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culture et histoire - Page 1236

  • Les Racines de la France

    Comment permettre aujourd’hui à la France de retrouver son âme ? Comment lui redonner foi en sa mission de toujours, tout en tenant compte des acquis de notre troisième millénaire ?

    Une première réponse nous vient de la Tradition. Elle explique que la puissance vibratoire d’un mot ou d’un nom est redoutable ! Or le nom de la Gaule résonne dans la langue hébraïque, dans la racine « Gal » qui est celle de la « libération ». Le verbe « Gaol » signifie en effet : « libérer, affranchir, racheter un esclave ». La Gaule eut vocation de libération et la France, son héritière, n’a de réelle identité que dans cette dynamique et sa réalisation.

    Il y a deux cents ans, la France s’est voulu un autre niveau de conscience coupé de la Tradition en décapitant son Roi. Elle s’est vue du même coup, perdre son âme, en s’acheminant vers un matérialisme, dont elle fait aujourd’hui l’expérience jusqu’à l’absurde et peut-être l’anéantissement. Et la France d’errer de droite à gauche, sans plus aucun fil conducteur pour retrouver son axe.

    C’est au niveau de ses racines internes, au coeur de l’homme, de chacun, que sont enchaînés nos problèmes tant nationaux que mondiaux, tant personnels que sociaux, tant matériels qu’affectifs et éthiques. C’est à ce niveau qu’il faudra en particulier et surtout oeuvrer, à la lumière des valeurs ontologiques retrouvées et dans la dimension d’un message d’amour pour l’avenir. Car les destructions ne sont pas naturelles. Ce qui est naturel c’est la construction. [....]

  • Action Française [Ile de france] Cercle du 11 décembre

    Salle comble pour la conférence du cercle Charles Maurras de l’ AFE Ile de France sur la question dynastique.

     

     

  • Les craintes de Samuel Huntington

    Il y a environ deux ans, dans le cadre de son émission “Répliques” diffusée chaque samedi matin sur France-Culture, Alain Finkielkraut affirma très justement que Samuel P. Huntington est un auteur dont tout le monde parle en France, mais que personne n'a vraiment lu. Il dénonçait ainsi une maladie endémique des milieux intellectuels français, leur incorrigible frivolité.

    Bien que Huntington, aujourd'hui âgé de 78 ans, ancien conseiller de Jimmy Carter et depuis longtemps professeur émérite de relations internationales à Harvard, ait publié son premier livre à la fin des années 1950 (en 1970, il codirigera un ouvrage collectif sur les régimes à parti unique, The Authoritarian Politics in Modern Society. The Dynamics of Established One-Party System), ce n'est que 40 ans plus tard qu'il sortit des sphères universitaires pour accéder à la notoriété internationale, avec un gros ouvrage très vite traduit dans de nombreuses langues, Le Choc des civilisations (1).

    Il n'est pas indifférent de rappeler que la première mouture de ce livre fut « un cycle de conférences qui [se tint] à l'American Enterprise Institute de Washington, en octobre 1992 » [p. 10-11], soit dans les locaux du plus important think tank (boîte à idées) néo-conservateur, « dont est issue une bonne partie de l'administration Bush » (2). En effet, après des débuts comme libéral et démocrate typique de la côte Est, Huntington s'est peu à peu “droitisé” pour finir, non par rejoindre en réalité les néoconservateurs, mais par se faire le défenseur d'un “néonationalisme” américain. En France, Le choc des civilisations eut droit à un succès d'estime, et il faut croire que ses ventes furent satisfaisantes puisqu'il fut bientôt réédité dans une collection de poche.

    Pour autant, ce livre a-t-il été lu chez nous comme il le mérite, c'est-à-dire ligne à ligne et crayon en main (3) ? À considérer les jugements hâtifs dont il fit l'objet, et ce dans les milieux les plus opposés, il est permis d'en douter.Huntington, il est vrai, ne fait aucune concession à la facilité, entrecoupant volontiers ses analyses de graphiques, statistiques et pourcentages rébarbatifs. Son allure même est à contre-courant : le vieux professeur est un WASP (White Anglo-Saxon Protestant) plus vrai que nature, un Bostonien aux yeux bleus, vifs et pénétrants, dont la calvitie laisse encore voir des cheveux blonds et qui ne porte que des blazers et des cravates rayées d'un classicisme indémodable.

