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culture et histoire - Page 319

  • Gustave Thibon arraché à la pesanteur

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    [Ci-dessus : Gustave Thibon vers la fin de sa vie. Ses entretiens avec Philippe Barthelet révèlent la finesse d'une pensée souvent mal comprise, et parfois détournée, ainsi qu'une âme éprise de poésie. Le philosophe cite avec une intense jubilation les vers des poètes qui, depuis sa jeunesse, n'ont cessé de le hanter]

    Recension : Philippe Barthelet, Entretiens avec Gustave Thibon, Rocher, 240 p.

    Décédé au début de l'année 2001 à un âge “jüngerien” (il était né en 1903), Gustave Thibon reste, en dépit d'une œuvre étalée sur six décennies et de plusieurs émissions de télévision qui lui ont été consacrées, un auteur mal connu. Non au sens où son œuvre n'aurait touché qu'un public confidentiel, mais parce qu'elle a été reçue et commentée surtout dans des milieux assurément incapables d'en faire ressortir la richesse et la subtilité. Je veux évidemment parler de certaines franges assez rances du “national-catholicisme à la française”, qui eussent bien volontiers limité le “métaphysicien poète” au paysan ardéchois chantre de la fameuse “terre qui ne ment pas”.

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  • Jack London, une éthique du sauvage

    Jack London, une éthique du sauvage

    Trois questions à Benjamin Demeslay sur l’écrivain américain Jack London.

    Jack London est un écrivain mais c’est aussi un homme à la vie tumultueuse, qui a multiplié les voyages et les aventures, vivant comme une « comète » de passage sur Terre. N’est-il finalement pas l’anti-modèle de l’homme capitaliste sous toutes ses formes ?

    Jack London (1876-1916) est, bien sûr, l’auteur de L’Appel de la Forêt (1903) et de Croc blanc (1906) : des romans politiques exposant une radicale et profonde compréhension de la société, que l’on résume trop souvent à leur seul statut de roman de jeunesse. Il est aussi – d’abord sans doute – un auteur à succès qui dût vivre de sa plume pour quitter sa condition sociale ; pour s’accomplir. Ne comptant sur aucun héritage, aucune rente, London capitalisa l’expérience américaine, quêtant le succès comme sa propre mesure au cours d’expériences nombreuses, intenses, souvent brèves. La jeunesse de London se confond avec celle de son continent alors que les États-Unis se couvrent de voies de communication, développent leur industrie, attirent une immigration pléthorique.

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  • Entretien avec Gustave Thibon

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    Gustave Thibon a accordé à notre collaborateur occasionnel Xavier Cheneseau, sans nul doute l'un de ses tous derniers entretiens. Son décès le rend d'autant plus émouvant.

    • Vous avez écrit un jour : “Le vrai traditionaliste n'est pas conservateur”. Pouvez-vous expliquer ces propos. Est-ce à dire qu'un traditionaliste est révolutionnaire ?

    Le vrai traditionaliste n'est pas conservateur dans ce sens qu'il sait dans la tradition distinguer les éléments caducs des éléments essentiels, qu'il veille sans cesse à ne pas sacrifier l'esprit à la lettre et qu'il s'adapte à son époque, non pour s'y soumettre servilement mais pour en adopter les bienfaits en luttant contre ses déviations et ses abus. Telle fut l'œuvre de la monarchie française au long des siècles. Tout tient dans cette formule de Simone Weil : “La vraie révolution consiste dans le retour à un ordre éternel momentanément perturbé”.

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  • L’Histoire politisée ? Réformes et conséquences (Vincent Badré)

    Vincent Badré est professeur d’histoire-géographie à Paris. Il est aussi l’auteur du livre L’Histoire fabriquée: ce qu’on ne vous dit pas à l’école.

    Au commencement était la volonté de Najat Vallaud-Belkacem. Quand on veut parler de réformes scolaires, on commence par les intentions et les décisions du pouvoir politique.

