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culture et histoire - Page 1207

  • Pierre-Antoine BERRYER

    Vers 1844, d’incessants combats furent menés par un avocat de talent dénonçant les injustices (Liberté de la presse, le général Cambronne...). Pierre Antoine Berryer (1790-1868) fut un grand défenseur du peuple, grand perdant de la révolution de 1789. Il devint royaliste par empirisme en voyant la condition ouvrière et les désastres révolutionnaires.
    "Alors j'ai compris que : malheur aux nations dont l'existence a pour base, ou la mobilité des passions populaires ou le génie d'un grand homme qui conduit à d'éclatantes victoires, mais aussi à d'affreux revers. Alors j'ai compris la nécessité d'un principe. D'un principe qui assure la stabilité du pouvoir, non pas pour l'intérêt de la "personne-moi", mais pour l'intérêt de tout un peuple qui, sous la fixité de l'ordre et de la loi qui le constituent, sent la liberté de son action, l’indépendance de sa vie et la faculté d'exercice de toutes ses puissances".

    Il luttera contre les lois iniques interdisant à l'ouvrier de s'associer pour son prétendu intérêt commun (loi le Chapelier 1791). La défense des compagnons charpentiers de la Seine ,venus endimanchés pour l'occasion, poursuivis pour délits de coalition et atteintes à la liberté du travail (art 415/416 du Code Pénal). Ces compagnons réclamaient une augmentation de salaire, celui-ci resté le même depuis 12 ans. Tout comme avec les ouvriers imprimeurs en 1862,Berryer plaida en faveur du droit de réunion inexistant depuis la Révolution. Ecoutons le : "Mais que veulent les ouvriers ?" dira-t-on. Ils ont, comme tout le monde, la liberté que leur donne la loi de 1791: pourquoi ne s'en prévalent-ils pas ? Ah, c’est que, depuis 1791,les choses ont bien changé. La loi de 1791, abolissant les forces collectives, avait étendu à l'individualité les pouvoirs les plus grands; il ne devait plus y avoir de corporation, plus d'assemblées, plus de registres, plus de présidents; les forces collectives étaient détruites, afin que la France, disait-on, pût jouir des efforts individuels, de l'activité de chacun. C’était l'utopie du temps. Mais aujourd’hui, qui donc n'est pas corporé ? Nous ne voyons autour de nous que chambres syndicales : agents de change, notaires,avoués,huissiers,entrepreneurs de tous les corps d'état, tous ont leur chambre ; tout le monde est en corporation; à une condition cependant : c'est qu'on soit maître.

    Et quand on sera ouvrier, on sera l'homme isolé, réduit à la seule force individuelle. S’il arrive à l'ouvrier de vouloir communiquer avec l'intelligence des siens, il commettra un délit ! La liberté des transactions, la loi de 1791 ! Savez-vous ce qu'il en reste ? Je vais vous le dire : il en reste l'oppression de ceux qui ont le plus besoin de protection. Je ne suis certainement pas un agitateur, je suis essentiellement conservateur, et c'est pour cela même que je repousse les traités de gré à gré entre le maître et l'ouvrier; le traité de gré à gré, c’est le marché de la faim ; c’est la faim laissée à la discrétion de la spéculation industrielle"

    Comme tant d'autres royalistes sociaux du XIXème siècle, sa tâche sera de recréer les conditions humanistes de vie au travail et dans la cité, perdues par les destructions des corps intermédiaires au nom des principes totalitaires de 1789.Ces catholiques sociaux monarchistes et progressistes parce que traditionnalistes eurent à affronter le déchainement des libéraux de gauche comme de "droite». Ce fut pour l'honneur et la justice que ces royalistes se dressèrent comme jadis ils le faisaient, en protégeant et en soulageant les misères du peuple. Comme le proclamait le RP de Pascal : "nous sommes sociaux parce que royaliste et peut être plus que parce que catholique. Comme catholique, je m'occuperais peut-être plutôt de questions de charité que de justice ; tandis que, comme royaliste, je vois que, toujours, les royalistes français ont été à la tête de véritables réformes pour le bien du peuple."
    Pierre Antoine Berryer s'éteignit en 1868 après une vie bien remplit de combats pour les causes justes et restera dans la mémoire comme le défenseur des ouvriers, ceux de la Seine et des célèbres canuts de Lyon.

    "O Monseigneur,

    "O mon Roi, on me dit que je touche à ma dernière heure.

    "Je meurs avec la douleur de n'avoir vu le triomphe de vos droits héréditaires, consacrant le développement des libertés dont la France a besoin. Je porte ces vœux au ciel  pour votre Majesté, pour sa Majesté la Reine, pour notre chère France."

    F.WINKLER

    http://www.royalismesocial.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1&Itemid=17

  • Comment le désir d'émancipation libérale est porteur d'un système post-totalitaire

    Entretien avec Chantal Delsol

    Ex: http://www.atlantico.fr

    Dans son dernier livre, la Haine du monde, Chantal Delsol explique comment l'Occident postmoderne mène une croisade contre la réalité du monde au nom de l'émancipation totale.

