culture et histoire - Page 869
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17 mars : dédicace de Jean-Marie Le Pen à Paris
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Architecture et urbanisme
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Le gaullisme : principes et praxis
Un entretien du Cercle Henri Lagrange avec Roland Hureaux
Roland Hureaux est essayiste, haut fonctionnaire, ancien élève de l’ENS et de l’ENA, universitaire, diplomate, ancien membre de plusieurs cabinets ministériels, élu local et à la Cour des Comptes.
00:00:31 – Contexte d’émergence du « gaullisme »
00:06:12 – Le gaullisme est-il une “doctrine” ?
00:11:02 – Piliers de la pensée gaulliste
00:21:29 – Une « certaine idée de la France »
00:29:02 – Où se situe la pensée gaulliste dans le paysage des doctrines nationalistes françaises ?
00:34:36 – Rôle de l’Etat dans le gaullisme
00:41:43 – Doctrine économique gaulliste
00:46:08 – De Gaulle royaliste ?
00:54:48 – « gaullisme de gauche », « gaullisme de droite », « anarcho-gaullisme », « gaullisme maurrassien » : que penser de ces catégories ?
00:59:33 – La guerre d’Algérie
01:08:34 – De Gaulle et la construction européenne
01:13:12 – Le gaullisme : une « troisième voie » ?
01:16:57 – Avortement, contraception : comment se positionnait le général de Gaulle ?
01:19:22 – Mai 68
01:26:32 – L’héritage gaulliste dilapidé
01:30:13 – Peut-on être gaulliste et libéral ?
01:32:40 – Peut-on être gaulliste et fédéraliste européen ?
01:34:42 – Gaullisme et interventionnisme
01:38:51 – OTAN
01:41:18 – Quelle est la position gaulliste à propos du « Frexit » ?
01:43:14 – Le gaullisme : une doctrine porteuse d’avenir ?https://www.actionfrancaise.net/2018/03/01/le-gaullisme-principes-et-praxis/
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L'émission "Synthèse" de jeudi dernier consacrée à François Duprat
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l'émission
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Jean Terroir - Le Choc des civilisations
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Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [XX]
Le Collège de France
Nous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies. LFAR
2ème partie : Une révolution copernicienne
UNE MACHINE à FABRIQUER DES CHÔMEURS
Il existe néanmoins un ministère plus nuisible encore que celui de la culture. L'Education Nationale fournit aux pédagogues et aux réformateurs un superbe instrument de décervelage. Un pays qui manque d'enseignants trouverait là du beau monde, dont il est permis d'espérer qu'au contact du réel il récupèrerait les quelques grains d'ellébore nécessaires à son bon sens. Le ministère de l'éducation nationale fabrique des illettrés à la chaîne. Un sur quatre des élèves qui entrent en sixième ne maîtrise pas la lecture. Selon la nomenclature officielle, ce n'est pas un lecteur mais un déchiffreur. Il ânonne. Plus grave peut-être un étudiant en lettres sur deux, un étudiant en droit sur trois n'a aucun débouché. Des diplômés se présentent à des concours dont le niveau intellectuel est celui d'un élève de troisième. Des médecins s'inscrivent au chômage. Ce prodigieux gaspillage coûte cher en stages de formation qui, trop souvent ne mènent à rien. Un pays dont l'école, chaque année « produit » cent mille jeunes qui, non seulement ne possèdent aucune qualification mais ont pris le dégoût du travail, se condamne au déclin.
Le collège de France, consulté par M. Mitterrand, a défini la première, la principale priorité de toute réforme de l'enseignement. Il faut « défonctionnariser » le métier d'enseignant. Déjà Condorcet, à la veille de la Révolution mettait en garde contre le danger d'une « corporation » universitaire, que François 1er, précisément, par la création du collège de France, avait tenté de réduire. L'avertissement ne fut pas entendu. Les républiques successives, d'ailleurs colonisées par les instituteurs et les professeurs, laissèrent se constituer une formidable féodalité, la Fédération de l'enseignement national, qui s'est placée, grâce à son réseau mutualiste, en situation de monopole. Le ministère qui devrait contrôler le corps enseignant s'est transformé en bras séculier des syndicats, seule la défense de ses privilèges mobilise une corporation qui dicte sa loi à l'Etat. Chacun reconnaît que les « grandes vacances » sont trop longues, qu'il vaudrait mieux des journées plus courtes. Qui oserait néanmoins aller contre les « droits acquis » ?
