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culture et histoire - Page 1287

  • L'Économie aux risques du regard historique

    Face au grand assaut de la sottise contemporaine, certains rares auteurs décriés nous apprennent quand même pas mal de choses et on les consulte avec intérêt. Le mot plaisir serait sans doute excessif, car il évoque une préoccupation commune, qui relève hélas plutôt de la douleur, s'agissant du déclin de la France. Leurs adversaires, autruches ne voulant pas voir la réalité ou cherchant à la maquiller, ont inventé à ce sujet le terme de "déclinisme". Le suffixe semble suggérer qu'ils sont des partisans du phénomène, ou, au moins des spécialistes se complaisant dans leur observation.

    Encore ce 8 septembre Nicolas Baverez, l'un des plus percutants d'entre eux intervenait ainsi sur Radio Classique pour y développer des analyses économiques qui paraissent fort justes, dénonçant les erreurs dans lesquelles à nouveau s'engouffre à nouveau notre lamentable président.

    On se demande pourquoi, cependant, cet intervenant, trop rare et si pertinent dans les domaines économiques et juridiques qu'il connaît si bien, et qui exerce en ville, si ma mémoire est bonne, la profession d'avocat à la cour, est présenté pour "historien". Rien dans son propos ne s'attache pourtant à la connaissance proprement "historique".

    De cette discipline, au rebours des sciences expérimentales, de cette "science des faits qui ne répètent pas" disait Paul Valéry, les enseignements mériteraient d'être tirés. À partir des événements du passé, quand on les a explorés, avec prudence sans doute car ils ne réapparaissent jamais vraiment à l'identique, on peut retirer d'importantes leçons.

    De manière discrète mais forte elle nous écarte de ce que Milton Friedman appelle le "modèle naïf", lequel nous incite à croire que "ce qui s'est passé récemment se reproduira constamment". Trop de gens parlant des faits économiques sous l'influence de ce modèle naïf, le regard historique se révèle indispensable.

    Sous le regard de l'Histoire, le déclin de la France remonte bien avant l'avènement de gens comme Giscard, Chirac ou Hollande, si négatifs que soient leurs bilans.

    Ainsi a-t-on évoqué ces jours derniers, autour du 1er septembre, au gré du 300e centenaire de la mort de Louis XIV (1638-1715), son règne interminable et monumental, le plus long de l'Histoire, au cours duquel le royaume s'est agrandi de territoires "d'étranger effectif" semant hélas le germe des antagonismes futurs.

    Or, si l'on peut à bon droit considérer le XVIIe siècle comme le Grand Siècle de la France, on ne doit pas oublier qu'il a connu trois règnes et deux régences, et que les grands auteurs littéraires doivent au moins autant aux temps de Louis XIII et de Mazarin qu'à cette période de lent déclin où la Cour fut installée et le pouvoir centralisé à Versailles, officiellement à partir de 1682.

    La grande continuité de l'époque tient certes au régime monarchique. Sans celui-ci, sans la maison de Bourbon, l'éclosion d'une forte civilisation française n'aurait sans doute pas été possible. Mais plutôt que par les souverains eux-mêmes elle fut impulsée par une suite quasi providentielle des grands ministres : successivement Sully, (de 1596 à 1611), puis Richelieu (de 1624 à 1642) puis Mazarin (de 1642 à 1661) puis Colbert (de 1661 à 1683).

    Le gouvernement personnel de Louis XIV n'est brillant que pendant 22 ans, grâce à la gestion de Colbert, ce qui fait décrier au stupide duc de Saint-Simon, seulement talentueux en littérature ce qu'il appelle un "règne de vile bourgeoisie". Colbert mourant en 1683, l'entente avec l'Angleterre étant rompue à partir de 1688, par le soutien de la France aux prétendants stuartistes, aucun budget du royaume ne sera plus en équilibre pendant 30 ans. Le roi ne l'ignore pas en 1715 qui reconnaît lui-même avoir"trop aimé la guerre et les bâtiments".