    Chantal Delsol, philosophe, membre de l'Institut, poursuit une oeuvre majeure à la croisée de la métaphysique et du politique. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages aux éditions du Cerf dont "Le Nouvel âge des pères" (2015), "Les pierres d'angles" (2014) et "L'âge de renoncement" (2011).

    Atlantico : Selon vous, la volonté d'émancipation par le communisme, ou celle de la période de la Terreur, venait d'en haut. Elle était imposée par l'Etat, alors qu'aujourd'hui elle est individualisée. Cette nouvelle forme de l'émancipation est-elle meilleure ou pire ? Pour quelles raisons ?

    Chantal Delsol : Meilleure ou pire tout dépend selon quels critères. La terreur est ce qu’il y a de pire, et quand on pense à ce qu’ont subi les sujets des totalitarismes on aurait honte de comparer à quoi que ce soit. Cependant il faut préciser une chose : la terreur détruit les vies et les existences, mais en semant des martyrs elle sème aussi la résistance et la ferveur : les militants des droits de l’homme écrivent en cachette, les prêtres disent la messe dans les caves. Mais la dérision détruit beaucoup plus surement, ce peut être une sorte d’acide sur lequel l’herbe ne repousse plus.

    Pour lutter contre la terreur il faut être courageux, pour lutter contre la dérision il faut être intelligent et profond : il faut carrément retourner aux racines – c’est plus difficile et cela confère à la dérision une plus grande force de frappe.

    Cette recherche d'une émancipation plus personnelle n'est-elle pas due au fait que les "simples" citoyens ne croient plus au politique et aux élites, dont ils se sentent déconnectés?

    C’est dû à l’individualisme en général. Et au dégoût de l’oppression étatique et idéologique après ce qui s’est passé au XX° siècle. Personne n’acceptera plus de devenir le pion d’un système. Mais les mêmes finalités doivent être obtenues individuellement. L’un des exemples les plus intéressants est l’ « eugénisme libéral », qui nous montre que finalement ce que l’on reprochait à Hitler ce n’était pas l’eugénisme, mais le fait que cet eugénisme venait de l’Etat – puisque nous le justifions aujourd'hui quand il est individuel. Ce raisonnement date d’ailleurs de la période révolutionnaire. Par exemple, on le trouve chez Sade (dans Français encore un effort…) quand il délégitime la peine de mort parce qu’elle vient de l’Etat, et la justifie quand elle est le fruit du désir individuel…

    Notre volonté d'émancipation est-elle finalement plus destructrice que créatrice ? Dans certains cas, n'exprime-t-elle pas une forme de négation coupable, ou en tout cas dangereuse, de la réalité ? Lesquels ?

    L’émancipation est évidemment constructrice : comment peut-on nier par exemple que l’abolition de l’esclavage par les sociétés occidentales était constructrice de civilisation ? Mais l’émancipation commence à engager des destructions quand elle récuse la notion même de limite, quand elle se déploie sans réfléchir. Je pense qu’il y a là une négation de la réalité parce qu’une réalité résiste : une réalité anthropologique et morale que nous ne pouvons pas évincer. L’être humain ne peut pas devenir n’importe quoi, la différenciation du bien et du mal, non plus (sinon nous ne serions pas si horrifiés devant les destructions totalitaires). Tout n’est pas possible !

    Sans pointer bêtement du doigt une catégorie de la population en particulier, qui est à l'origine de cette négation de la réalité ?

    D'une manière générale, les courants qui récusent l’existence d’une anthropologie et d’une morale qui nous précèdent et nous dépassent. C’est à dire les pensées de la déconstruction en philosophie, en littérature, en art, et en politique une grande partie des courants de gauche. C’est extraordinaire de détester la réalité à ce point. Nous avons vu tout le long du XXe siècle les désastres humains qui se produisent quand on dit « tout est possible », et il y a des courants qui continuent à croire que tout est possible.

    C’est le sujet de mon livre.

    Pourtant nous souffrons d'une vacuité du symbolique. Alors comment ré-enchanter le monde sans tomber dans l'écueil du progressisme aveugle que vous dénoncez ? 

    Il ne faut pas croire que la vacuité du symbolique dont vous parlez peut trouver une réponse dans je ne sais quelle nouvelle construction. On ne ré-enchante pas le monde parce qu’on le décide ! D'ailleurs je ne vois pas en quoi « ré-enchanter le monde » nous ferait tomber dans le progressisme aveugle… Le phénomène de refus de la réalité que je décris, est à la fois vide de symbolique (dans son matérialisme par exemple), et aussi créateur de certains ré-enchantements (par le retour aux mythes, dans j’ai parlé dans L’âge du renoncement)…

    Peut-on parler d'une nouvelle génération plus "rebelle" et défiante, ou d'un contexte qui rend cette demande de rupture plus forte ?

