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culture et histoire - Page 1550

  • L’Europe c’est la paix ? Non c’est la guerre de Sécession qui vient, par Michel Geoffroy (Polémia)

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    A l’approche des élections européennes toute l’oligarchie bruxelloise et politicienne répète sur l’air des lampions « l’Europe c’est la paix », sans doute pour tenter de retenir un électorat européen de plus en plus réticent. On ne pourrait qu’en rire si le sujet n’était pas si grave.

    Les mouches du coche

    En rire d’abord, parce que l’Union Européenne n’est en rien responsable du fait que l’Europe occidentale n’ait pas connu de conflit armé sur son sol depuis 1945. Si nous avons connu la paix (si l’on excepte les guerres de décolonisation bien sûr) on le doit avant tout à l’équilibre de la terreur qui a définitivement gelé la guerre froide après la présidence Khrouchtchev. L’Union Européenne qui n’a mis en place ni défense autonome, ni Europe de l’armement, ni diplomatie digne de ce nom n’a aucune responsabilité dans cette situation.

    Les mouches du coche bruxelloises voudraient nous faire croire que les différents traités techniques ou commerciaux mis en place en Europe depuis les années 50 seraient à l’origine de cette longue paix, puisque le doux commerce apporterait la paix et la prospérité pour tous. Cette antienne libérale ne résiste pas à l’analyse.

    Les différents accords et « communautés » mis en place en Europe occidentale n’ont que marginalement changé la donne stratégique : l’Europe a été plus sûrement protégée par l’engagement nucléaire américain, par l’armement nucléaire français et britannique ainsi que par l’inexorable déclassement de la puissance soviétique, que par les gesticulations des émules de Jean Monnet.

    Heureux les pacifistes

    Et d’ailleurs quelle belle paix en vérité !

    L’Europe occidentale vit en paix, mais dans nos rues les militaires patrouillent l’arme à la main « contre le terrorisme », comme hier à Alger ou à Belfast. L’Europe occidentale vit en paix mais elle accueille des djihadistes. Elle vit en paix mais elle se trouve partout confrontée à l’explosion de l’insécurité et à des émeutes urbaines récurrentes.

    L’Europe vit en paix mais de plus en plus de ses soldats meurent à l’étranger dans des « opérations  extérieures ». L’Europe c’est la paix mais on a quand même fait la guerre à la Serbie, à l’Irak, en Afghanistan aussi et on a soutenu les insurgés en Lybie, en Syrie et, si l’on avait écouté certains,  peut-être serions-nous aussi en Iran. L’Europe vit en paix mais ses frontières sont des passoires. L’Europe vit en paix mais sa démographie s’effondre. L’Europe vit en paix mais elle est en passe de perdre la guerre économique.

    L’Europe vit en paix mais déjà plus en liberté puisque l’Union Européenne détruit la souveraineté des États, donc la liberté des peuples.

     "La paix en Europe ressemble curieusement à celle des cimetières !"

    La guerre de sécession

    L’Union Européenne non seulement ne nous a pas apporté la paix mais elle risque de nous conduire en  plus à la guerre de Sécession.

    Ceux qui préconisent périodiquement la création des Etats-Unis d’Europe – comme M. Cohn-Bendit par exemple- seraient bien avisés en effet de se souvenir des conditions dans lesquelles la guerre civile américaine –que l’on nomme chez nous la guerre de Sécession- a éclaté.

    Le moteur principal de cette guerre n’a pas été la question de l’esclavage. Celle –ci fut tout au plus un prétexte moral commode – déjà – pour les « yankees ».

