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culture et histoire - Page 1618

  • La famille est le lieu où s’articulent la différence des sexes et des générations

    En conclusion du Grenelle de la famille, samedi 8 mars à la Mutualité à Paris, le philosophe Fabrice Hadjadj est venu rappeler ce qu'est une famille.

    "[...] Pourquoi manquons-nous si facilement l’essence de la famille ? Parce que le principe de la famille est trop élémentaire, trop humble, trop animal en apparence, et donc honteux (ne parle-t-on pas de « parties honteuses » ?). Vous avez compris, le principe de la famille est dans le sexe. Même quand il s’agit d’une famille adoptive, même quand il s’agit d’une famille spirituelle, où le père est un père abbé, et les frères sont des moines, les pures et hautes dénominations qu’on emploie viennent d’abord de la sexualité. Les noms du père et du fils s’énoncent à partir de ce fondement sensible qui est notre fécondité charnelle.

    C’est parce qu’un homme a connu une femme, et que de leur étreinte, par surabondance, ont jailli des enfants, qu’il y a ces noms de famille, ces noms de père, de mère, de fils, de fille, de sœurs et de frères. Le mot qui achève la devise républicaine : « fraternité » procède lui-même du sexe et de la famille naturelle. Quant aux fameuses théories du genre, qui croient pouvoir affirmer que la masculinité et la féminité ne sont que des constructions sociales, elles s’appuient elle aussi sur la différence des sexes, sans lesquels l’idée même du masculin ou du féminin ne nous viendrait pas à l’esprit.

    La famille est donc d’abord le lieu où s’articulent la différence des sexes et la différence des générations, ainsi que la différence de ces deux différences. La différence des sexes, à partir de la fécondité propre à leur union, engendre la différence des générations, et cette différence des générations n’a rien d’analogue avec la différence des sexes. L’interdit fondamental de l’inceste nous le signal, mais aussi le fait que lorsque l’homme s’unit à sa femme, il ne cherche pas d’abord à avoir un enfant, il cherche d’abord à s’unir à sa femme, et l’enfant advient, comme un surcroît.

    La famille noue ainsi cinq types de liens : conjugal (de l’homme et de la femme), filial (des parents aux enfants), fraternel (des parents entre eux), à quoi s’ajoutent deux autres que l’on oublie souvent, et qui sont pourtant décisif pour l’inscription historique et déjà politique de la famille. D’abord, le lien des grands-parents aux petits-enfants, qui permet de tempérer l’influence des parents, et d’ouvrir le temps de la famille à celui de la tradition. Il y a encore un cinquième type de lien que tend à occulter l’idéal du couple mais que ne manque pas de rappeler la belle-mère, je veux parler du lien avec la belle-famille – ce que l’on pourrait appeler la « théorie du gendre ». Avec lui, l’alliance conjugale se double d’une alliance pour ainsi dire tribale, et ouvre l’espace de la famille à celui de la société. [...]"

    Michel Janva

  • Le choix de la contestation du pouvoir ukrainien à l'aune de l'histoire de France

