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culture et histoire - Page 1868

  • La femme au temps des cathédrales avec Regine Pernoud

    La femme a-t-elle toujours été cette perpétuelle mineure qu'elle fut, nous dit-on, à la fin du XIXe siècle ? En France, la Révolution française et le Code Napoléon ont bien marqué une régression juridique des femmes.

    Mais a-t-elle toujours été écartée de la vie politique comme elle le fut notamment dans la France de Louis XIV ? S'appuyant sur son expérience de médiéviste et d'archiviste, Régine Pernoud s'est attachée à l'étude de ces question. Dans La Femme au temps des cathédrales, le lecteur découvre que le plus ancien traité d'éducation a été rédigé en France par une femme, que, au XIIIe siècle, la médecine était couramment exercée par des femmes et qu'aux temps féodaux, les filles étaient majeures à douze ans, deux ans avant les garçons...

    L'historienne Régine Pernoud nous livre ici une étude systématique menée à travers une multitude d'exemples concrets, elle ne laisse échapper aucun aspect des activités féminines au cours de la période féodale et médiévale : administration des biens, métiers et commerce ; domaine de la pensée, de la littérature, de la politique même ; femmes écrivains, éducatrices, suzeraines, celles qui animèrent les cours d'amour et celles qui ont inspiré les romans de chevalerie.

    Il est davantage question dans La femme au temps des cathédrales, maître ouvrage de Régine de Pernoud, des femmes de la société de cour que de celles du peuple même si celles-ci ne sont pas passées sous silence, mais ce parti pris permet d'approcher un monde prisonnier des tapisseries et des enluminures. Belle occasion de couper court à l'image de la femme cloîtrée dans l'espace familial, dans l'ombre de son mari, et de voir au contraire une épouse, une fille, sinon affranchie, du moins évoluant à l'intérieur d'un espace public, influente, instruite et rêvant déjà d'une condition de vie plus libérée.
    Contemporaine de Charlemagne, Dhuoda écrivit, bien avant Rabelais et Montaigne, un manuel d'éducation, le premier du genre, et, au XIIe siècle, Héloïse, abbesse du Paraclet, enseignait à ses moniales le grec et l'hébreu. Si la politique est d'un accès quasi insurmontable (quoique...), la femme au Moyen Âge ne manque pas de talent pour se faire entendre. Historienne de Jeanne d'Arc, Régine Pernoud rappelle ces deux vers de Christine de Pisan saluant l'exploit de la Pucelle à Orléans : « L'an mil quatre cent vingt et neuf / Reprit à luire le soleil. » Hommage d'une femme à une autre femme.

    Comme le faisait remarquer Robert Fossier, « En ces siècles romans où manger est l'essentiel où la maison est la cellule de la survie. Là où s'apaise la faim que tous redoutent, où l'argent perd l'essentiel de son pouvoir tentateur, comment celle qui tient les réserves et prépare la nourriture ne jouerait-elle pas le rôle essentiel ?

    Régine Pernoud commence habilement son développement en plantant devant nous, comme un symbole, la magnifique cuisine de Fontevrault, merveille de technique et centre nourricier d'une immense cité monastique.

    Vient ensuite le domaine de l'amour aux multiples chemins : l'attrait de la féminité tout d'abord, renforcé par les soins de beauté où l'on trouve tant d'étranges préparations. L'auteur s'attarde ensuite sur l'amour courtois et le culte de la dame

    À propos du mariage. R. Pernoud étudie l'histoire de la législation canonique en la matière et fait apparaître ainsi combien l'Église eut de peine à triompher du modèle de mariage qui régnait dans les couches supérieures de la société. Ce n'est qu'au XIIe siècle que s'impose vraiment la théorie consensuelle qui, en faisant de l'échange des libres consentements l'essence du mariage, assurait — au moins en théorie — la promotion de la femme. On s'en donc débarrassé de l'autorisation des parents, promu le consentement et insisté sur la sacralité de l'institution matrimoniale. C'est un énorme progrès pour Mme Pernoud.

    Dans le domaine économique, nous rencontrons les femmes en tant que productrices . Si le labeur et les semailles leur échappent (pour des raisons d'ordre symbolique et physique à la fois), toutes les autres formes d'activité, tant à la ville qu’à la campagne, leur sont accessibles, et c'est ici que la moisson de renseignements et très abondante parmi les textes et la documentation iconographique. Nous arrivons ainsi au sommet de l'échelle sociale, car c'est un fait connu — mais qu'on oublie volontiers — que du XIe au XIIIe de puissantes dames (comtesses, reines, impératrices) ont souvent exercé et parfois sans partage le pouvoir suprême ...

    Le long exposé de R. Pemoud, qui prend parfois l'allure d'une description de la vie quotidienne, est sous-tendu par une thèse : c'est du XIe au XIIIe que la condition de la femme a atteint son zénith ; c'est alors qu'elles ont pu à tous les niveaux imposer leur empreinte sur la société.

    Source H. Platelle
    Régine Pernoud dans une émission d'Apostrophes avec Bernard Pivot en 1980

