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élections - Page 609

  • Les non-régions du président Pétaud par Georges FELTIN-TRACOL

    La grande réforme territoriale se fera-t-elle finalement ? Lancé avec fracas au printemps 2014 avec l’arrivée à Matignon de Manuel Valls, l’ambitieux projet risque de s’enliser dans les sables mouvants des procédures législatives du fait d’une majorité sénatoriale désormais d’opposition, d’un allié radical de gauche récalcitrant et d’élus P.S., tant nationaux que locaux, réticents. En outre, les différents votes parlementaires démontrent une ignorance profonde de l’histoire régionale, ce qui, après tout, n’est pas étonnant dans un pays colonisé, centralisé, asphyxié, dominé depuis des siècles par Paris.

    Au cours de l’été 2014, avec le vain espoir d’attiser l’attention du locataire (très précaire) de l’Élysée, Richard Roudier, militant actif de la Ligue du Midi et au Réseau-Identités, a publié une vigoureuse Lettre ouverte au Président à propos de la réforme des régions (1). Il souhaitait apporter une « Réponse au bazar anti-identitaire » déclenché par des hiérarques P.S. obnubilés par leurs seules prébendes territoriales. Comment en effet accepter, d’une part, la fusion de l’Alsace, de la Lorraine et de la Champagne-Ardennes ou du Limousin, du Poitou-Charentes et du Centre et refuser, d’autre part, le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne ?

    Opposant résolu au gouvernement et à ses lubies, Richard Roudier ne manie pas la langue de bois, le jargon bureaucratique et la novlangue médiatique. S’adressant directement à « Flamby », il prévient que « toute initiative que vous prenez se transforme immédiatement en piège. À peine énoncée, la moindre de vos tentatives de réforme fait se lever contre vous, “ chez les gens ”, des torrents de haine littéralement surprenants… C’est le propre des situations pré-révolutionnaires (2) ». Le ton vif de la missive est légitime. « Cette lettre ouverte est […] une tentative ultime d’éveiller le président de la République au sérieux de sa fonction et à ses responsabilités séculaires puisqu’en France, un découpage territorial dure généralement 250 ans avant qu’on puisse trouver l’occasion de le changer en le jetant par les fenêtres… (3) » Il n’est pas le seul à s’en inquiéter. « François Hollande et Manuel Valls ont commis deux erreurs. D’abord, note Michel Feltin-Palas, c’est depuis Paris que les deux hommes ont dessiné la France de demain, sans prendre le temps de consulter les citoyens. Surtout, ils se sont contentés de regrouper les régions existantes, dont ils reconnaissent eux-mêmes que les contours n’ont pas grand sens (4). » En plus de l’improvisation palpable, de l’amateurisme tangible et des concessions scandaleuses accordées aux barons régionaux, la carte gouvernementale des nouvelles régions démontre la ferme et néfaste volonté d’éradiquer tout repère géo-culturel précis. Le Régime promeut « l’uniformité, la suppression des racines et des origines des peuples afin que les gens deviennent ainsi totalement maniables et façonnables à volonté… (5) » Richard Roudier l’assure : « Les 22 régions naturelles ont des défauts, mais elles valent encore probablement mieux que la réforme que le président veut en faire (6) ! » Ce plan ridicule présente de vraies non-régions, préalable à une super-pétaudière hexagonale.

    Que penser alors du projet du géographe Jacques Lévy publié dans L’Express ? Cet universitaire se fiche des identités vernaculaires, s’affranchit des délimitations administratives et propose dix régions de taille démographique et de superficie inégales. Il les obtient à partir des bassins de vie des Français au niveau local et des territoires vécus établis notamment d’après les déplacements domicile – travail. Si l’Alsace garde son identité propre, elle annexe Belfort et Montbéliard. L’Aquitaine englobe Limoges, La Rochelle et Poitiers. La Bretagne déborde de ses frontières historiques et s’empare de la Vendée, de Laval et de l’Anjou. Le Languedoc va d’Auch et de Toulouse jusqu’à Nîmes. La Lyonnaise s’adjoint l’Auvergne et le Sud du Jura. La Lotharingie commence dans les Ardennes pour se terminer au Sud de Chalon-sur-Saône… Le pire concerne la région dénommée « Bassin parisien ». Avec plus de vingt-deux millions d’habitants et une superficie de 149 148 km2, elle absorbe la Normandie, s’étend jusqu’à Chaumont, et couvre les territoires d’Amiens, de Nevers, de Tours, de Châteauroux, de Reims et de Charleville-Mézières. Cette région symbolise à l’excès la désastreuse hypertrophie parisienne.

    Certes, l’actuelle carte régionale ne convainc pas Richard Roudier qui ne cache pas son engagement régionaliste occitan. Naguère militant à Poble d’Oc, il connaît ses classiques. Qui se rappelle aujourd’hui du marquis Régis-Marie-Joseph de L’Estourbeillon de La Garnache ? Créateur en 1898 de l’Union régionaliste bretonne, il fut ensuite élu député royaliste du Morbihan. Qui est capable, à Paris, à Lille ou à Mâcon, de définir l’Arpitanie (7) ? Qui serait apte à traiter de l’Union générale des Rhodaniens fondée en 1926 par Gustave Toursier (8) ? Guère de monde !… La Lettre ouverte… de Richard Roudier se clôt d’ailleurs sur la couverture d’ouvrages qui firent date en leur temps dans la renaissance intellectuelle du fait régional français : Yann Fouéré, Robert Lafont, Guy Héraud, Jean-Pierre Richardot.

    L’héritage de Gravier

    Pour bien faire saisir au Président Pétaud ce qu’est vraiment une région, Richard Roudier salue les travaux d’un géographe « polémique » en son temps : Jean-François Gravier (1915 – 2005). Maurrassien, rédacteur dans les turbulentes revues de la Jeune Droite non-conformiste des années 1930, partisan de la Révolution nationale entre 1940 et 1944, Gravier se rendit célèbre en 1947 avec son Paris et le désert français. Favorable au polycentrisme urbain et au repeuplement des campagnes, « l’auteur s’y montre adepte résolu du Plan et de “ l’économie dirigée ”, qui prévaut à l’époque, mais pour défaire le centralisme plutôt que pour le faire triompher… (9) ». Cette référence est originale. « Monsieur le Président, plutôt que de vous lancer dans une révolution périlleuse qui ne contentera personne, vous devez construire dans le réel une réforme douce qui, parce qu’elle satisfera tout le monde à ce titre, apparaîtra alors comme révolutionnaire est d’abord une mesure qui reste ! (10) » Il n’est d’ailleurs pas anodin que Richard Roudier dédie sa Lettre ouverte… aux militants de Jeune Bretagne, à Jacques Cordonnier d’Alsace d’abord et à Didier Patte, président – fondateur du Mouvement Normand.

    L’un des rares points positifs de tous ces projets de redécoupage régional reste la réunification normande. Conscient de l’enjeu, le Mouvement Normand vient d’éditer une brochure qui récapitule son combat fondamental : « Nous voulons la Normandie, espace de taille humaine, à identité forte et notoriété reconnue mondialement (11). » Dès 2005, Didier Patte signalait que « la fusion pourrait être le signe fort d’une solidarité retrouvée, d’une volonté réaffirmée d’associer tous les Normands à la conquête de leur futur. Cela, les conservateurs de toute obédience l’ont rejeté a priori (12) ». Il va de soi que « nous avons lassé, peut-être, par notre volonté inentamée et toujours plus exigeante de voir renaître la vraie Normandie, mais nous ne nous sommes jamais découragés : nous savions que le sens de l’histoire nous donnerait raison un jour (13) ». Cependant, volontiers régionaliste, voire autonomiste, « le Mouvement Normand n’a jamais remis en cause l’unité de la France et le rôle primordial de l’État : c’est sans doute ce qui le distingue de maints mouvements régionalistes ou nationalitaires. […] Que l’État central soit à la manœuvre pour entreprendre cette salutaire évolution institutionnelle est un gage de réussite : nous en sommes persuadés (14) ».

    Mais l’État doit opérer avec minutie et s’inscrire dans la longue durée. Ainsi Didier Patte conteste-t-il aussi bien l’éclatement envisagé de la Picardie que « la création d’une “ eurorégion ” Île-de-France – haute Normandie – Picardie, rejetant, comme le suggère Marylise Lebranchu, la Manche vers la Bretagne ou l’ensemble bas-normand vers un fuligineux Grand Ouest… (15) ». Le rejet de toute subordination de la Normandie à la Bretagne est une impérieuse nécessité !

