Suite au voyage de M. Sarkozy en Algérie et aux débats qu’il a suscités, il nous a paru opportun de nous interroger sur ce qu’était ce pays avant la colonisation. Nous avons demandé à J.-P. Péroncel-Hugoz, qui fut correspondant du Monde à Alger, et dont les livres témoignent d’une profonde intelligence de tout ce qui a trait au monde musulman, de nous éclairer à ce sujet. Nous le remercions de nous avoir adressé la précieuse analyse suivante.
En 1830, l’Algérie n’existait pas. La France allait l’inventer. Le mot même d’”Algérie” a été forgé par nous. On ne connaissait alors que “la Régence d’Alger”, abri de pirates et corsaires islamo-méditerranéens, colonie fiscale ottomane depuis le XVIe siècle. Le pouvoir turc ne contrôlait guère que la bande côtière jusqu’à Médéa, et encore seulement les localités où le sultan-calife de Constantinople entretenait des soldats, souvent d’ailleurs chrétiens renégats, anciens captifs convertis par intérêt à l’islam : les fameux “Turcs de profession”... De temps en temps, une mehalla, cohorte armée, partait en quête de l’impôt dû à la Sublime-Porte. Les Juifs indigènes, eux, interdits de port d’armes, en tant que dhimmis de l’islam (“protégés-assujettis”), et majoritairement citadins, ne pouvaient échapper au fisc auquel ils devaient en particulier un impôt appliqué à eux seuls (et aux chrétiens libres, s’il y en avait eu) : la gizya. Les Arabo-Berbères, de même foi que les Turcs, et donc supportant sans trop rechigner l’autorité de leur coreligionnaire, le dey, adoubé par Stamboul, se faisaient en revanche tirer l’oreille pour verser la taxe impériale. Il fallait aller la quérir dans les douars ou les médinas, au besoin par le cimeterre. On ne parlera jamais pour autant de “colonialisme” ottoman (ni a fortiori arabe bien que celui-ci ait auparavant lésé ou détruit les cultures berbères...), bien que cette domination n’ait laissé derrière elle que quelques forteresses, minarets, villas et recettes de sucreries, tandis que la colonisation française, si bénéfique en matière de santé, travaux publics, distribution d’eau ou extension des terres arables se trouve sans cesse sur la sellette. Pourtant, loin d’avoir pris l’allure d’un “génocide” (comme celui des Amérindiens par les Anglo-Saxons), la mainmise française sur l’Algérie fit passer la population autochtone, en un gros siècle, de 3 millions à 9 millions d’âmes...
Dû à notre philanthropie chrétienne armée de nos thérapeutiques, ce bienfait démographique, qui explique d’ailleurs notre éviction finale du pays, ne sera jamais au grand jamais reconnu par les Algériens car il provient de non musulmans. Il n’y a pas d’autre explication. Au reste, ce comportement socio-confessionnel est général et normal en Islam. Il est exacerbé en Algérie par l’échec absolu du “socialisme islamique” au pouvoir depuis l’indépendance en 1962, échec que Ben-Bella, Boumediène, Bendjedid, et à présent le président Bouteflika n’ont pu masquer qu’en menant à hauts cris en permanence le procès du “colonialisme” français, face auquel la France officielle n’a jamais réagi, en dépit des munitions historiques à sa disposition.
Alger en 1830 était aussi l’un des derniers ports nord-africains - sinon le dernier depuis que l’Empire chérifien en 1818 avait mis fin à l’activité corsaire de Salé -, conservant une activité de “course” en Méditerranée avec abordages de nefs commerçantes et enlèvements de civils sur le littoral des États chrétiens, d’où un marché d’esclaves en Alger, l’esclavage étant, on le sait, licite en islam. Charles X, roi très-chrétien s’il en fut, brûlait de réduire ce “nid de pirates”. Il y fut encouragé par le coup d’éventail intempestif que le dey d’Alger donna un jour de 1827 à notre consul à propos - et c’est là où la France, pour une fois, était fautive - d’une dette du Directoire pour une livraison de blé que lui avait alors fourni la Régence. Le rachat de ladite dette par deux hommes d’affaires israélites, Bacri et Busnach, avec en outre peut-être un tripatouillage souterrain de Talleyrand, explique que le dossier ait traîné jusqu’à la fin de la Restauration et doive être signalé comme l’une des causes de l’expédition de 1830 à Sidi-Ferruch. Vu le contexte international de l’époque, si la France n’était pas à ce moment-là intervenue militairement en Alger, l’envieuse Albion (en concurrence ou en tandem, peut-être avec l’Espagne, laquelle n’avait quitté Oran, à la suite d’un séisme, qu’à la fin du XVIIIe siècle) y serait probablement allée, et le Maghreb ne serait pas aujourd’hui aussi largement francophone : deux Tunisiens sur trois, un Algérien sur deux, un Marocain sur trois utilisent à présent la langue de Bugeaud et Lyautey...
