Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

élections - Page 540

  • Marine Le Pen porte haut les ambitions du FN

     

    À Brachay (Haute-Marne) ce village qui lui a offert son plus haut score au premier tour de la présidentielle 2012 (72 %), Marine Le Pen est revenue samedi dernier sur des sujets d’actualité, l’immigration et le terrorisme.

    À quelques mois des régionales, la tête de liste FN dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie n’a pas caché ses ambitions.

    Dès décembre prochain, nous pouvons préparer l’avenir et montrer la voie, transformer les élections régionales en aurore du renouveau national. Après, il restera 16 mois avant la mère de toutes les élections pour que le peuple français redevienne maître chez lui, le seul et véritable acteur de son destin.

    a jugé Mme Le Pen. Concernant la « déferlante migratoire » qui s’abat sur l’Europe, « Tout a été fait sous Sarkozy et Hollande pour que cette vague grossisse » pour Marine Le Pen.

    Ils ne vous le disent pas et pourtant la situation de l’immigration est aujourd’hui en France totalement hors de contrôle. L’immigration était déjà gigantesque sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy (…), tout a été fait sous Nicolas Sarkozy et François Hollande pour que cette vague grossisse, prenne du corps et aujourd’hui déferle à pleine vitesse sur notre pays.

    À propos de la vague de terrorisme islamique qui frappe la France, elle

    demande que l’on mette l’islam radical à genoux, et je le ferai toujours. Expulsons les étrangers islamistes, fermons les mosquées radicales. Et nous expulserons les imams étrangers qui sont à leurs têtes.

    Elle n’a pas oublié de fustiger Hollande, « Président fainéant ». « La situation de la France sous la présidence Hollande ce n’est plus la simple dégradation : c’est la déchéance complète. Ce n’est plus la France des oubliés, la France elle-même est oubliée » a lancé la dirigeante du FN, qui s’est aussi attardée sur la crise agricole, avec les « agriculteurs asphyxiés, une concurrence étrangère féroce, des prix qui ne permettent plus de vivre, des travailleurs détachés venant de l’Est », mais aussi une critique contre la politique de sanctions envers la Russie.

    http://fr.novopress.info/

  • Le Front National est le réceptacle par défaut de la Manif pour tous

    C'est l'analyse du sondeur Jérôme Sainte-Marie (Louis hHrris, BVA, PollingVox) qui répond dans le Figaro à propos du vote FN chez le catholiques: 

    "En dépit de la prudence de la direction du Front national lors de la contestation de la loi Taubira, la Manif pour tous a construit un espace commun [entre FN et LR]. Toute une jeune génération de militants, et donc sans doute de futurs cadres politiques, s'est construite dans ce mouvement. Les Républicains n'en sont pas le réceptacle naturel, du fait de leurs ambiguïtés sur le dossier.

    C'est un peu par défaut que le Front national en est le bénéficiaire. Les scores élevés de ses listes aux européennes dans l'ouest francilien en furent le signe. C'est une sorte de revival des années 1980, lorsque le parti de Jean-Marie Le Pen prospérait parmi les milieux catholiques mobilisés contre la loi Savary sur l'enseignement. Certaines personnalités frontistes comme Marion Maréchal-Le Pen s'inscrivent dans cette logique. L'exaltation des identités particulières qui fleurit ces dernières années en France a réveillé celle du catholicisme politique, l'actualité internationale fait le reste. Il y a donc une cohérence à ce que le vote catholique ne soit plus un obstacle à la progression du Front national."

    Philippe Carhon

  • Les évêques et le Front National : le tournant

    La polémique orchestrée par les opposants à la venue de Marion Maréchal Le Pen à l'Université d'été de l'Observatoire socio-politique du diocèse de Fréjus-Toulon est intéressante à plus d'un titre. Elle signe la fin d'une omerta injuste à l'égard d'un parti qui n'est certainement pas pire que les autres, en regard des principes non négociables. 3 principes qui "apparaissent aujourd'hui de manière claire"selon Benoît XVI en 2006, à ne pas confondre avec un magma d'idées vraiment peu claires...

    Ce changement d'attitude, opéré grâce au courageux Mgr Dominique Rey, estsignificatif du changement de génération observé depuis quelques années et manifesté notamment lors des immenses manifestations du printemps des consciences à l'occasion du passage en force de la loi Taubira.

    Unknown-21Lors de la création du Salon Beige, il y a déjà plus de 10 ans, nous avions notamment (mais pas seulement) pour ambition de sortir des clivages divisant les catholiques, sans tomber pour autant dans un relativisme. Afin d'unir les catholiques dans le combat commun.

    Dans le domaine liturgique, le motu proprio de Benoît XVISummorum Pontificum a permis de reconnaître pleinement les catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite romain, permettant ainsi l'unité des forces vives de l'Eglise. Cette unité n'est pas achevée mais un pas immense a été franchi.

    Sur le plan politique, La Manif Pour Tous a révélé le besoin de la jeunesse de France de sortir du politiquement correct, de l'embrigadement des médias et des partis, quels qu'ils soient, du désir de replacer le bien commun au-delà du militantisme politicien. Visiblement, certains, comme les derniers de Témoignage chrétien, n'ont pas encore compris que nous avions changé d'époque et de génération. Ils n'ont pas compris que nous ne sommes pas effrayé par leur diabolisation, leur omerta, leur cordon sanitaire et autre front républicain.