  • CHARLES MAURRAS ET MAURICE PUJO Une longue amitié

    De tous les fondateurs de l'Action française, Maurice Pujo est celui qui aura été le plus proche de Charles Maurras, et le plus longtemps. Leur première rencontre est de fin janvier 1899 au café Lavenue, près de la gare Montparnasse. Seule la mort de Maurras, en novembre 1952, les séparera. Quand, durant la guerre 1914-18, ou bien après la libération de Maurice Pujo en octobre 1947, ils seront éloignés l'un de l'autre, ils s'écriront de nombreuses lettres en se consultant sur tous les problèmes, grands et petits, qui touchaient à la vie de l'Action française. Durant cinquante-trois ans, ils ont vécu ensemble la création de l'Action française, son essor, ses épreuves. Ils ne cessèrent pas d'être liés par une profonde amitié qui prenait ses racines dans l'adhésion à de hautes vérités, dans une estime réciproque, et dans une même conception de l'action politique. Maurras avait une confiance totale dans le jugement de Maurice Pujo et celui-ci manifestait une admiration et un dévouement sans borne pour Charles Maurras.
    Venus de bords opposés
    Pourtant, combien ces deux hommes étaient différents ! L'un, Maurras, bouillonnant, l'esprit toujours en mouvement, ferraillant avec sa plume comme il aurait combattu avec une épée (rappelons-nous son poème Destinée : « Jamais la gloire du vrai fer n'a brillé dans ta main débile »). L'autre, Pujo, toujours calme et résolu, analysant les événements et cherchant à en prévoir les conséquences, logicien implacable. Au fond, ils se complétaient et c'est pourquoi leur collaboration a duré si longtemps. Ils venaient l'un et l'autre de milieux intellectuels très différents, Charles Maurras, le Provençal, était un disciple de Mistral. Il avait, en 1892, lancé la déclaration des Félibres fédéralistes qui déjà posait la question politique de la décentralisation. Il avait collaboré à la Cocarde de Maurice Barrès et il suivait le courant nationaliste. En 1896 il avait été envoyé par la Gazette de France aux premiers Jeux olympiques reconstitués à Athènes par le baron de Coubertin et il en était revenu royaliste. En septembre 1898, il avait pris la défense de la mémoire du colonel Henry trouvé suicidé dans sa cellule du Mont-Valérien. Il avait intitulé sa série d'articles Le premier sang.
    Maurice Pujo, lui, fréquentait des rivages très différents. Il était imprégné de philosophie allemande et admirait Novalis, champion de l'idéalisme absolu. Il avait lancé à l'âge de vingt ans, en 1892, la Revue Jeune devenue ensuite L'Art et la Vie. En 1894, il avait publié Le Règne de la grâce, un essai qui lui avait valu un éditorial sympathique de Jean Jaurès dans son journal La Petite République, mais aussi une note de lecture aimable de... Charles Maurras, qui ne le connaissait pas encore. Maurice Pujo était grand amateur de musique et admirait Wagner. En 1896, lorsque Maurras séjournait sous le ciel de l'Attique, Maurice Pujo se rendait au Festival de Bayreuth, en Bavière. Peut-on imaginer deux engagements plus opposés ? Pourtant, ils vont se rencontrer et lier une amitié indéfectible. Le déclic sera donné par l'affaire Dreyfus. En avril 1898, Henri Vaugeois et Maurice Pujo quittent l'Union pour l'Action morale qui s'est rangée dans le camp des dreyfusards insulteurs de l'Armée et fondent un premier comité d'Action française. Le 19 décembre 1898, Maurice Pujo publie dans le quotidien L'Éclair un manifeste intitulé L'Action française au nom des intellectuels patriotes. En somme, lorsque Maurras et Pujo se rencontrent, ils ont l'un et l'autre publiquement choisi leur camp dans la grande dispute nationale suscitée par l'affaire Dreyfus.
    Maurice Pujo cependant demeure républicain. Il ne se ralliera à la monarchie qu'en mai 1903 en signant une adresse envoyée au duc d'Orléans. Mais dès 1899, il est séduit par la pensée maurrassienne qui, racontera- t-il plus tard, lui apporte alors une « illumination intérieure ». Maurras, en effet, lui fait découvrir le réel, lui qui était perdu dans les nuées de l'abstraction. Maurras lui révèle l'homme concret, celui qui est inséré dans des communautés naturelles et historiques et en fonction de qui il importe de traiter des choses politiques.
    L’éloignement de la guerre
    En janvier 1915, Maurice Pujo, qui est un réserviste âgé de quarante-trois ans, est mobilisé au 30e Territorial comme simple soldat. Il restera sous les drapeaux jusqu'à l'armistice de 1918. Commence alors une correspondance très suivie entre Charles Maurras et lui. Elle montre la place qu'occupait déjà Pujo dans la vie du journal et du mouvement. Les lettres courtes et précises de Maurras (un Maurras très lisible encore !) traitent de problèmes pratiques touchant l'A.F. Elles demandent l'avis de Maurice Pujo sur des décisions à prendre. Ainsi, que faire pour le Cortège de Jeanne d'Arc de mai 1915 ? Il est décidé de le supprimer en raison du nombre important de Camelots du Roi et des cadres de l'A.F. qui sont mobilisés. De simples dépôts de gerbe aux trois statues parisiennes seront opérés, mais on veillera à ce que les couronnes déposées par les républicains ne comportent aucune insulte ni pour la monarchie ni pour les prêtres, comme ç'avait été le cas les années précédentes. Dans la correspondance Maurras-Pujo il est aussi question des amis tombés au Champ d'Honneur.
    Quelque temps après la mobilisation de Maurice Pujo, Maurras lui écrit : « Ma mère se désole de votre départ. Elle trouve cet argument supplémentaire : "Oui, vous vous entendiez très bien tous deux..." Je vais la détromper de ce pas. Mille amitiés en toute hâte. Charles Maurras ». Une indication précieuse sur la communauté de pensée qui existe déjà entre les deux hommes et qui n'a pas échappé au regard perspicace de Mme Maurras.
    Après la guerre, Maurice Pujo devient rédacteur en chef de L'Action Française. Il est en même temps le délégué des Comités directeurs auprès des Étudiants d'A.F. et des Camelots du Roi. Sa collaboration avec Maurras va se resserrer. Ils partagent le même petit bureau au premier étage de l'imprimerie de la rue du Jour où Pujo relit les épreuves tandis que Maurras écrit sa Politique. Il arrive que Maurras s'attarde, compromettant la sortie du journal à l'heure requise pour l'expédition en province. Maurice Pujo a la tâche délicate de rappeler à Maurras les exigences de l'horaire.
    Maurice Pujo pouvait surmonter la surdité de Maurras en lui parlant au milieu du front, sans élever la voix. Néanmoins les deux hommes correspondront souvent, par commodité, sous forme de notes rapides, notamment sur les enveloppes du courrier adressé par les correspondants. Maurras communique à Pujo une lettre reçue en donnant brièvement son jugement (parfois à l'emporte-pièce) sur son auteur ou son contenu et le charge éventuellement d'y répondre. Une totale confiance réciproque règne entre eux.
    En été Charles Maurras prend des vacances en août car il est amateur de bains de mer dans le golfe de Fos, non loin de sa maison familiale de Martigues. Maurice Pujo, lui, part en septembre pour se livrer à sa passion favorite, la cueillette des champignons, soit en Aveyron, soit dans le Loiret. Maurras ou Pujo : l'un d'eux doit toujours demeurer à Paris.
    Sous l’Occupation
    La Seconde Guerre mondiale va rapprocher davantage Charles Maurras et Maurice Pujo. Ils prennent ensemble la route de l'exode en juin 1940, Maurice Pujo étant accompagné de sa famille. En juillet ils font ensemble reparaître L'Action Française à Limoges puis, à partir de novembre, à Lyon où Léon Daudet, demeuré dans le Gers durant l'été, les rejoint. Les angoisses de la guerre, les menaces résultant de l'occupation allemande, enfin la disparition du bâtonnier Marie de Roux (en 1941) et de Léon Daudet (le 1er juillet 1942), qui appartenaient à la première équipe de L'A.F. quotidienne, resserrent encore la solidarité entre les deux amis.
    Le 5 novembre 1943, Charles Maurras adresse à Maurice Pujo une longue lettre testamentaire sur les dispositions à prendre pour assurer la continuité de l'Action française au cas où il viendrait à disparaître. En effet, en avril précédent, il a eu une syncope lors du congrès des étudiants d'A.F. réuni à Montpellier et il considère qu'il doit tenir compte de cet avertissement de la nature. Charles Maurras désigne Maurice Pujo pour être le chef indiscuté de l'A.F. après lui. Il définit aussi l'organisation du mouvement pour plus tard. Il estime que l'Action française doit être organisée sur le modèle de la monarchie, son président étant entouré de conseils, mais demeurant le seul maître des décisions. L'.A.F. ne saurait devenir une démocratie... Maurras termine sa lettre en demandant à Maurice Pujo : « À quand le second livre des Camelots du Roi ? » Le premier en effet s'arrête à 1909, et les Camelots ont mené bien d'autres actions par la suite. Hélas, le second livre ne sera jamais écrit...
    À plusieurs reprises, durant l'Occupation Charles Maurras vient dîner chez nous. L'occasion en est fournie par l'arrivée d'un colis envoyé par des amis de l'Ouest contenant une dinde, une oie, un chapon. Lyon est l'une des villes les plus mal ravitaillées et ces volatiles permettent à ma mère d'organiser ce qui nous apparaît alors comme un véritable festin. Outre Maurras y sont conviés les collaborateurs et collaboratrices du journal repliés sur Lyon. Le maître de l'A.F. y apparaît détendu, s'intéressant, par exemple, aux études de ma sœur (sa filleule) et aux miennes (il m'appelle Pétros depuis que j'ai commencé l’étude du grec et m'a donné un exemplaire du gros dictionnaire Bailly). Un jour il s'amuse d’un poème composé par Maurice Pujo dont tous les vers riment en inde... et destiné à remercier une bienfaitrice qui a envoyé la dinde que nous dégustons.
    Michel Déon, alors jeune secrétaire de rédaction de L'Action Française, doit se souvenir de la soirée où je recherchais tous les textes de Évangiles que nous pouvions posséder afin de les comparer, car une controverse était née au cours du repas pour savoir si le vin que le Christ a promis à ses disciples de boire avec eux au Paradis serait le fruit de la vigne ou bien un nectar tout à fait différent...
    Le 22 juin 1944, Maurice Pujo et Georges Calzant, l'un des principaux collaborateurs de l'A.F., sont emprisonnés par la Gestapo au Fort Montluc. Maurras multiplie les démarches auprès du maréchal Pétain pour qu'il obtienne leur libération. Celle-ci survient le 10 juillet sans qu’ils aient été interrogés. Maurice Pujo revient auprès de sa famille installée dans le Loiret, en dépit de mille difficultés, car, depuis le débarquement allié les trains fonctionnent de plus en plus mal. Il retourne à Lyon fin juillet car il ne veut pas laisser Maurras seul face aux troubles auxquels la libération du territoire peut donner lieu.
    En septembre 1944 ils sont arrêtés ensemble et traduits devant la Cour de justice du Rhône. Après le procès qui se déroule du 24 au 27 janvier 1945, ils sont emprisonnés à la centrale de Riom où ils sont placés à l'infirmerie en raison de leur âge. À partir de mars 1947, ils sont conduits à la prison de Clairvaux. Ils y sont installés dans un bâtiment auquel on accède après avoir franchi trois enceintes. Y sont détenus déjà les amiraux Esteva et de Laborde.
    Communion de pensée
    Durant ces années de prison, Maurice Pujo ne sera jamais séparé de Charles Maurras. En raison de la surdité de celui-ci, il était l'interprète obligé avec l'administration pénitentiaire, car lui seul pouvait se faire entendre de Charles Maurras en lui parlant.
    Lorsque Maurice Pujo, bénéficiant d'une libération conditionnelle, quitte Clairvaux en octobre 1947, il est remplacé par Xavier Vallat, vieil ami de Maurras. Mais Vallat sera à son tour libéré en 1950. La santé de Maurras, demeuré seul, commence alors à se détériorer jusqu'à sa libération en mars 1952.
    De 1947 à 1952, Charles Maurras et Maurice Pujo entretiendront une correspondance suivie. Elle traite de la ligne politique de l'A.F., de la vie du journal, de ses rédacteurs, des améliorations à lui apporter. Elle révèle une entière communion de pensée. Elle est fort instructive. Maurras s'intéresse à tout. Il va même jusqu'à complimenter mon père pour un tract que j'ai rédigé et diffusé à l'Institut d'Études politiques où je suis alors étudiant... Charles Maurras et Maurice Pujo se reverront au printemps 1952 lorsque Maurras est placé en résidence surveillée dans une clinique de Saint-Symphorien-lès-Tours. Ils passeront toute une journée ensemble au mois d'août dans la propriété de Georges Calzant, directeur d'Aspects de la France, en compagnie de Mmes Maurice Pujo et Georges Calzant et d'un fidèle Camelot du Roi André Prudhomme. Ce sera la dernière sortie de Maurras qui décède le 16 novembre suivant.
    Lors de ses obsèques sous la neige le 19 novembre à Tours, Maurice Pujo déclare : « Toute sa vie, tout son labeur considérable ont été une longue œuvre de charité à l'égard des Français. » Il ajoutera : « Si Maurras est mort, sa pensée est toujours vivante ; elle l'est plus que jamais. Il faudra bien qu'un jour justice lui soit rendue parce qu'elle est la vérité. La vérité ne meurt pas. »
    L'hommage d'un compagnon, d'un ami, à celui dont durant plus de cinquante ans il avait partagé les luttes pour la France et le Roi.
    Pierre PUJO L’Action Française 2000 du 1er au 14 septembre 2005