    Le choix de la contestation du pouvoir ukrainien à l'aune de l'histoire de France
    Le fait ukrainien a séparé la mouvance en deux parties, non égales d'ailleurs.
    Si certains, majoritaires au demeurant, ont cru bon - on peut les qualifier d'identitaires et ils se recrutent bien au delà du Bloc - de soutenir les nationalistes ukrainiens agissant contre le pouvoir le pouvoir en place, d'autres ont préféré effectué le choix inverse. Leur choix fut la conséquence de leur appartenance identitaire, mais aussi de leur sympathie bien naturelle pour les croix celtiques arborées et portées par leurs camarades ukrainiens, présents sur place et d'opposition au pouvoir en place.
    Les seconds, quant à eux, se refusèrent à soutenir les porteurs de croix celtiques ukrainiennes, non au motif qu'elles leur déplaisaient, mais sûrement en raison d'un choix d'ordre géopolitique.
    Si à l'évidence les premiers se prononcent pour – la croix celtique en l'occurrence - les seconds ont effectué un choix qui presque toujours n'est pas d'approbation mais de répulsion : c'est ainsi que ceux qui ont opté pour Kiev et/ou pour Moscou, le plus souvent, n'apprécient pas particulièrement les deux capitales ou plus exactement, les deux modèles sociétaux qu'elle représentent.
    C'est parce qu'il n'a duré que fort peu – les trois quarts d'un siècle normal - que les grands historiens, de façon presque consensuelle, ont décidé d'appeler le dernier siècle précédent « le court vingtième siècle » : 1914 -1989 . Il n'est pas certain que la valeur historique de ce dernier ait été véritablement comprise puisqu'il ne faudrait pas omettre que pendant environ les huit mille ans de l'histoire qui ont précédé, les hommes très majoritairement, élevèrent et cueillirent. Si cela ne signifie pas que dans les grands pays, l'industrie n'existait pas avant 1914, il n'en reste pas moins que la quasi-totalité des contrées furent encore à l'époque campagnardes. En tant que tel, le vingtième siècle marque une évolution-révolution dans l'histoire humaine.
    De ce « court vingtième siècle », il n'est pas impossible et c'est même même probable que la seconde guerre mondiale en fut l'événement le plus marquant : les trois grandes idéologies de l'époque s'y affrontèrent avec à leur tête trois personnages historiques phares : Rossevelt pour la démocratie libérale, Staline pour le communisme, et enfin Hitler pour le fascisme, ce dernier considéré au sens générique du terme. Il faut bien évidemment prendre garde aux nuances : tous les démocrates ne se reconnurent pas dans l'action, les choix politiques de Roosevelt ; pas plus que Staline ne fit l'unanimité chez les communistes ou Hitler pour les nationalistes de toute obédience. Cependant, à la tête de puissances aussi majeures que les Etats-Unis, L'Union soviétique et l'Allemagne, ces trois hommes d'Etat furent historiquement incontournables, ce au point qu'il fallait en choisir un, malgré toutes les objections de type idéologique que l'on pouvait émettre, au sujet des uns comme des autres...
    Vivants aux 21 ème siècle depuis environ vingt-cinq ans, même si la donne a bien changé, les choix à effectuer de nos jours sont tout aussi nécessaires qu'ils le furent à l'époque. Plus exactement, à l'échelle planétaire, il n'existe plus de personnage histoirique majeur incarnant aujourd'hui le mode de pensée de Hitler ou Mussolini. Quelque part aussi, alors que nous nous avions annoncé « la fin de l'histoire », celle-ci s'est, peu de temps après la levée du rideau de fer, remise en route : nous voici à nouveau en présence de deux blocs – le troisième a disparu en 1945 – même si contrairement à naguère, ils n'ont plus la cohérence interne qui fut auparavant la leur. Si, côté libéral, les sociétés se ressemblent par tant, tel n'est plus le cas pour celles qui s'opposent au nouvel ordre mondial ; d'une part, parmi les deux cents pays qui composent le monde, elles sont anormalement peu nombreuses, d'autre part, elles sont radicalement différentes, d'un point de vue idéologique : mis à part en effet, leur opposition au nouvel ordre mondial, quoi de commun d'un point de vue idéologique entre la Chine, la Russie, la Corée du nord, l'Iran ou la Syrie ?
    Voilà pourquoi, sachant ces deux facteurs majeurs, on ne peut plus se permettre un choix confortable qui soit tout simplement conforme aux intérêts bien particuliers des uns et des autres. De surcroît, j'ai eu l'occasion de lire que l'Ukraine n'était pas la Russie. C'est omettre qu'elle en est beaucoup plus proche que la Tchéchénie.
    Et même dans le cadre de l'histoire française, il n'est pas bien difficile d'imaginer le choix de ceux qui défendent aujourd'hui l'Ukraine : qu'eurent-ils donc fait entre 1946 et 1954 en Indochine ? Ou entre 1954 et 1962 durant la guerre d'Algérie ? Quel camp eut été choisi au motif du respect des identités locales ?
    Et ce malgré tous les sacrifices des Anciens ...

    Alain Rebours

    http://www.voxnr.com/cc/a_la_une/EFAuuVpEVVPJgMZuoy.shtml

  • [Paris] Cercle du 14 mars 2014 : Théorie du pouvoir

    Le prochain cercle étudiant de l’AFE Ile de France aura lieu le vendredi 14 mars 2014 à 18h30 dans nos locaux, 10 rue Croix des Petits Champs, avec comme thème : "Théorie du pouvoir"

  • Athènes antique

    Le chapitre d’Anthinéa dans lequel Maurras relate sa visite à Athènes en 1896 est reconnu comme l’un des textes les plus importants du corpus maurrassien. Il est également, avec certains passages du Chemin de Paradis, celui qui aura le plus alimenté les attaques des démocrates chrétiens et leurs accusations de mécréance. D’ailleurs, Anthinéa devait à l’origine recevoir pour titre Promenades païennes

    Dans les éditions courantes d’Anthinéa, ce texte nommé Athènes antique occupe le chapitre II du livre I, lui-même titré Le Voyage d’Athènes. Mais dans la toute première édition, celle de 1901 chez Félix Juven, il en constitue le chapitre III. Il se compose de 16 subdivisions, le sous-titre L’Acropole étant intercalé au début de la troisième, et un second sous-titre Les Collections au début de la huitième. Ces deux sous-titres figurent dans les sommaires de toutes les éditions d’Anthinéa. La seizième subdivision, la plus anti-chrétienne, a été supprimée de toutes les éditions postérieures à la Grande Guerre.

