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La recomposition du paysage politique français
À l’image des élections départementales, les toutes récentes élections régionales ont été d’une grande surprise lorsdu premier tour, et un désabusement le second tour. Néanmoins, loin des commentaires de bistrot que nous avons retrouvé sur les grands médias, il est intéressant de voir qu’avec le Front National, est en train de se recomposer le paysage politique français.Alors qu’au premier tour des élections régionales, le Front National était en tête dans de nombreuses régions de France, il n’a pu n’en gagner aucune lors du second tour. Il faut néanmoins relativiser cette défaite.Premièrement, parce qu’elle montre la faiblesse idéologique des partis au pouvoir, à savoir les libéraux (communément séparés entre socialistes et droite d’affaires mais convergeant autant sur le plan des mœurs, de l’Union européenne, de l’immigration que de l’ensemble des politiques publiques). La critique récurrente du Front National portant sur l’UMPS – ou LRPS – est bel et bien effective quand le Premier ministre d’obédience socialiste appelle à voter pour son prétendu rival afin de faire barrage au Front National. Surtout, elle montre la peur des partis dits « traditionnels » à ne pas pouvoir gagner seuls contre un « outsider » qui lui l’est bien (même s’il réunit jusqu’à 40% des votants), et s’obligeant ainsi à des alliances officiellement contre-nature afin de faire bloc. Ce n’est ni le PS ni LR qui a gagné seul mais bien une coalition de petits partis affidés qui permettent de faire la différence grâce au cumul des différents électoraux réunis.La seule victoire observée est celle de blocs soit total gauche, soit total droite, et même dans le cadre de deux régions, d’un total gauche-droite (et cela avec seulement dix points de plus que le Front National en bloc uni, ce qui n’est pas une victoire écrasante à l’image du 80/20 pour le second tour de l’élection présidentielle entre Chirac et Le Pen en 2002, mais bien une victoire relative).En second lieu, et malgré la propagande médiatique, il ne faut pas oublier que le Front National, même sans avoir la présidence d’une région, aura des conseillers régionaux dans toutes les régions de France métropolitaine, c’est-à-dire que sa représentation territoriale sera plus complète que pour celle du Parti Socialiste.Premier constat, entre les conseillers municipaux, départementaux et régionaux, le Front National, n’aura aucun mal à réunir les 500 signatures pour les élections de 2017. Ce score en progression montre aussi que la représentation territoriale de ce parti diabolisé est véritable, amenant jour après jour l’adéquation entre les intentions de vote et la représentation politique locale : gage d’enracinement et de structuration du vote, et non pas du vote contestation comme certains journalistes naïfs ou de mauvaise foi aiment à nous le faire croire.Mais alors pourquoi le Front National, premier parti de France dans ces différents scrutins (sans compter les élections européennes) n’arrive pas à franchir le cap du second tour ? Plusieurs éléments : il y a trop de variables dans le vote entre ceux qui votent seulement au second tour ou inversement, ceux qui s’abstiennent puis votent ensuite ou inversement, ceux qui n’ont pas de choix rationnel (PS puis LR par exemple), etc.Surtout, c’est la prise en compte du fait majoritaire qui entre en jeu ici : l’espoir né des élections régionales est lié au scrutin à la proportionnelle : l’idée même d’un scrutin à la proportionnelle est de représenter les petits partis, qui n’existeraient pas dans un scrutin majoritaire (comme Les Verts, le Modem ou d’autres listes marginales électoralement). C’est d’ailleurs la proportionnelle aux législatives de 1986 qui a permis d’obtenir 35 sièges pour le Front National, idée que Mitterrand va vite modifier pour revenir au fait majoritaire. Ce scrutin, s’il permet une meilleur représentation politique, est légitimement écarté pour éviter une instabilité ministérielle : le régime parlementaire se nourrit d’une assemblée stable liée à une forme de coalition (caricaturalement : les Britanniques ou les Allemands, pour des raisons différentes), et l’idée n’est pas de revenir à une IVème République.Aujourd’hui, le Front National n’est pas encore prêt pour gagner lors d’un fait majoritaire, ce que leurs rivaux ont bien compris. Mais ce qu’ils comprennent aussi, c’est que le Front National progresse élection après