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culture et histoire - Page 1615

  • [Paris] Cercle du 14 mars 2014 : Théorie du pouvoir

    Le prochain cercle étudiant de l’AFE Ile de France aura lieu le vendredi 14 mars 2014 à 18h30 dans nos locaux, 10 rue Croix des Petits Champs, avec comme thème : "Théorie du pouvoir"

  • Athènes antique

    Le chapitre d’Anthinéa dans lequel Maurras relate sa visite à Athènes en 1896 est reconnu comme l’un des textes les plus importants du corpus maurrassien. Il est également, avec certains passages du Chemin de Paradis, celui qui aura le plus alimenté les attaques des démocrates chrétiens et leurs accusations de mécréance. D’ailleurs, Anthinéa devait à l’origine recevoir pour titre Promenades païennes

    Dans les éditions courantes d’Anthinéa, ce texte nommé Athènes antique occupe le chapitre II du livre I, lui-même titré Le Voyage d’Athènes. Mais dans la toute première édition, celle de 1901 chez Félix Juven, il en constitue le chapitre III. Il se compose de 16 subdivisions, le sous-titre L’Acropole étant intercalé au début de la troisième, et un second sous-titre Les Collections au début de la huitième. Ces deux sous-titres figurent dans les sommaires de toutes les éditions d’Anthinéa. La seizième subdivision, la plus anti-chrétienne, a été supprimée de toutes les éditions postérieures à la Grande Guerre.

    Anthinéa est une collation d’articles consacrés à la Grèce, à la Toscane, à la Corse et à la Provence, publiés au cours des dernières années du dix-neuvième siècle, pour l’essentiel dans la Gazette de France. À n’en voir que la couverture, le fil conducteur qui relie ces différents récits de voyage y reste encore à deviner. Le sous-titre d’Athènes à Florence peut effectivement laisser penser qu’il s’agit d’un recueil de souvenirs touristiques, comme il s’en publiait beaucoup à l’époque.

    C’est à la lecture d’Athènes antique que le lecteur va comprendre qu’il s’agit de tout autre chose. Mais il ne faut pas s’être découragé avant. Dans l’édition de 1901, Athènes antique vient après les cinq Lettres des Jeux olympiques et une lettre à Henri Vaugeois sur l’Athènes moderne. Rien n’incite à commencer par là. C’est pourtant le cœur de l’ouvrage et de son argumentaire.

    Maurras, qui a alors vingt-huit ans, nous conte comment il découvre dans les vestiges de l’Acropole l’expression de l’universel. Certainement était-il préparé à quelque chose de semblable ; néanmoins il nous décrit cette rencontre comme une brutale révélation. Et les principes qui se dégagent des notes qu’il envoie à la Gazette de France, laquelle les fera paraître en sept fois, du 17 avril au 19 mai 1896, imprégneront sa pensée politique et anthropologique toute sa vie durant.

    On regrette que Maurras n’aît été « que » journaliste, et que ces brèves n’aient pas plus tard ouvert la voie à une somme philosophique plus conséquente. Mais tel était notre homme ; le grand œuvre ne vint jamais, et il nous faut nous contenter, sur ce point-là comme sur tous les autres d’ailleurs, de ses articles, d’abord de revues, ensuite de L’Action française quotidienne, là où Bergson aurait pondu trois volumes et Jaurès douze.

    Nous en contenter, c’est bien le mot qui convient. En quelques pages, Athènes antique fait rien moins que le tour de l’apparition du Beau, du Vrai, de l’Universel. Et c’est également en 1901 que Maurras publiera ses deux articles emblématiques sur l’Homme et sur la Civilisation. Et il s’en tiendra pratiquement là, même si, avec Corps glorieux ou Vertu de la Perfection, il reviendra en 1928 sur ses réflexions du voyage d’Athènes.