    Comment dès lors procéder au redécoupage ? Très éloigné du brouillon du Président Pétaud, Richard Roudier passe en revue différents critères avant de les récuser car trop artificiels. Pour lui, « ce qui caractérise […] une région identitaire; ce qui fait vraiment la Catalogne, la Bavière, l’Écosse ou la Flandre… Eh bien c’est la langue (16) ». Il insiste : « La fabrication d’un espace politique régional se caractérise fondamentalement par le processus de construction sociale d’une “ identité ” (c’est-à-dire par des ensembles anciennement constitués, notamment autour de la langue régionale ou de l’Histoire) et également par l’apparition d’institutions favorisant du même coup la légitimation de cet espace. “ L’identité ” étant alors entendue comme le résultat d’une objectivation du territoire rendue opératoire dans la réification d’une histoire, en partie mythifiée et utilisée dans les rapports de force avec l’État et entre collectivités territoriales, pour la définition légitime de cette identité régionale (17). » On retrouve un discours semblable au Mouvement Normand : « Une région n’est pas un espace incohérent, déterminé (au mieux) par des intérêts économiques communs, par essence changeants, partiels et qui, dans le meilleur des cas, transcendent les frontières administratives. Les régions doivent avoir une âme, résultante d’un long passé et d’une identité forgée au long des siècles. Elles se définissent aussi par des vocations particulières (18). » Déjà, en 1973, un auteur que Richard Roudier ne cite malheureusement pas, Paul Sérant – un ami du Mouvement Normand – , prévenait : « Qu’on ne dise pas que les régions naturelles et historiques de l’Europe sont ou trop nombreuses, ou trop imprécises, pour constituer les cellules de l’organisation de demain. Pour l’ensemble de l’Europe occidentale, ces régions ne seront pas plus nombreuses que ne le sont aujourd’hui les départements pour l’ensemble de notre hexagone (19). »

    Quel découpage régional ?

    Examinons une autre similitude entre Richard Roudier et Didier Patte. Tous deux défendent le département qui, selon le premier, « pourrait survivre avec la double mission classifiée de continuer à représenter, à son échelon, l’État ainsi que la Région qui a tout autant besoin d’une subdivision administrative propre, surtout si elle devient plus grande… (20) ». Dès lors, estimant qu’« en France, la carte des aires linguistiques dessine une quinzaine de régions identitaires évidentes (21) », le président du Réseau – Identités se réfère avec intérêt à la proposition de redécoupage d’Europe  Écologie – Les Verts qui est au fond « très proche du vrai ! (22) ». Quelle  est donc la France des régions selon Richard Roudier ? On y trouve une Grande Lorraine étendue aux Ardennes (historiquement la Haute-Lorraine), la Champagne, le Nord – Pas-de-Calais – Picardie, la Normandie réunifiée, le Val-de-France – « Cœur-de-France », l’Île-de-France, une Grande Bourgogne (avec la Franche-Comté), un Poitou-Charentes accrue de la Vendée, un ensemble Gascogne – Guyenne – Aquitaine, le Languedoc – Pyrénées, la Corse – promue collectivité autonome -, Provence – Alpes – Côte d’Azur avec l’Ardèche et la Drôme, l’Arpitanie et les Monts d’Oc. Inspiré par l’exemple maintenant révolu du demi-canton helvétique, il propose en outre la scission institutionnelle de l’Île-de-France entre une demi-région « Grand Paris » qui inclurait les deux couronnes urbanisées, et une demi-région francilienne (« Paris-Campagne » ?) plus rurale. Quant aux « Monts d’Oc », elle couvrirait le Massif Central et recouperait « les anciens parlers du “ Croissant occitan ” (nord-occitan) (23) ». Ces régions pourraient avoir des « départements autonomes » destinés à prendre en compte les spécificités flamandes, basques, catalanes, nissartes et savoisiennes. Pour sa part, le Mouvement Normand condamne le plan gouvernemental d’avril 2014, car « certains rapprochements […] nous paraissent trop technocratiques (Alsace – Lorraine – Champagne-Ardennes; Languedoc-Roussillon – Midi-Pyrénées; Rhône-Alpes – Auvergne; l’énorme Sud-Ouest) (24) ». « Le Mouvement Normand, depuis plus d’une décennie, a proposé une nouvelle carte des régions de la face nord-ouest et ouest de la France : des régions le plus souvent à cinq départements. C’est-à-dire les Pays-Bas français (regroupement du Nord – Pas-de-Calais et de la Picardie), la Normandie, la Bretagne (avec la Loire-Atlantique), le Poitou-Charentes (avec l’adjonction de la Vendée, qui jadis, faisait partie du Poitou), l’Aquitaine. Cela entraînerait une mutation des Pays de la Loire, où l’on retrouverait la conjonction du Maine, de l’Anjou et de la Touraine (25). » En juillet 2014, le critique gastronomique Périco Légasse décrivait « le découpage “ idéal ” des régions (26) » qui coïncide à peu près aux propositions de Richard Roudier. Les quelques divergences se rapportent au destin de la Vendée ou des Ardennes.

    Le professeur Gérard Dussouy émet de pareilles suggestions. « À partir du découpage en vigueur, et en prenant en compte certaines revendications culturelles mais en veillant aussi à rétablir quelques cohérences territoriales, il nous semblerait rationnel […] d’envisager les régions suivants : Armorique (Bretagne, plus la Mayenne, l’ouest du Maine-et-Loire, la Vendée et le nord des Deux-Sèvres), Alsace (avec le Territoire de Belfort), Artois – Flandre – Picardie (Nord – Pas-de-Calais plus la Somme et le nord de l’Aisne), Aquitaine (la région actuelle agrandie de la Charente, Charente-Maritime et des Hautes-Pyrénées, afin de constituer un pôle Pau – Tarbes – Lourdes), Auvergne – Limousin (ensemble des deux régions actuelles qui récupérerait la Lozère pour réunir tous les pays de moyenne montagne du Massif Central), Bourgogne – Franche-Comté (moins le Territoire de belfort et l’ouest de la Nièvre), Champagne-Ardenne (qui incorporerait l’est de l’Aisne), Corse, Gascogne – Haut-Languedoc – Roussillon (Midi-Pyrénées moins les Hautes-Pyrénées, mais qui s’agrandirait de l’Aude, de l’ouest de l’Hérault, et des Pyrénées-Orientales en attendant que ces dernières puissent un jour, éventuellement, rejoindre la Catalogne), Île-de-France (région actuelle plus l’Oise, le sud de l’Aisne et le nord de l’Eure-et-Loir), Lorraine, Normandie (réunion des deux régions normandes), Pays ligérien (ex-région Centre moins le nord de l’Eure-et-Loir, mais avec l’est du Maine-et-Loire, la Vienne et le sud des Deux-Sèvres, et l’ouest de la Nièvre), Provence – Bas-Languedoc (P.A.C.A. actuelle plus le Gard et l’est de l’Hérault), Rhône-Alpes (27). »

    Avec un Languedoc à huit départements que Richard Roudier nomme « Languedoc – Pyrénées », cette nouvelle région « retrouve presque ses limites d’Ancien Régime (28) ». Vraiment ? Oublie-t-il que les États du Languedoc d’avant 1789 intégraient le Vivarais (l’Ardèche) et le Velay (la Haute-Loire moins l’arrondissement auvergnat de Brioude) ? Plus de deux siècles, trois Révolutions industrielles et plusieurs évolutions dans les modes de transport plus tard ont bouleversé les anciennes appartenances. Paul Sérant constatait qu’« en vivant aux frontières de l’Île-de-France, de la Picardie et de la Champagne, j’ai découvert la complexité et la profondeur du fait régional, de ses composantes géographiques, climatiques, historiques et ethniques. Je suis rentré à Paris mieux armé pour comprendre les problèmes de la France et aussi de l’Europe, car la merveilleuse diversité régionale dont bénéficie notre pays s’étend bien au-delà de ses frontières (29) ». Au sujet des contours régionaux, il avertissait que « l’important est qu’[…] on ne consulte pas seulement les experts économiques, car on aboutirait alors à la construction de régions dont “ Rhône-Alpes ”, qui ne correspond à aucune donnée naturelle, fournit actuellement en France un exemple affligeant (30) ».

    Pour ou contre Rhône-Alpes – Auvergne ?

    Une convergence notable unit les raisonnements de Richard Roudier, de Didier Patte, de Paul Sérant et de Périco Légasse : tous contestent soit l’existence de Rhône-Alpes, soit son union avec l’Auvergne. Pour le journaliste de Marianne, c’« est un non-sens. [Rhône-Alpes] se suffit à elle-même avec huit départements s’étendant de la Bresse à l’Oisans et d’Évian à Privas, et une population de 6 340 000 habitants qui la place en deuxième position après l’Île-de-France (31) ». Et pourtant ! L’aire Auvergne – Rhône-Alpes a connu deux moments historiques cruciaux communs. La moins éloignée se rapporte au temps des domaines du Connétable Charles III de Bourbon dans le premier tiers du XVIe siècle. La plus ancienne date du Moyen Âge avec le royaume de Bourgogne. « Durant le haut Moyen Âge, l’espace rhône-alpin – pour désigner par un terme commode les terres d’entre Rhône et Alpes dans lesquelles allaient s’organiser les principautés savoyardes et dauphinoises – constituait un centre domanial dominé par la monarchie bourguignonne (32). » « De Lausanne à Viviers, du Jura aux Alpilles en passant par Chambéry, Lyon et Vienne, poursuit Christian Lauranson-Rosaz, le royaume de Bourgogne – Provence a bien montré sa diversité mais aussi sa spécificité : bien qu’elle en soit à maints égards voisines, la Burgondie n’est ni la Lotharingie/Lorraine austrasienne, ni l’Italie lombarde, ni le Midi aquitain. C’est en ce sens qu’elle préfigure, même de très loin, le grand Sud-Est rhodanien que nous connaissons et qui joue un rôle fort dans les temps actuels, avec la dimension européenne qui est la sienne (33). » Certes, si « le pagus Lugdunensis ne fait l’objet d’aucune contestation, ni d’aucun découpage : ses franges occidentales – pagus Forensis (Forez) et le pagus Rodonensis (Roannais) – restent attachées à la cité de Lyon et au regnum Jurensis (34) » et demeure dans l’Empire, les Monts du Forez servant de frontière occidentale avec le Royaume des Francs, les échanges n’ont jamais été freinées par ces contraintes physiques et politiques.