    Si l'on compare les deux royaumes de France et d'Angleterre, cette dernière connut aussi une véritable catastrophe en 1776 avec sa défaite face aux colonies insurgées d'Amérique. La situation de ses finances est à ce moment devenue désastreuse. Contrairement à une idée reçue, le Royaume Uni était alors plus endetté que la France de Louis XVI. (1)⇓

    On ne doit pas tenir pour fortuite la publication, en cette même année 1776, de "La Richesse des nations" par Adam Smith car c'est bien la doctrine et la forme de pensée qu'inaugure ce livre qui assurera sur 20 ans la reconstruction de la puissance britannique. La principale force qui permettra la victoire sur Napoléon, le triomphe de Wellington était surnommée d'abord la "cavalerie de Saint-Georges" qui financera les coalitions.

    Cette notion est évidemment détestée par nos bons esprits, vérité délibérément tenue pour odieuse dans un pays comme la France. (1)⇓

    Cela n'empêche que, de tout temps, les peuples sensés moissonnent avant que leurs armées ne partent en campagne.

    Chancelier de l'échiquier en 1782 à l'âge de 23 ans puis principal ministre après l'élection en 1783, William Pitt le Jeune se récalami de la doctrine d'Adam Smith. Il voulait la paix et n'entra dans la guerre européenne, déclenchée par les révolutionnaires français, qu'en janvier 1793, après qu'a été connue à Londres la mort de Louis XVI. Il est lui-même mort en 1806, trop tôt donc pour voir la victoire anglaise de 1815, à la préparation de laquelle il avait tant contribué.

    Car c'est d'abord la richesse des nations qui, n'en épaisse aux lecteurs de Saint-Simon, et à beaucoup d'artistes et de spirituels que j'ai tant aimés, que j'aime encore d'ailleurs, ce sont bien les "ères de vile bourgeoisie" qui assurent la puissance, la liberté et le bonheur des peuples. Telle est du moins ma conviction.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1.  Lire à ce sujet Florin Aftalion "L'Économie de la révolution française" coll. Pluriel/Hachette, réédité aux Belles Letttes ce qui infirme largement la thèse de l'endettement de l'Ancien Régime comme cause essentielle de la révolution française.
    2.  où l'on retient Marignan pour la date significative du règne de François Ier au lieu de s'intéresser aux innombrables conséquences de la bataille, moins glorieuse, de Pavie.

    http://www.insolent.fr/

  • L’antisémitisme, une œuvre d’art ?

     

    Une fois de plus, un « artiste » a décidé d’exploiter le cadre du château de Versailles pour exposer son œuvre, avec la bénédiction du conservateur et du ministre de la Culture, disposant de ce bien commun historique et artistique comme s’il était le leur.
    Livrant son travail aux regards depuis le 9 juin, Anish Kapoor, l’« artiste », n’a pas pour objectif de mettre en valeur l’imposante et magnifique création d’André Le Nôtre, Louis Le Vau, Jules Hardouin-Mansart et Charles Le Brun, mais de la souiller. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est lui : il a intitulé son œuvre « Dirty Corner » que l’on peut traduire par « le coin sale, crasseux, malpropre ». C’est là que se situe une immonde sculpture, une sorte de vulve géante et béante délicatement intitulée « le vagin de la reine ».

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    Évidemment, une telle provocation visant ce joyau architectural, mais plus encore la reine de France a suscité protestations, dégoût et colère. Cette dernière s’est manifestée par des graffitis et dégradations une première fois au début, puis une seconde, il y a quelques jours, laquelle s’est accompagnée d’inscriptions antisémites : « le 2e viol de la nation française par l’activiste juif déviant », « SS sacrifice sanglant ». Manuel Valls a fait part de son « écœurement devant cette alliance de l’infâme et de la réaction », l’infâme étant seulement les textes, le répugnant « vagin de la reine » n’étant pas pour lui une infamie.
    Généralement, ce genre d’écrits est promptement effacé. Mais, cette fois, ce ne sera pas le cas, car Anish Kapoor lui-même s’y oppose. Il a déclaré avec emphase : « Désormais, ces mots infamants font partie de mon œuvre, la dépassent, la stigmatisent au nom de nos principes universels. “Dirty Corner” restera donc ainsi. »

