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culture et histoire - Page 1146

  • La guerre occultée

    La guerre a heureusement montré que, malgré les affirmations de ses contempteurs, le peuple français savait s'adapter à des conditions d'existence fort nouvelles pour lui. L'adaptation s'est manifestée, non seulement chez les combattants, acceptant héroïquement l'infernale vie des tranchées, mais encore dans la population civile dont l'initiative chaque jour plus ingénieuse et plus complète répondit à toutes les nécessités de la vie industrielle, agricole et sociale.

    Gustave Le Bon.

    Je ne suis pas bonapartiste mais j'éprouve peut-être comme Léon Bloy une drôle de sensation teintée de mégalomanie lorsque sont évoquées devant moi les énormes campagnes napoléoniennes qui ont permis à la France d'écraser son empreinte belliqueuse sur l'Europe entière. C'est un sentiment irrationnel car il paraît évident que la Révolution et ses suites césariennes ont provoqué des conséquences catastrophiques pour mon pays. Toujours est-il que l'histoire des épopées impériales est grandiose et que j'éprouve un certain plaisir à contempler mes amis grognards qui participent à des reconstitutions de batailles célèbres avec leurs uniformes, leurs canons, leurs poudrières et leurs parlers sans anachronisme. Et puis, après tout, ces comédiens, très franchouillards, rendent hommage à nos ancêtres qui avaient le goût de la grandeur parce qu'il ne leur restait plus que cela. Ces gens aiment faire de la figuration, ils y trouvent un plaisir enfantin et une camaraderie qui font chaud au cœur ; ils ne demandent rien à personne sinon qu'on les laisse tranquilles, attitude parfois irritante lorsque l'on sait que cette troupe de napoléoniens réunis pourrait prendre d'assaut n'importe quel bâtiment ou militer pour la France d'aujourd'hui, pour essayer, au moins, de la sauver du cataclysme, mais ils préfèrent vivre dans leurs rêveries. D'aucuns ont donc été surpris lorsqu'ils ont entendu les propos de différents ministricules de la majorité socialiste affirmant un peu partout que ces commémorations puaient le chauvinisme et l'intolérance et qu'il fallait supprimer toutes subventions aux organisations napoléoniennes. Véritables insultes mélangées à quelques rumeurs firent exploser de colère les grognards mimétiques que l'on toucha en plein cœur comme si on avait réveillé en eux un profond atavisme que le jeu de rôle ne pouvait plus étouffer. Des comédiens redevenus les hommes dignes de leur race devant l'ennemi mortel. C'est là que l'enseignement de Gustave Le Bon revint à moi comme pour éclairer le comportement de ces drôles de zouaves. Non précisément le célèbre Le Bon de la Psychologie des foules mais celui de la psychologie des peuples et des groupes, non celui de l'effervescence de la foule mais celui de la psychologie ancestrale et de l'altruisme "racial". Je me mis alors à consulter la bibliographie complète du fameux barbu et tombai sur Les premières conséquences de la guerre, Transformation mentale des peuples, un ouvrage paru il y a exactement un siècle en 1916.

    Le réveil de l’instinct patriotique

    Un détail suffisamment important pour moi pour que je décidasse de compulser ce livre qui pouvait m'aider à comprendre mieux encore l'ignominie de notre temps illustrée dernièrement par l'insulte des petits politiques en place faite à nos glorieux ancêtres et à la France. Et de m'assurer avec Gustave dès l'entame du livre que le rôle joué par toute la classe politique, ses discours cosmopolites incessants, son individualisme axiologique (posé en valeur suprême), sa volonté de désacraliser notre héritage collectif sont carrément œuvre diabolique tant ils s'opposent à la nature profonde de notre peuple. Il existe un atavisme dans le vieux peuple français ou gaulois qui ne correspond pas du tout aux idées reçues d'ailleurs colportées par des personnes qui ne souhaitent que la disparition de notre pays. Non, les Français ne sont pas des petits égoïstes, des petits jouisseurs jaloux du voisin, des individus insensibles à la communauté, indépendants, ombrageux. Ou du moins, ils ne le sont pas essentiellement et peuvent le paraître quand ils sont soumis à la griserie de croyances nouvelles qui font office de religion comme agissait sur eux le socialisme au début du vingtième siècle ou le nihilisme aujourd'hui. En 1914, les Allemands disciplinés par 50 ans de militarisme et d'industrialisation tous azimuts croyaient, dominateurs, - à l'instar des persifleurs de chez nous qui crânent avec leur antichauvinisme de beauf (les Français incapables, petits, gros, paresseux, disent-ils en éludant l'idéosphère dans laquelle ils vivent...) - que les Français étaient bien trop versatiles, trop inconstants, pas assez courageux pour mener une guerre moderne exigeant une organisation forte, une endurance extraordinaire et un don de soi inimaginable. Les Allemands n'allaient faire qu'une bouchée de ces petits Français qui souffraient, en plus de leur indolence, d'un socialisme qui avait envahi les esprits des prolétaires et des intellectuels résolus à faire la peau de la vieilles patrie réactionnaire. Les Allemands se félicitaient ainsi de l'idée (fort répandue et perçue comme la réalité) selon laquelle les Français auraient été plus contaminés encore que les Russes (qui tomberont en 1917 sous la force du mythe socialiste) par le marxisme (qui est un produit "allemand" et juif). La France devait sombrer, craquer. Elle aurait dû plier durant l'effort puis se briser selon les intellectuels et militaires allemands de 1914. Mais le phénomène "prévu" par l'ogre germain n'a pas eu lieu, bien au contraire. « La guerre nous a surtout montré que l’égoïsme collectif, c'est-à-dire l’égoïsme de la race peut, à certaines heures, devenir plus fort que l’égoïsme individuel. Si puissante en temps de paix, la poussée d'égoïsme individuel s'efface devant les impulsions ataviques représentant l'intérêt collectif d'un peuple. » Telle est, au fond, selon Gustave Le Bon, la grande différence entre la période de paix et celle de guerre. Dans la première, l'homme a une vie individuelle, dans la seconde, une vie collective.