Les écoles primaires, les collèges, les lycées doivent être gérés comme des entreprises. Les collectivités locales, les groupements de familles, les professions constitueraient des communautés éducatives, que l'Etat agréerait, en fonction d'un cahier des charges dont il contrôlerait le respect... Chaque communauté recevrait en location les locaux existants ou en construirait, grâce à des prêts à faible taux d'intérêt. Elle désignerait un directeur, qui embaucherait le personnel et le cas échéant le licencierait en fonction des règles fixées par le code du travail. Il n'y aurait plus d'écoles que libres.
Il faut fixer un autre principe. L'enseignement doit être obligatoire. Il ne saurait être gratuit. Si l'on veut que les parents s'intéressent aux études de leurs enfants, ils doivent consentir un effort financier, au moins pour l'achat du matérielpédagogique. Certes chaque famille' recevrait un chèque scolaire qu'elle remettrait, en début d'année à la communauté éducative de son choix mais un complément serait demandé en fonction des ressources familiales. Bien sûr, les communautés éducatives les plus riches s'efforceraient, en offrant des salaires plus élevés, d'attirer les meilleurs maîtres. N'est-ce pas d'ores et déjà le cas ? De toute façon les agrégés recherchent et souvent obtiennent des postes dans les lycées les plus réputés, proches des grandes bibliothèques et des institutions culturelles. Ces lycées-là ne se trouvent que rarement dans les quartiers ouvriers. Les entreprises dont les besoins en techniciens sont rarement satisfaits ouvriraient des établissements techniques de haut niveau, si on leur laissait toute liberté d'en créer, en ajoutant aux sommes réunies grâce au chèque scolaire, une contribution volontaire.
L'enseignement supérieur serait payant. Chaque étudiant verserait des droits d'inscription qui correspondraient aux frais réels de scolarité. Si sa famille n'avait pas les moyens d'assumer cette charge, il emprunterait à taux réduit, dans des conditions aussi favorables qui se puissent imaginer. Il est aberrant de donner de l'argent à des jeunes pour leur permettre d'obtenir, aux frais du contribuable, une situation qui lui fournira des revenus élevés, qui lui permettraient aisément de rembourser un prêt. Le résultat, on ne le connait que trop : de faux étudiants qui paressent aussi longtemps qu'ils le souhaitent sur les bancs de l'université afin de bénéficier de repas à prix réduits et d'avantages sociaux. L'université doit former des travailleurs capables de gérer leur existence, non des fainéants et des irresponsables. Il faut que la sélection se fasse aussi par, la volonté de réussir, la force de caractère, une exacte appréciation de ses moyens intellectuels.
Le Collège de France insiste, à juste titre, sur les dangers de la course aux diplômes. Désormais, il semble que l'échec scolaire (ou universitaire) condamne l'individu, le transforme en victime. Certes, la société de demain sera brutalement sélective. Elle ne laissera aucune chance aux paresseux et aux incapables. Cependant Taine dénonçait déjà « cet emploi erroné, cette dépense outrée, cette usure précoce de l'énergie mentale » qu'impose un système qui lie la réussite sociale à l'acquisition d'un diplôme. L'apprentissage apporterait beaucoup plus à certains jeunes qu'une scolarité continuée jusqu'à dix-huit ans. Un artisan d'art vaut bien un ingénieur. De même, le Collège de France s'inquiète de la sélection par les mathématiques. La société de demain aura besoin d'hommes capables de s'adapter rapidement à des changements dont tout indique qu'ils s'accélèreront encore. Ce qui suppose une forte culture générale et la faculté, pour opérer les choix qu'imposera la conduite d'une carrière, de raisonner juste en tenant compte de la multiplicité des paramètres. Il ne sert de rien de surcharger les jeunes de connaissances scientifiques dont tout le monde sait qu'elles seront périmées avant qu'ils aient l'occasion de s'en servir. Ils ont besoin d'une méthode. C'est le rôle de l'enseignement secondaire que de la fournir comme c'est celui du primaire d'inculquer le rudiment. De ce point de vue, les expériences tentées au niveau du technique, pour lier l'enseignement à la recherche sont intéressantes.
