Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 695

  • HISTOIRE DE FRANCE : ARRÊTONS LES MENSONGES

    Faut-il débaptiser les lycées Colbert ou réhabiliter les « fusillés pour l’exemple » de 14-18 ? Il n’est pas de mois où l’actualité ne ramène une controverse suscitée par la volonté de certains de réécrire l’histoire de France selon leurs critères politiques et idéologiques. Face à la manipulation du passé par le politiquement correct, défendre l’histoire véridique est un impératif vital.

    Par Jean Sévillia

    Que s’est-il passé, et quand ? Tous ceux qui connaissent l’histoire de l’histoire, ce qu’en langage savant on nomme l’historiographie, savent qu’il a toujours existé des courants différents chez les historiens, déterminant des interprétations divergentes du passé, spécialement du passé de la France. Histoire laïque contre histoire chrétienne, histoire républicaine contre histoire royaliste, histoire marxiste contre histoire nationale, ce sont des débats qui agitaient déjà la Sorbonne dans les années 1900. Ou ne l’agitaient pas quand certaines pages noires étaient ignorées de l’université, comme les tragiques guerres de Vendée de 1793-1794, longtemps occultées parce que cette révolte populaire contredit la légende dorée de la Révolution française. Cependant le phénomène s’est amplifié et même durci, au cours des récentes décennies, sous l’influence de plusieurs facteurs.

    En premier lieu, toute une évolution politique et culturelle, observée à gauche comme à droite, a conduit, sous l’effet de la construction européenne comme du mécanisme de la mondialisation, à considérer le cadre national comme obsolète, voire dangereux, et en conséquence à délégitimer l’histoire de France en tant que telle, à caricaturer en « roman national » le récit de la naissance de la France et de sa destinée millénaire, comme si l’existence d’une communauté nationale française relevait de la fiction, d’une opinion subjective.

    Corrélativement, même si la recherche historique a fait progresser les connaissances dans maints domaines, si bien qu’il n’est plus possible, par exemple, d’évoquer les Gaulois comme le faisaient les manuels de la IIIe République, cette dévalorisation du cadre national a modifié la manière de raconter l’histoire, notamment en milieu scolaire, puisque là où l’école d’autrefois parlait patriotisme et assimilation, celle d’aujourd’hui parle multiculturalisme, ouverture, droit à la différence. Contester cette pédagogie manifesterait, accusent d’aucuns, une coupable « passion identitaire » attentatoire au « vivre ensemble ». Parue en janvier de cette année, l’Histoire mondiale de la France, publiée sous la direction de Patrick Boucheron (Seuil), se flatte d’offrir ainsi une histoire « globale » et « connectée », remplie de bonne conscience progressiste, et qui en vient, comme l’a souligné Pierre Nora, au prétexte de rendre compte de la pluralité des racines de la France, à noyer la spécificité française.

    En second lieu, la succession des lois mémorielles, dans les années 1990 et 2000, a engendré non seulement des revendications particulières ou communautaires dans la lecture de l’histoire, mais aussi des réflexes de judiciarisation des différends, au point qu’en 2005, déjà, une pétition d’historiens de toutes tendances avait demandé l’abolition ou la modification de ces lois devenues, dans certaines mains, des armes incontrôlables. L’appel avait été lancé quelque temps après que les pouvoirs publics eurent renoncé à commémorer le deux-centième anniversaire de la bataille d’Austerlitz, par crainte des foudres de ceux qui ne voient dans Napoléon que l’homme qui avait rétabli l’esclavage à la Guadeloupe…

    En troisième lieu, la démultiplication des moyens de communication, dans notre société high tech, offre une immense caisse de résonance à cette manipulation de l’histoire par le politiquement correct. Car ce ne sont plus seulement les revues spécialisées ou la presse grand public, comme avant-hier, ou le cinéma, la radio et la télévision, comme hier, mais Internet et les réseaux sociaux, de Facebook à Tweeter, qui répercutent les débats historiques, pour le meilleur ou pour le pire, jusque sur les petits écrans que les gens lisent au café ou dans le métro. Or quelle est la valeur d’un avis lapidaire en 280 signes sur un sujet qui a demandé une vie de travail à d’authentiques érudits ?

    Oui, le monde a changé. Oui, notre société a changé. Mais ce n’est pas une raison pour travestir ou réécrire le passé à l’aune des critères politiques, sociaux, psychologiques et mentaux d’aujourd’hui. Que cela plaise ou non, la science historique et ses méthodes de rigueur demeurent irremplaçables. Quant aux historiens qui ne sont pas des idéologues, ils poursuivent leur mission : faire comprendre le passé afin d’expliquer le présent et en tirer quelques lueurs pour l’avenir.

