard extraordinaire, seuls restaient les souvenirs de l'effroi, l'horreur et la camaraderie, le séisme des pilonnages, l'extermination de compagnies entières en une ou deux nuits, les salles immenses de blessés et mourants, le concert ininterrompu des gémissements de douleurs. On n'imagine pas ! Cette année, j'ai lu les mémoires d'un simple soldat des transmissions au 162è RI de Verdun. Il écrit bien. C'est un étudiant en médecine de Bordeaux, mobilisé dans l'infanterie qui manquait de "chair". La guerre est vue de la même façon, comme à travers une meurtrière très fine qui ne permettrait de ne voir qu'un angle étroit de l'espace et ce pour une raison technique assez simple : toute la pose des lignes de communications devait se faire de nuit à peine de déclencher un barrage d'artillerie destiné à les couper. Le jour, l'escouade s'enfouissait en espérant que rien ne tombe pile sur le poste, ce qui arrivait malgré tout. La nuit, on travaillait dans la terreur. Pas le temps de prendre du recul sur la stratégie de la guerre !
    Les livres de combattants racontent tous les mêmes scènes de la vie quotidienne : l'alimentation difficile, les marches de nuit, les gaz, la soif, le courrier, les bombardements, les assauts, les cadavres pourris, les blessures, les copains morts, les rats, les ordres pas toujours compréhensibles. Quatre faits font exception à cette routine dans les mémoires du simple soldat¹ :
    (i) Le colonel commandant le cent-six-deux, qui tout seul et par deux fois mate la révolte de ses troupes en juin 1917 ;
    (ii) La saleté repoussante des abris et tranchées allemandes reprises, et en 1918 l'abandon systématique de matériel et armement par les Boches qui retraitent volontairement, signalant un effondrement moral des armées impériales ;
    (iii) Le travail de formation d'unités américaines composées de bleus que les Poilus appelaient "les Sioux", qui suscitaient un immense respect pour avoir traversé l'océan afin de défendre une terre qui n'était pas la leur ;
    (iv) Le renfort décisif des tirailleurs sénégalais à la bataille du Matz (29è BTS, Compiègne, juin 1918) qui colmatent la brèche ouverte par les Boches dans les lignes du 162è, du 66è et du 32è RI, donnant l'assaut à la baïonnette sur deux cents mètres et sauvant les meubles.
    Nous allons finir sur l'engagement des Sioux entre Meuse et Moselle à Flirey en mai 1918. Le 162 et le 151è RI sont montés de Toul pour relever un régiment de zouaves de la Division marocaine qui a fait un carnage dans les rangs ennemis. Les accompagnent des régiments de la 26è "Yankee" Divison du Massachussets qui ont fini leur instruction et ont été exposés au feu pour une première fois au Bois Brûlé de la forêt d'Apremont et à Seicheprey. Laissons parler Cuvier qui relate ses souvenirs sans pathos commercial (p.158):
    Les Boches ont voulu "tâter" les Américains et connaître leur valeur exacte. Une forte attaque par des stosstruppen³ s'est déclanchée de nuit, sur notre gauche, après un fort marmitage. Les heures d'écoute à l'ampli, où parviennent toutes les conversations téléphoniques du secteur, sont très édifiantes. Dès la première alerte, le général américain appelle le colonel Bertrand. Dans son français spécial, il lui tient en substance ce langage : « Nous sommes vos élèves, nous agissons sous votre direction, vous pouvez compter sur nous pour tenir ». En effet, les premières lignes sont emportées, mais les secondes résistent et, en fin de compte l'ennemi est arrêté. Le lendemain notre Bataillon de réserve part à la contre-attaque, reprenant le terrain perdu. Les Boches tentent de « remettre ça », mais la surprise passée, les Sioux se cramponnent, et peu à peu le secteur redevient calme. Des téléphonistes qui travaillèrent dans la zone du combat, ont vu le bled parsemé d'Américains tués, la baïonnette au canon de leur fusil, témoignant de leur résistance et de leur courage.
    Le soldat Cuvier termine ses mémoires par une prière de Louis Mercier² avec laquelle nous finirons aussi, avant de nous retirer sur la pointe des pieds ; ils sont tous morts maintenant, ou presque tant que vivront ceux qui les ont connus, puis à notre propre mort, ils entreront dans l'histoire, la grande, celle qui fait les géants !
    Seigneur, nous vous prions pour ceux d'entre nos frères
    Qui sont vivants ce soir et seront morts demain.
    Donnez à leur départ le temps d'une prière
    Et prenez doucement leurs âmes dans vos mains.
    (1) La Guerre sans galon de Georges Cuvier aux Editions du Combattant, Paris
    (2) Prières de la tranchée de Louis Mercier à la Librairie Lardanchet, Lyon 1917 (clic)
    (3) Bataillons de choc allemands
    http://royalartillerie.blogspot.fr/