élection, et que la recomposition du paysage politique se fait à ce niveau-là notamment : le système du fait majoritaire amène à un système bipartisan : qui dit scrutin majoritaire dit en effet deux partis prépondérants. Ces élections (avec les élections départementales, puisque les européennes ont leur explication propre) mettent en avant le fait que – quoi qu’en disent les détracteurs – le Front National est en train de s’imposer dans le fait majoritaire. Dans ce système bipartisan, avec un « outsider » comme le Front National, c’est le jeu des chaises musicales, et ce sera nécessairement soit le PS soit LR qui sortira de ce jeu à deux partis majoritaires. Pour le moment, il semblerait que les socialistes soient à bout de course, mais rien n’interdit de penser que la recomposition du paysage politique se fasse de manière complète à droite.Revenons à notre idée de fait majoritaire, si l’entre-deux tours a été un choc pour les droitards comme pour les socialistes-libéraux, ils ont donc dû « s’associer » et faire bloc. Marine le sait. Nous pouvons donc nous attendre à un phénomène de coalitions pour les présidentielles. Marine Le Pen sait qu’elle devra récupérer un électorat supplémentaire (le Rassemblement bleu marine est plus que nécessaire), élément décisif dans la course du pouvoir. Là encore, rien n’interdit de penser que LR finisse sa course en 2017 en raison de probables défections dans son camp : entre ceux qui rallieront Marine, et ceux qui, désabusés par un Nicolas Sarkozy droitiste de circonstance, voudra « flirter » avec les idées FN pour maintenir un électorat de droite et donc perdre son électorat centre droit, qui sera légitimement dragué par les socialistes. De ce point de vue, on peut prêter cette stratégie aux socialistes de détruire LR afin d’amener aux présidentielles un second tour Marine Le Pen / François Hollande et rejouer la carte de 2002, seul moyen – aujourd’hui – pour Hollande d’être réélu…Cette recomposition se fait déjà dans le cadre du discours politique : quand Hollande et Valls parlent de l’immigration et Schengen, dans l’utilisation des mesures sécuritaires et liberticides, dans la rhétorique droitiste de manière globale au PS comme à LR, cette recomposition via une communication de façade est bien la transcription d’une opinion publique qui ne voit plus dans le FN un diable nazi-facho-antisémite mais bien un parti capable de répondre aux aspirations et aux inquiétudes du peuple français face à l’immigration, la sécurité, la précarité, l’Europe et la mondialisation.En conclusion, c’est bien sûr une déception de voir le FN être à deux doigts de remporter une région, mais cela laisse seulement augurer des jours meilleurs pour certes la progression électorale de ce parti, qui en cinq ans a doublé, voir dans certaines régions tripler son score, mais surtout la progression des idées patriotes.Il est à noter qu’aujourd’hui un tiers des français n’hésite plus à dire ouvertement non à l’immigration et au diktat européen. Le vote front national qui en est aujourd’hui la plus concrète expression, ne doit en aucun cas laisser place à des illusions.Même si le Front National arrive demain au pouvoir, la recherche du bien commun pour le peuple français est encore un long chemin à parcourir. -
Régionales 2015 : le FN trébuche mais engrange
Nicolas Sarkozy semble avoir définitivement loupé son come-back et Marine Le Pen poursuit son irrésistible ascension.
C’était la grande inconnue de cette soirée électorale : combien de régions le Front national allait-il emporter ? Quatre, trois, deux, une ? Ou zéro… C’est la dernière option qui est finalement sortie des urnes.
En région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le mouvement lepéniste trébuche (42,75 % pour Marine Le Pen contre 57,5 % pour Xavier Bertrand, tandis qu’en région PACA, l’écart se resserre (45 % pour Marion Maréchal-Le Pen contre 55 % à Christian Estrosi). On notera néanmoins que le Front national se présentait seul face à une coalition rassemblant la totalité des autres formations en présence. Bref, si échec il y a, ce dernier demeure malgré tout éminemment relatif.
Dans les autres régions, ce même mouvement se battait en triangulaires. Là, il augmente ses résultats presque partout, à la notoire exception de l’Île-de-France et arrive en deuxième position dans trois régions et triple le nombre de ses conseillers régionaux. -
Sept Leçons du deuxième tour des régionales
Jean-Yves Le Gallou, président de Polémia.