Péroncel-Hugoz* L’Action Française 2000 n° 2739 – du 3 au 16 janvier 2008
* Ancien correspondant du Monde en Alger, directeur de “La Bibliothèque arabo-berbère” chez Eddif, à Casablanca, Péroncel-Hugoz vient de publier Petit journal lusitan (Le Rocher, Monaco).
culture et histoire - Page 1612
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ALGER 1830 Une colonie fiscale turque
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chouans Jean Pax Mefret
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Insurrection - Flic Républicain
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Les identités plutôt que le P.I.B.!
Plus de quatre ans après le référendum interdisant les minarets, le peuple suisse fait encore des siennes. Il vient d’adopter de justesse des mesures de préférence nationale et de limitation des flux migratoires. D’abord abasourdie par ce résultat non prévu par les sondages, la grosse presse a violemment critiqué le choix souverain des Helvètes et leur prédit une future régression économique.
Il est intéressant de relever que les arguments de part et d’autre du Léman et du Jura ne correspondent nullement. Journalistes stipendiés et Commission eurocratique de Bruxelles mettent en avant l’économie et la morale tandis que les Suisses rappellent que l’immigration pèse sur la tranquillité publique, entraîne la saturation des infrastructures ferroviaires et routières, oblige la construction de nouveaux bâtiments qui réduit une surface agricole utile peu étendue du fait du relief, favorise la hausse du prix du m2, ce qui contraint de nombreux ménages suisses à venir clandestinement s’installer dans leurs résidences secondaires du pays français de Gex.
Par son vote cinglant du 9 février 2014, le peuple suisse s’attaque au cœur même de la globalisation, à savoir la libre circulation des biens, des capitaux et des individus. À l’idéal d’open society colporté par les oligarchies mondialistes et leurs larbins médiatiques, les citoyens de la Confédération helvétique préfèrent les vertus de la société fermée. Véritable pied-de-nez aux altermondialistes et aux libéraux libertaires progressistes, cette décision devrait aussi faire réfléchir tous les chantres du libéralisme conservateur, du national-libéralisme et du conservatisme libéral sur leur engagement idéologique. Soit ils avalisent les mantra libéraux, acceptent l’ouverture illimitée au monde et condamnent l’initiative helvétique – ils s’affirmeraient dès lors comme la faction droitarde et con-conservatrice du mondialisme -, soit ils approuvent cette votation et doivent par conséquent abandonner leur foi naïve dans le libéralisme pour retrouver un conservatisme anti-libéral de bon aloi.
Ce dilemme ne se limite pas à la seule question immigratoire. Il tend à se généraliser avec des problématiques saillantes autour de la G.P.A. et du mariage inverti, voire avec le travail du dimanche chaudement approuvé par quelques têtes de linottes libérales-conservatrices.
La limitation de l’immigration risque de nuire aux performances économiques de la Suisse. Et alors ? À rebours des incantations maladroites de certains décroissants « de gauche », la remise en cause radicale de la « Mégamachine » ne proviendra pas des catastrophes climatiques ou du dérèglement météorologique, mais d’une véritable prise de conscience identitaire, soucieuse des paysages et d’un enracinement indéniable à travers des communautés charnelles d’appartenance.
Organisme de guerre aux ordres de l’Infâme, l’agence de notation Moody’s menace de retirer son triple A à la Suisse qui a si mal voté. Elle juge en effet que « limiter l’immigration est susceptible d’affecter le potentiel de croissance du pays, sa richesse et sa solidité économique dans son ensemble (Le Figaro, 19 février 2014) ».