    Aujourd’hui, les populations d’Ambert et de Saint-Anthème, communes du Puy-de-Dôme, sont plus tournées vers Montbrison, sous-préfecture de la Loire, voire vers Saint-Étienne que vers Clermont-Ferrand, plus éloignée. Quant à la Haute-Loire, ce n’est pas un hasard si le député – maire U.M.P. du Puy-en-Velay, Laurent Wauquiez, revendique son rattachement à la seule région Rhône-Alpes si échoue le mariage avec l’Auvergne. Il est vrai que depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les deux tiers du territoire altiligérien sont attirés par le département de la Loire. L’Yssingeleais et le Velay ont fourni une abondante main-d’œuvre aux usines et aux mines de houille du bassin stéphanois et des vallées de l’Ondaine et du Gier. En outre, sur le plateau de la Burle (35) coupé par la délimitation entre l’Ardèche et la Haute-Loire, et donc par Rhône-Alpes et l’Auvergne, les Ardéchois de Sainte-Agrève, de Saint-Martin-de-Valamas et de Coucouron, ont plus de contacts avec le versant vellave de Tence ou du Chambon-sur-Lignon qu’avec Tournon-sur-Rhône et l’Ardèche du couloir rhodanien. Jacques Lévy le confirme : « La plupart des Auvergnats l’ont compris : leur intérêt consiste à se rapprocher d’une grande ville dynamique comme Lyon et non pas à former avec le Limousin une région Massif Central, comme le prônait naguère Valéry Giscard d’Estaing (36). »

    Richard Roudier estime cependant que la « Rhodanie auvergnate des Alpes et du Tripou […] est mort-née (37) ». Il a tort. Si une grande région Rhône-Alpes – Auvergne se révèle impossible à constituer, la région « Monts d’Oc » serait viable à la seule condition d’y inclure les départements de la Loire, de l’Ardèche et du Rhône maintenu (38) tandis que l’Ain, la Drôme et l’Isère rejoindraient une grande région Savoie. Illogique ? On oublie que jusqu’en 1601, la Bresse, le Bugey et le Pays de Gex appartenaient aux États de Savoie dont l’autorité s’appliquait aussi au Franc-Lyonnais (39).

    Pour des capitales néo-régionales médianes !

    Outre les départements, ces régions nouvellement configurées reposeraient aussi sur des structures intercommunales. Les communautés de communes (C.D.C.) devraient avoir un seuil d’existence viable de 30 000 habitants afin de correspondre aux « pays », véritables « unités démocratiques de base (40) ». Les ennemis des régions profitent des dysfonctionnements de l’intercommunalité souvent perçue comme l’« impérialisme » de la ville-centre sur sa périphérie proche pour soulever la question lancinante et fallacieuse de la capitale régionale. Pour le Mouvement Normand, « la solution raisonnable serait que l’on considérât l’ensemble métropolitain normand (agglomérations de Caen – Le Havre – Rouen + les C.D.C. interstitielles) comme la “ capitale ” de la Normandie moderne (41) ». Il insiste sciemment qu’« une métropole n’a pas le privilège intangible de vouloir concentrer tous les organes de direction d’une région. Peut-il y avoir une région sans métropole ? Réponse : oui. Peut-il y avoir une métropole sans région ? Réponse : non (42) ». En effet, « ce qui distingue la Normandie d’autres régions, c’est son polycentrisme, même si Rouen accède au rang de métropole. Les trois villes importantes : Caen, Le Havre et Rouen ont des fonctions et des rôles complémentaires : centralité à Caen, puissance à Rouen, dynamisme économique au Havre (43) ». Richard Roudier en généralise le principe à l’échelle nationale. Pour la Normandie, il suggère le choix d’une commune « équidistante entre Caen et Rouen, mais également située non loin du Havre par le Pont de Normandie (44) » : Pont-Audemer ou bien l’agglomération Deauville – Trouville. En Bretagne réunifiée, le principe de l’équidistance entre Rennes, Nantes, Brest et Quimper ferait de Vannes la nouvelle capitale bretonne. La capitale du Languedoc – Pyrénées ne serait ni Toulouse, ni Montpellier, mais Narbonne. Quant à la Grande Bourgogne, ce statut reviendrait à Dole entre Dijon et Besançon. Tours ferait une excellente capitale du Val-de-Loire. Dans l’optique de l’union Auvergne – Rhône-Alpes, les parlementaires ont entériné que Lyon en soit la nouvelle capitale, ce qui est une erreur grossière, car la capitale des Gaules possède une indéniable dimension européenne. Ce vote risque d’accroître plutôt les effets délétères de « Lyon et le désert luguno-auvergnat » et d’anémier les autres centres urbains locaux. La meilleure capitale rhodano-auvergnate doit se situer à égale distance de Lyon et de Clermont-Ferrand. De savants calculs géographiques assignent cette centralité à Saint-Chamond dans la Loire. Mais voisine de cette commune dont l’édile fut longtemps l’indépendant de droite Antoine Pinay, Saint-Étienne pourrait en assumer le rôle et accueillir certaines institutions régionales tandis que les anciens locaux auvergnats deviendraient ceux du conseil régional économique, social et environnemental. Saint-Étienne et ses environs immédiats s’en trouveraient redynamisés…

    Néanmoins, le dessin des régions, leur masse humaine ou leur superficie ne sert à rien si la région française n’acquiert pas une véritable autonomie politique. « La fédéralisation de la France, estime Gérard Dessouy, s’impose comme la voie à suivre pour, de concert, moderniser le pays et préparer son intégration à l’espace européen (45). » Sa proposition provocatrice risque d’indisposer le plus grand nombre alors qu’« il est possible d’organiser un pluralisme ordonné, dans un fédéralisme à plusieurs niveaux. Il trouverait sa solution dans des unions régionales par affinités linguistiques ou économiques (46) ». Quant à Richard Roudier, il soutient une meilleure répartition des compétences. « L’État doit se concentrer sur les fonctions régaliennes; les régions se spécialiser sur les entreprises, l’emploi et l’accessibilité du territoire; le département s’occuper de la solidarité sociale et territoriale; et le bloc communal, des services de proximité et du lien social (47). »

    Pour une vraie régionalisation…

    Le Mouvement Normand est encore plus explicite. « Au nom du principe de subsidiarité, il faut donner à la région les pouvoirs et les moyens d’une politique régionale effective. C’est une question d’efficacité. Pouvoirs sans limites ? Non, la Normandie est terre de France et, en tant que telle, elle doit être solidaire du reste de la nation. Le pouvoir régional le plus ambitieux possible ne doit pas empiéter sur les prérogatives régaliennes de l’État : la diplomatie, la défense, la sécurité, les grandes politiques nationales (santé – politique économique et sociale – objectifs éducatifs, etc.) (48). » Il considère que « la clause de compétence générale (sauf les compétences régaliennes) doit être réservée aux seules régions selon le principe que la décentralisation passe d’abord par la régionalisation. Les autres structures (métropoles, départements, communautés de communes, communes) devraient dépendre hiérarchiquement de la région, laquelle, bien entendu, reconnaît et reconnaîtrait la prééminence de l’État (49) ». Les régionalistes normands ont raison d’affirmer qu’« une région n’est importante et efficiente que par l’ampleur des pouvoirs qui lui sont accordés, notamment en matière budgétaire. Cet argument est tout à fait valable et nous ne le récusons pas, bien au contraire. Le Mouvement Normand ne limite pas son programme à la réunification de la Normandie : l’extension des pouvoirs de la région est une de nos priorités, notamment en matière d’aménagement de son territoire (et, par conséquent, de son financement). La seule limite que nous imposons au pouvoir régional est le respect des pouvoirs régaliens de l’État (50) ».