    Unknown-20Contrairement à ce qu'écrit Guillaume Goubert dans La Croix (ce même journal qui loue l'homosexualisme), "l'accueil de l'étranger" n'est pas une "conviction non négociable" et Marion Maréchal Le Pen l'a rappelé elle-même samedi en citant le message de Benoit XVI à l'occasion de la journée mondiale du migrant :

    "chaque État a le droit de réguler les flux migratoires et de mettre en œuvre des politiques dictées par les exigences générales du bien commun, mais toujours en garantissant le respect de la dignité de chaque personne humaine."

    Nous avons déjà montré que le concept de préférence nationale est compatible avec la doctrine sociale de l'Eglise. Concernant l'immigration et l'islam, car ces 2 sujets sont liés, un prêtre catholique irakien, le P. Douglas al-Bazi, a invité les catholiques italiens à se réveiller, lors du « Meeting pour l’amitié entre les peuples » organisé chaque année à Rimini par Communion et Libération (avec 800 000 participants) :

    « S’il vous plaît… S’il y a encore quelqu’un qui pense que l’Etat islamique ne représente pas l’islam, qu’il sache qu’il a tort. L’Etat islamique représente l’islam à 100%. »

    « Réveillez-vous ! Le cancer est à votre porte ! Ils vont vous détruire ! Nous, les chrétiens du Proche Orient, sommes le seul groupe qui a vu le mal en face : c’est l’islam. »

    Aujourd'hui, le bien commun nécessite de prendre en compte cette menace et non pas de sauter sur sa chaise en clamant l'accueil de l'étranger. Si nous ne nous privons pas de critiquer les positions contestables du FN, ce qui fait rager certains chiens de garde du FN qui voudraient transformer le SB en un blog partisan, il n'y a aucun doute sur le fait que les opinions politiques de Marion Maréchal Le Pen, qu'on les partage ou non, sont dans le champ du licite pour un catholique. Oh certes, elle reste prudente sur le champ de l'avortement, mais ce n'est visiblement pas ce qui lui est reproché par les bonnes consciences...

    Guillaume Tabard, qui signe une excellente tribune dans Le Figarovox, écrit :

    "[C]e sont ceux-là même qui prônent le plus le dialogue avec «l'autre», qui exaltent «le risque de la rencontre», qui voudraient ériger une barrière avec un «autre» qui ne leur plait pas. Ce sont ceux qui se revendiquent le plus fortement du pape François, le pape du «qui suis-je pour juger?», celui de l'envoi vers «toutes les périphéries» de l'Eglise, qui prétendent que Marion Le Pen serait au delà des périphéries acceptables."

    Et nous faisons le même constat générationnel :

    "Le pontificat de Jean-Paul II et le renouvellement des générations sont passés par là. La parole publique des évêques et l'engagement dominant des chrétiens s'est recentré sur la mission première de l'Église: l'évangélisation proprement dite.Le débat plus strictement politique en son sein a repris une place sinon secondaire, du moins seconde. Cette remise à sa place de la politique - au sens partisan du terme - permet aujourd'hui une relation plus libre, plus neutre, plus naturelle, et finalement plus décontractée avec les partis."

    Et Guillaume Tabard rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, ceux qui dénoncent aujourd'hui l'invitation d'une personnalité du FN, flirtaient sans complexe avec le Parti communiste.

    Ce changement de génération ne concerne pas seulement les laïcs. Les prêtres aussi ont changé suite aux pontificats de saint Jean-Paul II et Benoît XVI. Et nombreux sont les prêtres de France, toute tendances liturgiques confondues, qui lisent chaque jour Le Salon Beige.

    L'abbé Grosjean défend ainsi le droit d'inviter Marion Maréchal Le Pen :

    IMG_1403La table ronde de samedi réunissait, outre Marion Maréchal Le Pen, l'ancien député-maire PS d'Ajaccio, Simon Renucci, le député Républicains de la Drôme, Hervé Mariton et Arnaud Leclere, du mouvement Sens commun (rattaché au Républicains). Pourquoi leur présence ne susciterait-elle pas aussi des mises en garde de nos chiens de garde du catholiquement correct ? Sont-ils tous hostiles au droit à l'avortement ? A la recherche destructrice d'embryons humains ? A l'euthanasie ? A la liberté scolaire ? A la loi Taubira ?...

    Il est bon que les catholiques de différents partis discutent de leur projet politique en faisant primer le bien commun au militantisme partisan. C'est peut-être ainsi que de véritables alliances politiques, et non politiciennes ou électoralistes, pourront peut-être un jour avoir lieu.

    Nous remercions Mgr Rey d'avoir eu le courage d'inviter publiquement Marion Maréchal Le Pen.

    Michel Janva

  • Jérôme Sainte-Marie: «En 2017 le clivage droite-gauche laissera la place au clivage peuple- élite»

    Spécialiste de l'opinion et analyste politique Jérôme Sainte-Marie publie un passionnant essai sur la recomposition politique à laquelle nous assistons en France et en Europe.

    En 1992, Charles Pasqua déclarait après la défaite du traité de Maastricht, «plus rien ne sera jamais comme avant». Il est mort au juillet 2015 et le clivage droite /gauche domine toujours la politique française...