    Le problème est que son « œuvre » avec slogans antisémites intégrés est présentée aux visiteurs, or, les articles 24, 32 et 33 de la loi du 29 juillet 1881 interdisent et punissent tout propos public de haine, injure, diffamation, incitation à la haine et discrimination. Dieudonné, un artiste aussi, l’a appris à ses dépens. On n’a pas reconnu dans ses sketches une dimension artistique absolutoire qui l’aurait dispensé de poursuites. C’est pourtant ce qui est accordé à l’insulteur de la reine, car ni le Mrap, ni la LICRA n’ont demandé que soient effacés ces textes. À ce sujet, Nicolas Hervieu, juriste au Centre de recherches et d’études sur les droits fondamentaux, a déclaré à Libération : « Je vois mal un juge dénier à Kapoor son droit à décider de l’avenir de son œuvre. Il s’agit d’une réappropriation artistique : par sa démarche, l’artiste change la signification et la portée de ces propos. »

    Par la grâce de « l’artiste » et de sa parole magique, les injures antisémites deviennent donc anti antisémites. Les visiteurs du château de Versailles devront donc comprendre qu’elles sont, malgré une apparence trompeuse, le fer de lance de la lutte contre l’antisémitisme. Pour leur éviter de tomber dans un abîme de perplexité, nous leur conseillons de s’épargner cette épreuve en allant directement à la Galerie des Glaces.

    Guy Rouvrais

    http://fr.novopress.info/

  • L'Etat tient-il ses promesses ? Histoire de la dette publique en France (résumé)

    XXVIe université annuelle du Club de l’Horloge. « La France en faillite ? Pourquoi nous croulons sous les dettes et les impôts » 9-10 octobre 2010

     L'Etat tient-il ses promesses ? Histoire de la dette publique en  France (résumé) 

    Intervention de François-Georges Dreyfus 

    professeur émérite à la Sorbonne

    Le temps des rois (1200-1814)

    Depuis que la France existe en tant qu'Etat, c'est-à-dire depuis le règne de Philippe Auguste, ses budgets sont dans les deux tiers des cas en déficit : cet endettement est permanent. Ces situations difficiles pour les finances du royaume sont dans la plupart des cas réglées par des expédients, que Philippe le Bel utilisera sans vergogne : diminution du poids d'or ou d'argent dans les pièces de monnaie, liquidation de l'ordre des templiers, expulsion des juifs et des « lombards » (banquiers italiens). Si, après le règne de Philippe le Bel, la situation financière est stabilisée, elle devient dramatique avec la guerre de Cent ans. Pour réguler les finances royales, Charles VII s'appuie sur le grand banquier de l'époque, Jacques Cœur, et Louis XI poursuivra une politique d'assainissement financier en s'engageant dans une politique économique fondée sur l'intervention de l'Etat.

    Tout cela est mis à mal par les politiques belliqueuses de ses successeurs, Charles VIII, Louis XII, François Ier, Henri II : de 1490 à 1559 (traité du Cateau-Cambrésis), la France est en guerre, cela n'arrange pas les finances publiques ; et à la mort d'Henri II (1559) commencent les guerres de religion, qui perdureront jusqu'à l'édit de Nantes (1598) et même (siège de la Rochelle) jusqu'à l'édit de grâce d'Alais (1629). Henri IV et Sully avaient, pour réguler la dette, entretenu l'idée de vendre les offices, mais cela freine les investissements économiques. Richelieu, lui, règle le problème de la dette par l'inflation ; la Fronde et le règne de Louis XIV mettent à mal la situation financière de l'Etat, bien que la politique de Colbert favorise une croissance économique. Elle permet de construire Versailles tout en maintenant une armée solide, une politique de fortifications, une marine efficace, mais les crises économiques qui se succèdent après 1690 réduisent ces efforts à néant. La banqueroute de Law après 1715, qui est en fait pour une large part une banqueroute de l'Etat, permet d'apurer une partie de la dette.

    Louis XV connaît les mêmes difficultés ; là encore, les conflits, Succession d'Autriche et guerre de Sept ans, n'arrangent pas la situation, d'autant que l'on assiste à une politique de grands travaux immobiliers (place de la Concorde, école militaire, etc...) et de mise en place d'infrastructures. Mais toutes les tentatives de réforme fiscale (par exemple le vingtième de Machault d'Arnouville ou celles du triumvirat de 1770) avortent. Le règne de Louis XVI sera plus catastrophique encore (la guerre d'indépendance des Etats-Unis coûte très cher) et l'échec des réformes (Turgot, Calonne) est un des éléments essentiels qui conduit à la Révolution.