Qu’une société fermée fasse perdre plusieurs points de P.I.B. et de croissance n’est pas dramatique si elle parvient à s’auto-suffire et, surtout, à maintenir sa cohésion ethno-civique interne. Contrairement à ce qu’avance Laurence Fontaine qui célèbre le marché dans le quotidien gaucho-libéral Libération, le marché, ce facteur de déstabilisation des cadres traditionnels organiques, n’est pas primordial. Elle a en revanche raison d’asséner que « le marché est la condition sine qua non pour avancer vers l’égalité des droits (entretien avec Laurence Fontaine, « Le marché peut être progressiste, les pauvres doivent en profiter », Libération, 22 – 23 février 2014) ». Le marché n’est donc pas ce « prussianisme renforcé », auteur d’un ordre concret comme le soutient Jacques Georges (« Vive le marché ! », mis en ligne sur Europe Maxima, 17 octobre 2009). Avec la mondialisation, il est devenu ce corrupteur de toute sociabilité tangible désintéressée. Combattre son hégémonisme exige une révolution culturelle intégrale.
Outre la nécessaire relocalisation des activités économiques, la réhabilitation de l’artisanat et de la paysannerie bio, un discours identitaire sérieux se doit de promouvoir le salaire de citoyenneté, la réduction draconienne du temps de travail à trente ou trente-deux heures ainsi que le retour concerté à la terre et la déconcentration démographique assumée des grandes agglomérations. Dans la recherche indispensable de l’auto-suffisance alimentaire, les milliers d’intermittents du spectacle, de journalistes, d’étudiants en psycho, etc., serviraient utilement dans les campagnes bien loin d’une artificialité urbaine grégaire.
La défense des identités signifie enfin le rejet total de la démonie de l’économique. Cela réclame une force d’âme remarquable capable de se déprendre de l’imaginaire de la consommation et du productivisme. Il faut désormais avertir les masses hébétées et droguées de matérialisme douceâtre qu’elles se sauveront que si elles redeviennent des peuples fiers d’eux-mêmes. Comme les Suisses du centre de la Confédération…
Georges Feltin-Tracol
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Entretien avec Alexis Arette, auteur de Fils d’homme, je t’ai fait sentinelle
« Lorsque les responsables
deviennent des privilégiés,
si le vice est le soutien
de leur prospérité,
ils feront tout pour garder le pouvoir
jusqu’au déluge ! »Entretien avec Alexis Arette, auteur deFils d’homme, je t’ai fait sentinelle (Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Quel sens donnez-vous au mot « Sentinelle » tiré de l’ordre donné par Dieu au Prophète Ezéchiel : « Fils d’homme, je t’ai fait sentinelle » ?
La réponse est dans la Bible. La Sentinelle, c’est l’homme lucide, à qui Dieu fait devoir d’annoncer l’ennemi, c’est-à-dire l’avancée des périls dans la société. Bainville disait « On a toujours les conséquences ! », et il n’est pas du tout certain que la phrase que l’on a prêtée à Louis XV : « Après moi le déluge ! » ne soit pas celle d’un visionnaire qui se sentait impuissant devant la perversité du siècle. De bonnes connaissances et l’exercice de la logique devraient établir des lois de sauvegarde, mais lorsque les responsables deviennent des privilégiés, si le vice est le soutien de leur prospérité, ils feront tout pour garder le pouvoir jusqu’au déluge ! Aujourd’hui, ni Soljenitsyne, ni Xavier Emmanuelli, ni Maurice Allais ne sont perçus comme sentinelles, et la République des repus continue d’appliquer le précepte mortel de Rousseau : « Écartons les faits, ils n’ont rien à voir à l’affaire » !
Qu’apporte de nouveau ce livre par rapport à vos précédents ouvrages ?