    Les générations qui viennent sont capables de répondre à ces destructions dont je parle. Elles ont compris qu’il fallait retourner aux fondements pour lutter contre la dérision. Je suis frappée par leur courage et leur détermination. Ma génération, qui est celle de Mai 68, n’est pas aussi sympathique ! Elle est tombée tout entière dans les idéologies les plus violentes et n’a jamais assumé ses convictions meurtrières. Nous avons des enfants qui ne nous ressemblent pas et c’est une bonne chose.
    Les générations qui viennent sont capables de répondre à ces destructions dont je parle. Elles ont compris qu’il fallait retourner aux fondements pour lutter contre la dérision. Je suis frappée par leur courage et leur détermination. Ma génération, qui est celle de Mai 68, n’est pas aussi sympathique ! Elle est tombée tout entière dans les idéologies les plus violentes et n’a jamais assumé ses convictions meurtrières. Nous avons des enfants qui ne nous ressemblent pas et c’est une bonne chose.
  • Action française [Ile de France] Cercle du 12 février

    Succès de la conférence d’hier à Paris sur « L’idée de contre-révolution avant Maurras ».

     

     

  • Olivier de SERRES 1539 - 1619

    Agronome français,
    "De l'honneste comportement en la solitude de la campagne"
    Né  à Villeneuve-de-Berg en 1539, son père est premier consul de Villeneuve-de-Berg et recteur de l'hôpital, sa mère Louise de Leyris est la fille d'un notaire, greffier des Etats du Vivarais.

    La famille est protestante et permet à Olivier ainsi qu'à ses frères et sœurs d'accéder à l'enseignement et de voyager en Europe.
    Très tôt, il fait preuve d'une curiosité intellectuelle semblable à celle des humanistes de la Renaissance. Olivier de Serres est décrit tout à la fois comme un huguenot courageux, un agriculteur exemplaire, un savant précurseur, un époux attentionné, un père de famille attentif, un fin lettré et un gentilhomme avisé.
    "…tandis que, dans ton siècle, beaucoup allaient vêtus d'armures, la croix sur l'épaule et l'épée au côté, toi tu marchais modestement, en petite collerette, barbiche et coiffé ras, dans un chemin de buis; la bêche et le râteau étaient tes seules armes", ainsi est-il vu par Edmond Pilon (Collection du Pigeonnier de Saint-Félicien en Vivarais). Après des études à l'Université de Valence il acquiert le domaine du Pradel dominé par la forteresse de Mirabel, situé à une lieue de Villeneuve-de-Berg. Gentilhomme huguenot, il exploite lui-même les terres, où l'ont confiné les guerres de religion qui ruinent le royaume. Le Pradel devint ainsi un laboratoire, une ferme expérimentale, le lieu où l'intuition de la modernité agricole a jailli et où l'essai a administré la preuve empirique de la validité des inventions.
    Les méthodes de cultures sont très archaïques à cette époque.

    Olivier de Serres fut un des premiers à pratiquer une agriculture raisonnée dans son domaine agricole du Pradel de près de 200 hectares, par utilisation de l'assolement (alternance des cultures sur le même terrain). Il découvre que la culture de la luzerne enrichit la terre et permet l'année suivante de meilleures récoltes sur le terrain où elle a poussé.
    Il recommande aux paysans français d'observer un certain nombre de principes par la pratique de plusieurs cultures.
    Il importe différentes plantes : la garance des Flandres (teinture rouge), le houblon d'Angleterre (pour la bière).
    Il acclimate le maïs et le mûrier, ce dernier importé de Chine permettait la culture du ver à soie, et par conséquent la production du fil pour confectionner le textile.

    Aussi , lorsqu'en avril 1598, Henri IV, après la publication de l'édit de Nantes, lance un appel aux bonnes volontés, pour ressusciter le royaume, Olivier de Serres se met à son service.
    En effet le royaume d'Henri IV, est dévasté par les guerres de religion, il est pris dans l'engrenage dramatique de la misère paysanne, des disettes et des famines.
    En novembre 1598, Olivier de Serres se rend à Paris pour régler la succession de son frère Jean. Il est appelé à la cour.
    Il a transporté avec lui son énorme ouvrage de mille pages, dans lequel il a consigné toutes ses notes, écrit dans une langue agréable: "Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs" Le mot "théâtre" désigne les traités qui exposent les théories comme s'il s'agissait de personnages d'une scène. Le terme "Mesnage des champs " désigne la façon dont on doit faire usage, "manier" la terre et dévoile le cœur même de la réflexion d' Olivier de Serres.

    Voici comment il s'exprime dans la préface de son ouvrage : "Il y en a qui se mocquent de tous les livres d'agriculture, et nous renvoyent aux paysans sans lettres, les quels ils disent estre les seuls juges compétans de ceste matière, comme fondés sur l'expérience, seule et seule règle de cultiver les champs. Certes, pour bien faire quelque chose, il la faut bien entendre premièrement. Il couste trop cher de refaire une besogne mal faicte, et surtout en l'agriculture, en la quelle on ne peut perdre les saisons sans grand dommage. Or, qui se fie à une générale expérience, au seul rapport des laboureurs, sans savoir pourquoi, il est en danger de faire des fautes mal réparables, et s'engarer souvent à travers champs sous le crédit de ses incertaines expériences."

