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culture et histoire - Page 1617

  • Une discussion politique à Mayenne sur la monarchie, la propriété, les libertés...

    Alors que je traversais mardi dernier la ville de Mayenne, dans le département du même nom, je remarquais soudain un jeune homme qui semblait courir derrière ma voiture tandis que je cherchais à me garer pour me reposer un peu d’une route longue et rendue fatigante par des conditions météorologiques peu favorables : en fait, ayant aperçu la décoration éminemment royaliste de la vitre arrière de ma « roycomobile », il voulait juste discuter avec moi quelques instants de politique, ce que j’acceptais bien volontiers.

    Notre courte discussion a d’abord porté sur le « pourquoi » de mon royalisme et de la monarchie : j’ai essayé de résumer ma pensée en quelques mots, soulignant que la monarchie était la condition des libertés publiques et particulièrement régionales, m’appuyant sur tout le bénéfice que, par exemple, la Bretagne pourrait tirer de l’existence d’un Etat royal, sorte de trait d’union (et symbole arbitral d’unité) entre les provinces reconstituées de France et garant de « l’autonomie » de celles-ci. J’aurai pu ajouter que cette conception d’une monarchie « libertale », c’est-à-dire d’une Autorité laissant aux provinces la liberté, le soin de s’organiser et de s’administrer elles-mêmes, avec leurs spécificités et leurs institutions propres, n’est pas un retour en arrière mais la reconnaissance ordonnée d’une demande forte (et bien actuelle !) des populations pour une plus grande proximité des pôles de décision et l’application d’une forme de démocratie locale plus directe sans être, pour autant, une menace pour l’unité de l’ensemble, garantie par l’existence même de l’Etat central royal, central mais pas centraliste !

    Nous avons aussi discuté sur la question de la propriété privée qui ne me semble pas toujours adaptée aux lieux et aux histoires (et aux cultures) locales : en France, la Révolution a supprimé d’autres formes de propriété que l’on pourrait qualifier « d’usage », en particulier dans les campagnes, au profit d’une sorte de privatisation de toutes les terres « communes » jadis laissées à la disposition des paysans, souvent les plus pauvres, pour y amener leurs bêtes à paître, par exemple. Cela s’est souvent traduit, du coup, par la paupérisation définitive de certains ruraux et leur départ forcé vers la ville, formant ce que Marx appellera, sur le même mouvement affectant les ruraux anglais, « l’armée de réserve du capital », c’est-à-dire une main d’œuvre bon marché nécessaire au décollage industriel et facilement exploitable. En Afrique, à Madagascar par exemple, comme au Brésil dans la forêt amazonienne, l’Etat vend ou loue des terres qui ne lui appartiennent pas, chassant les premiers habitants, les tribus originelles des lieux, toujours dans le cadre d’une privatisation des terres, souvent considérées comme disponibles malgré la présence de peuples qui n’avaient guère le sens de la propriété privée, au contraire des nouveaux maîtres « légaux » de ses espaces… Là encore, la propriété privée apparaît bien comme une spoliation des droits naturels et légitimes de communautés à vivre sur un territoire qui est leur depuis parfois des centaines d’années sans être « contractualisé » par un quelconque papier ou titre de propriété. Dans ce sens-là, la formule de Proudhon si célèbre et si souvent mal comprise, « La propriété c’est le vol », n’est pas totalement fausse…

    La suite sur le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Dans les coulisses des Bobards d’Or

    La cinquième cérémonie des Bobards d’Or s’est déroulée ce soir mardi à Paris. Cette cérémonie parodique récompense les meilleurs désinformateurs, journalistes et médias. Les nominés seront dévoilés ce mercredi sur le site des Bobards d’Or.