  • Qu’est-ce que le Chiisme ?

    Le chiisme (shi’a Ali – parti d’Ali – en français) est le résultat des événements liés à la mort et à la succession de Mahomet (632 ap. J.C ) qui ont, non seulement conditionné l’avenir politique du mouvement, mais aussi sa théologie et sa pratique, le séparant en deux branches principales, une majoritaire, le sunnisme, et une minoritaire, le chiisme, éclatée en plusieurs tendances, considéré par certaines écoles juridiques sunnites comme en dehors de l’islam ; pour certains auteurs sunnites, le chiisme serait la création d’un rabbin juif converti à l’islam, Abdullah Ibn Sab’a. Cette assertion s’est vue contestée par les auteurs chiites qui y voyaient un dénigrement de la part des sunnites1.

    « [..] comment Allah et son Envoyé auraient-ils pu laisser la cruciale question de la succession de ce dernier en suspens ? », se demande l’apologiste chiite Mohammad-Ali Amir-Moezzi2

    Avertissement

    L’histoire de l’islam racontée par les musulmans, communément appelée ‘sources et traditions islamiques’ – recueils de hadiths3 (« tradition » en français) constituant la Sunna et ayant valeur normative à l’égal du Coran plus l’historiographie – , est écrite au plus tôt cent cinquante ans après les faits (760-780 ap. J.C). Il n’existe aucun texte musulman contemporain des événements (610-632 ap. J.C ). Le premier Coran complet en notre possession date de deux cent ans après la mort de Mahomet.

     


    Ce serait le plus ancien feuillet coranique. On aperçoit bien la couche textuelle antérieure. La datation est discutée.

    A l’examen, on s’aperçoit que les divergences et contradictions entre les auteurs des ‘sources islamiques’ sont telles qu’il est très difficile de dégager le réel du probable, le faux du vrai, et les origines du mouvement. La confrontation avec les données non musulmanes, elles contemporaines (entre 610 et 750 ap. J.C) des événements, éclaire d’un jour tout différent l’émergence de ce qui ne sera appelé « islam » que beaucoup plus tard.

    Si bien que des auteurs occidentaux4 ont considéré qu’il fallait écarter la majeure partie des ‘sources islamiques’ qu’ils ont estimé être un dogme faisant partie de la religion elle-même, racontant la légende islamique (l’ange Gabriel, la Mecque, le voyage en jument ailée à Jérusalem, la « création du Coran » ou collecte, etc), i.e, ce qui doit être lu et cru par le musulman.

    C’est dans le cadre des ‘sources islamiques’ que l’histoire de la succession de Mahomet est connue.

    I. La succession de Mahomet

    ● Mahomet empoisonné

    Le fondateur, pour le chiisme et certains auteurs sunnites, serait mort empoisonné.
    Pour les sunnites56, ce sont les juifs qui seraient responsable de sa mort. Une esclave juive, voulant se venger de ce que le fondateur avait ordonné (le massacre et l’épuration ethnique des Juifs de Khaybar Yathrib/Médine) et ajoutent certains, pour tester le « prophète » es qualité : s’il est vraiment un prophète, il ne mourra pas de la viande de mouton empoisonnée qu’elle lui apporte régulièrement…

    D’autres font état de la même esclave juive apportant du mouton rôti empoisonné en cadeau à Mahomet qui a la « Révélation » après avoir avalé la première bouchée d’avoir été empoisonné ; « Révélation » qui lui ordonne d’arrêter de manger de cette viande empoisonnée, mais le mal est fait et il meurt quatre ans plus tard.