    Puisqu'un second livre de Huntington, consacré à la crise de l'identité nationale américaine, est paru en traduction française il y a quelques mois, il semble utile de mettre en relief les raisons de lire ou de relire le politologue américain. On va voir qu'elles sont excellentes et concernent des enjeux essentiels. Il sera bon, pour commencer, de procéder par le rappel de quelques-uns des reproches faits à Huntington et de montrer, citations à l'appui, l'inanité de ces reproches.

    Huntington a d'abord été accusé de laisser entendre avec présomption qu'il avait découvert, quelques années après la fin de l'empire soviétique et le dépérissement des idéologies, la clé du dynamisme historique, donc accusé de retomber, même à son corps défendant, dans une approche idéologique. En fait, s'il a bien énoncé sa thèse centrale comme une règle (« Dans le monde nouveau qui est désormais le nôtre, la politique locale est ethnique et la politique globale est civilisationnelle » [p. 21]), Huntington s'est bien gardé de conférer à cette règle une validité permanente. Son regard est toujours strictement politique et historique : « L'approche civilisationnelle, écrit-il, peut aider à comprendre la politique globale à la fin du XXe siècle et au début du XXIe. Pour autant, cela ne veut pas dire que cette grille de lecture est pertinente pour le milieu du XXe ni qu'elle le sera pou le milieu du XXIe » [p. 10]. Ce grand défenseur de la culture anglo-protestante s'est également vu reprocher de n'avoir pas encore vraiment compris que le temps de la domination blanche est définitivement révolu. Or, non seulement Huntigton refuse toute supériorité intrinsèque à l'Occident, mais il ne croit pas que le modèle occidental soit réellement universalisable : « L'Occident, affirme-t-il, a vaincu le monde non parce que ses idées, ses valeurs, sa religion étaient supérieures […], mais plutôt par sa supériorité à utiliser la violence organisée. Les Occidentaux l'oublient souvent, les non-Occidentaux jamais. […] Seule l'arrogance incite les Occidentaux à considérer que les non-Occidentaux “s'occidentaliseront” en consommant plus de produits occidentaux. Le fait que les Occidentaux identifient leur culture à des liquides vaisselle, des pantalons décolorés et des aliments trop riches, voilà qui est révélateur de ce qu'est l'Occident » [p. 61 et p. 72-73].

    La seconde partie de la citation renvoie à ce que l'on peut considérer comme l'apport le plus novateur et le plus original du Choc des civilisations à savoir la distinction capitale entre modernisation et occidentalisation. Là encore, c'est l'immense mérite de Huntington que de ne pas confondre l'ethnologie ou l'anthropologie culturelle avec l'histoire. Jusqu'à la parution de son livre ou presque, modernisation et occidentalisation étaient entendues comme des quasi-synonymes : soit pour s'en féliciter, au nom de la démocratie et de l'idéologie des droits de l'homme, réputées universalisables ; soit pour condamner le phénomène, au nom du relativisme des valeurs et de la défense du droit à la différence.

    Sous l'effet d'un paradoxe qui n'est qu'apparent, l'analyse bien plus fine de Huntington nous permet de saisir que, dans notre déploration sur la perte de substance des cultures “traditionnelles” et notre croyance à leur incapacité à résister au choc de l'influence occidentale, il entre précisément beaucoup de condescendance “occidentalo-centrée”. C'est un regard de touristes cultivés, penchés avec mauvaise conscience sur l'Autre, mais qui n'imaginent même pas que cet Autre puisse opérer un tri sélectif parmi tout ce qui vient de chez nous. Huntington, lui, restitue à ces processus leurs cassures, étapes et rythmes : « Lorsque la modernisation s'accroît, cependant, le taux d'occidentalisation décline et la culture indigène regagne en vigueur […] À l'échelon sociétal, la modernisation renforce le pouvoir économique, militaire et politique de la société dans son ensemble et encourage la population à avoir confiance dans sa culture et à s'affirmer dans son identité culturelle » [p. 98-99]. Pour Huntington, c'est plutôt à l'échelon individuel que la modernisation « engendre des sentiments d'aliénation et d'anomie […], des crises d'identité auxquelles la religion apporte une réponse » [p. 99].