    Pour pallier la dette, la Constituante a confisqué les biens du clergé et mis en place une monnaie de papier, l'assignat, qui deviendra très vite une monnaie de singe. L'orthodoxie financière réapparaît avec le franc Germinal créé par Bonaparte.

    La prospérité et les victoires avec le droit du vainqueur permettent d'équilibrer les budgets jusqu'en 1811. La chute de l'Empire coûte cher, mais heureusement la France n'a pas à payer d'indemnité de guerre lors des deux traités de Paris (1814 et 1815).

    Le temps des bourgeois

    Le XIXe siècle fait exception dans notre histoire financière. De 1814 à 1870, la France est en paix : les conflits sont extérieurs : Espagne, Algérie, Crimée, Italie. A partir des années 1820, la France s'enrichit lentement et, comme le demande le baron Louis, on fait une bonne politique, ce qui donne une bonne finance. La guerre franco-allemande fait découvrir une France riche et le poids de la dette publique est faible. Mais il s'agit d'une France malthusienne, à la seule exception notable de l'époque de Napoléon III. De 1815 à 1913, plus de la moitié des budgets sont excédentaires, mais l'on vit chichement, sauf sous le Second Empire : de 1840 à 1850, la France construit 1.000 km de voies ferrées, les Allemagnes 5.000... Sous la IIIe République, Freycinet lance un programme de grands travaux, la moitié n'est pas exécuté, tel le grand canal du Nord qui sera terminé vers 2014 !!! L'affaire de Panama illustre fort bien le malthusianisme des « nouvelles classes moyennes » (Gambetta).

    Le temps des déficits

    1914 marque une rupture : c'est la Grande guerre ; elle coûte 174 milliards de francs-or, dont 80% sont couverts par l'emprunt. On assiste dès lors à une dévaluation monétaire. De 1919 à 1938, seuls quatre budgets sont excédentaires, pour 10 milliards de francs. Ce sont les budgets Poincaré (1926 - 1927 - 1928 - 1929). Cela ne compense pas les 49 milliards de la période 1920-1925 et de 1930 à 1938 la totalité des déficits représente plus de 110 milliards de francs-or ; on rappellera que le franc a été dévalué par Poincaré, puis par le Front populaire en 1936.

    La Seconde guerre mondiale, la défaite, l'occupation vont entraîner des dettes considérables, que l'on couvre plus ou moins par des emprunts, tel l'emprunt Pinay en 1952. Mais le poids de la guerre, la reconstruction pèsent lourdement sur les finances, aussi aucun budget de la IVe n'est-il excédentaire ; ne le seront seulement sous la Ve que les budgets de l'ère Pompidou : le déficit représentant de 0,5% à 4% (en 1975) du PIB entre 1959 et 1976, contre une moyenne de 4,81% pour la période 1947-1958.

    En 2007, la dette publique de la France au sens du traité de Maastricht est de 63,7%, moins que l'Allemagne (67,9%), mais plus que l'Espagne (39%) et l'Irlande (24,9%), l'Italie et la Grèce étant au sommet avec respectivement 106,8% et 104,6%.

    Durant la période juste avant la crise de 2008, le déficit budgétaire avait été ramené à 3% du PIB en 2006 et 2,5% en 2007. Quant au poids de la dette, il représentait 18% du budget en 1990, 34% en 1996, 37% en 2002, 39% en 2007.

    On le voit, du XIIIe siècle au XXIe, les budgets français sont très majoritairement déficitaires. Se pose alors un problème : dans quelle mesure le poids de la dette a-t-il joué un rôle dans l'histoire de notre pays ? En dehors, bien entendu, du cas de la Révolution de 1789, il n'est pas évident qu'il ait été aussi nocif qu'on le dit.

