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élections - Page 768

  • Deux craquements au sein de la pseudo-majorité

    Le spectacle lamentable donné par le fonctionnement statutaire de l'UMP induit ces temps derniers des effets collatéraux non négligeables.

    Deux "petits" événements significatifs, survenus le même jour le 28 novembre doivent pourtant retenir l'attention. Il s'agit des votes négatifs du Sénat sur le projet de Loi de finances et les protestations de l'Association des régions de France sur le fonctionnement prévu pour la Banque publique d'investissement. Ces deux dossiers manifestent en effet une situation du pouvoir actuel beaucoup plus fragile qu'on ne veut faire semblant de le croire.

    D'une part, en effet, le feuilleton de la présidence du principal parti de droite, dissimule les débats profonds internes à la gauche. Celle-ci se révèle déchirée par des choix indispensables. Or, ni Monsieur Normal ni son Premier ministre ne parviennent à les imposer, ni probablement même à les concevoir. Il ne s'agit pas seulement de fiscalité ou d'économie, mais aussi de politique scolaire, de lutte contre la délinquance et l'immigration clandestine, de position au sein de l'Union européenne, etc.

    Tôt ou tard, et même sans doute très bientôt, ces sujets reviendront au premier plan sans que la cohérence, au moins apparente, de l'action gouvernementale ait vraiment été rétablie.

    D'autre part, la majorité factice gronde de plus en plus. Elle se sait confrontée à ces contradictions entre les idéologies, dont elle se réclame encore, et les réformes qu'il faudra bien esquisser et, plus encore, mettre en œuvre. Elle n'est pas seulement composée du parti socialiste en ses diverses tendances et factions. Elle comprend aussi le parti radical de gauche, un peu dérisoire, le parti communiste, qui se refait impunément une dentition, mais aussi les écolos, les groupuscules, les mouvements associatifs extraparlementaires, etc.

    Or tout cela se retrouve, effectivement, à deux échelons : celui de la majorité sénatoriale conquise à l'automne 2011, et celui des collectivités territoriales qui dans leur grande majorité ont basculé à gauche dès la deuxième présidence Chirac, donc depuis quelque 10 ans. Par conséquent leurs personnels savent pertinemment ne rien devoir ni à Monsieur Hollande ni à son collaborateur Ayrault, respectivement chef de l'État et chef du gouvernement, à ce qu'il paraît, depuis mai 2012.

    Le pays légal, celui qu'accapare la classe politique, se trouve ainsi en présence d'un morcellement quasi féodal. Et comme les dirigeants officiels ressemblent fort peu aux Capétiens directs, on n'en sortira que difficilement et, du point de vue de ses profiteurs, que douloureusement.

    Les discours tenus dans l'enceinte du Palais du Luxembourg pourraient être cités largement.

    Une perle de taille a été lâchée par exemple par l'indérridable humoriste Cahuzac : celui-ci a osé se féliciter, lors du débat sur les crédits de l'Union européenne que "le président de la République a placé la France au centre du jeu. Il a eu des entretiens bilatéraux pour que le Conseil ne voie pas s'affronter contributeurs nets et amis de la cohésion". (1)⇓Cette déclaration veut dire, en clair, que tout un clan gouvernemental de frivoles courtisans et de technocrates à courtes vues ne voient pas l'erreur que commet Paris en approfondissant le fossé avec ses principaux partenaires.

    Le point crucial est ici que la majorité sénatoriale de gauche, celle qui a élu Bel à la présidence de cette assemblée, a besoin des communistes et que ceux-ci ont pris l'habitude de voter "contre" avec la droite et le centre. Ceci n'empêchera sans doute pas l'adoption en seconde lecture au Palais Bourbon des principales mesures notamment fiscales, rejetées par la haute chambre du parlement. Mais cela pose plus en plus un problème politique.

    Or on ne doit pas perdre de vue que le Sénat lui-même reflète les rapports de forces au sein des collectivités territoriales, théoriquement dominées par les socialistes.

    Et le deuxième craquement au sein de la pseudo-majorité issue du second tour de mai 2012, s'est précisément manifesté par la fronde des exécutifs régionaux autour du contrôle de la future Banque publique d'investissement. Le Ministère des Finances entend placer l'institution sous sa coupe. Ce que bien évidemment les grandes régions refusent. On rapporte ainsi la remarque du président de la plus grosse d'entre elles fâché car "Bercy nous prend pour des analphabètes sur le plan économique"(2)⇓ Or ces propos viennent d'un soutien de poids de l'actuel président de la république. Les régions considèrent qu'avec 2 administrateurs sur 15 elles ne détiendront aucune véritable influence dans les choix "volontaristes" Ceux-ci leur seront imposés au nom du soi-disant redressement productif, cette vaste escroquerie semblant destinée à camoufler le plus sordide des clientélismes.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    notes :

    1. cf. Compte rendu analytique officiel du 28 novembre, première séance.
    2. cf. Cf. Le Monde.fr | en ligne le 28.11.2012 à 21h00.
  • Souveraineté populaire… : une règle d’or ?

    Les medias relatent aujourd’hui les tensions au sein de la majorité avec des écolo-gauchistes hurlant à la mort à la suite des propos d’Arnaud Montebourg, qui a reçu l’appui de Manuel Valls, vantant l’avenir de la filière nucléaire. La presse s’attarde aussi sur l’entrée en campagne officielle hier de Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP, lors d’une réunion publique tenue à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône). Un choix géographique qui ne doit rien au hasard puisque Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, au coude-à-coude, y ont réuni chacun 30% des voix au premier tour de la présidentielle. Vox populi vox dei ?

    Pour l’occasion, M. Copé a joué sans surprise la partition droitière censée mettre ko le rival François Fillon, stratégie élaborée avec son conseiller ex FN, ex Villiériste Guillaume Peletier. Une phrase de Charles Péguy sur Jeanne d’Arc ; un tacle contre le politiquement correct de « Saint-Germain des Près » auquel il ne se soumettra pas ; un appel à la raison à « ses amis qui votent FN » ( !), les invitant à voter utile, à ne plus faire le jeu d’une gauche donneuse de leçon qui fricote avec l’extrême gauche…

    Mais d’Europe-Ecologie à l’UMP, l’esprit progressiste de Saint-Germain des Près fait tout de même autorité dans un domaine essentiel, à avoir celui de la mainmise des instances bruxelloises sur notre souveraineté.

    En témoigne le consensus au sein des partis du Système sur le traité européen signé le 30 janvier par 25 des 27 pays européens (à l’exception de la Grande Bretagne et de la Tchéquie) qui impose l’inscription de la « règle d’or »dans les constitutions des pays signataires, laquelle limite à 0,5% du PIB le déficit public.

    Le 9 août, la plupart des commentateurs ont retenu que le Conseil constitutionnel a validé ladite règle d’or, qui instaure pourtant « une camisole budgétaire pour les Etats de la zone euro » et « met largement à mal la souveraineté budgétaire de notre pays » (E&R). Et ce, sans juger nécessaire une révision constitutionnelle contrairement à ce qui fut fait pour les traités de Maastricht (1992), d’Amsterdam (1997), de Lisbonne (2007) ou pour l’adoption de la Constitution européenne (2005).

    Le 13 août,  sur le site de Marianne, l’universitaire et juriste Anne-Marie Le Pourhiet, nuançait le propos en soulignant plus finement que  le Conseil constitutionnel a plus subtilement « interprété le pacte budgétaire comme offrant aux États une alternative dont une branche, contraignante pour les finances publiques, nécessiterait une révision constitutionnelle, tandis que l’autre branche, non contraignante, n’impliquerait pas de révision. C’est ce que l’on appelle, dans le jargon des juristes, une interprétation neutralisante (…) ».

    « Le Conseil constitutionnel juge donc que si le gouvernement français retient la première option hard il faudra réviser la Constitution française, mais que s’il retient, en revanche, la seconde version soft ce ne sera pas nécessaire. Le traité nous laisserait donc, en quelque sorte, le choix entre Docteur Jekyll et Mr Hyde. »

    L’auteur de l’article souligne que « la stratégie poursuivie par le Conseil » est « fort claire »: « il s’agit évidemment de faciliter une ratification rapide d’un traité signé par Nicolas Sarkozy et confirmé à la virgule près par François Hollande (…). »

    « Il reste donc au Gouvernement français, s’il choisit l’option soft comme on peut s’y attendre, à préparer un projet de loi organique qui devra théoriquement s’inspirer des conditions définies par le Conseil constitutionnel, qui sont si peu précises et claires il dispose en réalité d’une grande liberté pour réaliser notre mise au pas de l’oie budgétaire. »

     Et Anne-Marie Le Pouhriet de citer le professeur allemand Dietrich Murswiek qui dans une conférence-débat au parlement européen le 7 février 2012 indiquait : «Le pacte budgétaire est un projet allemand. Le ministre des finances Schäuble et la chancelière Merkel ont eu l’ambition d’utiliser la crise de l’euro pour transformer l’union monétaire en union budgétaire complète.  C’est bientôt chose faite. ».