    Le livre est divisé en huit "lieux" où sont analysées les différentes activités agronomiques et horticoles, depuis la description et l'organisation du domaine jusqu'à la dépense des biens par le propriétaire.
    L'ouvrage décrit ainsi les manières rationnelles de connaître un terroir agricole, d'y cultiver les céréales, le mûrier et la vigne, d'y élever le bétail, la volaille, les abeilles et le ver à soie, d'y façonner un jardin à la fois potager, bouquetier, médicinal et fruitier, d'y aménager étangs, taillis et forêts et aussi d'utiliser les aliments, les habits, les meubles et les outils. Ceci afin de subvenir aux nécessités fondamentales d'une famille d'honnêtes "ménagers" : l'alimentation, le couvert et la santé, mais aussi le profit et le plaisir. Le projet d'Olivier de Serres est assez simple, il propose une philosophie sereine :

    . bousculer un mythe paysan antique, celui de la terre fatiguée qui a besoin de se reposer pendant le temps de jachère et de friche pour les remplacer par des cultures fourragères améliorant la fertilité du sol;
    . transposer aux champs les expériences novatrices faites dans le jardin, en intensifiant les cultures: la fumure animale du sol, les nouvelles espèces cultivables comme la pomme de terre connue alors sous le nom de cartoufle ou truffe blanche (cultivée en Vivarais bien avant Parmentier), l'irrigation des prairies, la sélection de variétés plus productives, plus résistantes aux maladies ou plus précoces.
    . tailler correctement les arbres, organiser et orner les jardins, cultiver la vigne, faire les vendanges et le vin;
    . s'occuper des troupeaux et élever les abeilles;
    . construire de "beaux et bons" bâtiments agricoles;
    . cultiver les orangers;
    . tenter l'extraction du sucre à partir de la betterave (mais sans arriver à un processus rentable);
    . enfin il prodigue des conseils aux pères et mères de famille sur la manière d'éduquer leurs enfants afin qu'ils sachent faire prospérer leur propriété.

    Il recommande:
    - le labour profond, l'alternance des cultures, le soufrage de la vigne,
    - la création de l'assolement par l'introduction des prairies artificielles
    l'essai de nouveaux semis ( melon, artichaut, maïs, houblon, riz et pomme de terre.)
    . Oliver de Serres s'est intéressé à la sériciculture alors embryonnaire en France, un chapitre est consacré à "la cueillette de la soye et la nourriture des vers qui la fond" il a introduit et fait prospérer le mûrier pour l'élevage du ver à soie dans son domaine au Pradel, en Ardèche.
    C'est le fruit de son expérience sur l'élevage des chenilles du bombyx (vers à soie), qui se nourrissent exclusivement de feuilles fraîches de mûrier blanc. Parvenues à maturité en trente jours, elles sécrètent alors le filament soyeux qui formera leur cocon. On étouffe les chrysalides dans leurs cocons, pour qu'elles ne brisent pas les fils de soie en sortant. Les écheveaux de soie produits par Olivier de Serres sont mis en vente dans l'échoppe familiale de Villeneuve de Berg.

    La culture du mûrier était jusque là très localisée. Henri IV voudrait l'intensifier afin de diminuer les sorties d'or nécessaires à l'achat d'étoffes étrangères, "pour, comme le dit Olivier de Serres lui-même, qu'elle se vît rédimée de la valeur de plus de 4000 000 d'or que tous les ans il en fallait sortir pour la fournir des étoffes composées en cette matière ou de la matière même." Il devient l'ami de Claude Mollet (1563 - 1650), le jardinier d'Henri IV qui réalisa les jardins de Saint-Germain-en-Laye, de Fontainebleau, des Tuileries et de Blois.

    Malgré l'opposition de son ministre Sully, afin de donner l'exemple, après avoir consulté le chancelier Pompone de Bellièvre, Laffemas son surintendant du commerce, son jardinier Claude Mollet, le roi prit l'avis d'un cultivateur expérimenté Olivier de Serres: "Le roi ayant très bien recognu ces choses, par le discours qu'il me commanda de lui faire sur ce sujet, l'an 1599, print résolution de faire eslever des meuriers blancs par tous les jardins de ses maisons". et décide de faire planter 20.000 pieds de mûriers aux Tuileries et à Fontainebleau. D'autres plantations et magnaneries se développent dans la région Lyonnaise où se fixera l'industrie de la soie et qui fera, plus tard, de Lyon la capitale de la soie.

    En février 1599, Henri IV décide de faire publier le chapitre relatif à l'élevage du ver à soie :"Traité de la cueillette de la soie par la nourriture des vers qui la font".

    Devant le succès, en mars 1600 de l'année suivante, le "Théâtre d'agriculture et mesnage des champs" est édité , à la demande du roi dans son intégralité en 16.000 exemplaires et expédié dans toutes les paroisses de France.
    Le livre connaîtra 8 rééditions du vivant de son auteur, 19 rééditions jusqu'en 1675, ainsi qu'une 21ème édition en 1804
    A cette époque, les paysans ne cultivaient leurs terres qu'un an sur deux par manque de fumier. Le reste du temps, les terres restaient en jachère. Avec Olivier de Serres la culture de la luzerne et du sainfoin sur les jachères inaugure les prairies artificielles. Elles régénèrent la terre et engraissent le bétail qui produit du fumier.