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  • Qu'est-ce que l’identité ? Pour en finir avec les sophismes 2/2

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    Disant cela, Descombes n'écarte pas objection héraclitéenne à l’intangibilité de P'identité. Rien n'est fixe, rien n'est immuable, tout est flux. C'est ce que proclament les philosophies de la différence. Ainsi il ne pourrait y avoir de l’identité que dans le monde idéal et idéaliste des Idées platoniciennes, pas dans le monde réel. Voila I'argument physique contre l’identité. Mais il y a aussi un argument logique, formulé par Wittgenstein (quand bien même, on le verra, les choses sont chez lui aussi complexes ironiques que chez Epicharme) : « Identité : soit dit en passant, dire de deux choses qu'elles sont identiques est un non-sens, et dire d'une chose qu'elle est identique à elle-même, c'est ne rien dire du tout. »

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  • Qu'est-ce que l’identité ? Pour en finir avec les sophismes 1/2

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    La plupart des philosophes et historiens se font une conception molle de l'identité, la seule légitime : elle serait plurielle, fluctuante, liquide, négociée. Raisonner ainsi, c’est s'interdire de poser la question du « Qui sommes-nous ? » - la seule qui se pose dramatiquement à nous en cet âge qui se voudrait post-identitaire. Alors, qu'est-ce qu'une identité collective ?

    L’identité, c'est comme le temps selon saint Augustin. Rien de plus difficile à saisir. « Quand on ne me demande pas de définir ce qu'est le temps, disait l’évêque d'Hippone, je sais parfaitement ce que c'est. Mais si l’on me demande de le définir, je ne le sais plus. » Ainsi de l’identité. Elle fait partie de ce que Pascal appelait les mots primitifs « qu'il est impossible et inutile de définir ».

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  • Nouvelle histoire de la Légion étrangère (Patrick de Gmeline)

    Patrick de Gmeline, auteur d’une quarantaine de livres couronnés par une dizaine de prix littéraires, est considéré comme l’un des meilleurs historiens militaires français.

    Encore un livre sur la Légion ! La Légion est un thème d’intérêt, d’admiration et d’attraction pour beaucoup d’entre nous. Si bon nombre d’ouvrages sont l’œuvre d’acteurs ou de témoins parlant d’un combat, d’une bataille, d’une époque de la Légion, d’une unité, de son histoire, de son action, il existe peu de livres retraçant l’histoire globale de la Légion étrangère, de sa création à aujourd’hui. Ce livre est le seul qui couvre l’entièreté de cette histoire, y compris les vingt dernières années.

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  • Gustave Thibon entre christianisme et paganisme

    Décédé le 19 janvier dernier dans son village natal de Saint-Marcel-d'Ar­dèche, à l'âge de 97 ans, Gustave Thi­bon, sage-paysan, poète et philosophe, ne se laissait pourtant pas facilement étiqueter. Parlant par citations et écrivant par apho­rismes, il ne se voulait pas un penseur à sys­tème, mais un homme libre toujours à la quête de l'inaccessible pureté : « Je n'aime pas l'esprit de système. Je me sens très “anarchiste-conservateur”, mot que j'ai emprunté à Gobineau : anarchiste par rapport aux modes, conservateur par rapport à la tradition éternelle ». Sa quête l'a conduit à trouver la présence de Dieu à travers son absence. La nuit obscure, celle de saint Jean de la Croix — « le plus extrémiste de tous les saints » —, exemplifie à merveille ce moment anticipa­teur du petit matin lumineux. Dans L'igno­rance étoilée (1974), Gustave Thibon écrit à propos de « la présence absente » : « La meilleure preuve de l'existence de Dieu, ce n'est pas l'ordre du monde […] c'est le senti­ment de notre exil dans ce monde — c'est même la tentation que nous avons de nier Dieu car, pour le nier, il faut le concevoir revêtu d'une perfection que tout contredit ici-bas, et cette conception ne peut venir que de lui ».

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