♦ 1-En nombre de voix le FN bat son score historique
Le FN a réuni 6 millions de voix au premier tour des élections régionales. Il a progressé partout entre les deux tours (sauf en Ile-de-France) et a réuni 6,8 millions d’électeurs le 13 décembre : un record absolu supérieur de 400.000 voix au précédent record de 6,4 millions de voix de la présidentielles de 2012 alors même qu’il y a dix millions et demi de votants en moins. Comme le note la politologue Nona Meyer : « La notion de plafond de verre est très relative en politique. Le FN progresse lentement, mais sûrement. »
2- La capacité de barrage des médias de propagande reste déterminante
Pour Gilbert Collard : le FN était « seul » face à une « coalition de propagande époustouflante ». Pour Robert Ménard : « Une semaine de matraquage nord-coréen a permis, provisoirement, de repousser le FN ». Alors que l’enjeu des élections régionales est faible aux yeux des électeurs, le nombre des votants a progressé de 17% d’un tour à l’autre. Et les électeurs de gauche du premier tour se sont mobilisés pour assurer la défaite du FN en Provence comme dans le Grand Nord et le Grand Est. Le discours de peur de Manuel Valls sur « la guerre civile » a porté ses fruits.
3- Au FN, les discours les plus identitaires sont les plus efficaces
Seule Marion Maréchal Le Pen dépasse 45% des voix. Et c’est dans sa région que le FN dépasse 50% des voix dans un département : le Vaucluse. Or c’est elle qui a tenu les discours les plus convaincus (et donc convaincants) en termes d’identité et de valeurs. Son discours transgressif lui a permis de siphonner une partie de l’électorat de l’ex-UMP alors même que la Provence est démographiquement la région la plus âgée de France, ce qui est un vrai handicap pour le FN. A contrario, Wallerand de Saint-Just, qui a défendu une ligne mollassonne et tenté de séduire l’électorat des banlieues de l’immigration, réalise une grosse contreperformance au premier comme au second tour : c’est le seul candidat FN qui perd des voix en nombre absolu d’un tour à l’autre, alors que partout ailleurs, même dans des triangulaires serrées, le FN gagne des voix en nombre absolu. Même en Corse dans le cadre d’une quadrangulaire.
4- Chez les Républicains, la balance penche aussi vers les candidats les plus droitiers
A l’exception de Morin (UDI) tous les vainqueurs face au PS – Retailleau, Pécresse, Wauquiez – se sont affichés avec la Manif pour Tous (LMPT). C’est le candidat le plus « marqué », Wauquiez, qui est élu avec l’avance la plus forte. La candidate au serre-tête, Pécresse, a, quant à elle, bénéficié, d’un côté, des faiblesses de Wallerand de Saint-Just et, de l’autre, des déclarations de Bartolone sur la « race blanche ». A contrario les candidats centristes sont battus en Bourgogne/ Franche-Comté et Centre/Val-de-Loire.
5- Les Corses réusissent un vote transgressif
Les vieux partis mordent la poussière en Corse et les autonomistes, alliés aux indépendantistes, l’emportent, avec seulement 35% des voix, mais en l’absence de tout front républicain et sans que les médias ne viennent perturber le jeu !
6- Les séquences électorales se rassemblent
Depuis 30 ans le même schéma se reproduit quasi à l’identique : séisme FN au premier tour, mobilisation « républicaine » et médiatique entre les deux tours, absence ou échec du FN au deuxième tour. Et soirée électorale où UMP et PS font mine de s’affronter et promettent de nouveaux projets. Lassant…
7- Pour le moment le MIM survit
Au final le MIM –le mondialisme immigrationnisme marchand – sauve les meubles. La superclasse mondiale garde le contrôle de la situation grâce à la puissance de l’appareil d’ahurissement médiatique. Jusqu’à quand ?
Jean-Yves Le Gallou, 14/12/2015
http://www.polemia.com/sept-lecons-du-deuxieme-tour-des-regionales/
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JT du lundi 14/12/2015 - spécial élections régionales
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Il est satisfaisant que le meilleur résultat pour le FN ait été obtenu en PACA
Extrait d'un communiqué de l’Institut du Pays Libre sur les élections :
1) Il est satisfaisant que le meilleur résultat, et de loin, pour le Front National ait été obtenu en PACA où Marion Maréchal a mené avec un très grand talent et beaucoup de courage une campagne fondée sur la promotion des valeurs d’universalité et d’enracinement de ce qui demeure de civilisation française et chrétienne, notamment dans son identité provençale. Elle a été la plus en vue des têtes de listes et la première à oser égratigner un peu, avec la remise en cause du rôle pervers du planning familial, le mystérieux tabou sans doute d’essence idéologico-religieuse de l’avortement. Car pèse encore de fait l’interdiction menaçante de manifester le choix de sauver des vies innocentes plutôt que de leur dénier le droit de naître.
2) Les partis confédérés de l’établissement n’ont remporté les scrutins qu’en raison d’un véritable déni de démocratie authentique et d’un détournement idéologique totalitaire de la République assorti des fulminations intimidatrices et véritablement terroristes de M. Valls dans sa constance robespierriste.