    François-Georges Dreyfus

    professeur émérite à la Sorbonne

    http://archives.polemia.com/article.php?id=3199

  • Manuscrit de Talhoffer : Le livre de combat secret du Moyen-Âge

    Le livre sur le Combat de Hans Talhoffer (1420-1490) est un des plus mystérieux manuscrits du Moyen-Âge au monde. Daté de 1459, il se compose de 150 feuillets en papier écrit en dialecte Souabe, et dans ses pages illustrées apparaît une collection unique d’images de combats sanglants, de personnages portant de curieux accoutrements, de duels, de machines de guerre et d’inventions insolites.

     

    Les pages de ce manuscrit inconnu ont été ramenées à la vie grâce à la technologie actuelle de restauration, mais encore aujourd’hui, la majorité de son histoire et de son contenu reste inexpliqué.

    D’après le manuscrit, la véritable histoire de l’Europe durant le Moyen-Âge se révèle être violente, secrète, spirituelle, et contient une mine de connaissances, preuve que la société médiévale était bien plus sophistiquée et étrange que nous le pensions.

    Hans Talhoffer est le plus connu de tous les maîtres escrimeurs germains du sud au XVe siècle. Il est contemporain au maître d’armes Paulus Kal, avec qui les manuscrits suggèrent une rivalité professionnelle. Talhoffer enseigna selon la tradition de Johannes Liechtenauer.
    Le nom de Talhoffer apparait dans les archives de Zurich, qui indiquent comment il enseigna occasionnellement près du Rathaus, le conseil municipal, en 1454. Il est l’auteur de plusieurs traités illustrés décrivant les méthodes de combat utilisant une grande variété d’armes comme la dague, l’épée longue, le bâton et le combat monté, et incluant le combat à mains nues telle la lutte.

    Ainsi, il y a moins d’un siècle, entre 1890 et 1894, Gustave Hergsell traduisait et éditait successivement, en cinquante exemplaires chacun, les trois manuscrits d’escrime d’un de ces maîtres historiquement connus, Hans Talhoffer. Ces manuscrits originaux sont datés respectivement de 1459, 1443, et 1467 et ont été rédigés par maître Talhoffer en Souabe germanique. Gustave Hergsell édita en premier ce manuscrit de 1459, écrit quinze ans après celui de 1443, avant d’éditer les autres.

    Au XVe siècle, il se passa donc vingt-quatre ans pour Hans Talhoffer entre le premier et le dernier manuscrit original. Le manuscrit de 1459, le premier édité, était en partie une méthode de combat tel que maître Hans Talhoffer l’a enseigné au damoiseau Leutold de Königsegg. Ce Leutold, quant à lui, était membre d’une ancienne famille catholique de Souabe.

    Il devait être d’une famille princière, vu ce que l’on découvre de son équipement et de ses armoiries dans les planches relatant son combat. Ces planches montrent d’ailleurs un damoiseau aguerri au combat, ou en tout cas très bien formé.

    Les manuscrits correspondent historiquement à la période précédant celle appelée de “la grande ligue de Souabe”, qui permit d’assurer par la suite l’ordre en ces régions, entre 1488 et 1533. Ces trois ouvrages sont plus des manuels d’apprentissage du combat individuel en lice fermée, que des manuels de guerre. Ils préfigurent l’émergence d’un ordre de droit.

    Les écrits illustrés du maître d’armes Hans Talhoffer sont une référence en matière de combat médiéval. La contribution du fameux maître d’arme à la théorisation du combat et à la révolution de l’escrime en général est indéniable.

    http://fortune.fdesouche.com/390369-manuscrit-de-talhoffer-le-livre-de-combat-secret-du-moyen-age#more-390369