    L'exemple de l'Inde hindouiste, où le mouvement de renouveau national sous la conduite du BJP repose avant tout sur la classe moyenne supérieure — avec des hommes et des femmes maîtrisant parfaitement les technologies de pointe d'origine occidentale, mais faisant chaque matin leurs dévotions à Ganesha ou à Shiva — semble bien confirmer la pertinence de la conclusion de Huntington : « Fondamentalement, le monde est en train de devenir plus moderne et moins occidental » [p. 103].

    Mais l'universitaire américain ne se contente pas de prendre le contre-pied de nombreuses idées reçues. Il lui arrive parfois d'être politiquement très incorrect. Dans Le choc des civilisations, renvoyant explicitement au Camp des saints de Jean Raspail, il écrit : « L'Afrique, quant à elle, non seulement n'a rien à offrir pour contribuer à la reconstruction de l'Europe, mais elle déverse des hordes d'immigrants résolus à se partager les restes » [p. 477]. Au sujet de l'islam, Huntington déchire les rideaux de fumée sémantiques et affirme nettement : « Le problème central pour l'Occident n'est pas le fondamentalisme islamique. C'est l'islam, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de la supériorité de leur culture et obsédés par l'infériorité de leur puissance » [p. 320]. Sans doute le lecteur comprend-il mieux maintenant pourquoi Huntington, malgré une impeccable carte de visite universitaire, fait grincer des dents chez les bien-pensants et autres chantres progressistes de la douce tolérance musulmane.

    Il semble que ce soit le lot de Huntington, auteur complexe et subtil, d'être de toute façon mal interprété. Quand sa pensée n'est pas présentée de manière déformée pour cause d'anti-américanisme rabique, elle est par trop simplifiée. C'est ainsi que son dernier livre, qui fait grand bruit outre-Atlantique, a pu être lu (…) comme celui d'un “suprémaciste blanc”. Pourtant, dès la préface, l'auteur précise que son ouvrage « vise à défendre l'importance de la culture anglo-protestante, et non celle des Anglo-Protestants » (4).

    Il est clair pour Huntington que l'identité nationale américaine repose sur deux piliers, la culture et la religion, non sur la race. Toute singularité de cette identité lui paraît résider en ceci que la culture anglo-protestante a perduré pendant trois siècles, alors même que le nombre de descendants d'immigrants d'origine anglo-protestante diminuait par rapport à la population globale.

    Ce qui s'est délité depuis 1965 avec l'apparition du mouvement dit de la “déconstruction” et la montée des identités communautaires infranationales, c'est le ciment qui tenait ensemble tant d'éléments disparates : le “credo américain”, qui signifie prédominance publique et rendue obligatoire de la langue anglaise, attachement aux principes de l'État de droit, responsabilité des dirigeants, défense farouche des droits individuels et, plus généralement, des valeurs issues du “protestantisme dissident”.

    Alors que les États-Unis avaient absorbé sans difficultés majeures, entre 1820 et 1924, 34 millions d'immigrants européens, l'intégration étant chose faite à la troisième génération, ils sont aujourd'hui confrontés « à un afflux, contigu, dont la population équivaut à plus d'un tiers de celles des États-Unis et est séparée d'eux par une frontière de 3.500 kilomètres matérialisée par une simple ligne tracée sur le sol et un fleuve peu profond. Cette situation est unique pour les États-Unis et unique au monde » (5). À la différence des vagues migratoires antérieures, la vague mexicaine n'est pas dispersée sur le territoire mais regroupée dans les États du Sud-Ouest (certains auteurs parlent déjà de “Mexamérique” ou d’“Amexique”) et en Californie (rebaptisée “Mexifornie”), et ne veut absolument pas abandonner la pratique de l'espagnol mais imposer au contraire un bilinguisme officiel. Elle entend bien, enfin, dans le cadre d'une double allégeance, maintenir des liens permanents avec son pays d'origine. Là comme ailleurs, les binationaux veulent et ont, comme le dit dans détour Huntington, le beurre et l'argent du beurre.