    Marie-France Garaud a relevé pour sa part que ce texte, « Conçu à l’initiative de l’Allemagne, », « a été signé par Nicolas Sarkozy avant l’élection présidentielle sous la seule invocation, inlassablement répétée, d’une vertueuse règle d’or propre à nous protéger de coupables dérives financières. Rares furent donc les hommes et femmes politiques assez lucides, libres et courageux pour dénoncer, au cours de la campagne présidentielle, les mécanismes vicieux d’un texte resté quasi secret. »

    « François Hollande, candidat, avait cependant marqué très vite et sans hésitation apparente sa volonté de renégocier ce traité castrateur : l’espoir renaissait, on allait voir ce que l’on allait voir ! On a vu. Mme Merkel accepta du bout des lèvres quelques dispositions en faveur de la croissance, mais de renégociation, point. »

    Quant aux membres du Conseil constitutionnel, ils « viennent de décider (…) de jouer les Ponce Pilate. Leur décision constate juste que le traité sur lequel ils sont consultés ne comportant aucune clause contraire à la Constitution , ils ne jugent pas nécessaire de modifier celle-ci préalablement au vote, par le Parlement, d’une loi en autorisant la ratification ».

    « Or, il s’agit bien d’un traité contraire à la Constitution » estime Mme Garaud qui souligne que « le cœur du traité atteint bien plus profondément la souveraineté du peuple français et le fonctionnement de la République que l’adoption d’une simple règle d’or. Non seulement il détermine pour les Etats membres des exigences rigoureuses d’équilibre budgétaire dans les conditions fixées par la Commission européenne, mais il en enserre l’application dans des mécanismes de correction automatiques fixés par la Commission. Pire, il organise un contrôle étroit des parties contractantes par la Cour de justice européenne »,

    Bref, formulant un constat déjà opéré notamment par Bruno Gollnisch, « Ce n’est plus une incitation à la vertu, c’est une ceinture de chasteté faite de contraintes rigides et aliénantes qui n’existent sans doute dans aucun Etat fédéral. Elles sont proprement inacceptables. Les citoyens le savent, ils le sentent, ils ne veulent pas des contraintes dont ils ne perçoivent aucunement la finalité, mais ils constatent en même temps que, lors des choix déterminant leur destin, toute expression de leur souveraineté leur est interdite. »

    Et pourtant, le peuple français réclame haut et fort l’exercice de sa souveraineté souligne Bruno Gollnisch. Selon un sondage CSA pour l’Humanité paru aujourd’hui, 72% des personnes interrogées déclarent souhaiter l’organisation d’un référendum sur le traité européen instituant la règle d’or.

  • Marine Le Pen invitée des « 4 vérités » sur France 2

    Marine Le Pen, Présidente du Front National, était l’invitée politique des « 4 vérités » sur France 2.

  • «Les Années Sarkozy» d’Yves-Marie Laulan

      « Nicolas Sarkozy veut furieusement prendre sa revanche sur le destin qui l’a privé d’un second mandat où son immense talent aurait pu s’épanouir à loisir… sur les Français, ingrats, qui ne l’ont pas réélu… et surtout sur ses « amis de l’UMP » qui ne l’ont pas assez soutenu. »

    Entretien avec Yves-Marie Laulan
    Votre livre est un véritable réquisitoire contre Nicolas Sarkozy…
    Il a fait croire aux Français qu’il allait redresser notre pays alors qu’il l’enfonçait encore davantage. Il n’a vécu que par et pour l’image, les « coups » médiatiques et les sondages. Il a été un magicien de l’illusion médiatique, vivant dans l’instant, sans vision d’ensemble ni projet de long terme. Était-il vraiment fait pour être président de la République ? Il incarne malheureusement à la perfection tous les travers de l’homme politique de notre temps.
    Vous dressez un constat radical des « années Sarkozy »… N’y a-t-il rien eu de positif durant celles-ci ?
    Tout a été en trompe-l’œil : la réforme de l’université ? « À côté de la plaque » : le vrai problème est celui de leur gestion beaucoup plus que le « faux nez » de leur indépendance… La sécurité ? L’affaire Neyret, les ripoux de la police marseillaise, le serial-killer Mérah ou encore l’islamisme radical ont mûri sous le mandat Sarkozy… La réforme de la justice ? Parfaitement inutile au point d’en être dérisoire, tout en laissant de côté les vrais problèmes de la justice en France, injuste et partiale, comme jamais au cours de notre histoire… La réforme de l’école ? Toujours en chantier, avec inchangés le collège unique et la méthode globale, d’où en grande partie l’échec scolaire… Les 35 heures ? Malgré un replâtrage, fiscalement coûteux, elles ont été pieusement conservées… La pénible réforme des retraites laissée en jachère ? Il va falloir la reprendre très bientôt sous peine de faillite… Celle de la Sécurité Sociale ? À peine effleurée… Et ne parlons pas, cerise sur le gâteau, de l’immigration clandestine qui déferle toujours…
    Le chantier des réformes Sarkozy ressemble à s’y méprendre à ces friches industrielles du régime soviétique : jonchées d’équipements laissés à l’abandon sous le soleil et la pluie. Oui, Nicolas Sarkozy aura été le champion toutes catégories des innombrables réformes en trompe-l’œil, toujours entreprises, jamais achevées, mais médiatiquement présentées devant l’opinion comme de grandes victoires de l’ex-président. En d’autres termes, il nous a fait prendre des vessies pour des lanternes. J’en apporte la démonstration, preuves à l’appui.
    Aura-t-il été pire que ses prédécesseurs… et que son successeur François Hollande ?
    Oui, pire ! Parce qu’il nous a fait perdre 5 années qui ne se rattraperont pas… Dans peu d’années, l’immigration massive et intense – au rythme infernal de 250 000 entrées par an –remettra en cause, et pour toujours, la survie de la France, de son histoire, dont elle va être dépouillée, de son identité, de ses traditions et de ses valeurs… C’est un crime majeur, impardonnable ! Car un pays peut se relever d’une guerre perdue, on l’a fait ; d’une crise économique, on l’a vu. Il ne se relève jamais d’une guerre démographique perdue. Et nous sommes en train de la perdre, largement en raison de l’ineptie, et des mensonges de Nicolas Sarkozy, lequel passera devant l’histoire comme un des principaux fossoyeurs de notre Patrie.
    Un retour de Nicolas Sarkozy vous semble-t-il envisageable ?
    Par lui-même, certainement. Il ne va vivre que pour cela. Et ceux qui soutiennent le contraire n’ont rigoureusement rien compris au personnage. Il voudra furieusement prendre sa revanche sur le destin qui l’a privé d’un second mandat où son immense talent aurait pu s’épanouir à loisir… sur les Français, ingrats, qui ne l’ont pas réélu… et surtout sur ses « amis de l’UMP » qui ne l’ont pas assez soutenu…
    Une des pierres d’achoppement pouvait provenir de l’UMP elle-même qui se cabrerait contre le chef déchu dans lequel elle ne croirait plus et déciderait que « cela suffit comme cela » pour regarder ailleurs. C’est ce qui est arrivé à Valéry Giscard d’Estaing avec l'UDF… À moins que l’UMP n’existe bientôt plus…

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    http://www.francepresseinfos.com/

  • Zemmour et Buisson responsables de l’explosion de l’UMP selon Domenach (vidéo i-Télé)

    i>Télé, Ca se dispute, 24/11/12

    « Je pense qu’il faut que l’UMP explose. »

    Eric Zemmour

  • Réponses de Robert Steuckers à la Table Ronde, “Quel avenir pour les peuples d’Europe?” au colloque du Château Coloma, 3 mars 2012

    Q.: Quelles réactions positives voyez-vous aujourd’hui parmi les peuples européens?

    RS: Des réactions positives? Je n’en vois pas beaucoup. J’en retiens deux, marginales sur le plan géographique mais significatives, et, mutatis mutandis, dignes d’être imitées: la mobilisation populaire en Islande et la colère de la foule en Grèce. Il y a d’abord la réaction islandaise, celle de ce petit peuple insulaire de 350.000 habitants, qui a inventé une véritable représentation démocratique dès l’aube de son histoire et forgé la première littérature moderne et profane de notre continent. Dans ce pays, les responsables de la crise de 2008, les infects banksters qui ont commis l’acte abject et méprisable de spéculer, sont traduits en justice, de même que Haarde, le Premier Ministre qui a couvert leurs vilénies, tandis que notre “Commission Dexia” patine et qu’on ne verra pas de sitôt l’incarcération, pourtant dûment méritée, de Dehaene à Lantin ou à Jamioulx. En Islande, ses homologues ès-abjection sont derrière les barreaux ou devant les juges. Parallèlement à cette saine réaction, les Islandais ont refusé de rembourser les banques étrangères qui ont participé à la ruine de leur pays et se sont donné une constitution nouvelle où la spéculation est expressément décrite comme un délit et où tous les transferts de souveraineté sont d’emblée condamnés ou, éventuellement, soumis à référendum. Les Islandais ont fait montre de volonté politique: ils ont prouvé qu’un retour au politique était possible dans un monde occidental où règne la dictature subtile du “tout-économique”. Résultat: l’Islande connaît un redéploiement économique assez spectaculaire.

