Il arrive que les livres importants paraissent dans l’indifférence des clercs, comme si leur vérité trop nue les excluait d’emblée du champ du dicible.
Le dernier ouvrage de Justin Marozzi, Captives and Companions, appartient à cette race de révélations discrètes, ignorées parce qu’elles dérangent l’ordonnancement moral du temps. Il fallait un historien de son envergure, à la fois écrivain et arpenteur des terres d’islam, pour donner à voir l’évidence que tout le monde s’acharne à ne pas voir : l’esclavage dans le monde musulman ne fut ni marginal, ni accessoire, ni aboli de manière franche, encore moins condamné.