3) Trois élus dits de droite, Mrs. Bertrand, Estrosi et Richert et les cinq élus socialistes l’ont été grâce aux voix du parti communiste et de la nébuleuse marxiste-léniniste et mélenchonnienne. [...]"
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Régionales : le lâche soulagement du système
7 régions pour les Républicains, 5 pour la gauche, la Corse aux régionalistes. La classe politico-médiatique affiche son soulagement de ne voir aucune région passer au FN.
C’est peu dire que l’entre-deux tours aura mobilisé l’ensemble de la classe politico-médiatique autour du vrai danger qui nous menace. Pas le terrorisme islamique, pas la submersion migratoire, pas le chômage de masse, pas la crise économique… le vrai danger, c’est bien sûr que 6,6 millions d’électeurs ne puissent obtenir une représentation, ne serait-ce qu’au niveau local.
Appel à la mobilisation des abstentionnistes, manœuvres d’appareil et alliances contre-nature, spectre de la crise ou de la guerre civile agité en tous sens, rien n’aura été épargné pour « faire barrage » au FN.
« Un sursaut citoyen » pour l’Humanité, « soulagés, mais… » pour Libération, « Sept à droite, cinq à gauche » pour Ouest France, « la victoire des gens du nord » pour La voix du Nord, « le sursaut/la claque » (avec respectivement les photos de Manuel Valls et Marine Le Pen) pour le Dauphiné, le soulagement se lit dans les unes des quotidiens.Du côté des politiques, la modestie est de mise, sur thème de « on a entendu l’avertissement, rien ne sera plus comme avant », à commencer par Manuel Valls qui a souhaité dimanche soir que « la politique ne reprenne pas comme avant ». Martine Aubry estime que « Ce soir, personne n’a gagné ! » et la socialiste Marie-Guite Dufay, vainqueur de justesse en Bourgogne-Franche-Comté parle de « victoire chèrement acquise ». Christian Estrosi, vainqueur face à Marion Maréchal Le Pen, prend sa victoire avec « beaucoup de modestie », mais annonce déjà trouver des solutions pour.
C’est Marion Maréchal Le Pen qui a le mot juste :
Il y a des victoires qui font honte aux vainqueurs.
Et l’annonce de son adversaire qui veut « veiller à ce que ceux qui ne seront pas entendus pendant six ans puissent aussi être entendus », en clair associer ses anciens adversaires socialistes à son mandat lui donne raison et jette déjà le voile des combinaisons d’appareil sur les belles déclarations de changement. Impression confirmée par les déclarations de Ségolène Royal qui appelle à « repenser la gouvernance là où la gauche s’est désistée »…
Le Front national a dépassé dimanche d’au moins 200 000 voix au second tour des régionales son record historique du premier tour de la présidentielle 2012, à environ 6,6 millions de voix et devrait obtenir environ 350 conseillers régionaux. Pour autant, Marine Le Pen peut bien se féliciter de « l’avance inexorable » de son parti et poser le FN en « premier parti d’opposition », la frustration de ses électeurs… et de ses cadres reste palpable et va continuer à peser sur le débat politique.
Combien de temps encore le fameux plafond de verre va-t-il tenir le FN aux marges du pouvoir ?http://fr.novopress.info/196133/regionales-lache-soulagement-du-systeme/#more-196133
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La Croix : « La défaite pour tous ? »
Remarques sur un article de La Croix de ce matin concernant les élections régionales.
- « La défaite pour tous » : l’expression du titre de l’article est amusante mais elle ne restera pas dans l’histoire comme Le mariage pour tous ou encore La manif pour tous. Elle est surtout biaisée si l’on veut vraiment rendre compte de la réalité de l’électorat en France. Pour l’approcher il faut confronter les suffrages respectifs des élections régionales de 2010 et ceux du scrutin d’hier. Si l’on s’en tient aux résultats des deuxièmes tours respectifs, nous observons ce qui suit.
- La Gauche et ses alliés avaient obtenu 11 456 758 suffrages en 2010 ; ils n’en ont obtenus que 7 806 562 en 2015, soit une perte de 3 650 196 électeurs (- 31,86 %).
- La Droite et ses alliés avaient obtenu 7 497 649 suffrages en 2010 ; ils n’en ont obtenus que 6 884 785, soit une perte de 612 864 électeurs (- 8,18 %).
- Le Front National avait obtenu 1 943 307 suffrages en 2010 ; il en a obtenu 6 705 864, soit en gain de 4 762 124 (+ 71,02 %).
