[Ci-dessus : Gustave Thibon vers la fin de sa vie. Ses entretiens avec Philippe Barthelet révèlent la finesse d'une pensée souvent mal comprise, et parfois détournée, ainsi qu'une âme éprise de poésie. Le philosophe cite avec une intense jubilation les vers des poètes qui, depuis sa jeunesse, n'ont cessé de le hanter]
Recension : Philippe Barthelet, Entretiens avec Gustave Thibon, Rocher, 240 p.
Décédé au début de l'année 2001 à un âge “jüngerien” (il était né en 1903), Gustave Thibon reste, en dépit d'une œuvre étalée sur six décennies et de plusieurs émissions de télévision qui lui ont été consacrées, un auteur mal connu. Non au sens où son œuvre n'aurait touché qu'un public confidentiel, mais parce qu'elle a été reçue et commentée surtout dans des milieux assurément incapables d'en faire ressortir la richesse et la subtilité. Je veux évidemment parler de certaines franges assez rances du “national-catholicisme à la française”, qui eussent bien volontiers limité le “métaphysicien poète” au paysan ardéchois chantre de la fameuse “terre qui ne ment pas”.