    La vogue de l'agronomie s'éteind après Henri IV pour renaître sous Napoléon 1er.

    Olivier de Serres, qu'on surnomma ensuite le Père de l'Agriculture, meurt au Pradel près de Villeneuve-de-Berg le 12 juillet 1619, à l'âge de 80 ans.

    Nombreux sont ceux qui se référèrent à l'agronome Ardéchois:
    - Arthur Young se rendit deux siècles après sa mort sur le sol du Pradel;
    - Pasteur lui reconnut un rôle de précurseur de l'agronomie et de savant éclairé;
    - Fernand Lequenne, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, rappela dans une biographie ses apports irremplaçables à l'élevage des abeilles comme aux techniques de greffage et de travail du sol, en dénonçant déjà les excès des engrais industriels au profit des techniques traditionnelles de fumure et de la prise en compte de la biologie du sol; au moment où commençaient à être diffusées en France les idées d'agriculture biodynamique et organique de Rudolf Steiner et Albert Howard.
    - le domaine de Pradel est aujourd'hui une ferme-école. Le mas a été reconstruit au XVIIe siècle par Daniel de Serres, le fils d'Olivier.
    - enfin il n'est guère aujourd'hui de séance de l'Académie d'Agriculture qui n'évoque l'illustre pionnier.

    "Père de l'Agriculture"… "J'honore un homme qui fut grand pour avoir mis au premier rang La terre où sont toutes choses."
    (Charles Forot extraits de son "Ode à Olivier de Serres")

    "Necessitas, commoditas et voluptas" (Vitruve )

    Sources:
    - "Histoire de la pomme de terre" par Ernest Roze, Paris , J.Rothschild, Editeur 1898, 464 p. Angers, Imprimerie A. Burdin
    - Lequenne Fernand, la vie d'Olivier de Serres, Paris, René Julliard, 1945
    - Serres, Olivier (de), Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs, Genève, Slatkine, 1991.
    - Lequenne, Fernand, Olivier de Serres, agronome et soldat de Dieu, Paris, Berger-Levrault, 1983.
    - Gourdin, Henri, Olivier de Serres, science, expérience, diligence en agriculture au temps d'Henri IV

    http://www.royalismesocial.com/index.php?option=com_content&view=article&id=31&Itemid=16

  • Des livres à lire : La huitième plaie

    Par Stratediplo, auteur de l'excellent "Septième scénario", dont nous rendions compte ici.

    Son thème, l'invasion légale que nous concoctent les traitres qui nous gouvernent pour notre peine: 300 pages irréfutables préfacées par une autorité du droit et de la sécurité.

    6a00d83451619c69e201b7c8157221970b-800wi.jpgLes membres de l'Union européenne s'apprêtent à régulariser deux millions de hors-la-loi introduits illégalement par voie de fait en 2015, afin d'inviter leurs douze millions d'ayants-droit au regroupement familial, tout en accueillant encorehuit millions (certains disent treize) de nouveaux hors-la-loi en 2016 pour ouvrir la porte au regroupement familial deleurs quarante-huit millions d'ayants-droit en 2017. Le gouvernement français, aussi discret sur les chiffres que pendant la canicule de 2003, a déjà réservé 20 % de ces soixante-dix millions d'hères venus d'un autre monde. Cette régularisation illégale est inacceptable, il n'y a pas d'alternative heureuse à l'application des textes votés. Il fallait exposer les chiffres, enjeux, acteurs, desseins, feintes et pièges, pour que les peuples d'Europe puissent agir avant que l'irréparable ne soit commis. Car s'ils veulent survivre, ils doivent de toute urgence contraindre leurs gouvernements, actuels ou de substitution, à l'obéissance civile.

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/02/des-livres-%C3%A0-lire-la-huiti%C3%A8me-plaie-.html

  • Le nationalisme et le fascisme

    Le nationalisme :

    L’origine du terme : avant de définir la chose, il est intéressant de remonter au tout premier emploi du terme. Ce qui permet de trancher sur sa définition. La première origine du nationalisme est contre-révolutionnaire, et c’est grâce à l’abbé Augustin Barruel qui a pu mettre la main sur des documents maçonniques importants de l’époque révolutionnaire du XVIIIe siècle, que nous le savons très clairement. En effet, Adam Weishaupt le juif prussien et conjuré de la Révolution-subversion, fondateur des Illuminés de Bavière, a opposé dans ses textes « les partisans de l’amour national, ou nationalisme » et « les partisans de l’amour général » faisant référence ainsi à ladite République universelle, universaliste et sans frontière.
    C’est une réaction contre la subversion bourgeoise et libérale de 1789.