Nous entrons dans un monde où la matière grise devient la principale matière première. Il est plus important pour un pays d'avoir des chercheurs que du pétrole.
La recherche scientifique n'est pas seulement une affaire d'argent. Certes des efforts financiers s'imposent. A quoi serviront ils si on continue à la gérer bureaucratiquement ? On ne fait pas un chercheur avec un fonctionnaire. Le rapport de la cour des comptes sûr le C.N.R.S. est édifiant. Nous entretenons des gens qui ne trouvent jamais rien et pour cause, certains « chercheurs » se contentant de passer une fois par mois pour « chercher » leurs émoluments. Assurément des changements sont intervenus, surtout depuis 1981. Les liaisons universités - entreprises se sont multipliées. Néanmoins, il conviendrait d'aller beaucoup plus loin et d'adopter la méthode américaine. Une équipe présente un projet. S'il est adopté, son maître d'œuvre reçoit une subvention et des moyens matériels. Si, au bout d'un certain temps, aucun résultat n'est obtenu, l'équipe est dissoute. L'on ne verrait pas, comme chez nous, des laborantins se mettre en grève, au risque de faire échouer une manipulation, si chacun était conscient que de la réussite dépend son avenir.
Qu'il s'agisse de culture, d'enseignement ou de recherche, l'obstacle est finalement politique. Un peuple fainéant, protégé par son statut, défendu par des syndicats puissants, s'oppose à toute réforme, Il serait injuste de soutenir que tous nos enseignants ou tous nos chercheurs sont des paresseux mais ceux qui veulent travailler en sont parfois empêchés, par les grèves ou les séances de bavardage auxquels ils sont astreints. Certains se découragent, d'autres sombrent dans la dépression. Ce ne sont pas les hommes qu'il faut mettre en cause mais le système. Un exemple suffira : le ministère de l’Education nationale a imposé des « pédagogies d’éveil », qui insistent à promener les enfants pour leur faire visiter, une boulangerie ou un musée. Il est évident que cela est beaucoup coins fatiguant et plus agréable que l'apprentissage de la culture, tâche, reconnaissons-le, extrêmement lourde pour un instituteur, qui exige de la patience, de la persévérance, un [fort soutenu de concentration. Il s'est trouvé des instituteurs pour considérer que les pédagogies d'éveil leur faisaient perdre leur temps et celui des élèves mais il est évident que rien ne pouvait plaire davantage à des garçons et des filles qui n'ont choisi ce métier qu'en raison des vacances qu'il procure. Le ministère a encouragé la paresse en la camouflant sous un vocable flatteur. « Pédagogie d’éveil », cela sonne bien. On connaît les résultats, le pullulement des illettrés. M. Chevènement a fait une petite révolution, en déclarant que la vocation de l'école était d'enseigner, non de distraire. Cette révolution restera toute verbale. Son seul résultat sera de rassurer les parents qui commençaient à s'inquiéter. Rien ne sera changé. Le système est plus fort que tous les ministres, fussent-ils socialistes.
Il faudrait une volonté politique. Mettre au travail le prolétariat intellectuel est une tâche surhumaine qui dépasse les capacités de M. Chevènement. Ce fils d'instituteurs croit sans-doute, que les maîtres d'école de sa jeunesse existent encore. On n'arrivera à rien aussi longtemps que le métier d'enseignant ne sera pas revalorisé, moralement et matériellement. Cela suppose que les Français, conscients que leur avenir dépend de la quantité et surtout de la qualité de la matière grise produite par la nation, admettent qu'un bon instituteur doit être aussi bien payé qu'un bon médecin de quartier, mieux en tout cas qu'un agrégé incapable de transmettre son savoir. Cela suppose que le métier d'enseignant devienne une profession libérale et que les familles choisissent leur école comme leur médecin.