    Le cauchemar americano de Huntington serait que les États du Sud-Ouest subissent un sort analogue à la “cubanisation” de Miami, devenue la vraie “capitale de l'Amérique latine” ; Miami qui, entre 1983 et 1993, a été désertée par 140.000 de ses habitants d'origine anglo-saxonne. D'autres chiffres fournis par Huntington donnent véritablement le tournis (en 2000, Los Angeles comptait 46,50 % d'habitants d'origine hispanique contre 29,70 % de “Blancs”) et justifient la formule qu'il emploie : il s'agit d'une “reconquista démographique” de territoires enlevés par la force dans les années 1830 et 1840.

    Huntington sait qu'à l'horizon 2040 les Blancs d'origine européenne pourraient n'être, aux États-Unis qu'une minorité parmi d'autres, réduite à s'organiser en lobby pour se faire entendre. Chez le vieux Bostonien lucide et courageux, on perçoit même souvent des accents spengleriens, comme s'il ne s'agissait désormais que de différer le moment de la disparition. Cependant, ce réaliste qui n'a pas seulement fréquenté les bibliothèques, mais aussi les sphères du pouvoir et de la décision, cet homme qui rejette tout irénisme et qui ne perd jamais de vue les rapports de force, refuse absolument de battre sa coulpe, de s'excuser d'être né WAPS et de vouloir le rester. Observateur désenchanté du phénomène de “dénationalisation des élites”, qu'il dénonce, ce produit type de l'élite à choisi franchement la cause du peuple et de la nation.

    ► Philippe Baillet, Nouvelle Revue d'Histoire n°17, 2005.

    Notes :

    1. Odile Jacob, 1997. Éd. de poche chez le même éditeur, 2000. Les citations sont tirées de cette dernière édition. 
    2. Pierre Hassner et Justin Vaïsse, Washington et le monde : Dilemmes d'une superpuissance, CERI/Autrement, 2003. p. 166.
    3. Le choc des civilisations a fait l'objet de plusieurs réflexions dans La Nouvelle Revue d'Histoire, et not. dans notre n°7, p. 27 et dans notre n°13, p. 5.  
    4. S. P. Huntington, Qui sommes-nous ? Identité nationale et choc des cultures, Odile Jacob, 2004, p. 11.
    5. Ibid., p. 220.