    La confusion : Il y eut une confusion sur le terme dès le début du XIXe siècle, à cause des républicains qui nommaient parfois « nationalisme » leur « théorie des nationalités ». Or, c’est ici l’origine de cette volonté de naturaliser tout corps étranger à la nation, le but étant de « républicaniser » les esprits, si bien que ces principes portent en eux-mêmes la naturalisation des étrangers qui a complètement dégénéré aujourd’hui. À l’époque, ce sont d’abord des juifs laïcisés qui accédaient au droit d’être considérés « français » par leur république.
    Et c’est à Maurice Barrès que l’on doit la définition du nationalisme qui est celle que nous connaissons aujourd’hui, grâce à la prédominance de ce titre d’article emblématique dans Le Figaro : « La querelle des nationalistes et des cosmopolites ». Les cosmopolites, c’est ainsi que l’on surnommait les mondialistes un siècle auparavant, puisque le projet de gouvernement mondial n’était pas aussi apparent qu’aujourd’hui. Suite à cela, le terme prit une telle envergure que les républicains n’osent plus l’employer et ont fini par l’abandonner.

    Les nationalistes : nous avons eu nos penseurs et nos hommes d’action. Au départ il y eut Édouard Drumont, qui n’était pas connu que pour être un rude antijuif, mais également pour avoir défendu l’héritage du peuple français. Tout un petit peuple de paysans, d’ouvriers, d’actionnaires, de policiers et de curés suivait ses activités. Il est connu pour avoir critiqué toute l’actualité de la IIIe république, de même que nous nous opposons aujourd’hui à la Ve république.
    On sort ensuite du pessimisme défaitiste dont Drumont était imprégné (auteur d’un livre au titre significateur de « La fin d’un monde ») grâce à Barrès, plus voué à l’action et proche de ligues patriotiques ; c’est le début d’une famille militante. Barrès affirme que « le nationalisme est une amitié » et que c’est aussi« l’acceptation d’un déterminisme », l’acceptation de ce qui est inné en nous, nous dépendons de ceux qui nous ont précédés, nos glorieux ancêtres vivent à travers nous, c’est ce qu’il appelle « la terre et les morts ». L’ordre naturel des choses.
    Bien évidemment, on ne peut faire l’impasse sur Charles Maurras, un grand doctrinaire qui a rédigé des milliers de pages, dont nous ne sommes pas obligés de partager toutes les conclusions mais bien d’en tirer le meilleur. Sa pensée est à la fois scientifique et rationaliste (pas au sens desdites Lumières), basée sur l’expérience de l’Empirisme organisateur et du Nationalisme intégral qui renvoie au principe monarchique le plus fort.
    On retrouve toute une synthèse de ces doctrinaires dans un livre, longtemps recommander aux militants nationalistes mais plus difficilement trouvable aujourd’hui : Doctrines du nationalisme de Jacques Ploncard d’Assac, livre où l’auteur traite de la doctrine politique non seulement en France mais même en Europe. Logique puisqu’il y a autant de nationalismes que de nations, chaque nation possède ses particularités.
    Nous pouvons éventuellement revendiquer d’autres penseurs qui ne se sont pas défini proprement avec ce terme, comme Alexis Carrel, Joseph de Maistre et d’autres…

    La définition : c’est en un mot défendre « le sol, le sang, et le ciel » pour reprendre une formule d’André Gandillon. C’est-à-dire défendre son patrimoine, son territoire, sa géographie, son peuple, sa race, son esprit et sa spiritualité. C’est aussi défendre sa souveraineté dans tous les domaines : aussi bien politique que financière, aussi bien culturelle que dans les ordres militaires…etc. C’est défendre le Bien commun.
    Pour ce qui est de son aspect social, ses idées sont éprises d’un « socialisme » mais non démocratique, c’est-à-dire essentiellement attachés au Principe de subsidiaritéet aux Corporations de métiers supprimés en 1791 par le franc-maçon Le Chapelier spoliateur des honnêtes gens. C’est déléguer a des échelons inférieurs tant qu’il est possible pour qu’une nation soit bien organisée en : villages-communes, départements-régions, villes-capitale, état-nation… De même qu’il existe des cercles naturelles qui lient l’individu a sa famille (proche, élargie et pourquoi pas militante) et a sa communauté régionale et nationale.

    Le patriotisme : quelque chose de fort charnel, relatif à l’esprit militaire, il s’agit de défendre la Terre des pères, de défendre ses frontières. Alors que le nationalisme s’attache à l’Esprit des pères. Une distinction parfaitement opérée par Maurras.
    Les deux doivent aller de pair, sans que le patriotisme physique (guerrier) empiète sur le nationalisme spirituel (lié à l’esprit), l’âme étant plus importante que le corps. C’est la distinction entre gaullisme et « pétainisme » comme nous le montre l’exemple dernière guerre mondiale en France.

    L’héritage : nous avons un peuple d’origine celte et romaine, mais aussi franque dans le nord et wisigoth dans le sud, et dont la mission civilisatrice lui est donnée depuis le baptême de Clovis en 496.

    Le fascisme :

    Mussolini en Italie : une autre doctrine nationale. Même si le mouvement fasciste prend pied avec la victoire de Benito Mussolini incarnée par la Marche sur Rome en automne 1922, et même si le Duce a affirmé d’abord que « le fascisme n’est pas un article d’exportation » ce ne sera plus un mouvement strictement italien. Rappelons pour commencer, que le Duce du fascisme a été influencé par différents penseurs, et parfois français, tels que Charles Péguy, Georges Sorel et en partie les nationalistes français cités plus haut.