    Dans le reste de l’Europe, c’est l’apathie.

    En Grèce, nous avons vu, ces jours-ci, des émeutes plus violentes encore que celles qui ont secoué Athènes l’an passé. Le peuple refuse le diktat des banques, du FMI et de l’eurocratie. La RTBF comme la VRT ont interrogé des quidams dans la rue; trois de ceux-ci ont lancé: “C’est bientôt votre tour!”. C’est prophétique et réaliste tout à la fois. En effet, la faiblesse, la lâcheté et la veulerie du monde politique, qui n’ose faire cueillir les escrocs et les banquiers par la police dès potron-minet, en filmant la scène à titre de petite mise au pilori, ne peuvent avoir qu’une seule conséquence à moyen terme: la faillite totale de l’Etat et l’hellénisation/paupérisation de notre société. Malgré cette colère de la rue à Athènes, les Grecs, contrairement aux Islandais, ont dû accepter, tout comme les Italiens d’ailleurs, un gouvernement d’économistes, de banquiers, de technocrates qui n’ont aucun atome crochu avec la population et, forcément, aucune légitimité démocratique. La dictature a donc fait sa réapparition en Europe, non plus une dictature acclamative ou issue des urnes comme il y en a eu dans l’histoire récente de notre continent, mais une dictature sans acclamations populaires, sans légitimité électorale, qui s’apprête à ruiner toutes les familles grecques et italiennes. Mais où sont les protestataires anti-dictateurs, comme ceux qui s’agitaient contre Franco ou contre les Colonels grecs dans les années 60 et 70 ?
    En France, les grandes leçons du gaullisme des années 60 sont bien oubliées. Aucune réaction saine n’est à attendre du sarközisme néo-libéral. En Espagne, le mouvement des indignés est certes fort sympathique, mais quelles seront ses suites? L’Espagne, vient de nous dire Jean David, compte aujourd’hui quatre millions de chômeurs, avec un nouveau gouvernement libéral, qui fera la politique du FMI, et préconisera des mesures anti-populaires comme le font déjà anticipativement, chez nous, un Decroo (le fils de son papa) ou un Reynders (qui, dit-on, brigue un haut poste à la BNP à Paris).
    Le mouvement des indignés espagnols montre que toute contestation juvénile est désormais noyée dans ce que le regretté Philippe Muray nommait le “festivisme”. On transforme une protestation, dont les enjeux sont pourtant vitaux pour l’ensemble de la population, en un happening de style Woodstock, ce qui n’inquiète ni les banksters ni leurs serviteurs néo-libéraux. Le danger du “gauchisme”, comme on disait naguère, ne vient nullement de sa nature “contestataire”, antagoniste à l’égard des pouvoirs en place, mais de ses propensions au “festivisme”, tel qu’il a été défini par Muray. La culture festiviste, envahissante, tablant sur les émotions ou sur les désirs, tue de fait les réflexes politiques, basés sur le sérieux de l’existence, sur l’agonalité (Ernst Jünger, Armin Mohler) et sur la prise en compte, pessimiste et prévoyante, des risques et du pire (Clément Rosset). Les exemples abondent pour signaler le glissement des idées en apparence révolutionnaires de mai 68 dans la farce festiviste: l’itinéraire d’un Daniel Cohn-Bendit le prouve amplement, ce pseudo-révolutionnaire du Nanterre de 1968, qui avait mêlé verbiage pseudo-marxiste et obsessions sexuelles, est aujourd’hui un allié du néo-libéral thatchérien Guy Verhofstadt quand il s’agit, dans l’enceinte du Parlement européen, de vitupérer tout réflexe politique naturel, émanant du peuple réel; ou toute tentative de l’un ou l’autre ponte en place, comme Sarközy, d’utiliser un réflexe populaire naturel pour mener une politique quelconque, par pur calcul politicien et qui, si elle était réellement traduite dans la réalité, serait efficace ou écornerait les intérêts du banksterisme.
    Le philosophe néerlandais Luk van Middelaar parlait, pour la France, d’une culture philosophique du “politicide”, qui s’est développée parallèlement à l’idéologie étatique rigide que la république a toujours tenté de faire triompher dans son propre pré carré. De Sartre aux contestataires de Mai 68, en passant par Michel Foucault ou par le néo-nietzschéanisme exigeant la libération joyeuse et immédiate des “machines à désirer”, par le nouveau néokantisme post-marxisant qui découvrait subitement l’horreur du goulag chez ses anciens alliés soviétiques dans les années 70 ou par l’hypermoralisme hystérique des médias dominants ou par la promotion médiatique d’une “république compassionnelle”, les intellectuels français ont perpétré en permanence un “assassinat du politique” qui ne peut mener qu’à une impasse. Celle dans laquelle nous nous trouvons (Luk van Middelaar, Politicide – De moord op de politiek in de Franse filosofie, van Gennep, Amsterdam, 1999).
    Il faut par conséquent une bataille métapolitique pour éradiquer les affres du festivisme et contrer les effets délétères de l’apathie en laquelle somnolent la plupart de nos concitoyens.

    Q.: A quels dangers serait soumise une Europe redevenue “populiste” au sens positif du terme?

