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culture et histoire - Page 1206

  • Le Lion Capétien : Louis VIII, l’autre roi croisé

    Tous les élèves qui n’ont pas connu l’heureux temps de l’histoire revue et corrigée par le gouvernement de la république ont entendu parler du règne constructeur de Philippe II, dit Auguste, et celui de Louis IX, futur saint Louis. Mais combien se souviennent qu’il y eut un roi entre ces deux grands souverains ? Fils du premier et père du second, Louis VIII est coincé entre ces figures tutélaires. Jusqu’au lycée, je me souvenais seulement qu’il fut le premier à ne pas être sacré du vivant de son père et qu’il descendait à la fois de Hugues Capet et de l’adversaire farouche de ce dernier : Charles de Basse-Lotharingie. Plus tard, par curiosité personnelle, j’appris que ce court règne fut marqué par deux éclatantes campagnes militaires. Car Louis VIII fut le vainqueur du comte Raymond de Toulouse après avoir été l’héritier qui chassait les Anglais de Guyenne.

    Fils de Philippe II et d’Isabelle de Hainaut, Louis naît le 5 septembre (comme un certain Louis XIV !) 1187 à Paris. Son règne débute le 14 juillet 1223 à la mort de son père et son sacre a lieu quelques jours après son avènement, le 6 août. Il est l’aîné du roi mais il est le premier héritier à ne pas être associé au trône et à ne pas être sacré car Philippe Auguste estime que le principe héréditaire est à  présent ancré. Ce pari sur l’avenir va s’avérer payant : Louis ne va pas chercher à nuire à son père mais va au contraire aider le royaume à se fortifier. C’est ce jeune Prince qui va combattre Jean sans Terre, roi d’Angleterre qui s’est allié avec Othon IV, l’empereur du Saint-Empire romain germanique. Ce dernier doit attaquer le Nord du royaume tandis que l’Anglais attaque par le Sud. Philippe part à la rencontre d’Othon tandis que son fils va attaquer les Anglais. Jean sans Terre surestime l’armée qu’il voit fondre sur lui et fuit sans même combattre devant la forteresse de Savennières (La-Roche-aux-Moines) dans l’actuel Maine-et-Loire. Il y laisse ses engins de siège. Louis est donc vainqueur sans combattre en ce 2 juillet 1214. Quelques jours plus tard, son père sera vainqueur à Bouvines et les Francs seront installés pour longtemps comme une nation imprenable. Louis sort de cette campagne avec le surnom de « Louis le Lion ». Jean sans Terre est trahi par les barons révoltés qui promettent à Louis la Couronne, car il est l’époux de Blanche de Castille, petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine. Par cette alliance et ce jeu d’héritages, Louis débarque en Angleterre avec 1500 hommes que soutiennent les barons rebelles et leurs mercenaires. S’il prend de facto le pouvoir, Louis n’est pas couronné car aucun évêque n’est disponible. Jean sans Terre meurt rapidement et les barons prennent peur de ce Prince franc qui a tout pour devenir un roi dynamique et ambitieux, et désignent le fils du défunt Jean. Ainsi Henry III devient roi. Louis se bat mais il est battu assez largement à Lincoln en mai 1217. Le 11 septembre 1217, Louis renonce au trône contre une compensation financière lors du traité de Lambeth. Une fois sacré roi de France, celui qui est devenu Louis VIII tente de s’emparer des possessions anglaises en France car les Anglais n’ont pas tenu leur parole donné lors du traité de 1217. Louis VIII s’empare de la Guyenne, qui correspond peu ou prou à notre Aquitaine. C’est une campagne rapide d’autant plus que le roi Henry III est mineur. A ce dernier, il reste plus que Bordeaux, la Gascogne et les îles anglo-normandes, tout le reste du Sud-Ouest ayant été repris par Louis VIII.