    Cela suppose au préalable un changement des mentalités et une remise en question radicale du très minable personnel politicien (51). Est-ce seulement possible ? Oui l’assure Richard Roudier par le biais d’un geste national fort : changer la capitale de la France ! Il faut que Paris et l’Île-de-France dégonflent tant démographiquement qu’économiquement. À l’instar de Pierre Fougeyrollas (52), il envisage la création d’une nouvelle capitale française, baptisée « Franceville », au milieu de l’Hexagone « entre Creuse et Haute-Vienne, mais on pourrait tout aussi bien installer la nouvelle cité dans le Bourbonnais, au cœur de l’histoire nationale, dans le berceau des Bourbons (53) ». Les géographes ont calculé ce « nombril » qui serait la commune de Nassigny (198 habitants) dans le département de l’Allier (54). Les exemples de transfert de capitale ne manquent pas. Outre Washington fondé ex nihilo, mentionnons Brasilia au Brésil, l’ivoirienne Yamoussoukro, la kazakhe Astana ou, au Myanmar (ex-Birmanie), Naypyidaw. Dernièrement, la présidente argentine Cristina Kirchner a proposé de faire de Santiago de l’Estero la nouvelle capitale fédérale. En 1986, son lointain prédécesseur, Raul Alfonsin, suggérait de dynamiser le Sud argentin avec un « projet Patagonie » dans lequel la ville de Viedma devenait la nouvelle capitale de l’Argentine (55).

    On constate que la véritable révolution territoriale attend son heure. Elle devient urgente au moment où un autre géographe « polémique », Christophe Guilluy, observe l’éclatement de l’Hexagone en trois ensembles épars (56). Décidément, la géographie devient un vrai outil politique !

    Georges Feltin-Tracol

    Notes

    1 : Richard Roudier, Lettre ouverte au Président à propos de la réforme des régions. Réponse au bazar anti-identitaire, Éditions Identitator, 2014.

    2 : Idem, pp. 19 – 20.

    3 : Id., p. 10.

    4 : Michel Feltin-Palas, « Les régions dont la France a besoin », dans L’Express, 29 octobre – 4 novembre 2014.

    5 : Richard Roudier, op. cit., p. 21.

    6 : Id., p. 42.

    7 : L’Arpitanie désigne une aire linguistique spécifique avec l’arpitan (ou franco-provençal). Son territoire coïncide avec une très grande partie de la région Rhône-Alpes, l’espace romand suisse, hormis le canton du Jura et le district bernois de Moutier, le Val d’Aoste en Italie, à l’exception des territoires walser germanophones.

    8 : Avec son Union générale des Rhodaniens, l’Ardéchois Gustave Toursier (1869 – 1950) préconisait déjà une large décentralisation régionale et défendait la formation d’une structure commune autour du Rhône, de la frontière suisse jusqu’à la Camargue.

    9 : Richard Roudier, op. cit., p. 31.

    10 : Idem, p. 15.

    11 : Didier Patte, 6 mois de réflexion pour la réunification de la Normandie, Mouvement Normand, 2014, p. 2.

    12 : Idem, p. 7.

    13 : Id., p. 1.

    14 : Id., p. 2.

    15 : Id., p. 31.

    16 : Richard Roudier, op. cit., p. 41.

    17 : Id., p. 69, souligné par l’auteur.

    18 : Id., p. 47.

    19 : Paul Sérant, Des choses à dire, La Table Ronde, p. 218.

    20 : Richard Roudier, op. cit., p. 107.

    21 : Id., p. 68.

    22 : Id., p. 67.

    23 : Id., p. 100.

    24 : Didier Patte, op. cit., p. 29.

    25 : Id., p. 17.

    26 : Périco Légasse, « Pour Marianne, voici le découpage “ idéal ” des régions », dans Marianne, 18 – 24 juillet 2014.

    27 : Gérard Dussouy, pp. 158 – 159, souligné par l’auteur.

    28 : Richard Roudier, op. cit., p. 110.

    29 : Paul Sérant, op. cit., pp. 41 – 42.

    30 : Id., p. 218.

    31 : Périco Légasse, art. cit., p. 23.

    32 : Laurent Ripart, « Du Royaume aux principautés (Savoie – Dauphiné, Xe – XIe siècles) », dans Le Royaume de Bourgogne autour de l’An Mil, textes réunis par Christian Guilleré, Jean-Michel Poisson, Laurent Ripart et Cyrille Ducourthial, Université de Savoie, coll. « Sociétés, religions, politiques – Laboratoires Langages, littératures, Sociétés », Université de Savoie, 2008, p. 250.

    33 : Christian Lauranson-Rosaz, « Conclusion », dans Le Royaume de Bourgogne autour de l’An Mil, op. cit., p. 283.

    34 : Pierre Ganivet, « représentation, répartition et évolution des pouvoirs à Lyon autour de l’An Mil », dans Le Royaume de Bourgogne autour de l’An Mil, op. cit., p. 135.

    35 : La burle désigne le vent du Nord qui souffle en violentes rafales en hiver sur les plateaux de l’Aubrac, du Haut-Forez et du Mézenc – Vivarais, élevant ainsi rapidement de très hautes congères qui égarent les voyageurs…

    36 : Jacques Lévy cité par Michel Feltin-Palas, art. cit. On ne peut qu’exprimer notre désaccord sur ce sujet avec les propos, compréhensibles, des amis auvergnats entendus dans l’émission n° 204 du 18 octobre 2014 de « Méridien Zéro » consacré au « socialisme identitaire : à la rencontre du M.A.S. Auvergne ».

    37 : Richard Roudier, op. cit., p. 114, souligné par l’auteur.

    38 : Rappelons qu’en 2015, le Grand Lyon deviendra une « euro-métropole » et recevra les compétences départementales. Elle pourrait aussi prendre en charge les compétences régionales et ainsi devenir une véritable collectivité autonome.

    39 : Outre une enclave dans la Dombes, le Franc-Lyonnais se nichait sur la rive gauche de la Saône et s’étendait sur une dizaine de paroisses (Rochetaillée-sur-Saône, Cuire, Genay, etc.), y compris la Croix-Rousse dont le plateau constitue maintenant le IVe arrondissement de Lyon.

    40 : Richard Roudier, op. cit., p. 82.

    41 : Didier Patte, op. cit., p. 17.

    42 : Idem, p. 18.

    43 : Id., p. 12.

    44 : Richard Roudier, op. cit., p. 100.

    45 : Gérard Dussouy, op. cit., p. 156.

    46 : Idem, p. 153.

    47 : Richard Roudier, op. cit., p. 26.

    48 : Didier Patte, op. cit., p. 41.

    49 : Idem, pp. 18 – 19.

    50 : Id., p. 37.

    51 : Le redécoupage ne doit pas se limiter aux seules régions. Un réduction du nombre d’académies (et par conséquent de rectorats) s’impose afin d’obtenir une cohérence administrative certaine entre le territoire régional et le cadre de l’enseignement national.

    52 : Pierre Fougeyrollas, Pour une France fédérale. Vers l’unité européenne par la révolution régionale, Denoël, 1968.

    53 : Richard Roudier, op. cit., p. 118.

    54 : Adrien Jaulmes, « la France. La quête du juste milieu », dans Le Figaro, 18 août 2014.

    55 : cf. Anaïs Dubois, dans Libération, 5 septembre 2014.

    56 : Christophe Guilluy, La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, Flammarion, 2014.

    http://www.europemaxima.com/

  • La Novorossiya martyrisée élit ce dimanche ses représentants politiques. Vidéo accablante

    La campagne électorale dans le Donbass

    Elle s’est terminée hier soir pour des élections qui auront lieu demain dimanche 2 novembre 2014. Il s’agit pour les Novorusses d’élire les représentants de la Novorossiya qui a fait sécession d’avec l’Ukraine, suite au coup d’Etat de Kiev d’avril 2014 qui privait les habitants de l’Est, entre autre, de la reconnaissance de leur langue, le russe. S’en est suivi l’agression militaire brutale des autorités de Kiev.
    La Novorossiya n’a pas pour le moment de représentants démocratiquement élus. Les frontières du nouvel Etat 
    doivent s’établir sur la ligne de front qui sépare les deux parties belligérantes conformément aux accords de Minsk.

    A Donetsk, le poste de président de la république est brigué par Alexandre Zakhartchenko, Iouri Sivokonenko et Alexandre Kofman. A Lougansk ce poste sera disputé par le président sortant Igor Plotnitski, Oleg Akimov, Larissa Aïrapetian et Viktor Penner. Les Novorusses doivent également élire leurs parlementaires. Les deux républiques ont conclu, début septembre, un accord d’union.

    La Russie reconnait et appuie le bienfondé de ces élections, contrairement aux avis de Ban Ki Moon, le secrétaire général de l’ONU, de l’UE et des USA qui lui ont demandé de ne pas les reconnaître. Cela n’empêche nullement l’affluence des observateurs sur place:

    « 51 observateurs étrangers sont déjà enregistrés pour les élections. Il y a des observateurs en provenance de Russie, de Serbie, du Monténégro. A notre surprise, il y a beaucoup d’observateurs de l’Union européenne, il y a même un député européen. Parmi les observateurs, il y a aussi des Américains », a annoncé vendredi, Roman Liaguine, le chef de la Commission électorale centrale (CEC).