    RS: Dresser la liste des dangers qui nous menacent risque d’être un exercice fort long. Si nous prenons la spéculation en cours contre l’euro, phénomène emblématique de l’absence de souveraineté et de vigueur politiques au sein de l’Europe eurocratique, nous constatons que toutes les spéculations hostiles à la monnaie commune européenne ont une origine outre-Atlantique, proviennent du secteur bancaire spéculatif américain. J’en conclus que la spéculation contre les Etats et les monnaies, dont l’Asie avait connu un précédent en 1997, est un mode (relativement) nouveau de guerre indirecte. Saddam Hussein voulait facturer son pétrole en euro. Ahmadinedjad a envisagé de le faire à son tour pour le pétrole et le gaz iraniens. Les puissances du BRIC (Russie, Chine, Inde, Brésil) emboîtent le pas. L’euro constituait donc le danger le plus grave pour les Etats-Unis à court et à moyen termes, car il était sur le point de détrôner le roi-dollar. L’Europe, puissance civile et pacifique (Zaki Laïdi), aurait, sans coup férir, damé le pion à l’hegemon Il fallait dès lors frapper cet instrument de souveraineté européenne à son “ventre mou” méditerranéen. Les pays méditerranéens, ceux du groupe PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne), sont effectivement les plus fragiles, les plus aisés à faire basculer pour entraîner un effet domino et affaiblir simultanément les pays économiquement plus forts de l’ancienne zone mark (oui, la Belgique est menacée, on le sait; l’Autriche a perdu un “A” et les Pays-Bas sont inquiets car ils connaissent leurs points faibles, leurs éventuels talons d’Achille). L’Allemagne est encore en mesure de résister vu ses accords gaziers avec la Russie et les marchés qu’elle développe à grande échelle en Chine. L’Allemagne demeure forte parce qu’elle est davantage liée aux puissances du groupe BRIC, parce qu’elle a misé subrepticement sur une carte eurasienne sans renier avec fracas son option atlantiste officielle. Les anciens chanceliers Schmidt et Schröder se sont hissés à la position “catéchonique” de garants de cet axe énergétique Berlin/Moscou, avatar actuel des accords Rathenau/Tchitchérine, signés à Rapallo en 1922.
    Pour revenir à la Grèce, aujourd’hui ruinée, on évoque fort souvent l’insouciance du personnel politique grec, qui a pratiqué une politique démagogique où l’Etat-Providence était particulièrement généreux et peu regardant (plusieurs centaines d’aveugles disposent de leur permis de conduire...) ou le gouffre financier qu’a constitué l’organisation des jeux olympiques de 2004 mais on omet curieusement de mentionner le coût exorbitant qu’ont entraîné les incendies de forêts et de garrigues que le pays a subi deux années de suite. Le feu a ravagé les campagnes et s’est avancé jusque dans les banlieues des villes dans des proportions hors du commun. De même, la Russie de Poutine, récalcitrante face aux diktats du “nouvel ordre mondial”, a subi sur son territoire des incendies de grande envergure, inédits dans l’histoire.
    Ces incendies sont-ils dû à des hasards naturels, un peu vite mis sur le compte de l’hypothétique “réchauffement climatique”? Ou bien sont-ils les effets d’une nouvelle forme de “guerre indirecte”? La question peut être posée.
    De même, on parle, avec le projet HAARP, de l’éventualité de provoquer artificiellement des catastrophes sismiques ou autres. Le tsunami qui a réduit à néant le nucléaire japonais l’an passé (et conduira à court terme au démantèlement total du secteur nucléaire de l’Empire du Soleil Levant) ou les tempêtes extrêmement violentes que la France a subies il y a quelques années, immédiatement après l’enthousiasme soulevé par la possibilité d’un Axe Paris/Berlin/Moscou, sont-ils des hasards ou non? Telles sont des questions à étudier avec toute l’attention voulue, comme le fait “Kopp-Verlag” en Allemagne.
    L’arme de la grève sauvage a été utilisée contre Chirac en 1995, après des essais nucléaires à Mururoa. On sait que certains syndicats français, noyautés par des éléments trotskistes ou lambertistes, pendants économico-sociaux des “nouveaux philosophes” agissant dans l’espace médiatique, sont soutenus par la CIA (ou l’ont été par l’ex-OSS quand il a fallu mettre les anciens alliés communistes échec et mat). La France vit en permanence sous l’épée de Damoclès d’une paralysie totale, qui pourrait être due, par exemple, à une grève des routiers, qui bloquerait toutes les routes de l’Hexagone et toutes les voies d’accès à celui-ci. Dans de telles conditions, pas besoin de révolution orange en France...
    Reste effectivement le danger des “révolutions colorées”, à l’instar de celle qui a réussi en Géorgie en 2003 et a porté Sakashvili au pouvoir. L’instrument des révolutions colorées est désormais connu et ne fonctionne plus de manière optimale, en dépit d’un personnel très bien écolé, recruté au départ du mouvement serbe OTPOR. En Ukraine, les conséquences de la “révolution orange” de 2004, soit un rapprochement du pays avec les structures atlantistes et eurocratiques, sont annulées sous la pression du réel géographique. L’Ukraine est liée aux espaces déterminés par les grands fleuves (Dniestr, Dniepr, Don) et par la Mer Noire. Elle est aussi liée territorialement à l’espace russe du Nord. La dernière tentative de “révolution orange” en Russie cet hiver, pour faire tomber Poutine, s’est soldée par un échec: les sondages créditent le Premier Ministre russe de 66% des intentions de vote! Pire pour les “occidentistes”, la majorité absolue des voix va non seulement vers le mouvement de Poutine mais aussi, au-delà des deux tiers de votes que les sondages lui attribuent, à des formations politiques d’inspiration communiste ou nationale (Ziouganov et Jirinovski) et non pas vers les tenants d’une ré-occidentalisation de la Russie, avec son cortège de “Gay-Prides” festivistes, d’oligarques et de politiciens véreux et falots.
    Les “printemps arabes”, autre manière de mobiliser les foules pour libérer les marchés potentiels —que constituent les Etats arabo-musulmans—  des structures étatiques traditionnelles et des corruptions claniques, ont fonctionné en Tunisie et, partiellement seulement, en Egypte. En Syrie, cela n’a pas marché et on prépare au pays d’El-Assad un avenir libyen...
    Les pays européens sont finalement à ranger parmi les Etats de faible personnalité politique. Outre la spéculation contre l’euro, quel instrument garde-t-on au placard pour la faire fléchir si jamais il lui prenait de branler dans le manche? L’ambassadeur américain Jeremy Rivkin a été trop bavard: il a révélé la nature de l’instrument dont on ferait usage pour déstabiliser les sociétés des Européens de l’Ouest, si ceux-ci devenaient trop récalcitrants. On leur balancerait les déclassés des banlieues dans les pattes. Jeremy Rivkin évoque, sans circonlocutions inutiles, la possibilité de mobiliser les masses immigrées des banlieues pour faire tomber ou pour désarçonner un gouvernement rebelle, surtout en France. Sarkozy doit savoir mieux que personne qu’il a été porté au pouvoir suite aux émeutes des banlieues françaises de novembre 2005. Elles avaient servi à éliminer Chirac, adepte de l’Axe Paris/Berlin/Moscou. Elles pourraient tout aussi bien servir à le faire tomber, lui aussi, s’il ne reste pas sagement dans le sillage de l’hegemon américain et fidèle à son alliance privilégiée avec la Grande-Bretagne de Cameron. Faye avait prédit, à la grande fureur du président français actuel, que la France ne pourrait pas se payer indéfiniment des émeutes de banlieues, surtout si elles éclataient simultanément dans plusieurs grandes agglomérations de l’Hexagone, non plus seulement dans le fameux département n°93, près de Paris, mais aussi à Lyon, Marseille et Lille. Les réseaux salafistes, comme les réseaux lambertistes, sont prêts à faire le jeu de l’hegemon, au détriment des Etats-hôtes, a fortiori si l’Arabie Saoudite, matrice financière wahhabite des mouvements salafistes, est une alliée inconditionnelle de Washington.
    La méfiance à l’égard de certains réseaux salafistes ne relève donc pas du “racisme” ou de l’“islamophobie”, comme le vocifèrent les médias aux ordres ou le pensent certains magistrats croupions, dont la corporation est dénoncée comme inculte, à l’instar de tous les juristes modernes sans culture générale, par François Ost, ancien recteur des Facultés universitaires Saint-Louis de Bruxelles. Cette méfiance à l’égard des salafistes relève d’une simple analyse du terrain politique, où il faut établir l’inventaire des éléments en place: quelles sont les forces dangereuses qui pourraient, dans un avenir prévisible, disloquer la machine étatique, dont je suis citoyen, et plonger la société, en laquelle je vis, dans le chaos? Quelles sont les forces en présence dans ma société qui pourraient servir de levier, à toutes mauvaises fins utiles, à l’hegemon pour la déstabiliser ou l’affaiblir ?

    Q.: Quels sont les ennemis intérieurs et extérieurs des peuples européens dans le contexte actuel ?