  • Mathieu Bock-Côté : la crèche et la nation

    FIGAROVOX/CHRONIQUE - Ce mercredi, le Conseil d’État rend sa décision relative à la place des crèches dans les bâtiments publics. Pour Mathieu Bock-Côté, si toutes les convictions sont égales devant la loi, toutes les traditions religieuses ne le sont pas devant la mémoire. 

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

    Rares sont ceux, probablement, qui n’abordent pas avec une certaine perplexité la querelle entourant la place accordée ou non à la crèche dans les bâtiments publics. Non pas qu’elle soit sans intérêt : au contraire, cette querelle pose la question du rapport de la nation française avec le catholicisme, qui l’a marqué d’une profonde empreinte, et qui est encore agissant en elle, malgré la sacralisation de la laïcité républicaine. N’est-il pas légitime que l’identité historique d’une nation s’inscrive de différentes manières au cœur de ses institutions ? En fait, on se demande comment on peut voir dans la présence publique de ce symbole un scandale, à une époque où le catholicisme n’a plus rien de conquérant et semble surtout demander qu’on reconnaisse sa valeur patrimoniale. Faut-il vraiment s’offusquer de cette trace visible de la religion du pays dans ses institutions ? La crèche compromet-elle sérieusement la laïcité ? Qui s’imagine vraiment que le catholicisme français témoignerait ici d’un fantasme de la restauration ? […]

    La suite sur Le Figaro

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Mathieu-Bock-Cote-la-creche-et-la

  • I MEDIA S03E38 France Télévisions : De plus en plus chère et de moins en moins d’audiences

  • La pensée royaliste : La Providence et la Révolution (2ème partie)

     La Foi de Maistre en la Providence que nous exposions précédemment n’en fait pas un fataliste, un impassible qui excuse tout aux révolutionnaires sous prétexte qu’ils avançaient dans le sens de l’histoire ou qui se résigne aux ordres du destin. Non, il n’est pas de ceux qui louent les principes de la révolution et en blâment les prétendus abus et prétendent que la mort du roi est triste mais qu’elle était nécessaire ! Pour lui, la révolution est à rejeter tout entière : « Ce qui distingue la révolution française et ce qui en fait un événement unique dans l’histoire, c’est qu’elle est mauvaise radicalement. »

     Pourtant le catholicisme enseigne que Dieu aime les hommes et ne veut pas leur mort, qu’Il n’est l’auteur du péché. Comment donc la Providence a-t-elle pu mener un événement aussi détestable ? La réponse se trouve pour Joseph de Maistre chez saint Thomas d’Aquin : Dieu est l’auteur du mal qui punit, non de celui qui souille. Cette phrase est bien dure à entendre pour nous mais il ne faut pas se voiler la face : les Français ont mérité un tel châtiment d’abord parce qu’ils ont applaudi Voltaire et Rousseau, ensuite parce qu’ils ont favorisé les débuts de la révolution et parce qu’aujourd’hui ils sont fiers d’être le peuple des droits de l’homme et de la laïcité. Et nous en sommes d’autant plus coupables que Dieu nous avait destinés à une mission beaucoup plus haute : « La France s’est servie de son influence pour contredire sa vocation et démoraliser l’Europe » écrit Joseph de Maistre dans sa prose sublime. La sainte Vierge elle-même n’a pas hésité à descendre du ciel pour nous le dire à La Salette  en 1846 : «  La France a perverti l’univers, elle sera punie ». Les malheurs qu’a subis la France à l’époque de Maistre et qu’elle subit aujourd’hui ne sont que des avertissements de la divine Providence pour nous détourner de nos idoles et nous ramener à notre Dieu et à la dynastie qu’Il nous a donnée.