Les réformes qui s'imposent, dans tous les domaines, n'ont rien de révolutionnaire. Dans le privé, nos hommes politiques admettent volontiers leur bien fondé. Elles se heurtent néanmoins à la formidable résistance des syndicats, du prolétariat intellectuel et de la plèbe moderne, sournoisement encouragée par l'Etablissement et la haute finance internationale. Or nous n'avons plus beaucoup de temps. Le déclin économique de la France et de l'Europe s’accompagne, en effet, d'un déclin démographique, plus rapide encore. En l'an 2000, demain, au train où vont les doses, Marseille sera une ville majoritairement islamique. La France se libanise, avec à terme deux conséquences obligées : les conflits ethniques et religieux, le sous-développement. A suivre (A venir : Les nouvelles invasions barbares).
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Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray
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Matérialisme, Terreur, relativisme moral… : le côté obscur des Lumières
Le philosophe Bertrand Vergely remet en cause dans un essai iconoclaste, « Obscures Lumières », l’apport des Lumières à la pensée. Non seulement l’humanisme n’est pas, rappelle-t-il, né avec la Révolution, mais d’après lui les Lumières ont institué un impérialisme de la Raison, qui assassine en l’homme ce qu’il a de spirituel.
Qu’oppose-t-on vraiment à l’islam radical aujourd’hui? La morale «Charlie Hebdo», c’est-à-dire le vieux fond anticlérical révolutionnaire revendiquant le «ni Dieu ni maître» de l’anarchisme, sur fond de droit au blasphème! Ce n’est pas ça, la morale laïque. Je suis d’accord pour opposer une morale face à la violence islamiste. Mais quand commence-t-on? Sur la base de quel enseignement, et de quelles valeurs ?
Dans votre livre, vous semblez voir dans les Lumières une nouvelle religion, dont vous dites que, contrairement à l’idée reçue, elle est bien plus obscurantiste que le christianisme qu’elle a remplacé. Manifestement cette religion n’est pas la vôtre…
La religion est ce qui relie les hommes à Dieu. Vivre religieusement conduit à élever sa conscience au plus haut niveau qui soit. Mais les hommes peuvent détourner le religieux, et quand c’est le cas, cela donne les tyrannies et les sectes qui font basculer le religieux dans la violence. La bonne réponse à l’obscurantisme religieux consiste à revenir au religieux authentique, celui de l’homme profond se purifiant de la soif de pouvoir afin de faire vivre une conscience transformée. Au XVIIIe siècle, lors de la Révolution Française, c’est l‘inverse qui s’est produit. Sous prétexte de libérer la société de l’obscurantisme, les révolutionnaires opposent au pouvoir de l’obscurantisme religieux le pouvoir non religieux dit des Lumières. Ils ne suppriment pas la soif de pouvoir, ils la déplacent seulement de son expression cléricale vers une expression laïque. Pour ce faire, ils mettent en place une idolâtrie, celle de l’homme total contrôlant la nature et l’homme par la raison humaine. Au XVIIIe siècle cette idolâtrie débouche sur la Terreur, au XIXe siècle sur le nihilisme intellectuel, au XXe siècle sur le totalitarisme. Être philosophe, c’est tenter de dire et de vivre la vérité. Les Lumières sont à l’origine d’une idolâtrie qui a asservi les hommes et qui les asservit encore. À qui demande de devenir un adorateur de cette idolâtrie, je dis non. Sans moi.
Comment expliquez-vous que le siècle des Lumières se soit achevé sous le règne de la Terreur ?