Des documents. Ils constituent la preuve que nous avons eu de tout temps des sentinelles et que, généralement, elles ne sont pas écoutées. Mais nous avons les textes de leurs prévisions. Il était bon de les réunir pour examiner leurs concordances. Il ne peut y avoir de science historique qu’à la lueur des concordances. Et c’est pour cela qu’après le déluge qui se prépare, l’« empirisme organisateur » de Charles Maurras retrouvera la place qui lui est due. Et si le langage religieux qu’emploient les sentinelles du passé peut paraître anachronique à notre époque, il faut se souvenir que l’on ne peut absolument pas juger le passé sur nos critères d’aujourd’hui, mais aussi que les lois du Décalogue restent le fondement justicialiste, c’est-à-dire le « garde fou » de la cité.
Peut-on vraiment accorder quelque crédit à des « prophéties » ?
Quant Edgar Cayce, « prophète » laïque s’il en fut, prédit, au moment où la Russie Soviétique occupe la moitié de l’Europe, que le régime tombera, et que la Russie sera un rempart du monde chrétien, on est obligé de dire, en voyant Poutine faire ostensiblement le signe de la croix, que Cayce avait bien « vu » l’avenir. Quant une religieuse, à l’époque où la Monarchie française semble donner le bon ton à l’Europe, prédit sa chute et l’exécution du Roi, il faut bien admettre qu’elle a reçu des dons qui ne sont pas communs.
Par ailleurs, il faut considérer aussi que les « voyants » sont parfois dotés de pouvoirs exceptionnels, comme les « bilocations », par exemple. Mais depuis la découverte de la « relativité » par Einstein, le temps n’est plus une donnée impénétrable, et les vrais visionnaires arrivent à s’y mouvoir. Mais bien sûr, il y a aussi les charlatans…
Croyez-vous vraiment que l’on puisse changer le cours funeste des évènement ?
Je n’ai pas craint, en cours d’ouvrage, de me répéter pour l’affirmer. J’ai montré la puissance de la pensée dans la formation par exemple des « ectoplasmes ». Et si, malheureusement, je suis tributaire d’une pensée folle qui me fait déplacer des objets sans le vouloir, la télékinésie consciente existe bien, même si les cas sont rares. Il n’est pas jusqu’à l’efficacité des « placebo » qui ne manifeste la puissance de la foi ! Avec la parole du Christ : « Si vous aviez la foi comme un grain de Sènevé, vous déplaceriez les montagnes », nous sommes entrés dans un domaine que l’on croyait réservé à la sorcellerie ! Et bien, il existe aussi un domaine inconnu de la « Bonne Pensée » qui vous fait « magicien ». Et c’est par l’Oraison que la pensée humaine redevient à l’image de la pensée divine : Créatrice ! Oui, on peut décider de gravir une montagne au lieu de la descendre ! Oui, l’ouverture du troisième œil est peut-être pour demain !
Vous dénoncez la Franc-Maçonnerie avec insistance dans votre livre. Englobez-vous, dans vos réserves, toutes les obédiences maçonniques, ou seulement certaines ? Nombre de Franc-Maçons se déclarent « croyants », chrétiens notamment…
On peut être « croyant » en croyant à n’importe quoi. Être chrétien, c’est différent et catholique encore autre chose. En fait, l’exposé des idéaux franc-maçons est conforme aux grandes vertus tirées de l’Évangile, mais la pratique en est souvent contraire. Il suffit de lire le ministre Vincent Peillon pour savoir que la destruction de la religion catholique est son but, afin d’instaurer à la place la religion maçonnique. Mais ce citoyen n’est que l’expression du « Grand Orient » qui a supprimé la référence au « Grand Architecte de l’Univers, » et qui, de ce fait, n’a plus rien à voir avec les Maçons bâtisseurs de Cathédrales.
Certaines obédiences comme la Grande Loge Nationale Française sont restées strictement « spiritualistes » et même proches du catholicisme, comme les Rose-croix. Il résulte de cette diversité « évolutive » que c’est surtout par prudence que l’Église a porté un jugement d’ensemble négatif… Pour ma part, c’est la part « sataniste » de la maçonnerie que je combats. Mais j’observe avec beaucoup d’attention l’évolution des obédiences. Car l’Esprit souffle où il veut !
Fils d’homme, je t’ai fait sentinelle d’Alexis Arette, éditions de L’Æncre, collection « Patrimoine des Religions », dirigée par Philippe Randa, 362 pages, 35 euros.