    Avec de telles observations, d’aucuns pourraient sombrer dans un pessimisme stérile, pas Joseph de Maistre : il croit que la souffrance des innocents n’est jamais vaine. « Il n’y a point de châtiment qui ne purifie, il n’y a point de désordre que l’amour éternel ne tourne contre le principe du mal. » Il annonce que le clergé français ne trouvera dans les persécutions qu’un plus grand zèle et une plus grande sainteté pour les décennies futures. Comment ne pas lui donner raison lorsque l’on compare les abbés de cour, les moines paillards et les gallicans du XVIIIe avec le saint Curé d’Ars, dom Guéranger et Mgr Pie au siècle suivant ? La pensée providentialiste est donc une pensée pleine d’espérance, de cette sainte espérance que nous garderons quoiqu’il advienne.

    Julien Portal

    NDLR : vous pouvez retrouver la première partie de l’article sur ce lien : 1ère partie

    http://www.vexilla-galliae.fr/royaute/idees/2239-la-pensee-royaliste-la-providence-et-la-revolution-2e-partie

  • La pensée royaliste : La Providence et la Révolution (1ère partie)

    La République ne se lassera donc jamais de nous mentir ? Alors qu’elle prétend promouvoir le pluralisme, garantir la liberté d’expression et respecter tous les avis, elle ne laisse la parole qu’à ceux qui défendent ses principes et limite soigneusement la diffusion de la pensée monarchiste. Ainsi le plus éminent théoricien de la contre-révolution, Joseph de Maistre, souffre de cette lâche et hypocrite persécution à tel point qu’il n’est plus édité sans une préface pour nous avertir du caractère pernicieux et scandaleux de ce qu’on va lire ! Au jour anniversaire de la bataille de Jemmapes, il revient à Vexilla Galliae de rendre accessible cette pensée si riche et si profonde afin de fournir aux royalistes des moyens de faire face à la tempête et de préparer activement la restauration.

    Dans cette première partie, nous traiterons surtout de sa conception de Providence exposée dans les trois premiers chapitres des Considérations sr la France écrites et publiées en 1797.

    La pensée maistrienne repose sur une Foi indéfectible en la divine Providence. Il croit que Dieu intervient sans cesse dans l’histoire des hommes d’une façon qui leur échappe le plus souvent. Une telle conviction n’est pas une nouveauté : elle se trouve dans la Bible et chez tous les auteurs chrétiens, même certains païens comme Sénèque ou Cicéron en ont eu l’intuition. Cependant Joseph de Maistre  estime qu’il doit le rappeler au début de ses Considérations sur la France au moment où les prétendus philosophes professent partout que Dieu n’existe pas ou du moins (ce qui revient au même) il n’intervient pas dans nos affaires et que par conséquent l’homme est le seul maître de l’histoire. Aujourd’hui, alors que la pensée des soi-disant Lumières a perverti tous les esprits et que les candidats à la présidentielle s’imaginent capables de redresser le pays par leurs seules forces, il faut garder que la Providence mène les événements plus que les hommes. Il faut reconnaître avec humilité que dans nos ouvrages tout est faible, que notre vue est limitée, nos mouvements pénibles et nos résultats décevants. C’est la grande leçon de Joseph de Maistre. Si la Monarchie a pu accomplir de grandes choses, c’est parce que les rois savaient qu’ils n’étaient que les instruments de la Providence. Leur sacre leur rappelait que le pouvoir ne leur était conféré qu’à cette fin précise. S.A.R le duc d’Anjou n’a pas dit autre chose dans son discours à Reims il y a un mois : « Par le sacre, le divin et l’humain se conjuguaient pour permettre au roi d’exercer sa mission au service du bien commun. »

    Très vite se présente alors une objection : si Dieu veille sur le monde par sa Providence, pourquoi la révolution ? pourquoi l’assassinat sacrilège du 21 janvier ? pourquoi les massacres en Vendée, à Lyon et ailleurs ?