  • etre vae victis

  • Société de consommation

    « Ce qui est vrai, c’est non pas que « les besoins sont le fruit de la production », mais que LE SYSTEME DES BESOINS EST LE PRODUIT DU SYSTEME DE PRODUCTION. Ceci est tout différent. Par système des besoins, nous entendons que les besoins ne sont pas produits un à un, en relation aux objets respectifs, mais sont produits comme force consommative, comme disponibilité globale dans le cadre plus générale des forces productives. C’est en ce sens qu’on peut dire que la technostructure étend son empire. L’ordre de production ne « capte » pas à son profit l’ordre de la jouissance (à proprement parler, ceci n’a pas de sens). Il nie l’ordre de la jouissance et s’y substitue en réorganisant tout un système de forces productives. On peut suivre au fil de l’histoire du système industriel cette généalogie de la consommation : 
    1- L’ordre de production produit la machine/force productive, système technique radicalement différent de l’outil traditionnel.
    2 - Il produit le capital/force productive rationnalisée, système d’investissement et de circulation rationnel, radicalement différent de la « richesse » et des modes d’échange antérieurs. 
    3 - Il produit la force de travail salariée, force productive abstraite, systématisée, radicalement différente du travail concret, de l’ « ouvrage » traditionnel. 
    4 - Ainsi produit-il les besoins, le SYSTEME des besoins, la demande/force productive comme une ensemble, rationnalisé, intégré, contrôlé, complémentaire des trois autres dans un processus de contrôle total des forces productives et des processus de production. Les besoins en tant que système sont eux aussi radicalement différents de la jouissance et de la satisfaction. Ils sont produits comme éléments de système, et non comme rapport d’un individu à un objet (de même que la force de travail n’a plus rien à voir, nie même le rapport de l’ouvrier au produit de son travail – de même que la valeur d’échange n’a plus rien à voir avec l’échange concret et personnel, ni la forme/marchandise avec les biens réels, etc.). » 
     La société de consommation, Jean Baudrillard

  • Fiche de lecture: "La cité antique" de Fustel de Coulanges

    PARCOURS DE FUSTEL DE COULANGES

    Né en 1830 à Paris, il est le fils d’un officier de marine Breton. Elevé par son grand-père, il fait ses études à Paris. Il intègre l’Ecole normale supérieure (ENS) et se passionne pour l’Histoire. Devenu enseignant, il participe à des fouilles archéologiques en Grèce grâce à l’Ecole d’Athènes, en 1853. Il enseigne ensuite quelques temps à Amiens et soutient deux thèses en 1858, l’une portant sur Polybe pour la Grèce et l’autre sur la déesse Vesta, pour Rome. En 1860 il est professeur d’Histoire à Strasbourg (où un lycée porte toujours son nom). Rapidement, il s’illustre et ses cours sont très suivis. C’est à partir de ses démonstrations qu’il rédige et publie la Cité Antique, en 1864. En 1870 il devient le directeur de l’ENS. En 1888 il publie un ouvrage sur la conquête franque de la Gaule où il relativise l’importance de cette dernière. Il meurt en 1889 alors qu’il préparait la rédaction d’un ouvrage historique portant sur l’histoire de la France, depuis les origines jusqu’à la Révolution.

    Connu de son vivant, admiré pour sa rigueur et sa démarche « apolitique » (pour lui, une perception idéologique de l’Histoire ne pouvait que fausser les conclusions), Fustel de Coulanges est un immense auteur et historien qui mérite encore d’être lu au début du XXIème siècle.

    LA CITE ANTIQUE

    L’ouvrage est une démonstration simple et claire des prises de position de Fustel de Coulanges quant à l’émergence des sociétés antiques Grecque, Romaine et Hindoue.

    Le parallèle entre les trois sociétés est fait en permanence dans le livre et l’on passe naturellement, dans un même chapitre, des rivages de l’Indus à ceux de la Méditerranée.

    On est loin du  style académique et ampoulé de la fin du XIXème siècle. Le livre, bien que puisant dans des sources antiques, est volontairement accessible. L’écriture, très vivante, nous plonge dans l’esprit des peuples Indo-européens, à une époque antérieure de plusieurs siècles à celle d’Homère. Fustel de Coulanges lui-même ne situe pas dans le temps les époques évoquées…

    La démonstration consiste à expliquer que les conceptions religieuses des premiers Européens ont façonné les règles des sociétés archaïques. Selon l'auteur, l’Antiquité Classique, celle des philosophes Grecs, des Dieux de l’Olympe, d’Alexandre, de César et de Cicéron, est déjà une époque très tardive. Pour comprendre cette antiquité proche et les règles qui l’innervent il faut remonter à des temps bien plus anciens.