Sous couvert de vouloir lutter contre l’injustice, les penseurs des Lumières ont en réalité voulu créer une humanité entièrement nouvelle. Quand on a comme projet de transformer ce qui fait l’essence de l’humanité, que peut-il se passer? Sur un plan théorique et culturel, on est obligé de se prendre pour Dieu en remplaçant la loi divine par la loi humaine qui devient une nouvelle loi divine. Hobbes dans le Léviathan réécrit le livre de la Genèse en faisant naître l’homme du contrat social et, derrière lui, du Droit humain. Résultat: c’est désormais l’État qui garantit le Droit, devenant en quelque sorte le nouveau Dieu sur terre. Ce qui est l’essence du totalitarisme. Par ailleurs, pratiquement, quand on prétend être la vraie humanité qui va bâtir la nouvelle humanité, on est obligé d’éliminer par la terreur les représentants et les symboles de l’ancienne société et de l’ancienne humanité, l’ancien ne pouvant pas cohabiter avec le nouveau. C’est exactement ce qui s’est passé. Depuis la Révolution Française, tous les régimes révolutionnaires ont été des régimes de terreur dans lesquels on liquidait dans la violence les nobles, les prêtres, les riches, les intellectuels etc … […]
http://www.fdesouche.com/963333-materialisme-terreur-relativisme-moral-cote-obscur-lumieres
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La croisiere noire [Au coeur de l'histoire]
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Secrets d’histoire
Sous la direction de Jean-Christian Petitfils, un collectif d’historiens apporte un éclairage nouveau sur vingt énigmes de l’histoire de France grâce à des documents parfois inédits et à des preuves indiscutables.
Les « Enigmes de l’histoire », filmées en noir et blanc et racontées par André Castelot et Alain Decaux, firent la joie du petit écran à une époque où l’unique chaîne de télévision d’Etat exprimait une exigence culturelle aujourd’hui trop rare. Du mystère de Mayerling – l’archiduc Rodolphe, fils de l’empereur François-Joseph, s’est-il suicidé ou a-t-il été assassiné ? – à l’identité véritable de cette Anna Anderson qui, surgie à Berlin dans les années 1920, prétendait être la grande-duchesse Anastasia, fille de Nicolas II, le grand public s’était initié, aux heures de grande écoute, à quelques célèbres mystères du passé. La formule a été reprise, au cours des années récentes, par des émissions programmées à un horaire tardif, alors que ces énigmes, construites selon la logique des enquêtes policières, ont tout pour passionner.
Sous forme écrite, l’énigme historique est un genre qui a trop souvent nourri une infralittérature aux accents ésotériques ou complotistes. Aussi faut-il se féliciter de la parution d’un volume qui satisfait à la fois la curiosité intellectuelle pour les mystères de l’histoire et les canons de la recherche historique et scientifique. Sous la direction de Jean-Christian Petitfils, historien de la France classique qu’on ne présente plus, les éditions Perrin publient, en coédition avec Le Figaro Histoire, un livre collectif, Les énigmes de l’histoire de France, dont les dix-huit auteurs, outre Petitfils qui signe deux chapitres, se sont partagé vingt sujets. Aucun n’est vraiment neuf, mais tous abordés, ici, en s’appuyant sur des preuves irréfutables et des documents parfois inédits. « N’en déplaise aux détectives amateurs qui se complaisent dans les ronrons de l’histoire et se copient les uns les autres, souligne Petitfils dans son introduction, une des conclusions à tirer de ce livre est que la recherche avance, que les halos légendaires se dissipent, bref que l’on serre toujours plus près la vérité. »
Si l’ouvrage s’organise chronologiquement, Jean-Christian Petitfils en propose lui-même un classement autour de six grands thèmes. Première catégorie, les énigmes concernant des événements ou des personnages de premier plan. Jean-Louis Brunaux, archéologue et directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la civilisation gauloise, pose la question d’Alésia – non pas du site de la bataille, sa localisation à Alise-Sainte-Reine, en Côte d’Or, étant hors de débat – mais pour comprendre comment Vercingétorix et ses 300 000 combattants ont été battus par un adversaire cinq fois moins nombreux, César ayant avec lui 60 000 légionnaires. L’explication est technique, mais la leçon d’histoire est politique puisque Brunaux estime que le chef gaulois vaincu avait remporté une victoire symbolique en rassemblant 300 000 guerriers appartenant à plus de quarante cités, ce qui réserve à Vercingétorix une place au Panthéon du « roman national » désormais honni par certains. Laurent Theis, président honoraire de la Société de l’histoire du protestantisme français, passe en revue les commanditaires possibles du massacre de la Saint-Barthélemy (Catherine de Médicis ? Charles IX ? Le futur Henri III ? Le duc Henri de Guise ?), tandis que Olivier Wieviorka, un spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, revient sur les secrets du rendez-vous de Caluire qui, le 21 juin 1943, permit aux Allemands d’arrêter Jean Moulin, ou que Pierre Pellissier, un ancien journaliste du Figaro, explique pourquoi De Gaulle s’est réfugié auprès du général Massu, le 29 mai 1968, alors que le pays sombrait dans l’anarchie.