    La vraie raison est de nature juridique, lorsque les Etats du Nord ont refusé aux Etats du Sud –qui regroupaient pourtant plusieurs Etats fondateurs des Etats-Unis- le droit de se retirer d’une Union qu’ils jugeaient conduire une politique économique et commerciale contraire à leurs intérêts. Les Etats du Sud affirmaient que puisqu’ils avaient fondé l’Union ils disposaient du droit de s’en retirer. Les Etats du Nord rétorquaient qu’on ne pouvait sortir de l’Union sans détruire l’Union et par conséquent sans porter atteinte aux droits de ceux qui entendaient y rester. Ceux qui voulaient le faire (pour fonder une nouvelle confédération) étaient donc des rebelles qu’il fallait maintenir dans l’Union de gré ou de force. Résultat : 5 ans d’une atroce guerre civile !

    L'Europe Yankee

    L’Union Européenne ressemble beaucoup malheureusement à la situation des Etats-Unis au XIXème siècle.

    Elle se trouve, comme eux, coupée économiquement entre les Etats du Sud et du Nord puisqu’elle ne constitue pas une zone économique homogène, notamment dans la zone euro.

    L’Union Européenne se présente aussi sous la forme d’une institution autiste qui ne sait pas tenir compte des attentes des européens car elle poursuit un projet mondialiste qui suppose justement la destruction de l’identité européenne. Ce projet global et carcéral ne souffre aucune possibilité d’inflexion et conduit les Etats européens continentaux à se soumettre ou à se démettre.

    Ceux -ci ne peuvent plus contrôler en effet la marche de l’Union Européenne, qui a réussi à se placer hors d’atteinte de la régulation politique : ses vrais décideurs, non- élus, ont érigé l’indépendance vis-à-vis des Etats en principe, comme la Banque Centrale. La cacophonie organisée de l’Union Européenne à 28 dilue enfin inexorablement l’influence des membres fondateurs, au sein d’un « machin » de plus en plus anonyme.

    Les traités européens ne règlent pas clairement en outre la question de la sortie de l’Union : ils ne conçoivent en effet l’Union Européenne que comme un ensemble appelé à s’étendre sans limites, comme l’OTAN !

    La question de l’immigration pourrait enfin jouer le même rôle que celle de l’esclavage lors de la guerre de Sécession et servir  de carburant idéologique aux  « unionistes » contre les « confédérés ». Car bien entendu les partisans de l’Union Européenne se déclarent très favorables à l’immigration de peuplement et au « grand remplacement » des européens.

    Otage ou rebelle ?

    L’Union Européenne place aujourd’hui les Etats et les peuples qui la composent devant une alternative redoutable, comme les Etats-Unis en 1861.

    Soit la fuite en avant dans le projet mondialiste et c’est ce que font la plupart des gouvernements occidentaux faute de pouvoir ou de vouloir réformer l’Union Européenne.

    Soit sortir du machin européen et s’exposer à devenir la cible –dans tous les sens du terme- de tout le Système et sans doute aussi des Etats-Unis, donc de la superpuissance mondiale.

    L’Union Européenne nous oblige à choisir entre le statut d’otage ou de rebelle désormais.

    Si vous pensez que la guerre de Sécession ne se produira pas en Europe occidentale, rappelez-vous donc la mise en quarantaine de l’Autriche, coupable d’avoir accepté des élus « populistes » dans son gouvernement. Rappelez-vous les pressions et les menaces exercées sur la Hongrie, quand elle a voulu renforcer le contrôle du gouvernement sur sa banque centrale.

    Souvenez-vous de la façon dont Bruxelles refusait à la Grèce le droit de sortir de l’euro lors de la crise de sa dette souveraine : on ne sort pas de l’euro répondait la troïka, un point c’est tout. Et elle envoyait la police anti-émeutes contre les manifestants.

    L’attitude européenne vis-à-vis des évènements qui se déroulent en Ukraine nous renseigne aussi sur sa conception yankee du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les gouvernants européens ont décidé en effet de soutenir le nouveau pouvoir ukrainien – insurrectionnel mais c’est un détail – et de refuser aux russophones, tout droit à l’autodétermination. Les médias occidentaux -la voix de son maître – regrettent ainsi que l’Ukraine ait renoncé à son armement nucléaire. Mais pourquoi donc : pour bombarder Sébastopol ? Et ils dépeignent les russophones  comme des « séparatistes » ou des « rebelles ».

    Cela ne vous rappelle rien, vraiment ?

     Michel Geoffroy

    Source, compléments et PDF imprimable: Polémia

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/05/24/l-europe-c-est-la-paix-non-c-est-la-guerre-de-secession-qui-5376578.html

  • Goldofaf : Rare

  • Voyage du pape : c'est parti pour le festival des intox

    La première nous vient du Point et elle est décryptée par Yves Daoudal :

    "Premier sur la liste, Le Point, qui publie un article intitulé « Bataille de sites historiques au premier jour de la visite du pape ». En bref, l’article suggère que si le pape se rend à Béthanie, sur le lieu du baptême du Christ, côté jordanien, et non du côté israélien du Jourdain, ce doit être pour une raison « politique » (plutôt floue). Car, nous explique-t-on, on ne sait pas où Jean-Baptiste baptisait, mais on ne voit pas pourquoi il aurait traversé le Jourdain, et le fait est que le site israélien accueille beaucoup plus de pèlerins que le site jordanien…

    Le problème, c’est que, si les Israéliens ont inventé un site du baptême où ils envoient les gogos, l’Evangile est très clair. Et, contrairement à ce que disent ceux qui voient une simple allusion dans l’évangile de saint Jean, il s’agit d’une triple affirmation (or trois fois n’est jamais un hasard, et l’on sait aujourd’hui que les indications topographiques de saint Jean sont les plus précises des quatre évangiles) :

    1 – Alors que des prêtres du Temple viennent se renseigner sur ce Jean qui baptise les foules, l’évangéliste précise : « Cela s’est passé à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait » (Jean 1,28).

    2 – Les disciples de Jean, voyant avec inquiétude que Jésus a désormais plus de disciples que leur maître, viennent le voir et lui disent : « Rabbi, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, celui à qui tu as rendu témoignage, voici qu’il baptise, et tous vont à lui » (Jean 3,26).

    3 – Alors que Jésus vient d’échapper à une lapidation, l’évangéliste écrit : « Et il alla de nouveau au-delà du Jourdain, au lieu où Jean baptisait d’abord, et il y resta. » (Jean 10,40). Cette indication est particulièrement importante, car c’est pour échapper à ceux qui veulent le tuer que Jésus va de l’autre côté du Jourdain… là où naguère Jean baptisait.

    Enfin, on sait qu’au IVe siècle fut édifiée en cet endroit une basilique byzantine. Et c’est pourquoi, le 10 mai 2009, en présence des souverains jordaniens, Benoît XVI a posé en cet endroit, et non du côté israélien, la première pierre d'une nouvelle église melkite et d'une église latine."

    Michel Janva

  • Histoire du mal : l’intégralité de l’entretien de l’abbé de Tanoüarn à L’Action Française

    L’abbé de Tanoüarn a fait l’amitié d’accorder un entretien approfondi sur son Histoire du Mal, publié récemment aux Editions , que nous n’avons pas été en mesure de publier intégralement dans la version papier du journal. Voici donc, comme promis, l’intégralité de cet entretien. Un grand moment d’intelligence.

     

    Pourquoi avoir écrit une Histoire du mal ?

    Abbé Guillaume de Tanoüarn - J’ai écrit cette histoire du mal à force de prêcher. Lorsque l’on parle aux gens chaque dimanche, on finit par deviner ce qui les intéresse à la qualité du silence qui accueille vos paroles. Je me suis rendu compte assez vite qu’une assistance dominicale n’est jamais plus silencieuse, plus attentive que lorsque on lui parle du péché. Pourquoi ? Parce que le péché, nous en avons tous l’expérience. Mais que signifie notre expérience du mal ? Cela veut-il dire que le monde n’a pas de sens et que la question de l’Absolu et de notre participation à l’Absolu (c’est-à-dire la question de notre salut) ne se pose pas ? C’est ce que l’on entend souvent. S’il y a du mal, Dieu n’existe pas. C’était au fond la grande objection de Maurras, qui se heurte au problème du mal à travers le drame de sa propre surdité, drame qui, lorsqu’il vient d’avoir 14 ans, semble l’éloigner du monde des vivants.

    Cette Histoire du mal est une sorte d’enquête dans le texte biblique, ancien et nouveau Testament. Je suis parti de l’idée simple que la Bible ne nous offrait pas une philosophie, pour nous expliquer ce qui est, mais qu’elle résonnait de toutes les réponses éplorées que l’homme fait à l’Invitation divine, réponses qui se modulent selon la manière dont l’homme comprend le mal dont il est affecté, le mal de sa mortalité, la souffrance de cet être sentant qu’il est, enfin la faiblesse et la fragilité de son vouloir, l’incapacité où il se trouve d’apporter à Dieu une réponse claire et stable. C’est de tout cela que parle la Bible, et dans la Bible des figures aussi connues qu’Adam et Eve, Caïn et Abel, Noé ou Job.

    Les réponses de l’homme à ce grand drame de l’existence ont leur intérêt… Mais ce qui est vraiment passionnant, c’est de discerner la réponse divine à ce mal qui est dans l’homme. Cette réponse est une personne : Jésus-Christ, lumière à travers laquelle toute la Bible s’éclaire. Et Jésus-Christ est venu sur la terre pour son heure, il est venu pour souffrir et mourir, pour assumer et partager le mystère du mal, pour nous montrer comment transformer le mal en amour. Jésus-Christ, Dieu fait homme, est la seule réponse au problème du mal. Je ne dis pas cela parce que je serais animé par je ne sais quel dogmatisme. Je dis cela parce que les philosophes n’ont pas de réponses. Platon qui pense que le mal vient de l’ignorance est faible sur ce point. Spinoza qui explique que le mal a la même nécessité rationnelle que le bien est non seulement faible mais inquiétant avec sa façon de confondre le bien et le mal dans le même absolutisme rationnel. Je pourrais parler des calculs de Leibniz, de la foi athée de Nietzsche ou de la folle idée sartrienne d’une rédemption de l’homme par l’homme avec le même scepticisme. Il n’y a qu’une seule réponse au problème du mal, c’est cette débauche de souffrance qu’est la crucifixion du Fils de Dieu, prenant le mal sur lui parce qu’il est seul capable, par son sacrifice, de le transformer en amour.

    On dit que le mal est la principale objection à l’existence de Dieu. Je prétends au contraire que le mal est l’explication la plus profonde du mystère de l’Incarnation. Il n’y a pas de religion chrétienne sans le mystère du mal.

    Comment ce livre s’inscrit-il dans vos précédents travaux, sur Cajétan et Pascal ?

    Cajétan est un grand optimiste, il n’est pas scolastique et rationnel pour rien, mais j’avais remarqué, dans ses commentaires sur le péché, qu’il ne pouvait pas supporter l’idée – courante dans nos catéchèses et dans nos cercles apologétiques – que le mal soit juste une absence. Dans un Sermon prononcé devant le pape Alexandre VI Borgia sur la puissance du mal, il a le courage de souligner que le mal est une création divine – ce que les scolastiques appelleront le « mal de nature »… Au fond, Dieu a pris le risque de nous créer dans un monde en proie à la souffrance et à la mort. L’un des objectifs de ce livre était de rompre avec cette espèce de gêne et cette culture de l’excuse qui devrait résoudre le problème du mal. A quoi sert de dire que Dieu ne veut pas mais permet le mal ? Cela signifierait soit qu’il n’est pas tout puissant comme l’imagine l’apologétique juive d’aujourd’hui soit qu’il a un petit côté permissif qui confine au sadisme. J’emprunte à Pascal, à une méditation du texte de Pascal l’idée que Dieu est joueur et que c’est pour lui la seule manière de respecter notre liberté. Il a pris un double risque en nous créant : le risque que nous lui disions « non », car il nous a fait à son image, comme les dieux du monde ; et le risque que nous ne puissions pas nous sortir du monde matériel dans lequel nous nous trouvons immergés par notre nature. L’histoire d’Adam et Eve montre bien, sur un mode imagé, que l’homme et la femme ne parviennent pas à se sauver par eux-mêmes. Dieu alors, dans cette situation extrême où pourrait se dessiner un échec universel de son dessein créateur, joue son va tout : il vient en personne. C’est ce que Pascal appelle « le mystère de Jésus » qui est le mystère de l’histoire humaine, de son sens et du salut pour l’homme qui peut émerger en elle.

    N’y allez-vous pas un peu fort en déclarant d’emblée qu’ « il fallait le péché » pour que l’homme « quitte » sa nature « et se laisse diviniser » ?

    Mais qu’est-ce qui aurait pu faire que l’homme se laisse diviniser, sinon le dégoût qu’il éprouve pour sa propre nature ? « Heureuse faute qui nous a valu un tel et un si grand rédempteur » chante l’Eglise depuis la nuit des temps dans l’Exsultet pascal. Qu’est-ce que signifie cette « heureuse faute », comment pouvons nous déclarer que la faute est heureuse ? C’est la faute qui permet le salut, c’est-à-dire la divinisation de l’homme.

    L’incarnation de Dieu et la divinisation de l’homme dépendaient-elles du péché originel ?

    Je crois vraiment que le thème de Duns Scot expliquant que l’incarnation ce mystère si beau ne saurait dépendre du péché de l’homme ce fait si laid, ce thème, cette thèse n’est pas tenable du point de vue d’une métaphysique critique. Il n’y a pas de reprise du plan divin. Il n’y a qu’une seule idée divine qui contient et manifeste l’histoire de l’homme et cette idée comporte en elle bien évidemment le péché. Comment imaginer que Dieu ne l’ait pas prévu ? Certains théologiens font de Dieu une sorte de dindon de la farce à force de le déclarer innocent du mal. Mais la réalité est une et Dieu n’a certainement pas été mis devant le fait accompli du péché comme le cocu de l’histoire. De ce point de vue, je suis étroitement thomiste.

    Quelle est la place de la femme dans l’histoire du mal et donc du salut ?

    Une place capitale comme le montre le récit de notre scène primitive à tous, cette histoire d’arbre de la connaissance du bien et du mal. Pour Philon d’Alexandrie et pour les gnostiques, la distinction du masculin et du féminin est une conséquence du péché, comme notre être charnel. Au commencement l’homme est spirituel et unisexe et c’est sa révolte contre Dieu qui l’enferme dans un corps. Ces gens sont incapables de penser le féminin comme une donnée fondamentale de l’anthropologie. En revanche, beaucoup plus près de nous, les naturalistes envisagent le masculin et le féminin comme deux natures inégales entre elles, mais ordonnées l’une à l’autre. Julius Evola me paraît très représentatif de cette conception totalement machiste d’une masculinité apollinienne et d’une féminité sélénienne, juste capable (c’est la lune) de refléter les rayons du soleil. Triste perspective ! J’ai essayé de montrer que le récit de la Genèse – contrairement à une idée reçue – n’avait absolument rien de misogyne et qu’au contraire, c’est peut-être une femme qui s’est subrepticement glissée dans la peau de l’Auteur sacré. La femme semble avoir constamment l’avantage sur ce gros benêt d’Adam : elle est plus active que lui (n’en déplaise à Evola), elle porte en elle quelque chose de sa propre rédemption : c’est sa maternité, qui explique l’inimitié durable entre elle et ce grand agent de la culture de mort qu’est le Serpent.

    Critiquant les deux voies du féminisme que sont l’enfermement dans le genre ou au contraire la volonté de détruire les genres, vous rejoignez l’actualité brûlante en évoquant « l’unidualité du couple » : « le masculin et le féminin » n’ont de sens que dans la perspective « du couple et de la famille ». Serait-ce là le « mystère de la femme » et, conjointement, de l’homme ?

    L’enfermement dans le genre, c’est bien le programme de Julius Evola, qui va jusqu’à penser une nature masculine et une nature féminine. Je trouve à ce monsieur bien peu d’expérience de la biodiversité humaine. Depuis des années je répète en préparation au mariage qu’il y a des couples modèles mais qu’il n’y a pas de modèle de couple. Chaque couple est une histoire, avec deux tempéraments qui ont trouvé une modulation sur laquelle ils s’entendent et se répondent. Chacun a ses qualités et ses défauts et, contrairement à une idée trop répandue, les époux se choisissent autant sur leurs défauts que sur leurs qualités. L’unidualité de « l’une seule chair » c’est cela : chacun accepte non seulement les défauts de l’autre, mais les siens propres dans un jeu de compensation où l’amour devra avoir toujours le dernier mot. Et dans cette harmonie duelle pourquoi faudrait-il que les rôles soient fixés à l’avance, que l’homme fassent les comptes et la femme la cuisine ? C’est absurde. Il y a sans doute un mystère de la femme, c’est celui de sa maternité. Mais il y a aussi un mystère du couple, mystère inaccessible à la raison et qui défie toutes les prévisions. De ce point de vue, je dirais volontiers qu’il y a deux sortes de divorce, le divorce qui n’est qu’un constat d’immaturité persistante et le divorce qui exprime un refus de ce mystère du couple, de cette alchimie du couple, une volonté de tout rationaliser qui se transforme en instinct de destruction et d’autodestruction…

    Ecrire une Histoire du mal fondée principalement sur la lecture de la Genèse pourrait sembler une provocation pour la modernité, dont toute la vocation semble être de résoudre la question du mal avec des moyens humains, trop humains. Puisque l’enfer c’est les autres, selon la célèbre formule de Sartre, le faux universalisme de l’Empire du bien ne vise-t-il pas à éradiquer le mal en promouvant paradoxalement une diversité passée sous les fourches caudines de la standardisation démocratique ?

    L’échec des métaphysiques affrontant le problème du mal n’a pas découragé l’homme. Au XVIIIème siècle, il a simplement remplacé ces métaphysique peu convaincantes (pensez à Voltaire et à son Candide) par une Métapolitique dont le premier inventeur est Jean-Jacques Rousseau. L’auteur du Contrat social imagine que le mal, puisqu’il n’a pas de cause métaphysique puisque les explications théologiques ne sont plus à la mode, doit avoir une justification sociologique. Il s’agissait pour lui d’excuser l’homme du mal, en imaginant que tout venait de la société. Au fond, il a démarqué l’histoire chrétienne du mal en distinguant l’état de nature et l’état social et en imaginant une rédemption qui aurait consisté à ramener l’individu à l’état de nature. Pendant un siècle, la science politique nous a raconté à nouveaux frais l’histoire du salut, qui devait se terminer aussi bien chez les socialistes français comme Charles Fourier que chez les marxistes dans une sorte de société idéale d’où le mal aurait miraculeusement disparu. Cette fable mystico-politique a duré longtemps. Mais néanmoins très vite la métaphysique a repris le dessus (chez un Victor Hugo par exemple) et là Philippe Muray a raison de dire que le résumé du XIXème siècle tient en trois mots : « Tout est bien ». Je ne pense pas que l’universalisme de l’empire du bie n vise à éradiquer le mal…

    Je crois qu’il n’y a d’empire du bien que lorsque l’on a nié la nature théologique du péché originel, en imaginant un monde où ce péché ne serait pas, où le mal ne serait pas, où l’homme serait roi sans partage. C’est ce que le même Muray a appelé la post-histoire, l’impossible histoire sans le mal. Il s’agit évidemment d’un fantasme. La post-histoire, cette standardisation démocratique que vous évoquez, n’existe pas, comme tous les fantasmes, et c’est quand on commence à essayer d’en réaliser l’épure que l’on s’en rend compte. La post-histoire ? C’est l’humanité mourant tyrannisée de la démocratie, ce dont parle Platon aux livres 8 et 9 de la République. C’est ce que Maurras appelait « le triomphe du pire et des pires » : le mal et la mort, couple infernal.