    Exportation en Europe : si l’expression du fascisme diffère selon les particularités nationales, on retrouve une même base dans cet idéal qui a embrasé toute l’Europe durant l’entre-deux-guerres, à savoir : en France avec le Francisme de Marcel Bucard, reconnu après coup par Mussolini comme « l’expression du fascisme à la française »(mouvement qu’il a d’ailleurs soutenu financièrement), et en Espagne avec laPhalange bien que José-Antonio Primo de Rivera dit bien vouloir se distinguer du Faisceau italien.

    Les principes : si c’est d’abord un mouvement porter sur l’action, une fois à la tête de sa patrie, Mussolini affirme qu’il faut « se donner un corps de doctrine » sous peine de disparaître… Le fascisme comparé au nationalisme stricte, est teinté de plus d’idéal, de mystique, de poésie et d’esthétique (ce qui n’empêche pas le réalisme). C’est ce qui apporte au nationalisme une certaine fraicheur. Le fascisme vise plus volontiers à une entente européenne, entre nations, pour défendre la civilisation blanche et chrétienne contre les deux mamelles internationalistes, le communisme et le libéralisme. Comme le rappelle Pierre Sidos : l’État fasciste a su concilier l’état et la religion ainsi que le social et le national. C’est un socialisme libéré de l’élément démocratique et quel bel exemple que celui du Duce brûlant symboliquement la dette pour dire à ces escrocs transnationaux qu’ils n’auront rien, ou encore en conduisant bien des banques au cimetière pour préserver son unité et éviter d’appliquer des mesures contraignantes envers et contre son peuple.

    L’être fasciste : c’est avoir une volonté forte, l’idée de lutter contre ses vils instincts et les bas plaisirs. En somme une exhalation et un renforcement de l’esprit, le fasciste aimer l’action, le dépassement de soi, la camaraderie, l’ordre, en bref : le beau et le vrai !

    Une doctrine universelle : Pour approfondir sur le sujet vous pouvez lire les écrivains fascistes français Maurice Bardèche et Robert Brasillach. L’universalité d’un tel idéal se retrouve dans les analyses de Bardèche qui voit en l’Égypte de Nasser ou encore chez Évita et le général Perron : un fascisme ou une forme de fascisme. C’est désormais le seul chemin qui mène à Rome, ville « qui a donnée trois civilisations à l’humanité et au monde » comme le montre l’histoire : entre romanité, catholicité et fascismes nationaux.
    Tout ce qui est de principe monarchique est nôtre.

    Texte tiré de deux discours donnés au Camp école de Jeune nation, promotion Robert Brasillach,le 10 juillet 2015.

    https://florianrouanet.wordpress.com/2016/02/03/le-nationalisme-et-le-fascisme/

  • L'enracinement

    Lu sur Terre et famille :

    "[...] Parler d’enracinement évoque immédiatement en nous l’image de l’arbre centenaire, aux racines profondes et à l’imposante ramure. Elevée en absolu, cette belle analogie de la famille naturelle peut cependant nous enfermer dans une forme de naturalisme diffus voire de paganisme déclaré (on se souviendra notamment du hêtre de la scierie dans Un roi sans divertissement). C’est peut-être une des raisons pour lesquelles le Christ, pour parler d’enracinement, ne recourt pas à cette image mais essentiellement à celle de la semence, du froment et de la moisson. En effet, contrairement à l’arbre, le blé n’est pas supposé « s’enraciner pour s’élever », dans le sens de lever pour lui-même, pour se complaire de façon durable dans la perfection de sa nature, aussi belle et féconde soit-elle. Le froment s’enracine pour s’élever et être moissonné : il donne le meilleur de lui-même et de la terre, il se donne lui-même à une œuvre qui le dépasse. Il s’accomplit dans le renoncement de soi pour un plus grand que soi. Le blé s’enracine pour être broyé et devenir hostie consacrée, pour devenir Dieu Lui-même. En cela, ce renoncement n’est pas une perte mais un gain qu’aucun bien de ce monde ne pourrait équivaloir (Philippiens, I, 21 : « le Christ est ma vie et mourir m’est un gain »).

    Notre nature a bien sûr toutes les raisons de frémir devant cette forme sublime d’anéantissement et c’est pourquoi l’enracinement de l’arbre, symbole de force, d’épanouissement paisible et durable, nous parait plus accessible, plus raisonnable, plus confortable. Mais à quoi bon s’enraciner et s’élever, si la terre et le ciel viennent à passer ? De quelle utilité seront alors pour l’arbre ses racines et ses branches ? Il n’aura d’autres choix en définitive que de disparaître ou de transcender sa nature pour se maintenir dans l’existence, à l’instar du blé.

    Nous avons oublié que l’homme n’a pas été créé pour la terre, pas même pour le Jardin d’Eden mais pour le Ciel. Hélas, depuis le péché originel, nous souffrons tous de la « nostalgie du Paradis terrestre » (Père Marie-Dominique Philippe) :  nous sommes si déraisonnablement attachés à cette « vallée de larmes » que nous en venons à renoncer au Ciel. C’est pourquoi la considération de notre propre anéantissement ou de celui du monde peut être le dernier recours de Dieu pour nous inciter, comme un instinct de survie, à saisir la main qu’Il ne cesse de nous tendre à travers la mort.