    Dans les coulisses des #Bobards d’or

    Entrez dans les coulisses des Bobards d’or est vivez en quelques instants les derniers préparatifs de cette cinquième cérémonie présidé par Jean-Yves Le Gallou Président de Polémia, et toute son équipe

    http://fr.novopress.info/

  • Petit manuel de la massification bon marché

    Moins de moyens, moins de débouchés et toujours plus d’étudiants ! La massification de l’enseignement supérieur est un désastre commandité, avec force autosatisfaction, par des idéologues de ministère… et dont les étudiants sont comme toujours les premières victimes. Voici un constat qui n’est pas neuf n’étonnant guère que les aveugles et ceux pour qui l’histoire s’est arrêtée en 68. Mais si l’idéologie est coupable de l’effondrement de l’Université, après celui de l’École, il serait bien naïf de penser qu’elle est encore seule aux commandes. Face au désastre, c’est le cynisme qui, sous couvert de bien-pensance altruiste, mène des centaines de milliers d’étudiants à l’abattoir social.
    En effet, devant ce naufrage, l’État n’a pas trouvé de meilleurs moyens que de se désengager, financièrement et symboliquement de l’Université. Après la LRU, portée par l’inénarrable Valérie Pécresse, la dernière loi sur l’Enseignement supérieur et la recherche conduite par Madame Fioraso semble n’être qu’une dérobade de plus face au problème. Sous prétexte d’autonomie (mot-valise signifiant en novlangue énarchique « liberté, modernité, désendettée »), l’État place les universités face à des choix insolubles, engendrés par la baisse sans précédent des dotations financières. Certes, le ministère annonce des créations de postes, mais se garde bien de dire qu’il ne s’agit en réalité que d’autorisations de création… que les établissements ne sont plus aujourd’hui en état de payer ! De plus, la non-prise en compte dans les dotations d’État de l’augmentation mécanique des salaires des personnels conduit les universités à un endettement croissant et automatique. « Cachez-moi ces chiffres que je ne saurais voir », se gaussent en cœur les Tartuffes du ministère ! Si Mesdames Pécresse et Fioraso pavoisent en rhétorique, l’université elle fait face à une bien triste arithmétique. Pour faire honneur à cette, merveilleusement moderne, idée d’autonomie, elle doit prendre des mesures dont on peut douter qu’elles soient compatibles avec les objectifs de massification de l’enseignement.
    D’abord la réduction de la masse salariale. De nombreux postes, soi-disant créés par le ministère, ont ainsi étaient abandonnés faute de moyens. Le non-remplacement des professeurs et des personnels retraités a également été monnaie courante ces dernières années. Si le ministère avait promis 1000 postes en 2013, bien peu ont effectivement vu le jour. La plupart des universités ont préféré récupérer la masse salariale correspondante sans les pourvoir, de manière à éponger l’augmentation automatique des salaires ou le déficit d’autres lignes budgétaires.
    Toutefois, comme il faut bien, malgré tout, faire cours, les universités font appel à de la main-d’œuvre précaire. Des enseignants ont ainsi été recrutés en CDD, ou même en CDI… Les postes d’ATER ne laissent plus aux doctorants le temps de préparer leurs thèses et beaucoup n’assurent qu’un salaire sur 10 mois. Ceci s’accompagne d’une intensification de pratiques à la marge du droit du travail (contournement de la loi Sauvadet, cumul des heures complémentaires, incitation à l’auto-entrepreneuriat…).
    L’offre de formation a de son côté été réduite comme peau de chagrin, en supprimant des options, des enseignements, en surchargeant les TD. Cette politique « de modernisation » a fait l’objet d’un beau consensus au sein de l’UMPS, les deux grands partis ne se distinguant en l’espèce que par leur capacité à bâillonner l’UNEF…
    Dans le même temps, il a été exigé de l’Université qu’elle pallie les carences de l’enseignement secondaire, et même primaire. Ainsi les universités ont été contraintes de mettre en place des cours d’orthographe et de syntaxe… La concurrence des grandes écoles et l’ouverture d’une offre d’enseignement en langues étrangères vont également les forcer à proposer des formations renforcées en anglais… Tout ça au détriment des enseignements fondamentaux !
    La massification de l’enseignement ne peut alors être qu’un désastre pour les étudiants. Pour les plus faibles, elle n’est qu’un mirage que se chargeront de dissiper les redoublements ! Loin d’être une chance, « l’université pour tous » bon marché est un crime contre les étudiants commis avec plus de cynisme que de bonne conscience. Ce sont eux qui perdent temps, argent et estimes d’eux même dans un système dont l’absence de sélection ne dure que jusqu’aux examens partiels. La conjoncture nuit aussi aux bons étudiants qui voient la qualité des enseignements s’effriter, et la valeur de leur diplôme fondre comme neige au soleil. Face à ce constat, la droite et la gauche n’ont plus qu’une politique, celle du pire. Sans moyen supplémentaire ou remise en cause de la politique de massification, c’est vers le sacrifice social de centaines de milliers de jeunes que nous mène l’UMPS. S’il est un niveau qui baisse plus vite que celui des étudiants, c’est peut-être bien celui des ministres de l’Enseignement supérieur.
    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFAuVFlAVyzeWuTOjq.shtml
    Source : Collectif Marianne : Benoît Michelet :