    La résurgence de l’altruisme

    Mais cet altruisme, son intensité, ne dépend pas seulement de la guerre seule. Cette guerre doit s'inscrire dans un contexte particulier pour qu'elle puisse générer ce renouveau sociologique. Les Allemands ont ignoré que 1914 se distinguait fortement de 1870. Sous Napoléon III, l'esprit général était bien différent de celui de 1914. En 1870 nous n'avions guère que des victoires derrière nous. Celles de la Révolution et de Napoléon Ier, puis, sous Napoléon III, nos succès de Sébastopol et d'Italie. Sans doute, le Premier Empire s'était terminé par la défaite et l'invasion, mais tant de triomphes avaient précédé ces catastrophes qu'elles ne pouvaient engendrer aucun sentiment d'humiliation.

    « En 1914, ce n'était plus la victoire, mais la défaite que nous avions derrière nous. Et une défaite qui, pendant quarante-quatre ans, avait pesé lourdement sur notre existence. Chacun sentit que nous étions en présence d'une volonté ennemie décidée à détruire la France et qu'un nouvel échec serait la fin de la patrie, l'esclavage définitif sous le pied de l'étranger. Du plus petit au plus grand, tous le comprirent et cette claire notion créa une mentalité imprévue. »

    Cependant, ce véritable instinct de survie a longtemps été contrarié par des idéologues et des agitateurs, souvent   soudoyés, qui bercèrent d'illusions les Français leur faisant croire que l'irrationalité de la guerre en avait désormais fait une chose impossible. La guerre était perçue comme une chose du passé que le pacifisme postulé avait condamnée, disaient-ils. Beaucoup d'hommes de bonne foi reprirent pour la diffuser comme une religion ce pacifisme que la raison avait validé. Ce pacifisme (plus précisément l'idée du pacifisme) fut en outre défendu par les nouveaux disciples de Karl Marx qui postulèrent que ce n'était plus la patrie qui constituait le lien entre les hommes mais l'identité de condition socio-professionnelle. Les prolétaires d'Europe ne pouvaient se battre les uns contre les autres puisqu'ils étaient frères et que leur ennemi n'était pas l'autre national mais le bourgeois, le patron et le capital. Plus éloquente que les discours, l'expérience a prouvé que cette théorie était fondée sur une méconnaissance totale des lois de la psychologie. Avant d'appartenir à une profession, l'homme « appartient d'abord à une race et la voix de cette race est autrement forte que celle des intérêts professionnels ». On change facilement de profession, on ne change pas de "race". C'est justement pourquoi, dès la déclaration des hostilités, les intérêts de la patrie ont primé les intérêts de classes et s'y sont immédiatement substitués. Le problème principal résidait dans les actions délétères des socialistes et francs-maçons d'avant-guerre qui ont non seulement déboussolé les Français angoissés par une possible Finis Franciae inéluctable (l'Histoire le veut ! La raison le veut !) en les exhortant à faire appel à leur logique de Français pour combattre le bellicisme qui vivait en eux, mais ils agirent également contre les intérêts de la France, contre sa plus élémentaire défense, en affaiblissant sur un laps de temps considérable son armée d'un point de vue humain mais aussi sur le plan matériel. Une catastrophe qui coûta la vie à des centaines de milliers de nos Poilus sacrifiés sur l'autel du fantasme cosmopolite. Il faut ajouter que cet historicisme permit aux démocrates "humanistes" de gaspiller comme ils le voulaient l'argent public au détriment du budget militaire qui fut pendant 15 ans amputé d'au moins 30 % (50 % selon les besoins des services) de la somme qui aurait assuré le fonctionnement normal de la Grande Muette. « Où en, serions-nous aujourd'hui si l'âme des foules n'avait pas vu plus juste que celle des rhéteurs ? ». La déclaration de guerre par l'Allemagne et les menaces de destruction qu'elle impliquait pour la France suffirent à faire revivre instantanément dans les âmes l'idée de patrie, ou mieux, la rirent surgir de l'inconscient, où elle était ancrée, « même chez les pacifistes qui s'y croyaient soustraits ». Mais le mal avait été fait ! Nous manquions de canons, nous manquions d'obus, nous manquions de véhicules à cause de ces dégénérés que la république hors-sol avait laissés croître en nombre et avait aidés de toutes ses forces à s'emparer des postes administratifs et universitaires.

    Le mensonge du pacifisme

    La Gueuse se défendait bien notamment par l'entremise du Général André qui contrôla les catholiques, royalistes et nationalistes de l'Armée en les sacquant littéralement, en les empêchant de s'élever dans la hiérarchie, en les espionnant. Et c'est aussi à ce triste sire que l’on doit les coupes budgétaires dans l'Armée. Défendre la nation, il n'en saurait être question, préserver le pouvoir d'apatrides parasites était sa principale mission. Mais Gustave Le Bon insiste. Si ce sabotage véritable est possible, si même le dévoilement de l'affaire des fiches n'a provoqué aucune émeute, aucune révolte, aucune révolution, c'est bien parce que le mythe du pacifisme avait imprégné un trop grand nombre de cerveaux et que ces méfaits étaient considérés par la plupart des Français de l'époque comme de malheureux effets pervers d'un républicanisme, d'un pacifisme et d'un laïcisme qu'il fallait sauvegarder malgré tout. Le pacifisme n'est pas un deus ex machina. Il n'est pas non plus une création populaire. Il est bel et bien le produit d'une idéologie farouchement antinationale qui fait fi de toutes les réalités du moment et en premier lieu de l'esprit germanique qui meut un peuple énorme se sentant investi d'une mission divine et qu'il est impossible d'amadouer avec l'idée saugrenue d'une paix cosmopolite. Les philosophes allemands ont pénétré le peuple allemand et c'est dans leurs œuvres, notamment dans celles d'Hegel que fut élaborée la théorie du droit absolu de la force, d'où sortit la religion pangermaniste avec ses aspirations d'hégémonie universelle. Dans un autre ouvrage publié peu de temps après la fin de la Grande Guerre, Psychologie des temps nouveaux (1920), Le Bon veut montrer que les Germains n'ont pas changé, ni les élites françaises d'ailleurs toujours pacifistes, toujours convaincues non pas de l'inanité seule de la guerre mais de son élimination naturelle. Bref, rien n'a changé. Les élites françaises prônent déjà la fin de l'histoire quand les Allemands sont, légitimement, remontés à bloc. Les vulgarisateurs ne font d'ailleurs, en Germanie, que répandre les principes pangermanistes (en s'appuyant sur Treitschke et Lamprecht) et enseignent au nom du droit de la force que l'Allemagne doit conquérir de nombreux pays. Alors qu'en France le mythe du pacifisme revint en force grâce à une focalisation intellectuelle sur l'ignominie de la guerre et non sur celle de son impréparation, l'Allemagne reste imperméable à l'individualisme et aux notions de pacifisme et de droits internationaux. Les théories militaires et étatistes de l'Allemagne restent vivantes et sont l'antithèse absolue de la liberté individuelle défendue religieusement par la plupart des autres pays. Le bavardage républicain fut à nouveau le pire fléau du peuple français perturbé dans son instinct de survie. Aujourd'hui, malgré le chaos qui règne en France, les idées de liberté individuelle s'établissent d'abord pour les criminels et les envahisseurs ; le pacifisme absurde ne sert qu'au désarmement matériel et spirituel de la France. Loin de neutraliser les conflits qui viennent, il les rend, assurément, plus dévastateurs pour notre pays et plus meurtriers pour nos enfants innocents que les autorités refusent coûte que coûte de protéger.