    http://www.archiveseroe.eu/recent/44

  • CHEYENNE-MARIE CARRON: Cinéaste de l’insoumission

    Pierre-Emile Blairon
    Ex: http://metamag.fr
    La bataille des régionales aura pour enjeu important la question des subventions attribuées au secteur culturel, là où la droite, suivie de la gauche, sont intervenues pour largement subventionner nombre d’associations dont la vocation consiste à détruire les structures traditionnelles, culturelles et artistiques de notre pays au détriment de créateurs, artistes, écrivains, cinéastes, revues, groupements de préservation de nos racines et traditions qui constituent les fondements même de notre avenir. Cheyenne-Marie Carron est, parmi de nombreux autres, l’exemple vivant de cette injustice et de ces dysfonctionnements.
    Cheyenne-Marie Carron est devenue cinéaste par insomnie, comme beaucoup d’entre nous sont devenus cinéphiles : en regardant les films diffusés dans le cadre de l’émission télévisée Le cinéma de minuit, émission créée par Claude-Jean Philippe et Patrick Brion le 28 mars 1976, quelques semaines avant que Cheyenne vienne au monde.
    Cheyenne, curieux prénom qu’elle s’est choisie elle-même, fille adoptive, lorsqu’elle arriva à l’âge de majorité. Prénom emprunté à une tribu amérindienne, qui véhicule dans les tréfonds de nos âmes, les valeurs de fierté, d’insoumission, d’enracinement, de combat identitaire contre l’envahisseur. Ne sommes-nous pas devenus, nous, Européens, des « Indiens » traqués sur leur propre sol, chassés de nos terres et, si l’on y pense bien, par substitution, au bout du compte, par le même envahisseur qui sait si bien organiser son expansion mondiale ?
    Curieux parcours d’une femme au tempérament gai, passionné, mais affirmé, d’une franchise et d’un naturel qui ont désarçonné plus d’un critique cinématographique, l’intellectuel parisien habitué aux palabres feutrées mais néanmoins féroces, de celles qui poignardent dans le dos. Et qui, pour le coup, se sont intéressés de plus près à cet O.C.N.I., objet cinématographique non identifié. Signalons un entretien télévisé mené par une journaliste intelligente de KTOTV, dans son émission Visages inattendus de personnalités, que vous retrouverez sur youtube, et les interviews accordés à Radio Courtoisie.
    Tout le caractère de Cheyenne est contenu dans son prénom. 
    Mais comment, éduquée par une famille catholique « de gauche », en vient-on à devenir une réalisatrice de la mouvance identitaire, catholique et monarchiste, ayant à son actif déjà une demi-douzaine de longs-métrages ? C’est la première question que nous lui avons posée.
    Je ne souhaite pas appartenir à une mouvance quelconque. Je traite de sujets qui me tiennent à cœur, et j’espère que des gens de tout horizons les apprécient. Je suis catholique, car Dieu m’a sauvé, et monarchiste, car une nation a besoin d’un père.
    Et si la mouvance identitaire apprécie peut-être mes films, c’est peut-être que peu d’artistes sont sensibles à cette question. Moi, je suis une enfant de la DDASS et manquer de repères et d’identité, je sais quelle souffrance cela représente. Alors il est possible que bien des jeunes se retrouvent dans mes films, car ils ont peut-être l’impression d’être traités comme des enfants abandonnés, c’est à dire sans racines…
    La plupart de vos films mettent en scène le multiculturalisme qui est le problème principal auquel est confronté notre pays ; c’est parce que le sujet vous touche, ou parce que vous voulez apporter une réponse à un questionnement qui serait le vôtre, ou bien les deux ?
    Pour ma part, bien que mes géniteurs étaient Kabyles, je n’ai qu’une seule patrie, celle où je suis née, où j’ai été pupille de l’Etat, et où j’ai été élevée. Il s’agit de la France.
    Mais mon éducation m’a conduite à avoir regard ouvert sur le monde, ayant été d’une famille qui a adopté des enfants. Et je crois en l’importance de protéger et défendre les cultures et les traditions de tous les peuples, c’est ce que j’ai essayé de proposer dans mon dernier film Patries.
    La presse, dans son ensemble, a fait un bon accueil à vos films, même si on peut considérer qu’ils ne sont pas politiquement corrects ; vous avez une explication à cet engouement ?
    Peut-être parce que mes films sont bons ! 
    Je n’ai pas l’impression de traiter de sujets « politiquement incorrects », mais de traiter de sujets de mon temps. Et je veille à le faire avec humanité, vérité et justesse.
    Quels sont les éléments que vous aimeriez apporter, après une certaine expérience, à votre façon de travailler et de concevoir les films, pour progresser dans votre métier ?
    J’aimerais parvenir à faire des films avec un peu plus de budget, car faire un long-métrage avec 50 000 euros, ça rend les choses très, très compliquées. Je pense avoir gagné mes galons, mais les subventions d’État me sont toujours refusées.
    Vous avez eu beaucoup de mal à trouver des producteurs, ce qui vous a amené à financer vous-même vos films; comment faites-vous ?
    C’est une galère sans nom, mais ça, c’est ma cuisine interne, je ne suis pas sûre qu’il soit utile que je pleurniche publiquement en vous expliquant mes galères. Le spectateur paye sa place au cinéma pour voir mes films, au même prix qu’une superproduction américaine, et il s’en fiche de savoir si j’ai fait mon film avec un millième du budget de la superproduction, et il a raison de s’en ficher. C’est à moi à parvenir à faire du bon travail avec très peu ; c’est peut-être ça qu’on appelle la magie du cinéma.
    Vous tournez actuellement ?
    Non, je ne suis pas en tournage actuellement.
    Parmi vos projets, vous avez mis en chantier un film qui reprend l’une de vos préoccupations majeures, c’est la confrontation des religions ; dans L’Apôtre, cette confrontation concernait deux religions monothéistes, l’islam et le christianisme, mais vous voulez élargir le débat, si l’on peut dire, avec La morsure des dieux ?
    Effectivement, je prépare deux films. L’un qui s’intitulera La Chute des Hommes, et racontera l’histoire d’une chrétienne prise en otage par des djihadistes. Et l’autre, s’intitulera La Morsure des Dieux, qui racontera l’histoire d’un agriculteur français qui se bat pour sauver son exploitation, ce film sera une déclaration d’amour pour la cause pagano-chrétienne. 
    Je suis catholique pratiquante, et j’ai découvert le paganisme il y a peu de temps. Ce nouveau monde, nouveau pour moi, me fascine, car j’y vois non seulement beaucoup de beauté, mais aussi une nouvelle force d’enracinement antérieure à ma religion, et pour cette raison, le paganisme est un trésor à préserver. 