    Pour les chiites7, c’est Aïcha, sa propre femme qui l’empoisonne, à l’instigation de son père Abû Bakr et des clans mecquois convertis après leur défaite face à Mahomet. La raison de l’assassinat serait la vengeance et la prise de pouvoir des clans traditionnels mecquois sur le successeur désigné, le gendre de Mahomet, Ali, père des deux petit-fils du fondateur, Hasan et Hussein.

    ● Ali dans la tourmente

    Ali est le fils d’Abû Talib, cousin de Mahomet, qui l’a élevé. En 632 ap. J.C, il est âgé d’une trentaine d’année et d’après les auteurs chiites est le successeur désigné par le fondateur, désignation qui serait écrite dans le Coran.
    Cependant, Ali est écarté du pouvoir sans ménagement et échappe de peu à la mort.
    Si les auteurs chiites s’en donnent à cœur joie lors de cette période, les sunnites valident peu ou prou l’éviction d’Ali.

    ● Les quatre califes « bien guidés »

    Les deux derniers califes meurent assassinés accréditant les thèses chiites sur la vengeance divine. Ali accède au pouvoir en 656 ap. J.C mais les querelles intestines continues et les batailles qui s’ensuivent fragilisent son pouvoir.

    Lors de la bataille de Sifin (657 ap. J.C ), il doit affronter le gouverneur de Damas, Mu’awiya de la famille des Sûfyan, ceux-là mêmes qui, coalisés avec d’autres clans mecquois, l’avait empêché de succéder au fondateur. Alors qu’il avait l’avantage, il accepte l’idée d’un arbitrage, mais celui-ci tourne en sa défaveur. Ali conserve néanmoins un certain pouvoir et se replie dans la ville de Kûfa (Irak actuel) dont il avait fait sa capitale. Mu’awiya devient calife.

    ● L’assassinat d’Ali

    Ali est assassiné en janvier 661 ap. J.C par plus intransigeant que lui, un Kharidjite8, qui ne lui avait pas pardonné sa mollesse face à Mu’awiya, ce qu’il considérait être comme une trahison des idéaux de l’islam.

    II. La séparation théologique

    ● Le Coran ? Un livre « incompréhensible »

    « Après avoir trahi Muhammad et ses volontés quant à sa succession, il fallait falsifier son Livre surtout si celui-ci contenait les nom de ses vrais fidèles et de ses réels ennemis.9 »

    Pour les premiers commentateurs chiites du IXe siècle, si le Coran qu’ils ont entre les mains est ce qu’il est, c’est parce qu’il a été falsifié ; quid des « révélations » concernant les personnes et en particulier la plus proche du fondateur, Ali10 ? C’est sur cette question que va se bâtir le concept du Coran silencieux qui sera révélé par l’Imam et son interprétation ; seul ce dernier en connaîtra le sens authentique puisqu’il est falsifié et altéré.

    Dans un second temps, puisque le Coran chiite a disparu et que ces derniers n’ont en leur possession que le Coran « sunnite », il sera dit qu’en lui-même, le Coran est un texte a plusieurs niveaux qui nécessite une interprétation dont seul l’Imam sera capable, parce qu’initié par les lignées d’Imams précédents, de donner.

    Pour les chiites, il est impossible que le Coran ne reflète in fine, rien de ce que le hadith et la biographie de Mahomet, la Sira, racontent, par le menu, de la vie du fondateur et de ses proches.
    Pour les sunnites, le Coran actuel est Parole Incréée d’Allah, inaltérée et conforme à ce que Mahomet a reçu.

    Les accusations chiites valident certaines réflexions des auteurs occidentaux pour qui la distinction entre hadith et « coran » au début du mouvement semble peu claire ;  le cas du verset de la lapidation, absent du Coran mais présent dans le hadith, en est un bon exemple :

    « Après avoir évoqué le rôle joué par Ûmar [le second calife] dans la collecte du Coran, Ibn Ashta dit de façon laconique : ‘ Et Ûmar reçut le verset de le lapidation mais ne l’écrivit pas car il était tout seul à l’attester11.’ […]  Ûmar aurait rappelé la pratique de Muhammad sur cette question dans un discours […] : ‘L’envoyé de Dieu a lapidé, et nous avons lapidé après lui.’ Nous avons même deux libellés de ce qui aurait été un verset de la lapidation mais sur lesquels, apparemment, le consensus n’a pu s’établir pour qu’il figure dans le Coran. Ils font en tout cas partie du hadith .»12

    « Le débat qui eut lieu postérieurement à la mort de Muhammad sur le ‘verset de la lapidation’ est révélateur de l’activité scripturaire des clercs de l’islam durant le 1er siècle de l’hégire.Il y eut toute une période, dont il est difficile de déterminer la limite dans le temps, où la distinction entre hadith et Coran n’avait pas encore le caractère tranché et absolu qu’elle prit par la suite, à savoir que le Coran est Parole de Dieu, et le hadith est parole de Mûhammad. »13

    « […] Un dernier exemple de l’indécision initiale entre ‘coran’ et hadith nous est fourni par ce genre de hadith que, par la suite, l’on qualifiera de sacré ‘qudsi’. Le hadith ‘qudsi’ est un propos dont la transmission est attribuée à Muhammad comme venant de Dieu – « Dieu a dit » – sans que pour autant il ait trouvé place dans le Coran. C’est le cas du hadith suivant, lequel figure uniformément dans la plupart des grand corpus classiques de traditions islamiques :

    « … Abû Huraira a rapporté que l’envoyé de d’Allah a dit : ‘ Allah a dit : J’ai préparé pour mes saints serviteurs ce que l’œil n’a point vu, ce que l’oreille n’a point entendu, ce qui n’est pas survenu au cœur d’un homme.’ » Cette formule […] fait partie d’une longue filière antérieure, biblique, rabbinique, patristique, gnostique, manichéenne, avant de se retrouver en arabe comme hadith attribué à Dieu et transmis par Muhammad. Nous avons de nombreux exemples de ce type, dont les textes sont assez souvent tiré, comme pour le Coran, de la littérature religieuse environnante en territoire de conquête. De quelque manière que cela ce soit produit, il y a donc eu une sélection et une répartition des données provenant de sources diverses dans les deux grands groupements de textes que l’on désignera sous les noms distincts de Coran et de hadith. On conçoit aisément que ces choix ne soient pas effectués sans heurts ni contradictions. »14

    Tout ceci corrobore les soupçons des chiites dont certains ne se privent pas de citer les études occidentales comme autant d’arguments contre leurs coreligionnaires sunnites, tout en évitant de s’appesantir sur le fait que pour ces chercheurs occidentaux, c’est l’ensemble de l’élaboration du Coran selon l’histoire islamique qui pose problème.

    ● La figure de l’Imam

    Fondée sur le primat de l’Imam et de son interprétation, l’islam chiite « personnalise » fortement la religion au contraire du sunnisme ; cette personnalisation a eu pour effet la création d’un clergé dûment hiérarchisé, chaque grade correspondant à des compétences dans les « sciences » de l’islam.