    L'invariant dans une démocratie représentative, c'est la présence d'une majorité au pouvoir et d'une minorité dans l'opposition. Il s'agit d'un dispositif résultant de la logique électorale, rien de plus. Quant au clivage entre une gauche et une droite, s'il a structuré la vie politique européenne sur l'essentiel du XXème siècle, il n'a rien d'inévitable. Sur la durée, il est frappant de constater la variation du contenu idéologique de cette opposition formelle. Cependant, ce clivage s'est à peu près maintenu tant que les principaux partis de gauche et de droite ont réussi à persuader les citoyens qu'ils étaient en conflit sur les principaux enjeux. Le problème aujourd'hui est que l'opinion française a de plus en plus le sentiment qu'ils sont d'accord sur l'essentiel, tout en se disputant sur l'accessoire. La succession rapide des alternances à la tête du pays a favorisé cette perception, car les différences entre les politiques publiques réellement menées ont semblé très proches, et leurs résultats décevants. A l'inverse, une troisième force, qui est tenue en lisière du pouvoir, propose une vision du monde et une politique alternatives. En s'emparant de sujets sur lesquels la gauche et la droite de gouvernement ne se dissocient plus guère, le Front national déstabilise l'ordre électoral ancien.

    Vous considérez comme très probable la présence du FN au second tour en 2017. Pourquoi ?

    Tout d'abord, depuis des mois les sondages d'intentions de vote indiquent tous la qualification de Marine Le Pen pour le second tour. Si certains d'entre eux enregistrent qu'elle serait talonnée ou même dépassée par le candidat principal de la droite, selon la personnalité testée comme candidat des Républicains, à chaque fois la candidate frontiste serait hors de portée du candidat socialiste. Cette raison n'est bien sûr pas suffisante, car l'on sait la fragilité d'un choix politique exprimé hors contexte électorale, et à près de deux ans de l'échéance. C'est pourquoi il faut se pencher sur les élections qui ont eu lieu depuis 2012, et à chaque fois l'affaissement de la gauche sur elle-même s'est amplifié, cependant que le Front national raffermissait son emprise. Par exemple, le fait que les listes lepénistes aient rassemblé un quart des suffrages exprimés aux européennes comme aux départementales constitue un indice révélateur, car il s'agit dans les deux cas de scrutins moins favorables au Front national que ne l'est l'élection présidentielle. Enfin, si l'on considère les facteurs explicatifs de ses succès, et des revers de la gauche, on ne voit pas de raisons à ce qu'ils disparaissent d'ici au printemps 2017.

    Les querelles de famille peuvent- elles freiner cette ascension ?

    Le vote pour le Front national n'est pas un mouvement d'humeur, mais un choix mûri et réitéré, autant que celui en faveur du Parti socialiste ou des Républicains. De plus, une majorité de Français estiment aujourd'hui que le parti dirigé par Marine Le Pen devrait être considéré comme «un parti comme les autres». A tort ou à raison, les positions frontistes sur l'immigration, l'identité nationale ou la sécurité sont largement approuvées. Il s'agit d'un socle solide. De plus, depuis plus d'un an, la quasi-totalité des sympathisants frontistes interrogés dans les sondages voient en Jean-Marie Le Pen un obstacle plutôt qu'un atout. Certes, la forme qu'a pris le conflit interne entre lui et la direction du parti aura troublé plus d'un militant. Le prix à payer pour Marine Le Pen pour son émancipation politique paraît cependant faible. Sur la durée, ces épisodes tumultueux favoriseront l'idée d'un profond renouvellement idéologique, et rendront intenable l'ostracisme dont ce parti fait l'objet. En fait, le principal risque électoral serait plutôt que la normalisation du Front national aille trop loin, alors que son attractivité repose en partie sur son opposition affichée au système politique.

    A vous lire la gauche a perdu beaucoup d' intellectuels, d'ouvriers, une partie des professeurs, que lui reste-t-il ?

    Le secret des renaissances successives de la gauche réside dans la croyance qu'elle était la protectrice du salariat, contre une droite qui aurait défendu la rente et le profit. Aussi près qu'en 2012, François Hollande avait réussi à se faire élire en brocardant son adversaire comme «Président des riches». Au second tour, parmi les ouvriers, 58% des suffrages exprimés se sont portés sur le candidat socialiste. Cette croyance en la gauche s'est aujourd'hui effondrée, le monde du travail ne se sentant guère défendu contre les assauts du chômage et la concurrence de la main d'œuvre étrangère, y compris dans le cadre européen. Les ouvriers et les employés sont bien plus critique à l'égard du pouvoir socialiste que ne le sont les cadres ou les retraités. Autre pilier, les fonctionnaires sont atteints par le doute, y compris les enseignants. Enfin le monde de la culture et du spectacle, très dépendant de la dépense publique, redoute la contraction de celle-ci et se sent moins défendu par la gauche. Les fidélités électorales envers le parti socialiste se défont, comme l'atteste lors des scrutins récents la sur-abstention de ses anciens électeurs. Or, si la gauche ne parvient plus à être identifiée comme la défenseuse de larges groupes sociaux, elle risque d'être ballotée au fil des élections comme un bateau sans quille. La proclamation de «valeurs» abstraites, hors sol, ne lui serait pas alors d'un grand secours.

    Hollande est-il le fossoyeur de la gauche ?