    Les bruits en provenance de Kiev s’intensifient pour alerter les autorités novorusses sur d’éventuels sabotages durant le déroulement du scrutin. Alertes analysées sur place comme des provocations pour empêcher les élections. Le vice premier ministre de Donetsk, Alexandr Pourguine déclarait hier vendredi au cours d’une conférence de presse:

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  • De l’alternance à la connivence

    Chronique hebdomadaire de Philippe Randa

    Marine Le Pen, présidente du Front National fustige à longueurs de déclarations l’UMPS, soit la complicité des deux « partis de gouvernement », comme il est devenu coutumier de les nommer, ce afin de mieux montrer au peuple que le FN, lui, justement ne l’est pas. Même avec 25 % des suffrages !

    François Bayrou, président du MODEM, lui, se dit désormais prêt à gouverner « avec des hommes comme Alain Juppé d’un côté ou ceux qui viennent de s’exprimer autour de Manuel Valls »… Un Manuel Valls qu’il considère « cohérent » et « ne manquant pas d’un certain courage. »

    Au moins, c’est dit et d’expliquer que lorsque « il y a de très grands enjeux, il faut que les forces politiques puissent travailler ensemble sans se renier »…

    Se renier ? Mais que n’a-t-il cessé de faire, lui qui proposait en 2007 un « autre choix » que l’alternance à droite ou à gauche, avant d’appeler à voter François Hollande en 2012, puis à mendier le soutien de l’UMP pour se faire élire maire de Pau en 2014 ?

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuEulyFVApffvAJuXL.shtml

  • Oui, le FN est la solution ! Pour tous, catholiques inclus

    Non, Irène Bertin (1), Boulevard Voltaire n’est pas le porte-parole du FN. C’est le centre de gravité des rédacteurs et des visiteurs-lecteurs du site qui se rapproche, naturellement, des positions du Front national. Parce que c’est le seul parti à s’exprimer lucidement sur l’analyse des maux de la France. Et clairement sur les remèdes qu’il entend apporter.

    Non, le FN n’est pas une création du « Système ». Il en vit encore moins. Pourquoi reprocher aux seuls élus FN, en visant prioritairement les Le Pen, de bénéficier de leurs indemnités d’élus ? Curieusement, vous ne reprochez rien aux autres. Il y a pourtant beaucoup plus, et depuis beaucoup plus longtemps, d’élus non FN, qui nous coûtent beaucoup plus cher… Pour les résultats que l’on sait.

    Non, le FN n’est pas une création de Mitterrand, épargnez-nous cette rengaine aussi fausse et usée que peu imaginative. Quant à la proportionnelle, aucun mode électoral ne peut à lui seul favoriser ou pénaliser un courant d’opinion, dès lors que le parti qui le représente atteint durablement un niveau critique de votes. À 25 %, c’est le cas.

    Non, ce n’est pas le « déclinisme » ambiant qui est la cause principale de la faveur dont jouissent les thèses du Front national. Il s’agit plutôt d’adhésion aux critiques qu’il émet et aux solutions qu’il avance.

    Non, le FN n’est pas « un parti comme les autres ». Précisément pour la raison que vous évoquez : il n’a pas été aux affaires, il ne porte aucune responsabilité dans la faillite actuelle, aucune des mesures qu’il prône n’a été pour l’instant mise en œuvre.

    Je ne relèverai pas vos attaques sur la vie privée des dirigeants du FN. C’est indigne et indigent. Non pertinent, car relevant d’une autre sphère. La morale que vous invoquez – religieuse, en l’occurrence – est sans rapport avec l’essence du politique. Vous souhaitez embrigader les familles catholiques conservatrices dans votre pamphlet. Je connais, je respecte trop ces familles et leurs valeurs pour pratiquer semblable récupération politique. Croyez-moi, elles ont plus motif à inquiétude avec la relatio post disceptionem du synode sur la famille qu’avec le Front national. Lequel, je vous le rappelle, est le seul parti à avoir affiché sans ambiguïté son intention d’abroger les funestes lois anti-famille, une fois aux affaires.

    Oui, comme vous, « on peut espérer que le FN arrive au pouvoir ». On doit même s’y employer et s’y préparer. C’est la cause nationale la plus urgente maintenant. Et la plus importante à terme. Et en effet, une fois aux commandes, faire en sorte que le Front national possède alors le courage de reconstruire. En matière d’immigration comme sur les autres enjeux. D’accomplir pacifiquement et fermement la révolution culturelle et politique dont la nation a besoin, à peine de disparaître.

    Marc Desgorces

    notes :

    (1) Le Front National n'est pas la solution : http://www.bvoltaire.fr/irene-bertin/fn-nest-pas-solution,134983

    sourceBoulevard Voltaire 

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuEulFklyEKNAJywWL.shtml

  • Sarkozy : après le "mini-traité" le "mini-mariage" ?

     

    Lu dans Les 4 Vérités :

    "Je m’étonne que tout le monde s’intéresse encore au programme de Nicolas Sarkozy et que tant de personnalités à droite cherchent à peser sur les orientations de sa campagne. L’expérience nous a pourtant démontré, pour lui comme d’ailleurs pour beaucoup d’autres, que ce qu’il dira pour être élu n’aura qu’un seul but : être élu. Cela n’aura aucune incidence sur ce qu’il fera ensuite et qui seul nous importe. Ne lui demandez pas trop tôt de prendre des positions tranchées. Il se réserve de le faire plus tard, à quelques mois, voire à quelques semaines de l’échéance, c’est-à-dire lorsqu’il pourra apprécier ce que sera l’opinion des électeurs le jour où ils mettront leur bulletin dans l’urne. Ce moment approche, mais il n’est pas encore arrivé ; les Français sont si changeants ! On comprend ainsi sa réticence vis-à-vis des primaires. Elles l’obligeront à se dévoiler prématurément. Et, si près du scrutin, il ne pourra ensuite se déjuger sans dommage.

    S’il était un véritable homme d’État, ayant une claire vision de la société, de la France et du monde, animé de solides convictions, il aurait, de son exil politique, joué les oracles, tracé la voie, arbitré les grands débats nationaux. Sa voix aurait porté, il se serait élevé, bien plus qu’en distillant de petites confidences assassines sur tel ou tel. Mais il aurait risqué de n’être pas, le moment venu, en phase avec les Français. Ce qui compte pour lui, répétons-le, c’est, le jour de l’élection, de pouvoir dire aux électeurs, avec l’accent de la plus authentique sincérité, ce qu’ils souhaitent entendre, tout ce qu’ils souhaitent, rien que ce qu’ils souhaitent. En attendant, il amuse la galerie. Et, si la question est trop brûlante, les citoyens trop divisés sur le sujet, il usera de son extraordinaire habilité verbale. Il biaisera.

    Gageons, par exemple, que sa position sur le mariage des homosexuels est définitive, parce que les opinions, à droite et au centre, sont partagées sur l’opportunité de son abolition pure et simple. Cette position rappelle furieusement celle qu’il prit en 2007 à propos de la Constitution européenne : il promit de la « renégocier », pas de l’enterrer, ce que, pourtant, un référendum avait fait. De même, aujourd’hui, il évoque une « réécriture » de la loi Taubira. Nous aurons donc, s’il est élu, un « mini-mariage » des homosexuels, comme nous avons eu un « mini-traité », celui de Lisbonne, c’est-à-dire le même, sans changement, à quelques virgules près. Sans le nom peut-être ? C’est tout ce que nous pouvons espérer. Pourquoi diable veut-on faire dire aux candidats ce qu’ils ne veulent pas dire ? Si, déjà, ils ne tiennent pas les promesses qu’ils font spontanément, qu’en sera-t-il de celles qu’on leur aura arrachées ? Exiger de Nicolas Sarkozy tel ou tel engagement qu’il nous plairait d’entendre et que, probablement, il prendra si les sondages l’y poussent avec insistance, ce n’est pas autre chose que le supplier de nous faire cocus. Est-ce cela que nous voulons ?"

    Michel Janva  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Hongrie : le Jobbik confirme sa percée aux élections locales

    Alors que la presse officielle se félicite des résultats du vote organisé par les pro-UE et pro-Otan ukrainiens, relativement peu d’informations ont filtré sur le vote hongrois de la semaine dernière.

    Le parti nationaliste Jobbik (Mouvement pour une meilleure Hongrie) a réalisé des résultats importants lors de ces élections municipales remportées par le parti Fidesz du Premier ministre Viktor Orban, pourtant considéré comme “ultra-nationaliste” par les médias occidentaux.

    Le Jobbik est arrivé deuxième dans 18 des 19 comtés et a pris le contrôle de 14 villes, largement devant les socialistes (comme aux élections européennes de mai) mais tout de même à la traine derrière le parti actuellement au pouvoir. Ces bons résultats restent néanmoins en deçà des ambitions affichées par son leader Gabor Vona.