    La personne d’Ali, sa quasi vénération15, ainsi que celle de ses deux fils assassinés, Hasan et Hussein, les pèlerinages sur son tombeau et sur ceux de ses descendants, des grands Imams considérés comme des saints, la croyance en sa « perfection », la lignée dynastique de ses descendants persécutés par les sunnites, « parfaits » eux aussi, auréolés de leur glorieux ancêtre légitime successeur de Mahomet et de la « science » qui leur est transmise par cet ancêtre, et qui leur permet d’être « infaillible » quant à l’interprétation du Coran et la création du clergé, éloigne les « partisans » d’Ali de la majorité des autres musulmans.

    ● L’Imam caché et son retour en tant que Mahdi

    Gardés à résidence ou persécutés, les descendants d’Ali feront la dynastie des Imams chiites jusqu’à l’avènement de Muhammad al Mahdi (869 ap. J.C) qui va « disparaître » à l’age de cinq ans et ne communiquer qu’avec quatre représentants appelés « bâb » (portes). En 939 ap. J.C, l’Imam annonce la mort du dernier représentant et ne communique plus, c’est la grande occultation ; Muhammad al Mahdi n’est pas mort, il est caché et « survit » toujours, disent les chiites duodécimains16 dans un « entre-monde » d’où il reviendra en tant que Mahdi (guidé par Allah).

    Ce Mahdi « parle » au travers de « représentants » qui sont des Imams « parlants » ayant autorité.

    III. Les chiismes au pouvoir

    Morcelé, l’empire arabo-musulman issu des conquêtes se désagrège avec le temps et des principautés émergent avec comme vecteur la foi et/ou l’appartenance ethnique.

    ● La dynastie Fatimide 909 – 1171 ap. J.C

    Abû `Abd Allâh ach-Chî’î est un missionnaire sunnite irakien converti au chiisme ismaélien17 qui s’installe en Kabylie (893 ap. J.C) et commence une activité de prédicateur. Il rallie plusieurs tribus berbères et finit par installer au pouvoir en 910 ap. J.C l’imam ismaélien `Ubayd Allâh al-Mahdî qui prend le titre de calife malgré l’existence du califat abbasside qui règne au Moyen-Orient.

    Le quatrième calife Fatimide Al-Muizz li-Dîn Allah conquiert l’Egypte en 969 ap. J.C. Défenseur de la Palestine contre les Croisés et les Turcs Seldjoukides sunnites le califat n’y survit pas et est rendu au sunnisme par Saladin en 1171.

    Califat fatimide dans sa plus grande expansion.
    Califat fatimide dans sa plus grande expansion.

    ● Les Bûyides 932/945 – 1055 ap. J.C

    Dynastie chiite duodécimaine d’ethnie indo-européenne perse est fondée par trois frères, fils d’un certain Buyeh, soldats dans l’armée. En 932 ap. J.C, ils contrôlent la Perse, en 945 Bagdad, et en 1055, le dernier souverain buyide est déposé par les Turcs Seldjoukides sunnites.

    Moyen-Orient vers l'an 1000. Le territoire bûyide apparaît en vert pâle à l'est.
    Moyen-Orient vers l’an 1000. Le territoire bûyide apparaît en vert pâle à l’est.

    ● Les Safavides 1501-1736

    Première dynastie turcophone18 iranienne indépendante depuis la conquête islamique de 637 ap. J.C, issus du monde soufi, se convertissent au chiisme duodécimain et l’impose à la totalité de la Perse, pour contrer les Turcs ottomans sunnites à l’ouest.

    Empire Savafide
    Empire Savafide.

    ● La République Islamique d’Iran 1979

    Arrivée au pouvoir de l’Ayat Al Lhah (Signe d’Allah) Khomeini en 1979.

    Suppléments

    ● La conquête islamique de la Perse, l’adoption du chiisme et son iranisation

    Certains auteurs inclinent à penser que l’adoption du chiisme par les Perses est une sorte de « revanche » à l’encontre des sunnites19 qui les avaient conquis et n’hésitent pas à évoquer une iranisation du chiisme :

    « Comme la mystique, le chiisme offre aux Iraniens un moyen d’exprimer leur dépit et leur particularisme. Bien qu’il soit encore, et pour longtemps, minoritaire en Iran, il s’iranise en quelque sorte, mais il est malaisé de définir dans quelle mesure sa théologie, qui s’élabore et amène en islam tant de nouveautés, est tributaire de la pensée iranienne. Il est clair que la croyance au mariage du martyr de Kerbela, Husain, avec la fille du dernier roi sassanide, relève de l’Iran conservateur. Il est moins certain, quoique probable, qu’en relèvent aussi les idées qui se développent surtout après 874 et la disparition tout enfant du douzième guide la communauté (imam), quand les chiites refusent le fait accompli et élaborent la théorie de son occultation, quand ils proclament qu’il est toujours présent, qu’il demeure le directeur invisible de la communauté, qu’il est le dépositaire de la foi et de la tradition, le témoin et l’interprète de la révélation, impeccable et infaillible, et que sa mort, surtout quand elle est violente, a en quelque sorte une valeur rédemptrice. L’attente de son retour comme Sauveur – le sayoshant du zoroastrisme – s’inscrit au moins dans la perspective eschatologique du mazdéisme. 20 »

    ● Les vrais faux rejetons du chiisme : Nosaïris/Alawites de Syrie et les Druzes

    Muhammad Ibn Nusayr al-Namîri al-`Abdi est un disciple d’Hassan al-Askarî, onzième Imam chiite duodécimain ; à la mort de ce dernier, en 874 ap. J.C, Muhammad Ibn Nusayr prétend qu’Hassan lui confie une révélation nouvelle, noyau de la doctrine alawite, et crée une dissidence.

    La doctrine est un syncrétisme de différentes origines ; respect de certaines pratiques formelles de l’islam chiite (Ramadan, Achûra – martyr de Hussein – Aïd el-Fitr, culte des saints), ajout de la métempsycose (doctrine de la réincarnation) :

    «  Celui qui reconnaît le mâ’na est sauvé, libérée du cycle, son âme redevient étoile, et retourne à travers les sept cieux vers le ġâya, le « but ultime », c’est-à-dire la contemplation (mu’âyana) de la lumière divine. Mais la réincarnation peut être une punition. Car l’âme qui a transgressé les commandements de Ali doit être réincarnée jusqu’à sa purification chez un juif, un chrétien, ou encore pire, un animal.21

    La religion Druze est née de l’incitation du calife Fatimide (chiite ismaélien) Al-Hakim bi-Amr Allah (985-1021 ap. J.C.) à sa divinisation ; et à sa mort, il fit l’objet d’une adoration menée par son vizir Turc Muhammad al-Darazi qui le proclama « occulté » et rallia à lui des partisans. Les Druzes trouvèrent refuge dans le Djebel Libanais qui portent aujourd’hui leur nom.

    La doctrine druze est un syncrétisme de différentes pratiques et concepts empruntés à des religions très différentes ; des éléments issus de religions perses et indiennes (réincarnation), du néoplatonisme, du gnosticisme et du messianisme ; ils rejettent la charia islamique, n’ont ni lieu de culte ni liturgie et la doctrine est donnée au seuls initiés qui doivent en garder le secret22. A noter que les Druzes font partie de l’armée régulière d’Israël.

    Notes :

    1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdullah_ibn_Saba. A lire, ça vaut le détour. NDA.