    Pour la plupart des français, Louis VIII est le roi de la Croisade contre les Albigeois. Profitons de ces lignes pour rappeler que les Albigeois sont des hérétiques devenus peu à peu une religion nouvelle qui établit l’existence d’un dieu bon créateur de l’âme et un dieu mauvais créateur du monde. Ainsi, le corps, la sexualité tout ce qui s’y rapporte est intiment néfaste et péché pour les Albigeois, alors nommés « parfaits » ou bougres (terme issu de « bulgares », ceux-ci étant censés être homosexuels… or les parfaits refusant la sexualité et la reproduction ont préféré l’homosexualité et ont ainsi hérité de ce nom !).                              

    Revenons à Louis VIII ! En 1218, Amaury VI de Montfort, fils de Simon IV, hérite de son père du Languedoc. Cette région est en plein trouble en révolte. Aussi, Amaury préfère laisser son fief au roi de France en échange du titre de connétable, c’est-à-dire de premier chef des armées après le roi. Le comte de Toulouse d’alors est soupçonné d’abriter des Albigeois sur son fief. Un concile se tient donc à Bourges en 1225 qui décrète qu’une croisade doit être menée pour détruire l’hérésie. Le Chef de l’expédition est naturellement Louis VIII. Les milliers de chevaliers qui partirent avec leur roi prirent la direction de la vallée du Rhône où les villes faisaient leur soumission à Louis VIII. Seule Avignon refusa, et pour cause : cette ville appartenait à Raymond VII de Toulouse. Son siège dura trois mois et fut victorieux. Aussitôt que la nouvelle de la prise d’Avignon, porte d’entrée du Languedoc, fut connue les villes de Nîmes, Carcassonne, Castres et Albi se rendirent au roi. Raymond de Toulouse s’enferma dans sa ville qui fut assiégée. Les croisés furent cependant atteints de maladies, l’hiver fut rude et le siège fut ajourné. Plus grave encore, en 1226, le comte Thibault de Champagne se brouilla avec Louis VIII. Le 30 juillet 1226, son armée quitta même l’ost royal devant Avignon, arguant que son service obligatoire de quarante jours était achevé.

    Mais Louis VIII n’eut pas le temps de se lamenter. Atteint de dysenterie, le roi mourut au château de Montpensier, en Auvergne, le 8 novembre 1226. Certains chroniqueurs et contemporains y virent un empoisonnement par Thibault de Champagne.

    Le roi défunt fut inhumé à saint Denys le 15 novembre alors que ces entrailles et son cœur furent déposés en l’abbaye de saint-André-lèz-Clermont. Jusqu’à la Guerre de Cent ans, l’on pouvait admirer son tombeau d’or et d’argent, ensuite remplacé par une dalle en pierre. En 1793, lors du pillage et de la profanation des tombes royales, on le découvrit : son cercueil était recouvert d’une pierre ornée d’une croix en demi-relief, le corps du roi était dans un suaire d’or. C’est l’unique roi inhumé de la sorte.

    Son règne aura duré trois ans alors que celui de son père Philippe II a duré 43 ans comme celui de son grand-père Louis VII, celui de son fils qui allait devenir le saint que l’on sait durera presque 44 ans. En trois petites années, Louis VIII s’acquitta de son métier de roi avec brio : il reprit la majorité de la Guyenne aux Anglais et permit l’extinction de la crise des Albigeois, aujourd’hui qualifiée à tort d’hérésie [j’y reviendrais dans un prochain article, ndla]. Surnommé « le Lion », Louis est décrit comme un chevalier courageux. Sans aucun doute, il fut un exemple pour ses fils.

    Charles d’Antioche

    http://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/1814-le-lion-capetien-louis-viii-l-autre-roi-croise

  • La révolution et le Travail :

    Le document suivant est tiré du livre de Mgr Freppel : La Révolution française, à propos du centenaire de 1789, A.Roger et F.Chernoviz éditeurs, 7 rue des grands-augustins, Paris 1889. 23e édition.
    Le chapitre original a pour titre : La Révolution française et le travail.