    RS: Commençons par les ennemis extérieurs, les ennemis intérieurs n’étant que des instruments à leur service. L’ennemi extérieur est bien entendu l’hegemon qui refuse de nous élever à son rang, comme on le ferait en toute bonne logique avec des alliés fidèles à la façon romaine, et nous plonge en permanence dans l’assujetissement, brisant chaque fois, à l’aide d’instruments subtils propres aux nouvelles formes de guerre indirecte, tout nouvel élan économique ou politique de notre Europe. Cet hegemon est une thalassocratie, une puissance essentiellement maritime, une puissance qui domine les “res nullius” que sont les océans et l’espace circumterrestre, tout en imposant des règles internationales fluctuantes, chaque fois interprétées en sa faveur. Je veux bien évidemment parler des Etats-Unis d’Amérique, tels que les a décrits une figure comme Carl Schmitt. Ce n’est pas la place ici de rappeler les réflexions profondes et pertinentes que Carl Schmitt a émises sur la fabrication arbitraire et perfide de règles juridiques internationales floues et boiteuses car tributaires de l’esprit “wilsonien”, destinées à faire avancer les pions de l’impérialisme américain dans le monde ou sur le processus délétère de fluidification et de liquéfaction des certitudes et des traditions diplomatiques que ces règles perfides ont fait éclore. Plus accessibles me semblent les directives émises par un stratégiste américain, Nicholas J. Spykman, dans un bref vademecum en annexe de son ouvrage de 1942, America’s Strategy in World Politics.
    Pour lui, l’Europe de son temps possède dix atouts qui la rendent supérieure aux Etats-Unis. Ces dix atouts, que j’énonce par ailleurs (cf. “Panorama théorique de la géopolitique”, in Orientations n°12, été 1990/hiver 1990-91), lui avaient été inspirés par un géopolitologue allemand de l’école de Haushofer, une certain Robert Strauss-Hupé, émigré aux Etats-Unis après la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes parce qu’il avait quelque ascendance juive. Les atouts que doit avoir une superpuissance de l’acabit des Etats-Unis pour Spykman ou les atouts que possédait l’Europe sous hegemon germanique selon Strauss-Hupé sont notamment, je n’en cite ici que trois, l’excellence d’un système scolaire et universitaire, la cohésion ethnique et une économie plus ou moins autarcique (ou semi-autarcique auto-centrée comme le préciseront plus tard les Français François Perroux et André Grjébine) qui permet l’émergence et la consolidation d’un bloc économique concurrent des Etats-Unis et capable de conquérir et de conserver longtemps des marchés en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
    Pour démolir l’enseignement, il y a eu mai 68, avec son cortège de nouvelles pédagogies abracadabrantes et son laxisme implicite, suivi d’une offensive, classée à “droite”, du néo-libéralisme qui a imposé des schémas pédagogiques visant l’acquisition facile de savoirs purement utilitaires au détriment des humanités traditionnelles, totalement battues en brèche. Une fois de plus, ici, le festivisme gauchiste à la sauce 68 n’a jamais cessé de marcher de concert avec le néo-libéralisme utilitariste pour ruiner les acquis de notre civilisation et que leur antagonisme fictif, souvent médiatisé pour faire croire à des alternances démocratiques, ne servait qu’à leurrer les masses. Pour briser la cohésion ethnique, on a d’abord coupé l’Europe occidentale de ses réservoirs habituels de main-d’oeuvre supplétive en Europe orientale, on a ensuite freiné tous les processus d’intégration et d’assimilation avec l’aide des réseaux wahhabite/salafiste inféodés à l’allié saoudien (qui promettait aussi un pétrole bon marché à condition que l’Europe s’ouvre à toutes les immigrations musulmanes); on s’apprête, avec l’ambassadeur Rivkin, à inciter les nouveaux banlieusards déboussolés, toutes couleurs et toutes confessions confondues, à bloquer le fonctionnement total de l’Etat et de la société en générant des troubles civils dans les grandes agglomérations; en Allemagne, Erdogan et Davutoglu menacent de faire jouer, au détriment de l’Etat allemand, les “sociétés parallèles” turques, étant bien entendu que le néo-libéralisme a eu pour effet de favoriser, de “booster”, toutes les ‘économies diasporiques”, dont les réseaux turcs, axés, dans un premier temps, sur le trafic de l’héroïne; enfin, la pratique permanente du “politicide”, surtout en France, ne permet aucune restauration du “politique”, au sens où l’entendait le regretté Julien Freund. Sans restauration du politique, nous risquons le déclin total et définitif.
    On s’aperçoit clairement que l’hegemon, qui entend freiner tous nos élans, aligne tout un éventail d’alliés circonstantiels, qui ne sont en aucun cas l’ennemi principal mais bien plutôt les instruments de celui-ci. La rébellion turque, mise en exergue par les médias depuis le “clash” entre Erdogan et son homologue israélien à Davos et depuis l’affaire de la flotille humanitaire turque amenant des médicaments aux Palestiniens de Gaza, est un “show”, destiné à gruger les masses arabo-musulmanes. Outre cette mise en scène, la politique turque n’a guère changé à l’égard de son environnement, en dépit du discours néo-ottoman de Davutoglu qui évoque les notions de “zéro problème avec les voisins” et de solidarité musulmane. En Syrie, depuis août 2011, la Turquie est bel et bien alignée sur l’hegemon américain: Erdogan, Gül et Davutoglu ont tenté de faire fléchir El-Assad, en lui suggérant de prendre dans son gouvernement des ministres appartenant aux “Frères Musulmans” et de ne plus favoriser les Alaouites, adeptes d’un islam à fortes connotations chiites, et de renoncer à la laïcité de l’Etat, préconisée par l’idéologie baathiste qui refuse toute discrimination entre musulmans (sunnites, chiites, alaouites, druzes, etc.) ou à l’égard des chrétiens arabes/araméens. Le pari baathiste sur la laïcité de l’Etat syrien, sans violence institutionnelle aucune à l’égard des communautés réelles composant la population syrienne, est plus souple que ne le fut le kémalisme turc, avant son éviction par l’AKP d’Erdogan. Aujourd’hui, c’est par la Turquie (par l’Irak et la Jordanie) que transitent les armes pour les opposants syriens et pour les mercenaires “afghans” ou “libyens” qui affrontent l’armée loyaliste syrienne. Par railleurs, la géopolitique implicite de la Turquie n’est pas assimilable à une géopolitique européenne cohérente: les “directions” qu’entend prendre la géopolitique turque sous-jacente ne vont pas dans le même sens qu’une bonne géopolitique européenne qui serait enfin devenue générale et cohérente: la Turquie, par exemple, entend reprendre indirectement pied dans les Balkans, alors que ceux-ci devraient constituer exclusivement un tremplin européen vers la Méditerranée orientale et le Canal de Suez. Enfin, l’actuel territoire turc constitue une zone de transit pour une immigration proche-orientale, moyen-orientale et asiatique tentant de s’introduire dans l’espace Schengen. La Turquie, en dépit des subsides considérables qu’elle reçoit de l’Europe eurocratique, ne garde pas ses frontières et laisse passer vers l’Europe des centaines de milliers de futurs clandestins. La police et la flotte grecques sont débordées. Les finances de l’Etat grec ont été déstabilisées par ce combat à la Sisyphe, tout comme par les incendies de grande ampleur que la Grèce a subi ces derniers étés, et non pas tant, comme veulent le faire accroire les médias véhiculant le discours néo-libéral dominant, par la mauvaise gestion des budgets olympiques de 2004 et par quelques milliers de pauvres grecs véreux et madrés qui escroquaient leur système national de sécurité sociale. Pour endiguer ce gigantesque flot de réfugiés, pire que ceux de Lampedusa aux portes de la Sicile et de Fuerteventura dans les Canaries, l’eurocratie ne débloque qu’un très petit budget pour l’envoi de 200 malheureux gendarmes qui doivent surveiller une frontière qui va des rives pontiques de la Thrace à toutes les îles de l’Egée jusqu’à Rhodes et à toutes les parties de l’archipel du Dodécannèse. L’agence Frontex, chargée en théorie de verrouiller les frontières extérieures de l’espace Schengen pour éviter tous les déséquilibres qu’apporterait une immigration débridée, ne reçoit en réalité aucun appui sérieux et se révèle une “coquille vide”.
    On sait que toutes les menées salafistes ou wahhabites sont en dernière instance téléguidées par le tandem américano-saoudien et s’avèrent idéales pour perpétrer des opérations de guerre indirecte, dites de “low intensity warfare”, ou des actions “fausse-bannière” (false flag operations). On tue un Pim Fortuyn non pas tant parce qu’il serait “islamophobe” mais parce qu’il souhaitait supprimer la participation néerlandaise aux opérations en Afghanistan. On recrute un tueur dans la diaspora marocaine de Molenbeek pour éliminer le Commandant Massoud afin que ce combattant efficace ne prenne pas le pouvoir suite à la chute des talibans, programmée par le Pentagone. On envoie un Jordanien fondamentaliste pour prendre la direction de la rébellion tchétchène sur le tracé d’un oléoduc qui pourrait amener le brut russe et kazakh en Mer Noire, etc. La Russie, fournisseur principal d’hydrocarbures à l’Europe, est fragilisée dans la Caucase du Nord par les fondamentalistes tchétchènes et daghestanais mais aussi et surtout, comme le signale l’observateur allemand Peter Scholl-Latour, par une intervention wahhabite potentielle (et donc indirectement américaine) dans deux républiques musulmanes de la Fédération de Russie, le Tatarstan et le Baschkirtostan. Si ces deux républiques basculent dans le désordre civil ou si des fondamentalistes y arrivent au pouvoir, le territoire de la Fédération de Russie serait littéralement coupé en deux à hauteur de l’Oural, extrême nord excepté, soit au-delà de la limite méridionale de la zone des toundras. L’Europe serait réduite à ce qu’elle était au début du 16ième siècle, avant le déferlement des troupes d’Ivan le Terrible et de Fiodor I au 16ème siècle qui, parties de la région de Moscou, conquièrent tout le cours de la Volga et déboulent à Astrakhan en 1556. Kazan, la capitale tatar, était tombée en 1552. Peter Scholl-Latour rappelle que les Tatars ne sont que fort rarement séduits par le “wahhabisme” saoudien ou par l’idéologie égyptienne des Frères Musulmans d’Hassan al-Banna et de Sayyid Qutb et leur préfèrent une sorte d’islam modernisé, compatible avec la modernité européenne et russe, que l’on appelle le “yadidisme” ou la “voie tatar”, dont le penseur est actuellement Rafael Chakimov. Ce dernier s’insurge contre les volontés wahhabites de vouloir à tout prix imiter les moeurs et coutumes de l’Arabie des 7ème et 8ème siécles. Les adeptes de Chakimov sont peut-être majoritaires aujourd’hui au Tatarstan mais ils avaient dû prendre en compte les menées de la mosquée “Yoldiz Madrassa”, dans la ville industrielle de Naberechnié Khelny, animée par des enseignants tous issus du monde arabe. Ils ont été expulsés parce que certains de leurs étudiants avaient rejoint les rebelles tchétchènes. L’avenir est ouvert sur les rives de la Kama, affluent de la Volga qui prend ses sources loin au nord, à la limite de la toundra circumarctique. L’hegemon mondial et ses alliés saoudiens pourraient y semer le trouble en luttant contre le “yadidisme” tatar ou en réactivant une forme ou une autre de pantouranisme (pour connaître la question dans tous ses détails et en dehors de toute polémique politique, cf. L’islam de Russie – Conscience communautaire et autonomie politique chez les Tatars de la Volga et de l’Oural depuis le XVIIIe siècle, sous la direction de Stéphane A. Dudoignon, Dämir Is’haqov et Räfyq Möhämmätshin, éd. Maisonneuve & Larose, Paris, 1997; Peter Scholl-Latour, Russland im Zangengriff – Putins Imperium zwischen Nato, China und Islam, Propyläen Verlag, Berlin, 2006).
    Passons maintenant aux ennemis intérieurs: j’en citerai trois. D’abord le système bancaire, totalement parasitaire et instaurateur d’une véritable ploutocratie (mot que réhabilitent à Paris Pierre-André Taguieff et Jean-François Kahn), qui n’a plus rien, mais alors plus rien de démocratique. A ce système bancaire s’ajoute d’autres instances parasitaires comme les chaînes de supermarchés, qui spéculent sur les denrées alimentaires et sont responsables de leur cherté, plus élevée que dans les pays voisins; pour bon nombre de produits de première nécessité, les prix varient du simple au double entre notre pays et l’Allemagne, par exemple. Le secteur énergétique, entièrement aux mains de la France, nous oblige à payer un gaz et une électricité à des prix incroyablement exagérés: chaque ménage hexagonale ne paie que 62% de notre facture énergétique, ou, autres chiffres, si le ménage hexagonal paie 100%, nous payons 160,97%!! Les déséquilibres provoqués par le gigantisme de ces structures privées, semi-privées ou para-étatiques doivent être impérativement corrigés par des moyens adéquats, si nous ne voulons pas voir s’effondrer définitivement les structures les plus intimes de nos sociétés. Le second ennemi est l’idéologie néo-libérale et ses relais, dont le premier animateur fut, rappellons-le, l’ancien premier ministre Guy Verhofstadt, qui dirigea le gouvernement “arc-en-ciel”, mélange de néo-libéralisme et de gauchisme festiviste. Cette idéologie est un ennemi intérieur dangereux dans la mesure où elle étouffe, en se parant d’un masque “boniste”, toutes les possibilités d’une révolte constructive. Ensuite, pour épauler la ploutocratie et le néo-libéralisme, nous avons, troisième ennemi, les diasporas manipulables. Elles sont telles parce qu’on les déclare telles, par la bouche de l’ambassadeur Rivkin ou par la voix du tandem Erdogan/Davutoglu.
    L’objectif est donc de juguler le développement exponentiel du secteur parasitaire /ploutocratique en lui imposant des limites et des contrôles, en le soumettant à une fiscalité juste (le “mulcto” ou “multo” de la  République romaine) et à des directives à soubassement éthique, qu’il ne pourrait transgresser sans commettre automatiquement un délit punissable. Le néo-libéralisme et tout le cortège de  ses dérivés doit être perçu comme une idéologie “politicide”  et dès  lors dangereuse pour la sûreté de l’Etat et de l’Europe tout entière. Quant aux diasporas manipulables, elles sont, surtout depuis les menaces d’Erdogan et de Davutoglu, des “cinquièmes colonnes” passibles des juridictions d’exception. On ne sauvera pas notre civilisation sans des mesures drastiques.