    L’œuvre, d’une clarté et d’une logique imparable, est encore aujourd’hui très largement recommandée et étudiée dans les cursus d’Histoire ou encore d’Archéologie…

    - Conceptions autour de la mort

    Les Anciens (on peut parler ici de Grands Anciens tant l’époque est lointaine…) croyaient en la survie de l’être après la mort. Néanmoins, contrairement aux croyances actuelles, ils ne croyaient pas en la translation de l’âme vers un « ailleurs » (Paradis, Enfers, Nirvana, Grand Tout Cosmique, l’Univers, etc.). Les Anciens croyaient que l’âme restait physiquement attachée à la terre et plus particulièrement à un lieu : le tombeau.

    Les morts, bien qu’invisibles, vivaient physiquement auprès de leurs tombes et nécessitaient les mêmes biens que ceux nécessaires aux vivants. Ainsi les défunts, pour exister éternellement heureux dans la mort, devaient-ils être nourris. Des offrandes funèbres devaient leurs êtres régulièrement livrées, sous peine d’être affamés et malheureux dans la mort et d’ainsi devenir des spectres malfaisants.

    Seuls les membres de la famille étaient admis à rendre ces offrandes. En faisant ainsi, on s’octroyait la bienveillance des ancêtres qui devenaient de véritables petits dieux, les dieux d’une seule famille. Les dieux domestiques.

    Chaque famille avait sa religion, son culte.

    Il est à noter, dans ces croyances, qu’une conduite vertueuse ou scélérate n’influait en rien l’existence post-mortem. Nous avons affaire à une religiosité amorale.

    - Le foyer domestique

    Ces croyances concernant les mânes des ancêtres étaient incarnées dans la maison par une flamme perpétuelle, le foyer domestique. Ce feu sacré ne devait jamais s’éteindre. Il était alimenté par des essences de bois spécifiques. Des prières et des offrandes, particulières à chacune des maisonnées (chaque maison à sa religion), lui étaient rendues. A des dates particulières on se réunissait autour de lui pour l’honorer.

    Chaque culte est secret, aucun étranger n’y est admis sous peine de souiller les rites. 

    - La famille archaïque, l’héritage et le droit de propriété

    Une famille de l’antiquité lointaine c’est avant tout une communauté liée par un même culte, une même religion. Les liens du sang y jouent donc un rôle majeur.

    C’est le père qui est le chef de famille et le « grand prêtre » du culte. Il a autorité de vie et de mort. Il a surtout le rôle de reconnaître ou non les nourrissons mâle, tache vitale car ce sont ces derniers qui devront veiller sur le foyer domestique à l’avenir. Sans descendance, pas de perpétuation de la religion et donc errance des Mânes… Le célibat est donc logiquement interdit. C’est le fils aîné, celui qui perpétue le culte, qui hérite.

    Cela ne signifie pas néanmoins que les « mineurs » (femmes, frères, enfants, etc…) ne jouent pas un rôle important. Ils jouent des rôles cruciaux dans le culte rendu aux Mânes (ravivage de la flamme, initiation au culte, apprentissage des prières, etc.)

    L’ensemble des cérémonies (mariage, naissance, décès, etc.) sont associés aux dieux du foyer.

    Les ancêtres étant attachés à une terre précise, cette dernière est inaliénable. On ne peut s’en défaire, la famille y est fixée pour toujours. Les dieux Termes gardent les bordures de ce royaume familial.

    - Les clans

    Au gré des générations la famille s’agrandit, en fait une famille, une gens en latin(qui donne « gène » en langue française), peut être composée de plusieurs centaines de membres rendant un culte à des ancêtres communs.

    Au fil des générations des familles se sont associées. On assiste alors à une transposition du culte familiale à une échelle plus grande. On trouve un ancêtre commun, on dresse un autel et on allume une flamme perpétuelle et sacrée qui associe les membres de la communauté par des liens inaliénables.

    - La Cité

    Puis les clans s’associent dans le même schéma, et on assiste alors à l’émergence de la Cité. Par ce mécanisme logique on se rend compte que c’est le droit particulier (et surtout le culte dont il découle) qui a précédé le droit commun. La création d’une Cité suppose un rite de fondation. On dresse un autel, on allume une flamme… (Le feu de Vesta pour Rome). La ville n’est au départ que le lieu où résident les divinités communes.

    On se rend compte ici que la Cité antique est en réalité une confédération de familles et de clans (Curies, Phratries, Tribus), dominée par un roi.