    Les cathares n’étaient pas des saints

    Le dimanche 16 octobre 2016, l’évêque de Pamiers, dans l’Ariège, présidait une « démarche de pardon » dans le village de Montségur où, en 1244, deux cents cathares avaient péri sur le bûcher. En cause, l’intolérance de l’Eglise du Moyen Age qui avait persécuté « des chrétiens pas tout à fait comme les autres » Pas tout à fait comme les autres ? Surprenante litote. Les cathares opposaient dans un dualisme absolu le principe du bien, qui avait enfanté l’esprit, et le principe du mal, qui était à l’origine de la matière. Pour eux, ce n’était pas Dieu qui avait créé l’univers, mais Satan, et Jésus était un ange dont la vie terrestre n’avait été qu’une illusion. L’antinomie avec le christianisme était totale. La religion des cathares, d’autre part, distinguait les croyants, qui conservaient leurs habitudes extérieures, et les parfaits qui vivaient en communauté, observant toutes sortes de rites initiatiques et la plus stricte continence alimentaire et sexuelle.

    Plus qu’une hérésie, le catharisme constituait par conséquent une remise en cause intégrale de la foi chrétienne, de l’Eglise, de la famille, de la propriété et du serment d’homme à homme, fondements de l’organisation féodale. Largement de quoi provoquer la contre-offensive d’une société où l’orthodoxie chrétienne était considérée comme le garant de l’ordre social.

    Pour réduire ce qui s’apparentait à une secte, un vaste effort missionnaire fut mené par saint Bernard de Clairvaux puis par les dominicains, ordre fondé à cette occasion. En 1208, Pierre de Castelnau, chargé par le pape Innocent III de combattre l’hérésie par la prédication, est assassiné, crime dont le comte de Toulouse, qui est favorable aux cathares, est soupçonné d’être le commanditaire. Constatant l’impuissance des méthodes pacifiques, le pape prêche la croisade contre les hérétiques. Puisque le roi Philippe Auguste refuse de mêler la couronne à l’affaire, l’intervention militaire commence en 1209 sous la direction de Simon de Montfort. Contrairement à une idée reçue, l’armée de ce seigneur d’Ile-de-France compte nombre de chevaliers du Languedoc.

    La guerre durera vingt ans, cruelle dans les deux camps : les croisés massacrent les habitants de Béziers en 1209, le comte de Toulouse en fait autant à Pujols en 1213. En 1241, douze ans après la fin de la croisade des Albigeois, conflit politico-religieux qui n’a pas éliminé le catharisme, le nouveau comte de Toulouse, hostile à l’hérésie, met en vain le siège sous Montségur, ultime sanctuaire des cathares. En 1244, c’est l’armée royale qui s’empare des lieux et condamne à mort 225 parfaits (chiffre incertain) qui refusent d’abjurer. Le castrum cathare sera détruit : l’actuel château de Montségur est en réalité une forteresse royale bâtie ultérieurement.

    Michel Roquebert, le grand spécialiste des cathares (1), convient que l’Eglise médiévale n’aurait pu combattre ceux-ci avec d’autres moyens que ceux qu’elle a progressivement mis en œuvre, de la persuasion à l’emploi de la force par le bras séculier.

    1. Michel Roquebert, L’épopée cathare, Tempus, 2007-2008.

    Faut-il brûler Colbert ?

    Au mois de septembre dernier, Louis-Georges Tin, le président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), et le philosophe Louis Sala-Molins publiaient dans Le Monde une tribune dans laquelle, faisant suite au débat lancé aux Etats-Unis par le démontage des statues du général Lee, ils appelaient à débaptiser en France les collèges et lycées portant le nom de Colbert, au motif que le ministre de Louis XIV serait coupable de crime contre l’humanité pour avoir légalisé l’esclavage en édictant le fameux Code noir. En l’espèce, les deux hommes poursuivaient un combat militant qu’ils mènent depuis longtemps.

    Outre ce qu’il y a d’absurde à réduire l’œuvre immense de Jean-Baptiste Colbert à l’ordonnance de mars 1685 « sur les esclaves des îles de l’Amérique », texte que ses services ont préparé mais qui a été mis au point après sa mort, en 1683, par son fils et successeur au secrétariat d’Etat à la Marine, le marquis de Seignelay, considérer le Code noir, expression qui désigne cette ordonnance à partir de la fin du XVIIIe siècle, avec les yeux d’aujourd’hui est un pur anachronisme. Vu en 2017, ce « recueil des règlements rendus concernant le gouvernement, l’administration de la justice, la police, la discipline et le commerce des nègres dans les colonies » est profondément choquant, puisqu’il inscrit l’esclavage dans le droit français. Vu dans son époque, il prend une autre valeur. Le Code noir est conçu alors que l’esclavage est pratiqué outre-mer par toutes les nations maritimes européennes, et au sein même de la société en Afrique et dans le monde arabo-musulman. Dans ce contexte, l’intervention de l’Etat français présente un mérite relatif : des règles sont posées afin d’adoucir le sort des esclaves, esclaves dont la condition servile a précédé le Code noir.