    2. Mohammad-Ali Amir-Moezzi, Le Coran silencieux et le Coran parlant : Sources scripturaires de l’islam entre histoire et ferveur, p.19, CNRS, 2012

    3. Un hadith désigne une communication orale du fondateur et par extension un recueil qui comprend l’ensemble des traditions relatives aux actes et aux paroles de Mahomet et de ses compagnons, considérés comme des principes de gouvernance personnelle et collective pour les musulmans, que l’on désigne généralement sous le nom de « tradition du Prophète ». L’ensemble des recueils de hadith constitue la Sunna – qui a valeur normative comme le Coran – et une partie des ‘sources islamiques’ sous le nom de « traditions islamiques ou prophétiques ».

    4. John Wansbrough, Patricia Crone, Robert G. Hoyland, A.-L. de Prémare, Henri Lammens, E.-M. Gallez, etc.

    5. Sahih Bûkhari, recueil de hadith, vol III, livre 47, n°786, vol V, livre 59, n° 713.

    6. En anglais https://www.youtube.com/watch?v=ANrR8xfCcEI

    7. En anglais http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=_HiMgW9yd7w

    8. http://fr.wikipedia.org/wiki/Kharidjisme

    9. Mohammad-Ali Amir-Moezzi, Le Coran silencieux …, p.101

    10. Sayyari, Kitab al Qiraat : « Si on avait laissé le Coran comme il fut révélé, nous y aurions trouvé nos noms comme y sont nommés ceux qui sont venus avant nous [les prophètes antérieurs] .» in Mohammad-Ali Amir-Moezzi, Le Coran silencieux… p.103

    11. Ûmar, le second calife, serait donc lui aussi un « prophète » NDA.

    12. A.-L. de Prémare, Les fondations de l’islam, entre écriture et histoire, le Seuil, 2002 p.317

    13. A.-L. de Prémare, Les fondations de l’islam… p.318

    14. A.-L. de Prémare, Les fondations de l’islam… p.320

    15. Les sunnites n’ont rien à envier aux chiites, Mahomet est vénéré de la même manière. NDA.

    16. 80% des chiites sont « duodécimains », qui se rapporte au douzième Imam, de Ali jusqu’à Muhammad al Mahdi qui doit revenir pour instaurer la justice et la paix sur Terre. Le « Mahdi » sunnite est interprété différemment.

    17. L’origine de l’ismaélisme remonte à la mort du sixième imam Ja`far as-Sâdiq en 765 ap. J.C et au conflit de succession qui s’ensuivit entre l’aîné Ismâ`il ben Ja`far et ses partisans, les futurs « ismaéliens » et la majorité qui a suivit son autre fils le cadet Mûsâ al-Kâzim, les duodécimains.

    18. « Bien que turcophones, les Safavides étaient très probablement d’origine kurde ; les informations fiables manquent dans ce domaine car, une fois leur pouvoir consolidé en Perse, les Safavides ont délibérément falsifié les témoignages ayant trait à leurs origines ». C. E. Bosworth, Les dynasties musulmanes, Paris : Actes Sud, 1996, p. 228.

    19. « Après une conquête éclair par les Arabes, l’adaptation de la Perse à l’islam se fit rapidement mais l’esprit national persan affirma son individualité en se ralliant à la doctrine dissidente des chiites,. » J.P. Roux http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/l_iran_sous_la_domination_arabe_637-874.asp

    20. Ibidem.

    21. http://fr.wikipedia.org/wiki/Alaouites

    22. Comme pour l’Alawisme, nous sommes ici très loin de l’islam. NDA.

    http://histoire.fdesouche.com

  • Les révisionnistes du mariage sont des réactionnaires

    1 Michel Janva   http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • « La Chronique d’Eric Zemmour » : l’anglicisation dans l’enseignement populaire


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : l'anglicisation... par rtl-fr

  • L’agression de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie de 1999

    La Serbie a t-elle été attaquée, en 1999 ? Pour répondre à la question, Milica Radojkovic-Hänsel convoque les documents d’époque (incluant la lettre de Willy Wimmer au chancelier Gerhard Shröder). Il met en évidence le caractère inadmissible des demandes de Rambouillet pour justifier une guerre déjà lancée.

    Il y a 14 ans – après les négociations de Rambouillet et Paris entre le 6 et le 23 février 1999 – les médias globaux avaient informé au public que « la délégation serbe n’a pas accepté l’accord offert et qu’elle l’a qualifié de ‘nul et non avenu’ ».

    Les médias insinuaient, que le soi-disant Groupe de contact pour la Yougoslavie soutenait prétendument cet accord. Cette commission était composée de 4 pays membres de l’OTAN plus la Russie. Mais la Russie refusait d’approuver la partie militaire (annexe B) de cet accord – un fait qui à été caché par les informations des médias.

    Qu’est-ce qui c’est réellement passé à Rambouillet et Paris et quels étaient les termes exacts de l’« annexe B » ?

    Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat états-unienne de l’époque, a prétendu que « la partie militaire de l’accord était pratiquement le noyau de l’accord offert à Rambouillet », lequel était inacceptable pour la délégation de la République fédérale de Yougoslavie.

    Živadin Jovanovic, le ministre des Affaires étrangères yougoslave d’alors, a déclaré dans son interview avec le quotidien de Belgrade Politika, le 6 février 2013, qu’« à Rambouillet, il n’y a eu ni tentative d’atteindre un accord, ni de négociation, ni un accord ». La délégation yougoslave avait été invitée à Rambouillet afin de participer aux négociations avec la délégation albanaise du Kosovo.

    Il semble exact qu’il n’y a effectivement pas eu de négociation. Cette conclusion peut être tirée des diverses prises de position de quelques représentants occidentaux, entre autres celles du président d’alors de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du ministre des Affaires étrangères norvégien.

    L’information partisane de la presse occidentale et les affirmations partiales des politiciens occidentaux concernant « l’échec des négociations suite au refus du document politique demandant une large autonomie du Kosovo » par les représentants yougoslaves, visaient à préparer l’opinion publique à une agression militaire l’OTAN, agression qui était déjà planifiée pour octobre 1998 mais qui fut, pour des raisons évidentes, reportée au 24 mars 1999.

    La seule chose vraie est que la délégation yougoslave avait prié à plusieurs fois de pouvoir négocier – ce qui ressort des messages écrits transmis aux négociateurs lors des pourparlers – des négociations directes entre les délégations yougoslave et kosovare.

    Les documents officiels prouvent ce fait. Christopher Hill, le représentant des Etats-Unis à ces négociations, a prétendu dans sa réponse à de telles demandes que la délégation du Kosovo « ne voulait pas de négociations directes ». « Ainsi, il était clair pour nous tous que le dialogue directe ne convenait pas aux Américains et que c’était la véritable raison pour laquelle le contact direct n’a pas eu lieu », a déclaré Jovanovic. Et d’ajouter : « Il n’est point croyable que dans une situation, dans laquelle les Américains auraient vraiment voulu des négociations directes, la délégation du Kosovo n’aurait pas accepté cette demande. »

    Les médias du monde et les représentant occidentaux ont sciemment mal interprété le refus prétendu de la Yougoslavie, de « l’établissement de troupes pour le maintien de la paix au Kosovo (et Métochie) ». La vérité par contre est que la délégation yougoslave avait accepté les parties politiques du projet d’accord de Rambouillet, mais pas son « annexe B » avec les points 2, 5 et 7, qui proposaient et demandaient l’occupation militaire de tout le territoire de la République fédérale de Yougoslavie d’antan (c’est-à-dire la Serbie avec deux provinces autonomes et le Monténégro). C’est pour cela que l’opinion publique du monde entier a été objet d’une manipulation médiatique, disant que les Serbes « refusaient des troupes de maintien de la paix au Kosovo (et Métochie) ».