    Le tournant qu'a imposé à la gauche François Hollande avec la proclamation du «pacte de responsabilité» doit être pris au sérieux. Même si la concrétisation de celui-ci devait être modeste, le traumatisme subi par son électorat est considérable. La nouvelle ligne proclamée par le pouvoir socialiste revient à considérer que la gauche a eu tort durant des décennies en matière de politique économique et sociale. Son problème est qu'il n'a pas d'électorat de rechange. Il faut voir plus loin: c'est tout le clivage gauche-droite qui est miné par cette reddition idéologique. Et le recul annoncé de l'Etat amène les catégories sociales les plus vulnérables vers d'autres horizons que la sociale-démocratie, par exemple vers la préférence nationale. J'insiste sur le fait que l'aveu que constitue le «pacte de responsabilité» atteint la crédibilité du projet social de toute la gauche, et pas seulement du Parti socialiste.

    Les gauches type Syriza ou Podemos ont- elles un avenir en France ? Si ce n'est pas le cas, pourquoi ?

    Vu la crise sociale et politique que connaît la France, le recul de toute la mouvance à gauche du Parti socialiste suscite l'interrogation. Beaucoup plus que les différences entre les systèmes électoraux ou bien entre les personnalités, je crois que la clef de cette énigme se trouve dans l'histoire politique des différents pays. Entre France, depuis 1945, l'extrême-gauche, à commencer par le Parti communiste, a été intégré au régime, participant à la construction de notre système social, et parfois même au gouvernement. A l'inverse, l'extrême-droite en a été tenu à l'écart. La situation est tout autre, et même symétriquement opposée, en Espagne ou en Grèce. Le sentiment que la société française est dans l'impasse atteint pour cela toute la gauche, mais non le Front national, justement parce qu'il n'a pas de bilan à justifier. A l'inverse, ailleurs, Podemos ou Syriza peuvent prétendre constituer des alternatives nouvelles.

    Vous écrivez que la gauche fixe sa doctrine sur l'égalité et la droite sur l'identité, pouvez-vous préciser cette classification ?

    En réalité l'une comme l'autre se sont d'abord attachés à promouvoir l'égalité, mais tandis que la droite mettait l'accent sur l'égalité civile entre les individus, la gauche se proposait d'établir l'égalité sociale entre les groupes. Il en va tout autrement aujourd'hui. L'identité nationale ou l'identité de classe ont été délaissées au profit d'une identité européenne évanescente, et d'identités religieuses, ethniques ou sexuelles virulentes. On reconnaît ici l'obsession contemporaine pour la «diversité» ou pour la «parité». L'imaginaire national et républicain s'en trouve bouleversé. Tout se passe comme si les reculs en matière économique et social devaient être compensés par la distribution de privilèges à des groupes ciblés, selon un modèle anglo-saxon. Les élites applaudissent, mais les catégories populaires s'inquiètent de cette reformulation du discours politique français, autrefois universaliste. Comme elle est au pouvoir et comme elle beaucoup plus engagé dans cette voie, la gauche est particulièrement déstabilisée par le «marché aux identités» qu'elle a ouvert.

    Vous ne croyez pas à la tripartition. A quoi peut ressembler la nouvelle bipolarité ?

    A défaut de proportionnelle aux législatives et avec une élection du président de la République au scrutin universel direct, la tendance au clivage binaire est la plus forte. Sous le mandat de François Hollande, le Front national s'est hissé à un niveau électoral proche de celui de la gauche ou de la droite. Le génie est sorti du flacon où il avait été maintenu durant trente ans, avec des scores significatifs mais éloignés de la qualification pour le second tour, l'accident du 21 avril 2002 mis à part. Désormais, comme l'ont montré les élections départementales, le Front national impose sa présence au tour décisif. Telle est aussi l'hypothèse vraisemblable pour la présidentielle de 2017. Ce sera le moment de vérité. Le courant politique qui sera éliminé à l'issue du premier tour, la droite ou plus probablement la gauche, entrera dans une crise sans précédent. Contre le Front national, les débris de la force vaincue s'agrègeront à la force victorieuse, sur le modèle de l'union des tenants du «oui» contre ceux du «non» lors du référendum de 2005 à propos de l'Europe. Comme cela s'esquisse dans plusieurs pays européens, et comme cela s'observe dans nombre de villes et départements français, où le Parti socialiste a pratiquement disparu, le clivage gauche-droite aurait alors vécu.

    Comment définir le nouvel ordre démocratique ?

    En premier lieu comme un ordre cohérent et moderne, correspondant bien mieux aux différences d'intérêts sociaux et d'émotions partagées que ne le fait l'ordre électoral actuel. De fait, si l'abstention atteint des hauteurs vertigineuses, c'est d'abord parce que le clivage entre la gauche et la droite ne renvoie plus aux représentations dominantes parmi les électeurs. Ensuite, le nouvel ordre décrit est avant tout vertical, opposant les catégories populaires aux élites, au sens très large, perpendiculairement au clivage gauche-droite. Ce nouvel ordre démocratique oppose deux forces, l'une dominée par le Front national, sous un vocable quelconque, l'autre faisant la synthèse de ce qu'il y a de commun au libéralisme économique et culturel professé dans les partis de gouvernement à gauche ou à droite. Selon ce schéma, le rapport à l'Europe, à la mondialisation et à l'identité nationale est bien sûr décisif dans le reclassement des uns et des autres. Le contexte actuel de paupérisation et de désarroi favorise l'émergence de ce nouvel ordre démocratique. Il est déjà présent par fragments, dans l'opinion publique, dans les résultats électoraux, et sur les territoires locaux. Mais l'opportunité de sa concrétisation complète et nationale en est le scrutin présidentiel de 2017.