    http://euro-synergies.hautetfort.com

  • Épilogue à l'UMP – par Alain de Charente

    L'insoutenable suspens vient donc de prendre fin et le feuilleton « Dallas » en version Française a fini par trouver son épilogue avec  la nomination sans fanfare mais avec tintamarre  de Jean-François Copé à la tête de l'UMP.
     
    L'accouchement s'est plutôt mal passé dans sa phase terminale et la mise bas s'est faite dans la douleur et dans les cris, alors que la grossesse avait été relativement calme et sereine durant la gestation, les deux prétendants au trône n'ayant pas manqué devant les caméras d'afficher un semblant de camaraderie et de complicité, certes feintes, mais de nature à faire croire que cette course à la présidence de l'UMP n'était pas une guerre fratricide, une guerre des chefs, mais uniquement l'affichage de deux caractères différents, en phase et en osmose sur l'essentiel, unis sur un objectif commun... servir la France au travers du parti désormais d'opposition à la gauche.
    La griserie des estrades de meeting et la soif de pouvoir auront finalement fait voler en éclat toutes ces bonnes intentions et cette course à l'échalote aura réussi à tourner au pugilat, à l'affrontement à couteaux tirés, aux échanges à fleurets non mouchetés, aux tirs à balles réelles, duel féroce et sanglant assez éloigné du style BCBG dont cherchaient à s'affubler les deux protagonistes pourtant bien propres sur eux, qui, il n'y a pas si longtemps se gaussaient avec délectation des démêlés  internes au PS, englué dans ses rivalités d'individus, sans oublier bien sur la participation active des lieutenants de chaque camp qui n'auront pas été les derniers à alimenter la mayonnaise avec des déclarations acides, assassines, et pas toujours d'une grande élégance, pour la plus grande satisfaction des journalistes de caniveaux, toujours friands et en quête de la « petite phrase de trop », seul fonds de commerce qu'ils soient capables d'exploiter correctement.
    Le vernis a craqué la façade s'est lézardée et nous avons pu constater que les ténors de la Droite dite « Républicaine » n'avaient pas grand-chose à envier à leurs homologues socialistes confrontés eux aussi à ces mêmes comportements dès lors qu'il y a un fauteuil confortable à prendre et qu'il est convoité par plusieurs. 
    N'y aurait-il pas parmi nos nombreux dictons et adages une histoire de poutre, de paille, de voisin....qui pourrait correspondre à ce pitoyable spectacle ?...
    Sans doute que cet accouchement sans anesthésie et la délivrance aux forceps va laisser des traces, car la cicatrice est large, profonde, sanguinolente, et la convalescence risque d'être longue et difficile. Il va sans doute  falloir pour les partenaires d'hier et adversaires d'aujourd'hui attendre quelques temps pour avoir de nouveau des rapports amoureux (politiquement bien sur !)
    Le constat amer qu'il est donc possible de faire au terme de cet épisode fâcheux pour la droite est que non seulement le pays est coupé en deux électoralement au plan national, ce que l'on constate depuis la fin de la dernière guerre avec les alternances systématiques gauche/droite ou droite/gauche, mais nous voyons que pour compliquer encore un peu plus la situation, au sein d'un même parti qui se voudrait majoritaire, il n'y a pas unité mais division.
    On est donc assez loin de pouvoir espérer voir s'instaurer une unité nationale qui serait pourtant nécessaire face aux dangers qui nous menacent, mais dont l'élite politicienne ne semble pas appréhender l'urgence... Et le mot « rassemblement » utilisé à tout va en permanence durant cette campagne ne semble pas le plus approprié pour décrire la situation devant laquelle se trouve aujourd'hui ce parti qui déjà sérieusement blessé et mis à mal suite lors des derniers rendez-vous électoraux, n'aura pas été en mesure de renaître dans de bonnes conditions.
    Reste à savoir maintenant quelle sera la stratégie envisagée par le nouveau patron et surtout quelle sera l'attitude des sympathisants, adhérents, militants du parti qui auront vécu ce psychodrame en direct, aux premières loges  et qui se trouvent aujourd'hui répartis en deux clans, les vainqueurs et les vaincus.

    En tout cas bravo et merci messieurs Copé et Fillon pour nous avoir distraits et divertis en nous faisant oublier durant quelques heures nos préoccupations quotidiennes avec ce spectacle haut en couleur, à la fois mi-comique et mi-tragique, moitié comédie, moitié mélodrame.

  • Conférence de presse « normale » : Hollande ou l'art politicien de durer ?

    De Hollande à Sarkozy, grande continuité des politiques mais changement des méthodes. A l’activisme médiatique de Sarkozy succède la fausse bonhommie politicienne de François Hollande. Bon connaisseur du monde politique, Bruce Denisse décrypte ici la dernière conférence de presse du Raminagrobis de l’Elysée : « En politique, il n’y a pas de problème que l’absence de solution ne finisse par résoudre ».
    Polémia

    Aux qualités d’une naissance normande (p’têt’ ben qu’oui, p’têt’ ben qu’non) l’actuel président de la République a ajouté une carrière politique en Corrèze dont la célébrité locale de la IVe République, le petit père Queuille, a laissé pour la postérité cette phrase magique : « En politique, il n’y a pas de problème que l’absence de solution ne finisse par résoudre ». Né, baptisé et engagé en politique sous de pareils auspices, il n’y a rien d’étonnant à ce que, depuis six mois, l’ensemble de la presse le brocarde pour son inaction, voire son inactivité, alors que le monde médiatique venait de vivre depuis des années dans la surexcitation, la réponse immédiate à des difficultés au final jamais résolues et les conférences de presse improvisées, sur tout et sur rien, trop souvent dans une rhétorique dont la caractéristique essentielle était de masquer une ignorance crasse sur la plupart des sujets.

    C’est pourquoi la conférence de presse de François Hollande du mardi 13 novembre 2012 a montré, de ce point de vue, une étonnante déstabilisation des journalistes, tellement habitués à prendre la forme pour le fond qu’ils étaient incrédules devant ce retour à la normale. C’est pour cela qu’il ne faut pas se méprendre : j’ai, personnellement, et sans porter de jugement de valeur, assisté à un vrai retour du politique dans cet exercice si particulier et dont j’ai retenu cinq points essentiels, car il faudrait plus d’espace pour prétendre à l’exhaustivité.