    http://www.collectifmarianne.fr/petit-manuel-de-la-massification-bon-marche-3/

  • 480 av. J.-C. Hérodote, Livre VII (Histoire extrait)

    Hérodote révèle son talent dans le récit de la deuxième guerre médique (livres VII et VIII de ses Enquêtes). Voici l'extrait qui se rapporte aux batailles du cap Artémision, des Thermopyles et de Salamine.

    Source : traduction française en deux volumes de Larcher, éditée à Paris, chez Charpentier, en 1850 (Méditerranées).

    - Xerxès se prépare à marcher sur Athènes :

     

    CXXXVIII. Je reviens maintenant à mon sujet. La marche de Xerxès ne regardait en apparence qu'Athènes, mais elle menaçait réellement toute la Grèce. Quoique les Grecs en fussent instruits depuis longtemps, ils n'en étaient pas cependant tous également affectés. Ceux qui avaient donné au Perse la terre et l'eau se flattaient de n'éprouver de sa part aucun traitement fâcheux. Ceux, au contraire, qui n'avaient pas fait leurs soumissions étaient effrayés, parce que toutes les forces maritimes de la Grèce n'étaient pas en état de résister aux attaques de Xerxès, et que le grand nombre, loin de prendre part à cette guerre, montrait beaucoup d'inclination pour les Mèdes.

     

    CXXXIX. Je suis obligé de dire ici mon sentiment ; et quand même il m'attirerait la haine de la plupart des hommes, je ne dissimulerai pas ce qui paraît, du moins à mes yeux, être la vérité. Si la crainte du péril qui menaçait les Athéniens leur eût fait abandonner leur patrie, ou si, restant dans leur ville, ils se fussent soumis à Xerxès, personne n'aurait tenté de s'opposer au roi sur mer. Si personne n'eût résisté par mer à ce prince, voici sans doute ce qui serait arrivé sur le continent. Quand même les Péloponnésiens auraient fermé l'isthme de plusieurs enceintes de muraille, les Lacédémoniens n'en auraient pas moins été abandonnés par les alliés, qui, voyant l'armée navale des Barbares prendre leurs villes l'une après l'autre, se seraient vus dans la nécessité de les trahir malgré eux. Seuls et dépourvus de tout secours, ils auraient signalé leur courage par de grands exploits, et seraient morts généreusement les armes à la main ; ou ils auraient éprouvé le même sort que le reste des alliés ; ou bien, avant que d'éprouver ce sort, ils auraient traité avec Xerxès, quand ils auraient vu le reste des Grecs prendre le parti des Mèdes. Ainsi, dans l'un ou l'autre de ces cas, la Grèce serait tombée sous la puissance de cette nation ; car, le roi étant maître de la mer, je ne puis voir de quelle utilité aurait été le mur dont on aurait fermé l'isthme d'un bout à l'autre. On ne s'écarterait donc point de la vérité en disant que les Athéniens ont été les libérateurs de la Grèce. En effet, quelque parti qu'ils eussent pris, il devait être le prépondérant. En préférant la liberté de la Grèce, ils réveillèrent le courage de tous les Grecs qui ne s'étaient point encore déclarés pour les Perses ; et ce furent eux qui, du moins après les dieux, repoussèrent le roi. Les réponses de l'oracle de Delphes, quelque effrayantes et terribles qu'elles fussent, ne leur persuadèrent pas d'abandonner la Grèce : ils demeurèrent fermes, et osèrent soutenir le choc de l'ennemi qui fondait sur leur pays.

