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culture et histoire - Page 915

  • L'écriture inclusive, un projet mort-né

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    « Ahora, me dirijo a todos los Españoles » Felipe VI d'Espagne

     L'hubris féministe a sans-doute passé les bornes et cela ne lui a pas réussi.

    Le lobby des enragées du féminisme le plus discutable a franchi les limites non seulement de la sottise et de la loufoquerie mais encore tout bêtement du praticable, en tentant de faire passer en force l'écriture dite inclusive.  

    Ce fut organisé comme on tente un coup. En l'occurrence un coup de main linguistique, un coup sur l'écriture d'un peuple, sur une langue écrite, à défaut de pouvoir l'accomplir sur la parole ... Car l'écriture inclusive n'a pas d'effet sur la langue parlée. Elle ne se dit pas autrement que ne se dit l'écriture ordinaire. 

    Louis-Joseph Delanglade a écrit ici-même que le sort de l'écriture inclusive est scellé. Et cela nous semble l'évidence simplement à cause, si l'on peut s'exprimer ainsi, de son impraticabilité. Le Monde - qui a pris fait et cause pour elle - est-il prêt à paraître en écriture inclusive ? Ce serait une excellente chose, s'est amusé à dire Alain Finkielkraut en posant la question, car il y perdrait tous ses lecteurs. 

    Alors, le président de la République, le Premier ministre, le ministre de l'Education Nationale, l'Académie française et une kyrielle d'autorités diverses, ont condamné le projet. Peut-être, d'ailleurs, était-il condamné en quelque sorte de par sa propre nature. Il est mort-né proprio motu

    Mais les manies prétendument féminisantes du discours public continuent de faire rage. Par exemple les ridicules « celles et ceux », « toutes celles et tous ceux », « chacune et chacun » mille fois répétés, mécaniques et stupides. A commencer par le pauvre Macron dont le verbe en est dramatiquement surchargé, encombré, plombé. Et à sa suite, tous les autres.  

    Nous nous rappelons avoir envié les Espagnols lorsque nous avons écouté le discours du roi Felipe VI, en pleine crise catalane, le 3 octobre dernier. Nous nous sommes dit qu'ils étaient peut-être devenus moins stupides que nous ne le sommes désormais. Au début de sa conclusion, le roi déclare : « Ahora, me dirijo a todos los Españoles », « maintenant, je m'adresse à tous les Espagnols ». Il y avait sans-doute peu de risque qu'il se trouve plus d'une poignée de sottes gens dans son pays pour s'aviser que le roi ne s'adressait pas aux Espagnoles ...

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • L'École de Guerre et "le jour d'après"

    L'École de Guerre, qui forme les futurs cadre de haut niveau des armées françaises, semble vouloir enfin concrétiser son intention, longtemps rester pétition de principe, de "penser en dehors de la boite" ? (pour les non-initiés, il s'agit de la mauvaise traduction en français d'une expression de globish : "to think out of the box", sensée stimuler, dans les organisations, une pensée alternative et non contrainte par les conformismes et les conservatismes).

    C'est ce que peut donner à penser une conférence récente et passionnante, où des perspectives d'effondrement du système économique ont été abordées ("le jour d'après"), avec l'énoncé de réalité géo-économiques souvent niées, voire cachées sous le tapis par l'oligarchie au pouvoir: comme le lien entre démographie et prospérité, la nécessité d'apporter un soin tout particulier aux territoires ruraux, d'éviter la trop grande spécialisation des pays en terme de production, la fiction de richesse que représentent les bulles spéculatives. Mais aussi une mise en perspective sur les différentes énergies à la disposition des systèmes économiques, les enjeux qu'elles représentent, leur part dans la croissance, et notamment celle du pétrole (cette partie est parfois un peu moins accessible, voire un peu confuse, au moins pour un amateur peu éclairé comme nous, mais les perspectives sur les transports sont très intéressantes (20 dernières minutes)) ...

    Beaucoup d'informations et de mises en perspective dont nous espérons que nos officiers feront leur miel dans les années à venir, pour voir les choses avec la hauteur de vue qui sied à leur état, et à celui de la France.

    Une video proposée par Thinkerview.