    Les corporations, expression du droit naturel

    L’idée fondamentale de la Révolution française en matière économique est contenue dans cette maxime économique de Turgot, tant applaudie à la fin du siècle dernier : « La source du mal est dans la faculté même accordée aux artisans d’un même métier de s’assembler et de se réunir en corps » [1]. On croit rêver en lisant aujourd’hui de pareilles inepties tombées de la plume d’un homme d’esprit. Ce que Turgot, fidèle interprète des opinions de son temps, appelait la source du mal n’est autre chose qu’un principe rigoureux de droit naturel. Car il est dans la nature des choses que les artisans d’un même métier et les ouvriers d’une même profession aient la faculté de s’assembler pour débattre et sauvegarder leurs intérêts ; ou bien il faut renoncer à toutes les notions de la solidarité et de la sociabilité humaines. C’est ce qu’on avait parfaitement compris jusqu’à la veille de 1789. Après avoir proclamé les principes qui devaient amener graduellement l’esclavage au colonat et au servage, puis enfin à l’affranchissement complet du travailleur, l’Église avait fini par faire triompher dans la classe ouvrière, comme ailleurs, la loi si éminemment féconde de l’association.

    Les corporations, solidarité et honneur des hommes de métier

    Sous l’influence des idées de rapprochement et de charité fraternelle qu’elle répandait dans le monde, il s’était opéré pour chaque métier, pour chaque profession, un groupement des forces et des volontés individuelles autour d’un seul et même centre d’action. L’on avait senti que pour être fort, il fallait s’unir, et que, dans cette union morale des travailleurs d’un même ordre, il y avait une garantie et une protection pour tous : Vincit Concordia Fratrum, selon l’antique devise des arts et métiers de Paris. Sans absorber l’individu dans le corps social et tout en lui laissant la liberté de se mouvoir et d’agir à son gré, le travail devenait plus ou moins une chose commune à laquelle chacun apportait son énergie propre, en même temps qu’il y trouvait sa fortune et son honneur. Des hommes aussi étroitement unis par les liens professionnels ne pouvaient qu’être solidaires les uns des autres, soit que leur intérêt fût en jeu ou leur réputation. Dans un tel état de choses, il y avait place pour les faibles à côté des forts ; et la richesse ou l’intelligence, au lieu d’être une cause de ruine pour personne, tournait au profit de tout le monde. Bref, le même métier était dans une même ville, pour ceux qui l’exerçaient, un signe de ralliement et le principe d’une association où tous se rencontraient, se respectaient et s’aimaient. Tel a été, six siècles durant l’aspect de cette grande et belle institution qui s’est appelée, dans l’histoire de l’économie politique et sociale, la corporation ouvrière.

    Réformer les corporations et non les détruire

    Que des abus s’y soient glissés à la longue, qu’il y ait eu nécessité d’introduire plus d’air, plus de jour, plus de mouvement, dans ces institutions devenues trop étroites, et faire une plus large part à la liberté du travail, personne ne le conteste. Là encore, il s’agissait d’opérer l’une de ces réformes justifiées par la marche du temps et par les progrès de l’industrie. Car nous ne cesserons de distinguer sur tous les points, — c’est l’idée mère de cet opuscule, — le mouvement réformateur et le mouvement révolutionnaire de 1789. Améliorer, à la bonne heure ; mais détruire sans rien mettre à la place, c’est de la folie. On ne déracine pas un arbre encore vigoureux uniquement pour le débarrasser d’une branche morte. On ne renverse pas une maison à cause de quelques mauvaises herbes qui croissent le long de ses murs. On ne démolit pas une cathédrale parce qu’avec le temps il s’est amassé sous ses voûtes de la poussière et des toiles d’araignées. C’est le bon sens qui dit cela, et le bon sens est le maître de la vie humaine pour les peuples comme pour les individus. Mais les hommes de 1789, — car c’est d’eux qu’il s’agit et non pas des énergumènes de 1793, — ne comprenaient pas ce langage ; détruire, détruire encore, détruire toujours, c’était leur devise. Sur ce point, comme sur toutes choses, ils n’avaient qu’une idée, qu’une passion, ne rien laisser debout de ce qu’une existait jusqu’alors. Cette organisation du travail, qui était l’œuvre du temps, de l’expérience et de la raison ; qui avait valu au pays de longs siècles de paix et de prospérité ; qui avait réussi à maintenir la concorde entre les travailleurs d’un même ordre ; qui avait tant contribué au bon renom et à la gloire de l’industrie française ; cette organisation, qu’il eût fallu rajeunir, améliorer, mettre en rapport avec les besoins et les intérêts de l’époque, les disciples de Turgot et de Rousseau la brisèrent en un jour d’aveugle fureur, au risque de léguer à l’âge suivant, sans aucun élément de solution, le plus redoutable des problèmes.

    Les corporations sacrifiées sur l’autel de l’égalité

    À vrai dire, — et c’est la condamnation la plus formelle des doctrines économiques de la Révolution française, — ils ne pouvaient agir autrement sans renoncer à tout ce qui fait le fond du système. Appliquant avec une rigueur de logique que je suis loin de méconnaître, les idées du Contrat social de Rousseau, la Révolution française ne conçoit que deux facteurs dans l’ordre économique comme dans tout le reste : l’individu et l’État. Pas de corps intermédiaires entre l’un et l’autre, pas de groupes particuliers possédant leur autonomie, pas d’organismes sociaux vivant de leur vie propre, pas d’associations autres que celles qui émanent de la volonté générale envisagée comme la source de tout droit et de tout pouvoir, en d’autres termes, une masse d’individus ayant des droits absolument égaux, en dehors de toute hiérarchie naturelle ou sociale, et l’État leur imposant à tous sa volonté ; voilà toute la théorie imaginée et formulée en 1789 et en 1791.

    La Révolution crée l’oppression de la classe ouvrière

    Les conséquences allaient en découler d’elles-mêmes ; et nous les avons sous les yeux. Oubliant que le principe de la liberté du travail, appliqué d’une façon absolue, sans le complément et le correctif de l’association, dans laquelle Turgot plaçait « toute la source du mal », ne saurait avoir d’autre résultat que de mettre, les pauvres et les faibles à la discrétion des riches et des forts, les théoriciens de 1789 s’étaient absolument mépris sur les conditions du problème social. Sous une apparence de liberté, c’est l’isolement qu’on apportait à l’ouvrier, et, avec l’isolement, la faiblesse. L’individu seul restait en face de lui-même, n’ayant plus aucune des ressources matérielles ou morales qu’il tirait auparavant d’un corps dont il était le membre. Dès lors, plus une ombre de hiérarchie ; plus de paternité sociale ; plus de charge d’âmes ; plus de fraternité professionnelle ; plus de règles communes ; plus de solidarité d’intérêt, plus d’honneur et de réputation plus de rapprochement entre les maîtres, les ouvriers et les apprentis ; plus de garanties pour les faibles contre les forts ; plus de protection des grands à l’égard des plus petits. Une concurrence effrénée, une lutte pour la vie où chacun, réduit à ses seules forces, cherche à l’emporter sur les autres, au risque d’entraîner leur ruine ; une mêlée où l’on se coudoie, où l’on s’écrase, où l’on se foule aux pieds, c’est-à-dire, en résumé, l’oppression en haut, la servitude en bas, l’antagonisme partout et l’union nulle part : telle est la situation que la Révolution française est venue créer à la classe ouvrière.

    Des tentatives de résistance

    Sans doute, on a cherché depuis lors à réagir contre un pareil état de choses ; et cette réaction a été couronnée de succès sur plus d’un point. Mais la question est de savoir si, pour obtenir ces résultats encore très incomplets, il n’a pas fallu rompre en visière avec la Révolution française. Oui, malgré les anathèmes de Turgot et des autres économistes de 1789 contre le régime corporatif, nous avons vu se former successivement des sociétés de secours mutuels, des caisses de pension de retraite, des banques populaires, des associations coopératives, et même des syndicats professionnels, forçant, pour ainsi dire, la tolérance des pouvoirs publics en attendant la sanction légale. Puis, enfin, nous avons vu un parlement obligé, sous la pression de l’opinion, d’abroger la loi du 27 juin 1791 et de rétablir le principe de l’association dans la loi du 21 mars 1884. Mais toutes ces réactions en faveur du principe d’association si étrangement méconnu en 1789 sont autant de conquêtes sur la Révolution française dont c’est l’erreur fondamentale de ne concevoir et de n’admettre aucun organisme intermédiaire entre l’individu et l’État.

    Le sophisme de l’amélioration des conditions matérielles

    Et que l’on ne vienne pas se rabattre sur un sophisme grossier pour attribuer au mouvement révolutionnaire la moindre part d’influence dans les progrès économiques qui ont pu s’accomplir depuis cent ans. Ce sophisme qui ne tient pas contre une minute de réflexion, nous nous attendons bien à l’entendre sous peu répéter à l’envi par les panégyristes de la Révolution. Voyez, nous dira-t-on, quel progrès économique s’est réalisé depuis la fin progrès du siècle dernier : l’ouvrier est mieux vêtu, mieux nourri, mieux logé que par le passé : pur bienfait de la Révolution française. Pur sophisme, dirons-nous à notre tour ! Si les conditions économiques, du temps actuel sont meilleures à certains égards que celles de l’âge précédent : cela est dû à des causes toutes différentes : cela est dû au progrès des sciences naturelles, physiques et chimiques, aux inventions et aux découvertes de l’industrie, à l’application de la vapeur et de l’électricité aux diverses catégories du travail humain, à une plus grande facilité dans les moyens de communication, à la multiplication des relations commerciales, à l’amélioration des routes, à la création des chemins de fer, au mouvement général de l’art et de la pensée. Mais tout cela n’a rien de commun avec les doctrines ni avec les pratiques de la Révolution française. Autant, vaudrait faire bénéficier des recherches du docteur Jenner la révolution anglaise de 1688, ou bien mettre au profit de la constitution française de 1875 la découverte de la vaccination antirabique par M. Pasteur. Il n’y a aucune espèce de rapport entre des choses d’ordre si différent. Et la preuve que la Révolution française n’est absolument pour rien dans les améliorations dont je viens de parler, c’est que dans les pays les plus réfractaires à ses doctrines, comme l’Angleterre par exemple, le progrès économique est à tout le moins aussi considérable que dans le nôtre. Par conséquent, une pareille déduction ne serait pas légitime, alors même qu’on l’agrémenterait la phrase si connue de La Bruyère, à laquelle l’auteur de Germinal n’a pas eu de peine à trouver un pendant bien autrement pittoresque, en décrivant la condition des mineurs de nos jours.

    La calamité révolutionnaire de l’antagonisme Capital-Travail

    Laissons donc là ce sophisme et disons ce qui est l’évidence même : la Révolution française n’a rien fait pour améliorer la condition des classes laborieuses ; bien au contraire, - elle a jeté le trouble et la confusion dans le monde du travail ; - elle a détruit, sans y rien substituer, ces corporations ouvrières, ces groupes sociaux si bien organisés, où petits et grands, faibles et forts, pauvres et riches étaient unis entre eux par les mêmes liens professionnels, dans une vaste hiérarchie de services et de fonctions ; - elle n’a pas su donner à la liberté du travail, dans la liberté d’association, un correctif et un complément indispensables ; - elle a désagrégé les masses ouvrières, en les soustrayant à la direction de leurs chefs naturels, pour les livrer sans défense à l’action des sociétés secrètes, de ces ligues ténébreuses où elles deviennent la proie de politiciens sans aveu et sans scrupule ; - elle a créé l’antagonisme du capital et du travail, cette grande plaie des temps modernes ; et chaque fois qu’il est question de remédier à un état de choses si lamentable, on est obligé de remonter le courant de la Révolution, pour reprendre une à une les œuvres qu’elle a détruites, et pour corriger les erreurs de son symbole économique et social.

    [1] Édit du 12 mars 1776.

    http://www.royalismesocial.com/index.php?option=com_content&view=article&id=392:la-revolution-est-le-travail-&catid=27:imposture-89&Itemid=72

  • La Nation et l’universel

    En 2011, lors du quarantième anniversaire de la Nouvelle Action royaliste, notre ami François Moulin avait eu l’idée d’un livre réunissant quarante entretiens – publiés dans notre journal - particulièrement significatifs de notre évolution. En effet, notre journal, “Royaliste”, est à la fois l’organe d’un parti politique mais aussi un lieu de réflexion devenu au fil du temps l’un des carrefours de la vie intellectuelle.

    François est mort avant d’avoir pu réaliser son projet, que nous avons repris sous le titre qu’il souhaitait : “La nation et l’universel”. Cet ouvrage marque les étapes d’un cheminement politique singulier et qui permet de retrouver de grands débats qui aident à comprendre notre époque et de nous y orienter. Il est aussi un reflet éloquent du parcours intellectuel et politique de la Nouvelle Action royaliste. Bertrand Renouvin a choisi les textes et les a situés dans l’histoire de ces quarante années. Luc de Goustine a assuré leur publication dans sa maison d’édition qui inaugure avec ce livre la collection “Cité”.

    A commander sur le site de la Nouvelle Action Royaliste

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-Nation-et-l-universel

  • [Lyon] Cercle Anthinéa

    Beau succès pour la soirée stendhalienne dans nos locaux hier ! Merci à Claude Bourrinet pour son enthousiasme ! 

     

  • Le docteur Villermé et les esclaves du libéralisme :

    « C’est la Révolution, avec l’appui des forces financières, qui a créé la masse prolétarienne, en spoliant les corporations avec l’interdiction de les reconstituer, sous peine de mort » 

    P. Bécat

    La Révolution en détruisant le système social de l’Ancien régime livra le peuple aux puissances d’argent. L’interdiction de s’associer faisant suite à la destruction des corps de métiers et le vol de leurs biens servant à l’organisation sociale, créa le prolétariat. L’ère nouvelle vit des semaines de 10 jours, la suppression des dimanches et jours fériés avec à la clef, l’obligation du travail pour manger à partir de 5 ans, sans limite d’heure avec la nuit et sans distinction de sexe…
    Devant l’intolérable qui ne gênait pas les parvenus de 89, fidèles à l’enseignement évangélique, des royalistes sociaux se levèrent pour dénoncer et soulager leurs frères dans la misère et c’est leur histoire oubliée volontairement par la République que nous allons vous révéler… En 1936, le Front Populaire reprendra à son compte les revendications sociales des royalistes montant ainsi la validité et la cohérence de ces précurseurs qui avaient vu juste…
    Alphonse Karr déclarait : «Il suffit de quelques grelots au bonnet de la Liberté pour en faire le bonnet de la folie»

    Contre l'exploitation des enfants, en révolte contre la misère sociale :

    Louis René Villermé Né en 1782 et mort en 1863, fut dans les premiers royalistes à se battre pour la cause sociale après la Révolution. Il fut médecin et se pencha sur les problèmes de mortalité selon les conditions sociales et très vite, avec d’autres, il se rend compte que le machinisme était pour quelque chose. En 1837 à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, il prononce un discours publique où les thèmes essentiels suivants furent abordés :

    - Une quantité considérable d’ouvriers sont dans un état réel de souffrance
    - Le travail est pénible, ils sont chargés de famille nombreuse
    - Le salaire est en dessous du nécessaire
    - Les vêtements sont hors d’état
    - Les logements sont humides et malsains
    - L’alimentation est grossière et insuffisante

    Contre la misère des enfants

    - Ils vivent dans un excès de travail et de misère
    - Chaque jour on les garde jusqu’à plus de 15h avec 13h de travail effectif
    - Les loyers sont trop élevés et ils vivent parfois très loin du travail ou pour venir il faut marcher 7km…
    - Certains enfants qui ont à peine 7 ans, d’autres moins « abrègent leurs sommeil et leur repos de tout le temps qu’ils doivent employer pour parcourir deux fois par jour cette longue et fatigante route »
    - Les enfants sont maigres, couverts de haillons. « sous leur vêtement rendu imperméable par l’huile des métiers tombée sur eux, le morceau de pain qui les doit nourrir jusqu’à leur retour »
    - Les lieux de travail sont souvent des pièces fermées ou il faut tenir debout pendant plus de 10 heures, « c’est une torture»
    - « Le remède…serait une loi qui fixerait un maximum à la durée journalière du travail »

    Dans la région Lilloise, il constatera, après avoir observé une soixantaine de métiers que les ouvriers vivent dans des conditions repoussantes, entassés dans des caves ou des greniers. Il passe en revue la Haute Normandie, la Marne, l’Aisne, les Ardennes avec les industries lainières, cotonnières et toutes ses observations sont soigneusement consignées. Certains horaires de travail vont jusqu’à 17 heures par jour ! Il continu dans la Vallée de la Somme, Lodève et Carcassonne, les industries de la soie. Dans les Cévennes ou il écrit en voyant les femmes : « Il serait difficile de se faire une idée de l’aspect sale, misérable, de la malpropreté de leurs mains, du mauvais état de santé de beaucoup d’entre elles et de l’odeur repoussante « sui generis» qui s’attache à leurs vêtements, infecte les ateliers.»

    Les doigts de ces pauvres femmes étaient devenus insensibles à cause des bassines d’eau bouillante des ateliers de tissus.

    - Il constate une grande mortalité infantile avec des enfants écrouelleux et de nombreux ouvriers dans les villes sont scrofuleux.
    - Il demande l’instruction pour les enfants
    - Il demande une loi interdisant le travail en dessous de 9 ans avec un travail graduelle selon les âges
    - Il demande l’interdiction du travail de nuit avant 15 ans
    - Il demande la nécessité d’un certificat médical
    - Il pose des questions sur la misère en faisant porter attention sur la mortalité, les maladies, la garde des enfants etc…
    - Il remet en cause le « Livret de travail » avec les avances sur salaire servant de moyen de pression sur les ouvriers
    - Il propose la création de caisses de secours pour les accidents du travail
    - Il porte l'attention sur les problèmes de sécurité des machines
    - Il propose des indemnités journalières
    - Il propose la création de caisses de maladie et de retraites
    - Il porte l'attention sur les locaux industriels et la salubrité

    Certaines de ses propositions aboutiront par la loi de 1841, signé par Louis-Philippe aux Tuileries. La durée de travail passait à 8 heures jusqu’à 12 ans et 12h de 12 à 16 ans. Le travail de nuit fut interdit avant 16 ans, le repos obligatoire, les jours fériés, 2 ans d’études primaires obligatoires avant l’usine avec des mesures de santé…

    L’Archevêque de Rouen dit alors : « Il fallut une loi de fer pour défendre de tuer les enfants au travail» Les débats furent houleux car le chimiste Gay Lussac s’y opposait en prétextant l’intrusion de l’Etat dans les industries, que l’on ne pourrait rien sur la salubrité et que tout cela serait un retour au St Simonisme. Le Comte de Tascher répliqua : « C’est quand on nous révèle une telle immoralité qu’on refuserait d’y pourvoir…le nerf de bœuf est placé en permanence sur les métiers dans certains ateliers. Et c’est en présence de telles abominations qu’on voudrait refuser au gouvernement le droit de les faire cesser » Il faudra attendre le vote à la Chambre des Députés le 29 décembre 1850.

