culture et histoire - Page 1133
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Quand Paris s'appelait Lutèce
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Algérie 1830. Bacri s’enrichit sur la France.
Algérie 1830. Bacri s'enrichit sur la France. from Ulysse Fenster on Vimeo.
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Rémy, un héros fourvoyé en politique
Gilbert Renault entra dans la légende, lors du second conflit mondial, sous le nom du colonel Rémy.
Portrait d'un homme honnête et courageux, dont le général De Gaulle se détacha après qu'il fut devenu un émissaire trop zêlé. Il fut Raymond, Jean-Luc, Morin, Watteau, Roulier, Beauce, mais c'est sous le nom du colonel Rémy que Gilbert Renault entra dans l'Histoire. Un goût pour les masques donc, un proto James Bond, propre à donner du rêve aux petits garçons. Toute une jeunesse d'après guerre a vibré au récit de Rémy comme à celui du Grand Cirque de Pierre Clostermann, aviateur français engagé dans la Royal Air Force.
Sympathisant d'AF
Rémy, ou Gilbert Renault, appartenait à ce que la Bretagne donna de mieux à la mère patrie, à la suite des Duguesclin, Cadoudal ou Chateaubriand. Né à Vannes en 1904 et décédé à Guimgamp en 1984, il a vécu aux limites de la Bretagne française dite gallo et de la Bretagne bretonnante. Mais celui qui allait devenir l'un des plus fameux agents secrets de la France occupée pendant la Seconde Guerre mondiale pensait comme Maurras. Sympathisant d'Action française, sans avoir toutefois jamais milité, il concevait les républiques sous le roi et l'amour de la grande patrie au travers de la petite.
Aîné d'une famille de neuf enfants, fils d'un professeur de philosophie converti assez tôt à l'inspection générale d'une compagnie d'assurances, élevé chez les Jésuites, il poursuivit des études de droit. Il était l'héritier d'une famille catholique et nationaliste, et sa vie pouvait sembler tracée, mais il y eut la guerre, la "drôle" pour commencer, avant l'invasion du printemps 1940. Rares sont les vies où tout bascule. Clostermann, à dix-neuf ans, de Rio de Janeiro grimpa dans un cargo à destination de la Tamise. Gilbert Renault est plus âgé, mais c'est avec un enthousiasme tout aussi juvénile qu'il monte à bord d'un chalutier, en compagnie d'un de ses frères, pour quitter nuitamment le port de Lorient, et cela dès juin 1940.
Rémy fut l'un des rares agents à avoir acquis une certaine aura après la guerre : il a su se faire le principal ordonnateur de sa propre légende à travers une oeuvre littéraire pour le moins prolifique où, à côté d'ouvrages d'inspiration religieuse, il multiplia des livres-souvenirs sur la Résistance.
Dans la nuit du 18 au 19 juin 1940 Rémy traversait donc la Manche. Il quittait cinq enfants, un parcours professionnel chaotique qui l'avait mené de la Banque de France, à l'exploitation forestière au Gabon, puis comme son père aux assurances. Il s'était même lancé dans la production cinématographique, avec peu de bonheur : l'échec commercial du J'accuse d'Abel Gance en 1936 ne l'avait pas découragé puisqu'il avait tourné pendant l'hiver 1939-1940 un Christophe Colomb en Espagne. Disons le tout net, peu de chefs d'oeuvre mais un beau carnet d'adresses, et un passeport témoignant de déplacements nombreux et peu soupçonnables.
Naissance d'un héros
Voilà pourquoi Rémy, après avoir rencontré le colonel Passy, chef du BCRA, à Londres, regagna la France dès le mois d'août 1940. Un héros allait naître. Dès la fin de l'été, il créa son premier réseau de renseignement, Confrérie-Notre-Dame, qui devint en 1944 CND Castille. Il couvrait toute la France, ainsi que la Belgique. Gaulliste de la première heure, quoiqu'à éclipses jusqu'en 1943, Rémy était d'abord une tête brulée qui mena plus de 1 500 agents en territoire occupé. Compagnon de la Libération par décret du 13 mars 1942, il prépara les attaques de Bruneval et Saint-Nazaire. Le grand projet était tout de même de préparer les esprits à la prise du pouvoir par le général De Gaulle. Rémy tenta de rallier à sa bannière toutes les forces disponibles contre l'occupant. Il mit en contact le PCF avec la France libre et se rendit à Londres avec Fernand Grenier en janvier 1943.