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A lire et à faire lire : « Jean Bastien-Thiry, De Gaulle et le tyrannicide »
Alors que nous commémorions hier la mort du lieutenant-colonel Jean Bastien-Thiry, rappelons la sortie, il y a quelques mois, d’un petit livre à lire.
Sous la plume de l’abbé Rioult, il s’agit d’une excellente étude historique et morale, appuyée sur la doctrine de Saint Thomas d’Aquin concernant le « tyrannicide », à propos de l’action de ce militaire chrétien.
Était-elle morale ? Bien sûr…Jean Bastien-Thiry, De Gaulle et le tyrannicide, aspect moral d’un acte politique. 62 pages, 8 €. Editions des Cimes. Disponible ici.
« Le 22 août 1962, à Clamart, un attentat visait le chef de l’État et manquait de peu son objectif.
Ce fut la plus fameuse tentative de meurtre à l’encontre du général De Gaulle.Le 11 mars 1963, son instigateur, le colonel Jean Bastien-Thiry, était fusillé. Il est le dernier en France à avoir été victime de ce procédé.
« Comment un homme, doté de profondes convictions catholiques et d’un bagage culturel supérieur, a-t-il pu en arriver là ? » se demanda la presse de l’époque.
Quant au motif de « tyrannicide » que Jean Bastien-Thiry a avancé pour justifier moralement « l’opération Charlotte Corday », était-il acceptable ?
L’auteur répond ici à ces questions. En s’appuyant sur les réflexions de Saint Thomas d’Aquin – le « Docteur commun » de l’Église –, il étaye solidement son analyse par d’utiles et implacables rappels historiques.
Nous sommes invités ici à réouvrir un douloureux procès, qui souleva des interrogations morales et politiques de la plus haute importance. »
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hommage aux paras du 8 éme RPIMa / Chanson de J-P Mefret " AFGHANISTAN "
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[Média] Prospectives Royalistes de l’Ouest
Le numéro n° 41 du nouveau journal royaliste unitaire centré sur la région ouest BRETAGNE-LOIRE ATLANTIQUE-VENDEE vient de sortir.
Vous pouvez le télécharger ici
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Philippe de Villiers, Le roman de Saint Louis, ou le passé comme remède à la négation de nous-mêmes
12/03/2014 – PARIS (NOVOpress) - Après Charrette, le « Roi de la Vendée », Philippe de Villiers – loin de la caricature médiatique qu’on lui inflige depuis des années et qui le réduit à un idiot au sang bleu, sûrement pour le châtier d’être un français de conscience ( ?) – se frotte à un autre personnage de notre roman national : Louis IX (1214-1270), entré dans la postérité sous le nom fameux de Saint Louis, après sa canonisation en 1297.
Sans se prétendre l’égal de Jacques Le Goff, dont la biographie du même roi parue en 1996 fait autorité et qu’il affirme « indépassable », Villiers, sur le mode du pseudo-mémoire, nous propose un récit plein d’enseignements politiques et spirituels, d’une grande fluidité et d’une exemplaire érudition – dont témoigne la bibliographie en fin d’ouvrage. Et pour mieux nous plonger dans l’ambiance médiévale, l’auteur dissémine çà et là dans le texte les accents de l’époque, sans jamais alourdir son style, à la fois propre et concis, apparentant sa démarche d’écriture à celle « d’un moine copiste qui tente de faire revivre Saint Louis pour notre temps ».
Évitant les poncifs dithyrambiques ainsi que les accusations faciles et anachroniques –, Villiers prend le parti de retracer humainement l’existence de ce roi, toutefois hors du commun, qui se rêvait en Galaad recouvrant le Saint-Graal. Une formidable et aventureuse vie nous est contée, depuis Poissy-le-Châtel – actuelle ville de Poissy – où le futur souverain naquit vraisemblablement le 25 avril 1214, jusqu’à sa fin tragique au pied des remparts de Tunis, le 25 août 1270.