    1/ – Vote des étrangers, la balle est passée aux centristes

    Le vote des étrangers aux élections municipales : manifestement, il s’en moque, car si c’était bien dans son programme, comme ce le fut un temps dans celui de Nicolas Sarkozy, il n’ira pas au référendum s’il n’a pas de majorité des trois cinquièmes au Parlement. Il est assuré du soutien de ses troupes. La balle est donc dans le camp de droite. Combien seront débauchés ? Chirac n’a-t-il pas voté l’abolition de la peine de mort en 1981, alors que celle-ci était dans le programme de Mitterrand et non dans le sien ? Sur ce sujet, le feu est désormais dans le camp d’en face, et la voie parlementaire est exclusive de toute alternative. On peut donc s’attendre à ce qu’il fasse la même réponse pendant 5 ans, sauf capitulation d’une poignée de « modernes », face aux « conservateurs », ce qui promet des soirées animées aux groupes UMP et UDI. Bravo l’artiste !

    2/ – Mariage LGBT : le grand débat

    La stratégie d’entrisme, dans tous les partis politiques, de ce groupe de pression allergique à la biologie est un modèle du genre, si l’on ose dire ! La transformation en problème juridique d’une question dans laquelle la procréation assistée divise le monde médical lui-même relève du grand art. Il y aura donc un débat exhaustif, où les rabbins, les évêques et les imams (de France) seront appelés à se prononcer. Après tout, sous prétexte que la tremblante du mouton ne pouvait pas se transmettre aux bovidés, on a transformé de paisibles ruminants en carnivores avec à la clef l’affaire de la vache folle ! Tout est possible ! Et le Parlement français s’apprête à transformer officiellement des hommes en femmes, chose que le Parlement britannique lui-même n’a pas encore osé faire ! Manifestement, ce n’est pas non plus une question prioritaire, car le Conseil constitutionnel sera saisi dans tous les cas de figure. Et l’on peut tout attendre d’un groupe de sages amateurs de corridas, y compris de ne pas être sensibles aux charmes du LGBT.

    3/ – Nucléaire : on reverra ça en 2025

    En 2025, le nucléaire ne devrait plus représenter que 50% de notre « mix-énergétique ». Cela tombe bien : en 2022, François Hollande ne sera plus là, et les centrales du plan « Giscard » décidé les 28 janvier et 1er février 1975 auront tout juste 50 ans entre 2025 et 2035. Les Verts peuvent donc râler tout leur saoul : on n’arrête pas une centrale avant sa fin de vie… Si ça n’est plus une filière d’avenir immédiat, ce n’est pas un problème immédiat non plus.

    4/ – Ministres : méfiance (justifiée) à l’égard de la « société civile »

    Rappel : nul n’est indispensable au gouvernement, pas plus les « Verts » que Louis Gallois. Longue, en effet, est la cohorte des représentants de la société civile dont l’appel, pour les gouvernements de droite ou de gauche, aux compétences supposées, s’est achevé en tragi-comédie dans le meilleur des cas. Des « jupettes » à Fadela Amara et Rama Yade, en passant par Francis Mer, Kofi Yamgnane ou Jean-Jacques Servan-Schreiber, les fausses-valeurs rétamées par la cruauté d’un monde qui n’est pas le leur n’incitent guère, en période de crise, à distribuer des portefeuilles ministériels comme on donne des hochets. Avis aux téméraires qui n’ont pas encore compris que les cimetières sont remplis de gens indispensables et que ceux qui écrivent des rapports ne sont nullement pressentis pour les mettre en œuvre. Gallois comme les autres.

    5/ – Retour à la loi ?

    Rappel à la loi pour Notre-Dame des Landes – on est loin de la force injuste de la loi de François Mitterrand : la décision est prise, les recours sont épuisés et les chiens aboient, la caravane passe. Les risques de voir François Hollande contester les décisions de justice sont nulles. Aurore Martin qui circulait en Pays basque en se croyant à l’abri l’a appris à ses dépens.

    6/ – Retour à la politique ?

    Ce retour du politique, que la loi de finances pour 2013 illustre de façon violente pour beaucoup, montre, s’il en était encore besoin, que la technostructure a repris les rênes et que son porte-parole, désormais pour cinq ans à l’Elysée, manie l’humour pour dissimuler une volonté de fer et n’a pas le complexe du cancre des beaux quartiers vis-à-vis de ceux qui savent que la gestion d’un pays comme le nôtre n’est pas un jeu mais un sacerdoce. Après six mois de rodage, le diesel est en route. Gare à ceux, à gauche, qui ne l’auraient pas compris.

    Bruce Denisse http://www.polemia.com
    20/11/2012

    Voir aussi, pour une lecture moins indulgente :

    Les enclumes
    Présidence Hollande : cela ne se présente vraiment pas bien
    Les cent risibles

  • La réélection d'Obama comme symptôme de la « brésilianisation » des Etats-Unis

    Comme Samuel Huntington, dans Qui sommes-nous ?, l’avait pressenti, l’immigration a changé la nature des Etats-Unis. Reste à savoir comment les communautés de cette polyarchie ethnique vont parvenir à vivre en société ensemble ? Comment parviendra-t-elle à imposer de nouveaux impôts à ceux qui les payent alors qu’ils ont de moins en moins de choses en commun avec ceux qui en bénéficient ? Pour le professeur Gérard Dussouy les turbulences de la mondialisation atteignent désormais les Etats-Unis.
    Polémia.

    Dans une étude qui a presque vingt ans, Michaël Lind divisait l’histoire sociale, culturelle et politique des Etats-Unis en trois périodes (Lind, 1995). Aux « deux premières républiques américaines » de l’Anglo-Amérique (1788-1861) et de l’Euro-Amérique (1875-1957) avait succédé, selon lui, une « Fédération de races » de moins en moins cohésive malgré l’existence réaffirmée d’une culture américaine. Née de l’adoption des lois sur les droits civiques (années 1960-1970), puis confortée par l’Affirmative Act (à savoir la politique des quotas qui favorise l’accès des ressortissants des communautés non blanches aux emplois publics et privés, à l’enseignement secondaire et supérieur), cette « troisième république», vient, on peut l’écrire, d’être consacrée par la réélection de Barack Obama. Celle-ci donne raison à Lind, parce qu’elle est symbolique des nouveaux rapports de forces sociodémographiques qui caractérisent une société américaine de plus en plus multiculturelle, par suite d’une immigration intense. Obama a été réélu, même s’il existe d’autres causes inhérentes aux faiblesses du parti républicain et aux aspects rétrogrades de son programme, grâce à l’alliance des minorités, y compris les Blancs les plus nantis qui sont à l’abri de toute catastrophe économique, contre le vieux stock européen.

    Maintenant, la question qui se pose est de savoir comment va fonctionner cette polyarchie ethnique (Blancs, Noirs, Latinos, Asiatiques, musulmans, etc.), qui signifie aussi la fin du leadership anglo-saxon, lui qui a évité, dans le passé, la transposition aux Etats-Unis des antagonismes européens et qui leur a imprimé leur style diplomatique.

    Les turbulences de la mondialisation sur le sol américain ?

    Après avoir voulu formater le monde à son image, en s’ouvrant démesurément à lui pour mieux le conquérir, l’Amérique ne risque-t-elle pas, faute d’y avoir perdu sa culture politique homogène, de subir toutes les turbulences de la mondialisation sur son propre sol ?

    La question est d’autant plus d’actualité que le changement politique et culturel s’accompagne, comme le redoutait Lind, d’une « brésilianisation » (*) des Etats-Unis. Il faut entendre par là, outre la fin de la suprématie de la population blanche et la reconnaissance du pluralisme culturel, toute une série de phénomènes qui vont compliquer la résolution des problèmes financiers et sociaux, et qui, à terme, pourraient affaiblir la puissance américaine.

    L’immense responsabilité de Bill Clinton

    Le premier phénomène est celui d’un retranchement exacerbé des catégories sociales qui ne se limite pas à un séparatisme spatial, mais qui se manifeste par une privatisation systématique des services, ce qui équivaut, pour les plus nombreux, à cause de la faillite de l’Etat fédéral et de nombreuses villes, à la privation de ces derniers. Le premier mandat d’Obama a été ainsi marqué par une régression sociale inconnue aux Etats-Unis depuis les années trente. Il faut dire qu’il n’en est pas le premier responsable. Le mal vient de la mandature de William Clinton qui a commis une double faute. D’une part, il a autorisé l’adhésion de la Chine à l’OMC et a ouvert le marché américain à l’afflux des produits chinois ; il en a résulté un déficit commercial américain abyssal et la désindustrialisation des Etats-Unis. D’autre part, il a fait supprimer la séparation des banques d’affaires et des banques de dépôts, en vigueur depuis 1933. Une telle décision a relancé toutes les activités spéculatives et elle est à l’origine du grand endettement des ménages américains. Sur le moment, et c’était l’effet recherché par Clinton pour se faire réélire, le pouvoir d’achat des Américains s’en est trouvé amélioré : ils pouvaient s’endetter et acheter des produits importés à bas prix. Au final, les Etats-Unis ont connu les deux krachs de 2007 et 2008, et de nombreux quartiers des villes américaines n’ont, aujourd’hui, pas grand chose à envier aux favelas brésiliennes…

    Le deuxième phénomène est l’accroissement considérable des inégalités sociales (1% de la population détiendrait 80% des richesses), de la paupérisation (26 millions de personnes au chômage ou sous-employées ; 1 personne sur 8 vit de bons alimentaires), et, toujours en rapport avec les faillites des collectivités locales et l’affaiblissement du pouvoir fédéral (contrairement au discours de la droite extrême), la dégradation accélérée des services publics. Une économiste américaine a dressé un bilan désolant de la situation (Huffington, 2007). Pourquoi et pour qui de nouveaux impôts ?