    Jean-François Niort, un universitaire qui enseigne à la Guadeloupe, a publié en 2015, sur cette ordonnance royale, un livre (1) qui lui vaudra d’être accusé de négationnisme parce qu’il contredisait Louis Sala-Molins qui, dans un ouvrage paru il y a trente ans (2), affirmait que le Code noir se fondait sur la négation de l’humanité de l’esclave. Niort montre au contraire que plusieurs prescriptions de ce texte, notamment en matière religieuse, supposaient que le travailleur servile soit considéré comme un homme, et non comme une chose ou un animal (les propriétaires d’esclaves étaient ainsi tenus de les faire baptiser). Jean-François Niort souligne par ailleurs que l’intervention de l’Etat royal, posant des bornes au pouvoir arbitraire des propriétaires, créait les conditions d’une possible évolution de la législation en faveur des esclaves. Il reste que ces derniers étaient apparentés à des biens meubles, un statut indigne que l’évolution des esprits, en Occident, conduira enfin à condamner et à abolir au cours du premier tiers du XIXe siècle. Le Code noir n’avait certes rien d’idyllique, mais encore faut-il le replacer dans son époque.

    1. Jean-François Niort, Le Code noir, Le Cavalier Bleu, 2015
    2. Louis Sala-Molins, Le Code noir ou le calvaire de Canaan, PUF, 1987.

    Marie-Antoinette, reine martyre et star mondiale

    Le 22 novembre dernier, Daniel Picouly, écrivain à succès et animateur de télévision, parlait de ses livres devant un public de lycéens de Nice à qui il expliquait que son roman l’Enfant léopard, prix Renaudot 1999, mettait en scène un garçon de dix ans, son double à l’âge où il était tombé amoureux de… Marie-Antoinette. Peu auparavant, une dépêche informait que la pop star américaine Katy Perry vient de tourner un clip de présentation de son nouveau single, clip dans lequel elle est déguisée en Marie-Antoinette. Une autre dépêche, au même moment, signalait que la pièce The final Hour of Marie-Antoinette’s life (« Marie Antoinette : la dernière heure »), de et avec l’actrice-réalisatrice française Bunny Godillot, fait salle pleine au théâtre The Cockpit à Londres.

    Marie-Antoinette, vedette mondiale : quel retournement du destin pour une femme qui, il y a un peu plus de deux siècles, a été exécutée au milieu des cris de joie de la foule !

    Arrivée en France à quatorze ans et demi afin d’épouser le futur Louis XVI, devenue reine quatre ans plus tard, elle était rapidement devenue impopulaire, pour partie parce que, élevée à la cour de Vienne où le style était beaucoup plus simple et familial, elle avait eu du mal à intégrer les codes de Versailles et s’était laissé emporter par la tentation du luxe et de la frivolité. Accusée d’être dépensière, ce qui était vrai, et de favoriser les intérêts de son Autriche natale, ce à quoi elle ne parvenait pas mais non faute d’avoir essayé, Marie-Antoinette fut détestée à partir de l’Affaire du collier, escroquerie dans laquelle elle n’était pourtant pas coupable.

    Au cours des années précédant la Révolution, ayant compris qu’elle avait nui à la monarchie, elle tenta de s’intéresser à la politique, mais avec maladresse. Conduite de force à Paris avec le roi, en octobre 1789, assignée à résidence, elle correspondit afin de trouver de l’aide, en France ou hors du royaume, échafauda un plan d’évasion avec la complicité du Suédois Fersen à qui la liait une amitié amoureuse, plongea dans le désespoir lors de l’échec de la fuite à Varennes.

    C’est après la prise des Tuileries et l’internement de la famille royale que Marie-Antoinette entama sa mue. Tandis que Louis XVI, lucide sur l’avenir, affichait une sérénité qui était le fruit de son élévation spirituelle, la reine apprit enfin à estimer son mari avec qui elle s’était associée dans l’épreuve, refusant de l’abandonner, fût-ce pour se mettre hors de danger avec ses enfants. Au Temple, la foi chrétienne et la vie de famille étaient dorénavant leur seul recours.

    Pendant le procès de Louis XVI, puis son propre enfermement à la Conciergerie après la décapitation du roi et son procès, la reine, malade et prématurément vieillie, pressentait à son tour qu’elle n’échapperait pas au couperet d’une révolution devenue folle. Repoussant les accusations les plus ignobles (l’inceste avec son fils), condamnée à mort pour ce qu’elle était et non pour ce qu’elle avait fait, cette mère montera à l’échafaud, le 16 octobre 1793, en faisant preuve de la plus admirable dignité. Archiduchesse d’Autriche et reine de France, elle n’avait plus sa place dans un pays livré à la Terreur, et qui faisait la guerre aux rois.

    Deux siècles plus tard, cette sacrifiée est regardée comme innocente par les historiens, et comme une icône par le grand public. Ironie de l’Histoire.