    Mais que sont les « forces de maintien de la paix » dans la pratique internationale et dans le droit international ? Dans la pratique internationale ce sont des troupes administrées par les Nations Unies (les Casques bleus) ; se sont des troupes, que les pays membres de l’ONU mettent à disposition. Ce ne sont pas des troupes de l’OTAN.

    Afin de comprendre, ce qui a poussé la République fédérale de Yougoslavie à refuser la partie militaire du document présenté à Rambouillet, il est nécessaire de lire ses dispositions :

    « (I) Les personnels de l’OTAN bénéficieront, tout comme leurs véhicules, navires, avions et équipement, d’un passage libre et sans restriction et d’un accès sans ambages dans toute la RFY, y compris l’espace aérien, les eaux territoriales associées et toutes les installations ;

    (II) Les personnels de l’OTAN, en toutes circonstances et à tout moment, seront dispensés des juridictions des Parties, concernant toute agression civile, administrative, criminelle ou disciplinaire qu’ils sont susceptibles de commettre en RFY ;

    (III) Les personnels militaires de l’OTAN devront normalement porter un uniforme, ils pourront posséder et porter une arme ;

    (IV) Les Parties pourront, sur simple demande, accorder tous les services de télécommunication, y compris les services de diffusion, nécessaires à l’Opération, tels que définis par l’OTAN. Ceci comprendra le droit d’utiliser les moyens et services nécessaires pour assurer une capacité totale de communiquer et le droit d’utiliser tout le spectre électromagnétique à cette fin, gratuitement ;

    (V) l’OTAN est autorisée à détenir des individus et, aussi vite que possible, à les remettre aux autorités concernées. »

    Les médias du monde, surtout ceux des Etats membres de l’OTAN et les représentants d’alors des Etats-Unis et d’Europe, ont caché le contenu du document militaire, en reprochant aux dirigeants serbes et au président yougoslave « un manque de coopération dans les efforts, de trouver une solution pacifique ». Tout comme Rambouillet, « la Conférence de Paris n’était pas une réunion, dans laquelle on aurait pu voir un ‘effort’ sérieux pour arriver à une entente, des négociations ou un accord ». L’envoyé des Etats-Unis, Christopher Hill, exigea de la délégation yougoslave uniquement de signer le texte qu’il avait élaboré et mis sur table – selon le principe Take it or leave it, à expliqué l’ancien ministre Živadin Jovanovic.

    Outre les nombreuses condamnations du projet d’accord exprimées par des experts en droit international, l’appréciation du document par l’ex secrétaire d’Etat US Henry Kissinger a fait l’objet d’une attention spéciale dans une interview accordée le 27 juin 1999 au Daily Telegraph de Londres. Il y avait alors déclaré :

    « Le texte du projet de l’accord de Rambouillet, qui exigeait le stationnement de troupes de l’OTAN dans toute la Yougoslavie, était une provocation. Il a servi de prétexte pour commencer les bombardements. Le document de Rambouillet était formulé de telle manière qu’aucun Serbe ne pouvait l’accepter. »

    Ces mots indiquent, entre autres, que l’agression de 1999 contre la République fédérale de Yougoslavie était présentée dans les médias occidentaux comme un épilogue, qui se retrouvait dans le lancement de la nouvelle stratégie interventionniste de l’OTAN sous la conduite des Etats-Unis. Cette stratégie a été officiellement introduite lors de la rencontre de l’OTAN qui s’est tenue le 25 avril 1999 à Washington, c’est-à-dire au moment même où l’agression contre la République fédérale de Yougoslavie avait lieu.

    Avec l’agression contre la République fédérale de Yougoslavie, l’OTAN a muté d’une alliance défensive en une alliance agressive, qui s’arroge le droit d’intervenir partout dans le monde en tant que puissance militaire.

    En outre, l’estimation des dirigeants yougoslaves en ce qui concerne la politique officielle du pays était juste, quand ils disaient qu’un des buts de cette agression était de créer un préjudice pour des actions militaires sans mandat de l’ONU et en violation de la charte de l’ONU dans le monde entier.

    Cet avis a été confirmé lors de la conférence de pays membres de l’OTAN et des candidats à l’adhésion, qui a eu lieu en avril 2000 à Bratislava. La conférence avait été organisée par le Département d’Etat US et l’American Enterprise Institute du Parti républicain, seulement quelques mois après l’agression contre la République fédérale de Yougoslavie. Parmi les participants il y avait de très hauts fonctionnaires (des représentants gouvernementaux ainsi que des ministres des Affaires étrangères et de la Défense) des pays membres de l’OTAN et des candidats à l’adhésion.

    Les sujets principaux à cette conférence étaient les Balkans et l’élargissement de l’OTAN. Dans son résumé écrit de la conférence du 2 mai 2000, résumé qu’il avait fait parvenir au chancelier allemand Gerhard Schröder, Willy Wimmer, alors membre du Bundestag et vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE déclarait que, selon les Etats-Unis, l’attaque de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie constituait un précédent qui pourra être utilisé, à chaque fois qu’on en aura besoin. C’est qu’il signale dans la phrase : « bien sûr tel un précédent auquel chacun pourra se référer et le fera ».

    Wimmer y expliquait une des conclusions décisives. Il s’agit d’une confirmation, rétroactive, que le véritable but des négociations de Rambouillet n’était pas de rendre possible de quelconques négociations directes entre les parties concernées (Serbes et Albanais) ou de trouver une quelconque solution politique, mais plutôt de créer un prétexte pour une agression, ce que Henry Kissinger avait déjà clairement signalé en 1999 (« Il a servi de prétexte pour le début des bombardements. »).

    Dans son message écrit, Willy Wimmer fait remarquer ensuite que [selon l’organisateur lui-même] « la guerre contre la République fédérale de Yougoslavie a été menée pour corriger une décision erronée du général Eisenhower datant de la Seconde Guerre mondiale ». En conséquence, il fallait que des troupes US y soient stationnées, pour des raisons stratégiques, ce qui n’a pas été fait en 1945. Avec la construction de la base militaire Camp Bondsteel au Kosovo – la plus grande d’Europe – les Etats-Unis ont mis en pratique leur position exprimée lors de la Conférence de Bratislava, en prétendant que « pour des raisons stratégiques, il fallait stationner des soldats américains dans cette région ».

    Dans sa lettre, Wimmer affirme aussi (point 1) : « Les organisateurs demandèrent de procéder aussi rapidement que possible au sein des alliés à la reconnaissance d’un Kosovo indépendant au niveau du droit international », pendant que « la Serbie (en tant qu’Etat successeur de la Yougoslavie) doit durablement rester en marge du développement européen », (selon Wimmer afin d’assurer la présence militaire US dans les Balkans).

    En outre, Willy Wimmer revendique :

    « La constatation du fait que l’OTAN avait agi contre toutes les règles internationales et avant tout contre les clauses impératives du droit international en attaquant la République fédérale de Yougoslavie, ne rencontra aucune opposition ». (Point 11)

    Dans son texte, il est également écrit :

    « La partie américaine semble vouloir, dans le contexte global et afin d’imposer ses buts, consciemment et volontairement faire sauter l’ordre juridique international résultant de deux guerres au dernier siècle »

    Ce qui veut dire que le droit international est considéré comme un obstacle à l’élargissement prévu de l’OTAN.