  • Le retour des nations ?

    Ex: http://zone-critique.com

    Dans son essai intitulé Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, Hervé Juvin analyse l’impérialisme américain et tente de rétablir l’idée de nation comme seule unité politique stable.

    La crise financière de 2008 n’a rien changé. L’argent roi n’a pas été déchu de son trône. Hervé Juvin montre comment l’économie et la finance dictent les mouvements de nos sociétés aujourd’hui. L’impératif de croissance entraîne la destruction des fonds marins, l’explosion des ressources alimentaires et le mal-être social en Europe.

    Il pointe un paradoxe : alors que nous vivons dans des pays développés parmi les premières richesses mondiales, où la production de biens est abondante, les individus vont bientôt être obligés de travailler jusqu’à 70 ans et disposent de moins en moins de libertés.

    De quelle liberté d’expression un salarié dispose-t-il face aux riches actionnaires d’une entreprise, quand il a contracté un crédit sur trente ans et une famille à nourrir ? Aucune.

    L’économie contrôle les cerveaux et les estomacs

    La financiarisation de l’économie, l’augmentation des revenus du capital face à ceux du travail (les dividendes augmentent nettement plus vite que les salaires depuis trente ans) ont eu raison de la libertés des citoyens.

    Pour Hervé Juvin, l’économie et le capital décident de tout et ont même jeté leur dévolu sur le vivant. Des milliards de dollars sont investis dans les matières premières alimentaires, font grimper les prix et peuvent provoquer des famines dans les pays pauvres qui ne peuvent pas suivre cette inflation.

    Plus dangereux pour l’avenir de nos sociétés, les intérêts financiers contrôlent les savoirs. La connaissance est devenue une marchandise. Le web, créé pour offrir un accès universel au savoir, est en train de se privatiser, de se monétiser, comme Google qui vend le référencement des mots comme des espaces publicitaires aux entreprises, dégradant ainsi la diversité du langage. Seuls les plus riches peuvent accéder aux savoirs les plus évolués et se payer des inscriptions dans les grandes écoles (100 000 dollars l’année pour Harvard, 60 000 dollars l’année dans les meilleures écoles primaires chinoises.)

    La libido sciendi (le plaisir désintéressé du savoir), qui a rendu possible les grandes inventions du XIXe siècle, a laissé la place à une recherche et une innovation totalement soumises aux intérêts financiers et industriels.

    La libido sciendi (le plaisir désintéressé du savoir), qui a rendu possible les grandes inventions du XIXe siècle, a laissé la place à une recherche et une innovation totalement soumises aux intérêts financiers et industriels.

    Les chercheurs, s’ils ne veulent se faire éjecter du milieu scientifique, n’ont pas intérêt approfondir leur travail sur les dangers des OGM pour la santé. Ces recherches seraient un frein à la croissance.

    Les droits de l’individu, couverture du marché

    Pour Hervé Juvin, ce modèle de société où l’argent et le marché sont rois a été imposé par les Etats-Unis et sont une forme de leur impérialisme. Le pays de la conquête de l’Ouest (rendue possible avec le génocide des Indiens, précise l’auteur) promeut des valeurs universelles de libertés individuelles et des droits de l’homme, pour inonder le marché mondial de ses produits et tenter de continuer à dominer le monde, via ses grandes entreprises multinationales.