    C’est à la lumière de ce contexte économique et sociétal que le débat sur la réforme fiscale, qui vient de s’ouvrir, prend tout son sens. Certes, à son origine, il y a l’intérêt général de réduire la dette, sous peine de coupes budgétaires automatiques. Mais, sachant que les classes moyennes blanches seraient les principales contributrices aux nouvelles recettes, ce débat sera un test. Il va montrer à quel niveau se situe la solidarité nationale dans une société éclatée comme celle des Etats-Unis. Le pourquoi et le pour qui de nouveaux impôts sont plus difficiles à légitimer quand les liens sociétaux et intergénérationnels se défont, quand, à l’intérieur d’une même population, des groupes humains considèrent qu’ils n’ont plus beaucoup en commun. Si aucun accord n’intervient, la fuite en avant (le relèvement du plafond de la dette) permettra, seule, de retarder les effets de l’anomie sociale…

    L’élargissement de la polyarchie ethnique à de nouveaux groupes va se traduire aussi, en parallèle avec l’affaissement du leadership anglo-saxon, par une révision des choix et des préférences, lesquels relèvent souvent de l’affectivité, en matière de politique étrangère. Si le changement ethnoculturel en cours éloigne, sans aucun doute, les Etats-Unis de leurs sources et de leurs affinités européennes, il ne leur procurera pas forcément de nouveaux repères sur l’horizon mondial.

    Ceci pourrait avoir l’avantage d’entraîner un désengagement américain du continent européen (en obligeant les Européens à regarder la réalité géopolitique en face et s’assumer au plan stratégique), tant il est devenu clair que pour Obama la relation avec la Chine est devenue primordiale. Néanmoins, il ne faut pas se cacher que les sollicitations intérieures multiples et divergentes rendront moins lisible qu’auparavant l’action extérieure des Etats-Unis.

    Gérard Dussouy http://www.polemia.com
    Professeur émérite à l’Université de Bordeaux
    15/11/2012

    (*) Note de la rédaction : à rapprocher de la citation d'Eric Zemmour, à propos de la France, qui, selon le journaliste, encourt le même risque : « C’est la  "brésilianisation" qui nous menace : ségrégation raciale, milliardaires à foison et appauvrissement de la classe moyenne. Misère du monde aux portes des antiques cités. La Défense sera notre Brasilia. Et la Seine-Saint-Denis, nos favelas.»

    Bibliographie :

    Michaël Lind, The Next American Nation. The New Nationalism and the Fourth American Revolution, New York, The Free Press, 1995.
    Arianna Huffington, L’Amérique qui tombe, Paris, Fayard, 2011.

  • Un “mauvais perdant” ? Le Système UMPS !

     

    Cacophonie à tous les étages. Au sein de ce gouvernement socialiste qui, sous la pression du lobby homosexualiste,  se livre à une pitoyable danse du ventre  -voir notre article publié hier. Le tout sous le regard catastrophé  et inquiet d’une opinion d’ores et déjà sans illusions sur les capacités du PS à tenir d’une main ferme le gouvernail dans la tempête que nous  traversons et qui risque de tout emporter. Gauche au pouvoir qui arc-boutée sur ses soutiens médiatiques, se réfugie toujours plus  avant dans le refus du réel. De manière emblématique, les faiseurs d’opinions reprennent  en boucle, à l’occasion de la dernière enquête  de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), l’argument selon lequel   il existe non pas une permanence de l’insécurité…mais un  « sentiment d’insécurité » !

     Et peu importe si au terme même des résultats de celle-ci  le total des vols et tentatives de vol déclarés  serait compris entre 4 et 4,1 millions en 2011, que  les violences physiques (hors ménage)  ne baissent pas, tandis que les agressions  contre les gendarmes et  les pompiers poursuivent leur hausse…

     Désarroi  au sein de l’Europe de Bruxelles après l’échec hier soir  des ministres des Finances de la zone euro et du FMI à s’entendre à Bruxelles sur les modalités de la reprise du soutien financier à la Grèce, gelé depuis juin. Sur BFMTV Nicolas Doze relevait que la Grèce exsangue ne pourrait bien  évidemment pas honorer ses dettes et que l’effort supplémentaire demandé aux Français correspondait aux recettes générées par un an de collecte d’impôt sur le revenu

     Poursuite du mauvais et pitoyable  vaudeville au sein de l’UMP, parti dit «  de gouvernement »,   incapable d’organiser correctement et dans les règles une élection interne !

      Jean-François Copé a qualifié ce jeudi sur Europe 1 de  «coup politique pour ne pas dire un putsch»,  les contestations formulées  hier par François Fillon sur l’élection à la tête du parti, sur fond d’accusations croisées de fraudes.

    «François Fillon est un mauvais perdant qui ne s’applique pas ses propres leçons de morale. Il espérait la victoire facile que lui prédisaient les sondages et ses lieutenants ont essayé de lui faire un vote conforme à ses souhaits». «Si on remet tout à plat, je serai élu. On constatera des opérations préméditées de fraudes», prévient Jean-François Copé.

     Quelques minutes auparavant Eric Ciotti, soutien de François Fillon, expliquait sur I-Télé que François Fillon mène un «combat moral» et que, pour «sortir de la crise avec beaucoup de noblesse (sic) , il fait appel à Alain Juppé».

     Une  hypothèse Juppé, relevait l’éditorialiste Olivier Picard sur le site du Nouvel  obs,  qui pourrait ouvrir les appétits de  ce  dernier : « En position de force, Alain Juppé n’est certainement pas dupe du jeu qu’on voudrait lui faire jouer. François Fillon et ses amis ont bien insisté sur le terme provisoire de sa mission de médiation (…). Qui croira que l’orgueilleux Juppé pourrait se contenter d’être une doublure et même une doublure transitoire ? »

     Une médiation de cet ancien repris de justice –M. Juppé a été condamné  en décembre 2004 à  quatorze mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris-  que M.  Copé a totalement exclu. «Quel en serait l’objet ? On ne va pas mettre en place le candidat que le perdant veut imposer», a-t-il  lancé.

     Rappelons au passage que M. Ciotti n’est pas le mieux placé pour évoquer « le combat moral » de son champion,  lui qui en toute immoralité avait déposé en mai 2010,  avec feu  son collègue Christian Vanneste,  des propositions de loi visant à ­interdire les triangulaires  pour empêcher les candidats du  Front National de se hisser au second tour, et partant d’être élus…

     D’ailleurs, cette peur de l’UMP de ne plus se partager le pouvoir avec l’aile gauche du parti euromondialiste, trouve son pendant au PS constate Bruno Gollnisch. Un « conseiller de l’Elysée », cité hier lors du débat qui a lieu dans l’émission d’Yves Calvi  sur France 5 dans son émission C dans l’air, faisait  état de son inquiétude. Celle d’une crise  de  l’UMP qui « tire vers le bas » l’ensemble des partis du Système et qui profite directement au FN et à Marine Le Pen…

     Rappelons enfin que la posture droitière, hypocrite et opportuniste de M. Copé sur laquelle il a tenté de capitaliser pour se démarquer de son rival, n’illusionne pas les sympathisants du FN. Selon le sondage Ifop pour le JDD publié le 11 novembre 2012, à la question « Pour chacune des personnalités (de droite) suivantes, souhaitez-vous qu’elle joue un rôle important ou pas important au cours des prochaines années », les électeurs frontistes répondent OUI à 42 % pour Francois Fillon  à seulement 34% pour Jean-François Copé

     Quand cette question est posée à l’ensemble de nos compatriotes les Français hissent (hissaient ?)  M. Fillon  en tête du classement (49%),   Marine arrivant en seconde  position,  faisant jeu égal à un  point près avec Jean-Louis  Borloo mais  devance Jean-François Copé de 5 points- respectivement 37% contre 32%.

    Selon  le résultat du sondage CSA pour BFMTV, réalisé après l’élection à l’UMP et publié aujourd’hui  François Fillon  est considéré comme le meilleur candidat (23%) pour représenter l’UMP à l’élection présidentielle en 2017, suivi de près par Nicolas Sarkozy (20%), malgré ses soucis judiciaires. Tous deux devancent nettement Jean-François Copé cité par seulement 9% des personnes sondées. Mais pour 26% des sondés,  aucune de ces trois personnalités proposées ne serait le meilleur candidat pour l’UMP et 22% ne se prononcent pas.

    http://www.gollnisch.com