    Vincent Tremolet de Villers

    notes

    Diplômé de Sciences Po Paris et d'une licence d'histoire, Jérôme Sainte-Marie a travaillé au Service d'Information du Gouvernement et à l'institut Louis Harris. Il a ensuite dirigé ensuite BVA Opinion de 1998 à 2008 puis CSA Opinion de 2010 à 2013. Il a fondé en parallèle l'institut iSAMA en 2008.

    Il dirige actuellement Pollingvox, une société d'études et de conseil spécialisée dans les enjeux d'opinion, fondée en 2013. Il publie ces jours- ci, Le nouvel ordre démocratique (Editions du Moment).

    source : Le Figaro :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuuplEEFFlcjmKEIuO.shtml

  • Sapir met en émoi le poulailler d’acajou

    Jacques Sapir a proposé à moyen terme la formation d’un « Front de libération nationale anti-euro » englobant tous les partis souverainistes jusqu’au Front national.

    Souvenons-nous de cette chanson d’Alain Souchon qui décrit le caquètement de « la volaille qui fait l’opinion » depuis son « poulailler d’acajou ». L’artiste y met en scène « les belles basses-cours à bijoux » aux idées convenues. En bon artiste qu’il est, Souchon fait mine de croire que cette volaille est conservatrice. Ce n’était déjà plus tellement vrai en 1977, l’année où il composa sa chanson, mais aujourd’hui, cette volaille est pratiquement à 100 % membre de la gauche libérale sociétale pédante qu’incarne si bien Daniel Cohn-Bendit.

    Depuis une semaine, le poulailler d’acajou est en émoi. Ça caquette et ça cancane à n’en plus finir dans les salons parisiens. Pensez : l’économiste, un temps proche du Front de gauche et qui s’affirme toujours « sans ambiguïté de gauche », Jacques Sapir a proposé à moyen terme la formation d’un « Front de libération nationale anti-euro » englobant tous les partis souverainistes jusqu’au Front national, ou d’un « parti issu du FN ». La grande et la petite bourgeoisie de rédaction s’en étrangle aussi bien à gauche qu’à droite des forces de l’axe européomondialiste.

    Lire la suite

  • Les Verts explosent, la majorité en miettes

    Le départ de François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée nationale, aggrave la crise du parti écologiste et accentue la fragmentation de la gauche.

    Les écologistes adorent les crises. Depuis la création du parti, elles ont jalonné toute son histoire. Le départ fracassant de François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée, a fait monter leur intensité d'un cran. Il est en fait le résultat d'une crise même plus larvée qui sévit au sein du parti écolo depuis 2012.

    Et il n'est même pas sûr que ce départ éteigne l'incendie. Il est l'illustration du conflit qui oppose les tenants d'une écologie réformiste, capables de s'allier avec le PS dans une majorité de gouvernement, et les adeptes d'une écologie plus ancrée à la gauche de la gauche et qui se refusent au compromis avec les sociaux-démocrates.

    Jeudi, François de Rugy a choisi. Il a profité de la sortie de son livre Écologie ou gauchisme, il faut choisir ,pour faire étalage de ses propres divergences avec son parti. «Pour moi EELV, c'est fini. Le cycle ouvert par Daniel Cohn-Bendit en 2008 est arrivé à son terme. Aujourd'hui, on n'arrive plus à avoir les débats, ni de fond ni stratégiques, au sein d'un parti qui s'enfonce dans une dérive gauchiste», voire dans un «repli sectaire», explique-t-il.

    «Mélenchonisation rampante»

    Depuis des mois, Rugy s'est prononcé contre un rapprochement avec le Front de gauche qui, selon Dominique Voynet, ancienne ministre écologiste de Lionel Jospin, «provoquerait une nouvelle hémorragie militante». Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, ne dit pas autre chose en estimant sur LCI que cette crise résultait de «la mélenchonisation rampante des écologistes».

    À La Rochelle, un élu PS assure cependant que «Rugy a agi de manière un peu précipitée. Il ne faut pas que ça soit un acte isolé. Est-ce ça va provoquer quelque chose après? On n'en sait rien». Et c'est sans doute là la grande peur du PS: qu'EELV se referme sur sa partie la plus opposée à une alliance avec lui. «Et la crainte est fondée», analyse un élu écolo.

    Même si Barbara Pompili, coprésidente du groupe EELV à l'Assemblée, assure que «beaucoup de gens ne se retrouvent plus dans le refus du débat», elle ne semble pas prendre le même chemin. «On nous pousse vers la porte, c'est vrai, a-t-elle dit sur France 3, mais il ne faut pas céder. C'est en ça que je suis en désaccord avec François. Au contraire, il faut continuer à se battre.»

    Bien entendu, les partisans de Cécile Duflot n'ont pas tardé à réagir en fustigeant la décision de Rugy. «Son positionnement, c'est pas entre gauchisme et écologie, mais entre écologie et François Hollande, et finalement il a choisi», a raillé David Cormand, proche de Cécile Duflot.

    Un parti tiraillé entre son aile gauche et ses réformistes. Un débat récurrent et inabouti sur la ligne politique. Un risque permanent de scission. Cela ressemble aussi au PS. À la différence près que ces derniers sont entrés jeudi dans la séquence explosive de leurs affrontements avec le départ surprise de François de Rugy. Celui-ci a crevé l'abcès. En ce sens, la scission qui se profile au sein d'EELV apparaît comme une clarification nécessaire, celle à laquelle le PS ne s'est pas encore livré. 