    Ombres et lumières de l’Algérie française

    Même s’il s’est bien gardé de revenir sur le sujet lors de son voyage officiel en tant que Président, à Alger, début décembre, les propos d’Emmanuel Macron, en février 2017, qualifiant la colonisation française en Algérie de « crime contre l’humanité » ont déclenché une vive polémique, à la mesure de l’émotion ressentie par les Français originaires de « là-bas », cette communauté de blessés de l’Histoire. Oublier que le projet colonial a été une idée républicaine et laïque relève d’abord de l’amnésie. Mais dans le cas de l’Algérie, comment dépeindre sous les couleurs du crime contre l’humanité cent trente années d’administration d’un territoire français ?

    L’Algérie française, de 1830 à 1962, ne constitue pas un bloc. Schématiquement, son histoire se résume à trois phases. Première phase, jusqu’en 1847, voire jusqu’à la révolte de la Kabylie en 1871, la conquête. Une opération rude, conduite par des militaires qui avaient gagné leurs galons dans les armées révolutionnaires et napoléoniennes et dont ils appliquaient les méthodes. Cette guerre a fait de 250 000 à 300 000 victimes algériennes. Bugeaud ne faisait certes pas de cadeaux, mais les troupes d’Abd el-Kader ou les Kabyles qui ne faisaient pas de prisonniers menaient une guerre tout aussi féroce. A l’autre bout de la chaîne, la troisième phase, la guerre qui conduira à l’indépendance de l’Algérie, de 1954 à 1962, sera non moins cruelle, se soldant par 15 000 pertes militaires chez les Français et 150 000 du côté du FLN. A l’issue de ce sanglant affrontement, des Français d’Algérie seront victimes d’actes aujourd’hui constitutifs du crime contre l’humanité : environ 15 000 Européens ou musulmans fidèles à la France disparus avant et après le 19 mars 1962, et de 60 000 à 80 000 harkis massacrés.

    Mais entre ces deux phases du début et de la fin, il y a eu un long entre-deux de l’Algérie française. Cinquante ou soixante ans où la relation de domination entre le colonisateur et le colonisé a pu se transformer, se pacifier, jusqu’à engendrer, dans une large partie de la population indigène (mot d’époque), un sentiment d’attraction envers la France.

    L’Algérie française eut ses limites, car elle fut une société à deux vitesses où 900 000 Européens, citadins en majorité, pauvres pour beaucoup, jouissaient de tous les droits de la nationalité et de la citoyenneté, tandis que huit millions de musulmans à la démographie galopante, français depuis Napoléon III mais qui n’avaient obtenu la citoyenneté que par étapes tardives, étaient majoritairement des ruraux qui souffraient du sous-équipement. L’Algérie française, cependant, signifia aussi la création de milliers de routes, de ponts, de barrages et de ports. Ce fut une œuvre sanitaire (132 hôpitaux à la veille de l’indépendance) et une œuvre scolaire qui permettait, en 1960, à 75 % des garçons musulmans et 50 % des filles d’Alger de fréquenter l’école. L’Algérie française, ce fut encore ces gisements de pétrole et de gaz découverts en 1956-1957 et dont vit l’Algérie indépendante. Ce fut aussi une fraternité d’armes franco-musulmane nouée pendant les deux guerres mondiales et pendant la guerre d’Algérie où les supplétifs musulmans de l’armée française représentaient un effectif quatre fois supérieur à celui de l’ALN…

    Une part d’ombre, une part de lumière : rien qui n’autorise les jugements manichéens.

    Le mythe des fusillés pour l’exemple

    Le 11 novembre dernier, à côté des cérémonies à la mémoire des combattants de 1914-1918, se sont déroulées, dans une dizaine de départements, des manifestations d’hommage aux soldats fusillés pendant ce conflit. Depuis qu’en 1998, Lionel Jospin, alors Premier ministre, a réclamé, dans un discours prononcé à Craonne, la réintégration « dans notre mémoire nationale des soldats fusillés pour l’exemple », la revendication est récurrente.

    Fusillés pour l’exemple ? La formule entretient la confusion entre deux réalités différentes : d’une part les exécutions qui ont eu lieu sur le front, par décision de justice, pendant toute la durée de la Grande Guerre et d’autre part la répression des mouvements collectifs de désobéissance de 1917.

    Pour un total de 8 millions de Français mobilisés de 1914 à 1918, 2400 condamnations à mort ont été prononcées, dont 600 exécutées – chiffre à rapporter aux 1,4 million de tués au combat. Les motifs étaient divers : abandons de poste en présence de l’ennemi, mutilations volontaires, désertions, refus d’obéissance, outrages et voies de faits sur un supérieur, mais aussi crimes de droit commun (assassinats, viols). Selon André Bach (1), les deux tiers des condamnés ont été fusillés en 1914 et en 1915. Au cours des premiers mois de la guerre, des mesures sévères ont été prises afin d’enrayer les mouvements de panique dans la troupe, quelques exécutions sommaires ayant même eu lieu. A partir de 1915, la stabilisation du front et l’expérience acquise par les soldats conduisent à supprimer les cours martiales instituées en 1914, à faire bénéficier les inculpés, dans les accusations les plus graves, d’avocats civils, et à leur offrir des garanties : recours en révision, droit de grâce du président de la République.