     

    - À Athènes, l'archonte Thémistocle convainc ses concitoyens de se réfugier sur l'eau :

     

    CXL. Les Athéniens, voulant consulter l'oracle, envoyèrent à Delphes des théores. Après les cérémonies usitées, et après s'être assis dans le temple en qualité de suppliants, ces députés reçurent de la Pythie, nommée Aristonice, une réponse conçue en ces termes : « Malheureux ! pourquoi vous tenez-vous assis ? Abandonnez vos maisons et les rochers de votre citadelle, fuyez jusqu'aux extrémités de la terre. Athènes sera détruite de fond en comble, tout sera renversé, tout sera la proie des flammes ; et le redoutable Mars, monté sur un char syrien , ruinera non seulement vos tours et vos forteresses, mais encore celles de plusieurs autres villes. Il embrasera les temples. Les dieux sont saisis d'effroi, la sueur découle de leurs simulacres, et déjà du faîte de leurs temples coule un sang noir, présage assuré des maux qui vous menacent. Sortez donc, Athéniens, de mon sanctuaire, armez-vous de courage contre tant de maux ».

     

    CXLI. Cette réponse affligea beaucoup les députés d'Athènes. Timon, fils d'Androbule, citoyen des plus distingués de la ville de Delphes, les voyant désespérés à cause des malheurs prédits par l'oracle, leur conseilla de prendre des rameaux d'olivier, et d'aller une seconde fois consulter le dieu en qualité de suppliants. Ils suivirent ce conseil, et lui adressèrent ces paroles : « 0 roi ! fais-nous une réponse plus favorable sur le sort de notre patrie, par respect pour ces branches d'olivier que nous tenons entre nos mains ; ou nous ne sortirons point de ton sanctuaire, et nous y resterons jusqu'à la mort ». La grande prêtresse leur répondit ainsi pour la seconde fois : « C'est en vain que Pallas emploie et les prières et les raisons auprès de Jupiter Olympien, elle ne peut le fléchir. Cependant, Athéniens, je vous donnerai encore une réponse, ferme, stable, irrévocable. Quand l'ennemi se sera emparé de tout ce que renferme le pays de Cécrops, et des antres du sacré Cithéron, Jupiter, qui voit tout, accorde à Pallas une muraille de bois qui seule ne pourra être prise ni détruite ; vous y trouverez votre salut, vous et vos enfants. N'attendez donc pas tranquillement la cavalerie et l'infanterie de l'armée nombreuse qui viendra vous attaquer par terre ; prenez plutôt la fuite, et lui tournez le dos : un jour viendra que vous lui tiendrez tête. Pour toi, ô divine Salamine ! tu perdras les enfants des femmes ; tu les perdras, dis-je, soit que Cérès demeure dispersée, soit qu'on la rassemble ».