    Le Front Démocrate très courtisé

    Car si les socialistes n'en sont pas encore au niveau de leurs cousins Verts, ils s'en rapprochent à grands pas. En témoigne le prologue des universités d'été de La Rochelle. Jeudi, avant l'ouverture officielle de ce traditionnel rendez-vous de la rentrée, frondeurs et réformateurs du parti se sont réunis chacun de leur côté pour défendre des positions aussi éloignées que chez les écolos. Demande d'inflexion de la ligne politique pour les premiers, assurance que le cap social-démocrate sera maintenu chez les seconds.

    Sur fond de cette crise politique chez les écologistes, il flottait jeudi à La Rochelle comme un air de recomposition politique à gauche. Avec un petit parti très courtisé: le Front Démocrate de Jean-Luc Bennahmias et Christophe Madrolle qui tenait son université de rentrée à La Rochelle devant une trentaine de personnes. C'est là que François de Rugy s'est rendu pour son premier déplacement de démissionnaire des Verts. C'est là aussi que la venue de Manuel Valls était annoncée pour saluer les fondateurs du Front Démocrate, en même temps que Jean-Vincent Placé. Là encore que Jean-Christophe Cambadélis a prévu de passer vendredi soir.

    Pourquoi un tel intérêt? «Aux régionales, on peut leur apporter des électeurs, encore plus pour la présidentielle, entre 2 et 4 %, explique Jean-Luc Bennhamias, qui assure représenter «30 % des électeurs ayant voté François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle de 2012».

    François-Xavier Bourmaud et Albert Zennou

    source : Le Figaro :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuupZEZyZyDgXbppwz.shtml

  • Interviews de Mgr Olivier Ribadeau-Dumas et Marion Maréchal-Le Pen

    En raison de la "polémique" soulevée par les médias à propos de l'inviation de Marion Maréchel-Le Pen à une université d'été organisée par le diocèse de Fréjus-Toulon (voir communiqué), il est interessant de mettre en perspective ces deux interviews parues le même jour.

    Tout d'abord, celle de Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, porte-parole de la Conférence des évêque de France, dans La Croix où il affirme à propos du FN qu' "un certain nombre de ses idées sont clairement en opposition avec l’Évangile et avec la vision chrétienne de la société"...mais sans vraiment les préciser ni aborder les points non négociables (voir interview à Do Rzeczy) :

    1420623174094726322"La position de l’Église en France sur le Front national n’a pas varié. Les déclarations de 1985 du cardinal Decourtray restent toujours valables, ainsi que celles qui ont suivi les années d’après. Nous continuons de dire que le rejet de l’étranger, le refus de l’accueil de l’autre, une conception et une vision de la société renfermées sur la peur, posent problème.Un certain nombre de points développés par le Front national ne sont pas conformes à la vision que l’Évangile nous invite à défendre (...)

    D’un point de vue juridique, le FN est un parti politique comme les autres.Mais un certain nombre de ses idées sont clairement en opposition avec l’Évangile et avec la vision chrétienne de la société. Cependant, le fait que des catholiques se tournent vers le FN pose question et nous invite à leur parler (...)

    La société dans laquelle nous vivons est, que nous le voulions ou non, que nous le regrettions ou non, marquée par la mondialisation. Elle est multiculturelle. C’est dans cette société, également frappée par l’injustice, que nous sommes amenés à agir. Et comme le pape François ne cesse de le dire, nous sommes invités à avoir sur elle un regard de bonté et de miséricorde, plutôt qu’un regard de rejet. Construisons ensemble cette société."

    De son côté, Marion Maréchal-Le Pen s'affiche dans Famille Chrétienne en catholique décomplexée d'une nouvelle génération :

    Marion-Marechal-Le-Pen1-470x327"Les seules personnes choquées par cette affaire sont les journalistes ! C’est une illustration de la fracture entre le monde médiatique et le monde réel. Pour le public catholique du Var la question ne se pose plus ! (...) Ce qui est remarquable dans ce rassemblement c’est la volonté de voir ce qui nous rassemble avant de focaliser sur ce qui nous divise. Il y a une capacité de cohabitation étonnante entre des gens qui viennent d’horizons politiques très différents. Cela change des plateaux télé ! L’état d’esprit est serein. Il consiste à mettre en commun l’essentiel, comme le respect de la vie humaine (...)

    Nous sommes face à une génération décomplexée par rapport à leurs aînés. Les jeunes catholiques ne s’encombrent plus avec l’autocensure et la culpabilité. Ils en ont assez de devoir en permanence s’excuser. Ils sont libres et veulent sortir du malaise. Les chrétiens en politique avaient pris l’habitude de se faire discrets de peur d’être taxés de conservateurs. Ils étaient diabolisés (...)

    Les catholiques ont été victimes de christianophobie à la Révolution française. Après un temps d’accalmie, ce phénomène est en train de revenir. J’observe une forme d’agressivité manifeste à leur égard. Cela pousse la nouvelle génération à agir (...) Je fais partie de cette génération anti Mai-68 (...) Ma génération a vécu en première ligne les conséquences de ce travail de sape éthique et moral.

    Il y a toujours eu des catholiques au FN et des personnalités de premier plan. Le choix d’un parti politique est toujours un choix par défaut (...) Au FN (...) les catholiques n’ont pas vraiment besoin de changer la ligne qui leur convient. Je crois que sur la bioéthique et les questions du mariage et de la filiation, le FN est déjà en cohérence avec leurs attentes (...)