    Amateur de paradoxes, Maistre répond que précisément ces événements sont les signes les plus visibles de l’intervention divine dans l’histoire. En effet, à aucun moment par le passé, on a eu tant de peine de comprendre ce qui se passait. La révolution semble résister à toute analyse rationnelle, elle est aussi incompréhensible et aussi imprévisible qu’un arbre qui fleurirait en plein hiver. François Furet il y a vingt ans en arrivait à la même conclusion, les auteurs de cette tragédie eux-mêmes ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Il faut donc en conclure qu’elle est le fait d’une intelligence suprême qui nous dépasse. « On a remarqué avec raison que la Révolution mène les hommes plus que les hommes ne la mènent. » Il suffit de songer à Philippe Egalité, à Danton, à Robespierre, à tous ceux qui, après avoir favorisé la révolution, en ont été les victimes.

    Julien Portal

    Photo : Le comte de Maistre, Grand’Croix de l’ordre des Saints-Maurice et Lazare, Karl Vogel von Vogelstein, Musée d’art et d’histoire de Chambéry.

    http://www.vexilla-galliae.fr/royaute/idees/2238-la-pensee-royaliste-la-providence-et-la-revolution-1re-partie

  • Qu’est-ce que l’AF ?

    Les étapes de la fondation de l’Action française, des origines à 1914, nous renseignent avec précision sur sa nature.

    L’AF est à l’origine un groupe de réflexion, un rassemblement d’intellectuels patriotes sans préjugés politiques (notamment quant à la forme du régime) et décidés à rechercher les conditions d’un redressement national. De là découlent deux caractéristiques que le mouvement a conservées jusqu’à nos jours : la méfiance à l’égard des idéologies et la capacité à accueillir positivement toute pensée et toute action allant dans le sens de l’intérêt national, même quand elles sont le fait d’adversaires politiques.

    L’AF s’est très vite dotée d’une revue (1899) puis d’un Institut sur le modèle universitaire (1906), enfin d’un journal quotidien (1908). De là découle cette dimension intellectuelle qui a attiré à elle tant de penseurs, d’écrivains, d’artistes : Maurras, Daudet et Bainville sont eux-mêmes des figures majeures de la vie intellectuelle de leur temps mais que l’on songe aussi à Bernanos, à Brasillach, à Dumézil ou encore au jeune Lacan ! Dans la période récente une campagne comme celle du « nationalisme intelligent » (années 90) rappelle cette exigence intellectuelle qui distingue le mouvement de forces moins élaborées et par conséquent plus éphémères du nationalisme français. [....]

    Stéphane BLANCHONNET

    La suite sur A Rebours

    Article paru sur a-rebours.fr et dans L’AF2000

  • Liberté, égalité, fraternité...

    À la devise de la République, on peut opposer les trois valeurs fondamentales de la monarchie française : vérité, justice et modération. Dans quelle mesure celles-ci sont-elles respectées par les démocraties ?

    Yvan Blot dénonce très justement la tartufferie de cette devise républicaine. Simple slogan idéologique coupé de la réalité politique, elle rappelle la tristement célèbre propagande des États totalitaires comme l'ex-URSS ou les "démocraties populaires" qui glorifiaient l'homme en général et opprimaient les hommes en particulier.

    Triptyque factice

    À ce triptyque factice on ne peut qu'opposer les trois valeurs fondamentales de la monarchie française que Madame Royale rappelait dans une lettre au Comte de Chambord : « vérité, justice, modération ». Véritable devise d'un gouvernement légitime, « vérité, justice, modération » pourrait un jour figurer au fronton des édifices publics. Car loin d'être une simple posture idéologique, cette devise contient trois principes politiques majeurs.

    1) Vérité - « Primum veritas, deinde caritas » (d'abord la vérité, ensuite la charité) dit saint Augustin. La vérité est le point de départ de tout ; sans la vérité, tout est fragile et précaire, aucune construction solide n'est possible, tant sur le plan personnel que sur le plan social ou même sur le plan économique. La crise des subprimes en est l'illustration flagrante : la vente de titres falsifiés a pourri l'ensemble de l'économie mondiale. Plus récemment, la falsification des comptes publics de la Grèce, mais aussi peut-être d'autres pays du Sud de l'Europe, nous rappelle de manière menaçante l'importance d'une information véridique...