    Anthinéa est une collation d’articles consacrés à la Grèce, à la Toscane, à la Corse et à la Provence, publiés au cours des dernières années du dix-neuvième siècle, pour l’essentiel dans la Gazette de France. À n’en voir que la couverture, le fil conducteur qui relie ces différents récits de voyage y reste encore à deviner. Le sous-titre d’Athènes à Florence peut effectivement laisser penser qu’il s’agit d’un recueil de souvenirs touristiques, comme il s’en publiait beaucoup à l’époque.

    C’est à la lecture d’Athènes antique que le lecteur va comprendre qu’il s’agit de tout autre chose. Mais il ne faut pas s’être découragé avant. Dans l’édition de 1901, Athènes antique vient après les cinq Lettres des Jeux olympiques et une lettre à Henri Vaugeois sur l’Athènes moderne. Rien n’incite à commencer par là. C’est pourtant le cœur de l’ouvrage et de son argumentaire.

    Maurras, qui a alors vingt-huit ans, nous conte comment il découvre dans les vestiges de l’Acropole l’expression de l’universel. Certainement était-il préparé à quelque chose de semblable ; néanmoins il nous décrit cette rencontre comme une brutale révélation. Et les principes qui se dégagent des notes qu’il envoie à la Gazette de France, laquelle les fera paraître en sept fois, du 17 avril au 19 mai 1896, imprégneront sa pensée politique et anthropologique toute sa vie durant.

    On regrette que Maurras n’aît été « que » journaliste, et que ces brèves n’aient pas plus tard ouvert la voie à une somme philosophique plus conséquente. Mais tel était notre homme ; le grand œuvre ne vint jamais, et il nous faut nous contenter, sur ce point-là comme sur tous les autres d’ailleurs, de ses articles, d’abord de revues, ensuite de L’Action française quotidienne, là où Bergson aurait pondu trois volumes et Jaurès douze.

    Nous en contenter, c’est bien le mot qui convient. En quelques pages, Athènes antique fait rien moins que le tour de l’apparition du Beau, du Vrai, de l’Universel. Et c’est également en 1901 que Maurras publiera ses deux articles emblématiques sur l’Homme et sur la Civilisation. Et il s’en tiendra pratiquement là, même si, avec Corps glorieux ou Vertu de la Perfection, il reviendra en 1928 sur ses réflexions du voyage d’Athènes.

    Il ne faut cependant pas croire qu’Athènes antique ait été, dès l’origine, perçu et présenté comme une synthèse fondatrice. D’abord en raison de sa place dans le volume, comme précisé plus haut. Cependant dès l’édition de 1912, les Lettres des Jeux olympiques seront réduites à la portion congrue, la note à Henri Vaugeois rejetée en appendice, et un avertissement au lecteur l’aidera à saisir d’emblée la structure et la cohérence du recueil.

    Ensuite parce que le texte publié en 1901 conserve le style et l’apparence de notes prises sur le vif. Cela lui procure un ton naturel et authentique des mieux venus, mais qui ne prédispose pas à y trouver l’exposé de principes philosophiques fondamentaux. Là encore, dès 1912, la rédaction est reprise, arrondie, policée.

    Enfin et surtout parce qu’en 1896, Maurras est, sinon franchement païen comme l’ont suggéré de nombreux auteurs, du moins explicitement anti-chrétien. Au travers de ses propos sur l’art, sur les découvertes archéologiques, sur les différentes époques de la statuaire, sur les méthodes historiques, il ne cache pas son parti-pris. Le christianisme, affirme-t-il, participe à la corruption de la perfection atteinte par les Grecs classiques et la parachève en la souillant d’influences orientales. Plusieurs passages l’attestent, et pas seulement le chapitre XVI qui sera purement et simplement supprimé plus tard « en hommage au pape Pie X ».

    Le lecteur moderne, naturellement prompt à détecter toute expression suspecte d’antisémitisme, sera d’autant moins à même de comprendre que l’adjectif « juif » veut dire « biblique » et que « le juif », s’agissant de la décadence d’Athènes, n’est autre que le Christ.

    Tous ces éléments datés et anti-chrétiens ont été retirés des éditions d’après guerre, celles qui auront connu les plus gros tirages, de même que des éditions de luxe, depuis celle de Crès en 1922 jusqu’à celle de Josso en 1953. De fait, peu de gens auront eu accès à la version de 1901, ou même à celle de 1912, et en auront gardé la mémoire.