- L’infographie de La Croix se distingue de celle de la plupart de ses confrères de la presse écrite et télévisuelle. Cette dernière a donné comme code couleur au Front National un bleu foncé qui se distingue sans difficulté du bleu clair affecté au parti Les Républicains. Chez La Croix, le bleu foncé est remplacé par une couleur “brune”. Un détail, si j’ose m’exprimer ainsi, mais qui pourrait en dire long…
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
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Quand les démocraties représentatives ont peur du référendum...
La démocratie représentative n’est pas la seule forme de démocratie possible, comme l’ont jadis prouvé les inventeurs athéniens du mot qui, dès les origines de ce mode d’expression et de décision politique, ont produit les critiques les plus vives, les plus circonstanciées comme les plus injustes parfois, de ce système. A Athènes, c’était une forme de démocratie directe qui prévalait, les décisions prises par le démos à l’Ecclésia s’imposant à tous les citoyens, pour le meilleur comme pour le pire : s’il avait eu ses grandes et belles heures, ce système avait aussi mené à la perte de la cité par des votes inconsidérés et cette « arrogance démocratique » que l’on retrouve parfois aussi dans nos propres sociétés et dans une histoire pas si lointaine que cela. Mais cette participation directe des citoyens à la prise de décisions avait au moins le mérite de donner aux Athéniens eux-mêmes la responsabilité de leurs actes, et elle ne me semble pas totalement illégitime même si j’en connais et reconnais les risques et les conséquences dans l’histoire, et s’il me semble qu’elle doit être « arbitrée » par un Etat souverain et légitime. D’ailleurs, cette forme de participation directe des citoyens à la prise de décision (et pas seulement politique) me semblerait fort judicieuse et encore plus légitime si elle s’appliquait à l’échelon des quartiers, des communes ou des provinces (terme que je préfère à celui de région, malgré ses racines latines peu glorieuses, puisque les Romains rappelaient ainsi aux provinciaux que ces derniers descendaient des vaincus…), sur des questions d’aménagement du territoire ou d’urbanisme, de gestion locale ou de financement des politiques de proximité, etc.
Mais il semble que nos démocraties d’aujourd’hui, représentatives et oligarchiques, n’aiment guère cette démocratie directe, voyant dans le référendum une atteinte à leur pouvoir et, même, à leur légitimité : en France, le dernier référendum, celui de 2005, a laissé sur la joue des classes politiques et médiatiques dominantes une marque encore brûlante que, honteux, les perdants d’alors qualifient de « populiste ». L’Union Européenne elle-même n’aime pas plus cet appel au peuple que, déjà, Robespierre dénonçait comme une sorte de procédé contre-révolutionnaire, à l’époque pour sauver le roi condamné par la Convention. Sans doute est-ce cette défiance qui a permis de passer sous silence le référendum qui vient d’avoir lieu au royaume du Danemark la semaine dernière, et qui, pourtant, revêt une certaine importance pour qui croit dans les libertés et leur mise en pratique…
En effet, les Danois devaient décider s’ils souhaitaient que leur pays soit associé plus étroitement aux politiques de sécurité et de justice de l’Union Européenne, et les grands partis de droite et de gauche, dits modérés, libéraux ou sociaux-démocrates, avaient appelé à voter Oui, quand les partis dits populistes ou marginaux militaient pour le Non. En fait, ce référendum, s’il y avait été répondu Oui, pouvait mettre fin aux dérogations dont bénéficient le royaume du Danemark depuis son entrée dans l’Union (alors simple Communauté économique), confirmées dans les années 1990, et les électeurs danois, dans leur majorité, y ont vu un risque d’intégration trop poussée dans un ensemble dont ils continuent de se méfier. Ainsi, 53 % des électeurs danois (avec une participation de 70 % des électeurs inscrits) ont rejeté le projet gouvernemental et européen, préférant garder au pays ses prérogatives régaliennes plutôt que de lâcher la proie pour l’ombre, surtout en cette période de renoncement européen à la maîtrise de son destin, renoncement démenti par les institutions et les gouvernements de l’UE mais bien visible aux yeux des habitants européens et, parfois, mal vécus par ceux-ci.
Ce qui est tout de même incroyable, c’est que ce référendum, pourtant intéressant pour savoir ce que pense concrètement l’opinion publique majoritaire d’une nation d’Europe et utile pour les débats qu’il a engendrés dans ce pays scandinave sur l’Union Européenne et son rôle mais aussi ses limites, n’a eu aucun écho en France, si ce n’est quelques rares dépêches, et aucune analyse sérieuse n’est apparue dans les colonnes de la grande presse ! Pourtant, ce royaume de 5,7 millions d’habitants est un membre à part entière de l’Union et le débat initié et réglé par un vote portait sur des questions importantes pour les citoyens et les libertés en Europe.