    La vérité est-elle servie par les "grandes démocraties" et par la République française en particulier ? La réponse est non : tout est faux, le mensonge est partout. Que ce soient les chiffres du chômage, de l'immigration, l'histoire plus ou moins lointaine, la dette publique, les avantages des oligarques, jamais la vérité n'est livrée aux citoyens. Ce serait trop dangereux, d'ailleurs, pour les pseudo-princes qui nous gouvernent ! Certains, de gauche comme de droite, ont à juste titre dénoncé cette « culture du mensonge » qu'entretiennent en France les pouvoirs publics.

    2) Justice - Peu importe l'égalité, ce qui compte est la justice ; la discrimination n'est pas en soi critiquable, il faut seulement savoir si elle est juste ou injuste. La justice est inconnue dans l'état de nature, et on sait que le « bon sauvage » de Rousseau nous aurait attendu au coin du bois avec sa massue. La justice est le produit de la civilisation et du développement de la conscience humaine, elle est un dépassement de la loi du plus fort.

    Satisfaire les appétits de la masse

    La Justice est-elle servie par les "grandes démocratie" et par la République française ? Là encore la réponse est non. On confond la justice avec la satisfaction des appétits de la masse, ce qui n'est rien d'autre en fait que la démagogie. En fin de compte tout est injuste dans ces États : l'attribution des places et des honneurs, le système des prélèvements sociaux et fiscaux, la représentation électorale et politique, la représentation syndicale... Beaucoup de français sont injustement brimés, beaucoup d'autres sont injustement favorisés.

    3) Modération - Le rôle de l'État n'est pas de suivre une politique sectaire et agressive en jetant en pâture à l'opinion publique des boucs émissaires pour faire oublier ses propres turpitudes. Le rôle de l'État est d'atténuer les tensions, les luttes et les oppositions pour résoudre les conflits et permettre une harmonie sociale. Il est aussi de prendre en compte l'extrême complexité des problèmes sociaux et dans ce cas la plus grande modération s'impose.

    Lutte des classes

    Les "grandes démocraties" et la République française sont-elles modérées ? Il est permis d'en douter quand tout est fondé sur la compétition effrénée, l'opposition systématique et la lutte des classes. Les sociétés démocratiques que nous connaissons, sous leurs oripeaux angéliques et utopistes, sont en réalité des sociétés violentes qui usent le plus souvent de la contrainte et de la manipulation pour imposer la volonté de quelques uns. L'État est-il modéré quand il traite les automobilistes (c'est-à-dire une grande partie de sa population) de « délinquants routiers » et confisque, sous forme d'impôts, taxes et prétendues « charges sociales », forte proportion des revenus de ceux qui travaillent ? Quand, au nom de la « lutte contre la discrimination », il favorise les étrangers, fussent-il en situation irrégulière, et persécute ceux qui cherchent à défendre l'identité nationale ? On dira que ce sont là des dérives fâcheuses et récentes de la glorieuse République française... Mais quand en 1962 on a abandonné les Français d'Algérie à la confiscation de leurs biens et les harkis à une mort effroyable, était-ce une politique véridique, juste et modérée ? On admettra nos réticences...

    Ce sont en réalité les dérives inhérentes à un système qui ne comprend que deux lois primaires : la loi du plus fort d'une part et la loi du groupe le plus fort d'autre part. Et cela parce que ce système politique ne croit en rien d'autre qu'en lui-même et estime que tout n'est que le fruit de forces antagonistes socio-économiques dans un univers ou tout est relatif. Il faut rompre avec tout cela, c'est une question de vie ou de mort. L'État doit partir de la réalité et ne plus mentir ; quoi qu'il lui en coûte... Il doit développer la justice pour améliorer la cohésion sociale ; c'est un travail de longue haleine, loin de la politique spectacle... Il doit, par une politique modérée, substituer à la lutte des classes la collaboration des classes ; même si elle est moins rentable électoralement... Savoir si ensuite les hommes seront libres, égaux et fraternels, ne dépend pas de lui, mais des hommes eux-mêmes.

    Olivier Tournafond L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 3 au 16 mars 2011