    Il ne faut cependant pas croire qu’Athènes antique ait été, dès l’origine, perçu et présenté comme une synthèse fondatrice. D’abord en raison de sa place dans le volume, comme précisé plus haut. Cependant dès l’édition de 1912, les Lettres des Jeux olympiques seront réduites à la portion congrue, la note à Henri Vaugeois rejetée en appendice, et un avertissement au lecteur l’aidera à saisir d’emblée la structure et la cohérence du recueil.

    Ensuite parce que le texte publié en 1901 conserve le style et l’apparence de notes prises sur le vif. Cela lui procure un ton naturel et authentique des mieux venus, mais qui ne prédispose pas à y trouver l’exposé de principes philosophiques fondamentaux. Là encore, dès 1912, la rédaction est reprise, arrondie, policée.

    Enfin et surtout parce qu’en 1896, Maurras est, sinon franchement païen comme l’ont suggéré de nombreux auteurs, du moins explicitement anti-chrétien. Au travers de ses propos sur l’art, sur les découvertes archéologiques, sur les différentes époques de la statuaire, sur les méthodes historiques, il ne cache pas son parti-pris. Le christianisme, affirme-t-il, participe à la corruption de la perfection atteinte par les Grecs classiques et la parachève en la souillant d’influences orientales. Plusieurs passages l’attestent, et pas seulement le chapitre XVI qui sera purement et simplement supprimé plus tard « en hommage au pape Pie X ».

    Le lecteur moderne, naturellement prompt à détecter toute expression suspecte d’antisémitisme, sera d’autant moins à même de comprendre que l’adjectif « juif » veut dire « biblique » et que « le juif », s’agissant de la décadence d’Athènes, n’est autre que le Christ.

    Tous ces éléments datés et anti-chrétiens ont été retirés des éditions d’après guerre, celles qui auront connu les plus gros tirages, de même que des éditions de luxe, depuis celle de Crès en 1922 jusqu’à celle de Josso en 1953. De fait, peu de gens auront eu accès à la version de 1901, ou même à celle de 1912, et en auront gardé la mémoire.

    Il ne faut pas cependant penser qu’à l’instar du conte de La Bonne Mort, la suppression de « l’article XVI » d’Athènes Antique n’ait été qu’une coupure de circonstance seulement destinée à ne pas heurter le public catholique de l’Action française. Car Maurras a effectivement changé d’avis, et il tient à rectifier. Il a peu à peu « réintégré » le catholicisme dans le cercle de la perfection classique, dont il voit désormais dans l’Église le meilleur et le plus sûr garant, transférant ses piques aux « hérésies » que sont le protestantisme et la démocratie chrétienne, lesquelles jouent désormais pour lui, avec la révolution et le romantisme, le rôle de « points cardinaux » de la barbarie.

    Il reste qu’Athènes antique conserve le rythme, le déroulé de sa version originale ; il n’était pas possible de faire autrement, sauf à tout massacrer. C’est sans doute la raison qui a conduit Maurras à composer, longtemps après, Corps glorieux qui en est comme la seconde partie et qui prend encore plus de signification quand on le relit juste après.

    Nous nous sommes efforcés de présenter de la manière la plus simple possible les évolutions entre le texte de 1901 et les versions tardives.

    Dans l’introduction (chapitres I et II), où les différences sont parfois sensibles, nous avons conservé l’expression la plus étoffée, et repris la variante en note. Dans le reste du texte (chapitres III à XV), les corrections ne touchent, presque toutes, qu’au style et nous avons privilégié la version retouchée, renvoyant en note à chaque fois le texte de 1901. Enfin, pour le chapitre XVI, qui a été entièrement supprimé à partir de l’édition Crès de 1922, nous avons repris le texte de 1901.

    Comme pour les autres livres d’Anthinéa précédemment publiés sur notre site, nous avons repris les illustrations de Renefer datant d’une édition de luxe de 1927.

    http://maurras.net/2013/12/12/athenes-antique/#more-2085

  • L’Action Française et les femmes (complément)

    Un de nos lecteurs a eu la bonne idée de nous envoyer un texte en complément de l’article du 8 mars sur l’Action Française et les femmes.

    Il est extrait du livre de Bruno GOYET intitulé "Charles MAURRAS" et publié en 2000 aux Presses de Sciences Po (pages 174 et 175).

    Dire l’importance des salons et de leurs hôtesses dans une action politique, c’est en indiquer un mode de fonctionnement particulier et la place importante des femmes et de leurs organisations propres dans l’AF.

    Les "Dames" et "Jeunes Filles royalistes" sont, parmi les organisations d’AF, les plus actives. C’est la marquise de Mac-Mahon, leur présidente (voir photo ci-contre), qui organise les premières messes du 21 janvier, dans l’immédiat après-guerre, à la mémoire de Louis XVI. Avec le défilé de Jeanne d’Arc, cette cérémonie est un des rites essentiels du mouvement.

    Les listes d’assistance qu’en donne L’AF, chaque année, montrent clairement l’importance du militantisme féminin : alors que la proportion habituelle des femmes dans les listes de pélition politique es ! de l’ordre de 10 % et qu’en général elles signent avec leur mari, sur les listes de signataires à l’issue de ces messes on trouve 25 % de femmes seules et près de 10 % si l’on ajoute les femmes en couple.

    On peut se demander si l’AF n’aurait pas joué pour les femmes de la « bonne société » un rôle politique semblable à celui qu’elle a joué pour les catholiques : l’entrée, ou la rentrée, en politique, de catégories sociales jusque-là marginalisées par la politique.

    Par sa formule du « politique d’abord », Maurras permet aux femmes de ne plus être cantonnées aux « bonnes œuvres ». D’où leur virulence lors de la condamnation de 1926. Tous les témoignages concordent sur la résistance particulière des femmes à l’interdiction de lire L’AF.

    Action française de Provence

  • Le mariage républicain...

    Une plateforme dotée d'un moteur de recherche, développée par la BnF et l'université de Stanford, publie les archives de la Révolution française en huit tomes de débats parlementaires et 14 000 images. 

    Parmi lesquelles on peut trouver celle-ci, sur les noyades de Nantes :

    0Sur le bras du monstre il est écrit "mariage républicain". Jean-Baptiste Carrier mit au point ces « mariages républicains » : il faisait monter sur des bateaux équipés de trappes, des prisonniers, les faisait attacher nus, deux par deux, de préférence un homme et une femme, et les laissait couler dans la Loire appelée pour l'occasion « le fleuve républicain ». 