    La Cité n’est donc pas une création politique, mais avant tout une entité religieuse. Chaque ville est « sainte ». Les citoyens sont liés par un culte commun. La Cité ne partage pas ses dieux et ces derniers ne peuvent qu’intercéder pour les membres de la communauté. En tant qu’Athénien, je ne peux aucunement rendre hommage aux dieux de Thèbes ou de Sparte.

    La pire des condamnations, dans ce monde, est loin d’être la mort. La pire des peines c’est le bannissement et la perte de citoyenneté. Cette mesure prive en effet l’individu de ses ancêtres et de ses dieux. Il ne pourra trouver sépulture et donc repos et félicité dans l’après vie…

    Les charges de la Cité (Royauté, magistrature, etc.) sont avant tout des fonctions de prêtres.

    Certains rituels impliquent la présence de l’ensemble des citoyens. Ainsi est-il nécessaire de tenir une comptabilité rigoureuse des naissances et décès. Le recensement est un acte religieux avant d’être un acte civil. L’autorité de la Cité est quasi-illimitée car celle-ci est de nature religieuse. La vie privée et les individualités ne comptent que peu.

    La Cité est une Eglise… Il n’existe aucune distinction entre le spirituel et le temporel. 

    - Les révolutions mettent à mal le régime des Cités

    L’aspect inégalitaire de ce système apparaît évident. Les familles s’agrandissent, des branches cadettes apparaissent nécessairement. Des relations de soumission s’instaurent car seuls les fils aînés peuvent hériter.

    Une classe d’inférieur, de clients se met aussi en place. Cette classe ne dispose d’aucun droit sauf celui qu’acceptent de lui octroyer ses maîtres de bonnes familles nommés patriciens.

    Les plébéiens (terme très connu concernant Rome), forment une classe encore inférieure. Constituée de populations assujetties, la plèbe ne possède pas d’ancêtres ni de cultes, elle n’est donc virtuellement… rien. 

    Une première révolution s’installe lorsque les rois perdent leurs fonctions temporelles pour ne garder que la prêtrise (Ex : Rome, Sparte, Athènes). Les aristocrates les remplacent (Fronde inversée) à la tête politique de la Cité.

    Une seconde révolution s’instaure lorsque les conditions d’héritage s’assouplissent et que les clients s’émancipent.

    Une troisième révolution est inaugurée lorsque la plèbe revendique et obtient des droits politiques (Ex : instauration du Tribun de la plèbe à Rome).

    Ces révolutions permettent l’émergence d’une nouvelle répartition des fonctions sociales fondée sur la richesse et non plus sur la lignée. Le rôle du suffrage prend une part de plus en plus importante (émergence de la démocratie).

    - Disparition des Cités-Etats

    L’émergence de la philosophie et de nouvelles croyances religieuses rendit les anciens cultes obsolètes. Toutes les fondations de la société antique en furent bouleversées. On ne pensa plus que les morts vivaient d’offrandes dans leurs tombes… Leurs âmes devaient nécessairement rejoindre un lieu (Champs-Élysées), ou le néant (Epicure).

    Le culte des Mânes et du Feu s’altéra.

    Puis, un jour, une petite Cité d’Italie Centrale cessa de jouer le jeu qui se tramait depuis des siècles et se mit à conquérir et assujettir ses voisines. On ignore comment ou pourquoi… Poussée par des révolutions internes et des guerres civiles, Rome eu soif de conquête et ne trouva partout qu’une résistance relative tant les anciennes croyances s’étaient détériorées. Les patriotismes locaux s’étaient éteints. En quelques siècles un empire fut formé et Rome administra partout.

    Puis, la suite est connue, la citoyenneté romaine devint courante et le Christianisme apparut, ce qui fut une révolution anthropologique majeure. En effet, il y eut désormais une distinction entre le monde des cieux et le monde terrestre. Auparavant les hommes vivaient entourés de leurs dieux, désormais Dieu règne, mais depuis un ailleurs.

    Le terrain avait était largement préparé par les philosophes.

    Tout fut bouleversé, les temples, le droit, les traditions, les mœurs, etc.

    Le monde antique disparut.

    Jacques THOMAS pour le Savoir pour tous et le C.N.C.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2015/09/09/fiche-de-lecture-la-cite-antique-fustel-de-coulanges-5682413.html