    Paula Corbulon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Partie II : L’éclat du Lys, une puissance insoumise éternelle

    La genèse du royaume de France est longue et ancienne. Ce dernier succède au royaume franc, né lors du baptême de Clovis en 498. La période franque s’arrêtera en 987 lorsque les Capétiens arriveront au pouvoir. La légitimité du grand pouvoir des rois de France est bel et bien issue de cette genèse qui a façonné le royaume et sa position par rapport aux grandes puissances. Grâce à ce passé, le roi de France peut réaffirmer son entière indépendance vis-à-vis des pouvoirs extérieurs. Ainsi dans un premier temps il convient de remarquer à quel point la religion chrétienne a permis l’édification sans précédent d’un royaume sur les bases de la foi. Puis dans un temps second il convient de voir comment le roi souhaite justifier la liberté du royaume de France face aux autres puissances.

    Le roi de France Philippe le bel cherche à contester les prétentions du Saint empire romain germanique en prônant que le royaume de France au regard de Dieu, a davantage de légitimité que l’Empire. En effet il écrit « le Très Haut Jésus Christ, trouvant que ce royaume [de France] était, de préférence à tous les autres pays du monde, le fondement stable de la foi et de la sainte religion, considérant le grand dévouement de ce royaume à Lui-même (…) ». Le roi de France, par ces mots, cherche à exprimer au nouvel empereur Henri V, que contrairement au Saint empire, bien qu’ayant une caractéristique propre à son existence, à savoir le caractère chrétien de l’empire, le royaume de France lui a directement été choisi par le Christ pour diffuser à travers le monde la sainte religion. La France joue un rôle très important dans l’avènement de l’Eglise en Europe. Le baptême de Clovis sera le premier d’une longue série. Le baptême des Rois puis leurs sacres à Reims deviendront en effet une tradition dans le royaume de France. Cette tradition est pleine de symbolisme biblique puisque les différentes étapes du sacre sont directement inspirées du livre de Samuel de l’Ancien testament. Le roi est présenté comme l’envoyé de Dieu à l’image de David qui remporte la victoire contre le géant Goliath. Une pratique qui serait propre à la France dans toute la chrétienté. Le culte chrétien français est tellement ancré dans la royauté qu’il sera impossible de dissocier le roi de l’image divine qu’il véhicule. Il est en quelque sorte le lieutenant du Christ sur Terre. La terre de ce lieutenant de Dieu c’est le royaume de France. Le sacre du roi est très ambigu car le souverain devient « rex et sacerdose ». Autrement dit, « roi et prêtre ». En effet, le roi étant l’envoyé du christ, celui-ci possède quelques pouvoirs propres à sa fonction de roi prêtre. Tout d’abord, la fonction thaumaturgique du roi, il touchera les malades pour les guérir. Il prononce alors « le roi te touche et Dieu te guérit ». Cela montre bien que le roi est le réel intermédiaire entre l’éternel et le temporel. Ce « pouvoir » donne au roi une popularité considérable à travers toute l’Europe. Le roi sacré sera même par principe considéré comme inviolable puisque représentant de Dieu. Cela reflète la réalité d’une théocratie royale où le roi devient un véritable pape temporel. En effet, le roi intervient dans l’investiture des évêques, des archevêques parfois et même des abbés pourtant très indépendants.

    La France devient un modèle inédit jusque-là, l’Etat-Nation et sa primauté dans la chrétienté en fait la première puissance d’Europe pendant longtemps. Cette « fille aînée de l’Eglise » est alors inviolable, intouchable et cet argumentaire sera repris dans toute l’Histoire du royaume français. La France est le seul royaume qui, à ce titre presque sacré, ne sera pas envahi ou dirigé par un autre royaume. La stabilité du socle culturel de la France lui permettra donc de s’assurer cette primauté en Europe. Il est intéressant de remarquer que Philippe le bel rappelle que cette légitimité christique provient des événements passés. En réalité le roi cherche à montrer que cette légitimité christique n’est pas une chimère développée pour lutter contre l’empereur mais qu’elle provient d’un héritage historique qui a façonné le royaume de France tel qu’il est exposé. Il a souhaité affirmer la supériorité du royaume de France à l’empereur par la grâce de Dieu, adressée aux rois qui l’ont précédé. Car selon lui, le royaume de France a été directement choisi par Dieu. Ce choix a été expressément confirmé par le baptême de Clovis qui a permis la naissance du royaume franc. Clovis est l’époux de la princesse Clothilde qui est, elle, chrétienne, ce qui le préparera à sa conversion. L’épisode de Soissons sera l’événement déclencheur qui le poussera à se faire baptiser. En effet, en combattant les Alamans en 496, Clovis est dépassé par l’ennemi et il invoquera alors le nom du Dieu Chrétien. Une flèche viendra tuer le chef des Alamans et les Francs seront victorieux. Clovis s’inclinera alors devant ce Dieu qui l’a aidé à vaincre ses ennemis. Il sera donc reçu par l’évêque de Reims, le 25 décembre, qui le baptisera avec toute sa noblesse et 3000 de ses guerriers. Ce récit montre que Dieu a choisi le roi des francs pour être son représentant sur terre en jugeant qu’il était digne de s’enquérir de cette tâche. Ce regard que l’on porte au roi s’est perpétué. En effet le Pape loue le roi de France, c’est l’exemple du pape Grégoire IX qui louait Louis IX le futur saint Louis.  Le royaume Franc puis de France sera dès lors « la fille aîné de l’Eglise », ce qui rend bien compte de la place que le Christianisme occupe au sein du royaume.  C’est grâce à cela que le royaume de France aura une place privilégiée.

    Le roi de France reste néanmoins réaliste. Il sait que l’empereur ne sera pas en accord avec ses positions sur la qualité du royaume de France. Le roi cherche sans cesse à avertir l’empereur des conséquences du nihilisme que celui-ci pourrait exprimer en dépit de l’évidence de la légitimité christique du royaume de France. Philippe le bel a toujours mis en garde l’empereur durant la correspondance qu’il entretenait avec lui, si jamais celui-ci avait des appétits tournés vers le royaume de France. Il souhaite réaffirmer le principe de liberté qu’incarne le royaume des francs en rappelant les traditions guerrières de ce peuple qui a perpétuellement œuvré à conserver son indépendance et sa liberté. En effet, d’un point de vue étymologique le mot « franc » peut être rapproché du mot libre. En effet les francs sont des hommes libres qui sont les conquérants de la « francié ». Ainsi il semble que la liberté de ce peuple soit due à la conquête militaire. Finalement ce combat pour la liberté que l’on retrouve dans le royaume franc est un héritage du peuple franc. Ce même peuple a su en 451 repousser Attila le huns afin de préserver la liberté, avec à sa tête Mérovée et Aetius. Encore une fois il y a une référence aux guerres passées qui ont vu la remise en cause du pouvoir du roi en son royaume. En effet le royaume de France s’est longtemps illustré comme une puissance qui protège sa liberté et son territoire. Le territoire du royaume de France ne se modifie que très peu durant toute l’histoire, cela traduit la volonté de le conserver dans son intégralité. Le royaume livra de nombreuses guerres aux puissances cherchant à ébranler son autorité. Ce fut le cas en 1214 lors de la bataille de Bouvines qui eut comme conséquence d’affirmer le pouvoir royal. En effet le roi de France a montré pour la première fois qu’il ne sera pas soumis à l’autorité du Saint empire germanique. Cette bataille est bien plus qu’une simple victoire militaire puisque le roi montre que la France est un royaume libre et capable de se défendre, si cette liberté se voyait menacée. Le résultat de cette bataille a été notamment la chute de l’empereur Otton IV qui perd les insignes impériaux. Il est donc dépossédé de son titre à cause du royaume de France. Ceci montre bien que celui qui souhaite causer un tort au royaume de France a beaucoup à perdre. Le royaume de France a su par le passé montrer la faiblesse de cet empire, qui n’a pas su préserver sa tête couronnée en dépit de la défaite subie. Le roi de France tire donc du passé la puissance guerrière de la France. Cependant, suite à cela, le Saint empire et la France seront en perpétuelle concurrence et se retrouveront bien souvent ennemis lors de conflits. Philippe le bel menace en quelque sorte l’empereur, mais cette menace se dissipera. La concurrence entre la France et le Saint empire se perpétuera jusqu'à la révolution française lorsque les troupes autrichiennes seront aux portes de Paris. Ce sera finalement la France de l’empereur Napoléon Ier qui causera la chute du Saint empire en 1806, sous le règne de François II de Habsbourg. La France a enfin réussi à vaincre son ancien rival définitivement.

    Michel du Hamel de Gélis

    (Photo du prince Louis de Bourbon en  2014 pour les commémorations des 800 ans de Bouvines)

    http://vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/2592-partie-ii-l-eclat-du-lys-une-puissance-insoumise-eternelle

  • DEUX NOUVEAUX "BOUQUINS DE SYNTHÈSE NATIONALE" POUR NOËL ET LES FÊTES DE FIN D'ANNÉE

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    La série d'élections, Présidentielle puis législatives, qui s'est déroulée au printemps 2017 a vu l'éffondrement du Néo-Front concocté par Marine Le Pen depuis son accession à la Présidence du Front national en 2011.

    Afin de se donner une image lisse, le Néo FN a renié les fondamentaux et sacrifié les fondateurs, au premier rang desquels Jean-Marie Le Pen. En quelques années, il a voulu devenir un "parti comme les autres". Mais le FN n'était pas fait pour être un parti comme les autres. Surtout au moment où une partie grandissante de la droite française se "radicalisait". Résultat : il a raté son rendez-vous avec le peuple de France. La "dédiabolisation" n'aura donc servi à rien...

    C'est cette chute qu'analyse dans ce livre d'actualité Hubert de Mesmay, cadre historique du FN et ancien conseiller régional de PACA.

    Néanmoins, un revers peut servir de leçon. Une bonne raison de le lire...

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    Dans ce livre-entretien* qu’il a réalisé avec Jean-François Touzé, Carl Lang, Président du Parti de la France, expose le sens de son engagement et sa volonté de faire renaître une véritable Droite nationale, sociale, populaire, identitaire et européenne capable de défendre notre nation et de sauver notre civilisation…

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    * La parution de ce livre très attendu de Carl Lang, plusieurs fois différée, est imminente. Nous remercions les lecteurs qui l'ont commandé pour leur compréhension et leur patience.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2017/12/13/deux-nouveaux-bouquins-de-synthese-nationale-pour-noel-et-le-6007944.html

  • Partie I : L’ombre de l’aigle bicéphale germanique, une menace silencieuse

    L’adage « Rex est Imperator in regno suo », autrement dit, « le roi de France est empereur en son royaume » dénonce la volonté de consolider le positionnement du  roi de France durant l’époque de l’Europe médiévale, ainsi que dans son royaume. Cet adage est initialement attribué à Jean de Blanot, juriste du XIIIe siècle ayant œuvré à la justification et la réaffirmation du pouvoir du roi de France, et notamment de la souveraineté du royaume de France. Le siècle qui suit est le théâtre de nombreux événements majeurs dans l’histoire de l’Europe du moyen Age. En effet, nombreux sont les bouleversements politiques comme le déclin du Saint empire romain germanique ou la guerre de cent ans dont l’origine réside dans des querelles dynastiques entre la couronne de France et celle d’Angleterre. C’est donc un siècle rythmé par la guerre et les projets de reconquête, puisque la Reconquista de la péninsule ibérique entamée au XIIIe siècle se poursuit. C’est également le siècle de graves crises notamment de 1347 à 1350 où la peste et la famine frappent violemment les populations européennes, décimant entre un quart et un tiers de sa population. En outre, la notion même de souveraineté naît en 1215, à la suite de la bataille de Bouvines, lorsque le roi de France Philipe Auguste remporte la victoire face à la coalition menée par Jean sans terre et l’empereur Otton IV du Saint empire romain germanique. Cet événement dénote l’ambition de certains puissants monarques européens, cherchant à surpasser le pouvoir du roi de France dès le début du XIIIe siècle, qui s’accentue jusqu’au XIVe siècle et se trouve à l’origine de tensions entre les différentes grandes puissances, dont certaines sont en perte de vitesse et ainsi menacées de disparaitre. Ces tensions sont tout d’abord causées par un affaissement du pouvoir universaliste. Il est vrai, deux pouvoirs ont la prétention de tendre vers un modèle universaliste, à savoir d’une part le Saint empire romain germanique et d’autre part l’Eglise catholique romaine. Ces deux puissances aspirent à atteindre une supériorité incontestable face à certains puissants royaumes. Face à cette menace latente, certains royaumes se sentent menacés et cherchent à se protéger. Ainsi donc le royaume de France, qui veut se préserver des pouvoirs extérieurs et en particulier des deux pouvoirs universalistes. Il ne manque pas d’user de tous les moyens pour assurer sa protection. Cette lutte s’intensifie tout au long du siècle. Malgré la volonté de réformer l’Empire, les empereurs ne parviendront pas à réhabiliter leur suprématie d’antan. L’ultime tentative de réforme sera celle de Charles IV de Luxembourg et sa bulle d’or. Ultime échec. Durant le XIIIe siècle, le royaume de France subit de nombreuses mutations qui renforcent sa suprématie. Tout d’abord, le royaume parvient à s’étendre et à renforcer son autorité sur l’ensemble de son territoire. Ensuite, le roi réussit à affirmer son pouvoir. Cela permet à Philipe le bel d’asseoir sa politique royale au début du XIVe siècle et de signifier son hostilité au pouvoir papal, et donc d’accroitre le territoire du royaume afin de devenir la plus grande figure de l’Europe. Sous son règne, le royaume de France est à l’apogée de sa puissance à l’époque médiévale. Philippe le bel rencontre de grandes difficultés économiques et mène une politique d’expansion territoriale. Il est un roi insoumis à l’autorité de l’Eglise et cherche à lutter contre les pouvoirs qui coexistent tels que l’ordre des templiers. L’Empire est un rival de taille et ne peut pas être réellement vaincu militairement mais peut l’être idéologiquement. Le royaume de France cherche se préserver.

    Mais pour comprendre les contentieux doctrinaux qui demeurent entre ces deux géants il faut réaliser une brève autopsie des principes fondamentaux qui forment la dignité impériale. Ensuite, dans un second article il conviendra de traiter comment, par la suite, Philippe le bel va réaffirmer et argumenter  l’essence originelle du royaume de France face cet empire rival.

    Au regard de l’histoire, l’Empire romain, bien évidemment, ne va pas s’éteindre avec sa chute en 476. Bien au contraire, l’idée d’empire va survivre à Rome et dans toute l’Europe médiévale comme en témoignent les deux grands empires que sont l’Empire carolingien, mais surtout le Saint empire romain germanique fondé en 962 par Otton Ier qui se présente comme l’hériter de cet Empire. Ainsi, la chute institutionnelle de Rome ne signifie pas un irrémédiable effacement du modèle universaliste de gouvernement. L’idée d’empire va au fond survivre, et être reprise dans deux institutions : chez les peuples germains et dans l’Église romaine.

    Il convient d’examiner en quoi le Saint empire est le digne héritier de l’Empire romain antique, avant de s’intéresser au caractère universaliste contesté, conservé par ce même Saint empire.

    Il semble pour cela tout indiqué d’analyser la nature de cet empire qui fait de l’ombre au royaume de Philippe le bel. Pour mieux comprendre pourquoi il fut l’un de ses principaux et éternels rivaux, il faut s’intéresser aux fondements sur lesquels il repose.  

    Tout d’abord, « l’imperium romanum » affirme la romanité du Saint empire. Le Saint empire romain germanique, dès sa fondation, se présente comme la continuité de l’Empire romain : les empereurs germaniques se considèrent comme les légitimes successeurs de l’empereur romain. Ce fut précisément le cas de son créateur, Otton Ier, qui se fit proclamer seul et véritable empereur des romains et se présenta lui-même comme le successeur de l’empire romain d’occident. Son caractère impérial se révèle dans son titre qui est « imperator romanorum francorum ». En outre, le droit romain, qui est redécouvert au XIe siècle et étudié dans les universités des royaumes d’Italie, devient le droit de l’empire. Pour toutes ces raisons, le Saint empire romain germanique se considère comme l’incontestable héritier de ce passé romain. Cependant il ne s’agit là que du caractère politique et laïque. L’héritage romain se retrouve également dans le rapport que le Saint empire entretient avec la Sainte religion. 

    Le caractère chrétien de l’Empire est manifeste et primordial. Il s’agit d’ailleurs de son second fondement, l’ « imperium christianum et sacrum ». En effet l’empereur est présenté comme le protecteur de la foi. Cette fonction semble donc être indissociable de la personne de l’empereur. Initialement, l’Empire romain était polythéiste, mais avec un enchaînement d’événements, il se christianise. Tout commence en 311 avec la conversion au christianisme de l’empereur Constantin Ier, avant celle de tout l’empire sous le règne de Théodose Ier en 380, puisque le christianisme devient alors la religion officielle de l’empire. La caractéristique chrétienne de l’empire ne meurt pas avec sa chute en 476. Elle subsiste avec Charlemagne, qui se pose en souverain héritier des empereurs romains, et également en souverain chrétien. Celui-ci n’est pas seulement le défenseur des intérêts temporels et politiques des peuples germains, il veut également se présenter en tant qu’ultime protecteur de la Chrétienté. Finalement, cette vision de l’empire est en accord avec la thèse des deux royaumes de saint Augustin qui affirme que l’Empire romain est le vaisseau du christ et qu’il assure la protection du monde chrétien. Cette renaissance de l’Empire romain chrétien trouve son aboutissement lors du couronnement de Charlemagne comme empereur le 25 décembre 800, car c’est le pape Léon III qui exige son couronnement de ses mains permettant la « renovatio imperii ». Il est vrai que c’est bien le pape qui détient « l’imperium » car il a le pouvoir de nommer ou destituer l’empereur, et c’est ainsi ce qui renforce la légitimité chrétienne de l’empereur et de l’empire. Après le règne de Charlemagne, cette fonction de garant de la foi fera partie des caractéristiques propres de l’empereur du saint Empire.

    Enfin, le dernier fondement est exclusif à l’Empire et se nomme « l’imperium mundi ». C’est-à-dire le caractère universel de l’empire. En effet, se prétendant héritier de Rome, l’empereur se présente comme le monarque incontesté régnant sur un ensemble de royaumes. Ainsi les rois sont des vassaux de l’empereur car ils sont soumis à son autorité. De plus, le terme « empire » renvoie à une monarchie qui a comme projet de s’étendre car il ne connaît pas de limites géographiques. Cela peut se justifier par le fait que l’empereur est le « chef temporel du peuple chrétien ». Les empereurs du Saint empire,  se disent les continuateurs de l'Empire romain et carolingien et entendent exercer, même de façon théorique, leur autorité sur tous les territoires chrétiens de l'Europe occidentale. L'empereur doit apparaître comme le premier des princes occidentaux. En prenant exemple sur l'Empire carolingien, les empereurs ottoniens veulent se relier à l'Empire romain. Cette logique sera véhiculée tout au long de l’existence du Saint empire romain germanique. Cette vision universaliste de l’Empire sera un point contesté par le roi de France, qui a la volonté de renforcer l'institution royale et d'assurer sa suprématie sur toute autre puissance. C’est bien pour cela que Philippe le bel souhaite réaffirmer son statut de roi de France en rejetant tout pouvoir extérieur contraignant pour son règne.

    Les premiers à lutter contre la conception universaliste du Saint empire sont les spécialistes du droit canonique qui œuvrent pour la réforme grégorienne. Ils cherchent avant tout à affirmer les prétentions du Pape par rapport à celles de l’Empereur germanique. Les canonistes veulent affaiblir l’Empereur germanique et affirment pour cela qu’en Europe chrétienne, les rois ont les mêmes droits que l’Empereur germanique. Parmi ces puissants rois qui profitent des thèses canonistes, il y a le roi de France. Les juristes qui sont au service du roi de France, reprennent les travaux des canonistes et les adaptent au bénéfice de leur suzerain. Ils profitent de la réforme grégorienne pour justifier que le roi de France ne doit pas être soumis à l’emprise impériale. Ces mêmes juristes français utilisent, pour étayer leurs idées, le droit commun redécouvert au XIIe siècle et enseigné dans les universités. Dans le droit romain, ils retrouvent une notion, celle de « princeps ». C’est ainsi que s’appelaient les empereurs romains à la période classique sous le principat. Dans le droit romain, les juristes du XIIIe siècle au service du roi de France trouvent ainsi une formule leur permettant de constituer un argument non négligeable « quod principi placuit legis habet vigorem » soit « ce qui plait au prince a force de loi ». Cet adage est tiré de la pensée du jurisconsulte romain Ulpien. Il fonde la domination du roi dans son royaume, contre l’empereur germanique. L’idée se dégage que le roi de France est empereur en son royaume. Une légitimité issue des anciens écrits romains. Finalement le roi de France officialise son Indépendance grâce à deux ordonnances royales de 1304 et 1314 qui disposent que le roi de France ne peut se soumettre par des liens vassaliques à aucun autre suzerain.

    Après cette énonciation des trois grands fondements qui façonnent la nature propre du Saint empire, il est constable que l’ultime fondement, celui de l’universalisme pose un problème. Finalement, les deux premiers principes ne sont pas gênants pour l’exercice du pouvoir royal de Philippe le bel. Mais l’ultime principe heurte sa politique et les règles propre au royaume de France. Il existe, définitivement, un concours doctrinal. D’ailleurs c’est ce concours qui sera la source de bien des mots entre les deux géants. Le royaume de France n’est pas dépourvu d’arguments pour légitimer son indépendance et affirmer sa puissance face à l’aigle noir bicéphale, notamment grâce au passé du royaume franc qui lui donne une certaine légitimité.  Il conviendra donc de s’intéresser aux origines du royaume de France afin de comprendre le statut si particulier qu’il possède. Cela sera explicité dans une seconde partie.

    Michel du Hamel de Gélis

    http://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/2589-partie-i-l-ombre-de-l-aigle-bicephale-germanique-une-menace-silencieuse