    Ce passage dans l’au-delà n’en relativise pas pour autant la profondeur et la pérennité de l’enracinement chrétien. En effet, la résurrection de la chair a pour conséquence d’entrainer dans l’éternité l’intégralité de notre humanité, non seulement notre âme mais aussi notre corps, ce corps par lequel nous avons aimé et souffert, ce corps issu d’une lignée, d’un peuple, nourri de la générosité d’une terre.

    Le monde, l’Europe, la France ne sont pas éternels mais les hommes, les Européens, les Français le sont. Au nom de la « bio-diversité éternelle », nous devons défendre notre identité, notre pays, notre civilisation pour la variété des saints qu’ils suscitent, comme on défend une terre pour la qualité particulière de son blé ou de sa vigne. Ne redoutons pas la fin des nations que l’Ecriture nous annonce comme un signe de notre délivrance prochaine. Ne craignons pas même le martyre qui galvanise les pusillanimes, ébranle les sceptiques, assagit les téméraires : s’il éprouve l’Eglise militante sur le plan naturel, il la purifie sur le plan surnaturel et gonfle les rangs de l’Eglise triomphante. [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/02/lenracinement.html

  • L'enracinement

    Lu sur Terre et famille :

    "[...] Parler d’enracinement évoque immédiatement en nous l’image de l’arbre centenaire, aux racines profondes et à l’imposante ramure. Elevée en absolu, cette belle analogie de la famille naturelle peut cependant nous enfermer dans une forme de naturalisme diffus voire de paganisme déclaré (on se souviendra notamment du hêtre de la scierie dans Un roi sans divertissement). C’est peut-être une des raisons pour lesquelles le Christ, pour parler d’enracinement, ne recourt pas à cette image mais essentiellement à celle de la semence, du froment et de la moisson. En effet, contrairement à l’arbre, le blé n’est pas supposé « s’enraciner pour s’élever », dans le sens de lever pour lui-même, pour se complaire de façon durable dans la perfection de sa nature, aussi belle et féconde soit-elle. Le froment s’enracine pour s’élever et être moissonné : il donne le meilleur de lui-même et de la terre, il se donne lui-même à une œuvre qui le dépasse. Il s’accomplit dans le renoncement de soi pour un plus grand que soi. Le blé s’enracine pour être broyé et devenir hostie consacrée, pour devenir Dieu Lui-même. En cela, ce renoncement n’est pas une perte mais un gain qu’aucun bien de ce monde ne pourrait équivaloir (Philippiens, I, 21 : « le Christ est ma vie et mourir m’est un gain »).

    Notre nature a bien sûr toutes les raisons de frémir devant cette forme sublime d’anéantissement et c’est pourquoi l’enracinement de l’arbre, symbole de force, d’épanouissement paisible et durable, nous parait plus accessible, plus raisonnable, plus confortable. Mais à quoi bon s’enraciner et s’élever, si la terre et le ciel viennent à passer ? De quelle utilité seront alors pour l’arbre ses racines et ses branches ? Il n’aura d’autres choix en définitive que de disparaître ou de transcender sa nature pour se maintenir dans l’existence, à l’instar du blé.

    Nous avons oublié que l’homme n’a pas été créé pour la terre, pas même pour le Jardin d’Eden mais pour le Ciel. Hélas, depuis le péché originel, nous souffrons tous de la « nostalgie du Paradis terrestre » (Père Marie-Dominique Philippe) :  nous sommes si déraisonnablement attachés à cette « vallée de larmes » que nous en venons à renoncer au Ciel. C’est pourquoi la considération de notre propre anéantissement ou de celui du monde peut être le dernier recours de Dieu pour nous inciter, comme un instinct de survie, à saisir la main qu’Il ne cesse de nous tendre à travers la mort.

    Ce passage dans l’au-delà n’en relativise pas pour autant la profondeur et la pérennité de l’enracinement chrétien. En effet, la résurrection de la chair a pour conséquence d’entrainer dans l’éternité l’intégralité de notre humanité, non seulement notre âme mais aussi notre corps, ce corps par lequel nous avons aimé et souffert, ce corps issu d’une lignée, d’un peuple, nourri de la générosité d’une terre.

    Le monde, l’Europe, la France ne sont pas éternels mais les hommes, les Européens, les Français le sont. Au nom de la « bio-diversité éternelle », nous devons défendre notre identité, notre pays, notre civilisation pour la variété des saints qu’ils suscitent, comme on défend une terre pour la qualité particulière de son blé ou de sa vigne. Ne redoutons pas la fin des nations que l’Ecriture nous annonce comme un signe de notre délivrance prochaine. Ne craignons pas même le martyre qui galvanise les pusillanimes, ébranle les sceptiques, assagit les téméraires : s’il éprouve l’Eglise militante sur le plan naturel, il la purifie sur le plan surnaturel et gonfle les rangs de l’Eglise triomphante. [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/02/lenracinement.html