Deuxième catégorie : les morts mystérieuses. Qui a armé le bras de Ravaillac ? Jean-Christian Petitfils reprend ici l’hypothèse qu’il avait développée dans L’Assassinat d’Henri IV, mystères d’un crime (Perrin, 2009) : le meurtrier n’aurait-il pas été manipulé par des agents de l’archiduc Albert d’Autriche, dans le cadre d’un plan conçu à Bruxelles ? Qui a tué le duc d’Enghien, fusillé dans les fossés de Vincennes en 1804 ? Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, essaie de démêler le vrai du faux, Bonaparte ayant qualifié cette exécution de « crime inutile » avant d’un revendiquer la responsabilité. Le dernier Condé s’est-il réellement pendu à une espagnolette du château de Saint-Leu, en 1830, ou était-ce un crime maquillé en suicide ? Pierre Cornut-Gentille, avocat et historien, fournit la clé de l’énigme qui est à chercher du côté de certaines pratiques inavouables. Et Zola, retrouvé un matin de 1902 asphyxié par des émanations d’oxyde de carbone ? Alain Pagès, professeur émérite à la Sorbonne-Nouvelle, a découvert, au prix d’une véritable enquête, la raison de sa mort.
Dans la troisième catégorie figurent les chapitres consacrés aux trésors enfouis et aux sociétés secrètes. Le médiéviste Alain Demurger, spécialiste des ordres religieux militaires, décrypte les innombrables mythes et fantasmes qui accompagnent l’histoire des Templiers, et de leur introuvable trésor. La Cagoule, mystérieuse organisation anticommuniste des années 1930, avait-elle les moyens et l’intention de perpétrer un coup d’Etat d’extrême droite ? Olivier Dard, professeur à la Sorbonne et spécialiste d’histoire politique, relativise le sérieux des projets des cagoulards. L’abbé Saunière, curé de Rennes-le-Château, dans l’Aude, mort en 1917, était-il le détenteur d’un fabuleux trésor ? Jean-Jacques Bedu, un historien qui a hérité des archives de l’étrange ecclésiastique, fait le point sur une légende qui a été relancée par le Da Vinci Code de Dan Brown.
Les origines mystérieuses de certaines figures fournissent une quatrième catégorie d’énigmes. Spécialiste de l’histoire des femmes sous l’Ancien Régime, Joëlle Chevé s’efforce de comprendre qui était sœur Louise-Marie-Thérèse, une religieuse de couleur, bénédictine au couvent de Moret, près de Fontainebleau, à la fin du règne de Louis XIV, et qui, protégée de Mme de Maintenon, recevait fréquemment la visite de hauts personnages de la Cour. Quant à Napoléon III, s’il était le fils d’Hortense de Beauharnais, était-il celui de Louis Bonaparte, roi de Hollande ? Afin de lever définitivement les doutes émis dès la naissance du second empereur des Français, son biographe, Eric Anceau, professeur à la Sorbonne, s’en remet aux analyses ADN déjà effectuées et dont les résultats mériteraient une contre-expertise, tout en soulignant que « la recherche en paternité de Napoléon III n’a en aucune manière influé sur le cours de l’histoire ».
Cinquième catégorie d’énigmes : les survivances. Jeanne d’Arc a-t-elle vraiment brûlé sur le bûcher ou a-t-elle réapparu sous les traits de Jeanne des Armoises ? Etat-elle la fille d’Isabeau de Bavière ? Jacques Trémolet de Villers, avocat et auteur d’une édition des minutes du procès de Rouen, démonte les légendes qui ont couru sur la Pucelle. Et que valaient les prétentions de Naundorff et de tous les faux Dauphins qui ont prétendu être fils de Louis XVI et Marie-Antoinette ? L’historien Philippe Delorme expose les conclusions sans appel tirées des analyses ADN effectuées en 2000 sur le cœur de l’enfant-roi mort dans la prison du Temple.
Quelques vieux secrets d’Ancien Régime représentent la dernière catégorie d’énigmes rassemblées dans ce volume. Jusqu’où allaient les relations entre Anne d’Autriche et Mazarin ? Directeur du Centre historique des archives du château de Vincennes, Thierry Sarmant étudie – avec pudeur – ce lien fait d’amour et de politique. Qui était le Masque de Fer ? Jean-Christian Petitfils, qui a publié un livre sur le sujet, possède une réponse précise. Que dissimulait l’affaire des Poisons (traitée ici par Claude Quétel) qui jeta une ombre sur le Roi-Soleil, ou l’affaire du Collier de la Reine, qui ternit irrémédiablement la réputation de Marie-Antoinette, alors qu’en l’occurrence elle était innocente, comme le rappelle Hélène Delalex, conservateur du patrimoine au château de Versailles ?
Amateurs de grande histoire ou de petites histoires apprendront beaucoup dans ce livre qui pique l’imagination. A travers ces vingt énigmes se vérifie une grande loi, valable dans le passé comme de nos jours, et qui conservera demain sa pertinence : rien n’est jamais écrit d’avance, car l’imprévu et l’inexplicable peuvent survenir à chaque instant, et la raison pure ne peut tout éclairer, car toute aventure humaine conserve sa part de mystère.Jean Sévillia
Les Enigmes de l’histoire de France, sous la direction de Jean-Christian Petitfils, Perrin / Le Figaro Histoire, 400 pages, 21 euros.
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Le renouveau de la Russie
Dans l'Incorrect, Fabrice Sorlin dresse le portrait du renouveau en Russie. Extraits :
"[...] Si la Russie connut un véritable renouveau spirituel dès la libéralisation de la religion en 1991, la période bolchévique laissa en revanche plus de traces dans certains domaines sociétaux. C’est le cas notamment de la GPA, faiblement utilisée quoique banalisée, et de l’avortement dont les chiffres sont encore très élevés. Apparue la première fois en 1995 dans un contexte d’instabilité politique et de chaos sociétal, la GPA fut autorisée comme « remède » à l’hiver démographique que traversait le pays et fut encadrée en 2012 par une loi. Cependant la GPA, qui en 2015, concernait 508 naissances, ne fait toujours pas l’unanimité en Russie. Plusieurs fois, des voix politiques se sont élevées pour dénoncer «cette violation flagrante des droits de l’enfant ». Durant l’été 2017 déjà, un projet de loi fut soumis à la Douma pour la faire interdire mais fut finalement rejeté. Reprise en mains par Anna Kuznetsova (mère de six enfants), conseillère aux droits de l’enfant auprès de Vladimir Poutine, cette loi va à nouveau être en discussion à la Douma prochainement. Et elle aura le soutien de l’Église orthodoxe russe, en première ligne depuis longtemps pour condamner cette pratique.