    Le Fidesz a de son côté a remporté le scrutin dans la capitale, Budapest, partout sauf dans six quartiers, et son candidat Istvan Tarlos a été réélu. Fidesz a une majorité de deux tiers au Parlement et ce scrutin local a consolidé sa position politique. Il est arrivé en tête dans pratiquement toutes les grandes villes du pays et démontrant à nouveau le soutien important de la population à son égard.

    Le Jobbik est ainsi le troisième parti du pays.

    “En 2018, Jobbik dirigera ce pays”, a déclaré Gabor Vona à ses partisans qui l’acclamaient à Budapest à l’annonce des résultats des dernières élections. Mais dépasser le Fidesz sera compliqué : le Premier ministre en poste, Viktor Orban, a récupéré les principales positions eurosceptiques du Jobbik.

    Il est à noter que la victoire la plus spectaculaire de ces élections pour le Jobbik est la prise de la grande ville industrielle du nord, Ozd, où vit une importante population rom.

    Ce parti commence à séduire de plus en plus les classes moyennes déçues de la politique économique du parti en place et des contraintes imposées par l’UE.

    Source BBC News Europe

  • Analyse apoliticienne : Front National et Système

    La politique et moi, c'est 35 ans de rapports intenses et passionnés. Peut être est-ce ou sera -ce – l'avenir n'est pas encore écrit – l'engagement de toute une vie. Pourtant, de façon paradoxale, je n'aime pas la fréquentation des militants, que ce soit ceux de la mouvance ou d'ailleurs. Je leur reproche – ce qui justement les caractérise – leur engagement partisan. S'il est en effet un domaine ou mauvaise foi et malhonnêteté intellectuelle sont omniprésentes, c'est bien en politique. 

    C'est ainsi que les militants de la majorité défendent le gouvernement au même titre que ceux de l'opposition le fustigent systématiquement. Or, aucune idéologie, aucun gouvernement ne peuvent être considérés comme totalement mauvais ou nocifs.

    On comprendra que la majorité des militants lisent principalement des ouvrages écrits par des essayistes issus du même terroir qu'eux, ce afin de voir conforté leur point de vue. Pourtant, les ouvrages de valeur, tout simplement objectifs voire d'un autre bord, ne manquent pas.

    André Breton ne se trompait peut être donc pas en affirmant « qu'adhérer c'est l'idéal du mollusque ».

    Sur ce qu'est le Front National, mouvement politique connu de tous depuis une trentaine d'années, chacun y va de son petit refrain. Le plus souvent de façon subjective et passionné. On peut néanmoins, sans préjugés, l'étudier de façon rationnelle, quand bien même est-on, comme moi – engagé en sa faveur. Pour ce faire, il suffit de ne pas censurer les informations susceptibles de nous déranger ou contrarier. C'est justement ce que se refuse à faire l'homme d'une seule idée qui picore dans la base de données empiriques, les seuls renseignements justifiant son point de vue.

    Voilà la raison pour laquelle, l'esprit objectif ne peut que dessiner qu'un tableau nuancé de la réalité. Voilà aussi pourquoi, il apparaîtra aux yeux de beaucoup comme peu clair.

    Le Système fustige le Front national de manière caricaturale. Ainsi le fait de le qualifier de fasciste. Lionel Jospin en fut, avant de reconnaître, très tardivement, qu'il ne s'agissait là que mensonge (1)

    Aux élections présidentielles de 1981, les quatre principaux candidats proposèrent aux Français,quatre modèles de société différents. Aujourd'hui, la grande homogénéisation, prélude au totalitarisme à venir, rend la plupart des partis interchangeables : bien peu de différences entre Sarkozy, Bayrou et Hollande. Aujourd'hui, la plupart des partis appartiennent au monde demo-libéral. Ce qui rend le Front National extrémiste aux yeux de beaucoup, c'est qu'il est probablement le dernier parti viscéralement républicain : comme si la République, dont il a existé plusieurs moutures, était extrémiste …

    A lire la presse systémique, on a presque l'impression que le Front National constitue le plus grand des dangers qui menace la France. Attitude d'autant plus surprenante que ce mouvement n'a jamais exercé de responsabilités ministérielles et que donc, par voie de conséquence, il n'est nullement responsable de la situation actuelle. Si le Front National joue bien, force est de constater qu'une bonne partie de son succès, n'est que la conséquence de l'échec des autres. Si le Système veut réellement détruire le Front National, il lui suffit tout simplement de résoudre les problèmes auxquels les Français sont confrontés. 

    A titre d'exemple, on nous assène que la politique économique menée, tant par les gouvernements de « droite » que de « gauche » est incontournable. Il n'en reste pas moins que dans la presse économique, on s'inquiète de l'actuelle situation. Même l'Allemagne, meilleur élève économique de l'Europe d'un point de vue systémique, voit sa situation critiquée par ces mêmes partisans du Système. Il est aussi bien beau de reprocher au Front National de vouloir revenir au Franc. N'en reste pas moins, toujours à lire la presse économique systémique, que la disparition de l'euro y est très sérieusement envisagée. Et que les grandes entreprises ont déjà élaboré des plans afin de s'adapter au retour au Franc.

    Il est aussi bien facile au Système de reprocher au Front National de mettre en exergue le fait délinquance. Si le mouvement de Marine le Pen insistait sur la future invasion des petits hommes verts, il ne ratisserait pas autant de suffrages. Fatalement donc, c'est que ce fait délinquance, existe réellement. Et là encore, objectivité oblige, les statistiques nous indiquent que cette délinquance croît, mais aussi qu'elle est de plus en plus violente.

    Phénomène lié, l'immigration et ses excès, ne sont nullement une invention du Front National : non seulement les faits objectifs l'affirment, mais aussi les Français – qui ont des yeux – le perçoivent objectivement.

    Le chômage voici un demi-siècle, c'était moins de 500 000 personnes. Aujourd'hui, toutes catégories confondues et assimilés, c'est environ vingt fois plus, soit pas très éloigné de 10 millions de Français. On ne peut donc pas dire que ce chômage est le fait du Front National ou que les solutions proposées par ce mouvement politique soient nécessairement mauvaises. Au contraire, on ne peut que constater l'échec des différentes politiques menées en ce domaine et ainsi, prôner une politique alternative. Celle par exemple, proposée par le Front National...

    Ce dont le Système, qu'il ne faut absolument pas limiter à l'actuel gouvernement, ne semble pas avoir conscience, c'est de son impopularité qui va crescendo. En fustigeant le Front National, il ne fait donc, par réaction, que le renforcer. Puisque les Français rejettent les différents gouvernements successifs, ils se tournent tout naturellement vers le mouvement le plus décrié par ces gouvernements : le Front National.

    Alain Rebours

    Note : 

    (1) http://youtu.be/xY3jUuFBWIM

    http://www.voxnr.com/cc/a_la_une/EuEuZZppEpyTvVayqj.shtml

  • Alain Juppé, la tentation de Venise pour la France

    Pourquoi un tel engouement si on veut bien aller au-delà de la rassurante élégance du personnage ?   

    Il est bien, Alain Juppé. Il n’est plus le gendre idéal, certes, mais l’a-t-il jamais été ? Il a cette élégance discrète, une élégance de chat, cet égoïste mammifère qui retombe toujours sur ses pattes et sait si bien ronronner et se lover au creux de son maître. Mais Alain Juppé n’a plus de maître. Sa seule allégeance, désormais, va aux dogmes qui gouvernent le monde. Lui qui, autrefois, était de droite dans ses bottes s’affirme en majesté un parfait candidat à la magistrature suprême pour quiconque pense large, à défaut de penser loin, haut et profond, en clair pense à gauche et au centre gauche en ce pays. Cette élégance discrète plaît tout autant aux descendants des grandes et antiques lignées bourgeoises pour qui tout doit changer afin que rien ne change (on connaît l’histoire) qu’aux adeptes inconditionnels de la dissolution des mœurs et de notre peuple dans un grand ensemble sans foi ni loi.

    Sa parole, très légèrement colorée d’un accent que l’on entend au bord de la Garonne à l’ombre des beaux hôtels particuliers, fait couler un flot ample et rassurant qui n’a plus rien à voir avec le torrent impétueux et menaçant de ses débuts en politique, flot qui s’en va mourir langoureusement dans l’océan des bonnes intentions. Bref, on boit ses paroles comme les meilleurs crus bourgeois, sans modération, d’autant que le millésime est fort respectable. Pour autant, ce vin est-il charpenté ? Oui, si l’on considère que l’ambition personnelle et l’orgueil structurent toute action politique. Rien de bien original, en somme. De ce tonneau on a bu et on boira sans doute encore longtemps.

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  • « La révolution nationaliste » ou leur « civilisation de mort » ?