    François-Xavier Rochette. Rivarol du 16 juin 2016

  • CASAPOUND, LES FASCISTES DU TROISIÈME MILLÉNAIRE…

    Le nationalisme italien connaît depuis quelques années un bouillonnement militant, intellectuel et artistique très novateur et dynamique, se revendiquant très expressément du fascisme. Il y a sept ans exactement, le 26 décembre 2003, de jeunes militants néo-fascistes romains décidaient de s’emparer d’un bâtiment vide selon la stratégie mise au point par la droite révolutionnaire italienne dite « Occupation Non Conforme / Occupation à But d’Habitation». La « non conformité » est la revendication affirmée du refus du politiquement correct sur tous les sujets, une revendication hissée au rang de véritable philosophie. L’occupation avait pour but de doter la jeunesse néo-fasciste romaine d’un espace ou elle pourrait organiser l’alternative sociale et culturelle dont elle était privée par ailleurs.

    Reprenant à son compte certaines méthodes d’extrême gauche, elle gagna en efficacité et ringardisa définitivement cette dernière. Le bâtiment fut baptisé du nom du poète américain et soutien inconditionnel du régime fasciste italien, Ezra Pound. La droite révolutionnaire italienne en pleine mutation accorda dès lors une attention particulière à la dimension sociale et culturelle de ses luttes et de ses méthodes afin de séduire la jeunesse italienne.

    Un réseau militant jeune et révolutionnaire qui s’étend

    Casapound, devenue une association qui compte en 2010 plus de 2 000 membres encartés, a depuis essaimé dans toute l’Italie ou elle gère des bars, des clubs de sport, des espaces non-conformes. À Rome, Casapound dispose de points d’appui pour diffuser la nouvelle culture fasciste qu’elle a entrepris de forger et qu’elle adapte aux enjeux du XXIe siècle et à la nouvelle génération qui l’accompagne. Les militants peuvent se retrouver au pub le Cutty Sark, tandis qu’une maison d’édition assure la promotion de la production littéraire et doctrinale du mouvement. Son nom, Quatrocinqueuno, est une allusion au roman Fahrenheit 451, œuvre visionnaire d’une société totalitaire conditionnée par une pensée unique reposant sur la destruction systématique des livres. À la tête du groupe de musique phare de Casapound, Zetazeroalfa, Gianluca Iannone, chef du mouvement. C’est lui parmi d’autres qui donne le ton. À ses yeux, les fascistes doivent rompre avec la logique du ghetto, de l’enfermement sur soi, de l’électoralisme et, comme il l’affirme avec force, « prendre d’assaut le présent ». Sa logique, faire vivre plus que jamais le mythe mussolinien, l’aventure fasciste et nationale-révolutionnaire dans le troisième millénaire qui débute. Pour cela, Casapound privilégie quatre axes que sont culture, solidarité, sport et bien sûr politique.

    L’association n’entretient aucun lien avec les partis italiens unanimement jugés inefficaces et boutiquiers. Dans chacun de ces domaines, Casapound a trouvé matière à agir. Le sport est un domaine privilégié, pensé comme une alternative à la médiocrité ambiante et à la drogue. À Lecce, Casapound a créé un club de football, un autre de hockey à Bolzano, une école et équipe de rugby à Rome ainsi qu’une autre de water polo bientôt capable d’atteindre le niveau national. Un club de boxe a vu le jour ainsi qu’un club de parachutisme appelé Istincto Rapace et un autre d’alpinisme, La Muvra. Dans le domaine social, Casapound lutte pour obtenir la préférence nationale dans le logement avec sa structure Mutuo Sociale ou encore vient en aide aux familles italiennes en difficulté comme lors du séisme d’Aquilla. Un des intellectuels majeurs du mouvement, Gabriele Adinolfi, raconte à cette occasion comment une paysanne âgée, alors que le maire démocrate dénonçait l’intrusion des secours fascistes, criait à tout le monde « Je le savais que les fascistes étaient des gens bons ! ». De là a découlé la création d’un service de protection civile volontaire au sein de Casapound chargé d’aider les Italiens les plus démunis.

    Pour une esthétique avant-gardiste

    Dans le domaine artistique, Casapound reprend à son compte dans ses publications et affiches l’esthétique produite par les futuristes italiens des années 1920, alors vitrine esthétique du nationalisme de la péninsule. Place donc aux lignes droites, aux angles, au mouvement comme évocateur de l’action, de l’énergie et de l’audace, mais aussi à tout ce qui peut se référer à l’héroïsme, présenté comme vertu suprême d’un art de vivre quotidien. La librairie Testo di Ferro propose les œuvres des grandes figures intellectuelles et politiques de la révolution conservatrice, de Codreanu à Nietzsche en passant par Mishima. On y trouve aussi des auteurs plus sulfureux comme Hitler et bien sûr Mussolini. Partisan de la théorie du « squadrisme médiatique », c’est-à-dire des actions spectaculaires et éclair visant à diffuser les idées forces du mouvement et à impressionner les ennemis politiques. Casapound a par ailleurs créé son propre mouvement artistique, le turbodynamisme. Une des premières performances de cette école artistique alternative et non-conformiste fut la projection d’immenses portraits de Robert Brasillach par rétroprojecteurs sur les murs de Rome. Les affiches de Casapound qui annoncent les réunions, concerts et autres conférences, sont elles-mêmes conçues selon cette volonté de réactualiser l’esthétique fasciste avec les formes nouvelles qu’offrent les outils de création informatiques. Les formes géométriques les plus tranchées s’exposent en noir et blanc avec les portraits de grands hommes de l’histoire du nationalisme, exaltant la liberté, l’imagination, la camaraderie et l’esprit de lutte. Ces affiches sont désormais monnaie courante dans certains quartiers de Rome et admises par la population. Le terme fasciste y est normalisé grâce à l’effort de propagande de Casapound. La cité des Césars renoue progressivement avec sa grande tradition politique, régénérée par la jeune génération. Désireux d’être le cœur d’une alternative culturelle au conformisme de la gauche et de la droite bourgeoises, Casapound offre à plusieurs artistes des espaces d’exposition ainsi qu’une revue artistique. « Renouveler le rêve », telle est la motivation permanente des militants qui cherchent sans cesse à innover dans tous les domaines. L’art et la musique sont les deux puissants instruments qui rendent possible cette démarche en touchant le plus grand nombre, tout spécialement la jeunesse.

    Intensité intellectuelle, activisme et joie de vivre

    La Casapound refuse d’entrer dans le jeu des partis considérés par l’association comme propres à inhiber toutes les audaces au nom d’une modération électoraliste obligatoire. Libérée de toute contrainte en la matière, sa liberté en est d’autant plus grande. L’association possède un mensuel, L’Occidental. Une de ses figures de proue est Gabriele Adinolfi qui anime le Centre d’études Polaris où il développe des propositions politiques novatrices. Il nous explique sa stratégie comme adaptée à chaque public. Sur son site noreporter.org, il s’attache à la seule actualité là où Polaris traite plus volontiers d’histoire et notamment de celle, revue et corrigée, de la seconde guerre mondiale. Dans ses conférences à Casapound il offre ses conseils de militant fasciste expérimenté, Gabriele Adinolfi ayant dû s’exiler vingt ans en France en raison de son engagement durant les « années de plomb » en Italie. La percée la plus significative du mouvement étant peut-être celle du Blocco Studentesco, la formation étudiante de Casapound, qui rassemble en 2010 près de 40% des suffrages dans les établissements romains et ceci en se revendiquant ouvertement du fascisme. Il est devenu chose courante de voir des jeunes de quinze et seize ans issus des couches populaires échanger le salut romain. Début décembre le Blocco Studentesco rassemblait trois mille personnes dans la capitale contre une réforme de l’Instruction Publique. Sa voix est prépondérante face à une gauche étudiante, communiste ou sociale-démocrate, devenue impuissante à enrayer l’engouement général. La joie, la jeunesse, la créativité sont les principes fondamentaux d’un mouvement charpenté presque militairement. Les rues d’orange et d’ocre de Rome sont désormais battues par une jeunesse brandissant à nouveau fièrement le drapeau noir et revendiquant la prestigieuse mémoire de la République Romaine et de son héritier spirituel qu’est le fascisme. L’extension rapide et organique de Casapound Italia laisse entrevoir des succès idéologiques et culturels spectaculaires au sein de la nouvelle génération italienne. Comme le dit Gabriele Adinolfi, « Jamais depuis ma naissance le fascisme n’a été aussi populaire dans l’opinion publique italienne ». Les récoltes seront à n’en pas douter au rendez-vous pour ceux qui se présentent comme les « fascistes du troisième millénaire » et qui démontrent que l’aube viendra avec une saine, intelligente, moderne et intransigeante radicalité. Longue vie à Casapound et aux camerati !

    Yann Kermadec (Rivarol)

    https://la-dissidence.org/2016/06/16/casapound-les-fascistes-du-troisieme-millenaire/

  • Bérénice Levet : « L’École républicaine a implosé, elle n’est plus »

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – A la rentrée, le gouvernement encadrera les écoles hors contrat et financera les « décrocheurs ». Dans un entretien fleuve, Bérénice Levet décrit la mort d’une École républicaine dont le requiem n’a pas encore été prononcé.

    Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie à l’École Polytechnique et au Centre Sèvres. Son dernier livre La théorie du genre, ou le monde rêvé des anges a été publié chez Grasset en novembre 2014.

    FIGAROVOX. – A partir de la rentrée 2017, les écoles hors contrat seront soumises à un régime d’autorisation et de contrôle a priori en lieu et place du régime de déclaration. Présentée par le ministre de l’Education nationale pour lutter contre la radicalisation, cette réforme ne risque-t-elle pas de porter atteinte à la liberté d’enseignement et d’entraver d’abord les initiatives pédagogiques de certains établissements – comme les écoles du réseau Espérance Banlieues ou la Fondation pour l’Ecole d’Anne Coffinier – qui cherchent à lutter contre la crise de l’Ecole républicaine? A force de ne pas nommer les maux de notre société, ne risquons-nous pas de détruire ce qui tient encore debout en se trompant de cible?

    Bérénice Levet. – C’est une grande supercherie. Personne n’est dupe. La ministre dit s’inquiéter du niveau d’instruction des élèves inscrits dans ces établissements hors contrat, de la «pauvreté des savoirs» qui leur sont dispensés, du déficit de culture générale. Elle est tout simplement grotesque. Nos enfants sortent ignorants des écoles de l’Education nationale, ce qui ne semble guère la tourmenter. Elle prétend par ailleurs s’être saisie de cette question pressée par des élus locaux, des citoyens préoccupés de voir proliférer dans leurs quartiers, dans leurs communes, des écoles musulmanes salafistes – le danger est bien réel et exige une vigilance extrême mais les moyens de les repérer existent déjà et, de toute façon, quelles seront les suites? On se contentera, comme pour les mosquées salafistes, de les avoir identifiées… Si le savoir et la radicalisation des esprits hantaient réellement la ministre, elle renoncerait à sa réforme du collège qui parachève, nous y reviendrons, la destruction de l’école comme lieu de transmission du savoir et de formation les esprits pour lui substituer un grand centre d’animations ludiques.

    L’enjeu de ce projet est ailleurs. La ministre est résolue à faire rentrer les réfractaires dans le rang.

    Elle s’alarme d’ «une augmentation importante du nombre d’élèves scolarisés dans des établissements privés hors contrat du premier degré» mais elle ne s’interroge pas un instant sur les raisons de cette fuite loin des collèges publics ou privés sous contrat. Or, les réseaux alternatifs prospèrent sur la démission, la faillite de l’Education nationale. Et l’on peut être assuré qu’avec la réforme du collège qui doit entrer en vigueur en septembre 2016, le processus n’ira que s’accélérant, sauf naturellement si le ministère parvient à en interdire l’ouverture.

    Et pourtant l’existence et l’essor de ces réseaux est une heureuse nouvelle: voilà quelque quarante-cinq années, depuis la décennie soixante-dix, que l’école ne remplit plus sa mission. Que les professeurs ont renoncé à transmettre le vieux monde aux enfants, à leur apprendre à le connaître et à l’aimer. Chaque réforme a vidé toujours plus de sa substance et de son sens l’école et certains adultes ont réagi. Combien encore de générations perdues? se sont-ils demandés et plutôt que de regarder passivement les ruines s’amonceler, ils se sont retroussé les manches et ont créé ces réseaux alternatifs ou ont renoué avec le principe aristocratique du précepteur à domicile.

    Ces initiatives prouvent que tous les adultes n’ont pas signé la reddition avec l’exigence, l’excellence, l’instruction, le besoin fondamental de l’être humain d’être inscrit dans un monde, dans une histoire, d’être riche d’une langue et de sa littérature, bref d’engendrer des héritiers de notre civilisation – on conçoit la haine venimeuse que de telles ambitions doivent inspirer à la ministre. Des héritiers! Ce mot banni du discours des progressistes fécondé par Pierre Bourdieu.

    Ces initiatives prouvent que tous les adultes n’ont pas signé la reddition avec le besoin fondamental d’engendrer des héritiers de notre civilisation. Des héritiers ! Ce mot banni du discours des progressistes fécondé par Pierre Bourdieu.

    Quant aux critères qui permettront d’apprécier ces établissements, et de leur octroyer le droit ou non d’ouvrir ou de se maintenir quels seront-ils? Ceux de l’éducation nationale et de ses pédagogies? Le risque est grand alors de voir se tarir le développement de ces écoles puisque leur raison d’être est d’offrir un contrepoids à l’enseignement étatique.

    Pour endiguer la fuite hors des établissements publics comme privés de l’Éducation nationale, les professeurs et les proviseurs devraient, comme les médecins ou les journalistes, avoir la possibilité de faire valoir une clause de conscience et de refuser d’appliquer les diktats du ministère.

    Pour lutter contre les « décrocheurs », ces élèves qui quittent l’école sans diplôme ou qualification, le Plan Valls pour les jeunes prévoit que les lycéens boursiers de 16 à 18 ans qui reprendront leurs études recevront une prime de 600 euros. N’est-ce pas un couteux emplâtre sur une jambe de bois ? Les décrocheurs ne sont-ils pas le symptôme d’un décrochage beaucoup plus large du système éducatif dans son ensemble ?

    J’ignore si cette mesure sera coûteuse ou non mais je la tiens pour extrêmement dégradante et pour Manuel Valls qui la propose et pour la jeunesse à laquelle elle est destinée.

    La proposition de Manuel Valls est en parfaite cohérence avec la logique utilitariste et consumériste qui a investi l’école ces dernières années. Les politiques, les professeurs, les chefs d’établissement, les journalistes ont les yeux rivés sur le classement PISA qui émane de l’OCDE, les critères d’évaluation sont donc économiques. L’école n’est d’ailleurs plus le lieu de la transmission des savoirs, mais de l’acquisition des «compétences» – la substitution est éloquente: on rappellera que les DRH et autres spécialistes préconisent d’ouvrir son Curriculum Vitae par une rubrique précisément intitulée « compétences ». On ne forme plus à l’école des êtres capables de penser, de juger, mais des spécialistes de la solution des problèmes, de bons techniciens.

    L’homme y est réduit à un agent économique. Nul n’envisage d’éperonner chez ces jeunes gens plutôt que la passion de l’argent, la passion de comprendre, d’explorer la condition humaine, tous ont renoncé à leur faire découvrir la jouissance d’avoir les mots pour dire les choses…On m’objectera que c’est utopique, je ne le crois pas: il faut faire le pari de l’intelligence, tenter d’aiguillonner en tout homme l’éros de la connaissance.

    Je rappellerai ces magnifiques mots du général De Gaulle destinés à la jeunesse lors de ces vœux du 1er janvier 1969, soit quelques mois après les événements de mai: «Dans mes discours, j’aurai toujours mis l’accent sur le relèvement du franc, sur la prospérité économique, comme s’il n’y avait que cela qui comptait à mes yeux et aux vôtres, alors que je suis catholique, l’un des derniers chefs d’État à en faire ouvertement profession. C’est là encore une des contradictions de ma vie. Comme si je ne savais pas que vous avez une âme!» Il serait bon que nos politiques n’oublient pas que l’homme n’est pas qu’un homo economicus.

    Vous avez raison, le décrochage concerne le système éducatif en son entier. La plus grande incertitude règne quant au sens de l’école, y compris du côté des enseignants. Eux aussi ont décroché en quelque sorte: un professeur de français d’une classe de Cinquième qui vous explique, ainsi que j’ai pu le lire dans Le Figaro (21 mars 2016), qu’elle «a choisi d’entrecouper l’étude du Roman de Renart ou des Fourberies de Scapin, d’une lecture qu’elle nomme ”plaisir”, à savoir un roman jeunesse de science-fiction», ne sait plus pourquoi elle est là, devant ses élèves. Elle aussi, semble-t-il, prendrait bien le chemin des écoliers….

    Un peu plus de quatre ans après l’élection de François Hollande, que reste-t-il de la priorité accordée aux jeunes ? Que restera-t-il en particulier de la philosophie et de l’action de Najat Vallaud-Belkacem rue de Grenelle ?

    Si accorder la priorité à la jeunesse, c’est se soumettre à ces prétendues attentes, l’encapsuler dans « son » monde, dans « sa » culture ainsi qu’on le fait depuis les années Mitterrand/Lang, si lui donner la priorité, c’est confier au rappeur Black M la commémoration du centenaire de Verdun, ou laisser la jeunesse déferler entre les tombes de la nécropole de Douaumont [Robert Redeker , «Nous n’étions plus à Douaumont mais à Verdun Pride»] , alors François Hollande n’aura pas failli à sa promesse.

    Mais si l’on se fait une idée plus noble de la jeunesse alors on peut conclure à son immolation, au regard précisément de l’école qu’il laissera derrière lui.

    La réforme du collège qui entrera en vigueur en septembre parachève la transformation de l’école comme instance de transmission – je dis «parachève» car le processus était déjà bien avancé – en centre d’animations et celle des professeurs en gentils organisateurs d’activités culturelles et «ludiques». Nous assistons une véritable tyrannie du « ludique » qui s’exerce dans tous les domaines de la culture, de la science.

    La ruse de la ministre a été d’entremêler dans un même projet une réforme des programmes et une refonte du collège, de ses pratiques d’enseignement et de son organisation pédagogique. Or, c’est ce second volet qui est le plus décisif.

    La philosophie, pour reprendre votre terme, de Najat Vallaud-Belkacem, sa volonté d’abolir l’école comme instance de transmission des savoirs, s’incarne dans l’instauration des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires. L’argumentaire qui les justifie est totalement fallacieux: il s’agirait de permettre aux élèves de faire travailler les connaissances acquises, mais la possibilité même d’acquérir des connaissances est définitivement hypothéquée par cette nouvelle organisation.

    Je milite pour des cours de maintien à l’école. Tout commence par le corps, disait Nietzsche, admiratif du XVIIe siècle français et de son principe : « Ne jamais se laisser aller ».

    En quoi consisteront ces EPI? En activités pratiques, créatives qui associeront plusieurs disciplines où l’élève sera toujours en orbite, avec un professeur qui supervisera les activités, s’autorisera à l’occasion à distiller quelques bribes de son savoir. Mai 68 avait eu raison de l’estrade mais le dispositif scénique de la classe maintenait la séparation du maître et de ses élèves. Désormais, il sera parmi eux, soit leur parfait égal. Or, «abolir la transcendance du maître» disait Maurice Blanchot, c’est détruire les conditions mêmes de la transmission. L’asymétrie qui s’incarne dans l’espace renvoie à la polarité temporelle qui sépare l’élève du maître – le professeur est le représentant d’un monde vieux, qui précède et excède l’enfant.

    La culture, la formation de l’esprit n’est pas qu’une question de contenu, elle suppose certaines dispositions: pour recevoir des connaissances, il faut être capable d’attention, de calme, d’oubli de soi… Je milite pour des cours de maintien à l’école. Tout commence par le corps, disait Nietzsche, admiratif du XVIIe siècle français et de son principe: «Ne jamais se laisser aller». Mais Najat Vallaud-Belkacem ne voit dans la concentration, les «haltes méditatives» (Marc Fumaroli) qu’ennui, passivité dont il faut triompher.

    Voilà ce qui restera du passage de Najat Vallaud-Belkacem rue de Grenelle. N’exonérons pas cependant de leur responsabilité le Président naturellement, mais non moins le Premier ministre car c’est sous son autorité que s’accomplit cette réforme. Ce qu’on ne saurait pardonner à un homme qui se réclame volontiers d’Alain Finkielkraut, lequel a fait de l’école républicaine un des grands combats de sa vie !

    Il y a presque vingt ans, en juin 1997, Claude Allègre proposait de « dégraisser le mammouth ». Le ministère de l’Éducation nationale est-il encore réformable ou, paralysée par la rencontre de crispations idéologiques et de préservation d’intérêts particuliers, faut-il attendre qu’il implose pour « refonder l’École », formule qui fut utilisée par tant de ministres successifs ?

    Je ne pense pas que Claude Allègre ait aspiré à renouer avec une école de la transmission et de l’intégration, il entendait adapter l’école aux exigences du marché, mais là n’est pas votre question.

    L’école a déjà implosé. Personne cependant n’a encore eu le courage de prendre à bras-le-corps cette réalité.

    Aussi l’institution scolaire vivote-t-elle, maintenue, sans conviction, dans un entre-deux crépusculaire: elle n’est plus l’école républicaine telle que conçue par ses fondateurs mais elle n’est pas non plus encore tout à fait autre chose. En tout cas jusqu’à la rentrée prochaine. Et quoi qu’il en soit, le grand remplacement se fera sournoisement. Personne n’est prêt à assumer la responsabilité d’être le fossoyeur de l’école républicaine, d’en prononcer le requiem.

    Refonder l’école n’est pas un vain projet. Le statu quo n’est nullement souhaitable. Sauf que jusqu’à présent, les ministres ont botté en touche. Si le mot refondation a un sens, il implique de s’interroger sur les bases, les fondements de l’école et donc ses finalités. Il conviendrait de toute urgence d’instaurer des états généraux de l’école. Une seule question devrait aujourd’hui nous requérir: pour quoi l’école ? l’école pour quoi faire ? Quels sujets voulons-nous former dans les écoles de la République : des agents économiques, des êtres compétitifs sur le marché du travail, ainsi que nous y enjoint le rapport PISA ? Des hommes cultivés, capables d’une pensée argumentée et d’un jugement autonome ? Des citoyens c’est-à-dire des êtres « ouverts à une responsabilité », selon la belle définition de Vaclav Havel ? Voulons-nous une école qui renoue avec sa mission d’intégration et d’assimilation et travaille, par la transmission de l’héritage, à refabriquer des Français, qu’ils soient de souche ou non, car après quarante-cinq années d’éducation progressiste, tout est à rebâtir ?

    L’instauration de tels états généraux est nécessaire, et l’on aurait pu penser que les attentats islamistes qui nous ont frappés en 2015 y inciteraient, voire les imposeraient. Au lendemain des tueries de janvier, lorsque l’identité des terroristes fut connue, que l’on apprit qu’ils avaient été scolarisés dans nos établissements, l’école se trouva au centre des questions mais tout continua comme avant.

    Le président de la République décréta une « grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République », quand il eût fallu décider d’une grande mobilisation en faveur de l’instruction. Il encouragea la multiplication des débats au sein des classes, quand il n’y aurait rien de plus urgent que de faire taire les élèves. À leur donner la parole sans cesse, on les entretient dans l’illusion qu’ils pensent. Or, pour penser, il faut posséder la langue, une langue qui se cultive au contact de la littérature. Et c’est précisément la mission de l’école que de leur apprendre à former, élaborer une pensée articulée, argumentée. Jusqu’à plus ample informé, contre l’obscurantisme, contre les théories du complot et autres discours de propagande, nous n’avons d’autres armes que l’apprentissage de la pensée complexe, de l’esprit critique qui ne se confond pas, contrairement à ce que certains professeurs ont tendance à croire, avec l’indignation. Il est l’art d’établir des distinctions, de séparer comme le dit son étymologie grecque.

    S’il avait un instant pris la mesure de ce qui nous arrivait, François Hollande aurait sans délai et avec la dernière énergie, remisé au placard la réforme du collège que son ministre de l’Education nationale devait présenter quelques semaines plus tard et qui jette la dernière pelletée de terre sur l’école comme instance de transmission, d’intégration et d’assimilation.

    Alexis Feertchak 24/06/2016 – Source : LeFigaro.fr

    http://www.polemia.com/berenice-levet-lecole-republicaine-a-implose-elle-nest-plus/

  • Crise à Radio Courtoisie: Mise en garde de Jean-Yves Le Gallou

    Le patron du bulletin de la réinformation explique :

    « En 2007, j’ai proposé de créer un bulletin de réinformation quotidien sur Radio Courtoisie. Henry de Lesquen en a accepté l’idée et m’en a confié la direction. Je l’en remercie. Comme je remercie la grande centaine de réinformateurs qui ont participé à cette aventure. En particulier, Carl Hubert qui me seconde aujourd’hui et Henri Dubost, animateur du Kiosque courtois.

    « La réinformation, c’est le refus du déni de réalité, c’est le respect des faits, rien que les faits mais tous les faits. Selon la belle formule de Charles Péguy dans Notre jeunesse : « Il est toujours difficile de dire ce que l’on voit, surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »

    « Aujourd’hui, je me dois de voir ce que je vois et de le dire :Radio Courtoisie traverse une crise profonde dont l’origine se situe dans des déclarations de son président – certes tenues à l’extérieur de la radio – mais qui n’ont pas été sans répercussions sur la vie de la radio.

    « Le bulletin de réinformation prendra ses quartiers d’été le 2 juillet. Je quitterai sa direction à la rentrée de septembre et cesserai toute collaboration à Radio Courtoisie si, d’ici là, Radio Courtoisie et sa direction ne sont pas apaisées et si cette grande famille n’est pas à nouveau rassemblée. « Comme toujours ma ligne de conduite sera la suivante : ni provocation inutile, ni soumission futile, ni invectives sur les personnes, refus de tout recours au point Godwin. Il faut savoir raison garder ! »

    Le Salon Beige

  • Le Journal du chaos de cette semaine

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  • L’IDÉAL SPARTIATE : L’APPEL DE TYRTÉE À L’ARETÉ

    La volonté qui fit de Sparte une grande nation vit encore dans les élégies de Tyrtée. Cette volonté eut pour résultat la formation d’un idéal sublime qui dura bien plus longtemps que la Sparte historique – à vrai dire, il n’a pas encore disparu – et dont les élégies en question constituent le témoignage le plus suggestif. La communauté spartiate, telle qu’elle est connue dans l’histoire à une époque éloignée de sa création, apparaît à beaucoup d’égards comme quelque chose de transitoire et d’excentrique. Mais l’idéal qui inspira ses citoyens et vers lequel tendirent avec une constance farouche tous les efforts, est impérissable parce qu’il représente un instinct fondamental de l’humanité.

    Bien que la société qui lui donna naissance nous semble avoir été partiale et bornée dans ses conceptions, cet idéal demeure vrai et valable. Platon lui-même qualifiait d’étroite l’idée que se faisait le Spartiate des devoirs et de l’éducation civiques, mais il ajoutait que ces vues, immortalisées par les poèmes de Tyrtée, forment une des bases immuables de la vie politique. D’autres, d’ailleurs, partagèrent cette opinion : en réalité, le philosophe exprima simplement l’impression générale de la Grèce au sujet de Sparte. Les Grecs de son temps n’approuvèrent pas sans réserve Lacédémone et son système ; tous, néanmoins, admirent la valeur de son idéal. Dans toute cité il y eut un parti favorable à Sparte, qui se faisait une idée très optimiste de la constitution de Lycurgue. La majorité ne partageait pas cette admiration sans bornes. Pourtant, la place réservée par Platon à Tyrtée dans son système éducatif demeura indiscutée chez les Grecs des périodes ultérieures et devint un élément indéfectible de leur culture. Il appartient à Platon d’arranger et de systématiser l’héritage spirituel de l’Hellade : dans sa synthèse, les divers idéaux que posséda le peuple grec furent objectivés et situés selon leur parenté réelle. Depuis lors aucune modification importante n’y a été opérée, et durant deux millénaires, l’idéal spartiate a gardé dans l’histoire la place que le grand philosophe lui avait assignée.