    Les condamnés dont le recours en grâce a été rejeté n’ont donc pas été arbitrairement « fusillés pour l’exemple » : au regard du code de justice militaire, ils étaient coupables. Cela n’empêche pas, bien sûr, que des erreurs ont été commises. Les injustices flagrantes, une cinquantaine de cas, ont donné lieu, après-guerre, à des réhabilitations officielles, comme pour les sept fantassins du 298e RI exécutés pour abandon de poste, à Vingré, en 1914, alors qu’ils avaient battu en retraite en obéissant à un ordre. Ils seront réhabilités par la Cour de Cassation en 1921. Si cruels soient-ils, ces cas ne peuvent être isolés de leur contexte, celui d’un univers de boue et de sang où chaque jour des milliers d’hommes mouraient ou étaient atrocement blessés.

    Les refus d’obéissance de 1917 constituent un autre sujet. Improprement désignés comme des mutineries, ils résultaient d’une lassitude des combattants alors que la guerre durait depuis trois ans, sans résultat décisif, et de l’échec de l’offensive Nivelle (140 000 hommes tués, disparus, blessés ou prisonniers, entre le 16 et le 19 avril 1917, pour un gain de terrain nul). Selon Denis Rolland, 78 divisions ont été concernées par 161 mouvements de désobéissance de plus ou moins grande amplitude, qui ont touché entre 59 000 et 88 000 participants (2). Sur ces dizaines de milliers d’hommes, 629 ont été condamnés à mort entre juin et décembre 1917, mais seulement 49 des peines capitales ont été exécutées (à quoi s’ajoutent 2873 peines de prison).

    Sur un plan judiciaire, rouvrir ces dossiers alors que les témoins et souvent les pièces ont disparu n’aurait aucun sens. A quoi rime alors cet antimilitarisme rétrospectif ?

    1. Général André Bach, Fusillés pour l’exemple, 1914-1915, Tallandier, 2003.
    2. Denis Rolland, La Grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Imago, 2005.

    Jean Sévillia

    Sources :  (Edition du  vendredi 29 décembre 2017)

    https://www.jeansevillia.com/2018/01/02/histoire-de-france-arretons-mensonges/

  • LES "FEUX FOLLETS" PROPOSERONT UNE INITIATION AUX DANSES ET À LA MUSIQUE TRAD FOLK LORS DU RENDEZ-VOUS "BLEU BLANC ROUGE" DE SYNTHÈSE NATIONALE LES 12 ET 13 OCTOBRE À RUNGIS (94)

    Diapositive1 copie 5.jpg

    EN SAVOIR PLUS CLIQUEZ ICI

    PRENEZ VOTRE BILLET SUR PLACE 

    RETENEZ VOS PLACES AU BANQUET

    PATRIOTIQUE DU SAMEDI SOIR CLIQUEZ ICI

    2019-10-02_Prospectus-BBR-Danse-recto-(initiation-danses)-01_vr-01.jpg
  • Une sélection d'article de qualité : la Semaine de Magistro

     Marc DUGOIS, Avocat : L’économie mondiale affronte un problème qu’elle n’a jamais connu

    • Jacques BICHOT, Economiste, professeur honoraire à l'Université de Lyon 3 : Retraite et pénibilité
    • Christine SOURGINS, Historienne de l'art : Le retour de Pépé le Moco ?

    • Eric ZEMMOUR, Journaliste politique : L’ombre du Général (J. Chirac)
    • François JOURDIER, Officier amiral (2S) : Convergence des luttes

    • Sophie de MENTHON, Présidente d'ETHIC : État "super Nanny" : où est notre liberté individuelle ?
    • Renaud GIRARD, Journaliste, géopoliticien : Le rapport de forces a basculé dans le golfe Persique

    • Aude de KERROS, Sculpteur, graveur, essayiste : Nouvelle géopolitique de l'art contemporain

  • Le citoyen-soldat, le seul système d'arme apte à restaurer la cité...

    citsol1.jpg
    Le citoyen-soldat, le seul système d'arme apte à restaurer la cité...
    Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com
    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Bernard Wicht à l'Académie de géopolitique de Paris dans lequel il évoque l’articulation entre puissance militaire et légitimité politique et le rôle du citoyen-soldat. Universitaire, historien des idées et spécialiste en stratégie, Bernard Wicht a récemment publié Une nouvelle Guerre de Trente Ans (Le Polémarque 2011), Europe Mad Max demain ? (Favre, 2013), L'avenir du citoyen-soldat (Le Polémarque, 2015)Citoyen-soldat 2.0 (Astrée, 2017) et Les loups et l'agneau-citoyen - Gangs militarisés, État policier et citoyens désarmés (Astrée, 2019).
    L’entretien de Géostratégiques : Bernard Wicht
    Question : Pourriez-vous nous expliquer pourquoi votre démarche de stratégie prospective se place le plus souvent au niveau des problématiques fondamentales de l’articulation entre puissance militaire et légitimité politique, et la question récurrente dans vos analyses du citoyen-soldat ?
    Bernard Wicht : Au plus tard avec les travaux de Clausewitz, la stratégie moderne a opéré une distinction stricte entre armée / gouvernement / population. Cette dernière est alors complètement passive ; elle n’est plus un sujet mais seulement objet de protection. Cette distinction trinitaire fonctionne tant que l’Etat-nation demeure la forme d’organisation politique la plus appropriée pour faire la guerre, c’est-à-dire pour combattre un autre Etat, un ennemi extérieur commun au moyen d’armées régulières. Cette réalité est codifiée par la formule clausewitzienne, « la guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens ». En d’autres termes, la guerre est alors un acte politique à la disposition exclusive de l’Etat. Ce dernier est désormais pacifié à l’intérieur, toute forme de justice privée est bannie et le crime est poursuivi par la police et la justice – l’ennemi est à l’extérieur et le criminel à l’intérieur.  Mais une telle situation est aujourd’hui caduque : avec l’effondrement des nations européennes au cours de la tragédie Verdun-Auschwitz-Hiroshima et, ensuite à partir de 1945, avec le développement exponentiel de la guérilla, des guerres révolutionnaires et des mouvements de libération populaire, le peuple maoïste ou marxiste-léniniste fait son grand retour comme acteur central de la stratégie. Il importe dorénavant de l’encadrer, de lui montrer la voie de sa libération, de lui expliquer les raisons de son combat et de lui fournir le récit idéologique correspondant. Il serait faux de croire que la chute du Mur de Berlin, puis l’implosion du bloc soviétique ont mis fin à ce tournant « populaire » de la stratégie et que celle-ci peut revenir « tranquillement » au modèle clausewitzien de la guerre comme acte étatique au moyen d’armées professionnelles, voire de mercenaires (contractors, sociétés militaires privées). Daech et ses épigones, les gangs latino-américains et les milices ethniques de tout poil en ont fait malheureusement la « brillante » démonstration aux yeux du monde entier : les techniques maoïstes ou marxistes-léninistes de prises en main des populations se sont franchisées (au sens du franchising commercial), elles se sont dégagées du message révolutionnaire, elles sont au service du djihad ou tout simplement d’un contrôle des populations (des favelas, des bidons-villes, des banlieues) par la terreur. On a pu penser un temps que tout ceci ne concernait que le « Sud », que les sociétés n’ayant pas le niveau de modernisation des pays occidentaux. Avec les attentats, les fusillades et les tueries en France, au Royaume-Uni, en Belgique, en Espagne et ailleurs, il a fallu déchanter. Cette réalité a désormais franchi la Méditerranée ; elle est désormais présente chez nous en Europe occidentale, dans les banlieues des grandes métropoles et c’est la principale menace qui pèse aujourd’hui sur nous …. et sur nos enfants – l’ennemi est à l’intérieur !
    Après cette longue entrée en matière, je peux répondre assez simplement à votre question en disant que le paradigme clausewitzien n’est absolument plus pertinent et qu’il est impératif d’en trouver un autre remettant au centre de la réflexion stratégique l’interface armée/cité. C’est pourquoi j’insiste tant sur l’articulation entre puissance militaire et légitimité politique et, surtout, sur ce système d’arme qu’est le citoyen-soldat parce qu’il est un acteur politique et militaire incontournable, le seul et unique apte à restaurer la cité. On le retrouve chez des auteurs aussi différents que Machiavel, Locke, Rousseau, Mirabeau ou Jean Jaurès. En ce qui me concerne, je suis plutôt machiavélien : la res publica, la liberté comme droit de participer à la gestion des affaires de la cité et le peuple en armes. Je suis convaincu que le paradigme machiavélien peut nous apporter des outils de raisonnement décisifs dans le contexte actuel. N’oublions pas que le Chancelier florentin vit une période assez semblable à la nôtre avec la lutte entre factions rivales au sein de la cité, l’importance des intérêts privés au détriment du bien commun et une importante fracture sociale entre citadins riches et paysans pauvres.

  • Le numéro d'octobre de Politique magazine est paru...