    C’est très difficile d’être catholique tout seul ! Je suis assez seule dans mon combat politique. C’est pour moi important de rencontrer des catholiques qui défendent des valeurs auxquelles je tiens. Cela renforce mes convictions en adéquation avec ma foi (...)"

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Marine Le Pen : euthanasie, avortement et loi Taubira

    Nouvelles de France publie la traduction en français d'un long entretien accordée par Marine Le Pen à l’hebdomadaire polonais Do Rzeczy (icien février dernier qui ne semble pas avoir été repris en France depuisVoici plusieurs extraits concernant les points non négociables :

    Si la gauche française légalise l’euthanasie, l’interdirez-vous ?

    446126612c155ba21931e8e8be4fbecfJe suis tout à fait opposée à l’euthanasieJe pense que c’est une dérive très dangereuse. La souffrance humaine existe depuis la nuit des temps et nous ne sommes pas les seuls dans l’histoire du monde à nous être interrogés sur la fin de vie et sur la souffrance. Si jamais des lois comme celle-là n’ont été votées, c’est précisément parce que le risque de dérive de notre société et de notre civilisation était plus important que l’avantage qu’on pouvait en tirer. Moi je crois que la loi Leonetti qui est actuellement en vigueur en France répond au maximum à cette problématique de la souffrance en fin de vie. C’est une problématique très sensible et aller au delà, c’est prendre le risque d’un basculement de civilisation où le droit de vie et de mort est donné en fonction des avis des gens qui s’expriment à titre individuel. Un médecin ne porte que sa propre parole.

    N’est-ce pas la suite logique de la légalisation de l’avortement dans les années 70 ? Le FN était traditionnellement plutôt pro-vie. Il parlait de limiter les avortements, voire d’interdire les avortements de convenance. Le discours a évolué. Vous avez dit vous-même, je crois, que vous ne reviendriez pas sur la loi Veil.

    Non, le Front National n’a jamais changé d’avis depuis des années. En 1986, les députés du FN au parlement français avaient déposé un projet de loi sur le non-remboursement de l’avortement. Ils n’avaient pas remis en cause l’avortement. Moi, je pense qu’il n’est pas possible d’interdire aujourd’hui le recours à l’avortement. Ce qui est possible en revanche et qui est de la responsabilité d’un État, c’est de tout faire pour limiter le nombre d’avortements, non pas en contraignant les femmes à ne pas avorter, mais en leur accordant la possibilité de choisir de garder leur enfant. Or, aujourd’hui, tout est fait dans une forme d’incitation à l’avortement, comme s’il s’agissait d’une facilité intellectuelle. Si l’on accorde aux femmes et si l’on met en place des propositions natalistes pour leur permettre d’avoir un accès privilégié à un logement, avec des aides qui leur permettent d’élever correctement leurs enfants, etc. etc., avec des campagnes de prévention aussi à l’égard des jeunes femmes et des jeunes hommes, car pour faire un enfant il faut être deux, des campagnes de responsabilisation des uns et des autres, on peut contribuer à limiter l’avortement. Le fait que le nombre d’avortements n’ait pas baissé est incontestablement un échec de notre société, mais dans un combat qui n’a pas été mené en réalité. Donc, c’est cela qu’il faut mettre en œuvre. C’est vrai que pendant la campagne présidentielle on a eu un débat sur ce qu’on a appelé l’avortement « de confort ». C’est un mot qui a choqué, car c’est vrai qu’il n’y a jamais de « confort » à avorter. Mais c’était l’idée qu’avorter 3 fois ou 4 fois, c’est considérer l’avortement comme un mode de contraception. Et cela heurte considérablement les consciences. Mais c’est un vrai sujet de société auquel le gouvernement ne s’est pas attaché de la même manière qu’il ne s’est jamais attaché à mettre en place une politique nataliste.

    En Pologne, l’adoption d’une loi qui a restreint la possibilité d’avorter à certains cas précis a beaucoup contribué à faire évoluer les mentalités et aujourd’hui la grande majorité des Polonais sont contre l’avortement. Cela ne peut-il pas être fait en France ?

    Le choix du peuple est souverain et aujourd’hui incontestablement l’interdiction de l’avortement ne recueille pas la majorité du peuple françaisMais encore une fois, je pense que mettre en place une véritable politique d’accueil de la vie et redonner le choix aux femmes de ne pas avorter – car je crois que dans beaucoup de cas aujourd’hui elles n’ont plus d’autre choix que d’avorter –, ce serait déjà une avancée très positive

    La gauche polonaise semble penser que l’évolution vers les unions civiles et les « mariages » entre personnes du même sexe est une évolution inévitable. Vous avez, vous, annoncé que si vous êtes élue, vous abrogeriez la loi Taubira. Cela veut-il dire qu’on peut revenir en arrière sur ces « mariages » homosexuels ? Ce serait une première pour une nation. La Californie l’a fait, mais ce n’est pas une nation indépendante. Comment cela se passera-t-il ? Il y a des gens « mariés », il y a des enfants qui ont été adoptés…

    Vous savez, la loi est la loi. Il n’y a pas de rétroactivité de la loi en France, cela fait partie de notre État de droit. Donc nous supprimerons la possibilité de mariage. Ceux qui se seront mariés resteront mariés car nous sommes respectueux de l’État de droit. Mais il ne pourra plus y avoir de mariages [entre personnes de même sexe]. Quant aux gens qui ont adopté des enfants, ils l’ont souvent fait en mettant les autorités devant le fait accompli, c’est-à-dire en violant eux-mêmes la loi. Les choses sont très claires : nous sommes opposés au mariage homosexuel, nous sommes opposés à l’adoption par les couples homosexuels mais nous sommes également opposés à l’adoption par des célibataires. Nous considérons qu’un enfant qui est orphelin démarre déjà dans la vie avec un handicap certain et que par conséquent il a le droit à l’équilibre d’un foyer constitué d’un référent « père » et d’un référent « mère ». C’est notre avis et nous le mettrons en œuvre si nous sommes élus parce que si nous sommes élus c’est que le peuple l’aura voulu.