En fait, comme je l’ai déjà évoqué plus haut, nos démocraties représentatives n’aiment pas vraiment cette « concurrence du peuple » envers les représentants, parlementaires et gouvernements, qui sont les grands gagnants et véritables maîtres de nos pays par le biais de leurs chambres (qu’elles se nomment assemblée nationale, sénat ou diète) et de leurs bureaux ministériels et administratifs : c’est lors des référendums que la dichotomie « pays réel-pays légal », popularisée par Maurras au XXe siècle, apparaît parfois la plus nette, et elle n’est ni à l’avantage ni à l’honneur des démocraties contemporaines qui se prétendent « pouvoir du peuple » quand elles sont surtout l’éteignoir des espérances des populations qui, en représailles, n’écoutent plus les discours officiels et rentrent « en dissidence » par tous les moyens, même légaux... Grèce, France, Danemark en sont quelques illustrations récentes.
Cette peur du référendum qui traverse nos démocraties représentatives, et en particulier la République française (qui semble ne s’être jamais remise de l’affront gaullien aux partis et politiciens par ce court-circuitage référendaire des jeux parlementaires), n’est pas mienne, et je continue à penser qu’il peut être un bon moyen d’associer(et je parle là du niveau national et plus seulement du niveau local) les citoyens au gouvernement de la Cité. Ce n’est pas pour autant une fin mais bien un moyen, et j’insiste sur ce point. Que la Monarchie danoise soit moins frileuse à l’égard du recours à la démocratie directe (déjà 8 référendums depuis 1972, principalement sur l’Europe) que notre République en dit long sur les blocages de cette dernière…
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Le vent du boulet
A un peu moins de 500 jours de la présidentielle, ce second tour des élections régionales a confirmé ce que le FN, qui là encore avait anticipé les nouvelles fractures et recompositions, affirmait au lendemain de la chute du mur de Berlin et que Marine Le Pen a rappelé hier soir. A savoir que le grand clivage politique structurant n’est pas celui, artificiel, qui est vendu, promu par le microcosme politico-médiatique. La réalité réside bien évidemment dans celui qui oppose, d’un côté, les défenseurs des identités et des souverainetés nationales, et de l’autre, les internationalistes de gauche comme de droite, les sans-frontiéristes, les ultra-libre échangistes, les immigrationnistes. La présidente du FN l’a déclaré depuis Hénin-Beaumont, «en triplant le nombre de nos conseillers régionaux élus, le FN sera la première force d’opposition dans la plupart des conseils régionaux de France (…). Le premier tour a bel et bien montré que nous sommes entrés dans un bipartisme qui va désormais organiser la vie politique : mondialistes contre les patriotes. Cette distinction sera le grand enjeu, le grand choix politique de la présidentielle (…). »
Au second tour des élections régionales du 21 mars 2010, marqué par un taux abstention de 48,70%, les listes Front National avaient obtenu 1 943 307 voix (9,17% des suffrages exprimés) et 118 élus. Hier avec une abstention bien moindre de 41.56% (elle dépassait les 50% le 6 décembre) le Front National bat son record absolu de suffrages, devant le score obtenu par Marine à la présidentielle de 2012. Les listes frontistes ont réuni ce dimanche un total de 6 820 147 voix (27,36% des suffrages exprimés), progressant de plus de 800 000 voix entre les deux tours !
Certes l’alliance fraternelle entre le parti sarkozyste, le PS et leurs satellites dans les régions menacées par le FN, la mobilisation dans certaines régions d’un électorat désireux parfois, au nom du vote utile, de faire barrage à la gauche la plus visiblement sectaire (contre Bartolone en Ile-de-France notamment) ont pesé sur les résultats. Ce fut le cas aussi de la campagne d’Etat, médiatique, de mensonges, de calomnies contre le FN ; l’activation des réseaux clientélistes et communautaristes, ont aussi permis à la gauche et à la droite de se partager les exécutifs régionaux -respectivement 5 à la gauche et ses alliés et 7 à l’alliance LR-UDI-Modem.
Bien sûr, cette hystérie anti FN qui a été de mise ces derniers jours, cette volonté de sidération des électeurs, ne doit pas nous exonérer d’un travail introspectif pour réussir à séduire davantage de Français, pour affiner nos propositions, notre communication, en un mot pour être encore plus performant.