    On sait que la question du mal a taraudé toute sa vie Maurras, que la lecture précoce de Pascal — cher à vous-même comme à Boutang — a éloigné de la foi. S’il est impossible de « rendre raison » du mal, comment une Histoire du mal peut-elle répondre à un cœur qui a « besoin de comprendre pour croire » ?

    Je crois vraiment que Maurras a été victime du rationalisme théologique qui sévissait sous pavillon néo-thomiste en son temps (de cela il s’est souvent plaint) et qui imposait, à l’égard du mal, une culture de l’excuse totalement inefficace. Le Père de Tonquédec, si bon technicien de la métaphysique soit-il, n’a pas su ébranler le doute de Maurras. Mais je crois vraiment que Maurras a fait semblant de ne pas comprendre ce que Pascal appelle le cœur. Dans La Musique intérieure, il parle pourtant « des faims muettes du cœur » ; c’est sa poésie qui les satisfait le moins mal.

    Propos recueillis par Axel Tisserand

    Abbé Guillaume de Tanoüarn, Une Histoire du mal, Via Romana, 274 pages, 24 euros.

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Histoire-du-mal-l-integralite-de-l

  • Les jeunes de plus en plus séduits par les théories du complot

    Conspirations, mensonges et sociétés secrètes: les professeurs sont de plus en plus souvent confrontés à la remise en cause de leurs enseignements par des élèves convaincus d'être au coeur d'un grand complot.
    Selon le site Conspiracy Watch, un observatoire des théories du complot, le phénomène est difficilement quantifiable. Mais "de plus en plus d'enseignants et d'éducateurs témoignent pour dire que quelque chose se passe chez des jeunes de plus en plus nombreux à adhérer aux théories du complot, qu'ils découvrent sur internet", assure son fondateur Rudy Reichstadt.
    La plupart des jeunes interrogés par l'AFP se montrent prolixes sur le sujet.
    "Les droits de l'homme sont une création maçonnique", lâche un étudiant de Valenciennes. Léon, 19 ans, est lui "quasi-sûr qu'il y a des complots politiques, financiers". Quant à Clément, il est convaincu de l'existence d'une "secte puissante", mais cet étudiant parisien reconnaît qu'il y a "un peu de mythe autour de ses activités".
    Tous, en tout cas, disent connaître les Illuminati, prétendue société secrète oeuvrant pour l'avènement du nouvel ordre mondial, symbolisée par un triangle et dont la dénonciation est en vogue chez les jeunes. D'après des données consultables sur Google, le nombre des recherches sur les Illuminati a connu une forte croissance en France après 2011 et, à nouveau mais dans une moindre mesure, début 2014.
    "Y'a des stars comme Jay-Z, Kanye West ou Rihanna qui mettent des triangles dans leurs clips, parce qu'ils en font partie", assène Antoine, en seconde dans un lycée parisien. "Et si on écoute certaines de leurs chansons à l'envers, il y a un message. "Quel message? Les réponses se font vagues: "satanique", ose un élève, "subliminal", répond un autre.
    Ce genre de discours a aussi fait irruption dans les salles de classe. "Si on prend un billet d'un dollar et qu'on dessine une étoile de David sur la pyramide surmontée de l'oeil de la providence, les branches de l'étoile désignent les lettres M.A.S.O.N. comme francs-maçons", argumente ainsi Michael à son prof d'histoire, après un cours de terminale sur les accords faisant du dollar le pilier du système monétaire international. "Ça prouve qu'il y a un complot", insiste-t-il.
    - 'Une autre vérité'-
    Le phénomène reste difficile à cerner, tout comme le profil des jeunes concernés. "Il n'y a pas de gourou, ni de lieu, rien de caractérisé qui permette l'ouverture d'une enquête", juge-t-on à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).
    Sur la quarantaine d'élèves qui suivent les cours de Stéphane François, professeur à l'Institut de préparation à l'administration générale (Ipag) de Valenciennes, "environ un quart sont perméables aux théories du complot". "Globalement, ceux qui adhèrent à cette vision conspirationniste du monde ne sont pas les meilleurs" et sont "généralement issus de l'immigration et des quartiers populaires", estime ce politologue chercheur au CNRS.
    Mais pour le directeur de l'Observatoire des radicalités politiques (Orap) Jean-Yves Camus, cet engouement n'est pas confiné à un seul profil. "Certains adhèrent au discours antisémite proche de Dieudonné, d'autres à un discours catholique conservateur proche du Printemps français et il y a aussi un renouveau du discours islamique radical", énumère-t-il.
    Selon le sociologue Jean-Bruno Renard, spécialiste des rumeurs et des légendes urbaines, les jeunes sont particulièrement réceptifs aux théories complotistes. "Autrefois, ils respectaient les institutions en tant qu'autorité. Aujourd'hui, ils expriment une méfiance envers la vérité officielle, sous-entendu il y a une autre vérité", explique le coauteur du livre "100% rumeurs", ajoutant, à l'endroit de ceux qui entretiennent ces thèses avec des visées politiques, que "l'idée de manipuler les jeunes a toujours existé".
    "Les élèves mènent une vie à part et, dans les milieux clos, les choses se répandent", souligne l'autre auteur, Véronique Campion-Vincent, anthropologue à la Maison des sciences de l'homme (FMSH). En outre, "les thèses complotistes apportent des réponses faciles pour comprendre un monde soumis à une complexification des processus de décisions politiques, économiques et sociales".
    "Les complots existent: ils font partie du pouvoir", nuance Véronique Campion-Vincent. "Ce qui n'existe pas, c'est un complot général qui aurait pour seul objectif d'être maître du monde", mais "la société ne va pas s'effondrer parce que des gens croient à ces théories".

    Le Nouvel Observateur avec AFP :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/di_antiamerique/EuppZVAFlZtDOQoyXj.shtml

  • Mai 1945 : la France livre 102.481 prisonniers russes à Staline…

    Entretien avec Manuel Gomez

    En mai 1945, 102.481 Russes ont été livrés à Staline par de Gaulle et son gouvernement de gauche : ils ont tous été exécutés !

    Conformément aux accords de Yalta, signés entre Staline, Roosevelt et Churchill, alors que de Gaulle et la France sont totalement ignorés, un véritable holocauste s’est produit à la Libération. À la différence de la Shoah, l’extermination de plus de 3 millions de Russes a fait l’objet d’une totale omerta de la part de tous les États. Ce fut un crime contre l’humanité qui dépasse tout ce que l’on a connu et condamné depuis.

    Les uniques responsables de cet holocauste sont l’URSS et Staline, mais avec la complicité des gouvernements de la Grande-Bretagne et des USA tout d’abord, puis de la France et des autres pays alliés, à l’exception du Liechtenstein.

    Lors de l’invasion de l’URSS et de la Pologne, les Allemands capturèrent près de trois millions de Russes, avec femmes et enfants, pour les déporter comme travailleurs dans les différents pays envahis par l’Allemagne. Il ne s’agissait pas uniquement de Russes mais également de Cosaques, Caucasiens, Baltes et Ukrainiens, notamment les dizaines de milliers qui avaient émigré afin de trouver des conditions de vie meilleures que dans leur pays. Nombreux avaient été enrôlés dans la Wehrmacht, surtout ceux qui étaient contre le régime communiste instauré par la révolution d’Octobre. Ils s’étaient regroupés dans l’armée Vlassov afin de poursuivre la lutte.

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