    « Se replier sur soi-même, rester avec des frontières, voter NON c’est s’éloigner de Bruxelles, refuser la monnaie unique ce serait une croissance atone, un chômage de masse, la fin de la prospérité et un désastre économique ». Comme nous le rappelait dernièrement un ami internaute, ainsi parlait le  ministre des Affaires Étrangères du Danemark en 1992, mettant en garde ses compatriotes contre un vote défavorable à l’adoption du traité de Maastricht. 22 ans après la victoire du  NON (d’une courte tête) au référendum,  la situation économique de ce pays  sans Maastricht, sans Lisbonne, sans euro, est pourtant excellente avec une croissance de prés de 2% depuis le début de l’année et un taux de chômage de 6% . 1992 c’était aussi l’année ou l’homme d’affaires Bernard Tapie traitait les électeurs du FN de « salauds ». Il promet depuis régulièrement de faire passer le score de l’opposition nationale sous la barre des 10%. Encore une escroquerie… En début de semaine, invité  sur I-télé,  l’ex ministre de gauche ultra libéral est reparti dans son petit numéro habituel, sur un mode certes passablement moins vulgaire qu’auparavant.

     Bernard Tapie ne s’est pas donné le ridicule d’un Jean-Luc Mélenchon allant  jusqu’a dire que les violences des casseurs anarchistes autour de la construction du barrage de Sivens (Tarn) étaient le  fait de l’extrême droite. Non, sur un ton  qui se voulait plus sérieux,  il s’est essayé à jeter le discrédit sur  le programme économique du FN avec des arguments aussi faux que pitoyables et jugeant « stupides » de ce fait les électeurs qui votent FN. Marine n’a pas manqué d’ironiser sur les « leçons d’économie » du sieur Tapie…en attendant ses « leçons d’ éthique » ?

     Loin d’être stupides note Bruno Gollnisch, les Français ont au contraire l’intelligence de ne plus prendre pour argent comptant les avis sentencieux d’un « Nanard » ou  des politiciens du Système qui distribuent bons et mauvais points…et  ont précipité le déclin français en quelques décennies.

     Ex directeur du Figaro devenu banquier d’affaires,  M. Tapie a certainement déjà croisé son chemin, le pourtant très cosmopolite et progressiste Philippe Villin ne dit pas le contraire. Cet  ancien inspecteur des finances et ex élève de l’ Ena, adversaire acharné de l’euro, dénonce depuis des années «l’aveuglement» «des représentants de la pensée unique, sortis pour la plupart de l’Ena et nourris à un delorisme médiocre».  Droite et gauche « appliquent la même politique », « parce qu’il n’y a pas de réformes structurelles, ni de chasse aux dépenses publiques inutiles, et que le credo européen — l’euro doit exister même s’il nous tue — est inlassablement répété. La croissance française est cassée. Car elle ne peut reposer que sur une compétitivité retrouvée par une monnaie nationale correspondant à notre niveau de productivité et une bien meilleure gestion du secteur public ».

     Certes, les a priori  ont la vie dure et le discours d’un Tapie répétant  comme un perroquet assis sur les centaines de millions d’euros obtenus  du précédent gouvernement avec nos impôts,  en réparation ( !) de l’affaire Adidas-Crédit Agricole,  illustre ce décalage criant entre les aspirations de la  France d’en bas et la caste au pouvoir.

     Les Français seraient donc des salauds, des abrutis, parce qu’ils réclament ce que chaque peuple est en droit d’obtenir, à savoir  le respect et la conservation de son identité et de sa souveraineté ; parce qu’ils s’aperçoivent tout en le refusant que «la société française et la nation française sont en train de se dissoudre dans le multiculturalisme, la mondialisation et l’Union européenne » (Eric Zemmour).

     Sur le site Atlantico, Laurent Chalard, «géographe-consultant», «membre du think tank European Centre for International Affairs » mettait en garde la semaine dernière contre cette sourde colère qui monte des entrailles du pays réel ; «la déconnexion de plus en plus marquée entre les positions des élites mondialisées, qui vivent de plus en plus dans une bulle, et la réalité de la France ».

     Un « phénomène progressif » dit-il, «qui se renforce consécutivement à l’absence de réaction des élites, qui, au lieu de faire leur mea culpa, préfèrent s’enfermer dans le déni des réalités (…).  Comme toute fracture, si elle devient trop importante, le risque d’une révolution par le bas par les urnes est réel, en l’occurrence, étant donné le contexte actuel, plutôt une révolution nationaliste qu’une révolution de type communiste. Ce phénomène n’est pas spécifique à la France, mais s’inscrit dans une crise de la démocratie occidentale inquiétante et dont les élites sont partiellement responsables de par leur corruption et leur manque d’empathie pour les problèmes de leurs concitoyens.»

     S’attachant à la problématique de l’immigration de peuplement il poursuit : « si l’on en croit les sondages, la majeure partie des Français trouve qu’il y a trop d’immigrés en France, donc si cet élément est l’indicateur d’une France rance ou du passé, effectivement, croire qu’elle est minoritaire est grandement se voiler la face et témoigne du terrible décalage entre une partie des élites parisiennes et le reste du pays (…). Il existe un profond attachement dans le peuple français à une identité pluriséculaire qu’il ne faut pas sous-estimer. Le passage vers une société multiculturelle ne va donc pas de soi et ce n’est pas en insultant les Français qui se sentent mal à l’aise avec cette nouvelle donne qu’on arrivera à les convaincre que le multiculturalisme peut bien se vivre et qu’il ne remet pas forcément en cause l’identité nationale ».

     Pour les convaincre des bienfaits du multiculturalisme, ou au moins les convertir  à son inéluctabilité, rien de tel aussi que de répéter sur tous les tons,  comme pour l’euro, qu’il n’y a pas de plan B, que cette évolution va dans « le sens de l’histoire », du « progrès » et surtout que le FN est un mouvement  de zozos, pas crédible et délirant.

     Daniel Schneidermann fondateur de l’intéressante émission et site éponyme  « @rrêt sur images »  est revenu sur la « polémique » autour  du jeune élu FN  Maxence Buttey qui s’est converti  à l’islam –voir notre article publié lundi.

     Dans un court article repris notamment sur Rue 89,   il affirme que «Marine Le Pen veut aujourd’hui des électeurs, des militants, des candidats musulmans (…). C’est d’ailleurs ce qui fait sa dangerosité. Le FN est sans doute autrement plus redoutable en parti attrape-tout, souhaitant intégrer les musulmans (et les juifs, et les Noirs, et les homos), que développant à leur égard les éructations de papa ».

     Loin des poncifs commodes sur les  « éructations de papa », M. Schneidermann préfère ignorer que le FN a toujours eu depuis sa percée électorale du milieu des années80 des électeurs, des adhérents de toutes confessions et origines. Leur nombre croissant (même si les études indiquent que le vote des « musulmans » pour le FN reste extrêmement marginal) devrait suivre logiquement ( ?) la pente ascendante du vote FN et Le Pen.

     Mais surtout il ne veut pas voir que le succès rencontré par le FN vient aussi de la réaffirmation par l’opposition nationale d’une fierté française, des valeurs de notre civilisation, de nos racines. Une fierté qui est comprise, voire respectée par de nombreux immigrés, notamment mahométans. Et qui peut être perçue positivement par une partie de cette  jeunesse arabo-musulmane éduquée elle aussi jusque là dans le rejet et la culpabilisation de la France.

     Dans « Islamisme et Etats-Unis. Une alliance contre l’Europe » (1999), Alexandre del Valle, citait l’essayiste algérien vivant en France  Slimane Zéghidour, qui «observe avec regret l’autodestruction progressive de l’identité culturelle française et européenne. Selon lui c’est cette autodestruction et cette américanisation mentale de l’Ancien monde qui fonde la haine qu’éprouvent nombre d’immigrés musulmans envers l’Europe ainsi que la progression de l’islamisme  dans les pays d’accueil.»

     Dans son essai « Le Voile et la bannière »,  M. Zéghidour s’interrogeait: « comment le jeune beur (…) pourrait-il chérir un pays dont le cinéma, le théâtre, la télévision, la littérature, la presse et les controverses publiques, instruisent à longueur d’années le procès de la traite des noirs,  du colonialisme, de la délation anti-juive durant l’occupation, sans même parler des classiques racismes anti-arabe, antisémite (…).  Où puiseraient-ils quelques motifs de fierté d’arborer les couleurs françaises ? (…). Les Français  se sont allégrement fait une religion  de ce que leur langue, leur cuisine, leur garde-robe, leur musique,  et même leur intelligentsia s’américanisent mais ils s’insurgent contre l’affirmation ostentatoire de l’ islam qui ne représente   tout compte fait  qu’une conséquence  parmi d’autres  de cette mise à l’heure outre-Atlantique. Quoi de plus américain en effet que la constitution de forteresses communautaires, l’organisation de ghettos urbains, la coloration religieuse de nombreuses pratiques profanes : prières à l’école, Bibles dans les hôtels, formules pieuses sur les dollars, les armoiries ? La confessionnalisation des musulmans de France, stade suprême l’américanisation ! ».

     Et M. del Valle de souligner tout aussi justement, comme le fait Bruno Gollnisch qu’ «une civilisation matérialiste et hédoniste ne peut pas  perdurer longtemps car la destruction progressive des entités naturelles, telle que la famille, ainsi que l’éradication de tout esprit citoyen  et moral, nécessaire à la cohésion sociale et à la survie des nations, conduisent inéluctablement à l’autodestruction et  au suicide collectif ».