     

    CXLII. Cette réponse parut aux théores moins dure que la précédente, et véritablement elle l'était. Ils la mirent par écrit, et retournèrent à Athènes. A peine y furent-ils arrivés, qu'ils firent leur rapport au peuple. Le sens de l'oracle fut discuté, et les sentiments se trouvèrent partagés. Ces deux-ci furent les plus opposés. Quelques-uns des plus âgés pensaient que le dieu déclarait par sa réponse que la citadelle ne serait point prise, car elle était anciennement fortifiée d'une palissade. Ils conjecturaient donc que la muraille de bois dont parlait l'oracle n'était autre chose que cette palissade. D'autres soutenaient, au contraire, que le dieu désignait les vaisseaux, et que sans délais il en fallait équiper. Mais les deux derniers vers de la Pythie : « Pour toi, ô divine Salamine ! tu perdras les enfants des femmes, tu les perdras, dis-je, soit que Cérès demeure dispersée, soit qu'on rassemble », embarrassaient ceux qui disaient que les vaisseaux étaient le mur de bois, et leurs avis en étaient confondus. Car les devins entendaient qu'ils seraient vaincus près de Salamine, s'ils se disposaient à un combat naval.

    CXLIII. Il y avait alors à Athènes un citoyen nouvellement élevé au premier rang. Son nom était Thémistocles ; mais on l'appelait fils de Néoclès. Il soutint que les interprètes n'avaient pas rencontré le vrai sens de l'oracle. Si le malheur prédit, disait-il, regardait en quelque sorte les Athéniens, la réponse de la Pythie ne serait pas, ce me semble, si douce. Infortunée Salamine ! aurait-elle dit, au lieu de ces mots, ô divine Salamine ! si les habitants eussent dû périr aux environs de cette île. Mais, pour quiconque prenait l'oracle dans son vrai sens, le dieu avait plutôt en vue les ennemis que les Athéniens. Là-dessus il leur conseillait de se préparer à un combat naval, parce que les vaisseaux étaient le mur de bois. Les Athéniens décidèrent que l'avis de Thémistocles était préférable à celui des interprètes des oracles, qui dissuadaient le combat naval, et même en général de lever les mains contre l'ennemi, et conseillaient d'abandonner l'Attique et de faire ailleurs un nouvel établissement.

     

    CXLIV. Antérieurement à cet avis, Thémistocles en avait ouvert un autre qui se trouva excellent dans la conjoncture actuelle. Il y avait dans le trésor public de grandes richesses provenant des mines de Laurium. On était sur le point de les distribuer à tous les citoyens qui avaient atteint l'âge de puberté, et chacun d'eux aurait reçu pour sa part dix drachmes. Thémistocles persuada aux Athéniens de ne point faire cette distribution, et de construire avec cet argent deux cents vaisseaux pour la guerre, entendant par ces mots la guerre qu'on avait à soutenir contre les Eginètes. Cette guerre fut alors le salut de la Grèce, parce qu'elle força les Athéniens à devenir marins. Ces vaisseaux ne servirent pas à l'usage auquel on les avait destinés, mais on les employa fort à propos pour les besoins de la Grèce. Ils se trouvèrent faits d'avance, et il ne fallut plus qu'y en ajouter quelques autres. Ainsi, dans un conseil tenu après qu'on eut consulté l'oracle, il fut résolu que, pour obéir au dieu, toute la nation, de concert avec ceux d'entre les Grecs qui voudraient se joindre à elle, attaquerait par mer les Barbares qui venaient fondre sur la Grèce. Tels furent les oracles rendus aux Athéniens.

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  • Le temps en histoire à partir de l'oeuvre de Fernand Braudel

    « On ne fait pas de l’histoire sans dates » écrivait Claude Lévi-Strauss dans la Pensée Sauvage.

    L’histoire, à la différence d’autres disciplines en science sociale, est fondée sur l’étude du rapport entre des évènements ou des faits et la chronologie à laquelle ils se rattachent. L’historien se doit de comprendre ces évènements et de signifier la part de rupture et/ou de continuité qu’il opère dans le temps – ou les temps. Car en effet, le temps en histoire peut se décliner au pluriel selon la durée de l’objet étudié. Depuis l’introduction à la thèse de l’historien Fernand Braudel [1], on a tendance à le décliner en 3 temps différents, mais non moins complémentaires quant à une étude générale d’un phénomène humain.