    Pour s'informer, pour s'abonner :

    http://www.politiquemagazine.fr/

  • «Les raisons cachées du désordre mondial»

    valeriebugaultt.jpg

    Valérie Bugault : Conférence Newhorizon au Liban
    Présentation du livre « les raisons cachées du désordre mondial »
    Chers organisateurs, chers auditeurs, Mesdames et Messieurs,
    Je suis très honorée d’être invitée à présenter mon livre « Les raisons cachées du désordre mondial » devant vous, qui cherchez des solutions politiques pour sortir de la nasse économico-monétaire dans laquelle la finance anglo-saxonne projette l’avenir politique planétaire.
    Le mouvement de globalisation, tant et souvent décrié, est, à mon sens, mal compris, pour ne pas dire « très mal compris ». Or, pour combattre utilement, il est nécessaire d’identifier clairement non seulement l’ennemi qui est en face mais encore et surtout les armes et les méthodes qu’il utilise. Or si les techniques financières de la globalisation à la mode anglo-saxonne sont parfaitement identifiables, et de plus en plus souvent identifiées, les méthodes utilisées par l’ennemi sont trop peu souvent, pour ne pas dire jamais, évoquées ; elles sont pourtant intéressantes à plus d’un titre.
    Parmi les méthodes utilisées pour développer la globalisation économique et financière, se trouve un point de référence qui, à lui seul, explique l’extrême efficacité des processus mis en œuvre. Les partisans de la globalisation planétaire ont réussi le tour de force de dissocier le pouvoir politique de la responsabilité qui, dans un ordre politique naturel, accompagne immanquablement le pouvoir. Alors que le terme de « politique » suppose un pouvoir identifié qui va, en conséquence, de pair avec une responsabilité identifiée, les financiers à la manœuvre dans le processus de globalisation mondiale ont instauré, par le double mécanisme :
    • du parlementarisme anglais dominé par des « partis politiques » et des « banques centrales indépendantes »,
    • un système permettant, au sein de chaque État, l’irresponsabilité politique totale des véritables donneurs d’ordre, qui sont les « tenanciers du système économique ». Dans cet « ordre politique » nouveau, issu des Révolutions occidentales du XVIIIème siècle – les premières Révolutions colorées de l’histoire –, les « hommes politiques » ne sont que des hommes de paille, des courroies de transmission des véritables donneurs d’ordre anonymes qui sont les principaux détenteurs de capitaux.
    Après avoir organisé, par l’instauration de réformes politiques ad hoc, leur irresponsabilité politique, les principaux propriétaires de capitaux ont pu organiser les règles du jeu économiques et monétaires dans un sens qui leur soit totalement et irrémédiablement favorable. Dans ce contexte, le capitalisme, loin d’être l’idéologie dont on le pare volontiers, est en réalité une arme de guerre permettant de générer encore plus d’anonymat au profit de ceux qui en contrôlent, et édictent, les règles du jeu. Cet anonymat permettant, en retour, l’organisation « spontanée » c’est-à-dire mécanique, de la plus vaste concentration des richesses qui ait jamais eu lieu sur cette terre ; concentration des richesses qui se fait en toute impunité sans aucun compte à rendre à personne.
    Le régime parlementaire de type anglais est une organisation sociale perverse
    La perversité de ces mécanismes a pour principale raison d’être de supprimer la possibilité de l’existence de contrepouvoir. Plus précisément, les contrepouvoirs apparents, hautement claironnées comme étant la quintessence de la démocratie, sont en réalité tout à fait, et structurellement, inefficaces.
    En particulier, le principe de « séparation des pouvoirs » théorisé par Montesquieu est, en régime parlementaire de type anglais, inopérant, neutralisé par le fait que les partis politiques qui gagnent les élections occupent en réalité toutes les places au sein des pouvoirs législatif et exécutif.
    Quant au pouvoir judiciaire – troisième pouvoir identifié par Montesquieu – il n’existe tout simplement pas pour la simple raison que les instances juridictionnelles sont techniquement chargées de la mise en œuvre du pouvoir législatif, qui leur échappe, et que la force nécessaire pour faire appliquer une décision de justice appartient au pouvoir exécutif, qui leur échappe tout autant. Le prétendu « pouvoir judiciaire » est en réalité étroitement dépendant des pouvoirs législatif et exécutif. Il ne peut, d’ailleurs, pas en être autrement tant il est vrai que le concept de « justice » est au cœur de l’émergence du « pouvoir politique ». Autrement dit : le pouvoir politique, qui consiste à organiser la vie de la Cité, est, par essence, doté de la capacité de « rendre justice ».
    Par ailleurs, si le pouvoir politique nécessite évidemment, pour ne pas être tyrannique, des contrepouvoirs, dissocier de façon autoritaire les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire tout en ignorant le pouvoir monétaire revient à faire disparaître la réalité du pouvoir politique. Ou plutôt, la nature ayant horreur du vide, cela revient à transformer le pouvoir politique en un théâtre d’ombres occupé par des pantins avec, derrière la scène les véritables acteurs qui œuvrent en secret – c’est-à-dire de façon anonyme. Ces acteurs politiques réels sont représentés par la caste des « banquiers commerçants » dont les intérêts, de nature privé, sont uniformes.