Du roi bâtisseur – nous ayant légué des merveilles de pierre telles la Sainte-Chapelle et l’abbaye de Royaumont – au chef de la septième croisade provoquant sa captivité en Égypte, nous découvrons un homme qui ne subit pas l’Histoire mais au contraire la rencontre sans jamais lui abandonner ses croyances intimes.
Saint Louis, édifié par sa mère Blanche de Castille, sait que le pouvoir est une tâche sacrée et non un blanc-seing. Loin de l’orgueil démesuré de Louis XIV ou de la désinvolture d’un Louis XV, il se consacrera scrupuleusement à ses devoirs de roi : favorisant l’unité du royaume ; rendant une justice plus équitable ; à la fois ferme et diplomate avec ses vassaux ou les souverains d’Europe ; protecteur, enfin, de la foi catholique, ce qui aura raison de sa vie à Tunis, lors de la huitième croisade.
Avec ce Roman de Saint Louis nous pénétrons dans ce monde méconnu – souvent obscurci par ignorance – du Moyen Age à travers un personnage qui ne s’y est pas seulement frayé un passage, mais qui en constitue, dans l’imaginaire collectif et de fait, un élément essentiel, au même titre que les cathédrales gothiques.
Quelquefois – et cet avis n’engage que moi ! – Philippe de Villiers auteur laisse poindre l’autre Philippe : l’homme politique contemporain d’une époque dépouillée du sens de la Nation dans sa dimension civilisationnelle et culturelle. Sur le compte de qui doit-on en effet mettre cette fine réponse de Thomas d’Aquin à Louis IX, qui lui demande s’il existe un « gouvernement idéal » ? Le futur saint – il ne sera canonisé qu’en 1323 et proclamé docteur de l’Église en 1567 – dit ceci : « Oui : un gouvernement qui participe du régime monarchique dans la mesure où un seul est placé à la tête ; de l’aristocratie, dans la mesure où un certain nombre d’entre les meilleurs sont chargés des fonctions publiques ; de la démocratie, c’est-à-dire de la puissance du peuple, dans la mesure où les gouvernants peuvent être pris dans les rangs du peuple. D’ailleurs, ce peuple ne doit plus obéissance au prince lorsque le prince commande des choses injustes. Le peuple n’est pas fait pour le prince mais le prince pour le peuple. Sous le regard de Dieu. » Tout un programme !
Dans tous les cas, s’il n’est pas moine, Villiers a réalisé làun travail de bénédictin ! Il s’est abondamment documenté et entouré de savantes personnes pour un projet dont le résultat insuffle de l’élan romanesque à notre Histoire, la dynamise sans la pervertir. Quoique le passé de la France soit « révolu » pour certains malveillants – banni de l’école pour nombre de ses chapitres, quand ils ne sont pas réécris à des fins de propagande ! –, il n’en existe pas moins dans la plus petite parcelle du territoire national et a, de ce fait, toute légitimité à s’exprimer.
Quant à l’antisémitisme de Louis IX – terme du XIXe siècle et donc « intransportable » au XIIIe ! –, on pourrait reprocher à l’auteur de ne pas s’appesantir sur la réalité de la persécution des juifs sous ce règne ; mais s’attarde-t-on souvent sur les accointances de Mitterrand avec le régime de Vichy ou ses repas intimes avec René Bousquet quand « on » lui consacre une énième biographie ?! Louis IX s’opposait au judaïsme dans une perspective religieuse et non raciale.