     « De plus, le vide spirituel et démographique attire obligatoirement de nouvelles populations et de nouvelles croyances. Et c’est dans l’exploitation de cette vacuité  spirituelle de l’Occident que résidé la force du projet islamique.»

     « Ou nous les convertiront où ils nous convertiront  alertait le Père de Foucauld avant d’être assassiné peu de temps plus tard par un musulman touareg. On pourrait dire aujourd’hui : ou nous revenons à la religion de nos pères ou ils nous convertiront, tant la vulnérabilité de l’Europe se trouve être aujourd’hui  à l’intérieur même de la culture nihiliste et thanatocratique dominante en occident, car une civilisation inféconde  est, par définition, une civilisation de mort ». Hors  le  chemin de la saine  réaction nationale, populaire et sociale , point de salut.

    http://gollnisch.com/2014/10/29/revolution-nationaliste-civilisation-mort/

  • « Au cœur du volcan/ Carnets de l’Elysée 2007-2012 » de Maxime Tandonnet

    André Posokhow, commissaire aux comptes, consultant

    ♦ L’impuissance de l’Etat vue par l’ancien conseiller immigration de Sarkozy

    Un nouveau livre de Maxime Tandonnet, Au cœur du volcan, vient de paraître. L’auteur, haut fonctionnaire et inspecteur général de l’Administration au ministère de l’Intérieur est un spécialiste de l’immigration à laquelle il a consacré un livre. A ce titre il fut le conseiller aux Affaires intérieures et à l’Immigration de Nicolas Sarkozy, président de la République, pendant un peu plus de quatre ans.

    Il livre son témoignage sur une expérience qui fut exceptionnelle mais éprouvante. Tandonnet met en exergue la mollesse de nombreux ministres et les hésitations de son entourage de l’Elysée. Il pointe surtout la paralysie de la lutte contre l’insécurité et d’une véritable politique d’immigration due au « garrot » que constituent les médias, les institutions européennes, l’obstacle constitutionnel et surtout la magistrature.

    Les larmes aux yeux et la lave au cœur

    Tandonnet a noté ce qu’il voyait et entendait. Il livre son témoignage sur une expérience qui fut exceptionnelle. Mais au bout du compte, il n’y a pas que le lecteur à être éprouvé, l’auteur le fut, lui aussi, et terriblement. Comme il le dit : « Je ne pouvais pas une seconde imaginer ce que j’allais voir et vivre. »

    • Un Sarkozy sympathique mais sans méthode de travail

    Eh bien oui, le personnage présidentiel qui ressort de ce témoignage est plutôt celui d’un homme direct, amoureux de Carla et capable de grandes gentillesses. Il se montre souvent naturel, chaleureux, simple et humain.

    Son émotion personnelle face à des meurtres terrifiants comme celui de Laetitia Perrais, dix-neuf ans, martyrisée et tuée à Pornic par Tony Meilhon, multirécidiviste, ou l’affaire du saccage du lycée professionnel de Gagny par une bande de voyous dans un déchaînement de violence inouï paraît sincère. Ses colères contre le manque de réactivité face au fléau de la drogue ou les campements illégaux de nomades ne sont pas simulées. Ses visites nocturnes du 93 sont louables.

    Mais c’est justement là que le bât blesse. Souvent plus que d’émotion, il s’agit d’émotivité. N. Sarkozy agit par réaction et décide avec impulsivité après des événements graves. Ceux-ci prennent le pas sur le long ou plutôt le moyen terme, étant donné la durée du quinquennat. Ce président est, au fond, arrivé au pouvoir avec de bonnes et nombreuses idées mais sans une véritable stratégie réfléchie de lutte contre l’immigration et l’insécurité. Il n’y eut pas une réelle programmation de mesures concrètes avec leurs modalités juridiques et administratives et un calendrier. Très fréquemment les décisions ne sont pas suivies d’effet ou se perdent dans l’inertie et la mauvaise volonté de l’entourage et des ministères. Comme à Grenoble il peut parler fort, mais l’action qui devrait suivre n’est ni réfléchie ni organisée. N. Sarkozy se targue beaucoup d’être un homme d’action et de volonté. Trop souvent il s’est agi de velléité.

    Plus grave : une note du bas de la page 284 souligne que le pouvoir de décision est concentré à l’Elysée. Or c’est bien à Matignon que se trouve l’appareil du gouvernement. La présidence arrête tous les choix importants mais ceux-ci ne sont pas formalisés et tombent dans l’oubli. De la sorte l’autorité gouvernementale est neutralisée et paralysée. L’hyperactivité du chef de l’Etat détruit l’efficacité et l’autorité de celui-ci.

    • Le constat : la politique d’immigration ne marche pas

    C’est le président lui-même qui, en juillet 2010, trois ans après son élection, le constate tristement : « Le sentiment des Français est que la politique de l’immigration ne marche pas. »

    Certes, de bonnes choses furent décidées et faites

    Il ne serait pas objectif de ne pas souligner les efforts et les réussites :

    -la nomination d’inspecteurs des services fiscaux dans les cités sensibles, que le chef de l’Etat imposa contre vents et marées, s’est révélée comme une des mesures les plus efficaces contre le trafic de drogue, de même que la création des GIR, les Groupes d’intervention régionaux pour lutter contre la criminalité ;

    -les peines planchers contre les récidivistes ;

    -la loi anti-bandes et la police d’agglomération dont M. Tandonnet dit avec une certaine fierté qu’elle est sortie de son imagination et de son expérience du terrain ;

    -la loi du 11 octobre 2010 qui interdit le port de la burqa ;

    -la nomination du préfet Lambert dans le 93.

    Notons toutefois qu’il s’agit pour la plupart de mesures qui visent plus l’insécurité, c’est-à-dire la conséquence, que l’immigration à proprement parler.

     Mais il y eut aussi des décisions contestables

    Retenons deux exemples :

    -entre 2007 et 2012, il y eut 10.700 suppressions de poste de CRS et de gendarmes ;

    -en 2010, à l’initiative d’Eric Besson, le projet de loi sur l’immigration a supprimé le « délit de solidarité » sanctionnant les associations qui aident les migrants en situation illégale, même en l’absence d’un but lucratif.

     Trop de projets n’eurent pas de suite ou firent long feu

    La liste des projets qui n’eurent pas de suite est impressionnante :

    -le projet des tests ADN en matière d’immigration fut abandonné après s’être heurté à une tempête médiatique d’une violence inouïe ;

    -le projet d’instituer des quotas ou plafonds d’immigration ne dépassa pas l’intention ;

    -la transformation du fichier EDWIGE en EDVIRSP ;

    -la reconduite des migrants du Calaisis dans leur pays d’origine par vols collectifs ;

    -le débat sur l’identité nationale lancé par Eric Besson ;

    -l’installation de la vidéo-protection dans les communes.

    Des idées ou des projets importants sont arrivés trop tard

    Il paraît incompréhensible que des projets aient été formulés si tard dans le quinquennat.

    -C’est le cas de la loi sur l’immigration qui permettait des avancées comme rendre le regroupement familial et les mariages mixtes plus difficiles. Mais pourquoi avoir attendu 2011, à un an de l’élection présidentielle ?

    -Des idées importantes n’ont trouvé leur place que dans le programme électoral de la campagne présidentielle en janvier 2012 : réduction du flux migratoire de moitié, possible sortie de Schengen, référendum sur l’immigration illégale.

    L’inacceptable a été trop souvent accepté

    Le constat, forcément partiel et incomplet, est accablant ; en réalité, angoissant :

    -L’AME n’a pas été remise en cause ; un ticket modérateur a été seulement maintenu, avec beaucoup de mal d’ailleurs ;

    -Les violences se sont succédé sans qu’une véritable réponse de fond soit apportée : émeutes de Villiers-le-Bel, agressions antisémites, campements sauvages d’Afghans dans le Calaisis, saccage du lycée professionnel de Gagny, chaos et anarchie à la Courneuve, agressions d’autobus à Tremblay-en-France à la suite du démantèlement d’un trafic de drogue, etc. ;

    -La question des nomades fut lancinante : campements illégaux, émeute à Saint-Aignan-sur-Cher ;

    -Toujours subir : en 2010 on apprend, par le directeur du ministre de l’Education nationale, que chaque année les écoles du 93 reçoivent 3.000 enfants supplémentaires dont on ne sait d’où ils proviennent, probablement de l’immigration illégale. Ce phénomène impose l’ouverture d’une centaine de classes spécialisées supplémentaires ;

    -Le 22 juin 2010, le préfet du 93 fit à l’Elysée un tableau apocalyptique de la situation du département : quartiers soumis à l’économie parallèle et au trafic de drogue, familles dont les seules ressources sont les prestations sociales et la criminalité, profusion d’armes de guerre, arrivées massives de migrants clandestins, etc., etc., etc. ;

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