    Ces trois temps prennent en compte la durée, la diffusion d’un ou plusieurs évènements ou processus social. On peut citer dans l’ordre du plus court au plus  long :

    -            L’agitation de surface, ou le temps politique et évènementiel au sens de la succession ‘rapide’ d’évènement qui se déroule (depuis sa cause jusqu’à ses conséquences) dans un temps court.  C’est le temps d’une bataille, d’une élection par exemple.

    -          Le temps conjoncturel : celui-ci convient plutôt à une histoire sociale, économique, culturelle, religieuse, à une histoire des groupes plutôt qu’à une histoire de l’individu.

    -              Le temps structurel, aussi appelée « l’histoire immobile ». Ce temps convient à l’étude des lents changements, ceux-là même qui prennent en compte les rapports entre les hommes et leur milieu. Pour F. Braudel, c’était le temps géologique par exemple. Ainsi, il l’associait, et l’associe-t-on d’ailleurs encore aujourd’hui, avec la géographie. On peut citer à titre d’exemple l’ouvrage de Christian Grataloup sur la mondialisation, Une géohistoire de la mondialisation. Le temps long du monde (2006).

    Cette conception du temps en histoire est la base pour quiconque tente de jeter un regard dans le passé et de le comprendre.

    Il faut ainsi retenir qu’en histoire, la périodisation ainsi que l’échelle d’analyse sont primordiales. C’est ce qui rend l’histoire profonde, large voire indéfinie, et non rectiligne. Car, il faut le dire, même s’il est plus que fréquent de réduire l’histoire à une frise chronologique (ce qui en soit est tout à fait correct si l’objectif est de situer un évènement ou une période dans le temps propre au calendrier grégorien), l’histoire enseignée et réalisée par les historiens n’est qu’au mieux une caricature de la réalité des faits. Et cette réalité est aussi complexe aujourd’hui qu’auparavant.

    D’autres éléments et principes sont donc à prendre en compte et à rajouter à l’analyse des faits et évènements du passé, et a fortiori, au temps en général.

    En effet, il convient de rappeler l’importance capitale du principe de causalité en histoire. La causalité, sans rentrer dans des détails proprement philosophiques et mathématiques, conduit l’historien à prendre conscience que tout évènement étudié possède une ou plusieurs causes, et que cet évènement conduira à une ou plusieurs conséquences dont la portée et la finalité varieront dans la durée, dans sa ou ses temporalités, et seront dépendantes et liées à l’évènement et de sa ou ses causes.

    On peut prendre l’exemple, dans l’histoire de France, de la Révolution française.

    Cet évènement est depuis les travaux de l’historien François Furet et de son école délimitée entre deux dates : 1789-1799 (Penser la Révolution française, 1978). Ici, le temps évènementiel, l’agitation de surface, va de soi. On imagine bien l’agitation lors du serment du jeu de paume le 20 juin 1789, puis les évènements de l’été, entre la nuit du 4 août et le 26 août.

    La Révolution française ne s’arrête pas à ces quelques années de la fin du XVIIIème siècle. Depuis le lendemain de la Révolution française jusqu’à aujourd’hui, les historiens n’ont eu de cesse de penser la Révolution française comme objet historiographique, c’est-à-dire, comme un objet d’étude pour l’évolution (voulue ou non) de la discipline historique.

    Depuis deux siècles, donc, c’est la question des causes de la Révolution française qui est posée, et après coup, celles de ses conséquences.

    Un peu de culture et de mémoire des enseignements du collège et du lycée suffisent à se souvenir que la cause n’est pas singulière mais plurielle, qu’elle ne se limite pas qu’à cette goutte d’eau populaire révoltée contre les décisions des Etats Généraux de 1789, mais qu’elle est plus profonde et qu’elle renvoie à des dynamiques tant économiques et sociales, que culturelles et sociétales.

    La portée de ces évènements de 1789-1799 conduit également à une pluralité des conséquences.

    Conséquences politiques, donc dans un temps qui semble court, sur les institutions et le fonctionnement de la France. Celles-ci vont de pair avec les tensions frontalières, et l’émergence de Bonaparte.