    Il ne faut pas cependant penser qu’à l’instar du conte de La Bonne Mort, la suppression de « l’article XVI » d’Athènes Antique n’ait été qu’une coupure de circonstance seulement destinée à ne pas heurter le public catholique de l’Action française. Car Maurras a effectivement changé d’avis, et il tient à rectifier. Il a peu à peu « réintégré » le catholicisme dans le cercle de la perfection classique, dont il voit désormais dans l’Église le meilleur et le plus sûr garant, transférant ses piques aux « hérésies » que sont le protestantisme et la démocratie chrétienne, lesquelles jouent désormais pour lui, avec la révolution et le romantisme, le rôle de « points cardinaux » de la barbarie.

    Il reste qu’Athènes antique conserve le rythme, le déroulé de sa version originale ; il n’était pas possible de faire autrement, sauf à tout massacrer. C’est sans doute la raison qui a conduit Maurras à composer, longtemps après, Corps glorieux qui en est comme la seconde partie et qui prend encore plus de signification quand on le relit juste après.

    Nous nous sommes efforcés de présenter de la manière la plus simple possible les évolutions entre le texte de 1901 et les versions tardives.

    Dans l’introduction (chapitres I et II), où les différences sont parfois sensibles, nous avons conservé l’expression la plus étoffée, et repris la variante en note. Dans le reste du texte (chapitres III à XV), les corrections ne touchent, presque toutes, qu’au style et nous avons privilégié la version retouchée, renvoyant en note à chaque fois le texte de 1901. Enfin, pour le chapitre XVI, qui a été entièrement supprimé à partir de l’édition Crès de 1922, nous avons repris le texte de 1901.

    Comme pour les autres livres d’Anthinéa précédemment publiés sur notre site, nous avons repris les illustrations de Renefer datant d’une édition de luxe de 1927.

    http://maurras.net/2013/12/12/athenes-antique/#more-2085

  • L’Action Française et les femmes (complément)

    Un de nos lecteurs a eu la bonne idée de nous envoyer un texte en complément de l’article du 8 mars sur l’Action Française et les femmes.

    Il est extrait du livre de Bruno GOYET intitulé "Charles MAURRAS" et publié en 2000 aux Presses de Sciences Po (pages 174 et 175).

    Dire l’importance des salons et de leurs hôtesses dans une action politique, c’est en indiquer un mode de fonctionnement particulier et la place importante des femmes et de leurs organisations propres dans l’AF.

    Les "Dames" et "Jeunes Filles royalistes" sont, parmi les organisations d’AF, les plus actives. C’est la marquise de Mac-Mahon, leur présidente (voir photo ci-contre), qui organise les premières messes du 21 janvier, dans l’immédiat après-guerre, à la mémoire de Louis XVI. Avec le défilé de Jeanne d’Arc, cette cérémonie est un des rites essentiels du mouvement.

    Les listes d’assistance qu’en donne L’AF, chaque année, montrent clairement l’importance du militantisme féminin : alors que la proportion habituelle des femmes dans les listes de pélition politique es ! de l’ordre de 10 % et qu’en général elles signent avec leur mari, sur les listes de signataires à l’issue de ces messes on trouve 25 % de femmes seules et près de 10 % si l’on ajoute les femmes en couple.

    On peut se demander si l’AF n’aurait pas joué pour les femmes de la « bonne société » un rôle politique semblable à celui qu’elle a joué pour les catholiques : l’entrée, ou la rentrée, en politique, de catégories sociales jusque-là marginalisées par la politique.

    Par sa formule du « politique d’abord », Maurras permet aux femmes de ne plus être cantonnées aux « bonnes œuvres ». D’où leur virulence lors de la condamnation de 1926. Tous les témoignages concordent sur la résistance particulière des femmes à l’interdiction de lire L’AF.

    Action française de Provence

  • Le mariage républicain...

    Une plateforme dotée d'un moteur de recherche, développée par la BnF et l'université de Stanford, publie les archives de la Révolution française en huit tomes de débats parlementaires et 14 000 images. 

    Parmi lesquelles on peut trouver celle-ci, sur les noyades de Nantes :

    0Sur le bras du monstre il est écrit "mariage républicain". Jean-Baptiste Carrier mit au point ces « mariages républicains » : il faisait monter sur des bateaux équipés de trappes, des prisonniers, les faisait attacher nus, deux par deux, de préférence un homme et une femme, et les laissait couler dans la Loire appelée pour l'occasion « le fleuve républicain ». 

    Michel Janva