L’avortement, quant à lui, fut utilisé comme moyen de contraception dès son autorisation en 1920, et se banalisa à tel point qu’en 1965, le ministère de la Santé russe enregistra un pic vertigineux de 5,5 millions d’avortements dans l’année. Ce chiffre diminuera progressivement pendant de longues années, mais c’est le double apport de l’influence de l’Église et du lancement d’une politique pro-famille efficace qui le réduira à son plus «bas» niveau jamais enregistré de 700 000 en 2017. Ce chiffre encore élevé s’explique en partie à cause des derniers soubresauts du matérialisme et du relativisme moral de la période bolchévique dans certaines mentalités. En Russie, la transmission des valeurs s’effectue en effet beaucoup par les grands-mères, très influentes dans une société russe matriarcale. Or, certaines d’entre elles encore marquées par cette époque où donner la vie était difficile, ont comme adopté cette phrase tristement célèbre de Lénine: «Pourquoi donner vie à la misère?» Elles influencent alors leurs petites filles en les décourageant souvent, et ce malgré les différentes solutions que l’État s’est efforcé d’apporter depuis plusieurs années.
Ce mépris de la vie humaine affiché par les Soviétiques ne fut pas sans conséquence sur la démographie du pays qui, malgré un rebond notable ces dernières années, connut un véritable effondrement au cours de la décennie 1990-2000. Tout semblait alors indiquer un déclin irréversible de la population russe, ayant pour conséquence un affaiblissement progressif du pays et son incapacité à demeurer une puissance mondiale.
Vladimir Poutine prend vite conscience de la nécessité de remettre les valeurs traditionnelles au centre de la société. Le 31 décembre 1999 déjà, le jour-même où le président Eltsine annonçait son départ, Vladimir Poutine alors encore premier ministre publie un texte dont la phrase suivante résonne comme un programme : « Le choix d’assurer les nécessaires dynamiques de croissance n’est pas seulement un problème économique. C’est aussi un problème [...] idéologique, spirituel et moral. Il me semble que cette dernière dimension est d’une importance particulière dans nos efforts actuels pour assurer l’unité de la société russe. » [...]
Vladimir Poutine a d’abord œuvré à favoriser l’Église orthodoxe, ce qui a permis un réveil progressif de la foi se traduisant par une montée régulière de la pratique religieuse dans le pays. Par une loi votée en 2010, le gouvernement russe permit la restitution des biens spoliés par la révolution bolchévique. En 2012, il octroya près de 80 millions à l’Église orthodoxe et augmenta sa visibilité dans les médias. Ces mesures ont rapidement porté leurs fruits. Près de 3000 églises sont sorties de terre ces 10 dernières années, et si 17 % seulement de la population se considérait orthodoxe en 1989, ils sont 68 % en 2014.
Ce renouveau religieux précède et accompagne la politique en faveur de la défense de la famille, mise en place sous la présidence de Dmitri Medvedev, poursuivie et même renforcée depuis le retour de Vladimir Poutine. Celui-ci a considéré le problème de la démographie comme une priorité nationale et déclara publiquement que désormais «la norme c’est 3»! Longtemps en chute libre, notamment pendant les années 90, passant de 1,89 en 1991 à 1,17 en 1999, le taux de fécondité est fortement reparti à la hausse pour atteindre 1,78 en 2016.
Retour de l’Église et de la foi dans l’espace public, augmentation de sa visibilité et de son influence morale auprès de la population, politique nataliste incitative, mesures pro-vie : le chemin parcouru en 18 ans est immense. Cependant, parfaitement conscient du danger mortel que font peser les nouvelles «valeurs» occidentales fortement influencées par l’idéologie LGBT, le gouvernement a simultanément voté un certain nombre de lois pour en protéger les familles. Interdiction de la propagande homosexuelle devant mineur, fermeture des plus grosses plates-formes internet pornographiques, loi interdisant la vulgarité dans l’art et dans les films...
Le 4 novembre 2016, Vladimir Poutine choisissait d’inaugurer lui-même, non loin du Kremlin, une statue géante de Vladimir 1er qui reçut le baptême en 988 et imposa le christianisme à la Russie. Deux ans plus tôt à Paris, place Vendôme, était installé avec la complaisance des autorités politiques un plug anal géant. À chacun son programme!"