    Les conséquences économiques et sociales sont un peu plus étendues dans le temps, puisque c’est tout au long du XIXe siècle que s’établissent les nouvelles fondations de la France. La transition en la société d’Ancien Régime soumise aux trois ordres, et la société de citoyens égaux en droits, ne peut se faire en profondeur en un claquement de doigt.

    Les conséquences culturelles et religieuses sont quant à elles encore en mouvement aujourd’hui. Pensons d’abord qu’au début du XXe siècle, il était encore presqu’indispensable pour tout politicien de se placer publiquement par rapport aux évènements de la Révolution française, soit pour, soit contre. Et faut-il rajouter ces nombreux écrits, aujourd’hui, qui traitent de la part de responsabilité qu’ont les évènements et les acteurs contemporains, ou non, de la Révolution françaises sur la destruction des fondations traditionnelles de la France ? Faut-il citer Vincent Peillon ?

    En somme, le temps est clairement l’acteur principal de l’histoire.

    Et, non, l’histoire n’est pas finie, comme le criaient Francis Fukuyama au lendemain de la victoire américaine sur l’URSS, ou Philippe Muray face à la toute-puissance galopante de l’empire du Bien.

    L’histoire n’est pas finie car il y a toujours des tensions, de l’improbabilité et du mystère. Mais il faut l’admettre, avec ces mots de Philippe Muray, que la surface de l’histoire est épaisse et aujourd’hui fortement teintée du « règne intégral de la modernité. » [2]

    [1] La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, 1949.

     

    [2] http://maxencecaron.fr/2011/05/entretien-de-philippe-mura...

    Aristide http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • C’était un onze mars : l’exécution du colonel Bastien-Thiry

    Le 11 mars 1963 était fusillé au Fort d’Ivry le lieutenant-colonel Jean-Marie Bastien-Thiry, 36 ans et père de trois enfants.

    Polytechnicien, il avait inventé deux missiles anti-chars.
    Il avait organisé l’attentat manqué du Petit-Clamart, pour en finir avec De Gaulle qui avait trahi le peuple, livré l’Algérie française aux mains des égorgeurs et liquidé le camp nationaliste en France.
    Fervent catholique, il justifiait cette action par la légitimité du tyrannicide (théorisée par Saint Thomas d’Aquin). Un très bon livre est d’ailleurs sorti l’année dernière sur ce sujet.

    Bastien-Thiry marcha vers le peloton chapelet à la main, laissant derrière lui une forte impression, et l’image d’un héros français et chrétien qui avait porté jusqu’au bout l’idéal du sacrifice.

    On peut retrouver cette chanson sur le cd du Chœur Montjoie St Denis, Chants de France XI, ou encore sur la compilation de l’ADIMAD.

    www.contre-info.com

  • La famille nombreuse fait toujours rêver les Français

    INFOGRAPHIE - Près de la moitié des Français désirent 3 voire 4 enfants. 68 % d'entre eux n'en ont pas  eu autant qu'ils le souhaitaient initialement.

     

    Si la famille nucléaire - papa, maman et deux enfants - est devenue la norme, 49 % des Français se seraient bien vus avec un petit troisième et pourquoi pas un quatrième, selon une étude de l'Unaf (Union nationale des associations familiales) en partenariat avec la Cnaf (Caisse nationale des associations familiales) auprès de 11 000 familles en situation d'avoir des enfants.

    La famille nombreuse séduit donc toujours les Français? Avant de devenir parents, 30 % des sondés désiraient trois enfants, 14 % en espéraient quatre et 5 % se seraient laissés tenter par plus. «Cet idéal du nombre d'enfants désirés se heurte à la réalité que les parents entrevoient mieux, par exemple après la naissance du premier», souligne l'Unaf. Ainsi, l'arrivée de l'aîné signe souvent la fin du rêve d'une famille nombreuse - c'est-à-dire composée de trois enfants ou plus selon la définition de l'Insee.

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