À son retour en France, la Gestapo lui fit la chasse, arrêta sa mère et ses soeurs. On fusilla son jeune frère et trois autres membres de sa famille, mais lui restait insaisissable. Cependant, à l'heure de la Libération, cet homme de l'ombre entra dans la lumière parce qu'il savait écrire, parce qu'il était bon orateur. On s'arrachait les livres de Rémy, on courrait à ses conférences. Tout de même, ce gaulliste alors sincère et orthodoxe dissimulait comme il pouvait un manque de discernement politique. Il le reconnut volontiers lui-même : le socialiste Pierre Brossolette, en le mettant en relation, pendant la guerre, avec des groupes syndicaux et politiques avait pallié cette faiblesse. Mais en 1945, ce Rémy médiatisé allait servir les intérêts du général De Gaulle. Jusque-là utilisant les autres, il allait être à son tour utilisé.
L'opération se déroula en trois temps. Il y eut d'abord la volonté farouche du général De Gaulle de reprendre le pouvoir après sa démission de janvier 1946. Cela par la voie électorale, avec donc la nécessité d'un organisme partisan, pourtant la bête noire du général, un parti ! Lequel prit pour nom, le 14 avril 1947, Rassemblement du peuple français (RPF). Reste que, très vite, ce "rassemblement" recruta surtout à droite. En pleine Guerre froide, il devint même le réceptacle de la famille nationaliste. Alors se fit jour le pragmatisme indiscutable du général. Puisque la reprise du pouvoir était à ce prix, De Gaulle allait envoyer, à certains pétainistes, des signaux de ralliement. Le rideau de fer qui s'était abattu sur l'Europe rapprochait d'ailleurs gaullistes et pétainistes.
Qui dit signal, dit émissaire. C'est là qu'intervint le colonel Rémy, à ses dépends. « Un soir d'hiver de l'année 1947, le général De Gaulle me fit l'honneur de me convier à dîner en sa compagnie et celle de son aide de camp Claude Guy dans le salon de son appartement 24-25 de l'hôtel La Pérouse, situé tout près de l'Étoile. L'obscurité lui semblant propice pour fouler librement l'asphalte de la capitale, il nous proposa en se levant de table une promenade sur l'avenue Foch. »
Que la France ait deux cordes à son arc
« Pendant notre promenade, la conversation porta sur le mois de juin 1940 où les jours semblaient si noirs bien que le ciel fût d'un bleu éclatant, et le général De Gaulle m'entendit parler du maréchal Pétain avec amertume. S'arrêtant soudain dans sa marche, il posa sa main sur mon bras par un geste tout à fait inhabituel de sa part. "Voyez-vous, Rémy ! dit-il. Il faut que la France ait toujours deux cordes à son arc. En juin 1940, il lui fallait la corde Pétain, aussi bien que la corde De Gaulle." La foudre fût tomber sur ma tête qu'elle ne m'aurait pas laissé plus étonné. » Et voilà ! On ne saluera jamais assez le grand comédien que fut le général De Gaulle, mais aussi le bon public que fut Gilbert Renault, alias le colonel Rémy, qui n'eut de cesse de communiquer dans les mois suivants la bonne nouvelle.