    valbug.jpg

    Or, d’un point de vue méthodologique, « les intérêts privés » s’opposent de façon mécanique aux « intérêts publics » qui sont justement à l’origine du pouvoir politique. Car il faut revenir à la substance des choses et des idées. Le « pouvoir politique » correspond à la nécessité d’organiser la vie de la « Cité » ; ce qui suppose la prise en compte institutionnelle des différents intérêts qui traversent ladite « Cité ». Organiser la vie de la Cité consiste à faire de choix, à opérer des arbitrages entre les différents intérêts qui existent dans la Société ; or, en régime parlementaire de type anglais, ces intérêts ne sont tout simplement pas politiquement représentés. Par ailleurs, les arbitrages politiques n’ont, à terme, de réelles efficacités, de capacités propres, que s’ils sont perçus par l’ensemble des membres de la collectivité comme relevant d’un sacrifice nécessaire de certains intérêts privés catégoriels au profit de l’intérêt général, collectif, du groupe. Encore faut-il que le sacrifice consenti soit identifié, ce qui n’est pas le cas lorsque les intérêts privés qui dirigent restent dans l’ombre.
  • La Nouvelle Librairie vandalisée avant la venue de Jean-Marie Le Pen

    jean-marie le pen.JPGL'établissement spécialisé dans les publications nationalistes situé dans le VIe arrondissement de Paris a été attaqué avant la venue de Jean-Marie Le Pen. La librairie, déjà dégradée en février dernier, a néanmoins maintenu la venue du «Menhir».

    La Nouvelle Librairie, située dans le VIe arrondissement de la capitale, a été victime, ce 4 octobre, d’une attaque alors qu’elle devait recevoir le jour même l’ancien président du Front national Jean-Marie Le Pen pour une séance de dédicaces et de rencontre avec le public.
    «Dans la France de 2019, on attaque une librairie ! Heureusement, nous ne déplorons que des dégâts matériels (nos vitrines brisées). Nous ne nous tairons pas !», pouvait-on lire sur le compte Twitter de la librairie.
    [...]
    En savoir plus sur francais.rt.com
  • Une alliance pro-vie à l’ONU

    Une alliance pro-vie à l’ONU

    Lors de l’assemblée générale des Nations unies le 23 septembre, 19 pays se sont unis à l’initiative des Etats-Unis « pour s’opposer publiquement aux attaques internationales contre la vie et la famille ». Ils représentent 1,3 milliard de personnes. Cette alliance rassemble notamment la Russie, le Brésil, la Pologne, la Hongrie, le Nigéria, la RDC, ou encore l’Arabie Saoudite et l’Egypte.

    Dans cette déclaration qui constitue une première, ces 19 pays

    « dénient l’existence de tout droit international à l’avortement et s’opposent aux pratiques d’éducation sexuelle irrespectueuses des droits et des convictions des parents ».

    Dans Valeurs Actuelles, Gregor Puppinck écrit :

    Une déclaration aussi explicite, et prononcée à un tel niveau, est inédite. Elle tend à couper court à tout nouvel effort de l’ONU de promouvoir l’avortement lors de la prochaine Conférence internationale sur la population et le développement  (CIPD), qui se  tiendra à Nairobi en novembre. Cette conférence sera la dernière en date d’une longue série initiée dès 1927 – bien avant la fondation de l’ONU – par Margaret Sanger, la fondatrice du Planning familial, qui était alors la figure la plus active des milieux néo-malthusiens. Ceux-ci cherchaient à convaincre les gouvernements occidentaux de la nécessité de limiter la croissance démographique des pays pauvres pour éviter des déséquilibres politiques et économiques. C’est pourquoi la diffusion de la contraception et de l’avortement est devenue une priorité d’instances telles que le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) qui organise à présent cette conférence.

    C’est lors de la Conférence du Caire de 1994 que le débat sur l’avortement fut le plus vif, et la situation la plus critique. Une coalition menée par le Vatican en sortit finalement vainqueur et obtint que l’avortement ne soit pas présenté comme un droit, mais comme une pratique devant être réduite par les Etats.

    C’est à la suite de cette défaite diplomatique, et pour contourner les Etats, que des hauts fonctionnaires et experts des Nations Unies se réunirent de façon informelle avec des représentants d’ONG, en décembre 1996 à Glen Cove. Ils adoptèrent alors une nouvelle stratégie consistant à utiliser des ONG pour introduire dans le droit international, via les mécanismes des comités des Nations unies (dans lesquels siègent ces mêmes experts), des éléments de langage associant l’avortement à des droits existants ou à des notions vagues telles que les « droits sexuels et reproductifs ». Il s’agissait en fait d’inoculer discrètement l’avortement dans l’interprétation officielle des traités des Nations Unis. Cette stratégie fut couronnée de succès, et aboutit en octobre dernier à l’adoption par les experts du Comité des droits de l’homme d’un texte de référence présentant l’avortement sur demande comme un droit de l’homme (observation générale n°36).

    La déclaration du 23 septembre est donc une réponse de gouvernements à l’activisme à l’œuvre dans l’administration onusienne. […]

    https://www.lesalonbeige.fr/une-alliance-pro-vie-a-lonu/