Pour le reste, le lyrisme de pacotille de nos adversaires trompe de moins en moins de monde. A ce petit jeux là Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira et BHL tiennent la corde. Ce dernier écrivait hier : « Nation en danger, vent du boulet, état d’urgence : toutes ces images sont bonnes pour dire le ressaisissement, ce soir, de notre pays »
Quelques jours auparavant, l’épouse d’Alexandre Adler, la « philosophe » Blandine Kriegel, fille de député stalinien, ancienne de l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, ex présidente du Haut conseil à l’intégration pondait une tribune dans l’Obs assez (involontairement) tordante…mais révélatrice de la confusion intellectuelle des élites-de-la-république . Ou à tout le moins de leur duplicité.
Filant la comparaison à partir de la famesue saga de George Lucas, Star Wars (Les guerres de l’étoile) Mme Kriegel notait: «Au moment où le côté obscur du Front National usurpe, comme le sénateur Palpatine, le discours républicain pour mettre, par la montée de la haine et de la peur, un terme à la République et établir le despotisme, Star Wars nous invite à (…) la défendre (…).Le génie de Lucas est de montrer que la lutte entre la République et l’Empire, ce combat entre le bien et le mal en politique, passe pour chacun de nous par des choix individuels fondamentaux» : «Le film réhabilite un héroïsme oublié qui n’est pas celui du surhomme, du côté obscur de Dark Vador ou de l’Empereur, mais celui des résistants défendant les libertés.» Précisément Mme Kriegel ! Vous maniez l’inversion accusatoire mais l’empire, ne vous en déplaise, s’incarne, se retrouve dans les actions et le comportement de vos amis politiques, pas chez les nôtres…
Quant à Périco Legasse, dans le dernier numéro de Marianne, il éreintait avec la manière la fumisterie mensongère des harangues du Premier ministre et des partis du Système : « Un peu facile de crier au loup pour sauver les meubles et de prédire le pire pour remonter dans les sondages. Faire peur, en appeler à la panique nationale, quitte à mentir un peu et à trahir beaucoup, pour détourner la colère populaire, c’est la base même du fascisme. Quelle est la politique qui peut aujourd’hui conduire à la guerre civile? Qui est au pouvoir depuis 40 ans en général et 4 ans en particulier et nous a conduit à la situation actuelle? Qui s’est essuyé les pieds sur le référendum de 2005 quand 55% des Français avaient voté non à un traité constitutionnel mettant l’Europe sous l’emprise de Goldman Sachs et des marchés financiers dirigés depuis Wall Street? Qui a réduit l’école de la République à une machine à fabriquer des analphabètes? Qui… ». Difficle pour quelqu’un de bonne foi, note Bruno Gollnisch de ne pas adhérer à ce qu’écrit ici M. Lagasse
Pour ce qui est des résultats plus détaillés, de ce second tour, en Nord-Pas-de-Calais-Picardieles listes conduites par Marine Le Pen obtiennent 42,33% des suffrages (54 sièges) face à la coalition emmenée par Xavier Bertrand (57,77%, 116 sièges)
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le FN enregistre son meilleur score avec 45,22% des voix (42 sièges) pour les listes de Marion Maréchal-Le Pen face au candidat de la LRPS et de ses alliés Christian Estrosi (54,78%, 81 sièges).
L’Alsace -Champagne-Ardenne-Lorraine a vu plus d’un électeurs sur trois voter FN, les listes conduites par Florian Philippot ayant dépassé les 36% (36,08%, 46 sièges), devant le socialiste Jean-Pierre Masseret (15,51%, 19 sièges) mais derrière le candidat de droite Philippe Richert (48,40%, 104 sièges)
En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées les listes frontistes conduites par Louis Aliot totalise 33,87% des voix (40 sièges) derrière la candidate de la gauche Carole Delga (44,81%, 93 sièges) mais devant le candidat sarkozyste Dominique Reynié (21,32%, 25 sièges)
La Bourgogne -Franche-Comté place aussi (d’un cheveu) la gauche à la tête de l’exécutif régional mais les listes FN de Sophie Montel progressent elles aussi (32,44%, 24 élus) dans un mouchoir de poche avec le candidat de la droite et du centre François Sauvadet (32,89%, 25 sièges). La candidate de la gauche Marie-Guite Dufay engrange 34,68% des voix (51 sièges)
Le Centre-Val de Loire permet aussi au FN de passer la barre des 30% les listes de Philippe Loiseau ont bien résisté au choc du second tour (30%, 17 élus) face au sortant socialiste François Bonneau (35,43%, 40 élus) et à celui du LR-UDI-MoDem Philippe Vigier (34,58%, 20 élus).