    C’est notamment l’objectif du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le pays de l’Oncle Sam, actuellement en cours de négociation, qui vise à créer un grand marché transatlantique. Hervé Juvin explique que sous un voile de liberté et d’ouverture, se joue une grande guerre économique. Les Etats-Unis défendent avant tout l’intérêt de leur nation et n’hésitent pas à faire payer de lourdes amendes aux entreprises étrangères sur leur sol comme la banque française BNP Paribas, condamnée à payer 9 milliards d’euros, pour avoir violé certains embargos américains.

    L’impérialisme américain se réalise aussi dans le domaine culturel en inondant les marchés des produits US et en faisant barrage à certains produits étrangers, comme les fromages français, lors de confilts commerciaux ou diplomatiques.

    On peut répondre à Hervé Juvin que les Etats-Unis ne sont pas le seul pays à exercer ce type de pression pour préserver ses intérêts et que la Russie de Vladimir Poutine use aussi de l’embargo sur les produits alimentaires pour asseoir ses positions dans le conflit ukrainien et favoriser sa production agricole nationale dans les supermarchés russes.

    La nation, seule unité politique ?

    Impérialisme rimerait aussi avec protectionnisme. Hervé Juvin prend même la Russie comme exemple d’une nation qui défend ses intérêts économiques en protégeant ce qui est aujourd’hui le nerf de la guerre économique : sa dette souveraine. Il explique qu’à son arrivée au Kremlin, Vladimir Poutine a nationalisé la dette russe, pour la retirer des marchés financiers, ce qui expliquerait son taux actuel très bas : 17% du PIB.

    Pour faire tomber le “mur de l’Ouest” et sortir de la crise de l’économie mondialisée, Hervé Juvin propose le retour des nations sur l’échiquier, et notamment en Europe.

    Selon lui, une nation plus unie mettrait fin à la crise des identités qu’entraîne le multiculturalisme occidental. Il prône avec enthousiasme le modèle du royaume du Bhoutan, classé comme l’un des pays les plus heureux au monde. Son bonheur, il le doit à son unité culturelle et religieuse et à sa fermeture à l’intégration de toute diversité dans sa culture. L’unité d’une nation offre au monde une diversité de cultures stables, plus riches que la culture mondiale uniforme que les Etats-Unis diffusent depuis le siècle dernier. Mais on peut se demander pourquoi la seule diversité à protéger serait celle des différentes nations dans le monde, et non pas une diversité de cultures, de religions et d’individus à l’intérieur de la nation.  

    Sur le plan économique, Hervé Juvin montre que l’Etat nation permettrait de soumettre l’économie à un projet de société. Le marché devrait obéir à des règles basées sur des valeurs sociales, environnementales et culturelles de l’Etat qui contrôle ce marché. Elle rendrait possible le passage de l’économie de marché à l’économie politique, au service des intérêts de la société. Mais il étonnant d’observer qu’Hervé Juvin imagine dans son livre une économie politique de l’Union européenne (qui pourrait réguler le marché sur le plan environnemental) et non de la France. Un Etat transnational pourrait donc être bénéfique aux peuples sans être impérialiste ?

    Les Etats-Unis, épouvantail et modèle

    Une contradiction essentielle réside dans le Mur de l’Ouest n’est pas tombé. Il pointe du doigt avec pertinence l’impérialisme américain dans l’économie de marché mondialisée. Mais dans le retour des nations qu’il imagine en Europe pour se protéger de tout impérialisme, il s’appuie sur le sentiment national très fort aux Etats-Unis. Si l’aigle américain sort souvent vainqueur d’une bataille économique, c’est parce qu’il sait mettre l’ouverture au marché au service de l’intérêt national. Les Etats-Unis ne défendent pas la liberté pour la liberté mais pour garder leur position dominante dans le village mondial.

    Pour Hervé Juvin, l’Europe et la France devraient donc s’inspirer de ce sentiment national américain pour s’imposer davantage sur la scène économique.

    Même si l’essayiste affirme que la nation est gage de stabilité face aux ambitions impérialistes, il montre implicitement que le sentiment national n’est pas dénué d’ambition colonisatrice pour se conserver. Et que le marché est un moyen de renforcer la nation.

    • Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, Hervé Juvin, éditions PGDR, 271 pages, mai 2015

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/12/11/herve-juvin-le-retour-des-nations.html