    Michel Janva

  • Un film interdit, pour l’honneur des Cristeros

     Sorti en 2012, porté par des acteurs de talent, il sera enfin distribué en France en mai prochain. Ce film est magistral, et voici pourquoi.
    Cristeros raconte l’histoire de la révolte des Cristeros au Mexique, entre 1926 et 1929. Le président, Plutarque Calles, applique des lois anticléricales et essaye d’extirper le christianisme du Mexique. Les prêtres étrangers sont expulsés, les biens de l’Église nationalisés, les écoles fermées. Les Mexicains essayent de s’opposer à ces lois de façon pacifique, par des manifestations et des pétitions. Ces moyens n’aboutissant pas, ils prennent les armes, à partir de 1926. C’est la révolte du Christ Roi, les Cristeros, où au cri de Viva Cristo Rey, le peuple mexicain attaque l’armée fédérale. Trois ans de guerre civile épouvantable, où les armées de l’État répriment les villageois, torturent les opposants, brûlent les villages. La Cristiada rejoint la grande révolte de la Chouannerie pendant la Révolution française.
    Au bout de trois ans de guerre, un accord est trouvé. Les lois sont maintenues, mais elles ne sont pas appliquées. Néanmoins, les restrictions religieuses demeurent, ainsi que les vexations à l’encontre des catholiques.
    Sorti en 2012, le film sera sur les écrans français à partir de mai 2014, même s’il est déjà accessible en DVD. Ce film est magistral. Il est servi par des acteurs de talents : Andy Garcia (Le Parrain 3), Peter O’Tool (Lawrence d’Arabie) dans un de ses derniers rôles, Eva Longoria. La mise en scène est impeccable. Les scènes de batailles haletantes, le jeu des acteurs est de grande qualité, notamment Andy Garcia, qui joue le rôle du Général Enrique Gorostieta.
    Ce général ne croit pas en Dieu, il n’adhère pas à la cause des Cristeros, mais ceux-ci l’ont embauché pour conduire leur armée. Au fil des épreuves il finit par se convertir, et à adhérer pleinement à la cause qu’il a dirigée. N’étant pas un spécialiste de la révolte des Cristeros, il ne m’est pas possible de donner un jugement historique sur le film. Je constate toutefois que la plupart des personnages du film ont existé, et que la trame du fond est plutôt fidèle à la réalité historique.
    Ce film m’inspire toutefois trois remarques historiques.
    1/ Le premier concerne la censure qu’il subit. Alors que tant de navets sont diffusés en France, ou sont en sélection au Festival de Cannes, le fait que ce film, esthétiquement très beau, bien joué et bien mis en scène, soit diffusé avec autant de difficulté témoigne de la pesanteur intellectuelle et morale qui écrase le monde de la culture. Son histoire n’est pas sans rappeler celle de Katyn. Mais cette censure est contournée par Internet, qui a permis de le faire connaître et d’assurer sa sortie en salle. La censure se heurte donc au développement des technologies qui ouvrent un espace de liberté autrefois inexistant.
    2/ Deuxièmement, le fait que le gouvernement liberticide de Calles soit arrivé légalement et démocratiquement au pouvoir, et qu’il s’y soit maintenu même après la guerre civile. C’est un grave problème de la démocratie, sur lequel on ne s’interroge pas assez. La démocratie, en fait le suffrage universel, est censée assurer la liberté des populations. Sauf que de nombreux régimes liberticides sont arrivés au pouvoir grâce au suffrage universel. D’autre part, on voit des hommes obéir aux ordres injustes du gouvernement, martyriser des populations civiles innocentes, torturer des enfants, comme le petit José Sanchez del Rio, torturé de façon ignominieuse, la plante des pieds arrachée et contraint de marcher pied-nu jusqu’au cimetière où il fut abattu, en 1928, à l’âge de 14 ans. Comment des hommes ont-ils pu appliquer cet ordre ?
    Nous sommes là au cœur de ce qu’Étienne de la Boétie appelle la servitude volontaire. Ce n’est pas le tyran qui tyrannise, mais les hommes qui appliquent les ordres du tyran. Ce sont les soldats fédéraux qui ont tué les prêtres, ceux qui ont abattu José Sanchez, ceux qui ont voté pour ce gouvernement liberticide. La démocratie n’est pas le rempart de la liberté contre la tyrannie, bien souvent elle est même une autre forme de tyrannie. Il y a là ce mystère, sur lequel de nombreux auteurs se sont penchés sans parvenir à le résoudre : comment des hommes peuvent, volontairement, rejeter leur liberté et contribuer à bâtir un système anti humain ? Nous sommes là au-delà de l’idéologie. Nous sommes là au cœur du mystère du communisme et du nazisme.
    3/ Troisièmement, le combat pour l’histoire, c’est le combat pour la mémoire. Trop de mémoire tue, ou empêche de vivre, surtout s’il n’y a pas de pardon. Mais l’absence de mémoire tue aussi. L’habileté des régimes liberticides est de ne pas évoquer un événement. Et si l’événement en question n’est plus évoqué, alors il n’existe pas, il n’a jamais existé. Ce fut le cas avec Katyn, avec le génocide vendéen, avec les Cristeros. On jette l’acide de l’oubli pour faire disparaître un événement dangereux. C’est l’acide de la négation, contre laquelle les historiens se doivent de prémunir les populations.
    Alors, regardez Cristeros, c’est un grand film, et c’est un film important pour empêcher l’oubli.
    Source

    http://www.oragesdacier.info/