A ce propos, Jacques Le Goff, qui fait référence en la matière, déclarait en 1996 à l’Express qu’il s’agissait : « d’un antijudaïsme, de nature essentiellement religieuse. Louis IX, profondément chrétien, n’aime pas ces juifs qui ont refusé de reconnaître le Christ. Il condamne le Talmud parce que celui-ci, à ses yeux, dit des horreurs sur Jésus et présente la Vierge comme une gourgandine ! Le roi, par ailleurs, n’aime pas ces gens qui constituent un corps étranger à l’intérieur du royaume qu’il cherche à unifier. Il est vrai que Saint Louis a été déconcerté par ce problème. “Les chrétiens ont un chef, se dit-il, c’est l’évêque. Les juifs n’ont personne, je dois donc être l’évêque des juifs : les punir quand ils se comportent mal, mais aussi les protéger quand ils sont injustement attaqués…” Il reste que Saint Louis a bien été un persécuteur des juifs. »
Et au sujet du port obligatoire de la rouelle – morceau de tissu circulaire et d’une couleur voyante porté par les juifs sur leurs vêtements en signe distinctif –, Le Goff explique :
« C’est l’Église qui a pris cette décision au quatrième concile du Latran, en 1215. Saint Louis a longtemps refusé de l’appliquer, notamment par souci d’intégration des juifs à la communauté nationale. Mais il a cédé, à la fin de son règne, à la pression des juifs convertis de son entourage, dont le rôle fut extrêmement néfaste. »
Oubliant ces stériles et possibles querelles à faire à l’auteur, c’est un pari gagné pour Philippe de Villiers, puisque son vœu était de restituer un : « Saint Louis à l’humanité sensible, un Saint Louis de chair, à figure humaine. »
En conclusion, je laisse le mot de la fin à Henri Martin, dont la définition de Saint Louis me plaît : « Le souvenir de saint Louis a bien longtemps protégé ses descendants, et a consacré, en quelque sorte, la royauté française pendant des siècles. Et, quoique saint Louis ait participé au terrible égarement du Moyen Age sur le principe de persécution, le monde moderne a confirmé le jugement des hommes d’autrefois sur celui qui fut le meilleur des rois de France. Aucun homme n’a cherché plus sincèrement le bien, et n’a conformé avec plus de fidélité ses actions à sa croyance. » (Henri Martin, Histoire de France populaire).
Charles Demassieux
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Nouvel Arbitre : Réveil d’une conscience politique mais où se former ?
L’année dernière nous avons assisté ou participé à cette vague de contestation face au gouvernement et nombre d’entre nous ont souhaité se former en politique. Mais où ? Avec qui ? Quand ?
Nous vous proposons une série d’articles vous présentant tour à tour ces mouvements, cercles, groupes – qu’ils soient à Paris ou en Province.
Partie 1 : DEXTRA
Sur le site, il y est définit comme »une organisation politique apparue en 2009 qui s’est fixé pour objectif de reforger une droite authentique qui soit fidèle aux leçons de la philosophie classique afin de définir les principes et les axes d’une action politique au service de la France et des Français. ».
La clé de voûte de la formation à Dextra est l’enracinement – un enracinement dans et pour la France, un véritable patriotisme et nationalisme qui constitue le socle de leur réflexion et la base de leur regroupement.
Le mode de procédé est assez simple : Dextra propose des conférences d’hommes et de femmes politiques, de juristes, de philosophes pouvant nous éclairer sur certains points de lois, sur un parti, sur des questions de société …. Les conférences se déroulent tous les vendredi à Paris et une fois par mois environ à Versailles. Par ailleurs, il existe une université d’été où ils se retrouvent pour passer une semaine à se former.
L’organisation a été fondée bien avant les manifs pour tous, ils sont déjà bien ancrés dans la réalité politique et militante, la formation par conférences et échanges permet à la fois d’apprendre et à la fois d’exercer l’art de la discussion. Ces points – et il y en a d’autres – sont des avantages non négligeables pour qui voudrait commencer à s’engager en acceptant d’avoir encore beaucoup à apprendre. Le politiquement correct et la condescendance ne sont pas de mise.
Voilà un bon moyen de devenir citoyen en aimant son pays, sa patrie
Pour les personnes désireuses d’apprendre et de se former une bière à la main, dans une bonne ambiance ; pour ceux qui se cherchent encore entre les différents partis et différentes idées défendues à droite ; enfin, pour la qualité des conférences, nous vous conseillons de faire un tour sur leur site et d’aller à une ou plusieurs conférences. Nos collègues de La Table Ronde seront présents ce soir à Versailles pour la conférence de Chauprade et vous retraceront la soirée (pour ceux qui ne pourraient pas y aller) - http://latableronde.wordpress.com/
http://dextra.fr/2014/02/06/1202-conference-versailles-par-aymeric-chauprade/
Il est fortement conseillé aux Versaillais de s’y rendre autant pour découvrir que pour rencontrer Monsieur Chauprade.
Nous reviendrons sur le sujet une prochaine fois…