Rémy, qui était membre du comité exécutif du RPF (il était en charge des voyages et des manifestations...), n'avait pas été choisi au hasard. Sa famille politique d'avant-guerre comptait beaucoup dans cette affaire. Il saurait parler aux "nationaux", du moins se faire entendre d'eux. Il allait leur expliquer que tout le monde, à sa manière, avait été résistant. Au besoin, De Gaulle appuierait cet émissaire de la réconciliation comme lors de sa conférence de presse au palais d'Orsay, en s'indignant juste ce qu'il fallait sur le sort de Pétain : « C'est un opprobre que de laisser en prison un homme qui va avoir quatre-vingt-quinze ans... »
La justice et l'opprobre
Tant de complexité allait cependant bouleverser le colonel Rémy qui dépassa la mesure, et le désir du chef. Il prit beaucoup trop d'initiatives, appelant publiquement, le 29 décembre 1949, à la révision du procès de Charles Maurras, après avoir salué Maurice Pujo. Son article retentissant publié dans l'hebdomadaire Carrefour du 11 avril 1950, intitulé « La justice et l'opprobre », où il reprenait les apparentes confidences faites en 1947 sur l'avenue Foch, causa sa rupture définitive avec De Gaulle. Dès le lendemain de sa parution, le communiqué du général leva les ambiguïtés, déroutant sans doute davantage encore le pauvre Rémy. De Gaulle disait : « Je ne puis admettre sur ce sujet l'opinion qu'exprime, à présent, le colonel Rémy. On doit le savoir depuis dix ans. l'estime que j'ai pour l'auteur de l'article ne saurait y changer. Certes, la clémence, à l'égard de ceux qui se sont trompés de bonne foi, est désormais d'utilité nationale. Mais rien ne saurait, dans aucune mesure, justifier ce qui fut la politique du régime et des hommes de Vichy, c'est-à-dire en pleine guerre mondiale, la capitulation de l'État devant une puissance ennemie et la collaboration de principe avec l'envahisseur. La nation a condamné cela. Il le fallait pour l'honneur et l'avenir de la France. »
Ainsi Rémy connut-il le désaveu le plus retentissant. Il démissionna du RPF, s'installa au Portugal, continua d'écrire et finit par adhérer à l'ADMP, l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain. Comprit-il un jour ce qui s'était passé et ce que voulait De Gaulle ? Comme pour bien des partisans de l'Algérie française quelques années plus tard, celui-ci utilisa quelques bonnes volontés pour approcher des milieux qui lui étaient à première vue franchement hostiles, quitte à les désavouer très rapidement ensuite. À défaut de tête politique, il faut donc toujours saluer chez Rémy le courage du résistant.
Marc Savina L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 2 au 15 décembre 2010
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Géopolitique sur France Inter: « Oui, les monarchies font encore sens. »
« Ça va peut-être vous étonner de la part de quelqu’un qui est, comme moi, résolument républicain mais… Oui, les monarchies font encore sens. Prenez le Proche-Orient par exemple : tous les régimes républicains, dictatoriaux, militaires de la région ont connu des guerres civiles, des soulèvements printaniers ou des troubles plus ou moins graves.
Tous…sauf les monarchies, et pas seulement parce qu’elles sont gorgées de pétrodollars : la Jordanie n’a pas cette chance et pourtant, elle est d’une rare stabilité dans ce monde troublé. Idem pour le Maroc qui tangue et ploie mais ne rompt pas.
Cette stabilité dont on parle souvent pour caractériser les monarchies, n’est pas qu’un lieu commun. C’est si vrai qu’en Afrique, les États issus de la décolonisation ont souvent tenu à conserver les monarchies traditionnelles en leur sein. »
Journaliste et chroniqueur éditorialiste international dans l’émission Géopolitique de la matinale de France Inter
Mardi 9 août 2016 sur France Inter
Source : La Couronne
Lien permanent Catégories : actualité, culture et histoire, géopolitique, international 0 commentaire -
La Guerre de Cent Ans
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Huit thèses d’écologie profonde
1 – Le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non humaine sur terre possèdent une valeur inhérente ou intrinsèque, une valeur en soi. La valeur des formes de vie non humaines est indépendante de l’utilité instrumentale que représente le monde non humain par rapport aux objectifs de l’humanité.
2 – La richesse et la diversité des formes de vie sont elles-mêmes des valeurs en soi. Elles contribuent à l’épanouissement de la vie humaine et non humaine sur terre. « Richesse » veut dire ici abondance de la vie dans chacune de ses formes.