La Normandie réunifiée voit le centriste Hervé Morin l’emporter d’une courte tête (36,4 »%, 54 sièges,) face au candidat de gauche Nicolas Mayer-Rossignol (36,08%, 27 sièges). Le frontiste Nicolas Bay réalise un très beau 27, 50% des voix (21 élus).
En Auvergne -Rhône-Alpes, les listes frontistes de notre ami Christophe Boudot progressent elles aussi en nombre de voix et totalisent 22,53% des suffrages (34 élus). Laurent Wauquiez (LR-UDI-MoDem) obtient 40,61% (113 sièges), le socialiste Jean-Jack Queyranne 36,84% (57 sièges).
L’Aquitaine – Limousin – Poitou-Charentes voir le retour du FN et d’un cadre chevronné en la personne de Jacques Colombier dont les listes totalisent 21,67% de suffrages exprimés (29 élus). La gauche l’emporte cependant avec Alain Rousset (44,27%, 107 sièges). L’adjointe du maire de Bordeaux, Virginie Calmels (LR-UDI-MoDem) obtient 34,06% (47 sièges)
Elle aussi Terre de mission du FN, la Bretagne enregistre une poussé nationale. Les listes FN de Gilles Pennelle enregistrent 18, 87% (12 sièges). Le ministre socialiste Jean-Yves le Drian s’impose largement (51,41%, 53 sièges) devant le candidat de droite Marc Le Fur (29,72%, 18 élus).
En Ile-de-France, les attaques sur le thème de « la race blanche » -voir notre blogue- de son concurrent socialiste ont certainement permis à Valérie Pécresse de l’emporter, peut être même avec l’appoint de voix d’électeurs FN du premier tour. La candidate LR-UDI-MoDem engrange 43,80% des voix (121 sièges) devant le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone (42,18%, 66 sièges) et le trésorier du FN Wallerand de Saint-Just (14, 02%, 22 élus) qui signe ainsi le retour de l’opposition nationale dans cet hémicycle régional.
En, Corse, le frontiste Christophe Canioni (9,09%, 4 élus) fait son entrée dans l’assemblée régionale, au cours d’une élection remportée pour la première fois par le régionaliste Gilles Siméoni devant les candidats de gauche et de droite, Paul Giacobbi et José Rossi.
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Les incontournables pour gagner : convictions, courage et clarté sur les questions de société et la famille
Communiqué de La Manif Pour Tous :
"A l’issue du 2ème tour des élections régionales, La Manif Pour Tous tire des enseignements majeurs de ce scrutin. Elle félicite tous les conseillers régionaux élus ce soir, quelle que soit leur étiquette politique, et qui assument être favorables au mariage Homme-Femme et opposés à la PMA "sans père" et à la GPA.
Manifestement, il valait mieux être au clair sur ses convictions sociétales pour l’emporter ce soir. En effet, les meetings « Questions pour un président de région » organisés par La Manif Pour Tous dans les nouvelles capitales régionales ont visiblement beaucoup compté dans les résultats. Ainsi, dans les 9 régions concernées par cette opération, les candidats qui ont accepté de venir s’exprimer devant les sympathisants de La Manif Pour Tous ont rassemblé en moyenne 57% des voix. Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Valérie Pécresse, Hervé Morin : tous les candidats de droite élus sans soutien de gauche ont participé à ces meetings. Et ils ont pris des engagements en faveur de la famille et de l’enfant pendant cette campagne. La Manif Pour Tous sera très vigilante sur leur mise en œuvre, notamment en matière d’attribution de subventions.
Il faut désormais compter avec les familles qui se sont imposées dans ces élections. Claude Bartolone l’a appris à ses dépend en commettant une faute politique qui contribue à expliquer sa défaite : insulter La Manif Pour Tous et les familles attachées à l’altérite homme-femme et au droit de chaque enfant de ne pas être délibérément fait orphelin de père ou mère par la PMA ou la GPA.
Aussi, après le succès de l’opération « Questions pour un président de région » qui a également permis d’intéresser les Français à ce scrutin et à lutter contre l’abstention, La Manif Pour Tous poursuit sa route vers 2017 pour faire gagner la famille et l’enfant. Il faudra pour cela revenir sur la loi Taubira. Les Français le veulent. Les politiques ont la responsabilité d’y répondre sans tarder."
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