    Souvenons-nous du docteur Villermé !

    Nous continuerons inlassablement à sortir la vérité des placards. A clamer dans l’obscurité d'une république vautrée dans les scandales ce que fut la misère du peuple depuis la destruction de l'ordre ancien. Pour l'honneur de ses femmes, des enfants et des hommes qui souffrir et sont morts parce que le libéralisme devait passer avant tout humanisme. Nous ne lâcherons rien, depuis que nous avons commencé à découvrir une voie de libération, une issue à une soi-disant crise. Notre travail basé sur l'empirisme et non sur le romantisme dirige nos conclusions vers l'image apaisante, voir écologique du royaume des lys...

    Frédéric Winkler

    http://www.royalismesocial.com/index.php?option=com_content&view=article&id=449:le-docteur-villerme-et-les-esclaves-du-liberalisme-&catid=62:docteur-villerme&Itemid=91

  • La nation et la nationalité

    Article publié sur a-rebours.fr et dans L’AF2000

    Un des grands atouts de l’école d’Action française est de posséder une théorie de la France absolument étrangère à tout présupposé idéologique et inspirée de la seule réalité historique.

    La « patrie », la « nation », sont des termes que Maurras emploie indifféremment pour désigner la France. Mais il distingue dans un passage classique le « patriotisme », vertu militaire qui s’applique à la défense du sol de la patrie et le « nationalisme », vertu plus abstraite, qui s’applique à la conservation de l’héritage moral et spirituel de la nation. En un sens, le nationalisme assure la régence en l’absence du prince.

    Maurras ne fait pas de la nation un absolu. Il l’envisage comme une modalité historiquement déterminée, et donc contingente, de la nature sociale de l’homme, elle seule absolument universelle et nécessaire. Mais il la considère, dans les conditions qui sont les nôtres, comme la réalité politique la plus haute : « le plus vastes des cercles communautaires qui soient, au temporel, solides et complets. » La souveraineté politique ne peut donc s’exercer qu’à cet échelon, du moins dans le cas de la France. La nation est la clef de voûte sans laquelle les réalités sociales plus petites, que Maurras entend restaurer car elles permettent l’enracinement, ne peuvent subsister. [....]

    Stéphane BLANCHONNET

    La suite sur A Rebours

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-nation-et-la-nationalite

  • Tactique du nuage de papillons

    Tactique d’action de rue. Le but est de se rendre insaisissable : on virevolte, on se regroupe en nuage coloré, on agit, et on se disperse en un clin d’œil pour se reformer ailleurs en se combinant différemment. Cette tactique est utilisée par les Black Blocs pour mener des actions de destruction de propriété, mais on peut s’en servir pour organiser toutes sortes d’actions furtives.
    Le premier principe est celui de la « pulsation », c'est-à-dire le va-et-vient constant par lequel les groupes se forment, se dispersent, se reforment. Comme dans la guérilla, une fois l’attaque accomplie, les groupes opérationnels pratiquent l’ « absorption » dans l’environnement immédiat, où ils se camouflent pour échapper à l’adversaire. Mais cette tactique devient très problématique lorsqu’on la met en œuvre sans l’accord des manifestants : on instrumentalise alors les personnes qui prennent part au cortège et on les expose à un risque qu’elles n’ont pas toujours choisi de prendre (le groupe mobile, en se repliant dans la manifestation, peut ramener avec lui une charge de police).
    Le second principe est celui de l’action « en essaims », c'est-à-dire l’action chaotique et simultanée de groupes éclatés. Différents groupes d’affinité se coordonnent pour agir au même moment. L’action est synchronisée à l’aide d’un signal quelconque, mais elle n’est pas centralisée. Pas de « cerveau de la bande » ni d’état-major. Cette forme d’organisation rend les actions pratiquement imprévisibles pour la police.
    Morjane Baba, Guerilla Kit