    Les élégies de Tyrtée ont une portée éducative très grande. L’appel qu’elles font au sacrifice personnel et au patriotisme des Spartiates était certainement justifié par les circonstances au moment où elles furent écrites – Sparte était alors près de succomber sous le poids écrasant de la guerre de Messénie. Mais elles n’auraient pu faire l’admiration des époques subséquentes, en tant qu’expression suprême de la volonté qui fit oublier aux Lacédémoniens leur intérêt personnel au profit de celui de leur patrie, si elles n’avaient conféré à cet idéal une valeur éternelle et immuable. Les modèles qu’elles proposent pour tous les actes et pour toutes les pensées des citoyens ne furent pas conçus en un sursaut momentané de patriotisme guerrier : ils formaient les fondements mêmes et la raison d’être du monde spartiate. Rien dans la poésie grecque ne montre plus clairement combien le poète trouve la source de son inspiration dans la vie de la société à laquelle il appartient. Tyrtée n’est pas un génie poétique individuel au sens moderne du mot ; il est la voix du peuple, il exprime la foi de tous les citoyens bien pensants. Voilà pourquoi il parle le plus souvent à la première personne du pluriel : « combattons ! » crie-t-il et « mourons ! ». S’il dit parfois « je », ce n’est ni pour donner libre cours à sa personnalité ni pour s’imposer en autorité supérieure (comme le pensèrent les Anciens qui le qualifièrent souvent de général) ; ce « je » est un « je » universel, celui que Démosthène appelait la « voix unanime de la patrie ».

    Il parle donc au nom de sa patrie, et dès lors, son jugement sur ce qui est « honorable » et « honteux » acquiert une portée et une autorité bien plus grandes que s’il s’agissait de l’opinion subjective d’un quelconque rhéteur. Même à Sparte, cette relation étroite entre la volonté de l’Etat et celle de l’individu pouvait devenir en temps de paix assez peu effective pour le citoyen ordinaire. Mais en période de crise, la force de l’idéal se manifestait brusquement, en un élan irrésistible : la redoutable épreuve d’une guerre longue et indécise – qui n’en était alors qu’à ses débuts – devait donner à l’Etat spartiate sa structure d’airain. A cette heure tragique, les Lacédémoniens éprouvèrent le besoin de disposer non seulement d’une direction ferme à la fois politique et militaire, mais encore d’une expression universellement valable des vertus nouvelles que la guerre, avec ses durs combats, venait de forger. Depuis des siècles les poètes grecs étaient les hérauts de l’areté ; un héraut semblable apparut alors en la personne de Tyrtée. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le signaler, la légende déclare qu’il fut envoyé par Apollon – confirmation frappante de cette croyance bizarre qui veut que lorsqu’un chef spirituel est nécessaire, il survienne immanquablement. Tyrtée vint pour exprimer en une poésie immortelle les vertus civiques indispensables en période de danger national.

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  • Les Ducs et Duchesses de Bretagne (Philippe Tourault)

    Philippe Tourault est un historien spécialiste de la Bretagne et de l’Anjou.

    ducs-duchesses-bretagne-183x300.jpgCet ouvrage tente de dégager les lignes de force du pouvoir ducal de la Bretagne, du Xe au XVIe siècle.

    Après une naissance difficile en 936, à l’issue d’une éphémère monarchie de Bretagne et des invasions vikings, la période ducale se prolonge en Armorique jusqu’en 1532, soit près de six siècles. Elle connaît un âge ingrat jusqu’au début du XIIIe siècle, puis son affermissement et son rayonnement jusqu’aux années 1450, avant son apogée jusqu’à la fin de l’Etat breton dans la seconde moitié du XVe siècle et au début du XVIe siècle.

    Car c’est bien un Etat breton que forme le duché cent ans avant sa chute : l’ancienne Armorique est gouvernée par de véritables souverains qui développent, en toute indépendance, une idéologie et des structures de gouvernement adaptées. Mais l’auteur nous montre que cet Etat breton finit par attiser la convoitise de la France.

    Un ouvrage passionnant et un sujet méconnu et peu traité. 

    Les ducs et duchesses de Bretagne, Philippe Tourault, éditions Perrin, collection Tempus, 406 pages, 10 euros

    A commander en ligne sur le site de l’éditeur

    http://www.medias-presse.info/les-ducs-et-duchesses-de-bretagne-philippe-tourault/56765

  • Les racines chrétiennes dans la terre de France : découverte d'une église paléochrétienne à Nîmes

    Lu ici

    6a00d83451619c69e201b8d1fcf9a8970c-300wi.png"Une église paléochrétienne datant du Ve siècle a été découverte par une équipe de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) lors de fouilles menées sur le terrain d'un particulier qui habite dans le quartier des Amoureux. 130 tombes dont les datations s'échelonnent entre la fin de l'Antiquité et le haut Moyen-Age ont également été trouvées lors d'une campagne débutée le 30 décembre dernier et achevée le 22 avril dernier.

    L'imposante fondation d'une abside semi-circulaire de l'édifice religieux, bâti avec des remplois antiques monumentaux, a été mise au jour. L'intérieur de l'abside accueille de nombreuses sépultures. Au sein du cimetière, ont été découverts des sarcophages en plomb datant d'autour du IIIe siècle. Les autres tombes sont construites avec des pierres, tuiles ou bois. Il faudra de nombreux mois de travail avant la remise du rapport de fouilles probablement pour la fin de l'année prochaine".

    Vidéo ici.

    Lahire http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html