3 – Les hommes n’ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité ni d’interférer de façon destructrice avec la vie non humaine, sauf pour satisfaire des besoins vitaux.
4 – L’épanouissement des cultures et de la vie humaine est compatible avec une substantielle diminution de la population humaine. L’épanouissement de la vie non humaine exige une telle diminution. Le volume de la population humaine devrait toujours rester compatible avec le maintien de la richesse et de la diversité des formes de vie non humaines. Mais l’épanouissement de la vie humaine et la diversité des cultures ne doivent pas non plus être menacés par cette limitation. Celle-ci n’exclut donc pas le point de vue optimiste fréquemment exprimé selon lequel des politiques écologiques appropriées seront bientôt mises en place, de sorte qu’on pourra voir alors si une réduction de la population s’avère ou non nécessaire.
5 – La façon dont les hommes interfèrent aujourd’hui avec le monde non humain est excessive et nuisible, et la situation s’aggrave rapidement.
6 – Les programme en vigueur doivent donc être modifiés. Les changements doivent affecter les structures économiques, technologiques et idéologiques de base. Plus on attendra avant de les mettre en œuvre, plus on sera finalement obligé de recourir à des mesures draconiennes. La situation qui résulterait de ces changements serait profondément différente des conditions présentes et nous permettrait de faire une expérience plus joyeuse de la relation entre tout ce qui existe.
7 – Le principal changement idéologique consisterait à mettre en valeur la qualité de la vie (en s’intéressant d’abord aux situations dans lesquelles se révèle une valeur inhérente) plutôt qu’à rechercher un niveau de vie moyen toujours plus élevé. Cela implique de se pénétrer de la différence qui existe entre « gros » et « grand ».
8 – Ceux qui sont en accord avec les points précédents ont l’obligation directe ou indirecte, de contribuer aux efforts qui visent à aboutir aux changements nécessaires.
Arne NaessPhilosophe norvégien, théoricien du mouvement de l’Ecologie profonde
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ACTION FRANCAISE • CHANTS
Voici donc, sous forme numérique, le carnet de chants dont l'introduction a pour titre : Vers un Folk-Song traditionaliste ?
Les anciens, des années 1970 et suivantes, y retrouveront, simplement, la matière de leurs veillées, de leurs repas, de leurs rencontres d’autrefois. Et, bien-sûr, des Camps Maxime Real del Sarte. Souvent, ils connaissaient ce vaste répertoire – le connaissent encore - presque entièrement par cœur.
Mais, aussi, ce carnet peut sans-doute être utile à la génération d’Action française d’aujourd’hui. Il n'est pas indifférent, nous semble-t-il, que la connaissance, la pratique de ces chants, du moins les plus beaux, soient transmises et maintenues.
Nous avons conservé à ces pages militantes leurs imperfections d’origine, caractéristiques des techniques de l’époque (1972) : maquettes papier, stencils électroniques, tirage à la ronéo … Traits tordus, lettres baveuses, transparences : on ne s’en étonnera pas. Mais par delà tout cela, de très anciens refrains se sont trouvés ainsi ressuscités ; les illustrations sont choisies avec goût ; les textes sont beaux, parfois superbes ; l’ensemble à l’image des multiples talents de l’auteur de ce travail.
Les chants eux-mêmes sont de qualité inégale ; certains s’expriment avec la violence propre à leur époque ; nous n’en reprendrions pas aujourd’hui tous les termes, toutes les outrances ; mais ils reflètent une histoire, des luttes et, même, des illusions passées ; d’autres sont purement de circonstance, sans valeur pérenne : sauf pour l'anecdote, leur intérêt est passé ; il reste les très beaux chants puisés aux sources de la Tradition, celle qui ne passe pas. « La fuente permanece » disent nos amis espagnols. La source demeure. Chacun, dans ce très grand nombre de chants (autour de 80), fera le tri de ceux qui ressortent de cette permanence française.
Signalons, enfin, que cet épais carnet de 115 pages est bourré de citations qui ajoutent à l'épaisseur historique, politique, française des plus beaux de ces chants et les relient, précisément, à notre tradition. On aura grand intérêt à les lire, à les graver dans nos mémoires.
Liens
Vers un Folk-Song traditionaliste ?
(Peut être téléchargé et imprimé)
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TRADITION • VERS UN FOLK-SONG TRADITIONALISTE ?
Séance de travail de la nouvelle jeunesse d'Action française au Camp Maxime Real Del Sarte
Voici quelle était l'introduction - de 1972 - du « carnet de chants » que plusieurs générations de militants d’Action française ont tenu dans leurs mains, lors de leurs repas ou de leurs veillées. Et, comme dit Brasillach, « nos feux de camp parmi la nuit », dont voici la saison revenue, ce weekend d'août ... Mais les jeunes d’Action française d’aujourd’hui chantent aussi, beaucoup et plutôt bien. Et le « créneau » que nous signalait l’auteur de ces lignes - qui était aussi l'auteur de ce carnet de chants - demeure ouvert et libre. Après tout, un véritable « printemps français » aura aussi besoin de chants puisés à notre Tradition … Une fois faites les actualisations nécessaires, ce qui est proposé ici nous semble aussi pertinent qu’il y a quarante ans. Réfléchissons-y ! LFAR
« NARCISSISME » de la boue (Koestler) ou toxicomanie musicale, l'éthique pop ne prend pas en France. Le hululement électronique des orchestres livides et chevelus nous laisse froids : l'échec des festivals de l'été démontre le fossé culturel qui sépare l'underground américain du malaise français. Seuls se sentiront concernés par les valeurs de Woodstock les chrétiens-progressistes et les bourgeois d'âge mûr qui se bousculaient à Hair. De fait, le refus d'une certaine société de consommation s'exprime des deux côtés de l'océan selon des structures différentes. Nous sommes trop enracinés pour nous réfugier dans les « arrières-mondes consolateurs » et les paradis artificiels ; trop occidentaux pour sombrer avec les clochards hippies dans un dévergondage du bouddhisme. Contrairement aux jeunes « contestants » américains, nous ne combattons pas cette société mercantile comme l'aboutissement logique de nos valeurs héritées (nos « préjugés » en langage maelstrom mais comme leur despotique contraire. Là ou les radicaux d'outre-Atlantique, coupés de tout capital séculaire, sautent dans l'informe et l'indéfini, l’instinct national guide notre révolte vers un retour aux sources françaises.
Ceci pour en arriver au succès des « folk-singers » à la française qui recèle, dans le cas d'Ogeret, Rocheman ou Kerval, un contenu politique implicite. Ceux-là sont gauchistes ou gauchisants, par mode ou conviction, et s'efforcent de raccorder leur sélection musicale au folklore de mai 68, clause sine qua non d'une honnête diffusion commerciale par les capitalistes du disque. Mais le phénomène est en lui-même ambigu, voire contradictoire : l'écho, la vibration profonde éveillée par les mélodies frustes ou raffinées de l'ancienne France, submergent les méticulosités doctrinaires de la rive gauche.
C'est une adhésion de la sensibilité, un sentiment de « déjà vécu » traduisant l'inconsciente fidélité au passe national comme l'attachement quasi-biologique, à la particularité française. Ceci est infiniment plus fort que d'artificieux parallèles entre l'histoire et les comédies barbares de Nanterre. Les refrains des grenadiers de Montcalm, les complaintes acadiennes, les ritournelles en l'honneur du roi, les malédictions paysannes contre le « maître de la guerre » ou le prince-évêque de Montbéliard, ou les gracieux couplets parisiens de « la Bataille de Fontenoy », sont irréductibles aux vivisections marxistes. La chanson traditionnelle en France est par nature engagée dans le nationalisme, et résiste au nivellement cosmopolite.
Le fait se vérifie autour des brasiers nocturnes de Carnac, dans les bistrots rochelais ou les campings méridionaux, quand les vacanciers se muent en auditeurs et bissent ces jeunes inattendus qui chantent sur des rythmes familiers la gloire et la douceur anciennes...
La chanson populaire est, à l'échelon culturel, un appréciable véhicule de propagande « tous azimuts » : la communication entre classes d'âge différentes, entre parisiens et régionalistes, entre jeunes d'obédiences politiques antagonistes, devient possible et fructueuse le temps d'une rencontre, quand se recompose au hasard d'un refrain cette « joie Ancien Régime » dont parle La Varende (les Manants du roi) comme d'une rare étincelle dans l'orage moderne. Au-delà des démonstrations objectives de la science politique, le mode d'expression du « folk-song » représente à la fois le cri d'un traditionalisme et la manifestation d'une large « amitié française ».
Les jeunes d'A.F. sentent l'occasion payante d'intervenir sur un terrain à peu près inoccupé pour l'instant. Il s'agit de récupérer le courant qui se dessine et de lui rendre son contexte politique normal. Un train vient déjà d'être manqué avec la résurrection musicale bretonne, trop souvent contrôlée par des noyauteurs qui lui insufflent un contenu européoséparatiste ; d'autres trains s'ébranlent vers de fausses directions, particulièrement en terre occitane où s'évertuent les gauchistes sur consignes parisiennes. Le moment est opportun d'entamer sur ce terrain nouveau l’action qui ajoutera au travail d'Action française, une antenne supplémentaire, et qui soustraira aux adversaires de l'unité nationale le monopole de fait dont ils jouissaient jusqu'a présent. L'affaire est sérieuse et intéressante.
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Arthur Kemp : « Qu’est-ce que l’ethnonationalisme ? »
Toute société multiculturelle est multiconflictuelle et l’Europe qui, par esprit de lucre puis faiblesse, a laissé se constituer sur son territoire des communautés allogènes de plus en plus importantes et donc de plus en plus revendicatrices, a ainsi semé les germes des crises à venir, et dont le terrorisme islamique ne donne qu’une idée parcellaire. Pour tenter d’éviter les guerres ethnico-civiles de demain, Arthur Kemp estime que « l’ethnonationalisme — ou l’exigence des peuples à s’autogouverner dans les zones géographiques qui leur sont propres — fournit la seule vraie réponse au cauchemar international ».
Les djihadistes qui sèment la terreur en Europe ne sont pas tous des migrants. Au contraire, beaucoup sont, de par le droit du sol, des citoyens belges et surtout français comme Adel Kermiche, l’égorgeur « normand» du Père Hamel et son complice Abdelmalik Petitjean né de parents maghrébins mais reconnu à l’âge de six mois par Franck Petitjean, le second mari de sa mère Yamina, laquelle obligeait l’enfant à faire le ramadan. L’origine, la religion ancestrale et l’atavisme ont ainsi primé sur le lieu de naissance, la civilisation du pays d’accueil et l’éducation donnée par l’école. Comme le répétait Jean-Marie Le Pen, dans l’un de ces dérapages qui lui furent tant reprochés mais reflétaient si bien la réalité, il ne suffit pas à des vaches de naître dans une écurie pour être de fringants coursiers.
Ce n’est pas Arthur Kemp, auteur de « Bâtir le foyer blanc » et dont le dernier livre est un plaidoyer pour l’ethnonationalisme, qui s’inscrira en faux contre cette idée. Britannique né en Rhodésie (occurrence qui n’a pas fait de lui un Bantou, pas plus qu’« un Africain qui a appris le mandarin et s’habillerait à l’orientale ne deviendrait chinois » !), lui aussi estime que le fait de s’installer dans un pays ne transforme pas automatiquement les nouveaux arrivants et leurs descendants en natifs. Cette nouvelle population a un inné que ne contrebalance pas l’acquit, et c’est justement en raison de cette impossibilité qu’on s’acharne à nous « vendre » la « diversité » en nous en serinant les supposés bienfaits.
Mais justement, s’interroge Arthur Kemp, pourquoi les plus exaltés thuriféraires de la diversité sont-ils aussi les adversaires résolus de l’ethnonationalisme ? Ou, plutôt, pourquoi n’acceptent-ils celui-ci que lorsque cette affirmation est « d’origine extra-européenne », rejetant comme racistes les aspirations des nations (au sens latin du terme) leucodermes ? Contradiction absurde et surtout injuste car, soutient notre auteur, qui rejette la notion de gradation entre les races, chacune étant la mieux armée pour son milieu d’origine, « rien ne justifie ces deux poids deux mesures. La population européenne — et ses différents États-nations — a tout simplement autant le droit à l’autodétermination que n’importe quel autre peuple de la planète ». Elle a donc le droit de refuser une submersion qui conduirait à sa propre dilution, de refuser des systèmes scolaire et de santé « pour tous » préjudiciables à ses propres enfants, de refuser les croyances — et leurs formes d’expression souvent ostentatoires, qu’il s’agisse des prières de rue ou de la fête du dieu Ganesh — totalement étrangères sinon antagonistes à sa propre foi.
Toute société multiculturelle est multiconflictuelle
Alors, au nom de quoi ostraciser l’ethnonationalisme qui « n’entend pas éliminer, opprimer, pénaliser ou dominer qui que ce soit, mais plutôt se libérer de toutes ces contraintes » ? Et comment ceux qui sanglotent sur le génocide des Aborigènes, la disparition des peuples premiers et le déclin des nations Peaux-rouges peuvent-ils rester aveugles devant le Grand Remplacement en cours du tsunami migratoire et des différentiels démographiques. S’adressant à un public britannique, Arthur Kemp cite des statistiques effarantes sur le Royaume-Uni où, d’ici à 2021, donc demain, les écoliers allogènes seront majoritaires. Mais n’en va-t-il pas de même dans de nombreuses métropoles françaises ou belges où le prénom Mohamed souvent décliné en turc (Mehmet) ou en bambara (Mamadou) est également le plus donné ?
L’ethnonationalisme est tout simplement la préférence nationale que le Front populaire privilégia d’ailleurs en France (voir les décrets Ramadier dont Bruno Mégret préconisa de s’inspirer), à l’opposé du « nationalisme civique défendu par la droite » — que Kemp a raison de critiquer car il accorde les mêmes droits à tous les citoyens, qu’ils soient de souche ou de papiers, et qui n’est rien d’autre que le multiculturalisme encouragé par la gauche.
Or, l’histoire contemporaine le prouve partout à la surface du globe : plus une société est multiculturelle et plus elle est multiconflictuelle. Bref mais dense, l’argumentaire d’Arthur Kemp sur l’ethnonationalisme — qui, soutient-il, « est le véritable porte-drapeau de la diversité car qu’est-ce que la diversité sinon la préservation et la valorisation de chaque identité ? » — montre qu’il est temps de réfléchir à cette solution pour échapper au cataclysme.
Camille Galic
Notes
- Qu’est-ce que l’ethnonationalisme ?, 60 pages avec annexes et bibliographie, éditions Akribeia 2016, en vente sur le site www.akribeia.fr.
- Bâtir le foyer blanc, 128 pages avec une préface de Philippe Baillet, éditions Akribeia 2014. Voir Polémia du 23 juin 2014.
http://www.polemia.com/arthur-kemp-quest-ce-que-lethnonationalisme/
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Pour en finir avec les anachronismes, la repentance et la légende noire sur les croisades
Un dossier réalisé par Jean Sévillia.
Naguère célébrées comme un grand moment de l’histoire de France, aujourd’hui dénigrées au nom du multiculturalisme, les croisades ne sont plus au goût du jour.
Partir pour la croisade, pour les Latins de 1096, c’est partir délivrer les Lieux saints afin d’aider les chrétiens d’Orient et de rendre de nouveau possible le pèlerinage au Saint-Sépulcre.
L’appel du pape Urbain II, au concile de Clermont, concernait explicitement les seigneurs qu’il fallait inciter à partir délivrer Jérusalem les armes à la main.
Les croisades n’ont pas constitué un affrontement de bloc à bloc. Les chrétiens, comme les musulmans, ont été divisés.
En 1248, Saint Louis part d’Aigues-Mortes pour l’Egypte : ce sera la septième croisade, provoquée par la perte de Jérusalem et la défaite des Latins à Gaza.