    Et Wimmer de terminer : « La puissance doit primer sur le droit. »

    Texte intégral de la lettre adressée, le 2 mai 2000, au Chancelier de la République fédérale d’Allemagne, Gerhard Schöder, par Willy Wimmer, alors vice-président de l’Assemblée parlementaire de la OSCE

    Lettre à Monsieur Gerhard Schröder, député au Bundestag
    Chancelier de la République fédérale allemande
    Chancellerie fédérale
    Schlossplatz 1, 1017 Berlin

    Berlin, le 2 mai 2000

    Monsieur le Chancelier,

    A la fin de la semaine passée, j’ai eu l’occasion de participer à Bratislava, la capitale de la Slovaquie, à une conférence organisée conjointement par le Département d’Etat des Etats-Unis et l’American Enterprise Institute (l’Institut des Affaires étrangères du Parti républicain) ayant pour thèmes principaux les Balkans et l’extension de l’OTAN.

    Des auditeurs de haut rang assistaient à la manifestation, ce dont témoignait la présence de nombreux Premiers ministres ainsi que de ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la région. Parmi les nombreux points importants qui ont pu être traités dans le cadre du thème susmentionné, quelques-uns méritent particulièrement d’être cités :

    1. Les organisateurs demandèrent la reconnaissance par les alliés, aussi rapidement que possible, en droit international public, de l’Etat indépendant du Kosovo. [1]
    2. Les organisateurs déclarèrent que la République fédérale de Yougoslavie se situe en dehors de tout ordre juridique, avant tout de l’Acte final d’Helsinki. [2]
    3. L’ordre juridique européen s’oppose à la réalisation des idées de l’OTAN. L’ordre juridique américain peut plus facilement être appliqué en Europe.
    4. La guerre contre la République fédérale de Yougoslavie a été menée pour corriger une décision erronée du général Eisenhower durant la Seconde Guerre mondiale. Pour des raisons stratégiques, il fallait stationner des soldats américains dans cette région. [3]
    5. Les alliés européens ont participé à la guerre contre la Yougoslavie pour vaincre de facto le dilemme résultant du « nouveau concept stratégique » de l’Alliance, adopté en avril 1999, et du penchant des Européens en faveur d’un mandat préalable des Nations Unies ou de l’OSCE.
    6. En dépit de l’interprétation légaliste subséquente des Européens, selon laquelle il s’est agi, dans cette guerre contre la Yougoslavie, d’une tâche dépassant le champ d’action conventionnel de l’OTAN, nous sommes en présence d’un cas d’exception. C’est évidemment un précédent qui peut être invoqué en tout temps et par tout un chacun, et cela se produira aussi dans le futur. [4]
    7. Dans le cadre de l’élargissement de l’OTAN prévu à brève échéance, il s’agit de rétablir, entre la mer Baltique et l’Anatolie, la situation géopolitique telle qu’elle était à l’apogée de l’expansion romaine. [5]
    8. Pour réaliser cela, la Pologne doit être entourée au nord et au sud par des Etats voisins démocratiques, la Roumanie et la Bulgarie doivent être reliées à la Turquie par une liaison routière sûre et la Serbie (probablement pour assurer la présence militaire américaine) doit durablement rester en marge du développement européen.
    9. Au nord de la Pologne, il s’agit de maintenir un contrôle total de l’accès de Saint-Pétersbourg à la mer Baltique. [6]
    10. Dans chaque processus, la priorité doit revenir au droit à l’autodétermination, avant toutes autres dispositions et règles du droit international public. [7]
    11. La constatation que l’OTAN avait agi contre toutes les règles internationales et avant tout contre les clauses impératives du droit international en attaquant la République fédérale de Yougoslavie, ne rencontra aucune opposition. [8]

    Vu les participants et les organisateurs, on ne peut s’empêcher, à l’issue de cette manifestation qui s’est déroulée en toute franchise, de procéder à une évaluation des déclarations faites à cette conférence.

    La partie américaine semble vouloir, dans le contexte global et afin d’imposer ses buts, consciemment et volontairement faire sauter l’ordre juridique international résultant de deux guerres au dernier siècle. La puissance doit primer sur le droit. Là où le droit international fait obstacle, on l’élimine.

    Lorsqu’un développement semblable frappa la Société des Nations, la Seconde Guerre mondiale pointait à l’horizon. On ne peut qu’appeler totalitaire une réflexion qui considère ses propres intérêts de façon aussi absolue.

    Veuillez agréer, Monsieur le Chancelier, l’expression de mes sentiments distingués.

    Willy Wimmer
    Membre du Bundestag
    Président du groupement régional de la CDU du Bas-Rhin,
    Vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE

     

    Milica Radojkovic-Hänsel

    Le présent article a été rédigé sur la base de l’article d’Andreas Bracher « Was will die westliche Balkanpolitik ? » et des remarques d’Andreas Bracher, parus in Der Europäer Jg. 6, Nr. 1, Nov. 2001.

    Les notes de bas de page sont d’Andreas Bracher.

    Traduction : Horizons et débats
    [1] Jusqu’à présent, le Kosovo teste formellement une province de la Serbie, qui est elle-même une République faisant partie de la Yougoslavie. Le maintien de ce statut avait été une condition préalable à la fin de la guerre dite du Kosovo de juin 1999. Officiellement, le maintien de ce statut fait jusqu’à aujourd’hui partie du programme de l’Occident.

    [2] L’Acte final d’Helsinki : l’ordre dit de la CSCE, qui en avait établi en 1975 les bases pour une vie communautaire des Etats en Europe. Parmi ces bases figurait, entre autres, l’inviolabilité des frontières.

    [3] Cela semble se rapporter à l’invasion des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Churchill avait demandé entre autres une invasion alliée dans les Balkans. Au lieu de cela, Eisenhower ordonna, en tant que Chef suprême des forces alliées, un débarquement en Sicile (1943) et en France (1944). Par conséquent, il n’y a pas eu de forces d’occupation occidentales dans les Balkans.

    [4] L’OTAN a mené la guerre du Kosovo de 1999 sans mandat de l’ONU. Un pareil mandat aurait correspondu aux desiderata des gouvernements européens, mais pas à ceux du gouvernement des Etats-Unis. Celui-ci aimerait agir de façon aussi autoritaire que possible et sans restrictions internationales. Ce qu’on entend manifestement sous points 5 et 6, c’est que dans cette guerre,
    a) les Etats européens ont surmonté leurs engagements envers leurs opinions publiques par rapport au mandat de l’ONU et
    b) que cela a créé un précédent pour des engagements futurs sans mandat de l’ONU.

    [5] L’Empire romain n’a jamais atteint la mer Baltique. Pour autant que Wimmer ait rendu correctement les déclarations, on entend apparemment d’une part l’empire romain, d’autre part l’Eglise de Rome.

    [6] Cela signifie donc qu’il faut couper la Russie de son accès à la mer Baltique et l’écarter ainsi de l’Europe.

    [7] L’accent mis sur le droit à l’autodétermination montre à nouveau le wilsonianisme des Etats-Unis – d’après l’ancien président US Woodrow Wilson – qui était, selon Rudolf Steiner, un adversaire essentiel lors de la fondation de la triarticulation sociale. Steiner considérait que c’était un programme de « la destruction de la vie communautaire des peuples européens ». Celle-ci permet le démantèlement de presque tous les Etats européens par la mise en exergue des « problèmes de minorités ».

    [8] Il semble que ce sont là des réactions à des remarques de Wimmer. Les participants à la conférence étaient parfaitement conscients de ces atteintes aux clauses du droit international public, mais elles leur étaient indifférentes.