    Lire la suite "Marine Le Pen : euthanasie, avortement et loi Taubira"

    Philippe Carhon

  • De Le Pen à Marion Maréchal : l'évolution du vote Front national chez les catholiques

    Le sondeur Jérôme Sainte-Marie analyse l'évolution de vote Front national depuis les années 1980 jusqu'à aujourd'hui dans la population française qui se définit comme catholique.

    LE FIGARO. - Quelle est la part catholique de l'électorat Front national? Comment a-t-elle évolué depuis la création du parti en 1972?

    Jérôme SAINTE-MARIE. - Aux dernières élections européennes, le vote Front national était plus important parmi les Français se disant catholiques (27%) que parmi la moyenne d'entre eux (25%), tout en étant en retrait parmi les pratiquants réguliers (21%). C'est ce que l'on constate depuis un quart de siècle, les messalisants étant dissuadés de choisir le parti lepéniste du fait de la ligne épiscopale. Il n'en a pas toujours été ainsi: en 1984 puis en 1989, aux européennes, les pratiquants réguliers choisissaient davantage que les non-pratiquants un bulletin lepéniste (d'un ou deux points seulement, en fait). Souvenons-nous à ce sujet que Jean-Marie Le Pen figure en bonne place dans le document édité par les défenseurs de l'enseignement privé célébrant la mobilisation massive contre la loi Savary. La position de l'Eglise de France s'étant clarifiée au fil des ans, on observa une baisse du vote frontiste des catholiques pratiquants réguliers, qui passa de 13% à 7% entre 1988 et 1997, tandis qu'il progressait chez les non-pratiquants. Les dernières études montrent un retour des catholiques les plus engagés dans leur foi vers le vote lepéniste, ce qui est une conséquence non seulement de l'évolution impulsée depuis 2011 à la tête du Front national, mais aussi d'une actualité traumatisante.

    Le vote catholique est-il un enjeu pour les partis de droite - Les Républicains et le Front national? On remarque que la tentative de Nicolas Sarkozy de rallier cet électorat est récente…

    Le premier point à souligner est la tendance des catholiques à participer davantage aux scrutins que la moyenne des Français. Ainsi, pour la dernière élection, celle des départementales, 80% des catholiques pratiquants réguliers sont allés voter, au lieu de 67% des pratiquants occasionnels et de 52% des non-pratiquants. Il y a là un enjeu quantitatif évident. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a fait depuis longtemps de la séduction des catholiques un objectif prioritaire. Avant son élection, en 2004 il avait écrit Dieu, la République, les religions, l'espérance aux éditions Cerf et avec le dominicain Philippe Verdin. Une fois président, il a inventé le curieux concept de «laïcité positive», et valorisé le prêtre contre l'instituteur. Après les excentricités de son début de mandat, il a tenté de retrouver les faveurs de l'électorat catholique, mais le charme était éventé. Cependant, la dimension religieuse du vote restant fondamentale, il est cohérent que le leader des Républicains recherche à montrer son attachement au catholicisme. Il est aidé en cela par les violences de l'islamisme radical, qui ravivent les identités religieuses, même les plus enfouies. Disons simplement que Nicolas Sarkozy n'innove pas en ce domaine, ni par rapport à lui-même, ni en regard de la pratique des leaders de la droite en général.

    Le réveil conservateur initié par la Manif pour tous est-il à l'origine de la porosité des électorats LR et FN ?

    Oui, c'est un moment important de ce phénomène. En dépit de la prudence de la direction du Front national lors de la contestation de la loi Taubira, la Manif pour tous a construit un espace commun. Toute une jeune génération de militants, et donc sans doute de futurs cadres politiques, s'est construite dans ce mouvement. Les Républicains n'en sont pas le réceptacle naturel, du fait de leurs ambiguïtés sur le dossier. C'est un peu par défaut que le Front national en est le bénéficiaire. Les scores élevés de ses listes aux européennes dans l'ouest francilien en furent le signe. C'est une sorte de revival des années 1980, lorsque le parti de Jean-Marie Le Pen prospérait parmi les milieux catholiques mobilisés contre la loi Savary sur l'enseignement. Certaines personnalités frontistes comme Marion Maréchal-Le Pen s'inscrivent dans cette logique. L'exaltation des identités particulières qui fleurit ces dernières années en France a réveillé celle du catholicisme politique, l'actualité internationale fait le reste. Il y a donc une cohérence à ce que le vote catholique ne soit plus un obstacle à la progression du Front national.

    Eléonore de Vulpillières

    notes

    Jérôme Sainte-Marie a débuté sa carrière au service d'information du gouvernement et intégré successivement Louis Harris puis BVA avant de devenir directeur général adjoint de l'institut CSA. Il dirige aujourd'hui la société PollingVox, spécialisée dans les enjeux d'opinion.

    source : Le Figaro :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuupyyplAuSEcWXdPk.shtml